LE
SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. II
SIXIÈME
ANNÉE 1879
LA VALEUR DE L'ÂME
« Que profitera-t-il
à un homme s'il gagne le monde entier et
qu'il fasse la perte de son âme ; ou que
donnera l'homme en échange de son
âme ? »
(Marc VIII, 36, 37.)
Telles sont les paroles solennelles
prononcées par Celui qui mieux que personne
savait quelle est la valeur de l'âme
précieuse de l'homme.
Qu'il est triste, devant une semblable
déclaration, de voir combien peu de
personnes pensent sérieusement à leur
ÂME, et de quelle mince importance elle est
aux yeux du plus grand nombre. Plusieurs,
hélas ! disent que l'homme n'a point
d'âme qui survive à la dissolution du
corps, et, se ravalant au niveau des bêtes
qui périssent, ils affirment que, quand l'on
est mort, tout est fini. Il est inutile de
raisonner avec ceux qui en sont venus à ce
degré d'insensibilité. Qu'ils
écoutent cependant l'avertissement du
Seigneur, et qu'il veuille, dans sa
miséricorde, l'appliquer à leur
conscience : « Ne craignez pas ceux
qui tuent le corps, et qui ne peuvent pas tuer
l'âme ; mais craignez plutôt celui
qui peut détruire
etl'âme et le corps dans la
géhenne »
(Matthieu X, 28).
D'autres, qui ne veulent pas faire Dieu menteur en
ne croyant pas sa parole, montrent cependant d'une
manière évidente, par leur conduite,
qu'ils n'ont jamais été saisis par la
pensée de la valeur inestimable de leur
âme immortelle.
L'âme est immortelle ! Elle ne cessera
jamais d'exister. Sans cesse active en vous, elle
le sera encore, même quand vous aurez
quitté la scène de ce monde ;
toujours, toujours vous vivrez. L'imagination peut
rester confondue devant ce fait ; mais il n'en
est pas moins une réalité absolue.
Oui, vous, lecteur, vous subsisterez aussi
longtemps que le Dieu éternel : heureux
à jamais dans la gloire céleste avec
Christ, ou malheureux sans espoir dans les
ténèbres du dehors avec le
diable.
Christ, comme Sauveur, est-il votre heureuse part
maintenant ? Alors c'est une joie et une
consolation ineffables pour vous de savoir que
votre âme vivra à toujours en la
présence de Celui qui vous a aimé et
qui s'est donné Lui-même pour
vous.
Êtes-vous encore inconverti ? Rien
d'étonnant si, en lisant ces lignes, vous
éprouvez du malaise. On ne saurait sans
trouble voir lever le voile qui couvre ces
redoutables réalités. On n'aime pas
sentir la main qui vous secoue dans la fausse et
dangereuse sécurité où l'on se
berce, et être arraché à des
rêves trompeurs. Peut-être l'impatience
vous gagne-t-elle, et désirez-vous
éloigner cette pensée importune de
l'âme, de la vie à
venir et des choses
éternelles. Peut-être êtes-vous
sur le point de jeter loin ce petit
écrit.
Arrêtez, cher lecteur ! DIEU VOUS
VOIT ; c'est Lui qui vous appelle encore cette
fois ; Lui qui peut vous dire :
« Insensé, cette nuit même,
ton âme te sera redemandée »
(Luc XII, 20). Oh ! soyez donc
sage, et que les paroles du Sauveur vous portent
à vous occuper de votre intérêt
le plus pressant et le plus immédiat.
Votre âme a une valeur plus grande que le
monde entier. Celui-ci passe avec tous ses biens,
ses honneurs, ses plaisirs, ses richesses ; la
terre et les oeuvres qui sont en elle vont
être brûlées
entièrement ; les cieux
passeront et les éléments seront
dissous
(2 Pierre III, 10 ;
1 Jean II, 17), mais votre âme
ne peut mourir.
Elle vaut plus que le monde entier ; c'est
Jésus-Christ, le vrai et fidèle
témoin, qui le déclare, Lui qui pour
la racheter, cette âme, s'est offert
Lui-même. Ah ! lecteur, pour cela il ne
fallait pas moins que les terribles souffrances, et
la mort du Fils de Dieu sur la croix ; cela ne
vous dit-il pas mieux que tout, le prix inestimable
de l'âme immortelle ? Quelle ne serait
pas votre culpabilité si vous
négligiez de vous en occuper ?
Ne différez donc pas, je vous en supplie,
mon cher lecteur, de régler la grande et
solennelle question de l'état actuel de
votre âme devant Dieu, de manière
qu'il n'y ait ni doute ni incertitude à cet
égard. Ne vous contentez pas de dire :
« Dieu est miséricordieux, et
j'espère être
sauvé » ; n'ayez pas de repos
que vous ne puissiez dire avec une
entière assurance : « Je
suis sauvé. »
Mais peut-être vous dites :
« Je le voudrais, mon coeur soupire
après le repos ; mais comment puis-je
obtenir cette précieuse
certitude ? »
Béni soit Dieu, si tel est le cri de votre
âme. Vous, il est vrai, vous ne pouvez rien
donner pour racheter votre âme.
« Personne », non plus,
« ne pourra, avec ses richesses, racheter
son frère, ni donner à Dieu sa
rançon, car le rachat de leur âme est
trop considérable, et il ne se fera
jamais »
(Psaume XLIX, 7, 8). Mais quelqu'un a
dit : « J'ai trouvé la
propitiation »
(Job XXXIII, 24) -, c'est Lui, le
seul qui pût la faire, Christ, l'Agneau de
Dieu, sans défaut et sans tache, qui a
été immolé et qui a
ôté le péché par le
sacrifice de Lui-même. Et maintenant ceux qui
croient en Lui ont la rédemption par son
sang, la rémission des péchés
selon les richesses de sa grâce, de sorte que
Dieu déclare qu'il ne se souviendra plus de
leurs péchés ni de leurs
iniquités.
« Crois donc au Seigneur
Jésus-Christ, et tu seras
sauvé. » l'âme du
croyant est sauvée maintenant
(1 Pierre I, 9), et bientôt il
jouira aussi de la rédemption du corps quand
Jésus paraîtra et le rendra conforme
au corps de Sa gloire.
Puissiez-vous, mon cher lecteur, sentir
profondément le sérieux de votre
existence. Vous avez une destinée
immortelle, et ce court instant que vous passez
ici-bas est ce qui en décide. Dieu, qui
connaît la valeur de votre âme, a fait
tout ce qu'il fallait pour qu'elle fût
sauvée. Ne rendez pas inutile son dessein de
grâce à votre égard.
Voudriez-vous, en dépit de tout, être
perdu ? Préférerez-vous
périr en choisissant les choses qui passent,
au lieu d'être sauvé en jouissant des
choses éternelles ?
(2 Corinthiens IV, 18.)
LE PARALYTIQUE
(Marc II)
En venant sur la terre, en accomplissant son
oeuvre de grâce, puis en remontant au ciel
ressuscité et glorifié par la
puissance de Dieu, le Seigneur Jésus a
répondu et répond d'une
manière parfaite aux besoins de l'homme et
au coeur de Dieu.
Dans le récit placé sous nos yeux,
nous voyons un pauvre malheureux, réduit
à la plus triste des conditions :
l'impuissance absolue de se mouvoir, d'aller, de
venir, d'agir par lui-même. Image frappante
de ce qu'est l'homme naturel à
l'égard de Dieu. Tous ses efforts pour
accomplir quoi que ce soit qui Lui plaise, qui soit
agréé de Lui, sont frappés
d'impuissance. « Sans force »,
voilà la déclaration de la parole de
Dieu
(Romains V, 6).
L'homme peut être actif dans ce monde quant
à ses entreprises, ses affaires, la
poursuite de ce qui flatte ses goûts et ses
plaisirs. Même il peut l'être quant
à la moralité, la philanthropie, les
oeuvres religieuses ; mais quant à
Dieu, il est « sans force », et
tout ce qu'il prétendra faire pour
Dieutant qu'il est dans son
état naturel, n'est que néant,
« des oeuvres mortes » (voyez
Psaume L). Qu'ils sont donc insensés ceux
qui auraient la prétention d'établir
là-dessus le fondement de leur confiance
devant Dieu.
Quelle est la cause de cette impuissance ? Le
Seigneur nous le montre dans la parole qu'il
adresse d'abord au paralytique :
« Mon enfant, tes péchés
sont pardonnés. » II va toujours
à la racine des choses. Ce qui rend l'homme
impropre, incapable, impuissant à faire quoi
que ce soit qui puisse compter aux yeux de Dieu,
c'est le péché. Impossible, tant
qu'un homme est encore dans ses
péchés, chargé du poids de la
culpabilité et de la condamnation,
impossible qu'il fasse rien pour Dieu. Il est
impuissant. Le voulût-il, il ne le peut. Il
faut que la mort intervienne pour la rançon
des transgressions. Abel reconnut cela en
présentant à Dieu un agneau de son
troupeau ; voilà pourquoi Dieu
agréa son offrande et non celle de
Caïn.
Or, un seul a l'autorité de pardonner les
péchés. C'est Celui qui les a
portés en son propre corps sur le bois, -
c'est le Fils de l'homme.
Et premièrement, remarquez-le bien, II a
accompli son oeuvre en dehors de nous, bien qu'il
la fît pour nous. Ni vous, ni moi
n'avons agi en rien dans ce qui s'accomplissait sur
la croix quand le Seigneur Jésus
s'écriait : « Mon Dieu, mou
Dieu, pourquoi m'as-tu
abandonné ? » II était
seul, et c'était entre Dieu et Lui que cette
question solennelle se dénouait. Là
il portait la peinedue au
péché, là toutes les vagues et
les flots du courroux de Dieu passaient sur Lui, le
Saint et le Juste. Pourquoi ? Afin que Dieu,
tout en restant juste, en affirmant sa justice,
pût justifier le pécheur qui croit en
Jésus (Romains III). Ainsi l'oeuvre par
laquelle les péchés sont
pardonnés a été accomplie
pour nous, mais hors de nous et sans
participation aucune de notre
côté.
En second lieu, c'est une oeuvre parfaite. Le
Seigneur dit : « Tes
péchés te sont
pardonnés. » II n'en
excepte aucun ; un seul qui resterait rendrait
l'oeuvre inutile. Ce que Jésus a accompli
sur la croix suffit pour abolir le
péché, et Dieu peut dire de ceux qui,
par la foi, et se sentant perdus, acceptent cette
oeuvre : « Je ne me souviendrai plus
jamais de leurs
péchés. » Et en même
temps, c'est une chose actuelle et non future.
Les scribes et les pharisiens murmurent. Ils
auraient mieux compris que le Seigneur dît
tout d'abord : « Lève-toi et
marche. » N'en est-il pas encore de
même aujourd'hui ? On veut faire agir un
pauvre pécheur impuissant, on le pousse
à faire des oeuvres pour tranquilliser sa
conscience ; on crie contre ceux qui annoncent
que le salut gratuit, reçu par la foi, est
la condition première, indispensable pour
pouvoir marcher d'une manière digne de Dieu
pour lui plaire à tous égards ;
on les représente comme des antinomiens,
comme des gens dangereux au point de vue de la
morale. Volontiers les accuserait-on de
blasphème. Mais on oublie que c'est le
péché qui cloue l'homme sur un lit
d'impuissance. N'est-ce pasune
dérision de vouloir faire marcher celui qui
ne le peut absolument pas ? Mais l'obstacle
est-il enlevé, l'âme
délivrée, le fardeau
ôté, les péchés
pardonnés, aussitôt vient la
parole : « Lève-toi et
marche. » Telle est la sagesse du
Seigneur. Ses pensées et ses voies ne sont
pas celles de l'homme. Mieux que tous les sages du
monde, II sait ce qu'il faut ; II pardonne les
péchés avant de guérir le
malade. Sa parole puissante accomplit les deux
choses.
Et ce qui a rendu manifeste le pardon des
péchés, et évidente aux yeux
de tous l'oeuvre du Seigneur pour le
paralytique, l'autorité qu'il a de pardonner
les péchés, c'est son oeuvre en
lui, la puissance qu'il lui communiqua pour
marcher. Et de même pour nous. C'est un point
capital qu'il ne faut pas oublier. Autant il est
vrai que si l'oeuvre faite pour nous n'est
pas appliquée à nos âmes par la
puissance du Saint-Esprit et saisie par la foi,
nous sommes et restons incapables d'aucun mouvement
pour Dieu, autant il est certain que, l'ayant
saisie et étant justifiés, il y
a une puissance qui nous est donnée, en
vertu de laquelle nous avons à nous lever,
à prendre notre petit lit et à nous
en aller dans notre maison ;
c'est-à-dire à manifester, par une
sainte activité, la réalité de
la vie nouvelle qui est en nous, en mortifiant
précisément ce en quoi se montrait
auparavant notre impuissance, et en le faisant en
tout et partout. « Mortifiez donc, dit
Paul, vos membres qui sont sur la terre »
(Colossiens III, 5).
« Livrez-vous vous-mêmes
àDieu, comme d'entre les
morts étant faits vivants »,
dit-il encore, « et vos membres comme
instruments de justice... Livrez maintenant vos
membres comme esclaves à la justice pour la
sainteté »
(Romains VI, 13, 19). Il faut, par la
puissance qui nous est donnée en Christ,
laisser de côté tout ce qui
manifestait notre état de
péché : colère, mensonge,
paroles légères, etc.,
« ayant dépouillé le vieil
homme avec ses actions et ayant revêtu le
nouvel homme »
(Colossiens III, 8-10 ; voyez
aussi
Éphésiens IV, 20,
etc.). Ainsi, que la vie de Jésus soit
manifestée dans notre chair mortelle, en
nous revêtant comme « des
élus de Dieu, saints et bien-aimés,
d'entrailles de miséricorde, de
bonté, d'humilité, de douceur, de
longanimité »
(Colossiens III, 12-17).
Quelle est-elle cette puissance par laquelle on est
rendu capable de marcher ainsi ? Celle qui se
trouve en un Christ glorifié. La vie que
j'ai à montrer est celle que j'ai
reçue de Lui, la vie que Lui-même a
fait voir dans sa marche sur la terre, une vie
céleste de communion avec Dieu, de
dépendance de Dieu. Il nous a laissés
ici-bas pour « annoncer ses
vertus », et « celui qui dit
demeurer en Lui, doit lui-même aussi marcher
comme Lui a marché »
(1 Jean II, 6). La puissance pour
cela, c'est l'Esprit qui nous est donné et
qui dirige vers Lui, là où II est,
nos pensées et nos affections
(Colossiens III, 1-4). Par l'Esprit,
l'on fait mourir les actions du corps
(Romains VIII, 13). Vivant par
l'Esprit, il faut aussi marcher
par l'Esprit, être conduit par l'Esprit, et
montrer ainsi le fruit de l'Esprit
(Galates V).
Lecteur, les choses dont nous venons de parler, les
connaissez-vous, ou bien vous sont-elles encore
étrangères ? Êtes-vous
allé à Jésus comme une
créature totalement impuissante pour faire
quoi que ce soit de bon à cause du
péché, et qui d'abord a besoin de
pardon ?
La première chose nécessaire, c'est
de connaître son état, de sentir le
besoin de la guérison. Il sentait son
état, il le reconnaissait, ce pauvre
paralytique. Quelle folie c'eût
été pour lui de prétendre
marcher : il n'avait aucun doute quant
à son impuissance. Eh bien, pour tout homme
le besoin existe, mais tous ne le sentent pas. Ces
lignes, mon cher lecteur, sont écrites pour
éveiller votre attention sur ce fait :
vous êtes impuissant pour arriver à
faire par vous-même rien qui vous rapproche
de Dieu ; vous êtes perdu si vous
n'êtes pas guéri.
La seconde chose, c'est la foi. Ah ! si le
besoin de l'âme est senti, on
s'inquiète, on s'enquiert, on cherche, on ne
se donne point de repos ; et, béni soit
Dieu, le remède est là, parfait,
efficace ; II l'a préparé
Lui-même. Mais il faut le saisir, quels que
puissent être les obstacles. La foule, les
difficultés, le ridicule, la
prétendue impossibilité, rien n'a
arrêté le paralytique, rien ne doit
vous arrêter, ô lecteur anxieux pour
votre âme. On monte sur le toit, on le perce,
on descend le malade ; il faut sa
guérison, il la faut à tout
prix ; on n'a pas la pensée que
Jésus sera
importuné.
Oh ! non, Jésus répond toujours
à la foi. Douce parole :
« Tes péchés sont
pardonnés » ; c'est plus,
sans doute, qu'il n'attendait. I/avez-vous
entendue, cette déclaration qui porte le
soulagement et la paix dans l'âme ?
Si vous l'avez entendue, et si vous jouissez du
pardon de vos péchés, connaissez-vous
cette autre parole, qui est la conséquence
de la première :
« Lève-toi, prends ton petit lit,
et t'en va en ta maison » ?
Glorifiez-vous Dieu dans votre corps par une sainte
conduite ? En tout ce que vous faites, par
paroles ou par oeuvres, est-ce Jésus qui est
votre objet ? Est-ce Lui que vous avez en vue
constamment ? Eu public, comme en particulier,
vous demandez-vous pour agir : Quelle est la
volonté du Seigneur dans telle
circonstance ?
Oh ! qu'il donne à tous les siens de
connaître la puissance par laquelle ils
seront rendus capables de le servir !
« TOUT VA
BIEN »
Un serviteur de Dieu avait prêché
depuis plusieurs semaines dans une ville, et avait
eu la joie de voir bien des âmes
amenées à Christ pour être
sauvées. Un soir qu'il allait au lieu
où se tenait la réunion, il rencontra
un vieillard qu'il connaissait et qui s'y rendait
aussi, marchant avec peine à cause de sa
faiblesse.
- Bonsoir, Jacques, lui dit-il, comment allez-vous
maintenant ?
- Oh ! tout va bien !
- Tout va bien ? Qu'entendez-vous par
là ?
- Oh ! je ne suis plus troublé à
présent ; tout va bien.
- Mais il me semble qu'au contraire vous devriez
être troublé. Vos
péchés, qu'en avez-vous
fait ?
- Ils sont tous loin, Monsieur ! Celui qui est
là-haut, me dit-il en montrant le ciel
étoile, Celui-là les a tous
ôtés.
- Et quand cela a-t-il eu lieu, Jacques ?
- Quand ce bon Sauveur était cloué
sur la croix, Monsieur.
- Comment pouvez-vous en être sûr, mon
cher vieil ami ?
- Je vous ai entendu lire dans la Bible :
« Le sang de Jésus-Christ, son
Fils, nous purifie de tout
péché, » et je le
crois.
Lecteur, pouvez-vous dire aussi que tout va bien
pour votre âme ? Avez-vous, comme un
pécheur perdu, regardé à Celui
qui a été cloué sur la croix
pour ôter vos péchés ?
Ayant été justifié par la foi,
avez-vous la paix avec Dieu ? Vous
réjouissez-vous maintenant dans la certitude
que vos péchés sont pardonnés
et que vous avez la vie éternelle ?
Sinon, hâtez-vous, avant qu'il soit trop
tard, de saisir, comme ce vieillard, ce que la
Parole de Dieu vous présente, à vous
aussi ; savoir, le salut, la rédemption
par le sang de Christ, la rémission des
fautes selon les richesses de sa grâce.
AUX HONNÊTES GENS
Lecteur, je ne voudrais pas qu'ayant jeté
les yeux sur ces lignes, vous les mettiez
aussitôt de coté en disant :
« Bail ! un sermon, j'ai bien autre
chose à faire que de
l'écouter. »
- C'est un sermon, je l'accorde, si par là
vous entendez quelques paroles sérieuses, et
pourquoi refuseriez-vous de les
écouter ? N'êtes-vous pas un
homme qui prend la vie au sérieux ?
- Certainement, direz-vous ; je n'ai rien fait
de mal, toute ma vie j'ai été loyal,
dévoué aux miens, rendant service
tant que je l'ai pu, et je désire continuer
à mener une vie utile. Je n'en doute pas.
Votre vie a été irréprochable
aux yeux des autres et l'est aux vôtres. Vous
êtes compté parmi les plus honorables
des hommes, et avec raison. Mais Dieu...
- Dieu ? Qu'ai-je donc à craindre de
Lui ? Dieu m'a placé dans la condition
où je me trouve ; II m'a donné
des devoirs à accomplir envers ma famille,
ma patrie et ceux qui m'entourent. Je fais ce que
je puis selon les circonstances et avec les
facultés qu'il m'a données. Que
peut-Il demander de plus ? Ne serait-Il pas
injuste en exigeant davantage et en me punissant de
ne pas avoir fait plus ? D'ailleurs il est
miséricordieux pour excuser mes
faiblesses.
- Bien, lecteur, voilà comment vous
raisonnez avec quantité d'honnêtes
gens. Et ces honnêtes gens,
très-honnêtes, très-probes,
très-loyaux, très-estimés et
estimables, qui croient que
Dieuexiste, en raisonnant ainsi
s'en vont dans le grand chemin qui mène
à la perdition.
- C'est bien exagéré ce que vous
dites là.
- Ne vous rebutez pas si je parle ainsi. Je ne nie
pas la réalité de votre bonne
conduite, de vos sentiments droits et
généreux ; mais,
hélas ! tout cela ne sert qu'à
couvrir l'indifférence pour Dieu et vous
empêche de voir la nécessité de
s'occuper d'autre chose que de cette vie.
Je voudrais que vous, lecteur, et tous les hommes
honnêtes et sincères auxquels je
m'adresse, vous suspendiez un moment le cours de
vos pensées ordinaires, et preniez la peine
de peser les quelques questions que je vais
poser.
De qui tenez-vous la vie et ces facultés que
vous avez à coeur de bien employer ? De
Dieu, dites-vous. Vous croyez donc qu'il y a un
Dieu ; et pensez-vous que vous ne lui devez
rien ? estimez-vous que vous avez le droit de
vivre sans Lui rapporter rien de ce que vous
faites, le droit de vivre pour vous uniquement et
point du tout pour Lui ?
Vous croyez qu'il y a un Dieu. Le
connaissez-vous ? Pouvez-vous admettre que,
vous ayant placé sur la terre, II vous y ait
laissé vous arranger comme il vous plairait,
et se soit retiré, avec une suprême
indifférence, dans les profondeurs du ciel,
sans plus s'occuper de vous ? Quel Dieu
serait-ce ?
Vous croyez qu'il y a un Dieu. Il est bon,
souverainement bon. Il désire vous rendre
heureux. Mais le peut-Il sans que vous le
connaissiez ? Etcomment le
connaîtrez-vous ? Votre raison, qui vous
affirme qu'il y a un Dieu, ne peut vous donner de
Lui une vraie connaissance ; elle vous laisse
à cet égard dans le doute ou
l'ignorance.
- Mais nous avons la Bible, la Parole de Dieu,
où II se révèle.
- Ah ! vous admettez donc que Dieu a
donné une parole. Je suis heureux de vous
l'entendre dire. Pourquoi donc nous a-t-il
donné sa Parole ?
Sans doute pour que nous nous occupions d'elle et
de Lui, par conséquent. Le
faites-vous ?
Mais II n'a pas simplement donné la Bible
pour être, comme on se l'imagine, une
espèce de code de morale et de religion. La
grande vérité qu'elle proclame, c'est
que Dieu a envoyé son Fils dans le monde.
Que le Christ ait apparu, c'est ce que nul ne songe
à nier. La chrétienté tout
entière est là pour affirmer qu'il
s'est opéré dans le monde, il y a
bientôt dix-neuf siècles, quelque
chose d'extraordinaire. Et vous-même, cher
lecteur, vous en êtes le témoin, car
vous vous appelez chrétien ; vous
n'êtes ni juif, ni mahométan, ni
païen.
Eh bien, quelle origine la Bible assigne-t-elle
à ce grand changement qui a eu lieu dans le
monde ? - À la venue du Fils de Dieu
sur la terre.
Or, je vous le demande, à quoi bon et que
signifie ce fait inouï, Dieu envoyant son Fils
ici-bas, s'il suffit que nous fassions de notre
mieux dans la position où nous sommes et
avec les facultés qui nous sont
données, sans nous soucier autrement de
Dieu, et en prétendant qu'il
seraitinjuste de demander
davantage ? Je le répète, si
c'est là tout ce que l'homme a à
faire sur la terre, pourquoi la Bible, la Parole de
Dieu, pourquoi Dieu a-t-Il envoyé son
Fils ?
Lecteur, si tu crois que la Bible est le livre de
Dieu, elle a quelque chose à te dire de sa
part. Penses-tu qu'il se fût donné la
peine de t'écrire, s'il n'avait pas à
te communiquer un message de la plus haute
importance ? Ne dis pas : « Je
suis trop occupé, j'ai bien autre chose
à faire. » Dieu, qui t'a
donné la vie, te parle et tu n'aurais pas un
moment à Lui accorder ?
Crois-tu réellement que Jésus-Christ
est le Fils de Dieu venu sur la terre de la part de
Dieu ? La Bible le dit. Pourquoi est-Il
venu ? Ne doit-il pas y avoir une raison
suprême ; n'était-ce pas d'une
nécessité absolue ? Pourquoi,
sans cela, Dieu l'aurait-Il
envoyé ?
Ah ! c'est qu'il s'agissait, non de donner un
code de morale, non de présenter l'exemple
d'un homme excellent dans sa vie. Il s'agissait de
« chercher et sauver ce qui était
perdu », ce qui était à
jamais éloigné de Dieu,
c'est-à-dire ton âme immortelle, cher
lecteur.
Se conduire du mieux que l'on peut, ne faire tort
à personne, ne saurait suffire pour
subsister devant un Dieu juste et saint. Il a fallu
le sang de Christ pour satisfaire aux exigences de
cette sainteté et de cette justice
suprêmes ; et ce que la Bible nous
révèle, ce que le Fils de Dieu nous
fait connaître, c'est l'amour de Dieu, qui,
pour t'avoir auprès de Lui et te rendre
heureux maintenant et à
jamais, n'épargne pas même son propre
Fils.
Toi qui veux être droit et honnête, qui
l'es en effet dans tes relations avec les autres
hommes, ne veux-tu pas l'être avec
Dieu ? La vraie intégrité
à son égard, n'est-ce pas de
reconnaître ses droits, de se soumettre
à sa Parole et de recevoir le
témoignage qu'il a rendu touchant son
Fils :
« CELUI QUI CROIT AU FILS A LA VIE
ÉTERNELLE ; MAIS QUI
DÉSOBÉIT AU FILS, NE VERRA PAS LA
VIE, MAIS LA COLÈRE DE DIEU DEMEURE SUR
LUI.
« CAR DIEU A TANT AIMÉ LE MONDE,
QU'IL A DONNÉ SON FILS UNIQUE AFIN QUE
QUICONQUE CROIT EN Lui NE PÉRISSE PAS, MAIS
AIT LA VIE ÉTERNELLE »
(Jean III, 36,
16).
UNE CALME ET PARFAITE ASSURANCE
Par une belle matinée
d'été, une jeune femme dont les
traits portaient l'empreinte de la maladie montait
dans un wagon où se trouvait
déjà une dame âgée, que
son costume annonçait appartenir à la
Société des Amis ou Quakers. L'effort
que la malade avait fait pour monter lui causa un
violent accès de toux qui ébranla
tout son corps.
- Tu souffres beaucoup, amie, dit la vieille dame
d'un air compatissant ; es-tu malade depuis
longtemps
(1) ?
- Depuis quelques mois ; mais je me trouve
mieux maintenant qu'au
commencement de ma maladie, répondit la
jeune femme.
- Tu n'es pas mieux, interrompit sa compagne de
voyage d'un ton décidé.
- Mais oui, Madame, mon médecin me dit que
je vais mieux.
- Il se trompe, jeune femme ; mon
expérience me dit que tu n'as pas longtemps
à vivre ; ainsi je dois t'avertir
sérieusement de te préparer pour
l'éternité.
Ayant dit ces mots, la vieille dame se remit
à l'aise dans son coin, de l'air de
quelqu'un qui a accompli son devoir, tandis qu'un
sourire de satisfaction se dessinait sur son
placide visage.
Il était heureux pour la pauvre malade que
la main d'amour de son Dieu et Père la
soutînt, sans cela, elle aurait bien pu
être accablée par des paroles
prononcées si abruptement. Une
légère rougeur colora ses joues
lorsqu'elle répondit avec calme :
- Par la grâce de Dieu, Madame, ma
préparation pour l'éternité
est faite. Ce n'a pas été ma propre
oeuvre, mais celle du Seigneur Jésus-Christ,
qui a été mon substitut devant Dieu,
il y a plus de dix-huit cents ans. Par ses
meurtrissures j'ai la guérison. Je suis
prête à mourir, prête à
aller vers Christ quand II m'appellera.
C'est bien de la présomption, jeune femme,
d'être aussi sûre de
l'éternité. Je n'oserais en dire
autant, bien que je sois ton aînée de
beau coup et que je me sois efforcée,
dès mon enfance, de marcher dans les voies
de Dieu. Prends donc bien garde
de ne pas te laisser égarer par tes propres
imaginations. Tu dois travailler à ton
propre salut et ne pas asseoir ton bonheur pour
l'éternité sur des espérances
aussi commodes que celles dont tu te berces. Depuis
combien de temps as-tu ces idées ?
- Voilà quatorze ans, Madame, que je suis
venue à Christ comme une pécheresse
coupable et perdue, en croyant à la parole
que Lui-même a dite : « Je ne
mettrai point dehors celui qui vient à
moi. » Depuis ce moment, j'ai joui du
pardon quant à ma vie passée, et
d'une heureuse certitude quant à
l'avenir.
- Tu t'abuses, dit précipitamment la vieille
dame ; nous devons mener une bonne vie et
faire ainsi tout notre possible pour nous rendre
propres pour le ciel. Peut-être alors Dieu
nous acceptera-t-Il à la fin.
- Votre manière de voir ne me semble pas
d'accord avec la Bible, répondit la
malade ; mais j'espère de tout mon
coeur que vous pourrez aussi vous réjouir un
jour, comme je le fais maintenant, en sachant que
vous avez la vie éternelle
demeurant en vous. Puis-je vous prier d'accepter
ceci ? continua-t-elle en lui
présentant quelques brochures ; vous y
trouverez ce que j'aimerais vous dire si mes forces
me le permettaient.
- Tes livres ne me sont pas nécessaires, ma
jeune amie ; donne-les à ceux qui en
ont besoin.
Ma bibliothèque est garnie des ouvrages des
plus éminents théologiens.
Comme le train s'arrêtait à la
station, la vieilledame n'eut que
le temps d'ajouter, en disant adieu à la
malade :
- J'espère que tu ne trouveras pas que ta
préparation pour l'éternité
n'était qu'une illusion.
Avant la fin de l'année, la malade
s'endormit en Jésus, et son corps fut
déposé dans la terre en attendant la
glorieuse résurrection à la venue de
Christ pour les saints. Une confiance en Dieu
pleine de calme caractérisa ses derniers
moments : « Je désire que
vous vous rappeliez, disait-elle à ceux qui
l'entouraient, que je n'ai aucune incertitude quant
au lieu où je vais. Je repose sur le Rocher
des siècles. La mort n'a pas de terreurs
pour moi. Si je m'endors avant que le Seigneur
vienne, tout est bien. Le Fils de Dieu m'a
aimée et s'est donné Lui-même
pour moi. J'ai la certitude de mon
acceptation. »
Ce furent ses dernières paroles.
Les trouvez-vous présomptueuses, mon cher
lecteur ? Pensez-vous qu'une
préparation pour l'éternité,
fondée sur la foi en Christ comme Sauveur,
soit une illusion ? S'il en était
ainsi, Dieu veuille vous convaincre, avant que
vous-même soyez appelé à
rencontrer l'éternité, qu'au
contraire, c'est une chose réelle.
Pesez, je vous en prie, ces paroles du Seigneur
Jésus : « En
vérité, en vérité, je
vous dis que celui qui entend ma parole et qui
croit Celui qui m'a envoyé, A LA VIE
ÉTERNELLE, et ne vient pas en
jugement ; mais il est passé de la mort
à la vie »
(Jean V, 24). (Tiré du
FAITHFUL WORDS.)
LE DESSEIN DE LA
RÉVÉLATION
Je désire exposer brièvement le
dessein merveilleux de la révélation
que Dieu, dans sa bonté, a bien voulu nous
donner.
Il est de toute évidence que l'homme a
besoin d'une révélation : sans
elle, il ne peut trouver Dieu, la source de tout
bien, ni échapper à la misère
inhérente à sa condition
actuelle.
La cause première de tout ce qui existe,
Dieu, doit être le bien absolu et sans
mélange. L'homme a la conscience que, lui,
n'est pas bon, et c'est une chose certaine qu'il ne
s'applique pas non plus de toutes ses forces et
avec persévérance à être
entièrement bon. Cela seul suffit à
prouver qu'il est dans un état de chute,
puisque, voyant et approuvant ce qui est bien, il
s'attache à ce qui ne l'est pas.
De plus, si l'homme n'était pas un
être déchu, ne serait-il pas tout
à fait anormal et inexplicable, d'abord
qu'il fût sujet à la souffrance et
à la mort, et qu'il redoutât les
conséquences de cette
dernière ?
L'homme est donc déchu, l'avenir qui
l'attend ne lui présente rien que
d'incertain et de redoutable, et il ne peut par
lui-même sortir de cet état et
recouvrer sa condition primitive. Aucun art, aucune
science, aucun progrès n'arrivera jamais
à soustraire l'homme à la mort et
à ses suites.
Impuissant pour se restaurer dans une condition de
bonheur parfait et durable, ignorant de ce qu'est
Dieu, la source de tout bien, de ce qu'il demande
ou de ce qu'il a fait pour lui, et
incapable de découvrir,
par l'effort de sa propre intelligence, la
pensée du Créateur qu'il sait avoir
offensé et que, dans la mesure de sa
conscience, il s'efforce d'apaiser, l'homme a
besoin d'une révélation qui lui dise
comment atteindre ce double but :
connaître Dieu et être
sauvé.
J'ajouterai qu'il est selon la nature de Dieu de
donner une révélation de
Lui-même, car c'est l'essence de la
bonté de se dévoiler et de se
répandre au dehors.
Or Dieu a donné cette
révélation, et il est de toute
importance pour chacun de nous d'en connaître
le plan et le dessein. En général,
ceux qui s'y opposent font reposer leurs objections
sur tels ou tels détails rapportés
dans la Bible ; jamais je n'ai vu qu'aucun
d'eux eût d'abord saisi dans son ensemble le
dessein de Dieu tel qu'il nous y est
présenté. Ils sont bien peu nombreux
les lecteurs de la Bible pour qui ce dessein soit
clair. On peut savoir par coeur des chapitres et
des livres entiers des Écritures, les
connaître même d'une manière
critique, savoir discuter les textes, mais c'est
tout une autre chose de voir dans la Bible la
révélation des voies de Dieu envers
l'homme, et comment II a trouvé pour lui,
dans sa condition misérable, un
remède certain, efficace et d'une perfection
qui surpasse toute pensée.
La révélation est l'histoire de Dieu
en relation avec l'homme ; c'est un livre
exclusivement pour l'homme. Celui-ci peut raisonner
et discuter sur ce qu'il est et ce qui
l'attend ; mais Dieu met fin à toute
discussion en révélant à
l'homme son véritable
état, ses voies envers lui et le
remède parfait qu'il lui a
préparé. Or, si quelqu'un, atteint
d'une maladie mortelle, apprend qu'il existe un
spécifique infaillible pour le
guérir, qui pourra-t-il blâmer s'il ne
l'accepte pas ?
La révélation a pour objet de nous
faire connaître les voies de Dieu envers
l'homme sur la terre. Elle nous montre comment Dieu
l'a mis à l'épreuve de toutes
manières, et comment, l'homme ayant
constamment failli et montré son absolue
incapacité, Dieu a finalement envoyé
dans le monde son Fils unique, la Parole qui a
été faite chair. Dans cette
condition, après avoir accompli tout ce que
Dieu requérait de l'homme, le Fils de Dieu
est mort pour l'homme déchu et ruiné,
et maintenant, étant ressuscité
d'entre les morts, II est le chef d'une nouvelle
race et la source de la vie pour chacun de ceux qui
se tournent vers Lui.
Jetons un rapide coup d'oeil sur les diverses
positions dans lesquelles la Bible nous montre que
l'homme s'est trouvé placé. Ce livre
merveilleux nous découvre le
développement de la révélation
quant aux relations de Dieu avec l'homme ;
quoi de plus désirable pour celui-ci que de
savoir comment Dieu s'est occupé et s'occupe
de lui ! Il peut ne pas croire et rejeter
cette révélation de la pensée
de Dieu à son égard, mais nulle autre
part il ne trouvera ce qui est pleinement et
parfaitement approprié à ses
besoins.
Nous avons, en premier lieu, la création des
cieux et de la terre, et l'homme qui en est
le couronnement et la fin
(Genèse I-II). Placé
dans le jardin d'Éden, il se trouve
là dans l'innocence, en relation avec son
Créateur, état auquel un homme qui a
péché ne peut jamais revenir, et
après lequel cependant il soupire, afin de
pouvoir, dans une entière satisfaction de
lui-même, se trouver sans crainte devant
Dieu. L'homme tomba. La révélation
nous dit comment cette chute arriva et quelles en
furent les conséquences
(Genèse III). L'homme a
cessé d'être en rapport avec
Dieu ; par la désobéissance, il
a acquis la connaissance du bien et du mal, et
ainsi la conscience a été introduite
en lui ; de là vient qu'il redoute
Dieu, et, de plus, il se trouve sous la terrible
sentence de mort prononcée contre lui. Ainsi
se termine la première épreuve et le
premier état de l'homme.
Le second comprend une période de plus de
seize cents ans, durant laquelle l'homme est
laissé à lui-même. La parole
prononcée en Éden, savoir que la
semence de la femme briserait la tête du
serpent
(Genèse III, 15), est la seule
lumière qui éclaire ces profondes
ténèbres. L'homme qui, eu Eden, avait
voulu être indépendant, est maintenant
abandonné à lui-même et
à ses propres ressources. Il est vrai que la
révélation nous fait connaître
comment la foi qui s'attache à Dieu se
montre dans cette période, et place Abel
dans la justice et Énoch au-dessus de la
mort : « II fut enlevé pour
qu'il ne vît pas la mort
(Hébreux XI, 4, 5 ;
comparez
Genèse IV, V). Mais la masse
des hommes suit la voie de Caïn qui, n'ayant
pupar ses propres efforts
rétablir des relations avec Dieu, n'eut
dès lors pour unique objet que de jouir,
loin de Dieu et sans Dieu, de tout ce que son
travail et son industrie lui procureraient
(Genèse IV, 19-22). Les choses
continuèrent ainsi jusqu'à ce
qu'enfin la terre fut remplie de violence et de
corruption. Voilà ce que la
révélation nous dit de l'homme
abandonné à lui-même.
Le grand objet de la révélation n'est
pas de nous donner une histoire de l'homme sur la
terre, mais de nous faire connaître comment
Dieu l'apprécie et le juge dans cette
position. Or, quand l'homme est abandonné
à ses propres ressources, les choses en
viennent au point que Dieu se repent de l'avoir
fait. En conséquence, II envoie le
déluge pour détruire toute chair en
laquelle il y avait respiration de vie. Une seule
famille est épargnée dans l'arche,
type de la manière dont Dieu sauverait
l'homme
(Genèse VI-VIII).
En troisième lieu, l'homme ainsi
sauvé est placé sur la terre dans des
conditions nouvelles et favorables, et le pouvoir
de gouverner lui est donné, comme aussi
celui d'assujettir toute chose créée.
Il lui est permis de manger de la chair ;
toutefois, pour lui rappeler que la vie appartient
à Dieu seul, il lui est défendu de
manger du sang. Mais, investi de l'autorité
et enrichi de grandes bénédictions
sur la terre, l'homme manque de nouveau. Noé
plante la vigne, boit du vin, s'enivre et perd
ainsi le gouvernement de lui-même
(Genèse IX). Cette
période se termine par Babel, manifestation
ouverte de l'orgueil et de
l'esprit d'indépendance de
l'homme vis-à-vis de Dieu
(Genèse X,
XI). Alors commence aussi
l'idolâtrie, c'est-à-dire le culte
rendu aux démons
(Josué XXIV, 2 ;
1 Corinthiens X, 20). Nous voyons
que cette chute a un caractère plus profond,
parce que les privilèges sont plus grands.
C'est une partie du dessein de la
révélation de nous montrer comment
l'homme tombe, même quand il est placé
sur la terre dans les conditions les plus
favorables. Il n'use de l'accroissement de ses
privilèges que pour se rendre plus
entièrement indépendant de Dieu.
Le monde étant tombé dans cette
condition si énergiquement décrite
par Paul
(Romains I, 18-23), l'homme est
soumis à une autre épreuve. Dieu
appelle Abram : « Sors de ton pays,
et d'avec ta parenté, et de la maison de ton
père, » lui dit-Il, « et
viens au pays que je te montrerai »
(Genèse XII, 1). Tels sont les
termes de cet appel. La nouvelle voie
proposée à l'homme est de
s'élever au-dessus de toutes les influences
visibles pour suivre simplement la parole de Dieu.
L'homme avait voulu être dans une
complète indépendance de Dieu •,
l'appel qui lui est maintenant adressé,
c'est de dépendre entièrement de Dieu
et de sa parole.
La Bible nous dit comment, dans la personne
d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, l'homme a
obéi à cet appel, ou bien s'en est
écarté. Le nouveau sentier
indiqué à l'homme nous est
tracé par quelques mots seulement ; par
la révélation seule nous apprenons
comment Dieu a apprécié la
manière dont l'homme a répondu
à son appel ; c'est,
en grande partie, le sujet du
livre de la Genèse qui nous conduit jusqu'au
moment où nous trouvons Jacob et ses fils en
Égypte.
De nouveau Dieu mit l'homme à
l'épreuve. Pour cela, il choisit un peuple,
Israël, qu'il tira d'Égypte à
main forte et à bras élevé
pour l'établir dans la terre de Canaan sous
la loi
(Deutéronome VII, 6,
19). Israël faillit sous chaque
forme de gouvernement où il avait
été placé (voyez
Exode XXXII ;
1 Samuel II, 12, etc.,
1 Rois XI), et il fut
définitivement emmené captif à
Babylone
(2 Rois XVII,
XXV ;
2 Chron. XXXVI), au lieu même
où l'homme avait d'abord affiché son
orgueil et son indépendance de Dieu. Ainsi,
quand Israël eut poussé jusqu'au bout
sa rébellion contre Dieu et qu'il
L'eût entièrement abandonné,
Dieu lui ôta le glaive de la puissance et le
plaça entre les mains du roi de Babylone
(Daniel II, 37, 38). La
révélation nous dit comment l'homme,
dans la personne du roi gentil, se servit de cette
nouvelle faveur pour s'élever dans son
orgueil et persécuter les serviteurs de Dieu
(Daniel III, IV, V,
VI), et comment une partie
d'Israël fut rétablie dans son propre
pays, mais sans recouvrer le pouvoir (Esdras,
Néhémie). Puis, quand
l'accomplissement du temps fut venu, Dieu envoya
dans le monde son propre Fils, né d'une
femme
(Galates IV).
Alors il y eut sur la terre un homme qui agissait
selon la pensée de Dieu dans toutes les
relations et circonstances où il se trouva
placé : d'abord, durant trente ans dans
sa vie privée,puis dans sa
vie publique : un Homme oint du Saint-Esprit
et de puissance. En toutes choses, dans son
service, II répondit à la
pensée de Dieu de telle manière que,
sur le mont de la transfiguration, Dieu
déclara : « Celui-ci est mon
Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé
mon plaisir. » De cette hauteur, II
descend pour mourir, pour subir le jugement
porté sur l'homme qui avait manqué
dans toutes les épreuves auxquelles il avait
été soumis. Il subit ce jugement, et
d'une manière si merveilleuse, que
non-seulement II enlève la condamnation que
l'homme avait encourue, mais qu'il obtient un titre
à la gloire, de sorte que maintenant
quiconque croit en Lui, - quitte de tout jugement,
- acquiert par Lui qui le délivre, un titre
à la gloire en vie éternelle. Ainsi
est introduit l'homme du bon plaisir de Dieu.
La parole de grâce qui se fait entendre
maintenant est : « Vous, tous les
bouts de la terre, regardez vers moi et soyez
sauvés »
(Esaïe XLV, 22).
« Crois au Seigneur Jésus-Christ,
et tu seras sauvé »
(Actes XVI, 31). Par notre naissance
naturelle, nous sommes tous en relation avec
l'homme déchu qui nous a
ruinés ; mais nous devons
détourner de lui nos regards et les fixer
sur l'Homme qui a opéré notre
délivrance. La révélation nous
présente l'Homme ressuscité, le
Seigneur Jésus-Christ : celui qui a la
vie éternelle en Lui-même. Il est
« le commencement de la création
de Dieu »
(Apocalypse III, 14). « Si
quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle
création : les choses vieilles sont
passées ; voici,
touteschoses sont faites
nouvelles ; et toutes sont du Dieu qui nous a
réconciliés avec Lui-même par
Christ »
(2 Corinthiens V, 17, 18).
Il est couronné de gloire et d'honneur
à la droite de la Majesté dans les
hauts lieux ; II s'est montré dans
cette gloire à celui qui se nomme le premier
des pécheurs, et associe à
Lui-même, à Lui, l'Homme dans la
gloire, ceux que Saul persécutait sur la
terre : « Saul, Saul, pourquoi me
persécutes-tu ? »
(Actes IX, 4.) Il n'a pas honte
d'appeler les croyants ses
« frères »
(Hébreux II, 11). Cette
position si merveilleuse qui nous est faite, cette
place si élevée qui nous est
donnée, comment aurions-nous pu la
connaître si elle ne nous eût
été
révélée ? C'est à
cela qu'atteint et aboutit le dessein de la
révélation.
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