Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION

VOL. II
SIXIÈME ANNÉE 1879



LA VALEUR DE L'ÂME

« Que profitera-t-il à un homme s'il gagne le monde entier et qu'il fasse la perte de son âme ; ou que donnera l'homme en échange de son âme ? » (Marc VIII, 36, 37.)

Telles sont les paroles solennelles prononcées par Celui qui mieux que personne savait quelle est la valeur de l'âme précieuse de l'homme.
Qu'il est triste, devant une semblable déclaration, de voir combien peu de personnes pensent sérieusement à leur ÂME, et de quelle mince importance elle est aux yeux du plus grand nombre. Plusieurs, hélas ! disent que l'homme n'a point d'âme qui survive à la dissolution du corps, et, se ravalant au niveau des bêtes qui périssent, ils affirment que, quand l'on est mort, tout est fini. Il est inutile de raisonner avec ceux qui en sont venus à ce degré d'insensibilité. Qu'ils écoutent cependant l'avertissement du Seigneur, et qu'il veuille, dans sa miséricorde, l'appliquer à leur conscience : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et qui ne peuvent pas tuer l'âme ; mais craignez plutôt celui qui peut détruire etl'âme et le corps dans la géhenne » (Matthieu X, 28).
D'autres, qui ne veulent pas faire Dieu menteur en ne croyant pas sa parole, montrent cependant d'une manière évidente, par leur conduite, qu'ils n'ont jamais été saisis par la pensée de la valeur inestimable de leur âme immortelle.

L'âme est immortelle ! Elle ne cessera jamais d'exister. Sans cesse active en vous, elle le sera encore, même quand vous aurez quitté la scène de ce monde ; toujours, toujours vous vivrez. L'imagination peut rester confondue devant ce fait ; mais il n'en est pas moins une réalité absolue. Oui, vous, lecteur, vous subsisterez aussi longtemps que le Dieu éternel : heureux à jamais dans la gloire céleste avec Christ, ou malheureux sans espoir dans les ténèbres du dehors avec le diable.
Christ, comme Sauveur, est-il votre heureuse part maintenant ? Alors c'est une joie et une consolation ineffables pour vous de savoir que votre âme vivra à toujours en la présence de Celui qui vous a aimé et qui s'est donné Lui-même pour vous.

Êtes-vous encore inconverti ? Rien d'étonnant si, en lisant ces lignes, vous éprouvez du malaise. On ne saurait sans trouble voir lever le voile qui couvre ces redoutables réalités. On n'aime pas sentir la main qui vous secoue dans la fausse et dangereuse sécurité où l'on se berce, et être arraché à des rêves trompeurs. Peut-être l'impatience vous gagne-t-elle, et désirez-vous éloigner cette pensée importune de l'âme, de la vie à venir et des choses éternelles. Peut-être êtes-vous sur le point de jeter loin ce petit écrit.

Arrêtez, cher lecteur ! DIEU VOUS VOIT ; c'est Lui qui vous appelle encore cette fois ; Lui qui peut vous dire : « Insensé, cette nuit même, ton âme te sera redemandée » (Luc XII, 20). Oh ! soyez donc sage, et que les paroles du Sauveur vous portent à vous occuper de votre intérêt le plus pressant et le plus immédiat.
Votre âme a une valeur plus grande que le monde entier. Celui-ci passe avec tous ses biens, ses honneurs, ses plaisirs, ses richesses ; la terre et les oeuvres qui sont en elle vont être brûlées entièrement ; les cieux passeront et les éléments seront dissous (2 Pierre III, 10 ; 1 Jean II, 17), mais votre âme ne peut mourir.
Elle vaut plus que le monde entier ; c'est Jésus-Christ, le vrai et fidèle témoin, qui le déclare, Lui qui pour la racheter, cette âme, s'est offert Lui-même. Ah ! lecteur, pour cela il ne fallait pas moins que les terribles souffrances, et la mort du Fils de Dieu sur la croix ; cela ne vous dit-il pas mieux que tout, le prix inestimable de l'âme immortelle ? Quelle ne serait pas votre culpabilité si vous négligiez de vous en occuper ?

Ne différez donc pas, je vous en supplie, mon cher lecteur, de régler la grande et solennelle question de l'état actuel de votre âme devant Dieu, de manière qu'il n'y ait ni doute ni incertitude à cet égard. Ne vous contentez pas de dire : « Dieu est miséricordieux, et j'espère être sauvé » ; n'ayez pas de repos que vous ne puissiez dire avec une entière assurance : « Je suis sauvé. »
Mais peut-être vous dites : « Je le voudrais, mon coeur soupire après le repos ; mais comment puis-je obtenir cette précieuse certitude ? »

Béni soit Dieu, si tel est le cri de votre âme. Vous, il est vrai, vous ne pouvez rien donner pour racheter votre âme. « Personne », non plus, « ne pourra, avec ses richesses, racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon, car le rachat de leur âme est trop considérable, et il ne se fera jamais » (Psaume XLIX, 7, 8). Mais quelqu'un a dit : « J'ai trouvé la propitiation » (Job XXXIII, 24) -, c'est Lui, le seul qui pût la faire, Christ, l'Agneau de Dieu, sans défaut et sans tache, qui a été immolé et qui a ôté le péché par le sacrifice de Lui-même. Et maintenant ceux qui croient en Lui ont la rédemption par son sang, la rémission des péchés selon les richesses de sa grâce, de sorte que Dieu déclare qu'il ne se souviendra plus de leurs péchés ni de leurs iniquités.

« Crois donc au Seigneur Jésus-Christ, et tu seras sauvé. » l'âme du croyant est sauvée maintenant (1 Pierre I, 9), et bientôt il jouira aussi de la rédemption du corps quand Jésus paraîtra et le rendra conforme au corps de Sa gloire.
Puissiez-vous, mon cher lecteur, sentir profondément le sérieux de votre existence. Vous avez une destinée immortelle, et ce court instant que vous passez ici-bas est ce qui en décide. Dieu, qui connaît la valeur de votre âme, a fait tout ce qu'il fallait pour qu'elle fût sauvée. Ne rendez pas inutile son dessein de grâce à votre égard. Voudriez-vous, en dépit de tout, être perdu ? Préférerez-vous périr en choisissant les choses qui passent, au lieu d'être sauvé en jouissant des choses éternelles ? (2 Corinthiens IV, 18.)

LE PARALYTIQUE
(Marc II)

En venant sur la terre, en accomplissant son oeuvre de grâce, puis en remontant au ciel ressuscité et glorifié par la puissance de Dieu, le Seigneur Jésus a répondu et répond d'une manière parfaite aux besoins de l'homme et au coeur de Dieu.

Dans le récit placé sous nos yeux, nous voyons un pauvre malheureux, réduit à la plus triste des conditions : l'impuissance absolue de se mouvoir, d'aller, de venir, d'agir par lui-même. Image frappante de ce qu'est l'homme naturel à l'égard de Dieu. Tous ses efforts pour accomplir quoi que ce soit qui Lui plaise, qui soit agréé de Lui, sont frappés d'impuissance. « Sans force », voilà la déclaration de la parole de Dieu (Romains V, 6).

L'homme peut être actif dans ce monde quant à ses entreprises, ses affaires, la poursuite de ce qui flatte ses goûts et ses plaisirs. Même il peut l'être quant à la moralité, la philanthropie, les oeuvres religieuses ; mais quant à Dieu, il est « sans force », et tout ce qu'il prétendra faire pour Dieutant qu'il est dans son état naturel, n'est que néant, « des oeuvres mortes » (voyez Psaume L). Qu'ils sont donc insensés ceux qui auraient la prétention d'établir là-dessus le fondement de leur confiance devant Dieu.

Quelle est la cause de cette impuissance ? Le Seigneur nous le montre dans la parole qu'il adresse d'abord au paralytique : « Mon enfant, tes péchés sont pardonnés. » II va toujours à la racine des choses. Ce qui rend l'homme impropre, incapable, impuissant à faire quoi que ce soit qui puisse compter aux yeux de Dieu, c'est le péché. Impossible, tant qu'un homme est encore dans ses péchés, chargé du poids de la culpabilité et de la condamnation, impossible qu'il fasse rien pour Dieu. Il est impuissant. Le voulût-il, il ne le peut. Il faut que la mort intervienne pour la rançon des transgressions. Abel reconnut cela en présentant à Dieu un agneau de son troupeau ; voilà pourquoi Dieu agréa son offrande et non celle de Caïn.

Or, un seul a l'autorité de pardonner les péchés. C'est Celui qui les a portés en son propre corps sur le bois, - c'est le Fils de l'homme.
Et premièrement, remarquez-le bien, II a accompli son oeuvre en dehors de nous, bien qu'il la fît pour nous. Ni vous, ni moi n'avons agi en rien dans ce qui s'accomplissait sur la croix quand le Seigneur Jésus s'écriait : « Mon Dieu, mou Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » II était seul, et c'était entre Dieu et Lui que cette question solennelle se dénouait. Là il portait la peinedue au péché, là toutes les vagues et les flots du courroux de Dieu passaient sur Lui, le Saint et le Juste. Pourquoi ? Afin que Dieu, tout en restant juste, en affirmant sa justice, pût justifier le pécheur qui croit en Jésus (Romains III). Ainsi l'oeuvre par laquelle les péchés sont pardonnés a été accomplie pour nous, mais hors de nous et sans participation aucune de notre côté.

En second lieu, c'est une oeuvre parfaite. Le Seigneur dit : « Tes péchés te sont pardonnés. » II n'en excepte aucun ; un seul qui resterait rendrait l'oeuvre inutile. Ce que Jésus a accompli sur la croix suffit pour abolir le péché, et Dieu peut dire de ceux qui, par la foi, et se sentant perdus, acceptent cette oeuvre : « Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés. » Et en même temps, c'est une chose actuelle et non future.

Les scribes et les pharisiens murmurent. Ils auraient mieux compris que le Seigneur dît tout d'abord : « Lève-toi et marche. » N'en est-il pas encore de même aujourd'hui ? On veut faire agir un pauvre pécheur impuissant, on le pousse à faire des oeuvres pour tranquilliser sa conscience ; on crie contre ceux qui annoncent que le salut gratuit, reçu par la foi, est la condition première, indispensable pour pouvoir marcher d'une manière digne de Dieu pour lui plaire à tous égards ; on les représente comme des antinomiens, comme des gens dangereux au point de vue de la morale. Volontiers les accuserait-on de blasphème. Mais on oublie que c'est le péché qui cloue l'homme sur un lit d'impuissance. N'est-ce pasune dérision de vouloir faire marcher celui qui ne le peut absolument pas ? Mais l'obstacle est-il enlevé, l'âme délivrée, le fardeau ôté, les péchés pardonnés, aussitôt vient la parole : « Lève-toi et marche. » Telle est la sagesse du Seigneur. Ses pensées et ses voies ne sont pas celles de l'homme. Mieux que tous les sages du monde, II sait ce qu'il faut ; II pardonne les péchés avant de guérir le malade. Sa parole puissante accomplit les deux choses.

Et ce qui a rendu manifeste le pardon des péchés, et évidente aux yeux de tous l'oeuvre du Seigneur pour le paralytique, l'autorité qu'il a de pardonner les péchés, c'est son oeuvre en lui, la puissance qu'il lui communiqua pour marcher. Et de même pour nous. C'est un point capital qu'il ne faut pas oublier. Autant il est vrai que si l'oeuvre faite pour nous n'est pas appliquée à nos âmes par la puissance du Saint-Esprit et saisie par la foi, nous sommes et restons incapables d'aucun mouvement pour Dieu, autant il est certain que, l'ayant saisie et étant justifiés, il y a une puissance qui nous est donnée, en vertu de laquelle nous avons à nous lever, à prendre notre petit lit et à nous en aller dans notre maison ; c'est-à-dire à manifester, par une sainte activité, la réalité de la vie nouvelle qui est en nous, en mortifiant précisément ce en quoi se montrait auparavant notre impuissance, et en le faisant en tout et partout. « Mortifiez donc, dit Paul, vos membres qui sont sur la terre » (Colossiens III, 5). « Livrez-vous vous-mêmes àDieu, comme d'entre les morts étant faits vivants », dit-il encore, « et vos membres comme instruments de justice... Livrez maintenant vos membres comme esclaves à la justice pour la sainteté » (Romains VI, 13, 19). Il faut, par la puissance qui nous est donnée en Christ, laisser de côté tout ce qui manifestait notre état de péché : colère, mensonge, paroles légères, etc., « ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions et ayant revêtu le nouvel homme » (Colossiens III, 8-10 ; voyez aussi Éphésiens IV, 20, etc.). Ainsi, que la vie de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle, en nous revêtant comme « des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de longanimité » (Colossiens III, 12-17).

Quelle est-elle cette puissance par laquelle on est rendu capable de marcher ainsi ? Celle qui se trouve en un Christ glorifié. La vie que j'ai à montrer est celle que j'ai reçue de Lui, la vie que Lui-même a fait voir dans sa marche sur la terre, une vie céleste de communion avec Dieu, de dépendance de Dieu. Il nous a laissés ici-bas pour « annoncer ses vertus », et « celui qui dit demeurer en Lui, doit lui-même aussi marcher comme Lui a marché » (1 Jean II, 6). La puissance pour cela, c'est l'Esprit qui nous est donné et qui dirige vers Lui, là où II est, nos pensées et nos affections (Colossiens III, 1-4). Par l'Esprit, l'on fait mourir les actions du corps (Romains VIII, 13). Vivant par l'Esprit, il faut aussi marcher par l'Esprit, être conduit par l'Esprit, et montrer ainsi le fruit de l'Esprit (Galates V).

Lecteur, les choses dont nous venons de parler, les connaissez-vous, ou bien vous sont-elles encore étrangères ? Êtes-vous allé à Jésus comme une créature totalement impuissante pour faire quoi que ce soit de bon à cause du péché, et qui d'abord a besoin de pardon ?

La première chose nécessaire, c'est de connaître son état, de sentir le besoin de la guérison. Il sentait son état, il le reconnaissait, ce pauvre paralytique. Quelle folie c'eût été pour lui de prétendre marcher : il n'avait aucun doute quant à son impuissance. Eh bien, pour tout homme le besoin existe, mais tous ne le sentent pas. Ces lignes, mon cher lecteur, sont écrites pour éveiller votre attention sur ce fait : vous êtes impuissant pour arriver à faire par vous-même rien qui vous rapproche de Dieu ; vous êtes perdu si vous n'êtes pas guéri.

La seconde chose, c'est la foi. Ah ! si le besoin de l'âme est senti, on s'inquiète, on s'enquiert, on cherche, on ne se donne point de repos ; et, béni soit Dieu, le remède est là, parfait, efficace ; II l'a préparé Lui-même. Mais il faut le saisir, quels que puissent être les obstacles. La foule, les difficultés, le ridicule, la prétendue impossibilité, rien n'a arrêté le paralytique, rien ne doit vous arrêter, ô lecteur anxieux pour votre âme. On monte sur le toit, on le perce, on descend le malade ; il faut sa guérison, il la faut à tout prix ; on n'a pas la pensée que Jésus sera importuné.

Oh ! non, Jésus répond toujours à la foi. Douce parole : « Tes péchés sont pardonnés » ; c'est plus, sans doute, qu'il n'attendait. I/avez-vous entendue, cette déclaration qui porte le soulagement et la paix dans l'âme ?

Si vous l'avez entendue, et si vous jouissez du pardon de vos péchés, connaissez-vous cette autre parole, qui est la conséquence de la première : « Lève-toi, prends ton petit lit, et t'en va en ta maison » ? Glorifiez-vous Dieu dans votre corps par une sainte conduite ? En tout ce que vous faites, par paroles ou par oeuvres, est-ce Jésus qui est votre objet ? Est-ce Lui que vous avez en vue constamment ? Eu public, comme en particulier, vous demandez-vous pour agir : Quelle est la volonté du Seigneur dans telle circonstance ?
Oh ! qu'il donne à tous les siens de connaître la puissance par laquelle ils seront rendus capables de le servir !

« TOUT VA BIEN »

Un serviteur de Dieu avait prêché depuis plusieurs semaines dans une ville, et avait eu la joie de voir bien des âmes amenées à Christ pour être sauvées. Un soir qu'il allait au lieu où se tenait la réunion, il rencontra un vieillard qu'il connaissait et qui s'y rendait aussi, marchant avec peine à cause de sa faiblesse.
- Bonsoir, Jacques, lui dit-il, comment allez-vous maintenant ?
- Oh ! tout va bien !
- Tout va bien ? Qu'entendez-vous par là ?
- Oh ! je ne suis plus troublé à présent ; tout va bien.
- Mais il me semble qu'au contraire vous devriez être troublé. Vos péchés, qu'en avez-vous fait ?
- Ils sont tous loin, Monsieur ! Celui qui est là-haut, me dit-il en montrant le ciel étoile, Celui-là les a tous ôtés.
- Et quand cela a-t-il eu lieu, Jacques ?
- Quand ce bon Sauveur était cloué sur la croix, Monsieur.
- Comment pouvez-vous en être sûr, mon cher vieil ami ?
- Je vous ai entendu lire dans la Bible : « Le sang de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout péché, » et je le crois.

Lecteur, pouvez-vous dire aussi que tout va bien pour votre âme ? Avez-vous, comme un pécheur perdu, regardé à Celui qui a été cloué sur la croix pour ôter vos péchés ? Ayant été justifié par la foi, avez-vous la paix avec Dieu ? Vous réjouissez-vous maintenant dans la certitude que vos péchés sont pardonnés et que vous avez la vie éternelle ? Sinon, hâtez-vous, avant qu'il soit trop tard, de saisir, comme ce vieillard, ce que la Parole de Dieu vous présente, à vous aussi ; savoir, le salut, la rédemption par le sang de Christ, la rémission des fautes selon les richesses de sa grâce.

AUX HONNÊTES GENS

Lecteur, je ne voudrais pas qu'ayant jeté les yeux sur ces lignes, vous les mettiez aussitôt de coté en disant : « Bail ! un sermon, j'ai bien autre chose à faire que de l'écouter. »

- C'est un sermon, je l'accorde, si par là vous entendez quelques paroles sérieuses, et pourquoi refuseriez-vous de les écouter ? N'êtes-vous pas un homme qui prend la vie au sérieux ?
- Certainement, direz-vous ; je n'ai rien fait de mal, toute ma vie j'ai été loyal, dévoué aux miens, rendant service tant que je l'ai pu, et je désire continuer à mener une vie utile. Je n'en doute pas. Votre vie a été irréprochable aux yeux des autres et l'est aux vôtres. Vous êtes compté parmi les plus honorables des hommes, et avec raison. Mais Dieu...
- Dieu ? Qu'ai-je donc à craindre de Lui ? Dieu m'a placé dans la condition où je me trouve ; II m'a donné des devoirs à accomplir envers ma famille, ma patrie et ceux qui m'entourent. Je fais ce que je puis selon les circonstances et avec les facultés qu'il m'a données. Que peut-Il demander de plus ? Ne serait-Il pas injuste en exigeant davantage et en me punissant de ne pas avoir fait plus ? D'ailleurs il est miséricordieux pour excuser mes faiblesses.

- Bien, lecteur, voilà comment vous raisonnez avec quantité d'honnêtes gens. Et ces honnêtes gens, très-honnêtes, très-probes, très-loyaux, très-estimés et estimables, qui croient que Dieuexiste, en raisonnant ainsi s'en vont dans le grand chemin qui mène à la perdition.
- C'est bien exagéré ce que vous dites là.
- Ne vous rebutez pas si je parle ainsi. Je ne nie pas la réalité de votre bonne conduite, de vos sentiments droits et généreux ; mais, hélas ! tout cela ne sert qu'à couvrir l'indifférence pour Dieu et vous empêche de voir la nécessité de s'occuper d'autre chose que de cette vie.

Je voudrais que vous, lecteur, et tous les hommes honnêtes et sincères auxquels je m'adresse, vous suspendiez un moment le cours de vos pensées ordinaires, et preniez la peine de peser les quelques questions que je vais poser.
De qui tenez-vous la vie et ces facultés que vous avez à coeur de bien employer ? De Dieu, dites-vous. Vous croyez donc qu'il y a un Dieu ; et pensez-vous que vous ne lui devez rien ? estimez-vous que vous avez le droit de vivre sans Lui rapporter rien de ce que vous faites, le droit de vivre pour vous uniquement et point du tout pour Lui ?

Vous croyez qu'il y a un Dieu. Le connaissez-vous ? Pouvez-vous admettre que, vous ayant placé sur la terre, II vous y ait laissé vous arranger comme il vous plairait, et se soit retiré, avec une suprême indifférence, dans les profondeurs du ciel, sans plus s'occuper de vous ? Quel Dieu serait-ce ?

Vous croyez qu'il y a un Dieu. Il est bon, souverainement bon. Il désire vous rendre heureux. Mais le peut-Il sans que vous le connaissiez ? Etcomment le connaîtrez-vous ? Votre raison, qui vous affirme qu'il y a un Dieu, ne peut vous donner de Lui une vraie connaissance ; elle vous laisse à cet égard dans le doute ou l'ignorance.
- Mais nous avons la Bible, la Parole de Dieu, où II se révèle.
- Ah ! vous admettez donc que Dieu a donné une parole. Je suis heureux de vous l'entendre dire. Pourquoi donc nous a-t-il donné sa Parole ?
Sans doute pour que nous nous occupions d'elle et de Lui, par conséquent. Le faites-vous ?

Mais II n'a pas simplement donné la Bible pour être, comme on se l'imagine, une espèce de code de morale et de religion. La grande vérité qu'elle proclame, c'est que Dieu a envoyé son Fils dans le monde. Que le Christ ait apparu, c'est ce que nul ne songe à nier. La chrétienté tout entière est là pour affirmer qu'il s'est opéré dans le monde, il y a bientôt dix-neuf siècles, quelque chose d'extraordinaire. Et vous-même, cher lecteur, vous en êtes le témoin, car vous vous appelez chrétien ; vous n'êtes ni juif, ni mahométan, ni païen.

Eh bien, quelle origine la Bible assigne-t-elle à ce grand changement qui a eu lieu dans le monde ? - À la venue du Fils de Dieu sur la terre.
Or, je vous le demande, à quoi bon et que signifie ce fait inouï, Dieu envoyant son Fils ici-bas, s'il suffit que nous fassions de notre mieux dans la position où nous sommes et avec les facultés qui nous sont données, sans nous soucier autrement de Dieu, et en prétendant qu'il seraitinjuste de demander davantage ? Je le répète, si c'est là tout ce que l'homme a à faire sur la terre, pourquoi la Bible, la Parole de Dieu, pourquoi Dieu a-t-Il envoyé son Fils ?

Lecteur, si tu crois que la Bible est le livre de Dieu, elle a quelque chose à te dire de sa part. Penses-tu qu'il se fût donné la peine de t'écrire, s'il n'avait pas à te communiquer un message de la plus haute importance ? Ne dis pas : « Je suis trop occupé, j'ai bien autre chose à faire. » Dieu, qui t'a donné la vie, te parle et tu n'aurais pas un moment à Lui accorder ?
Crois-tu réellement que Jésus-Christ est le Fils de Dieu venu sur la terre de la part de Dieu ? La Bible le dit. Pourquoi est-Il venu ? Ne doit-il pas y avoir une raison suprême ; n'était-ce pas d'une nécessité absolue ? Pourquoi, sans cela, Dieu l'aurait-Il envoyé ?

Ah ! c'est qu'il s'agissait, non de donner un code de morale, non de présenter l'exemple d'un homme excellent dans sa vie. Il s'agissait de « chercher et sauver ce qui était perdu », ce qui était à jamais éloigné de Dieu, c'est-à-dire ton âme immortelle, cher lecteur.
Se conduire du mieux que l'on peut, ne faire tort à personne, ne saurait suffire pour subsister devant un Dieu juste et saint. Il a fallu le sang de Christ pour satisfaire aux exigences de cette sainteté et de cette justice suprêmes ; et ce que la Bible nous révèle, ce que le Fils de Dieu nous fait connaître, c'est l'amour de Dieu, qui, pour t'avoir auprès de Lui et te rendre heureux maintenant et à jamais, n'épargne pas même son propre Fils.
Toi qui veux être droit et honnête, qui l'es en effet dans tes relations avec les autres hommes, ne veux-tu pas l'être avec Dieu ? La vraie intégrité à son égard, n'est-ce pas de reconnaître ses droits, de se soumettre à sa Parole et de recevoir le témoignage qu'il a rendu touchant son Fils :

« CELUI QUI CROIT AU FILS A LA VIE ÉTERNELLE ; MAIS QUI DÉSOBÉIT AU FILS, NE VERRA PAS LA VIE, MAIS LA COLÈRE DE DIEU DEMEURE SUR LUI.
« CAR DIEU A TANT AIMÉ LE MONDE, QU'IL A DONNÉ SON FILS UNIQUE AFIN QUE QUICONQUE CROIT EN Lui NE PÉRISSE PAS, MAIS AIT LA VIE ÉTERNELLE » (Jean III, 36, 16).

UNE CALME ET PARFAITE ASSURANCE

Par une belle matinée d'été, une jeune femme dont les traits portaient l'empreinte de la maladie montait dans un wagon où se trouvait déjà une dame âgée, que son costume annonçait appartenir à la Société des Amis ou Quakers. L'effort que la malade avait fait pour monter lui causa un violent accès de toux qui ébranla tout son corps.
- Tu souffres beaucoup, amie, dit la vieille dame d'un air compatissant ; es-tu malade depuis longtemps (1?
- Depuis quelques mois ; mais je me trouve mieux maintenant qu'au commencement de ma maladie, répondit la jeune femme.
- Tu n'es pas mieux, interrompit sa compagne de voyage d'un ton décidé.
- Mais oui, Madame, mon médecin me dit que je vais mieux.
- Il se trompe, jeune femme ; mon expérience me dit que tu n'as pas longtemps à vivre ; ainsi je dois t'avertir sérieusement de te préparer pour
l'éternité.

Ayant dit ces mots, la vieille dame se remit à l'aise dans son coin, de l'air de quelqu'un qui a accompli son devoir, tandis qu'un sourire de satisfaction se dessinait sur son placide visage.
Il était heureux pour la pauvre malade que la main d'amour de son Dieu et Père la soutînt, sans cela, elle aurait bien pu être accablée par des paroles prononcées si abruptement. Une légère rougeur colora ses joues lorsqu'elle répondit avec calme :
- Par la grâce de Dieu, Madame, ma préparation pour l'éternité est faite. Ce n'a pas été ma propre oeuvre, mais celle du Seigneur Jésus-Christ, qui a été mon substitut devant Dieu, il y a plus de dix-huit cents ans. Par ses meurtrissures j'ai la guérison. Je suis prête à mourir, prête à aller vers Christ quand II m'appellera.
C'est bien de la présomption, jeune femme, d'être aussi sûre de l'éternité. Je n'oserais en dire autant, bien que je sois ton aînée de beau coup et que je me sois efforcée, dès mon enfance, de marcher dans les voies de Dieu. Prends donc bien garde de ne pas te laisser égarer par tes propres imaginations. Tu dois travailler à ton propre salut et ne pas asseoir ton bonheur pour l'éternité sur des espérances aussi commodes que celles dont tu te berces. Depuis combien de temps as-tu ces idées ?
- Voilà quatorze ans, Madame, que je suis venue à Christ comme une pécheresse coupable et perdue, en croyant à la parole que Lui-même a dite : « Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi. » Depuis ce moment, j'ai joui du pardon quant à ma vie passée, et d'une heureuse certitude quant à l'avenir.
- Tu t'abuses, dit précipitamment la vieille dame ; nous devons mener une bonne vie et faire ainsi tout notre possible pour nous rendre propres pour le ciel. Peut-être alors Dieu nous acceptera-t-Il à la fin.
- Votre manière de voir ne me semble pas d'accord avec la Bible, répondit la malade ; mais j'espère de tout mon coeur que vous pourrez aussi vous réjouir un jour, comme je le fais maintenant, en sachant que vous avez la vie éternelle
demeurant en vous. Puis-je vous prier d'accepter ceci ? continua-t-elle en lui présentant quelques brochures ; vous y trouverez ce que j'aimerais vous dire si mes forces me le permettaient.
- Tes livres ne me sont pas nécessaires, ma jeune amie ; donne-les à ceux qui en ont besoin.
Ma bibliothèque est garnie des ouvrages des plus éminents théologiens.
Comme le train s'arrêtait à la station, la vieilledame n'eut que le temps d'ajouter, en disant adieu à la malade :
- J'espère que tu ne trouveras pas que ta préparation pour l'éternité n'était qu'une illusion.

Avant la fin de l'année, la malade s'endormit en Jésus, et son corps fut déposé dans la terre en attendant la glorieuse résurrection à la venue de Christ pour les saints. Une confiance en Dieu pleine de calme caractérisa ses derniers moments : « Je désire que vous vous rappeliez, disait-elle à ceux qui l'entouraient, que je n'ai aucune incertitude quant au lieu où je vais. Je repose sur le Rocher des siècles. La mort n'a pas de terreurs pour moi. Si je m'endors avant que le Seigneur vienne, tout est bien. Le Fils de Dieu m'a aimée et s'est donné Lui-même pour moi. J'ai la certitude de mon acceptation. »
Ce furent ses dernières paroles.

Les trouvez-vous présomptueuses, mon cher lecteur ? Pensez-vous qu'une préparation pour l'éternité, fondée sur la foi en Christ comme Sauveur, soit une illusion ? S'il en était ainsi, Dieu veuille vous convaincre, avant que vous-même soyez appelé à rencontrer l'éternité, qu'au contraire, c'est une chose réelle.
Pesez, je vous en prie, ces paroles du Seigneur Jésus : « En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole et qui croit Celui qui m'a envoyé, A LA VIE ÉTERNELLE, et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie » (Jean V, 24). (Tiré du FAITHFUL WORDS.)

LE DESSEIN DE LA RÉVÉLATION

Je désire exposer brièvement le dessein merveilleux de la révélation que Dieu, dans sa bonté, a bien voulu nous donner.
Il est de toute évidence que l'homme a besoin d'une révélation : sans elle, il ne peut trouver Dieu, la source de tout bien, ni échapper à la misère inhérente à sa condition actuelle.
La cause première de tout ce qui existe, Dieu, doit être le bien absolu et sans mélange. L'homme a la conscience que, lui, n'est pas bon, et c'est une chose certaine qu'il ne s'applique pas non plus de toutes ses forces et avec persévérance à être entièrement bon. Cela seul suffit à prouver qu'il est dans un état de chute, puisque, voyant et approuvant ce qui est bien, il s'attache à ce qui ne l'est pas.
De plus, si l'homme n'était pas un être déchu, ne serait-il pas tout à fait anormal et inexplicable, d'abord qu'il fût sujet à la souffrance et à la mort, et qu'il redoutât les conséquences de cette dernière ?

L'homme est donc déchu, l'avenir qui l'attend ne lui présente rien que d'incertain et de redoutable, et il ne peut par lui-même sortir de cet état et recouvrer sa condition primitive. Aucun art, aucune science, aucun progrès n'arrivera jamais à soustraire l'homme à la mort et à ses suites.
Impuissant pour se restaurer dans une condition de bonheur parfait et durable, ignorant de ce qu'est Dieu, la source de tout bien, de ce qu'il demande ou de ce qu'il a fait pour lui, et incapable de découvrir, par l'effort de sa propre intelligence, la pensée du Créateur qu'il sait avoir offensé et que, dans la mesure de sa conscience, il s'efforce d'apaiser, l'homme a besoin d'une révélation qui lui dise comment atteindre ce double but : connaître Dieu et être sauvé.

J'ajouterai qu'il est selon la nature de Dieu de donner une révélation de Lui-même, car c'est l'essence de la bonté de se dévoiler et de se répandre au dehors.
Or Dieu a donné cette révélation, et il est de toute importance pour chacun de nous d'en connaître le plan et le dessein. En général, ceux qui s'y opposent font reposer leurs objections sur tels ou tels détails rapportés dans la Bible ; jamais je n'ai vu qu'aucun d'eux eût d'abord saisi dans son ensemble le dessein de Dieu tel qu'il nous y est présenté. Ils sont bien peu nombreux les lecteurs de la Bible pour qui ce dessein soit clair. On peut savoir par coeur des chapitres et des livres entiers des Écritures, les connaître même d'une manière critique, savoir discuter les textes, mais c'est tout une autre chose de voir dans la Bible la révélation des voies de Dieu envers l'homme, et comment II a trouvé pour lui, dans sa condition misérable, un remède certain, efficace et d'une perfection qui surpasse toute pensée.

La révélation est l'histoire de Dieu en relation avec l'homme ; c'est un livre exclusivement pour l'homme. Celui-ci peut raisonner et discuter sur ce qu'il est et ce qui l'attend ; mais Dieu met fin à toute discussion en révélant à l'homme son véritable état, ses voies envers lui et le remède parfait qu'il lui a préparé. Or, si quelqu'un, atteint d'une maladie mortelle, apprend qu'il existe un spécifique infaillible pour le guérir, qui pourra-t-il blâmer s'il ne l'accepte pas ?

La révélation a pour objet de nous faire connaître les voies de Dieu envers l'homme sur la terre. Elle nous montre comment Dieu l'a mis à l'épreuve de toutes manières, et comment, l'homme ayant constamment failli et montré son absolue incapacité, Dieu a finalement envoyé dans le monde son Fils unique, la Parole qui a été faite chair. Dans cette condition, après avoir accompli tout ce que Dieu requérait de l'homme, le Fils de Dieu est mort pour l'homme déchu et ruiné, et maintenant, étant ressuscité d'entre les morts, II est le chef d'une nouvelle race et la source de la vie pour chacun de ceux qui se tournent vers Lui.

Jetons un rapide coup d'oeil sur les diverses positions dans lesquelles la Bible nous montre que l'homme s'est trouvé placé. Ce livre merveilleux nous découvre le développement de la révélation quant aux relations de Dieu avec l'homme ; quoi de plus désirable pour celui-ci que de savoir comment Dieu s'est occupé et s'occupe de lui ! Il peut ne pas croire et rejeter cette révélation de la pensée de Dieu à son égard, mais nulle autre part il ne trouvera ce qui est pleinement et parfaitement approprié à ses besoins.

Nous avons, en premier lieu, la création des cieux et de la terre, et l'homme qui en est le couronnement et la fin (Genèse I-II). Placé dans le jardin d'Éden, il se trouve là dans l'innocence, en relation avec son Créateur, état auquel un homme qui a péché ne peut jamais revenir, et après lequel cependant il soupire, afin de pouvoir, dans une entière satisfaction de lui-même, se trouver sans crainte devant Dieu. L'homme tomba. La révélation nous dit comment cette chute arriva et quelles en furent les conséquences (Genèse III). L'homme a cessé d'être en rapport avec Dieu ; par la désobéissance, il a acquis la connaissance du bien et du mal, et ainsi la conscience a été introduite en lui ; de là vient qu'il redoute Dieu, et, de plus, il se trouve sous la terrible sentence de mort prononcée contre lui. Ainsi se termine la première épreuve et le premier état de l'homme.

Le second comprend une période de plus de seize cents ans, durant laquelle l'homme est laissé à lui-même. La parole prononcée en Éden, savoir que la semence de la femme briserait la tête du serpent (Genèse III, 15), est la seule lumière qui éclaire ces profondes ténèbres. L'homme qui, eu Eden, avait voulu être indépendant, est maintenant abandonné à lui-même et à ses propres ressources. Il est vrai que la révélation nous fait connaître comment la foi qui s'attache à Dieu se montre dans cette période, et place Abel dans la justice et Énoch au-dessus de la mort : « II fut enlevé pour qu'il ne vît pas la mort (Hébreux XI, 4, 5 ; comparez Genèse IV, V). Mais la masse des hommes suit la voie de Caïn qui, n'ayant pupar ses propres efforts rétablir des relations avec Dieu, n'eut dès lors pour unique objet que de jouir, loin de Dieu et sans Dieu, de tout ce que son travail et son industrie lui procureraient (Genèse IV, 19-22). Les choses continuèrent ainsi jusqu'à ce qu'enfin la terre fut remplie de violence et de corruption. Voilà ce que la révélation nous dit de l'homme abandonné à lui-même.

Le grand objet de la révélation n'est pas de nous donner une histoire de l'homme sur la terre, mais de nous faire connaître comment Dieu l'apprécie et le juge dans cette position. Or, quand l'homme est abandonné à ses propres ressources, les choses en viennent au point que Dieu se repent de l'avoir fait. En conséquence, II envoie le déluge pour détruire toute chair en laquelle il y avait respiration de vie. Une seule famille est épargnée dans l'arche, type de la manière dont Dieu sauverait l'homme (Genèse VI-VIII).

En troisième lieu, l'homme ainsi sauvé est placé sur la terre dans des conditions nouvelles et favorables, et le pouvoir de gouverner lui est donné, comme aussi celui d'assujettir toute chose créée. Il lui est permis de manger de la chair ; toutefois, pour lui rappeler que la vie appartient à Dieu seul, il lui est défendu de manger du sang. Mais, investi de l'autorité et enrichi de grandes bénédictions sur la terre, l'homme manque de nouveau. Noé plante la vigne, boit du vin, s'enivre et perd ainsi le gouvernement de lui-même (Genèse IX). Cette période se termine par Babel, manifestation ouverte de l'orgueil et de l'esprit d'indépendance de l'homme vis-à-vis de Dieu (Genèse X, XI). Alors commence aussi l'idolâtrie, c'est-à-dire le culte rendu aux démons (Josué XXIV, 2 ; 1 Corinthiens X, 20). Nous voyons que cette chute a un caractère plus profond, parce que les privilèges sont plus grands. C'est une partie du dessein de la révélation de nous montrer comment l'homme tombe, même quand il est placé sur la terre dans les conditions les plus favorables. Il n'use de l'accroissement de ses privilèges que pour se rendre plus entièrement indépendant de Dieu.

Le monde étant tombé dans cette condition si énergiquement décrite par Paul (Romains I, 18-23), l'homme est soumis à une autre épreuve. Dieu appelle Abram : « Sors de ton pays, et d'avec ta parenté, et de la maison de ton père, » lui dit-Il, « et viens au pays que je te montrerai » (Genèse XII, 1). Tels sont les termes de cet appel. La nouvelle voie proposée à l'homme est de s'élever au-dessus de toutes les influences visibles pour suivre simplement la parole de Dieu. L'homme avait voulu être dans une complète indépendance de Dieu •, l'appel qui lui est maintenant adressé, c'est de dépendre entièrement de Dieu et de sa parole.

La Bible nous dit comment, dans la personne d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, l'homme a obéi à cet appel, ou bien s'en est écarté. Le nouveau sentier indiqué à l'homme nous est tracé par quelques mots seulement ; par la révélation seule nous apprenons comment Dieu a apprécié la manière dont l'homme a répondu à son appel ; c'est, en grande partie, le sujet du livre de la Genèse qui nous conduit jusqu'au moment où nous trouvons Jacob et ses fils en Égypte.

De nouveau Dieu mit l'homme à l'épreuve. Pour cela, il choisit un peuple, Israël, qu'il tira d'Égypte à main forte et à bras élevé pour l'établir dans la terre de Canaan sous la loi (Deutéronome VII, 6, 19). Israël faillit sous chaque forme de gouvernement où il avait été placé (voyez Exode XXXII ; 1 Samuel II, 12, etc., 1 Rois XI), et il fut définitivement emmené captif à Babylone (2 Rois XVII, XXV ; 2 Chron. XXXVI), au lieu même où l'homme avait d'abord affiché son orgueil et son indépendance de Dieu. Ainsi, quand Israël eut poussé jusqu'au bout sa rébellion contre Dieu et qu'il L'eût entièrement abandonné, Dieu lui ôta le glaive de la puissance et le plaça entre les mains du roi de Babylone (Daniel II, 37, 38). La révélation nous dit comment l'homme, dans la personne du roi gentil, se servit de cette nouvelle faveur pour s'élever dans son orgueil et persécuter les serviteurs de Dieu (Daniel III, IV, V, VI), et comment une partie d'Israël fut rétablie dans son propre pays, mais sans recouvrer le pouvoir (Esdras, Néhémie). Puis, quand l'accomplissement du temps fut venu, Dieu envoya dans le monde son propre Fils, né d'une femme (Galates IV).

Alors il y eut sur la terre un homme qui agissait selon la pensée de Dieu dans toutes les relations et circonstances où il se trouva placé : d'abord, durant trente ans dans sa vie privée,puis dans sa vie publique : un Homme oint du Saint-Esprit et de puissance. En toutes choses, dans son service, II répondit à la pensée de Dieu de telle manière que, sur le mont de la transfiguration, Dieu déclara : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir. » De cette hauteur, II descend pour mourir, pour subir le jugement porté sur l'homme qui avait manqué dans toutes les épreuves auxquelles il avait été soumis. Il subit ce jugement, et d'une manière si merveilleuse, que non-seulement II enlève la condamnation que l'homme avait encourue, mais qu'il obtient un titre à la gloire, de sorte que maintenant quiconque croit en Lui, - quitte de tout jugement, - acquiert par Lui qui le délivre, un titre à la gloire en vie éternelle. Ainsi est introduit l'homme du bon plaisir de Dieu.
La parole de grâce qui se fait entendre maintenant est : « Vous, tous les bouts de la terre, regardez vers moi et soyez sauvés » (Esaïe XLV, 22). « Crois au Seigneur Jésus-Christ, et tu seras sauvé » (Actes XVI, 31). Par notre naissance naturelle, nous sommes tous en relation avec l'homme déchu qui nous a ruinés ; mais nous devons détourner de lui nos regards et les fixer sur l'Homme qui a opéré notre délivrance. La révélation nous présente l'Homme ressuscité, le Seigneur Jésus-Christ : celui qui a la vie éternelle en Lui-même. Il est « le commencement de la création de Dieu » (Apocalypse III, 14). « Si quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, touteschoses sont faites nouvelles ; et toutes sont du Dieu qui nous a réconciliés avec Lui-même par Christ » (2 Corinthiens V, 17, 18).

Il est couronné de gloire et d'honneur à la droite de la Majesté dans les hauts lieux ; II s'est montré dans cette gloire à celui qui se nomme le premier des pécheurs, et associe à Lui-même, à Lui, l'Homme dans la gloire, ceux que Saul persécutait sur la terre : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » (Actes IX, 4.) Il n'a pas honte d'appeler les croyants ses « frères » (Hébreux II, 11). Cette position si merveilleuse qui nous est faite, cette place si élevée qui nous est donnée, comment aurions-nous pu la connaître si elle ne nous eût été révélée ? C'est à cela qu'atteint et aboutit le dessein de la révélation.


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