BOTANIQUE
BIBLIQUE
PRÉFACE
Rien, peut-être, dans les magnificences de
la création, ne nous frappe autant que les
plantes, si abondamment répandues en tout
lieu, si belles, si variées. La Botanique
nous apprend à les connaître,
à les nommer et à les classer, mais
l'étude complète de cette science
n'est point chose facile. Aussi nous
bornerons-nous, dans ce petit écrit, aux
végétaux mentionnés dans la
Bible, heureux si nos efforts ont pour
résultat de faciliter à nos lecteurs
l'intelligence de la Sainte Écriture et de
leur apprendre à bénir toujours
davantage la main du Dieu infiniment sage et
bon ! C'est à l'admirable et riche
livre de la nature que notre Sauveur a
emprunté plusieurs de ses comparaisons les
plus frappantes N'est-ce pas là pour nous un
appel et un encouragement ?
Cet opuscule ne prétend point dire le
dernier mot sur plus d'une question douteuse, car
une grande incertitude règne encore et
régnera peut-être toujours sur
l'identité de plusieurs plantes de la
Bible.
Quelques productions végétales,
difficiles à déterminer, ont
été passées sous
silence ; il était en effet inutile de
disserter longuement sur des objets d'une
importance secondaire.
Tel qu'il est, ce volume pourra, nous
l'espérons,
intéresser et
éclairer les instituteurs chrétiens
et leurs élèves, les parents et les
enfants, quelque peu familiers qu'ils soient, du
reste, avec l'étude de la Botanique. Les
répertoires divers, placés à
la fin de l'ouvrage, le complètent et en
facilitent l'usage comme Manuel.
Pour les citations bibliques, on a suivi la version
d'Osterwald, la plus généralement
répandue.
Les éditeurs ont pris pour base un volume
publié par la Société des
Traités religieux de Londres.
Ils adressent leurs remerciements au
traducteur, M. Louis Séné, ainsi
qu'au botaniste éminent, M. Edmond Boissier,
qui a bien voulu utiliser, pour la révision
scientifique du texte, des connaissances
spéciales puisées dans ses voyages en
Orient.
Toutes les figures ont été
gravées sur bois par la maison Buri et
Jeker, de Berne, les 15 planches dans le texte,
d'après les dessins de M. Heyland,
empruntés aux meilleures sources.
Puisse la bénédiction de Dieu reposer
sur ce travail !
Genève, novembre 1861.
LE COMITÉ DES PUBLICATIONS RELIGIEUSES.
CHAPITRE PREMIER
Généralités
Dieu dit : Que la terre pousse son jet,
savoir : de l'Herbe portant semence, et des
Arbres fruitiers portant du fruit selon leur
espèce, qui aient leur semence en
eux-mêmes sur la terre ; et ainsi fut.
La terre produisit son jet, savoir : de
l'Herbe portant de la semence selon son
espèce, et des Arbres portant des fruits qui
avaient leur semence en eux-mêmes, selon leur
espèce, et Dieu vit que cela était
bon.
(Gen. I, 11, 12.)
C'est ainsi que Dieu fit éclater sa
toute-puissance en créant, par sa seule
parole, les innombrables végétaux qui
couvrent notre globe. Dieu parla, et la chose fut
faite ; le troisième jour vit
naître comme par enchantement la parure
verdoyante de la terre.
Quel spectacle admirable ! Chaque plante
s'élevait pleine de vigueur et de
beauté ; elle n'était pas,
il est vrai, arrosée par la
pluie, que Dieu n'envoya que plus tard, mais le
brouillard qui montait de la terre,
imprégnant toute la surface du sol, lui
conservait sa fraîcheur. Aussi, lorsque
l'homme reçut la vie après que son
séjour terrestre eut été
préparé par la bonté de son
Créateur, il se trouva en face d'une nature
verdoyante, aimable, et parée des couleurs
les plus resplendissantes que nous puissions
imaginer. Les blés ondulaient au gré
du vent sur les collines, la vigne
s'élançait chargée de grappes
au-dessus du figuier couvert de ses fruits ;
l'émeraude des prairies était
émaillée de fleurs qui charmaient sa
vue et l'égayaient par leur parfum.
Le vaste monde est toujours splendide, c'est encore
un jardin de Dieu, mais nul jardin terrestre ne
saurait être sans doute comparé
à l'éclat de l'Éden.
Nos premiers parents doivent avoir contemplé
la riante parure de la terre avec les sentiments
d'une joie innocente et vive. Doués
d'intelligence par l'Éternel, mais non
encore instruits par l'expérience, ils ont
dû jouir de ce plaisir de la nouveauté
qu'éprouvé le jeune enfant en face de
la nature.
À la sublime contemplation du monde, se
joignait chez eux l'adoration de son tout-puissant
Créateur. Être dans le jardin pour le
cultiver et le garder, voilà l'heureux
destin auquel ils étaient
appelés ; mais le péché
vint bientôt exercer sa funeste influence
sur leur coeur et troubler
l'harmonie qui existait entre leur âme et la
création matérielle.
Aucune couleur n'est plus agréable et plus
répandue que le vert ; il est vraiment
délicieux en tout temps de reposer sa vue
sur l'herbe et le feuillage ; mais jamais on
n'éprouve plus vivement cette jouissance
qu'après avoir traversé, pendant la
saison chaude, des déserts où le
regard ne rencontre que des teintes brunes et
jaunâtres, sans autre variété
que le pourpre ou l'azur de l'horizon lointain.
Toutefois, les vastes déserts de l'Orient
(1) sont
eux-mêmes ordinairement parés en hiver
et au printemps d'une herbe tendre et riche ;
les plus désolés et les plus arides
ont d'ailleurs leurs oasis. Les hautes montagnes,
avec leurs sommets couverts de neiges
éternelles, possèdent aussi leurs
vallées et leurs pâturages
verdoyants.
Les Hébreux avaient l'habitude de diviser le
règne végétal en deux
catégories : les Arbres et les
Herbes. Dans cette dernière division
rentraient les végétaux dont les
tiges périssent en hiver ; ainsi notre
Sauveur parle des lis des champs comme de
l'herbe des champs.
(Matth. VI, 28.) D'autre part, de
petits arbustes et des plantes grimpantes à
tiges ligneuses, étaient appelés
Arbres dans le langage populaire
de l'Orient ; l'olivier, le
figuier, la vigne sont associés sous ce nom
dans la parabole énergique adressée
aux gens de Sichem par Jotham indigné.
(Juges IX, 7-15.) Toutefois, dans le
récit de la création, Moïse
divise le règne végétal en
trois classes : L'Herbe portant de la
semence est distinguée de l'Herbe
verte, qui, suivant les anciens, ne produisait
pas de graine, du moins de graines utiles à
l'homme.
(Gen. I, 11, 12,
29.)
La poésie des Saints Livres emprunte ses
images à des objets de nature très
diverse, mais elle s'occupe si
particulièrement des arbres et des fleurs
que, selon Michaëlis, on devrait presque
l'appeler la poésie botanique.
Diverses plantes sont mentionnées dans
près de trois cents passages du volume
Sacré.
Ceux où l'Herbe fournit quelques
comparaisons sont nombreux et frappants. Ainsi la
Parole divine venant pénétrer le
coeur de l'homme et le rafraîchir, est
décrite comme la pluie menue sur l'Herbe
et comme la grosse pluie sur l'Herbe
avancée.
(Deut. XXXII, 2.)
L'Herbe des champs, l'Herbe verte, croissant le
matin, séchée et coupée le
soir, est l'image de la brièveté de
la vie humaine.
(Ps. CIII, 15 ;
Es. XL, 6 ;
1 Pierre I, 24.)
L'Herbe verte qui se dessèche, et surtout
l'Herbe des toits brûlée en
été par l'ardeur du soleil, servent
à exprimer vivement la nature
éphémère de la
prospérité de l'homme sur cette
terre.
(Jacq. 1,10 ;
Ps. CXXIX, 6.)
La végétation vigoureuse et abondante
de l'herbe avait frappé le roi David
lorsqu'il déclare que les hommes
fleuriront dans les villes comme l'Herbe de la
terre.
(Ps. LXXII, 16.)
Enfin, la germination du blé et d'autres
semences est rappelée par saint Paul
lorsqu'il expose la doctrine de la
résurrection, et des corps glorieux et
spirituels dont nous serons revêtus un jour.
(1 Cor. XV, 37.)
L'Herbe des pays orientaux est mieux
appropriée que celle de nos contrées
à quelques-unes des comparaisons de
l'Écriture. Elle s'élève
souvent à la hauteur de la selle d'un
cavalier, mais elle sèche parfois avant
d'avoir atteint toute sa croissance. Lorsqu'elle
est arrivée à maturité, ses
sucs ont déjà disparu à tel
point, qu'il est superflu de l'exposer au soleil
pour la convertir en foin ; mais cette
dessiccation rapide la rend moins nutritive.
Les frais pâturages qu'on rencontre au
printemps, dans les déserts, sont
recherchés par les Arabes ; ils y
conduisent leurs chevaux dans la saison favorable.
En quelques endroits on brûle sur place les
longues Herbes sèches, pour permettre aux
animaux d'atteindre plus tard les jeunes pousses
fraîches qui surgiront à la
racine.
Burchell, qui a vu ce procédé mis en
pratique dans les déserts de l'Afrique (voir
aussi l'ouvrage de M. Casalis sur les Bassoutos),
rapporte que dans les lieux
où l'on détruit l'Herbe sèche,
de grandes étendues de terrain prennent la
magnifique verdure d'un champ de blé ;
mais ailleurs les brins verts restent cachés
par le vieux foin sec, et les plaines conservent
leur aspect terne et aride.
Le docteur Taylor, dans son appendice au
dictionnaire de Calmet, remarque que le passage
d'Esaïe XV, 6, devrait être
ainsi rendu : Les tendres pousses de
l'Herbe sont séchées, les tendres
bourgeons de l'Herbe sont entièrement
ruinés, ce n'était pas vert,
c'est-à-dire cela n'était
jamais parvenu à la verdure.
Le mot foin, employé par
Osterwald, est moins exact. De
même, Prov. XXVII, 25, Taylor paraphrase
ainsi : Les tendres pousses de l'Herbe se
mettent en mouvement, le bourgeonnement de l'Herbe
apparaît et les touffes d'Herbe
(provenant de la même racine) se
réunissent, et par leur réunion,
commencent à revêtir les sommets des
montagnes d'une douce verdure.
Après ces quelques réflexions
générales, qui ne sauraient
être plus développées dans un
ouvrage élémentaire tel que celui-ci,
nous allons passer à l'examen successif des
divers végétaux de la Bible pris
individuellement. Nous suivrons en
général l'ordre de priorité,
c'est-à-dire que nous prendrons les sujets
à peu près au fur et à mesure
qu'ils se présentent dans les Saintes
Écritures ; cette disposition, commode
à certains égards et laissant un
champ libre à la discussion
des versions et explications diverses, a cependant
l'inconvénient de rapprocher des plantes
fort éloignées dans la classification
scientifique. L'ordre de parenté botanique
sera rétabli dans une table spéciale
placée à la fin de l'ouvrage.
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