Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION

VOL. II
SIXIÈME ANNÉE 1879



CORRESPONDANCE.

Question. - Dans le chap. III des Lamentations, vers. 27, que veut dire « porter le joug » ; et en quoi cela diffère-t-il du « joug » dans Matthieu XI, 29, 30 ?

Réponse.
- Les grands principes des voies de Dieu enversl'homme, que nous trouvons dans l'Ancien Testament, sont vrais, quelle que soit la forme spéciale de la « dispensation » sous laquelle on vit. Bien loin de perdre leur valeur sous la dispensation chrétienne où nous sommes, ils ont une double application : d'abord ils nous font comprendre comment Dieu agit dans son gouvernement ; ensuite ils nous donnent l'intelligence du sentier dans lequel a toujours marché, en Homme divinement parfait, Celui qui est à la fois notre modèle et notre Seigneur, savoir Jésus-Christ : car, ainsi qu'il le montre, toute la parole de Dieu se rapporte à Lui (Luc XXIV, 27, 44).

« C'est une chose bonne que l'homme porte le joug en sa jeunesse ». Voilà le grand principe moral. « La jeunesse » est, en effet, le moment propice et ordonné de Dieu pour apprendre l'obéissance. (Comparez le livre des Proverbes, surtout chap. I-IV ; VIII ; X, 1, etc.). Que de peines, que d'expériences pénibles sont évitées lorsqu'on apprend jeune cette précieuse leçon ! Si l'on a été habitué « au joug » dès l'enfance, combien plus faciles deviennent les leçons de la vie, combien est-on plus apte à en profiter !

Voyez, ensuite, dans l'Évangile de Luc, la gloire morale de Celui qui, par sa sagesse à l'âge de douze ans, étonnait les docteurs dans le temple à Jérusalem, mais qui était pourtant « soumis » à ses parents (chap. II, 41-52). Contemplez là le « joug » que portait de si bon coeur Celui qui est venu pour faire la volonté de Dieu, Celui qui, « étant en forme de Dieu, » n'avait pas été dans la position d'obéir, mais qui « s'est anéanti Lui-même, prenant la forme d'esclave », afin de se trouver dans la plénitude de sa grâce à côté de nous dans ce monde de souffrance et de misère, et nous apprendre à être parfaits eu tout, dans le sentier de l'obéissance. « II a appris l'obéissance par les choses qu'il a souffertes » ; II a souffert étant tenté ; par conséquent II est à même de secourir ceux qui sont tentés. Dans le sentier de l'obéissance, le chrétien n'est pas seul ; il y trouve, pendant toute la durée de sa course, la force et l'encouragement que donne la sympathie de Jésus.

Paul désirait connaître Christ en souffrant avec Lui dans ce sentier céleste à travers la terre (Philippiens III). Nous aussi, nous avons à apprendre de Celui qui a toujours été débonnaire et humble de coeur, en portant son joug dans les détails journaliers d'une vie dévouée au Seigneur, Lui étant soumis en toutes choses. Nous jouirons ainsi de ce « repos de l'âme » que l'on ne trouve qu'en suivant de près Celui qui faisait toujours ce qui était agréable à son Père. On possède ainsi une joie céleste qui inonde le coeur et fait éprouver en pratique que « son joug est aisé et son fardeau léger. »

CE QUI MET DE LA DIFFÉRENCE

« Afin que vous sachiez que Dieu aura mis de la différence entre les Égyptiens et les Israélites » (Exode XI, 7.)


Lecteur, c'est à la veille d'une nuit solennelle et à jamais mémorable que ces paroles furent prononcées. L'ange destructeur allait passer à travers le pays d'Égypte et frapper de mort tout premier-né dans chaque maison.
Mais, à côté des Égyptiens, vivant à leur porte, se trouvait un autre peuple, qui, dans une sécurité parfaite, voyait sans terreur passer devant lui le jugement de Dieu.

D'où venait cette différence ? Était-ce de l'état moral de ces deux peuples ?
Les Égyptiens étaient-ils plus méchants que les Israélites ? Non : aux yeux des hommes, c'était un peuple industrieux, instruit, soumis aux lois, renommé dans l'antiquité pour sa sagesse et son respect pour la religion de ses pères.
Ou bien les Israélites étaient-ils si excellents, que la faveur de Dieu devait nécessairement reposer sur eux ? Nullement. Leur histoire prouve que c'était un peuple méchant, rebelle à son Dieu, toujours prêt à toute espèce de mal, malgré les faveurs signalées dont il était l'objet.

Ainsi, l'état moral de ces deux peuples ne saurait expliquer la différence que Dieu met entre eux. Au contraire, à vues humaines, si quelqu'un devait être épargné, c'étaient bien plutôt les Égyptiens.
Et si nous nous plaçons au point de vue deDieu, dont les yeux sont trop purs pour voir le mal, qui ne juge pas sur l'apparence, mais qui sonde les coeurs et les reins, et qui connaît les choses dans toute leur réalité intime, qu'apprendrons-nous ? C'est que, quant à l'état moral, devant Lui, « il n'y a pas de différence, car tous ont péché et n'atteignent pas à la gloire de Dieu. » Toute bouche est fermée, et tout le monde coupable devant Lui (Romains III, 19, 23).

D'où vient donc la différence que Dieu Lui-même met entre eux ? Y a-t-il de l'injustice en Lui ? Agit-Il par caprice ou d'après une volonté arbitraire ? Loin de nous une telle pensée ! Dieu ne peut agir que selon la perfection de son caractère et en maintenant l'harmonie la plus entière entre ses divers attributs. S'il frappe les uns et épargne les autres, c'est avec la plus stricte justice.
D'où vient donc la différence ? demandera-t-on encore. D'une seule chose, lecteur, d'une chose établie sans doute suivant la grâce souveraine de Dieu, mais où brille aussi Sa justice : - Le sang de l'agneau immolé par l'ordre de Dieu, et qui était placé sur la porte des maisons des Israélites, voilà ce qui les abritait contre un jugement que leur état moral n'aurait pas détourné d'eux.

La mort, selon la justice de Dieu, devait frapper chez eux comme chez les Égyptiens, parce qu'ils étaient pécheurs, mais la mort d'une victime immolée pour eux, la foi en la parole de l'Éternel qui leur avait dit de mettre le sang surleurs portes, voilà ce qui plaçait les Israélites dans une sécurité parfaite.
Lecteur, le savez-vous ? Sur ce monde au milieu duquel vous vivez, dans lequel les yeux de Dieu ne voient pas un juste, sur ce monde pécheur dont vous faites partie, est suspendu le jugement de Dieu, bien plus terrible que celui dont II frappa l'Égypte. « Tous ont péché ». - « Toute bouche est fermée, tout le monde est coupable devant Dieu ».

Et cependant, comme autrefois, Dieu met encore « de la différence ». Au milieu de ce monde, tout près de vous, conversant avec vous, mais n'étant pas du monde, il y a un heureux peuple qui, par lui-même, ne vaut pas mieux que les autres, sans doute, mais qui est dans une sécurité entière, et qui, devant le Dieu trois fois saint, peut dire : « II n'y a pas de condamnation » (Voyez Romains VIII, 1).
D'où vient cette bienheureuse position, qui permet à ceux qui s'y trouvent de jouir d'une paix parfaite devant le redoutable avenir qui attend un monde coupable ? (Lisez 2 Thessaloniciens I.) C'est Dieu encore qui, dans sa grâce, met cette « différence », et qui le fait avec justice.

L'Agneau de Dieu, Celui que préfigurait l'agneau pascal, le Seigneur Jésus-Christ, a été immolé ; son sang a été versé sur la croix pour satisfaire par la mort à la justice de Dieu, et maintenant Dieu, en restant juste et dans tous les droits de sa stricte justice, justifie celui qui croit au Seigneur Jésus, dont le sang le purifie detout péché. Celui-là ne viendra pas en jugement (Jean V, 24).

Lecteur, êtes-vous à l'abri du jugement par la foi en ce sang précieux ? Est-il placé sur le linteau de votre porte, c'est-à-dire, avez-vous reçu le témoignage que Dieu rend au sujet de son Fils ? Il a dit : « Qui croit au Fils a la vie éternelle, mais qui désobéit au Fils ne verra pas la vie ; mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jean III, 36).

Pouvez-vous, dans une sécurité parfaite, regarder vers ce moment où le Seigneur Jésus sera révélé « du ciel avec les anges de sa puissance, en flammes de feu, " exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu, et contre ceux qui n'obéissent pas à l'Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ ; lesquels subiront le châtiment d'une destruction éternelle de devant la présence du Seigneur et de devant la gloire de sa force » (2 Thessaloniciens I, 7-9) ?

Lecteur, aussi vrai que, dans les âges passés, Dieu a exercé son jugement sur ceux qui s'opposaient à Lui, aussi vrai est-il que bientôt aura lieu ce jugement terrible que vous venez de lire. « Les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa parole pour le feu, gardés pour le jour du jugement et de la destruction des hommes impies » (2 Pierre III, 7). Mais écoutez encore un mot. Il n'y a pas de différence morale entre les hommes aux yeux de la sainteté de Dieu, c'est vrai ; mais Lui-même met avec justice une différence entre ceux qui croient et ceux qui necroient pas. Pensée bénie ! et puisse-t-elle entrer dans votre coeur ! Nul n'est exclu : pas plus que la sainteté absolue, la grâce ne met pas de différence entre les hommes, car « TOUS ont péché » ; en sorte que, maintenant encore, en attendant le jour si proche du jugement, il est dit :
« QUICONQUE INVOQUERA LE NOM DU SEIGNEUR SERA SAUVÉ » (Romains X, 13).

CONVERSION DE MADAME G. RACONTÉE PAR ELLE-MÊME

II y a douze ans, chère amie, que j'ai perdu mon mari. Non, je ne l'ai pas perdu, il n'est pas perdu ; mais si, moi, j'étais morte une heure avant lui, j'étais perdue pour toujours. Mais le Seigneur m'a épargnée. Il a ouvert mes yeux.

Une après-midi, mon mari et moi nous prenions le thé ensemble dans cette petite chambre. Il parlait du Seigneur et s'attristait à mon sujet, comme il l'avait fait souvent auparavant.
- N'est-ce pas une chose terrible, ma chère, me dit-il, de penser que moi je serai au ciel et toi en enfer ?
- Certainement je ne vais pas en enfer, répondis-je.
- Oui, vraiment tu y vas, ma chère : il n'y a rien au monde qui puisse t'arrêter, rien pour t'empêcher d'y aller.
- Oh ! tu me menaces toujours du diable; mais il ne me tient pas, et il ne m'aura pas du tout.
- Ah ! certes, il te tient, et il t'aura ; qu'est-ce qui pourrait l'en empêcher ?
- Et toi, n'iras-tu pas aussi en enfer ?
- Non, ma chère, assurément non ; car Jésus est mort pour moi. Tous mes péchés ont été effacés par son précieux sang.
Et il commença à chanter son cantique favori :

Lavés dans ton sang, ô Jésus !
Ils sont blanchis, sans nulle tache ;
Ils étaient autrefois perdus,
Mais maintenant ton sein les cache.

- Et n'est-ce pas pour moi aussi bien que pour toi ? lui dis-je, après avoir écouté un moment.
- Certainement, fut sa réponse.
- Et ce sang n'effacera-t-il pas mes péchés ?
- Oh ! oui, ma chère.
- Eh bien ! quand le brigand qui avait insulté et renié le Seigneur sur la croix, lui dit : « Souviens-toi de moi », ne reçut-il pas cette réponse : « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis ? »
- C'est vrai.
- Ne veut-Il donc pas me prendre là aussi ?
- Il le fera si tu te confies en Lui.
- Eh bien, c'est ce que je fais de tout mon coeur, dis-je.
- En es-tu bien sûre ?
- Tout à fait sûre et certaine.
- Que le Seigneur en soit loué, dit-il, alors nous ne serons pas séparés, après tout. Oh ! comme je serai content de te voir arriver là-haut !
- Peut-être bien y serai-je avant toi.
- Oh ! non, j'y arriverai le premier.
- Mon mari ne se portait pas très bien, mais il n'y avait, à notre connaissance, rien de sérieux dans son état de santé.
Il se tenait debout devant la fenêtre, regardant de l'autre côté de la cour, quand tout à coup il s'écria : Qu'est-ce que cette lumière, ma chère ?
- Quelle lumière ? lui dis-je. Je ne vois point de lumière.
- Oui, il y a une grande lumière là-bas.
- Ce sont peut-être les réverbères dans la cour, répondis-je. Je vais aller voir.

J'allai donc jusqu'à la porte, mais je ne vis rien, et je commençai à me sentir mal à l'aise. Comme je rentrais dans la chambre, mon cher mari se retourna, m'appela : « Marie ! » et tomba mort sans ajouter un seul mot.

Il y a douze ans de cela, chère amie. Depuis ce moment où j'ai connu le Seigneur, II ne m'a jamais laissé manquer de rien. Je ne suis pas arrivée où en était l'Apôtre, qui pouvait dire : « Je sais avoir faim », car le Seigneur n'a pas éprouvé ma foi jusque-là. Je ne pourrais peut-être pas le supporter. Lui sait ce dont nous sommes capables.
Durant ces douze aimées, je n'ai pas eu douze minutes de besoin. J'ai perdu la vue, et quand je suis assise ici toute seule, - mais non, je ne suis jamais seule, je pense à ce précieux Sauveur et Seigneur ; je Le suis depuis la crèche jusqu'à la croix, où je Le vois ; ah ! non, ce n'estpas cela, II n'est plus sur la croix : c'est dans la gloire que je Le vois.

LES DEUX CHEMINS

Vois-tu ces deux chemins qui partent de la terre
Et dont le cours s'étend jusqu'à l'éternité ?
L'un, large, spacieux, l'autre étroit, solitaire,
Mais rayonnant toujours d'une vive clarté.

L'un, sentier séduisant, que le monde préfère,
Lui dérobant toujours ses pièges sous des fleurs,
Lui voilant un abîme, un gouffre de misère,
Et par de vains plaisirs trompant les voyageurs.

L'autre, sentier béni, promettant la victoire,
Mais plaçant devant eux les luttes, les combats ;
Dans ce chemin la croix, mais pour terme la gloire ;
Jamais de faux plaisirs, ni d'écueils sous les pas.

Dans le large chemin, avec quelle assurance
Les hommes abusés s'engagent sans remords,
Sans regret, sans douleur, sans Dieu, sans espérance,
En oubliant, hélas ! que le terme est la mort.

Mais dans l'étroit sentier où Dieu toujours fidèle
Console et réjouit le coeur en l'éprouvant,
Se trouve le bonheur et la vie éternelle,
Les soins et la bonté de Dieu pour son enfant.

L'un va droit à l'enfer, l'autre dans le ciel même,
Lequel de ces chemins, pécheur, veux-tu pour toi ?
Car il faut te hâter : ou la gloire suprême,
Ou la mort loin de Dieu, la douleur et l'effroi.

Pauvre pécheur perdu, laisse la large voie.
Prends cet étroit sentier qui mène jusqu'au ciel,
Jésus veut te donner et la paix et la joie,
Ne veux-tu pas jouir du bonheur éternel ?

A. S.

LE RETOUR AU PAYS
ou
LE COEURS GAGNÉ

Bien loin sur le vaste Océan, à bien des milles de toute terre, un navire revenait d'Australie, portant plus d'un coeur fatigué, soupirant après le pays natal et le foyer domestique. Mais il n'y en avait point qui désirât plus que Jessie de ravoir la patrie.
Elle était née dans le comté de Fife (1) aux vertes collines. Plusieurs années s'étaient écoulées depuis que la main de fer de la pauvreté s'était appesantie sur la famille et avait forcé les parents de Jessie à vendre leur petite ferme à laquelle se rattachaient tant de doux souvenirs. Avec un coeur brisé, ils avaient dit adieu à toux ce qui leur était cher et étaient allés chercher du travail dans les colonies lointaines. Après bien des années d'un labeur rude et incessant, ils avaient réussi à amasser assez pour racheter leur • propriété. Ils revenaient donc chez eux ; mais la mère de famille avait trouvé son tombeau sur la terre étrangère, et Jessie avait dû prendre de bonne heure sur elle le soin de la jeune famille de son père. Florissante jeune fille quand elle avait quitté l'Écosse, elle y retournait usée par le dur travail de la vie d'émigrant et par une maladie qui ne pardonne point.

Mais elle se souciait peu de la toux pénible qui fatiguait ses journées et lui donnait des nuitssans sommeil ; elle répétait souvent : « J'irai mieux quand je serai à la maison, quand je reverrai mes chères collines. »
Chaque jour son père la portait sur le pont du navire, et là, étendue, elle contemplait les vagues qui la conduisaient vers le port désiré. Quand le temps était trop mauvais ou sa faiblesse trop grande pour être dehors, elle restait les yeux fixés sur la fenêtre de sa cabine, plongeant au loin ses regards pour voir si la terre apparaissait, et, bien souvent, elle s'était imaginé voir se dessiner à l'horizon les contours si connus de son cher pays.

À mesure que les jours s'écoulaient, les forces de la malade déclinaient, et son père dut, avec douleur, reconnaître qu'il était nécessaire que Jessie entrât dans une infirmerie dès qu'ils toucheraient la terre. Jessie eut beaucoup de peine à accepter cette nécessité. La nature même de sa maladie contribuait à lui faire illusion ; par moments, elle semblait reprendre des forces, et si la toux lui laissait quelque relâche, elle se persuadait bientôt qu'elle n'était pas aussi malade qu'on le croyait. Enfin on arriva à Édimbourg, et ce ne fut pas sans difficulté qu'on parvint à faire comprendre à Jessie qu'elle était incapable, au moins pour le moment, de continuer son voyage. Ses parents et ses amis la laissèrent donc à l'infirmerie pendant qu'eux-mêmes se rendaient à leur destination.

Ce fut là que je vis Jessie pour la première fois, le jour même où on l'y avait amenée. Je venais d'entrer, saluée d'un regard ou d'un sourire de bienvenue par les malades que je visitais d'habitude, quand mes yeux s'arrêtèrent sur une personne qui, bien qu'étrangère, éveilla tout d'un coup ma plus profonde sympathie. C'était Jessie. Assise dans son lit, elle était dans un état d'agitation voisin du désespoir. Une rougeur brûlante couvrait sa figure, d'un aspect agréable et intelligent ; de temps en temps, épuisée, elle se laissait retomber sur son oreiller dans un paroxysme de larmes.

Après deux ou trois mots échangés avec quelques-uns de mes anciens amis, je m'approchai du lit de Jessie et cherchai à la calmer. C'est alors qu'au milieu de ses larmes elle me raconta ce que j'ai rapporté plus haut. De temps en temps elle me saisissait la main, en me disant avec une expression presque enfantine : « Oh ! dites-leur de me renvoyer chez moi ; il faut que je revoie mes chères collines de Fife ! » Je lui promis de parler pour elle à la garde et de voir ce que je pourrais faire, puis je la quittai un peu consolée.

En sortant, je demandai à la garde quel avait été l'avis du médecin touchant Jessie. « Oh ! répondit-elle, les deux poumons sont perdus ; il n'y a aucun espoir de guérison, et ma pensée est qu'elle ne se relèvera pas de ce lit. » Un vif désir me saisit de retourner auprès de cette pauvre malade triste et seule et de lui parler de Christ. En écoutant sa douloureuse histoire, il m'avait semblé que tout ce que je pouvais faire, c'était de sympathiser avec elle, et j'avais négligé de luiparler de Celui qui seul pouvait donner le repos à son coeur fatigué. J'avais quelques grappes de raisin apportées pour une autre malade ; je retournai vers Jessie, et, les plaçant sur son oreiller, je lui dis : Jessie, savez-vous que Jésus vous aime ?
- Non, car s'il m'aimait, II m'aurait ramenée à la maison et ne m'aurait pas laissée au milieu d'étrangers.
- Quelqu'un, dans votre pays, vous a-t-il jamais parlé de Christ ?
- Non.
- Et en Australie ?
- Non plus.
- Eh bien, Jessie, Dieu vous a sans doute envoyée ici, dans cet hôpital, pour que vous entendiez parler de son Fils bien-aimé, qui vous a tant aimée qu'il est mort pour vous. Et II veut vous avoir avec Lui pour toujours dans un pays
bien plus beau que le pays et les collines de Fife.
Elle secoua la tête d'un air d'incrédulité et dit : Ah ! vous n'êtes jamais venue chez nous.
- C'est vrai, Jessie, et je n'ai pas vu non plus la demeure que Dieu a préparée pour ceux qui l'aiment ; mais j'ai lu ce qui la concerne et je sais qu'elle est bien plus belle qu'aucune demeure sur la terre. Ici, Jessie, si votre vie est prolongée de quelque temps, vous n'avez à attendre que des jours de fatigue et de souffrance, mais là, est-il dit, « Dieu essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri. ni peine, car les premières choses sont passées » (Apocalypse XXI, 4).

L'heure de la visite était écoulée ; je quittai Jessie en lui laissant un Nouveau Testament où j'avais marqué quelques passages que je pensais lui être utiles.
Plusieurs jours se passèrent avant que je pusse retourner à l'hôpital. J'y allai en priant le Seigneur de me donner la parole qui convenait à Jessie. Je la trouvai à peu près dans le même état que la première fois. Son père était venu la voir, et elle avait éprouvé un vif désappointement de le voir repartir sans elle. Je sentis que la meilleure chose à faire était de chercher à détourner ses pensées de sa douloureuse position, et je lui parlai, comme je l'aurais fait à un enfant, de Jésus, dont elle semblait ne savoir presque rien.

Bientôt son coeur fut atteint par le récit de ce qu'il avait souffert pour elle, et, à travers ses larmes, elle me dit : « Je n'avais jamais entendu parler d'un tel amour. Je pensais que personne ne pouvait m'aimer autant que Jamie », - et elle me montrait un petit anneau qu'elle portait à son doigt ; - « il me l'a donné quand je partis d'Écosse, et il m'a attendu tout ce temps, et il est venu me voir aujourd'hui ; mais jamais je n'avais entendu rien de semblable à l'amour de Christ ; c'est plus qu'aucun amour sur la terre, - beaucoup plus ».

Je ne pus retenir mes larmes pendant qu'intérieurement je rendais grâces à Dieu de ce que la ravissante beauté de Christ avait gagné ce coeur fatigué et rempli de tristesse. J'avais senti mon impuissance pour la consoler, mais Dieului avait accordé de saisir tout d'un coup ce qu'il y avait de plus précieux dans l'Évangile. C'était la personne même de Celui qui était mort pour elle qui avait captivé son coeur.
Comme j'allais sortir de la salle, elle me rappela et me dit : « Voulez-vous écrire à la maison et leur dire que j'ai maintenant trouvé Celui qui est plus pour moi que les collines de Fife ; - oui, plus que Jamie ? » murmura-t-elle, tandis qu'une légère rougeur colorait ses joues, « quoiqu'il sache bien que je l'aime tendrement ». Puis, après un moment, elle reprit : « Non, le Seigneur me donnera la force d'écrire moi-même, car aucun d'eux ne connaît Christ ».

Je fus une semaine sans retourner à l'hôpital. Quand je revis Jessie, un grand changement s'était opéré en elle ; son visage était doux et paisible, mais le doigt de la mort y avait tracé son empreinte, et sa voix n'était plus qu'un souffle. Elle ne parut pas s'apercevoir de mon entrée dans la salle jusqu'au moment où, m'étant penchée sur elle, je lui dis : Chère Jessie, vous êtes bien faible aujourd'hui ?
- Oui, dit-elle avec un sourire, je vais bientôt aller à la maison ; - pas à Fife », ajouta-t-elle vivement, comme si elle eût craint d'être mal comprise. « Je vais voir sa face. Oh ! parlez-moi encore de Lui. »

Nous passâmes ensemble une heure bénie que je n'oublierai jamais. Nous arrêtâmes nos pensées sur Celui en qui « tout est aimable » (Cantique V, 16). Je sentais que c'était notre dernièreentrevue ici-bas, car je devais quitter Édimbourg pour quelque temps. Je tremblais presque en le lui annonçant, tant elle semblait s'être attachée à moi, mais elle répondit : « II suffit à tout ; II sauve, et puis II satisfait pleinement le coeur ».
Elle semblait épuisée ; je la quittai pendant un moment pour aller voir une autre malade. Avant de sortir, je me retournai et jetai un coup d'oeil sur Jessie. Elle s'était endormie d'un paisible sommeil, les lèvres entr'ouvertes par un doux sourire. Son coeur « était à la maison ». Par un mouvement involontaire, je revins près de son lit et déposai un dernier baiser sur son front pâle.
Quelques jours après avoir quitté Édimbourg, je reçus d'une soeur en Christ ce message : « Jessie s'en est allée pleine de joie ».

Lecteur, connais-tu ce Christ qui a sauvé Jessie et qui ensuite a pleinement satisfait son coeur ? Es-tu sauvé par Lui ? Ou bien, ton coeur est-il encore tellement enlacé dans les liens d'un amour terrestre, ou tellement attaché aux choses qui t'entourent ici-bas, que Christ n'a pas de place chez toi ? Toute affection terrestre peut manquer, et tout ce qui nous captive nous être enlevé, et alors ? Vous resterez seul et désolé, si vous n'avez pas Christ. Quelqu'un disait : « Avec Christ, je possède tout ; tout, sans Christ, n'est rien. »

Rien n'est réel, rien ne demeure, rien n'est permanent, excepté Christ. Oh ! si vous ne le possédez pas, venez à Lui comme un pécheur perdu, venez maintenant.
Mais peut-être direz-vous : « Je sais que Christm'a sauvé, et cependant mon coeur n'est pas satisfait. » Oh ! c'est que vous n'avez pas trouvé le Christ de Jessie, car II l'avait non-seulement sauvée, mais Il avait aussi répondu pleinement à tous les besoins de son coeur.
Ce qui vous manque, c'est d'avoir votre coeur captivé par Christ ; d'être tellement saisi par. sa beauté, que vous soyez comme la reine de Séba quand elle vit Salomon et sa gloire : « Elle fut toute ravie en elle-même » (1 Rois X, 5), et qu'alors, comme Jessie, vous disiez ; « Jamais je n'ai entendu parler d'un tel amour. »

Ne vous contentez pas, cher lecteur, de dire : « Je suis sauvé, je le sais. » Le Christ qui vous a sauvé, peut aussi satisfaire et satisfera aux besoins de votre coeur, si vous tournez vos regards vers lui et que vous écoutiez sa voix.
Vous ne pouvez avoir Christ d'un côté et le monde de l'autre. Si vous voulez avoir le monde, il faut l'avoir sans Christ. Il n'y a pas de place pour Lui dans les salles de bal, les concerts, les théâtres et lieux de plaisir. Il faut y aller sans Lui. Quelqu'un me disait récemment : « Je sais que je suis sauvé, mais je puis cependant jouir de ces choses. - Vraiment, dis-je, eh bien, Christ ne le peut pas, et vous devez Lui ressembler bien peu. Et certes Christ ne vous suffit pas, car il vous faut encore toutes ces choses avec Lui. »

Oh ! si, pour une heure seulement vous saviez ce que c'est que d'avoir le coeur rempli de Christ, d'être heureux avec Lui, vous ne pourriez plus trouver de satisfaction dans les amusements d'unmonde qui L'a crucifié. « La fin de ces choses est la mort » (Romains VI, 21). « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon » (Matthieu VI, 24).

« ACHÈTE LA VÉRITÉ ET NE LA VENDS POINT »
(Proverbes XXIII, 23.)

ACHETER LA VÉRITÉ, la vraie sagesse et la prudence !... Mais où se vend-elle ? Où la trouver dans ce monde ? À vrai dire, elle ne se rencontre pas partout ; les foires et les marchés n'en sont pas remplis. C'était bien comme inspiré de l'esprit de Dieu que Job a dit : « II y a un sentier que l'oiseau de proie n'a pas connu, et que l'oeil du vautour n'a pas regardé, les faons du lion n'y ont pas marché, le vieux lion n'y a point passé » (Job XXVIII, 7, 8) ; c'est-à-dire, que ce n'est ni l'intelligence la plus pénétrante, ni la force de la volonté la plus ferme et la plus indomptable, qui réussissent à découvrir le chemin de la sagesse. Dieu l'a pourtant révélée à l'homme, en disant : « Voici, la crainte du Seigneur est la sagesse, et se retirer du mal, c'est l'intelligence » (Job XXVIII, 28).

Ce n'est que dans les trésors de la divine Parole que se trouve la vérité. Là seulement on apprend quel en est « le prix ». L'or et le diamant ne peuvent pas l'acheter, elle ne sera pas échangée contre la topaze d'Éthiopie, contre les perles les plus recherchées, ou l'or pur (Job XXVIII, 15-19). Quel est donc le prix auquel on l'achète ?

La même Parole nous répond : « Vous tous quiêtes altérés, venez aux eaux, et vous qui n'avez point d'argent, venez, achetez et mangez ; venez, dis-je, achetez sans argent et sans aucun prix du vin et du lait : pourquoi employez-vous l'argent pour des choses qui ne nourrissent point ? et votre travail pour des choses qui ne rassasient point ? Écoutez-moi attentivement, et vous mangerez ce qui est bon, et votre âme jouira à plaisir de la graisse ; inclinez votre oreille et venez à moi ; écoutez, et votre âme vivra » (Ésaïe LV, 1-3).

Oui, c'est par « l'oreille » que la vérité entre dans l'âme, et Dieu ne recherche aucun présent, aucun don de notre part ; II ne demande que l'oreille ouverte pour écouter sa Parole vivifiante, un coeur soumis à sa volonté, qui est de nous sanctifier et de nous bénir. « La foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend par la Parole de Dieu (Romains X, 17). Le Seigneur dit : « En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole et qui croit Celui qui m'a envoyé, A la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie ». DIEU DONNE : II est AMOUR, II donne la vie, et II veut, par la vérité, rendre nos coeurs parfaitement heureux dans sa présence, en sorte que nous possédions de sa part non seulement la vie éternelle en Christ et avec Lui, mais aussi « une plénitude de joie » (Psaume XVI, 11).

Mais il est dit « ACHETEZ » : cela ne suppose-t-il pas quelque sacrifice, quelque chose en paiement d'une si grande acquisition ? - Sans doute ; toutefois, ce n'est pas un paiement qui enrichisseDieu, mais bien l'abandon de ce qui peut empêcher le coeur de jouir de tout ce que Dieu donne gratuitement. N'est-il pas vrai que le coeur s'attache plus volontiers aux choses périssables de ce monde, qu'aux richesses éternelles que Dieu nous offre ? Et ne trouve-t-on pas le sacrifice de ces choses parfois très grand et très difficile ? Pourtant ce sont des choses de néant, mais on s'y cramponne comme un enfant à un jouet qui va bientôt être brisé et jeté loin, pour faire place à un autre, recherché avec la même ardeur ; le coeur est toujours insatiable.

Oui, il faut ACHETER la vérité ; et au jour de l'épreuve il faut savoir tenir bon et ne pas la vendre, quand même Satan nous y engagerait fortement, soit par la pression des circonstances, soit par ses ruses trompeuses.

Élisée, le fils de Saphat, n'a-t-il pas acheté la vérité, lorsqu'il laissait père et mère pour suivre le prophète Élie ? Et il ne l'a pas vendue pour avoir une place ou pour chercher un repos ici-bas, parmi les fils des prophètes, à Béthel ou à Jéricho (1 Rois XIX, 19-21 ; 2 Rois II).

Pierre et Jean ne l'ont-ils pas achetée lorsqu'ils ont tout quitté pour suivre Jésus ? Ils ne l'ont pas vendue, quand ils ont été battus par l'ordre du sanhédrin ; ils se réjouissaient, au contraire, d'avoir été estimés dignes de souffrir des opprobres pour le nom du Sauveur (Actes V, 41). Paul ne l'a-t-il pas achetée en estimant toutes choses comme une perte, à cause de l'excellence de la connaissance du Christ Jésus son Seigneur ?

Il ne l'a pas vendue pour mettre un terme aux persécutions qu'il subissait, et cela même en présence de « faux frères » (Philippiens III ; 4-14 ; Galates V, 11, 12).
Que Dieu nous accorde, à vous et à moi, cher lecteur, d'écouter l'exhortation et de suivre ces exemples bénis, parmi tant d'autres que nous fournissent les saintes Écritures (Hébreux XII, 1,2).


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(1) Province d'Écosse, au sud-est de cette contrée.

 

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