Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION

VOL. II
SIXIÈME ANNÉE 1879



CORRESPONDANCE. 

Question.
(1) Dans le chapitre XI de Matthieu, Jean-Baptiste manifeste-t-il un doute au sujet de la personne du Messie quand il envoie ses disciples à Jésus pour lui demander s'il est Celui qui doit venir ?

(2) Comment le plus petit dans le royaume des cieux est-il plus grand que Jean ?

Réponse.
- II ne faut pas oublier la position dans laquelle se trouvait Jean-Baptiste au moment en question. Le témoignage public qu'il avait eu à rendre au Messie se trouvait terminé par le fait de son emprisonnement. Il semblait abandonné et oublié de Celui qu'il avait annoncé, et qui, cependant, montrait sa puissance divine par les miracles dont Jean entendait parler. Lui-même n'avait fait aucun miracle, et cela seul avait dû lui montrer combien il était inférieur à Jésus. Mais au moment où l'espérance des fidèles, nourrie par toutes les prophéties, semblait sur le point d'être réalisée, Jean s'aperçoit qu'au lieu d'établir la gloire du Royaume et faire valoir son autorité en puissance sur la nation, Jésus se borne à accomplir des oeuvres de grâce au milieu des pauvres de la terre, et laisse en prison celui qui avait été envoyé devant sa face comme son ambassadeur.

En présence de cette profonde épreuve pour son coeur et pour sa foi, la question de Jean paraît toute naturelle : « Es-tu celui qui vient, ou devons-nous en attendre un autre ? » Dans un sens, il y a donc doute et trouble chez Jean. Mais remarquons combien la vraie foi diffère essentiellement de l'intelligence humaine : elle ne raisonne pas, elle attend un éclaircissement de Celui qui seul peut le donner. Jean sentait que Jésus, et Jésus seul, pouvait répondre à sa question, calmer son inquiétude etdissiper ses doutes. II s'adresse donc à Jésus. S'il y a défaillance et preuve de l'infirmité humaine chez celui qui était « le plus grand parmi ceux qui sont nés de femme », il n'y a pas moins chez lui une foi toute simple en Celui vers qui il envoie ses disciples.

(Ce qui suit est tiré des « Études sur la Parole ».)
Dieu a permis cette question de Jean pour mettre en relief la place qui appartient à Christ et celle de Jean. Christ, étant la Parole de Dieu, dut être son propre témoin ; Il devait rendre témoignage à Lui-même ainsi qu'à Jean. Christ délivrait les hommes de tous leurs maux et prêchait l'Évangile aux pauvres ; les envoyés de Jean devaient présenter à leur maître un vrai témoignage de ce que Jésus est ; Jean devait le recevoir.

Ainsi l'homme était mis à l'épreuve ; heureux celui qui ne se scandalisait pas de la basse apparence du Roi d'Israël ! Dieu, manifesté en chair, ne venait pas chercher la pompe de la royauté, quoiqu'elle lui fût due ; mais il venait accomplir la délivrance des hommes malheureux. Il faisait une oeuvre qui révélait un caractère bien plus profondément divin, qui avait une sphère d'action bien autrement glorieuse que celle qui dépendait de la possession du trône de David ; bien autrement glorieuse, dis-je, qu'une délivrance qui aurait mis Jean en liberté et détruit la tyrannie qui l'avait jeté en prison. Christ se dévouant à l'exercice de ce ministère, descendant ici-bas pour porter les langueurs et pour se charger de la misère de son peuple, devenait ainsi une pierre d'achoppement pour un coeur charnel qui s'attendait à l'apparition d'un règne glorieux par lequel l'orgueil d'Israël serait satisfait.

Christ se présentant comme II le faisait, n'était-Il pas plus vraiment divin, plus nécessaire à l'état du peuple tel que Dieu le voyait ? Le coeur de chacun était ainsi mis à l'éprouve, pour révéler s'il était de ce résidu qui discernait les voies de Dieu, ou s'il était du peuple orgueilleux qui ne recherchait que sa propre gloire sans avoir sa conscience exercée devant Dieu, ni le sentiment de ses besoins et de sa misère.

Ayant placé Jean sous la responsabilité de la réception du témoignage qui mettait tout Israël à l'épreuve, et qui distinguait le résidu de la nation en général, le Seigneur rend témoignage à Jean ; en s'adressant à la foule et en rappelant à cette foule de quelle manière elle avait suivi les discours Je Jean, II fait voir le point précis où Israël était arrivé dans les voies de Dieu.
L'introduction du royaume faisait la différence entre ce qui précédait et ce qui suivait. De tous ceux qui sont nés de femme, il n'y en avait pas eu un plus grand que Jean-Baptiste, pas un qui eût été aussi près du Seigneur, qui lui eût rendu un témoignage plus précis, plus complet, qui eût été autant séparé de tout mal, par la puissance de l'Esprit de Dieu, et séparé d'une séparation propre à l'accomplissement d'une pareille mission au milieu du peuple de Dieu. Mais Jean n'avait pas été dans le royaume ; le royaume n'était pas encore établi.

Or, être dans la présence de Christ, dans son royaume, jouissant de l'effet de l'établissement de sa gloire, valait mieux qu'aucun office de prophète témoignant et annonçant que ce royaume allait arriver. Cet établissement de la gloire du royaume n'est pas l'établissement de l'Église, mais des droits du Roi, tels qu'ils se manifesteront dans la gloire. Les hases de ce royaume étant posées, les chrétiens sont dans le royaume, quoique d'une manière toute particulière et exceptionnelle. En effet, ils ont part au royaume et à la patience de Jésus-Christ, glorifié, mais caché en Dieu. Ils partagent ici-bas le sort du Roi absent ; ils souffrent avec Lui, et ils régneront avec Lui dans la gloire quand II apparaîtra. (Voyez Apocalypse 1, 9 ; 2 Timothée II, 12 ; Romains VIII, 17.)

Comme chrétiens, nous sommes donc dans une position plus excellente que celle de Jean ; mais être dans cette position et y être fidèle, ce sont deux choses bien différentes ; rappelons-nous cela. Puissions-nous avoir l'intelligence spirituelle de nos hauts privilèges et des saintes responsabilités qui en découlent, pour que nous y marchions à la gloire du Seigneur qui s'est donné Lui-même pour nous racheter.

LA SAINTETÉ DANS LA MARCHE

CONSÉQUENCE DE NOTRE RELATION PERSONNELLE AVEC DIEU.

II 

Nous avons vu combien la vision du buisson tout en feu et qui ne se consumait point, était propre à faire comprendre à Moïse que Dieu saurait maintenir la sainteté de son caractère, tout en faisant entrer en relation avec Lui, pour leur bénédiction, les enfants d'Abraham qui n'étaient que des pécheurs. Dans la suite de l'histoire d'Israël, on trouve un exemple frappant de la manière dont Moïse mit à profit cette précieuse leçon. Ce fut dans une circonstance bien douloureuse pour un coeur qui, comme le sien, était plein d'affection pour le peuple de Dieu.

Dieu avait prononcé, du haut du mont Sinaï, les dix commandements dont le premier était ainsi conçu : « Je suis l'Éternel, ton Dieu, qui t'ai retiré du pays d'Égypte, de la maison de servitude : tu n'auras point d'autres dieux devant ma face. » Moïse était ensuite monté sur la montagne, afin de recevoir de Dieu diverses instructions pour le peuple d'Israël. Pendant son absence de quarante jours, le peuple se lassa d'attendre son conducteur et engagea Aaron à faire un veau d'or. Sur l'ordre de Dieu, Moïse descendit de la montagne et trouva cette idole établie dans le camp pour remplacer le Dieu vivant : en effet, on avait crié devant elle : « Ce sont ici tes dieux, ô Israël, qui t'ont fait monter du pays d'Égypte. »

C'était un abandon complet et audacieux du Dieu de leurs pères, une preuve que le peuple était incapable de garder la sainte loi qu'il avait reçue, aussi Dieu dit à Moïse : « Je ne monterai pas au milieu de toi, parce que tu es un peuple de cou raide, de peur que je ne te consume en chemin » (Exode XXXIII, 3-5).
Alors Moïse, comptant sur le caractère immuable de Dieu, prit une tente et la tendit pour soi, loin du camp. C'est là qu'il alla chercher Dieu et le supplier de lui faire voir son chemin et sa gloire. Dieu répondit immédiatement à la foi de Moïse. Il lui dit de remonter sur la montagne, où II fit passer sa bonté devant lui et proclama son nom : « L'Éternel, l'Éternel, le Dieu fort, pitoyable, miséricordieux, tardif a la colère, abondant en gratuité et en vérité, gardant la gratuité jusqu'en mille générations, ôtant l'iniquité, la transgression et le péché, et qui ne tient pas le coupable pour innocent... »

En présence du mal qui venait d'être consommé dans le camp, c'était bien la révélation dont Moïse avait besoin pour lui et pour le peuple. Il sentait que, sans Dieu, les enfants d'Israël étaient impuissants contre le mal invétéré qui remplit le coeur de l'homme ; mais ayant entendu que Dieu ôte l'iniquité, il agit en conséquence, et, dans la sainte hardiesse de la foi qui compte sur Dieu et saisit sa parole, Moïse donne à Dieu, pour marcher avec le peuple, la raison même que Dieu avait donnée pour ne pas le faire, savoir : « c'est un peuple de cou raide ». « Et Moïse, sehâtant, baissa la tête contre la terre et se prosterna, et dit : O Seigneur, je te prie, si j'ai trouvé grâce devant tes yeux, que le Seigneur marche maintenant au milieu de nous, CAR c'est un peuple de cou raide ; pardonne donc nos iniquités et notre péché, et possède-nous » (Ex. XXXIV, 8,9).

À vue humaine, il semble impossible que Dieu puisse marcher avec un peuple pécheur, mais Moïse n'avait pas oublié la leçon du « buisson » ; il y avait là, pour lui, un secret des plus précieux, celui des voies de son Dieu ; aussi, à la fin de ses jours, son coeur y revient avec une satisfaction indicible, lorsque, bénissant les tribus d'Israël, il parle de « la bienveillance de Celui qui se tenait au buisson » (Deutéronome XXXIII, 16).

Combien il est encourageant de voir la manière dont Dieu répond à la foi de son serviteur, comment II se sert de l'occasion même fournie par le péché d'Israël pour développer le grand principe de sa grâce, renfermé en figure dans la vision ! Dieu était là, en sainteté et en grâce ; et c'est parce qu'il y était que le peuple rebelle et pécheur n'était pas consumé.

Or tout ceci est écrit pour notre instruction. Nous avons affaire directement avec Dieu, et ce n'est que dans la communion de Dieu que nous pouvons être gardés du mal. Car de fait le mal règne au dehors de nous et existe en nous. Satan est le chef de ce monde, retenant dans l'esclavage du péché les enfants des hommes. En même temps, notre coeur corrompu correspond à ce mal extérieur, car notre conscience rendtémoignage contre nous que nous aimons le péché. C'est ce double caractère du mal que fait ressortir l'histoire du peuple d'Israël.

Esclaves et sous la puissance du roi d'Égypte. Dieu seul pouvait les mettre en liberté ; Lui-même devait intervenir. C'est ce qu'il fit. L'Éternel dit : « Je suis descendu pour les délivrer de la main des Égyptiens ». Mais le fait que Dieu devait se rencontrer ainsi personnellement avec le peuple, posait la grande question de la relation avec Lui, question qui ne pouvait se résoudre que sur le principe de la sainteté absolue de Dieu Lui-même. Mais il fallait que le peuple fût sondé jusqu'au fond, afin d'être amené à comprendre ce qu'exige la sainteté de Dieu, et d'avoir ainsi une juste appréciation devant Dieu de l'état de son propre coeur. C'est dans ce but que la loi fut donnée. L'épreuve mit en évidence le triste fait que ce peuple, abandonné à lui-même, était incapable d'aucun bien.

Et telle est précisément la leçon que nous avons tant de peine à apprendre pour ce qui nous concerne individuellement. Que l'on soit pécheur, on veut bien l'admettre, mais on a de la peine à accepter que l'on est incapable de faire le bien. C'est pourtant ce que déclare la parole de Dieu : « La pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas » (Romains VIII, 7). "

La difficulté que l'on éprouve d'admettre une vérité si simple provient, sans nul doute, de deux causes : d'abord de notre orgueil naturel qui setrouve blessé par une déclaration qui nous met complètement de côté, et, ensuite, du fait que nous avons peu réalisé que, dans le salut, nous avons affaire personnellement avec Dieu. Mais que lisons-nous en Matthieu I, 21-23 ? - « Elle enfantera un fils, et tu appelleras son nom Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés. Or tout cela arriva afin que fût accompli ce que le Seigneur a dit par le prophète, disant : Voici, la vierge sera enceinte et enfantera un fils, et on appellera son nom Emmanuel, ce qui, interprété, est : DIEU AVEC NOUS. »

II nous est tout aussi impossible, par nos propres efforts, de secouer le joug de Satan ou de nous débarrasser du péché, qu'il l'était aux Israélites de se soustraire eux-mêmes à la puissance du roi Pharaon, ou de garder la sainte loi que Dieu leur imposa. Pas plus qu'eux, nous ne pouvons nous passer de Dieu lorsqu'il s'agit d'une marche sainte.

Le Fils de Dieu est venu pour accomplir l'oeuvre d'une délivrance complète ; II l'a fait en se donnant Lui-même pour nous. À la croix, Dieu nous fait voir en même temps sa pensée à l'égard du péché, et comment II l'ôte afin de pouvoir justifier le coupable qui croit en Jésus. « Christ, qui n'a pas connu le péché, a été fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui » (2 Corinthiens V, 21). L'oeuvre de la rédemption n'est en rien de nous, elle est tout entière de Dieu seul. C'est Lui qui en est l'Auteur et qui, pour l'accomplir, a agi en Christ. Christs'est présenté afin de faire la volonté de Dieu pour le salut ; II est venu afin d'être Lui-même le sacrifice pour le péché : « Voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté » (Hébreux X, 7, 9).

Voilà ce qui fait ressortir le caractère terrible du mal, puisque, pour l'ôter, il fallait un tel sacrifice. Mais, d'un autre côté, nous voyons combien la délivrance est complète. Elle dépend de la volonté de Dieu et de l'oeuvre parfaitement accomplie par le Seigneur Jésus et agréée de Dieu. C'est le Saint-Esprit qui en est le témoin, et le pécheur en recueille les effets bénis, lorsque, de même que les enfants d'Israël, il crie du fond de sa misère, invoquant la délivrance de la part de Celui qui seul peut la donner.

De même, la sainteté dans la marche est une conséquence pratique et nécessaire des relations personnelles établies avec Dieu en Christ, qui est venu de sa part. « Soyez saints, car moi je suis saint » (1 Pierre I, 16 ; comparez Lévitique XIX, 2 ; XX, 7). C'est la parole qui nous est maintenant adressée, comme elle l'était aux enfants d'Israël. Or la force se trouve en Dieu. « Sa divine puissance nous a donné tout ce qui regarde la vie et la piété, par la connaissance de celui qui nous a appelés par la gloire et par la vertu » (2 Pierre I, 3). Et c'est la sacrificature actuelle de Christ qui rend le croyant capable de marcher dans la sainteté. Remarquons aussi que, dans l'épître même qui met en évidence la perfection absolue de la position du croyant comme effet de l'oeuvre de Christ, se trouve rappeléecette grande vérité : « Notre Dieu est un feu consumant » (Hébreux XII, 29). « C'est pourquoi, ... retenons la grâce par laquelle nous servions Dieu d'une manière qui lui soit agréable ».

Que Dieu nous accorde de saisir le caractère de la délivrance qu'il a opérée et qui est de toute manière digne de Lui, afin que nous comprenions en pratique la nécessité en même temps que le bonheur de dépendre de Lui continuellement et de marcher avec Lui pour être gardés du mal. « II nous a élus en Christ, avant la fondation du monde, afin que nous fussions saints et irréprochables devant Lui en amour » ; et II a « le pouvoir de nous garder sans que nous bronchions et de nous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie » (Éphés. I, 4 ; Jude 24).

« DEUX SONT MORTS POUR MOI »

Le jour s'était levé radieux après une nuit de violente tempête. L'ouragan avait grondé sans relâche, déracinant les arbres, jetant bas les cheminées, brisant ou renversant tout ce qui s'opposait à sa course furibonde, et nos coeurs avaient saigné, car, par-dessus le fracas de l'orage et le bruit des vagues furieuses, nous étaient parvenus des cris et des signaux de détresse. Plus d'un navire avait été là, luttant avec les flots dans cette nuit terrible ; des hommes, et peut-être des femmes et des petits enfants, s'étaient trouvés en face des redoutables réalités de la mort et del'éternité, et, dans l'obscurité profonde, seul, terrifié, désespéré, plus d'un avait sans doute trouvé son humide tombeau.

Au matin, je me rendis au bord de la mer. L'orage avait complètement cessé ; le soleil brillait dans tout son éclat ; la mer apaisée étincelait sous ses rayons ; les oiseaux chantaient dans les champs d'alentour, et toute cette nuit aurait pu sembler un rêve pénible sans l'aspect que présentait le rivage couvert de débris.
Je regardais avec tristesse, me demandant combien avaient été sauvés de la mort présente, et combien delà mort éternelle, parmi ceux qui étaient à bord des vaisseaux naufragés. Tandis que j'étais plongée dans ces pensées, un marin s'était approché de moi. Je lui adressai quelques questions sur les événements de la nuit. Il me raconta les courageux efforts tentés pour secourir les navires en détresse et le succès partiel qui les avait couronnés ; puis, comme j'exprimais ma douleur à l'égard de ceux qui avaient péri, il me dit d'un ton sérieux :
- Pardon, Madame, excusez ma franchise : vous-même, êtes-vous sauvée ou perdue ? Je veux dire : Connaissez-vous Jésus ?

Bien douce me fut la question, car je pus assurer celui qui la faisait que son Sauveur était aussi le mien. Nous nous serrâmes cordialement la main, puis je demandai au marin depuis combien de temps il connaissait ce Sauveur si cher à nos coeurs, et comment il avait été amené à Lui.

- Il y a environ cinq ans, me dit-il, qu'il asauvé mon corps de la mort et mon âme de l'étang de feu. Je ne l'oublierai jamais, car deux sont morts pour moi.
- Deux ! répétai-je étonnée.
- Oui, madame, deux. Mon Sauveur est mort pour moi il y a plus de dix-huit cents ans sur la croix du Calvaire, et mon camarade est mort pour moi il y a cinq ans. Et c'est cela qui m'a amené à Jésus.

Voyant l'intérêt qu'excitaient en moi ses paroles, il continua :
- C'était justement pendant une nuit comme celle qui vient de passer que notre vaisseau fut jeté à la côte et brisé contre un rocher. Nous tirâmes le canon et fîmes des signaux de détresse, et bientôt quelques hommes courageux mirent à la mer le bateau de sauvetage. Nous pensions à peine qu'ils pussent tenir sur une semblable mer, mais ils firent tous leurs efforts, et Dieu leur donna de réussir. Nous descendîmes d'abord avec difficulté les femmes et les enfants, et le bateau retourna au rivage. Puis, monté par un autre équipage, il revint et tous les passagers furent embarqués.

Mais alors nous vîmes bien que quelques-uns d'entre nous devaient mourir, car si le bateau arrivait à temps pour la troisième fois, il ne pourrait recevoir tous ceux qui restaient, et le vaisseau devait sombrer inévitablement avant qu'un quatrième voyage pût s'effectuer. Ainsi nous tirâmes au sort pour savoir qui resterait. Je fus parmi ceux-là. De quelle profonde horreur je fussaisi ! « Condamné à mourir et puis être damné, » murmurai-je en moi-même, et tous les péchés de ma vie passée se dressèrent devant moi. Toutefois je n'étais pas lâche, je ne laissai rien paraître de ce qui se passait en moi ; mais, ô madame, entre mon âme et Dieu, c'était terrible !

J'avais un camarade qui aimait le Seigneur. Souvent il m'avait parlé du salut de mon âme, mais j'avais ri et lui avais répondu que je voulais jouir de la vie. Mais alors, quoiqu'il fût à côté de moi, je ne pouvais pas même lui demander de prier pour moi, bien qu'à ce moment même je fusse surpris qu'il ne me parlât point du Sauveur. Je compris plus tard pourquoi il ne l'avait pas fait. Sa figure, sur laquelle je jetai un regard, était calme et paisible, et comme illuminée d'une étrange lumière.

Je me dis avec amertume : « II peut bien sourire, lui qui va entrer dans le bateau et être sauvé... » Cher vieux Jim ! comment ai-je jamais pu avoir une telle pensée de toi !... Eh bien, madame, le bateau de sauvetage parvint encore une fois jusqu'à nous : un à un, ceux dont c'était le lot y entrèrent. Le tour de Jim était venu, mais, au lieu de descendre, il me poussa en avant. « Va dans le bateau à ma place, Tom, me dit-il, et viens me retrouver dans le ciel, mon garçon. Tu ne dois pas mourir et être perdu. Pour moi, tout est en règle. » Je ne voulais pas le laisser faire, mais je fus emporté en avant par ceux qui me suivaient et qui étaient pressés d'entrer. Jim savait bien que cela se passerait ainsi,c'est pourquoi il ne m'avait pas dit ce qu'il allait faire. Quelques secondes après, j'étais dans le bateau. À peine avions-nous quitté le vaisseau qu'il enfonça et avec lui Jim, le cher vieux Jim. Je sais qu'il est allé auprès de Jésus ; mais, madame, il est mort pour moi ! - il est mort pour moi ! Ne vous disais-je pas bien : Deux sont morts pour moi ?

Il s'arrêta un moment ; ses yeux étaient remplis de larmes qu'il n'essayait pas de cacher. Elles étaient le tribut payé à l'amour qui, pour lui, était descendu jusque dans la mort. Lorsque je pus parler : Et ensuite ? lui dis-je.

- Ensuite, Madame ? Lorsque je vis le vaisseau s'enfoncer, je dis à Dieu dans mon coeur : Si j'atteins le rivage sain et sauf, Jim ne sera pas mort en vain. S'il plaît à Dieu, je le retrouverai dans le ciel. Le Dieu de Jim est digne d'être connu, puisque Jim est mort pour moi, afin que j'aie encore une chance de connaître son Dieu.
- Avez-vous été longtemps avant de trouver le Seigneur ?
- Non, quoiqu'alors cela me parût long. Je ne savais par où commencer. Ce que je voyais toujours devant moi, c'était Jim sur le vaisseau qui enfonçait, Jim avec son paisible sourire ; de nuit et de jour, cela ne me quittait pas. D'abord je pensais à Jim beaucoup plus qu'au Seigneur, et quand les autres m'engageaient à retourner à la boisson et à mes anciennes habitudes, je leur disais ouvertement : C'est impossible, camarades.

Jim est mort pour moi afin que j'aie encore une chance d'aller au ciel. Je sais que je ne puis pas y arriver par ce chemin-là, et j'ai juré que le pauvre vieux ne serait pas mort pour rien. Me voyant ainsi bien décidé, ils cessèrent de me presser et me laissèrent à moi-même.

Je me souvins ensuite que Jim aimait la Bible et la lisait souvent, et je m'en procurai une. Avant de commencer à la lire, je fis un bout de prière. J'étais très ignorant, et je le dis au Seigneur. Je lui dis aussi que je ne connaissais pas le chemin pour aller au ciel rejoindre Jim, et je le priai de me le montrer.
- Et II le fit ? demandai-je au marin.
- Oh ! bien sûr, madame. Je ne savais par où commencer à lire la Bible ; après y avoir réfléchi, je me décidai à prendre le Nouveau Testament et à lire jusqu'à ce que j'eusse trouvé comment je pouvais être sauvé. Mais quels terribles moments je passai d'abord ! Quand j'arrivai aux cinquième, sixième et septième chapitres, chaque ligne semblait me condamner, et je me dis :
« C'est inutile, Tom, il n'y a pas de chance pour toi, tu as été trop méchant. » Et je fermai le livre. Alors les dernières paroles de Jim me revinrent à l'esprit : « Viens me retrouver dans le ciel, mon garçon. » Je pensai donc que Jim avait dû croire qu'il y avait pourtant une chance pour moi, car il connaissait bien Dieu et la Bible, et il connaissait aussi ma vie. Je repris donc ma lecture, et je continuai autant que je pouvais. J'y employai toutes mes minutes de loisir.

Enfin j'arrivai à l'histoire des deux brigands dont l'un fut sauvé par le Seigneur, et je pensai : « Voilà un homme à peu près aussi méchant que moi. » Et je lâchai ma Bible et tombai sur mes genoux, disant : « Seigneur, je suis aussi mauvais que ce brigand ; veux-tu me sauver juste comme tu l'as sauvé ? » Ma Bible était restée ouverte en tombant, et, ouvrant les yeux après avoir ainsi prié, les premiers mots que je vis furent : « En vérité, je te dis : Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis. » Je pris ces paroles comme étant la réponse que le Seigneur me donnait. Je ne pensai pas que j'allais mourir, quoique je l'eusse presque désiré, mais je crus que Jésus me disait par là qu'il m'avait pardonné. Aussi je me mis de nouveau à genoux et je le remerciai. J'étais très ignorant, comme vous pouvez bien le penser, mais petit à petit je compris le chemin du salut. D'abord j'étais seulement venu au Sauveur, mais je n'ai jamais douté qu'il m'eût sauvé, même avant que j'eusse vu par quel moyen.

Vous serez peut-être surprise que je fusse aussi ignorant , mais je n'avais pas eu des parents pieux. J'étais un orphelin et fus embarqué très jeune. Je n'avais jamais lu la Bible ; aussi je pensais qu'on obtenait le ciel en changeant de conduite, en devenant bon et moral, et en faisant de longues prières. Et j'avais l'intention de commencer quelque jour à devenir bon. C'est alors que Jim mourut pour moi, et cela me fit prendre la chose au sérieux. Ce ne fut pas bien longtempsaprès ce jour dont je vous ai parlé que je compris tout quant au moyen du salut : - comment Jésus était mort à ma place et avait ôté tous mes péchés par son précieux sang ; comment son sang était sur moi au lieu de mes péchés, et que c'était ainsi que j'avais pu être amené à Dieu maintenant, et que j'entrerais bientôt dans le ciel, car « le sang de Jésus-Christ son Fils nous purifie de tout péché, » et c'est le péché seul qui nous retient loin de Dieu. Au commencement, Madame, ce fut la tombe humide de Jim qui se dressa entre moi et mes anciens péchés, et, depuis, c'est une autre mort, - c'est la mort même du précieux Sauveur qui s'est placée là, car II est mort précisément pour ces péchés, et ainsi je sens comme si je ne m'appartenais plus du tout à moi-même. Ma vie sur la terre a été rachetée par la mort, et la vie éternelle que je possède a été acquise pour moi par la mort, et après la joie de voir le Seigneur Jésus Lui-même, ce que je désire, c'est de voir Jim briller là-haut.

Et maintenant, lecteur, laissez-moi vous faire la même question que m'adressait mon ami le marin : « Êtes-vous sauvé ou perdu ? » Et si devant Dieu vous pouvez dire : « Je suis sauvé par le sang de Jésus et pour l'éternité », alors permettez-moi de placer devant vous ce verset que ma conversation du matin a fortement rappelé à mon coeur :
« Vous n'êtes pas à vous-mêmes ; car vous avez été achetés à prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps » (1 Corinthiens VI, 19, 20).

LES PEINES ÉTERNELLES

Les ruses de Satan, quoique variées dans leurs formes, portent toutes un cachet qui dénote leur origine et présentent un même caractère que démasque complètement la Parole de Dieu.

Ce caractère se trahit dès le premier mot du tentateur : « Quoi ! Dieu aurait-il dit ? » (Genèse III, 1), et justifie la sentence prononcée sur lui par le Seigneur Jésus : « II est menteur et le père du mensonge » (Jean VIII, 44). Dès le commencement, Satan s'est efforcé de détourner le sens des paroles de Dieu, afin de séduire l'homme, en jetant dans son esprit le doute et la défiance à l'égard de Dieu, et ainsi de l'entraîner à la destruction.

À cet effet, il exalte la raison humaine, il aveugle les hommes quant à leur position de dépendance vis-à-vis de Dieu, les porte ainsi à juger Dieu et à mettre en question sa parfaite bonté et sa justice. C'est ce qu'il a fait auprès de nos premiers parents. Il insinua dans le coeur d'Eve le doute sur la bonté de Dieu, et ce fut le point de départ de la chute. De là vint la désobéissance, et par suite la ruine, la perdition du corps et de l'âme. La mort entra dans le monde par le péché (Romains V, 12).

De nos jours, la même ruse reparaît sous une forme un peu différente, et il ne manque pas de gens, même de ceux qui portent le nom de chrétiens, qui prêtent leur concours à l'ennemi et dressent des pièges pour surprendre les âmes non vigilantes. C'est une chose remarquable de voir que maintenant, comme au commencement, laquestion de l'Adversaire se porte sur le caractère de la « mort », dont Dieu avait dit : « Dès le jour que tu en mangeras, tu mourras certainement ».

Satan disait : « Vous ne mourrez nullement, mais Dieu sait... » C'est-à-dire que la raison humaine, dirigée par Satan, doit décider sur le caractère et l'étendue ou la durée de la « mort » dont Dieu a parlé ; de plus, l'ennemi fait entrer dans la discussion ce que Dieu « sait » pour le mettre en contradiction avec ce que Dieu a révélé. La folie d'un tel raisonnement est manifeste pour quiconque n'est pas aveuglé par une haute pensée de sa propre sagesse ; car comment la créature peut-elle connaître ce que Dieu sait, à moins que Dieu ne le lui révèle ?
Or, la révélation, nous l'avons, grâces à un Dieu de parfaite bonté. Elle lève le voile sur l'avenir ainsi que sur l'état actuel des hommes, et nous fait connaître comment Dieu a pourvu à un salut complet pour le pécheur par l'oeuvre parfaite que son Fils a accomplie.

Bien des personnes de nos jours prétendent que Dieu est trop bon pour punir des hommes en les envoyant pour l'éternité en enfer. C'est leur propre pensée à l'égard de Dieu ; par là ils mettent de côté la révélation et suivent encore les paroles trompeuses du père du mensonge : « Quoi ! Dieu aurait-il dit ? », mettant en question ce qu'il y a de plus clair dans la révélation.
Or Dieu, le Dieu que l'homme ne peut pas connaître en le sondant, - nous a été révélé par le Fils unique, venu du sein du Père, descendu ici-bas pour nous faire connaître un amour infini, tel qu'il ne serait jamais monté au coeur ni à l'imagination d'aucun homme. Jésus nous montre que l'amour de Dieu a été jusqu'à ne point épargner son Fils unique, afin de nous sauver, nous ses ennemis, pécheurs et rebelles contre Lui. Voilà ce que Jésus nous a déclaré, puis II en a donné la preuve éclatante en mourant sur la croix, portant nos péchés en son propre corps sur le bois.

Mais le même Sauveur ne nous a pas caché le sort terrible de ceux qui ne croient pas en Lui. Il nous a montré, dans la parabole de l'homme riche (Luc XVI), que les tourments sont, après la mort, la part de ceux qui méprisent la grâce de Dieu ; II a dit que ce feu de la géhenne est inextinguible, que le ver de ceux qui s'y trouvent ne meurt point ; II insiste sur le fait qu'il vaut mieux perdre main, pied ou oeil maintenant, plutôt que d'être jeté dans ce feu qui ne s'éteint point (Marc IX, 43-48). Et lorsqu'il présente devant nous la scène solennelle du jugement des vivants, II dit : « Ceux-ci (les méchants) s'en iront dans les tourments éternels, et les justes dans la vie éternelle » (Matthieu XXV, 46) ; le même mot « éternel » étant employé pour les tourments comme pour la vie. Nous trouverions d'autres preuves dans l'Apocalypse (chap. XIV, 10, 11 comparé avec XXII, 5).

Le jour de la grâce est encore là, cher lecteur, en attendant le moment où le Seigneur reviendra. Ne voulez-vous pas vous jeter dans les bras de Jésus qui nous délivre de la colère qui vient ?

DEUX RÉALITÉS

Un pauvre cordonnier, réduit à la plus extrême misère, était couché, atteint d'une maladie aiguë. Quelqu'un, qui avait entendu parler de lui, vint le voir. Bien qu'il ne fût pas étranger aux tristes demeures du besoin et de la pauvreté, le visiteur ne s'attendait pas à la scène qui frappa ses regards lorsqu'il entra dans cette chambre nue et désolée. Dans un coin, sur un misérable grabat, se trouvait le malade, couché ou plutôt assis, tout ramassé sur lui-même.
- Vous êtes bien malade, mon pauvre ami, dit le visiteur en prenant la main décharnée du pauvre homme. Ne pouvez-vous pas vous étendre ? Vous êtes trop faible pour rester ainsi assis. Et il se mit en devoir d'arranger plus confortablement le malade.
- Non, non, monsieur, c'est mieux ainsi, dit celui-ci en reprenant péniblement haleine entre chaque mot. Je ne puis reposer, continua-t-il ; si j'essaie de m'étendre, il y a là quelque chose qui m'étouffe. Et il portait la main à son cou.

L'étranger s'assit près du lit et resta silencieux, car l'effort qu'avait fait le malade pour parler l'avait épuisé, et il demeurait les yeux fermés et la poitrine haletante. Après quelques instants, il reprit la parole :
- Je suis malade, monsieur, je suis mourant. Encore quelques jours, peut-être quelques heures seulement, et tout sera fini. Il s'arrêta de nouveau, puis reprit en regardant fixement le visiteur :
Je sais ce qui arrivera ; il me semble levoir. Oui, je me vois étendu sur ce lit comme un cadavre ; je vois les hommes entrer et me mettre dans mon cercueil, puis passer la porte, me descendre par ces escaliers délabrés et me porter droit au cimetière. Je les vois me placer dans la fosse, amonceler la terre sur moi et me laisser là.

L'étranger écoutait, frappé de stupeur. La peinture était d'une vérité saisissante ; il n'y avait rien à répliquer. C'était la réalité terrible et dans toute sa nudité, dépouillée de tout ce qui peut l'adoucir, et tout cela allait s'accomplir.
Il était déjà là comme mort, celui qui avait prononcé ces paroles, dites, semblait-il, dans un dernier effort. Mais comme l'étranger se penchait vers lui pour le regarder, les grands yeux du malade s'ouvrirent, un sourire d'une beauté plus que terrestre illumina ses traits dévastés, et il continua :
- Mais ce ne sera pas moi qui serai couché dans la terre. Je regarde encore là-haut... là-haut. Et il éleva lentement la main. Je me vois moi-même, - là-haut, avec Christ, - avec mon Sauveur, ... là où II est.
Il ne put en dire davantage. Lecteur, n'était-ce pas assez ? Pouvez-vous, comme ce pauvre homme, envisager ainsi ces deux réalités ?
(Faithful Words.)


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CORRESPONDANCE: Quel est le « péché à la mort », pour lequel la prière n'est pas enjointe ?
LA SAINTETÉ DANS LA MARCHE - I - CONSÉQUENCE DE NOTRE RELATION PERSONNELLE AVEC DIEU.
QUAND PARAÎTRAI-JE DEVANT LA FACE DE DIEU ?
« L'ÉTERNITÉ, C'EST TROP LOIN POUR MOI »
SAUVÉ À LA ONZIÈME HEURE
« ELLE NE PEUT VOUS COMPRENDRE. »
 

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