BOTANIQUE
BIBLIQUE
BOTANIQUE
BIBLIQUE
CHAPITRE II
Les Épines et les Chardons
Dieu dit à Adam : La
terre sera maudite à cause de toi ; tu
en mangeras en travail tous les jours de ta vie, et
elle te produira des Épines et des Chardons,
et tu mangeras l'herbe des champs.
(Gen. III, 17, 18.)
Quel contraste entre ce jardin où croissait
tout arbre agréable à la vue et dont
le fruit était bon à manger, entre
ces bosquets où Adam s'entretenait avec son
Créateur comme un homme avec son ami, et ces
Épines et ces Chardons, image des peines et
des soucis de notre vie actuelle. Il y avait
probablement des Épines et des Chardons dans
le paradis terrestre, mais en petit nombre.
Lorsque Dieu eut maudit le sol, les plantes
épineuses gagnèrent du terrain, une
végétation désordonnée
remplaça l'arrangement harmonieux dans
lequel les plantes croissaient
d'abord ; enfin, ces végétaux
nuisibles devinrent abondants au point de rendre
souvent inutile le travail de l'agriculteur qui,
pour les détruire, doit cultiver la terre
à la sueur de son visage.
Dans les régions les plus chaudes, les
plantes épineuses sont extrêmement
nombreuses ; elles croissent abondamment dans
les déserts incultes et arides. Elles
offrent donc un emblème naturel de la
désolation, et de la colère de
Dieu.
La contrée de Canaan, jadis magnifique, ne
présente aujourd'hui en bien des endroits
que des espaces entièrement couverts
d'Épines, et paraît ainsi souffrir
tout particulièrement de la
malédiction de l'Éternel. Les
Chardons de grande taille y abondent.
Entre Nazareth et Tibériade, le docteur
Clarke a trouvé le sol couvert
d'Artichauts sauvages dont les têtes
purpurines s'élèvent à
près de deux mètres (six pieds) de
hauteur. D'autres auteurs ont décrit les
Chardons des environs du mont Thabor comme ayant
des corymbes pourpres composés souvent de
douze ou quinze têtes, avec des tiges hautes
de près de trois mètres (9
pieds).
En traversant ces splendides mauvaises herbes au
milieu de véritables nuages d'aigrettes
flottantes, quelques voyageurs modernes se sont
rappelé le passage d'Esaïe, où
le Tout-Puissant dissipe les nations comme la
poussière (ou plutôt la balle)
des montagnes chassée par le vent.
(Es. XVII,
13.)
« Pendant des heures
entières, » disent Bonar et Mc
Cheyne, « nous traversâmes des
champs de mauvaises herbes, de ronces et
d'épines telles que nous n'en avons jamais
vu ailleurs. »
Sur les collines de Juda, le docteur Keith trouva
tellement d'Épines qu'il était
très difficile de passer outre.
« Le même fait se
renouvela, » ajoutent les deux auteurs
déjà cités,
« lorsque nous traversâmes la
plaine d'Esdraélon (autrefois vallée
de Jizréel), dont la plus grande partie est
couverte de buissons presque
impénétrables, d'Épines, de
ronces et de Chardons.
« Quelque temps après, traversant
le Bosphore et conversant avec un voyageur que nous
avions rencontré en Palestine, nous lui
demandâmes s'il avait gravi le mont Thabor
pour contempler la vue superbe qu'on a de
son sommet. Non, dit-il ; à quoi bon
faire l'ascension du Thabor pour voir une
contrée couverte d'Épines ?
Cette réponse était, sans que ce
voyageur y eût pensé, un
témoignage rendu a la vérité
de la Parole de Dieu : Les
Épines et les ronces monteront sur la
terre de mon peuple, même sur toutes
les maisons de plaisir et sur la ville qui est dans
la joie. »
(Es. XXXII, 13.)
Dans le passage cité en tête de ce
chapitre, il s'agit probablement des plantes
épineuses en général, mais
ailleurs les commentateurs ont
éprouvé une grande
difficulté à découvrir
l'espèce particulière dont il est
question.
L'une des plus abondantes en Palestine est celle
que les Arabes nomment aujourd'hui Kabka ;
elle croît abondamment sur la colline de
Jérusalem. C'est le Zizyphus Spina
Christi des botanistes, espèce de
Jujubier ; son nom d'Épine de
Christ vient de la tradition. On raconte que la
couronne d'épines placée
dérisoirement par les soldats romains sur la
tête du Sauveur, était formée
de branches de cette plante ; les
épines de ses rameaux, nombreuses,
aiguës et fortes, souvent longues de plusieurs
centimètres (un centimètre fait un
peu plus de 4 lignes), et la flexibilité de
leur tige rendent probable cette assertion. Le
docteur Royle fait remarquer que, comme les
feuilles de cette plante épineuse ont
quelque ressemblance avec le lierre, à cause
de leur teinte d'un vert foncé luisant, les
ennemis du Seigneur, en choisissant une plante
analogue à celle dont on couronnait les
empereurs et les généraux romains,
avaient peut-être voulu ajouter l'ironie
à la douleur du supplice.
Mais. outre le Jujubier épineux, divers
Acacias des déserts d'Égypte
ont de longues et de fortes épines. Burchell
en a trouvé en Afrique une espèce
dont il voulait couper un rameau comme
échantillon, malgré les
avertissements des Hottentots, auxquels la plante
était bien connue ; mais il ne s'en fut
pas plus tôt
approché qu'une jeune branche ayant
accroché son vêtement, il s'embarrassa
dans les épines, et ne put se tirer
d'affaire sans déchirer tous ses habits.
Deux de ses hommes durent venir le délivrer
en coupant les branches à coups de hache.
Paliurus
australis (Paliure)
Quelques espèces d'Aubépine
sont communes dans la Terre-Sainte ; il y
est fait allusion dans la Bible.
D'autres arbustes épineux, tels que le
Paliure, sont abondants en Orient ; ils
obstruent les sentiers et nuisent à la
culture. Les capsules hérissées de
piquants d'une plante herbacée et rampante,
le Chardon terrestre (Tribulus terrestris),
pénètrent dans les pieds des
hommes et des animaux, lorsqu'ils foulent le sol
aride de ces contrées.
La planche I représente une branche de
Paliure, plus sa fleur et le fruit grossis,
ainsi que la graine.
CHAPITRE III
L'Olivier
Sur le soir le pigeon
revint..... il avait dans son bec une feuille d'Olivier qu'il
avait arrachée, et Noé connut que les
eaux s'étaient retirées de dessus la
terre.
(Gen. VIII,
11.)
Tel est le premier passage de la Bible où
nous voyions figurer un arbre nommé plus
fréquemment que tout autre dans les Saints
Livres. On le rencontre abondamment dans la
Palestine, que Moïse décrit
déjà comme un pays d'Oliviers qui
portent de l'huile.
(Deut. VIII, 8.)
C'est probablement à cause du rôle
qu'elle joue dans le récit de la fin du
déluge, que la feuille d'Olivier a
été regardée dès lors
comme l'emblème de la paix, elle
annonçait le terme de la colère de
Dieu contre un monde pécheur. La tradition
des Grecs, selon laquelle une colombe apporta la
première branche d'Olivier dans leur pays,
n'est qu'une altération du fait
biblique.
L'Olivier (Olea europoea) est originaire de
la Syrie, de l'Europe méridionale et de
quelques parties de l'Afrique. Le grand nombre des
Oliviers ajoute beaucoup à la beauté
du paysage, et la brise, en faisant voir le revers
argenté de leurs feuilles, produit un
mélange de nuances plein d'harmonie. Les
collines plantées d'Oliviers qui couvrent
une partie du territoire de Juda, semblent encore
aujourd'hui sourire au voyageur, et le sol
stérile et blanchâtre du mont des
Oliviers est égayé par ces arbres,
dont il tire son nom.
Ce fut en ces lieux que David vint pleurer dans sa
fuite ; notre Sauveur s'y rendait aussi avec
ses disciples, qui y furent témoins de
l'Ascension de leur Maître.
(Actes I, 9.) Le voyageur
chrétien éprouve de vives
émotions lorsqu'il se trouve dans un endroit
plein de tels souvenirs.
L'Olivier est remarquable par sa
longévité : « Si vous
voulez laisser un héritage durable aux
enfants de vos enfants, plantez un
Olivier, » dit un proverbe italien.
Plusieurs de ces arbres, encore en pleine vigueur
près de Terni en Italie, existaient
déjà probablement du temps de Pline.
Bové en a mesure quelques-uns aux environs
de Jérusalem et constate que leur hauteur
est de 9 à 10 mètres (27 à 30
pieds) ; la circonférence de plusieurs
d'entre eux est de six mètres (18
pieds) ; il les croit âgés de
deux mille ans. Chateaubriand établit
ingénieusement l'identité de
plusieurs de ces Oliviers du Jardin de
Gethsémané (pressoir à huile)
avec ceux qui lui valurent son nom. Ils sont,
dit-il, pour le moins aussi vieux que l'empire
d'Orient ; en voici la preuve : En
Turquie, chaque Olivier trouvé sur pied par
les Musulmans lorsqu'ils firent la conquête
de l'Asie, paie une médina au fisc,
mais chacun de ceux que l'on a plantés
depuis la conquête est taxé à
la moitié de son rapport ; or, les huit
Oliviers dont nous parlons ne paient que huit
médinas.
De grands changements sont survenus dans la
Palestine ; depuis qu'elle est foulée
aux pieds par les Nations, les palmiers ont
langui et disparu peu à
peu, les cèdres du Liban ont diminué,
mais Dieu conserve toujours sur la montagne des
Oliviers ces arbres qui doivent y servir de
témoignage. « Chose curieuse et
intéressante, » dit Carne,
« durant une période d'un peu plus
de deux mille ans, des Assyriens, des Romains, des
Musulmans et des Chrétiens ont
successivement occupé les montagnes
rocailleuses de la Palestine, tandis que l'Olivier
est resté toujours en possession du sol
natal où il a été
respecté jusqu'à nos
jours. »
Les feuilles de l'Olivier sont semblables à
celles du saule, mais d'un vert plus foncé
et blanches en dessous ; des fleurs odorantes
et délicates égaient ses rameaux au
mois de mai. En cet état, l'Olivier
présente l'image de la santé et de la
vigueur, surtout lorsque le soleil fait briller son
feuillage. L'Éternel t'avait
appelé : Un Olivier verdoyant, beau et
d'un beau fruit, dit Jérémie
(XI, 16). Sa beauté sera
comme celle de l'Olivier, disait Osée
(XIV, 6) en annonçant au
peuple d'Israël les jours bénis
où il retournerait à l'Éternel
et se reposerait à l'ombre de ses ailes.
Olea europaea
(Olivier)
L'huile d'Olives est encore aujourd'hui
employée en Orient, en Espagne et en Italie
en guise de beurre ou de graisse. Les Grecs et les
Romains en faisaient des libations à leurs
dieux ; les Juifs l'employaient dans les
cérémonies du culte, et
construisaient avec les grandes
branches de l'Olivier les cabanes de feuillage sous
lesquelles ils s'abritaient pendant la fête
des Tabernacles. Le bois de cet arbre est
très dur ; il servit à
l'ornementation du temple de Salomon
(1 Rois VI, 23), et est encore
aujourd'hui recherché en Italie pour une
quantité d'usages. Dans quelques parties de
la France, les Olives sont avec du pain l'un des
mets ordinaires des paysans ; quelques
espèces demandent à être
bouillies préalablement dans de l'eau chaude
pour perdre leur amertume.
Les Athéniens estimaient tellement
l'Olivier, qu'ils en regardaient la culture comme
un devoir et le consacrèrent à
Minerve. Il est mentionné par Homère
et par presque tous les anciens auteurs.
La planche ci-dessus représente une branche
d'Olivier en fleurs, plus la fleur grossie et le
fruit à divers états et coupé
horizontalement.
CHAPITRE IV
La Vigne
Noé, qui
était laboureur, commença de planter
la Vigne.
(Gen. IX, 20.)
L'histoire primitive de la Vigne (Vitis
vinifera) est entourée d'une grande
obscurité ; de même que celle du
blé, sa patrie originaire est incertaine,
quoique ce soit très probablement quelque
contrée de l'Orient.
La Terre-Sainte est dépeinte par Moïse
comme un pays de blé, d'orge, de Vignes,
de figuiers et de grenadiers
(Deut. VIII, 8) ; les espions en
rapportèrent une énorme grappe de
raisins pour prouver la fertilité de cette
contrée
(Nomb. XIII, 2-4) ; toutefois
il semble douteux que la Vigne soit originaire de
Syrie, mais elle y fut cultivée de bonne
heure ; le vin fut l'une des offrandes
apportées par Melchisédec, roi de
Salem, sacrificateur du Dieu fort, après
qu'Abraham eut remporté sa mémorable
victoire.
(Gen. XIV, 18.)
L'ancienneté de la culture de la Vigne en
Égypte est prouvée par les peintures
que l'on retrouve sur les monuments de ce pays. Les
différents procédés
employés pour la fabrication du vin y sont
représentés, depuis le plus primitif
de tous, qui consistait simplement à
écraser la grappe pour en extraire le
jus.
Bien qu'on ne fasse plus de vin en Égypte,
la Vigne y est toujours cultivée dans les
terrains sablonneux, et produit des raisins d'un
très bon goût. L'un des mets les plus
ordinaires de la table des riches consiste en des
boulettes de viande hachée,
enveloppées dans des feuilles de jeune
Vigne ; ces feuilles sont tellement
recherchées que leur prix
surpasse quelquefois celui des
grappes elles-mêmes.
De nos jours, en Palestine, la culture de la Vigne
est restreinte à quelques
localités ; ce pays, enrichi autrefois
par les vignerons et les agriculteurs, se ressent
maintenant partout du manque de travail. Cependant,
pour la grosseur, la saveur et le parfum, les
raisins de la Terre-Sainte sont encore sans
égaux ; le vin généreux
et doux du Liban conserve son antique
réputation ; les environs de
Hébron, où se trouvait le
célèbre Escol, sont parés des
vignes les plus luxuriantes.
Souvent les sarments grimpent autour des
figuiers ; ils forment alors un épais
ombrage, symbole de paix et de
tranquillité : chacun sous sa Vigne
et sous son figuier.
(l Rois IV, 25.)
Depuis Moïse jusqu'à l'Évangile,
on retrouve souvent la Vigne prise dans un sens
figuré ; la Vigne fertile et la
Vigne apportée d'Égypte
étaient des emblèmes du peuple
juif ; on connaît la parabole des
vignerons infidèles, et notre Sauveur a dit
de lui-même : Je suis le vrai cep.
(Jean XV, 1.)
CHAPITRE V
Le Térébinthe et l'Orme
Abraham ayant
remué ses tentes, vint demeurer dans les
plaines de Mamré, qui est en Hébron,
et il bâtit là un autel à
l'Éternel.
(Gen. XIII, 18.)
Le docteur Bootroyd traduit, d'après la
version syriaque, la dernière partie de ce
verset par : vint demeurer au
Térébinthe de Mamré, qui est
en Hébron. En quelques autres endroits
de la Bible, le mot hébreu est traduit
seulement par arbre, et ailleurs il est
rendu par chêne comme dans
Esaïe VI, 13.
Le docteur Kitto dit que
(Gen. XII, 6) « jusqu'en
la plaine de Moré, » doit
être rendu par : jusqu'au
Térébinthe de Moré.
Le Térébinthe (Pistacia mutica)
est un arbre gros et fort, si commun en
Palestine, qu'il y forme souvent un des traits
distinctifs du paysage ; c'est
vraisemblablement l'un des arbres à l'ombre
desquels le patriarche planta sa tente
hospitalière et reçut le Seigneur
lui-même, accompagné de deux anges. Au
reste, Abraham n'a pas été seul
récompensé de son
hospitalité ; plusieurs ont aussi
logé des anges sans le savoir, et
Jésus-Christ a dit : Quiconque aura
seulement donné à boire un verre
d'eau froide à un de ces
petits, parce qu'il est mon disciple, je vous dis,
en vérité, qu'il ne perdra point sa
récompense.
(Matth. X, 42.)
Une ancienne tradition, rapportée par
l'historien Josèphe, dit que l'arbre du
patriarche existait encore de son temps,
près de Mamré. Plus tard, cet arbre
devint le but de pèlerinages et d'hommages
superstitieux ; enfin, il fut accidentellement
détruit par le feu, en 1640.
La vallée d'Ela (chêne ou
Térébinthe) où David descendit
lorsque Saül et son armée y
étaient campés, et dans laquelle il
tua le géant Goliath
(1 Sam. XVII, 19), a certainement
reçu son nom des Térébinthes
qui y croissaient. Le docteur Robinson pense que
cette vallée était entre
Jérusalem et Gaza ; il a observé
dans cette région les plus grands
Térébinthes qu'il ait jamais vus dans
la Palestine.
Le Térébinthe est remarquable par sa
longévité. Ses feuilles
pennées, à petites folioles,
ressemblent à celles de l'olivier, et ont
souvent une teinte rougeâtre. Elles portent
souvent des excroissances considérables
formées par la piqûre d'un insecte et
diversement colorées. Les fruits, d'un
pourpre rougeâtre et un peu plus gros que des
pois, sont réunis en grappes. Un autre arbre
du même genre, le Pistacia Terebinthus ,
produit la célèbre
Térébenthine de Chio,
pure, transparente, à
odeur de citron. On se la procure eu faisant des
incisions dans l'écorce pendant le mois de
juillet ; les gouttes de
térébenthine qui en découlent
tombent sur des pierres placées au-dessous,
se durcissent pendant la nuit et sont recueillies
au matin. Pour purifier cette matière, on la
fait de nouveau fondre au soleil et l'on filtre.
Pistacia
terebinthus (Thérébinthe)
Il ne paraît pas que les habitants actuels
de la Terre-Sainte exploitent la
térébenthine, mais ils estiment le
Térébinthe pour son ombrage
épais et sa beauté. Il est aussi
très abondant dans l'Asie-Mineure ;
dans le nord de l'Afrique, il est remplacé
par un arbre fort semblable (Pistacia
atlantica).
Une autre espèce de Térébinthe
(Pistacia Lentiscus), le Lentisque,
fournit le Mastic du commerce, que les
Orientaux ont l'habitude de mâcher pour se
donner une haleine agréable.
Dans Osée IV, 13, le mot orme
de notre version doit être rendu par
Térébinthe.
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