LE
SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. II
SIXIÈME
ANNÉE 1879
LE SAUVEUR
Les saintes Écritures nous enseignent
deux choses à l'égard de notre
état par nature : d'abord que tous les
hommes sont pécheurs et ont
péché. Or, ce premier point,
quoiqu'on n'aime pas à y penser, je ne l'ai
jamais entendu contester par personne ; j'ai
vu beaucoup d'hommes, mais jusqu'à
aujourd'hui je n'en ai pas rencontré un
seul qui osât dire : Moi, je suis
saint, je ne suis pas pécheur, je n'ai
jamais péché. Je ne vous crois pas
capable, mon cher lecteur, de dire une
absurdité pareille ; vous convenez
certainement que vous êtes pécheur et
que vous avez
péché,et ainsi vous
mettez en quelque sorte votre sceau sur ce que Dieu
dit dans sa parole, et vous en affirmez la
vérité.
Le second point à considérer, c'est
que la Bible affirme nettement que le
péché sépare l'homme de Dieu,
que tel qu'il est, pécheur, il ne peut pas
habiter avec Dieu, et qu'il est exposé
à être rejeté de sa
présence et éternellement perdu.
C'est contre ceci surtout qu'on se
révolte.
Eh bien ! écoutez ; allez, je vous
prie, chez l'homme le meilleur, le plus indulgent,
le plus miséricordieux que vous connaissiez,
et demandez-lui s'il voudrait admettre dans son
intimité, dans son salon, s'il en a un, des
voleurs, des ivrognes, des brigands, etc. ?
Cet homme vous répondrait : Non, mon
ami ! Et si vous lui dites : Pourquoi
cela ? il vous dira : Eh ! parce que
je ne puis pas supporter de tels personnages et
qu'en les recevant je participerais à leurs
péchés. - Et vous, cher lecteur, vous
trouveriez étrange que Dieu ne veuille pas
recevoir dans le ciel des êtres
pécheurs et souillés comme nous le
sommes tous ? Quoi ! vous voudriez que
Dieu fermât les yeux sur les iniquités
de l'homme ? et même qu'il les
sanctionnât par sa présence ? Ce
serait demander à Dieu qu'il
fît une chose que le plus simple
honnête homme du monde se refuserait à
faire.
Comprenez bien ceci, cher lecteur : le
péché n'est pas seulement une offense
faite à Dieu, offense qui exige un
châtiment, mais c'est aussi une souillure que
la nature de Dieu repousse absolument. Il en
résulte que nous sommes
tous
perdus, parce que nous sommes tous souillés,
tous pécheurs. « II n'y a pas de
juste, pas même un seul, » ni vous
ni moi, mon cher lecteur. Étant ainsi
perdus, c'est d'un SAUVEUR que nous avons besoin.
Ce Sauveur, Dieu nous l'a fait connaître en
se révélant Lui-même à
nous, pécheurs.
La Bible nous dit que Dieu est saint, qu'il a le
mal en détestation, qu'il est juste et ne
tient pas le coupable pour innocent ; elle dit
même qu'il est un « feu
consumant »
(Exode XXXIV, 7 ;
Deutéronome IV, 24 ;
Hébreux XII, 29) ; mais
elle nous parle aussi de Lui comme étant
amour : « Dieu est
amour »
(1 Jean IV, 8,
16). Or, il est naturel que l'on
demande quelle preuve Dieu a donnée de son
amour. Cette preuve, la voici :
« Dieu a tant aimé le
monde, qu'il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en Lui ne
périsse point, mais qu'il ait la vie
éternelle »
(1 Jean III, 16). « En ceci est
l'amour, non que nous, nous ayons aimé Dieu,
mais en ce que Lui nous aima, et qu'il envoya
son Fils pour être la propitiation de nos
péchés »
(1 Jean IV, 10). « Dieu
constate son amour à Lui envers nous,
en ce que, lorsque nous étions encore
pécheurs, CHRIST EST MORT pour
nous »
(Romains V, 8).
Ce n'est pas tout : Jésus-Christ s'est
Lui-même présenté aux hommes
comme l'envoyé de Dieu. Lorsque dans la
synagogue, à Nazareth, on Lui donna le livre
saint, II trouva la place où il était
écrit à son égard :
« L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce
qu'il m'a oint pour annoncer de bonnes nouvelles
aux pauvres ; II m'a
envoyépour publier
aux captifs la délivrance et aux aveugles le
recouvrement de la vue, pour mettre en
liberté ceux qui sont foulés, et pour
publier l'an agréable du
Seigneur. » Puis il ajouta :
« Aujourd'hui cette écriture est
accomplie, vous l'entendant. » -
« Et tous lui rendaient témoignage
et s'étonnaient des paroles de grâce
qui sortaient de sa bouche »
(Luc IV, 18-22). Au riche
Zachée, II a dit, étant dans sa
maison : « Le Fils de l'homme est
venu chercher et sauver ce qui
était perdu »
(Luc XIX, 10). - « Cette
parole, dit l'apôtre, est certaine et digne
de toute acceptation, que le Christ Jésus
est venu dans le monde pour sauver les
pécheurs, dont moi je suis le
premier »
(1 Timothée I, 15).
Telle est, mon cher lecteur, la preuve que
nous avons de l'amour de Dieu pour nous ; il
est impossible de l'exprimer mieux que ne le fait
le premier passage que vous venez de lire :
« Dieu a tant aimé le
monde... » Par amour pour le monde
et afin de sauver les pécheurs, Dieu a
donné son Fils unique ; la Parole a
été faite chair, pour faire la
propitiation de nos péchés.
Voilà la preuve, la démonstration de
l'amour de Dieu envers les pauvres
pécheurs.
Auriez-vous quelque chose à dire contre
cette doctrine de l'Écriture ?
Trouveriez-vous étrange que votre
Créateur s'intéressât à
vous ? Quand mon enfant gît dans la
misère la plus profonde, ai-je tort de faire
tout ce qui est en mon pouvoir pour l'en
délivrer ? Est-ce que la pensée
que Dieu a eue de sauver des pécheurs et des
méchants,comme vous et
moi, peut vous irriter ? Trouvez-vous cette
pensée indigne de Lui ? Comment !
vous voulez le bonheur de vos enfants, et vous
trouveriez étrange que Dieu ne voulût
pas le vôtre ? Une telle pensée
ne supporte pas l'examen : on la rejette.
Les passages que nous venons de citer
établissent très-clairement que c'est
pour sauver les pécheurs que
Jésus-Christ est venu dans le monde. La
preuve que Dieu a aimé le monde, ce n'est
pas seulement qu'il ait envoyé son Fils dans
le monde, mais qu'il l'y ait envoyé pour
chercher et sauver ce qui était perdu.
Maintenant, examinons un peu ce que
Jésus-Christ a dû faire et ce qu'il a
fait pour sauver les pécheurs. Pour cela,
regardez à la croix de Jésus. Et
d'abord, ne perdez pas de vue que Celui qui est
là, entre deux malfaiteurs, est absolument
saint, absolument juste et sans
péché, et que, comme l'un des hommes
qui assistaient à sa crucifixion l'a
dit : « Certainement cet homme
était le Fils de Dieu »
(Matthieu XXVII, 54), Pi
lui-même ayant déjà
déclaré qu'il ne trouvait aucun crime
en lui
(Luc XXIII, 4). En outre,
souvenez-vous que si Jésus se laisse prendre
et mener au supplice sans résistance, sans
ouvrir la bouche, comme un agneau muet (Esaïe
LUI), ce n'est pas qu'il n'eût la puissance
d'échapper à ses bourreaux, car II
dit à Pierre qui avait tiré
l'épée, qu'il pourrait demander
à son Père plus de douze
légions d'anges, mais qu'il fallait que
l'Écriture fût accomplie
(Matthieu XXVI,
53).
Ailleurs, Jésus-Christ dit :
« Je laisse ma vie... personne ne me
l'ôte ; j'ai le pouvoir de la laisser et
le pouvoir de la reprendre »
(Jean X, 17, 18). C'est donc bien
volontairement que le Seigneur est mort.
Mais pourquoi meurt-Il ? La réponse que
la Bible fait à cette question est fort
claire.
Le Saint-Esprit, par le prophète
Ésaïe, sept cents ans avant
Jésus-Christ, disait de Lui :
« II a porté nos langueurs,
et il a chargé nos douleurs, et nous
avons estimé qu'étant ainsi
frappé, il était battu de Dieu et
affligé. Or il était navré
pour nos forfaits, et froissé pour
nos iniquités ; l'amende qui nous
apporte la paix est tombée sur lui, et par
sa meurtrissure nous avons la
guérison »
(Ésaïe LIII, 4, 5). Et
dans le Nouveau Testament nous lisons que Celui qui
n'a pas connu le péché a
été fait péché pour
nous
(2 Corinthiens V, 21).
« Christ est mort pour nos
péchés, selon les
Écritures »
(1 Corinthiens XV, 3). « II
a été livré pour nos fautes
et a été ressuscité pour
notre justification »
(Romains IV, 25). « Christ
a souffert une fois pour les péchés,
lui, le Juste, pour les injustes, afin de
nous amener à Dieu »
(1 Pierre III, 18). Qu'est-ce
à dire ? C'est que Jésus-Christ,
par un amour que l'homme égoïste a
peine à comprendre, prend la place des
coupables, II prend sur Lui et pour son compte
leurs fautes, leurs péchés et leurs
crimes ; II est fait péché
pour eux, et reçoit à leur place
le châtiment dû à leurs
péchés.
C'est là ce que Jésus-Christ a fait
pour nous.
C'est pour nous, pour nos
péchés que Jésus-Christ a
souffert et qu'il est mort. Il a reçu,
Lui, le salaire dû à mes
péchés ; et moi, croyant
en Lui, je n'ai pas à le recevoir, Dieu ne
me le demandera pas.
Voilà le témoignage que Dieu a rendu
au sujet de son Fils. Il a dit que celui qui croit
ce témoignage a la vie éternelle.
Lisez dans la
première épître de
Jean, chapitre V, versets 9-13. Que Dieu vous
accorde, à vous, mon cher lecteur, de jouir
de cette pleine assurance, en la présence du
Dieu vivant.
LA VOIX DE LA SENTINELLE
« O sentinelle !
qu'y a-t-il depuis le soir ? 0
sentinelle ! qu'y a-t-il depuis la nuit ?
La sentinelle a dit : Le matin vient, puis il
s'en va être nuit : Si vous demandez,
demandez ; retournez,
venez »
(Esaïe XXI, 11, 12).
Une année vient de s'écouler, une
autre a commencé son cours. C'est une
nouvelle borne passée sur la route qui
aboutit à l'éternité. Le
monde, plongé dans le sommeil, n'y fait pas
attention. Un petit nombre veillent et attendent le
lever de l'étoile du matin. Et toi,
pécheur qui lis ces lignes, où
es-tu ? « OÙ
ES-TU ? » Ces mots résonnent
encore une fois à tes oreilles, comme jadis
à celles du premier homme dans le paradis
terrestre. Un autre cri se fait aussi entendre
à l'heure de minuit : « Voici
l'époux ; » « la
venue du Seigneur est proche ; »
sortez à sa rencontre.
À ces voix le moqueur joint aussi la
sienne : « Où
est », dit-il, « la promesse de
sa venue ?car depuis que les
pères se sont endormis, toutes choses
demeurent au même état dès le
commencement de la création »
(2 Pierre III, 4). Du mont de
Séhir sort la parole de raillerie :
« Sentinelle, qu'y a-t-il depuis le
soir ? Sentinelle, qu'y a-t-il depuis la
nuit ? »
O vous, qui avez des oreilles pour entendre,
écoutez ce que dit la sentinelle !
Lecteur, c'est maintenant le temps de la
nuit ! Depuis que le Fils de Dieu a
été crucifié, Lui,
« la lumière du monde »,
la lumière a été
transportée dans la gloire et le monde est
dans la nuit où il dort. Mais le royaume des
cieux, c'est-à-dire la
chrétienté, a été fait
semblable à dix vierges qui, ayant pris
leurs lampes, sortirent à la rencontre de
l'époux qui avait quitté ce monde et
devait bientôt revenir pour prendre à
Lui son épouse. Cinq d'entre elles
étaient sages, cinq étaient
folles.
Remarquez, lecteur, cerf deux classes de
professants dans la sphère de la
chrétienté. Les folles, en prenant
leurs lampes, n'avaient point pris d'huile ;
les sages, avec leurs lampes, avaient aussi pris de
l'huile dans leurs vaisseaux. C'est ce qui se voit
autour de nous : tous ont la lampe de la
profession, les sages seuls ont de l'huile, le
Saint-Esprit, - gage et sceau de leur adoption dans
la famille de Dieu, - arrhes de l'héritage,
pour la rédemption de la possession acquise
(voyez
Éphésiens I, 14).
Lecteur, desquels êtes-vous ? Tandis que
Christ est resté dans la gloire, tous se
sont assoupis etendormis :
tel a été l'état de la
chrétienté durant bien des
siècles. Mais « à
minuit » il s'est fait un cri :
« Voici l'époux ! sortez
à sa rencontre. » II est
ajouté, dans la parabole :
« Alors toutes les vierges se
levèrent et apprêtèrent leurs
lampes. » Lecteur, c'est là la
voix de la sentinelle. Le cri de minuit a
déjà retenti. Les professants dans la
chrétienté s'éveillent.
« La sentinelle dit : Le matin
vient, puis il s'en va être nuit : si
vous demandez, demandez ; retournez,
venez. » L'heure de minuit est
passée, et plus fort se fait entendre le cri
de la sentinelle. À mesure que chaque vierge
assoupie s'éveille et apprête sa
lampe, les échos répètent le
cri jusqu'à ce qu'il ait été
entendu d'un bout à l'autre de la
chrétienté, et que toutes les
« vierges », sages et folles,
soient réveillées par l'appel.
Aussi longtemps qu'elles dorment, les unes et les
autres sont inconscientes de ce que comporte leur
profession ; elles ne savent si elles ont ou
non l'huile du Saint-Esprit. Mais maintenant elles
s'éveillent ; les sages reconnaissent
qu'elles ont de l'huile, les folles trouvent
qu'elles n'en ont pas. Les lampes sont
apprêtées et allumées,
quelques-unes pour brûler avec une
lumière constante, d'autres,
hélas ! pour jeter un éclat
passager qui bientôt s'éteint pour
toujours dans les ténèbres de minuit.
O mon lecteur, desquels êtes-vous, parmi ceux
qui s'éveillent ? L'époux
approche, les folles crient aux sages :
« Donnez-nous de votre huile, car nos
lampes s'éteignent. » Dans leur
trouble, elles vont de réunion d'appel
en réunion d'appel :
« Non, disent les sages, nous ne pouvons
vous en donner. Allez vers ceux qui en vendent, et
en achetez pour vous-mêmes. »
La séparation entre les sages et les
folles s'effectue, et qu'arrive-t-il ensuite ?
L'époux vient ; celles qui sont
prêtes entrent avec Lui aux noces, puis
« la porte fut
fermée ».
Voilà, lecteur, où nous en sommes
dans l'histoire de la chrétienté. Le
Seigneur a divisé la dispensation en quatre
veilles de la nuit. Il a dit :
« Veillez donc, car vous ne savez pas
quand le maître de la maison viendra ;
le soir, ou à minuit, ou au chant du coq, ou
au matin ; de peur qu'arrivant tout à
coup, il ne vous trouve dormant. » Le
soir, de six à neuf heures, est
passé ; le milieu de la nuit, de neuf
à douze, est passé aussi. Quelles
sont les veilles suivantes ? Le chant du coq,
puis le matin. Le matin vient. Deux signes
l'annoncent : l'étoile du matin
(Apocalypse XXII, 16), et le soleil
de justice
(Malachie IV, 2). Christ est
l'accomplissement des deux. Il vient d'abord comme
l'étoile brillante du matin pour prendre les
vierges sages, son épouse céleste,
dans la gloire céleste. Il reviendra ensuite
avec elle vers la terre pour juger le monde en
justice.
Cher enfant de Dieu, lève en haut la
tête, rempli de joie dans la perspective de
voir le Seigneur Jésus !
Et toi, pauvre pécheur égaré,
réveille-toi de ton sommeil et apprête
ta lampe ; retourne à Celui duquel tu
t'es éloigné. Viens au
Sauveur,avant que ce ne soit trop
tard, car une fois que l'étoile du matin se
sera levée, la porte de la
miséricorde sera fermée pour
toi ; tu seras laissé dehors, dans
l'éternelle obscurité. Ce sera pour
toujours, - toujours !
Christ vient pour ses saints. Ce sera au chant du
coq, car c'est alors que se lève
l'étoile du matin. Espérance
bénie pour celui qui veille ! glas
funèbre plein de terreurs pour le faux
professant ! Cher lecteur, le matin vient,
mais aussi la nuit. Si tu rejettes Christ,
l'étoile du matin, tu seras jeté pour
toujours dans les ténèbres de dehors.
Quand le matin se sera levé radieux pour les
saints ressuscités et le monde
renouvelé, toi, tu entendras la sentence du
juge : « Allez-vous-en loin de moi,
maudits, dans le feu éternel qui est
préparé pour le diable et ses
anges. »
O NUIT TERRIBLE, NUIT PROFONDE ET ÉTERNELLE
DE L'ENFER ! nulle étoile du matin n'y
viendra annoncer l'aurore ; nul soleil
béni de justice ne s'y lèvera,
portant la santé dans ses rayons. Non,
lecteur, rien autre que les flammes livides de
l'étang de feu et de soufre n'éclaire
les perspectives désolées de l'enfer.
Le diable sera là avec ses anges ; la
« bête » et
« l'antichrist » seront
là. Tous ceux qui, après avoir
rejeté Christ et servi Satan, seront morts
dans leurs péchés, habiteront ce
triste lieu. Meurtriers, ivrognes, fornicateurs,
adultères, ravisseurs, convoiteux,
idolâtres et tous les menteurs se trouveront
là ensemble.
Je m'arrête, lecteur. J'aime ton âme,
et, parce que je crois à la
réalité de ces choses,
j'élève mavoix une
fois encore pendant que dure ce temps nommé
« aujourd'hui ». Écoute
ces accents pleins de douceur et de
tendresse ; c'est la voix de Jésus de
Nazareth ; II te dit : « Venez
à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui
êtes chargés, et moi, je vous donnerai
du repos. »
Puisse cette année, dans laquelle nous
sommes entrés, être pour chaque
lecteur de ces lignes une année de
bénédiction ; une année
de salut pour quiconque ne le possède pas
encore ; une année de vigilance et
d'attente plus intense de la venue de Christ pour
vous qui êtes sauvés.
Peut-être avant que quelques jours, quelques
heures se soient écoulées, II sera
là ! Quelle joie pour ceux qui sont
prêts ! Quelle terreur pour ceux qui le
rejettent !
A.-P. C.
LES TROIS PAS
J'ai entendu parler d'un pauvre garçon
que l'on avait l'habitude de railler à cause
de sa simplicité. Ceux qui le traitaient
ainsi ne savaient pas qu'il possédait la
vraie sagesse :
Un jour, quelqu'un, voulant savoir s'il avait
quelques notions de religion, lui dit : C'est
bien difficile, n'est-ce pas, d'aller au
ciel ?
- Non, répliqua le pauvre garçon,
c'est très-facile, II n'y a que trois pas
à faire : le premier, hors de
nous-mêmes ; le second, en
Christ ; le troisième, dans
le ciel.
CELUI QUI CHERCHE
(Luc XV, 1-7.)
« CELUI QUI CHERCHE,
TROUVE »
(Matthieu VII, 8) : voilà
un grand principe de la grâce que le Seigneur
Jésus est venu annoncer dans ce monde. Il
exprime à la fois que l'homme, étant
pécheur, a besoin de la grâce,
puis, que de la part de Dieu, il y a une porte
ouverte et que, sur le pied de la grâce,
personne ne sera repoussé.
Mais s'il n'y avait eu que la porte ouverte et le
chemin indiqué, nous serions restés
tous en dehors du salut, incapables même de
profiter de la libre grâce de Dieu ; -
doublement incapables ; d'abord, comme un
homme qui se noie, engourdi, à moitié
insensible déjà, et qui n'a pas assez
de force pour saisir la corde qu'on lui
jette ; ensuite, comme l'ivrogne
habitué à son péché,
aimant ce qui le prive d'intelligence, et
disant : « C'en est fait. Non ;
car j'aime les étrangers et j'irai
après eux »
(Jérémie II, 25). La
volonté est engagée dans le mal.
Confus, à la vérité, lorsqu'on
est surpris dans son péché, on ne
pense qu'à esquiver le jugement, pour
retourner de nouveau au mal, avec d'autant plus
d'entrain. « Impie et sans
force », voilà notre
état véritable décrit par la
sagesse infinie et la toute-science de Dieu
(Romains V, 6).
C'est là précisément où
l'amour divin vient nous trouver. Sans ce fait si
béni que Dieu est actif dans son
amour, la sentence terrible du Seigneur :
« Vous ne voulez pas venir à
moipour avoir la vie »,
- aurait scellé irrévocablement notre
sort
(Jean V, 40). Le Fils est venu de la
part de Dieu offrir la grâce à
l'homme ; mais l'homme a vu et haï et le
Fils et le Père
(Jean XV, 24).
Laissé à lui-même, l'homme se
rend coupable envers Dieu ; soumis à
une loi sainte, il la transgresse ;
invité à venir se réconcilier
avec Dieu et jouir du pardon qui lui est offert, il
s'enfuit loin de la grâce, il n'en
éprouve pas le besoin, il ne la
désire pas.
Mais Dieu a des desseins de grâce bien
au-dessus de toutes les pensées de l'homme,
plus grands que toute la méchanceté
si diverse du coeur humain. Cette parole de
l'Évangile : « Celui qui
cherche, trouve », quelque vraie qu'elle
soit pour celui qui profite de la grâce,
reçoit un accomplissement bien autrement
précieux dans la personne de Celui qui est
venu chercher et sauver ce qui était perdu
(Luc XIX, 10).
C'est ce qui, en réalité, explique
pourquoi nous pouvons profiter de la
grâce, et comment nous la
saisissons.
Nathanaël voulait aller voir et examiner s'il
pouvait sortir quelque chose de bon de
Nazareth ; c'est lui qui devait en
juger d'après son intelligence et son
appréciation du
« bien ». Il s'attendait peu au
premier mot que Jésus lui adressa :
« Voici un vrai Israélite en qui
il n'y a pas de fraude. » - Parole, en
effet, pleine de grâce, mais qui montrait que
celui qui voulait connaître était
lui-même connu ; le
soi-disantjuge était
déjà jugé. Sa conscience
étant ainsi atteinte et placée en la
présence de Dieu, son coeur va
pénétrer dans les profondeurs de
l'amour qui se révèle à
lui : « Avant que Philippe
t'eût appelé, quand tu étais
sous le figuier, je te voyais » ; et
lui, le premier, reconnaît Jésus pour
Fils de Dieu (Jean I, 44-52). Il avait
cherché, en répondant à
l'invitation de Philippe, et il avait
trouvé, avant de pouvoir se rendre compte de
la grandeur du trésor qui était
devant lui ; mais il commence à le
comprendre lorsqu'il apprend qu'il avait
été cherché, avant même
que Philippe l'eût appelé ;
l'oeil de Celui qui le trouvait était
déjà arrêté sur lui. Il
n'avait cherché Jésus qu'en vertu de
l'oeuvre de la grâce en lui, et lorsqu'il
voit Jésus, il comprend qu'il avait
été trouvé de Lui.
Oh ! que la grâce de Dieu est
magnifique ! Le coeur qui l'a connue se dilate
en y pensant ; il aime à s'y mettre
à l'abri comme dans un sûr refuge,
elle est pour lui une haute retraite.
« Ayant connu Dieu », dit
l'Apôtre écrivant à ses chers
Galates ; mais aussitôt son coeur tourne
la pensée, et il ajoute :
« Mais plutôt ayant
été connus de Dieu »
(Galates IV, 9). Le coeur de Dieu
trouve sa satisfaction à amener des
pécheurs à Lui, afin que, dans la
gloire, son Fils soit « premier-né
entre plusieurs frères »
(Romains VIII, 29).
C'est à ce point de vue que nous allons
considérer la parabole par laquelle le
Seigneur Jésus répond à ces
sages de la terre qui murmuraient parce qu'il
recevait des pécheurs et
mangeaitavec eux. Nous verrons
quel est Celui qui sent l'étendue de
la perte d'un pécheur et qui y porte
remède ; quel est Celui qui cherche et
qui trouve. Béni soit à jamais son
nom de ce que, dans une telle oeuvre,
« CELUI QUI CHERCHE,
TROUVE ! »
« II leur dit cette parabole,
disant : Quel est l'homme d'entre vous, qui,
ayant cent brebis et en ayant perdu une, ne laisse
les quatre-vingt-dix-neuf au désert et ne
s'en aille après celle qui est perdue,
jusqu'à ce qu'il l'ait
trouvée ?... »
Remarquons ici une réponse complète
à la question posée. Qui s'afflige de
la perte de la brebis ? - Qui sent
réellement l'état de misère
où se trouve ce monde ? Est-ce bien
nous, pécheurs ? Hélas !
non. C'est Celui qui avait ses plaisirs avec les
enfants des hommes
(Proverbes VIII, 31), Celui qui avait
nourri des enfants qui se sont rebellés
contre Lui
(Ésaïe I, 2). Il a
« tout le jour étendu ses mains au
peuple rebelle, à ceux qui marchent dans le
mauvais chemin, savoir, après leurs
pensées. » « II a
crié et il n'y a eu personne qui
répondît, II a parlé, mais ils
n'ont point écouté »
(Ésaïe LXV, 2 ;
LXVI, 4). C'est Lui qui dit de son
peuple : « Que de fois j'ai voulu
rassembler tes enfants, comme une poule sa
couvée sous ses ailes, et vous ne l'avez pas
voulu ! »
(Luc XIII, 34.) Oui, c'est
Jésus qui sent la perte, et qui se met en
chemin pour chercher ne fût-ce qu'une
seule brebis. Il a fallu son grand sacrifice,
et rien de moins, pour le salut d'une seule
âme.
Il s'en va donc après ce qui est perdu,
jusqu'à ce qu'il le trouve. C'est Lui
qui agit ; II commence et
termine l'oeuvre. Rien ne peut le satisfaire,
jusqu'à ce qu'il ait achevé
complètement ce qu'il était venu
faire. Son coeur y est engagé ; il
faut, coûte que coûte, trouver cet
être errant ; il faut briser cette
volonté attachée au mal, esclave de
Satan ; il faut chercher cette âme
égarée, trompée,
séduite, là où elle se trouve.
Rien n'arrêtera le bon Berger dans son
oeuvre. Il s'en va après la brebis
jusqu'à ce qu'il la trouve. Oui,
grâces lui en soient rendues, car ces
paroles, dans son oeuvre d'amour,
s'accomplissent : « Celui qui
cherche, trouve. »
Ayant donc trouvé sa brebis, qu'en
fait-Il ? - « Et l'ayant
trouvée, II la met sur ses propres
épaules, bien joyeux. » - Nulle
autre place ne conviendrait ni au berger, ni
à la brebis. Il fallait une place qui
témoignât de l'affection du coeur de
Celui qui se chargeait de tout, - non seulement de
chercher ce qui était perdu, mais aussi
'd'amener son oeuvre à bonne fin ; il
en fallait une qui répondît à
l'état de la brebis, épuisée
dans ses égarements, et incapable d'autre
chose, si ce n'est de s'égarer de
nouveau.
N'est-ce pas la place qu'il nous faut,
bien-aimé lecteur, à vous et à
moi ? - les propres épaules de
Celui à qui nous sommes. C'est à Lui
que nous devons tout notre salut, du
commencement à la fin :
« Lui-même a porté nos
péchés en son corps sur le bois, afin
qu'étant morts aux péchés nous
vivions à la justice ; par sa
meurtrissure nous avons la
guérison »
(1 Pierre II, 24). « Christ
a souffert une fois pour les péchés,
le juste pourles injustes, afin
qu'il nous amenât à Dieu »
(1 Pierre III, 18), II est le Berger
et le Surveillant de nos âmes. Oui ; II
conduit, - Il porte, - sa brebis jusque
dans la maison.
« Et, étant de retour à la
maison, II appelle les amis et les voisins, leur
disant : Réjouissez-vous avec moi, car
j'ai trouvé ma brebis perdue ». -
C'est là, dans la tranquillité, dans
la sécurité, dans le repos de la
maison, que la brebis deviendra le sujet d'une joie
qui prend sa source dans le coeur du Berger, et que
partagent tous ceux qu'il appelle à se
réjouir avec Lui. - « Je vous dis,
ajoute le Seigneur, qu'ainsi il y aura de la joie
au ciel pour un seul pécheur qui se repent,
plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui
n'ont pas besoin de repentance ».
« Pour UN SEUL
pécheur », notez-le, cher
lecteur. Répondez donc :
êtes-vous ce pécheur-là ?
Ne jetez pas vos regards sur les autres, ne vous
attardez pas à considérer ce que
d'autres feront, ou ce que d'autres diront. Cette
parole est pour vous aujourd'hui. VOUS
êtes pécheur, eh bien, c'est pour
vous, « un seul », que
le bon Berger est venu, - afin de vous chercher.
Cela ne convient-il pas à "votre état
de péché ? Considérez les
immenses richesses de sa grâce, voyez la
perfection de son oeuvre. Qu'a fait la brebis pour
être retrouvée ? Rien, absolument
rien. Mais Jésus a tout fait. C'est
Lui qui s'est chargé de tout accomplir. Que
Dieu vous accorde de le comprendre, de pouvoir dire
avec Paul, qui se met isolément au
rang des pécheurs que Christ est venu
sauver :
« DontMOI, je
suis LE PREMIER ». Qu'IL vous accorde
de vivre pour Celui qui est mort et
ressuscité pour vous
(2 Corinthiens V, 15).
Quelles leçons j'apprends, moi,
pécheur, en étant ainsi sauvé
par la grâce !
Si je suis trouvé, c'est que
j'étais errant ; c'est là
le caractère de ma vie tout entière
avant de connaître la grâce : j'ai
couru dans mon chemin à moi, cherchant
à me plaire loin de Dieu.
Si c'est le Berger qui m'a trouvé,
c'est que jamais, moi seul, je n'aurais pu revenir
de mon égarement, mon coeur se rebellait
contre l'autorité de Dieu ; mes
pensées étaient inimitié
contre Lui ; ma volonté était le
mobile de ma vie. Malgré tout cela, II m'a
cherché et trouvé. Quelle grâce
que la sienne !
S'il me place sur ses épaules, ... eh
bien, oui, je vois... Il savait que la confiance
que j'avais en moi-même était la
source de mon égarement. Dorénavant,
c'est Lui qui se chargera de moi. Il me portera, II
me gardera, II me conduira.
Si je suis amené à la maison,
je commence à apprendre là que
j'étais complètement étranger
à l'amour de Dieu ; mais il faudra
l'éternité pour connaître et
pour dire TOUT ce qui s'y trouvera. DIEU a fait et
accompli son oeuvre pour moi, par son Fils ;
II m'en donne la connaissance par son Esprit
(Galates IV, 4-6). La joie dans
« la maison » est telle, que
Lui ne veut pas être seul à se
réjouir.
Cher lecteur, connaissez-vous cette oeuvre pour
vous-même ? Ou bien, seriez-vous de ceux
qui,en cherchant à
établir leur justice par leurs propres
oeuvres, ne trouvent en leur coeur que des
murmures, à la vue du déploiement de
la grâce dans un monde qui ne connaît
pas Dieu ? C'est le déploiement de
cette grâce qui me fait connaître Dieu
et m'apprend que je suis connu de Lui, - qui me
fait connaître Celui qui, étant seul
quand il s'est chargé de l'oeuvre de mon
salut, n'a plus voulu l'être dans la joie de
son triomphe.
Quelle rencontre que celle de Christ et du
pécheur ! Quel contraste s'ouvre devant
l'âme rachetée, contraste qui
apparaît plus éclatant à mesure
que l'âme est plus saisie de l'amour de
Dieu : - d'un côté, ma
volonté engagée dans le mal ; de
l'autre, Son coeur engagé dans mon salut.
Les soupirs de mon humiliation
s'élèvent vers Lui en actions de
grâces, et mon coeur se repose dans un amour
qui ne connaît ni variation ni fin.
ALLOCUTION À L'OCCASION DE LA
MORT D'UN JEUNE GARÇON
(Lisez
Romains VI, 23 ;
2 Tim. I, 9, 10.)
La mort est entrée dans cette maison,
elle est allée toucher de son doigt
glacé, non pas la mère
âgée, non pas les frères et
soeurs déjà dans la fleur de
l'âge ; non, mais le plus jeune, celui
qui semblait pouvoir se promettre les plus longs
jours sur cette terre.
Quelle chose solennelle et sérieuse que la
mort !
Quelle puissance irrésistible ! Le coup
est frappé sans qu'on l'attende ; il
est irréparable. On le sait, on ne peut que
courber la tête ; mais ce que l'on
oublie, ce que vous oubliez, vous qui
écoutez ces paroles, c'est que votre tour va
venir.
Et cependant que d'avertissements ! À
chaque instant la mort, moissonneur impitoyable,
abat sa faux. Jeunes et vieux, riches et pauvres,
savants et ignorants, tout tombe et s'accumule sous
ses coups. Entrez seulement dans un
cimetière, comme les rangs s'y pressent, et
combien de générations sont
déjà venues s'y engloutir. Chaque
convoi funèbre qui passe ne vous crie-t-il
pas : LA MORT EST LÀ ?
On disparaît de la scène de ce monde.
Tout ce qu'on a aimé, poursuivi,
recherché ; tout ce qui a agité,
soucié, a fini pour toujours. La puissance
irrésistible qui vous enlève ainsi ne
laisse que douleur pour ceux qui vous ont
aimé et qui survivent. Et ne sentez-vous pas
devant ce cadavre, pour qui tout est fini ici-bas,
que vous êtes en présence de quelque
chose qui n'est pas dans l'ordre établi et
voulu de Dieu, et qui fait frémir ?
Et ce qui suit, même ici-bas, osez-vous le
contempler sans frissonner ? C'est maintenant
un froid cadavre, mais encore en son entier,
quoique tout soit fini pour toujours quant à
son activité ici-bas ; mais
après, dans quelques jours ? Que sera
devenu celui que vous accompagnez à sa
dernière demeure, comme l'on dit ?
« Ils sont couchés dans la
poudre... et les vers les
couvrent »
(Job XXI, 26). La dissolution, la
corruption la plus horrible. « La poudre
retourne en la terre. »
Mais ce n'est pas tout. Retranché de la
scène de ce monde, réduit quant au
corps à cette condition de corruption,
où va l'esprit qui animait le corps ?
Dans quelle mystérieuse et sombre
région est entrée cette vie que nous
avons connue ? Est-ce fini ? Oh !
non ; nous ne sommes pas comme les bêtes
qui périssent. Disparu pour l'homme sur la
terre, on vit pour Dieu : « pour Lui
tous vivent s
(Luc XX, 38). C'est donc au Dieu
juste que l'on a affaire. Êtes-vous à
l'aise devant cette pensée ?
Pourquoi donc cette puissance irrésistible,
inattendue, qui frappe des coups incessants,
à laquelle nul ne peut se flatter
d'échapper, qui rompt les liens les plus
doux, qui couvre la terre de deuil ; cette
puissance qui jette dans un avenir qu'on ne peut
envisager sans terreur ? Pourquoi ce
« Roi des frayeurs » qui
domine en souverain sur la terre ?
La réponse, le cri que fait entendre chaque
lit de mort, chaque cercueil, chaque deuil ;
la voix de Dieu qui s'en échappe et qui
s'adresse à vous, c'est :
« LE PÉCHÉ ».
« Les gages du PÉCHÉ, c'est
la MORT », et « la mort
a passé à tous les hommes, en ce que
TOUS ont péché »
(Romains V, 12). C'était la
sentence de Dieu prononcée contre la
désobéissance
(Genèse II, 17), et la mort
que nous voyons frapper à coups
redoublés, la mort amenée par
des souffrances, apportant le
deuil, la mort avec ses terreurs, nous dit :
« Tu as
péché, » tu es sous la
juste condamnation de Dieu. « L'aiguillon
de la mort, c'est le
péché ».
Il y a plus encore. Qu'est-ce qui suit ce moment
redoutable où toute la force du plus
vaillant se brise, où toute science est
vaine, où les richesses ne peuvent rien, ce
moment qui introduit l'âme, seule et nue,
devant Dieu ? Ce qui suit ? -
« Le jugement. » Voilà
ce que dit la parole de Dieu. Ce n'est pas
seulement la perte de toute activité et
jouissance ici-bas, c'est :
« après la mort, - le
jugement »
(Hébreux IX, 27).
À cela n'y a-t-il point de
remède ? Sommes-nous condamnés
sans espoir ? Non, chers amis ; au sein
de nos profondes ténèbres est venue
luire une pure et brillante lumière ;
une voix se fait entendre, c'est celle du Fils de
Dieu descendu sur cette terre où la mort
règne. « Je suis »,
dit-il, « la résurrection et la
vie ; celui qui croit en moi, encore qu'il
soit mort, vivra »
(Jean XI, 25). Oui, béni soit
Dieu, si chaque lit de mort me dit :
« Les gages du péché, c'est
la mort, » il est écrit
aussi : « Le don de grâce de
Dieu, c'est la vie éternelle dans le Christ
Jésus, notre Seigneur ». C'est
« notre Sauveur Jésus-Christ qui a
annulé la mort et a fait luire la vie et
l'incorruptibilité par
l'Évangile ».
Pour répondre à mon misérable
état de péché et de
condamnation, voici la grâce
qui pardonne, le /Sauveur qui
délivre parfaitement de la condamnation et
de la puissance du péché. Et
celaest un don, un pur et
libre don de Dieu, manifestant ainsi son
amour.
Au lieu de la mort, c'est la vie ;
bien plus, la VIE ÉTERNELLE dans le
Christ Jésus ; la vie que
Lui-même, ce précieux Sauveur,
possède et qui m'est donnée en Lui,
si pleinement, si parfaitement, que l'Apôtre
dit qu' « II a ANNULÉ la
mort » ; la mort n'est plus pour le
croyant ; son corps peut bien encore se
dissoudre, mais « encore qu'il soit mort,
il vivra s ; son esprit, au lieu de rencontrer
le jugement, va pour être avec le Seigneur
(voyez Luc XXIII, 43), en attendant la
glorieuse résurrection. Il n'y a point de
condamnation pour lui
(Romains VIII, 1). Ainsi la mort n'a
plus d'aiguillon, plus de terreurs (Hébreux
II, 14, 15). Jésus est descendu dans le
tombeau, II l'a vaincue, et, triomphant, II est
ressuscité par la gloire du Père.
On peut encore descendre dans la poudre ; il
est possible que le croyant passe par la mort, mais
Jésus-Christ « a fait luire
l'incorruptibilité ». Et le moment
vient où ce qui est semé en
corruption ressuscitera en
incorruptibilité ; où
« ce corruptible », ce
misérable corps d'infirmité, sujet
à tant de déshonneur, de souffrances
et de misères, revêtira
Incorruptibilité ; bien plus, où
Jésus, revenant des cieux, transformera le
corps de notre abaissement en la conformité
du corps de sa gloire, selon l'opération de
ce pouvoir qu'il a de s'assujettir même
toutes choses. (Lisez
1 Corinthiens XV, 42-44,
53 ;
Philip. III, 20, 21.)
Voilà, chers amis, ce qu'annonce
l'Évangile,la bonne
Nouvelle du salut parfait et glorieux que Dieu,
dans son amour, a préparé, en donnant
son Fils unique pour tout pécheur qui croit
au témoignage rendu dans sa Parole.
Ah ! si tout est sombre, glacé, sans
espoir du côté du monde et de
nous-mêmes ; si la mort règne
avec ses terreurs ; si la tombe s'ouvre avec
sa corruption, tournez vos regards du
côté de Dieu, qui a tant aimé
le monde que de donner son Fils ; du
côté de la croix, où
Jésus est mort pour vous donner la
vie ; du côté du ciel, où
Jésus ressuscité et couronné
de gloire attend les siens pour les introduire
là où II est. Croyez en Lui comme de
misérables pécheurs perdus à
qui est offert le pardon, la vie, un bonheur
éternel en la présence de Dieu, et
vous pourrez vous écrier :
« O mort, où est ton
aiguillon ? La mort a été
engloutie en victoire. Grâces à Dieu
qui nous donne la victoire par notre Seigneur
Jésus-Christ ».
SEULE... AVEC CHRIST
- Ne pourriez-vous pas, me demanda un jour une
personne, visiter une pauvre vieille femme qui
habite tout près de chez moi ? Elle vit
toute seule depuis de longues années, et
maintenant elle est encore seule... et
mourante.
Les circonstances, ne me permirent pas de
répondre immédiatement à cet
appel, mais ces tristes paroles :
« seule et mourante »,
résonnaient sans cesse à mes
oreilles. Vivre jour après jour
dansl'isolement me semblait
déjà bien triste, mais mourir seule
était à mes yeux le comble de la
misère humaine.
Quoique jeune, j'avais déjà
assisté à plus d'un lit de mort.
J'avais vu la vie s'éteindre dans la demeure
du riche et dans la chaumière du
pauvre : chez les uns, au milieu de tout le
confort que peut donner la fortune, de tout ce que
la sympathie peut suggérer pour adoucir la
souffrance ; - chez les autres, au milieu, il
est vrai, du dénûment matériel,
mais où une ingénieuse affection
savait tirer des moindres ressources de quoi
pourvoir aux besoins, et où des voisins
dévoués, après les fatigues du
jour, se relayaient pour veiller la nuit
auprès du malade. - Mais cette fois
j'étais en présence d'une position de
souffrance toute nouvelle pour moi. Une personne se
trouvait sur le seuil de l'éternité,
et elle était seule... seule à
l'heure la plus solennelle.
Le nom de la malade ne m'était pas
même connu, et pourtant ce fut avec un
sentiment' de profonde sympathie que je me rendis
auprès d'elle. Par une porte basse, j'entrai
dans une, chambre petite et sombre ; la
fenêtre, qui n'avait qu'une seule vitre,
donnait à peine assez de jour pour que l'on
pût distinguer le pauvre ameublement, et ce
fut avec un sentiment voisin de la crainte que je
m'approchai du misérable lit placé
dans un coin de la chambre, et que j'arrêtai
mes regards sur la vieille. femme qui s'y trouvait
mourante.
- Asseyez-vous, me dit la malade avec
unaffectueux sourire ; il y
a quelques jours que ma voisine m'a annoncé
votre visite, et j'ai d'abord pensé que
probablement je serais déjà partie
quand vous viendriez ; mais puisqu'il en est
autrement, j'espère que vous m'apportez
quelques bonnes paroles touchant le Seigneur.
- Voici sa Parole, lui dis-je.
- Ah ! c'est bien ; sa Parole est
meilleure que tout ce que nous poumons dire,
nous-mêmes. Lisez-m'en quelques versets, je
vous prie.
À mesure que je lisais les pages du saint
Livre, les yeux de la vieille femme semblaient
reprendre de l'éclat ; c'était
comme si son âme entière s'abreuvait
à cette source pure, et quand je priai,
avant de nous séparer, je vis qu'elle se
joignait avec ferveur à chaque requête
que j'adressais au Seigneur. En lui serrant la
main, je ne pus m'empêcher de lui exprimer ma
surprise de la trouver si paisible et si joyeuse au
sein de cet isolement complet où sa vie se
terminait.
- Ah ! me dit-elle, Christ est avec moi,
et quand vous l'aurez connu et que vous aurez
éprouvé les soins de son amour aussi
longtemps que moi, vous ne vous étonnerez
plus. Je le connais depuis plus de vingt ans, et
j'ai passé la plus grande partie de ce temps
seule avec Lui ! Et maintenant, depuis
six mois je suis mourante et encore seule avec
Lui, car peu de personnes viennent me
voir ; mais, à la vérité,
il y en a peu dont je souhaite la visite, car
Christ est toujours là, et, avec Lui, il n'y
a pas de solitude. Je sortis de cette humble
demeure avec despensées
bien différentes de celles que j'y avais
apportées : Dieu avait quelque chose
à m'enseigner par le moyen de sa
fidèle servante. Le calme de son visage et
la joie qui respirait dans sa réponse :
« Christ est avec moi », me
révélaient des profondeurs
jusqu'alors inconnues en Celui que je
possédais bien comme mon Sauveur, mais qui
n'avait pas encore été tout
pour moi. Je revis plus d'une fois cette humble
servante de Christ, et j'appris d'elle ce que je
crois n'avoir jamais oublié. Un jour elle me
dit qu'elle avait demandé au Seigneur si
telle était sa volonté qu'il se
trouvât quelqu'un près d'elle à
son dernier moment.
- Pourquoi ? lui demandai-je, supposant
qu'après tout elle redoutait de mourir
seule.
- Parce que si personne n'est là quand je
m'en irai, on ne saura pas que j'aurai
été aussi heureuse de mourir que de
vivre, car Christ est avec moi maintenant,
et II y sera alors, et je serai avec Lui
pour toujours.
Chaque jour je voyais qu'elle avançait
rapidement vers le port désiré. Elle
n'avait guère de bien-être
matériel, sauf ce que le Seigneur
m'accordait le privilège de lui
procurer ; cependant elle était pleine
de joie, de reconnaissance, et sa paix était
sans nuage.
Arrivée un jour chez elle, je frappai
à sa porte comme à l'ordinaire, mais
je n'obtins pas de réponse. Oh ! me
dis-je, serait-elle morte seule ? - Dans une
véritable anxiété, j'ouvris la
porte. Les mains de la chère malade
étaient jointes, et le mouvement de ses
lèvres me fit
comprendrequ'elle priait. Je me
tins debout, en silence, jusqu'à ce qu'elle
ouvrît les yeux et me vît.
- Ah ! me dit-elle, vous êtes venue pour
assister à mon départ. Asseyez-vous.
Si ce n'était à cause des autres, je
préférerais être seule avec
Christ ; mais vous resterez... jusqu'à
la fin...
Puis, avec un sentiment de délicatesse
envers moi, elle ajouta :
- Mais vous êtes jeune, et peut-être
n'aimerez-vous pas à voir mourir
quelqu'un ?
- Oui, lui dis-je, je désire rester avec
vous.
Alors, me montrant du doigt sa vieille Bible
usée, elle dit : Lisez-moi encore une
fois les derniers versets du
VIIIe chapitre aux Romains.
Je lus : « Car je suis assuré
que ni mort, ni vie, ni anges, ni
principautés, ni choses présentes, ni
choses ä venir, ni puissances, ni hauteur, ni
profondeur, ni aucune autre créature ne
pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui
est dans le Christ Jésus notre
Seigneur. »
Comme je fermais le livre et que j'allais lui
demander si elle voulait que je priasse avec elle,
je remarquai un léger mouvement de ses
paupières ; son regard se tourna en
haut, un radieux sourire illumina son visage, et
son âme heureuse s'envola auprès du
Seigneur.
Je tombai à genoux, je lui fermai les yeux,
puis, ayant tiré le drap du lit sur son
pâle visage, je sortis pour aller prendre,
avec sa voisine, les arrangements
nécessaires en pareille circonstance,
après quoi je regagnai ma demeure.
Et maintenant, lecteur, ce simple récit
au sujet d'une personne pour
laquelle Christ était vraiment et pleinement
suffisant vous a-t-il appris quelque chose ?
Pouvez-vous dire : C'est là le Christ
que je connais aussi ? Il est tout pour
moi dans la vie et dans la mort, dussé-je
même, être seul. Un Christ qui est
au-dessus et en dehors de toutes les circonstances,
qui les domine toutes, - un Christ qui satisfait
entièrement mon coeur ?
Et si ces lignes tombaient entre les mains de
quelqu'un qui ne connût rien du Christ de
Dieu, de quelqu'un dont les oreilles seules eussent
entendu parler de Lui, sans que son coeur
tressaille d'amour à l'ouïe de son nom
béni, oh ! alors, cher lecteur,
écoutez-moi. Si vous n'êtes pas
sauvé, vous serez seul à l'heure de
la mort, et seul pour rencontrer Dieu ; - oui,
vraiment seul, si vous ne pouvez pas dire comme la
chère vieille femme dont je viens de vous
raconter la fin : « Christ est avec
moi. » Tous vos amis d'ici-bas ne vous
serviront de rien ; vous serez seul à
ce moment redoutable, seul pendant
l'éternité, car dans l'enfer vos
compagnons de condamnation et de misère
n'allégeront pas votre affreux sort ; -
seul pendant l'éternité !
rejeté pour toujours loin de la
présence du Seigneur, de Celui qui seul
peut vous sauver maintenant.
Ce sera là l'isolement dans le sens le plus
réel et le plus terrible. Êtes-vous en
Christ ou hors de Lui ? Prenez garde, si vous
mourez sans Lui, il vous faudra passer
l'éternité sans Lui !
Mais écoutez encore. Il en est Un qui a
étéseul dans la
mort, afin que vous, vous ne mouriez pas seul.
C'est Christ, le Fils unique de Dieu :
regardez à Lui et vivez. - II a foulé
ici-bas le sentier le plus solitaire.
« Le monde ne l'a pas connu. »
« II est venu chez soi, mais les siens ne
l'ont pas reçu. » L'Homme de
douleurs a marché seul dans ce monde. - II a
été seul à
Gethsémané, dans l'angoisse du
combat. - II a été seul sur la croix,
où II mourait pour toi ; oui,
Jésus a été seul dans sa mort.
- Quoi ! dans cette heure d'inexprimable
souffrance, n'y avait-il personne avec Lui ?
Personne. « J'ai attendu que quelqu'un
eût compassion de moi, mais il n'y en a point
eu ; et j'ai attendu des consolateurs, mais il
ne s'en est point trouvé »
(Psaume LXIX, 20). Il a
traversé seul les eaux profondes. Il a
été abandonné de Dieu dans
cette heure terrible où, victime volontaire,
II accomplissait l'oeuvre d'expiation par laquelle
le pécheur est réconcilié avec
Dieu, par grâce. - Seul II souffrit, et seul
II mourut : « Par la grâce de
Dieu, II goûta la mort pour
tous ».
Et maintenant, cher lecteur, qu'avez-vous à
dire de la mort de Christ ? Est-ce peu de
chose qu'il ait été seul sur la
croix, et que là II soit mort pour
vous ?
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