LE
SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. IV
QUATRIÈME
ANNÉE 1877
LA VENUE DE CHRIST
On peut dire que l'avènement personnel du
Seigneur Jésus-Christ dans ce monde est
l'objet principal de la prophétie de
l'Ancien Testament. Les derniers prophètes
surtout la présentent de la manière
la plus précise, comme nous le voyons, par
exemple, dans les passages suivants :
« L'Éternel mon Dieu viendra, et
tous les saints seront avec Lui... Ses pieds se
tiendront debout en ce jour-là sur la
montagne des Oliviers... L'Éternel sera roi
sur toute la terre... »
(Zacharie XIV, 3-9).
« Le désiré de toutes les
nations viendra »
(Aggée II, 7).
« Voici, je vais envoyer mon messager, et
il préparera la voie devant moi, et
incontinent le Seigneur que vous cherchez entrera
dans son temple ; l'ange, dis-je, de
l'alliance, lequel vous souhaitez... Voici, il
vient, a dit l'Éternel des
armées »
(Malachie III, 1).
La citation faite de ce dernier verset au
commencement de l'évangile de Marc conduira
peut-être quelques-uns à penser que
cette prophétie, ainsi que les autres, se
rapporte uniquement à la présence du
Seigneur Jésus sur la terre, lorsqu'il y
parut dans l'humilité et termina sa vie sur
la croix. Bien qu'en effet il y ait eu un
accomplissement partiel des prophéties, an
examen attentif montrera que la majeure partie se
rapporte à l'avenir. Une simple
considération suffît pour le prouver.
Elles parlent toutes d'un jugement qui sera
exécuté lors de
l'avènement du Messie.
Or, à sa première venue, Jésus
a dit expressément : « Je
ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour
sauver le monde »
(Jean XII, 47).
Pour mieux faire ressortir cette
vérité, examinons le contexte des
passages cités plus haut.
Zacharie XIV, 2-4 :
« J'assemblerai donc toutes les nations
contre Jérusalem, et la ville sera prise et
les maisons pillées ; et les femmes
violées, et la moitié de la ville
sortira en captivité : mais le
résidu du peuple ne sera point
retranché de la ville ; car
l'Éternel sortira et combattra contre
ces nations-là, comme il a combattu au
jour de la bataille, et ses pieds se tiendront
debout en ce jour-là sur la montagne
des Oliviers... »
Aggée II, 6 :
« Ainsi a dit l'Éternel des
armées : Encore une fois, ce qui
même sera dans peu de temps,
j'ébranlerai les deux et la terre, la
mer et le sec ; et j'ébranlerai toutes
les nations, et le désiré de toutes
les nations viendra, et je remplirai de gloire
cette maison (1),
a dit l'Éternel des
armées... » Ce passage est
cité, et rapporté distinctement
à l'avenir, dans l'épître aux
Hébreux, chapitre
XII, 26-28.
Malachie III, 1-5 :
« Voici, il vient, a dit l'Éternel
des armées : mais qui pourra soutenir
le jour de sa venue ? et qui pourra subsister
quand il paraîtra ? Car il sera comme le
feu de celui qui raffine, et comme le savon de
foulons... Je m'approcherai de vous pour faire
jugement. »
Avec ces paroles s'accordent celles que nous lisons
dans les Psaumes :
« L'Éternel règne... Il
vient pour juger la terre ; il jugera
en justice le monde habitable, et les peuples en
équité »
(Psaumes XCVI,
XCVIII).
Ainsi, à l'époque dont parlent ces
prophéties, Christ viendra, y est-il dit,
pour combattre, pour ébranler et pour juger,
choses qui sont tout l'opposé du
ministère de grâce qui a
caractérisé sa première
venue.
Le Nouveau Testament, comme on devait s'y attendre,
annonce aussi le retour du Seigneur Jésus
sur la terre. Lui-même en parle souvent dans
ses entretiens avec ses disciples, ainsi qu'en
d'autres occasions (2),
et quand II vient de monter au
ciel, c'est vers le moment de son retour qu'est
dirigée la pensée de ceux qu'il a
quittés, ainsi que nous le lisons dans le
récit de son ascension, au 1" chapitre des
Actes : « Eux donc, étant
assemblés, l'interrogèrent,
disant : Seigneur, est-ce en ce temps-ci que
tu rétablis le royaume pour
Israël ? Mais il leur dit :
Ce n'est pas à vous de connaître les
temps ou les saisons que le Père a
réservés à sa propre
autorité ; mais vous recevrez de la
puissance, le Saint-Esprit venant sur vous ;
et vous serez mes témoins à
Jérusalem, et dans toute la Judée et
la Samarie, et jusqu'au bout de la
terre. Et ayant dit ces choses,
il fut élevé de la terre comme ils
regardaient ; et une nuée le
reçut et l'emporta de devant leurs yeux.
— Et comme ils regardaient fixement vers le
ciel, tandis qu'il s'en allait, voici deux hommes,
en vêtements blancs, se tinrent là,
à côté d'eux, qui aussi
dirent : Hommes galiléens, pourquoi
vous tenez-vous ici en regardant vers le
ciel ? Ce Jésus, qui a
été élevé d'avec vous
dans le ciel, viendra de la même
manière que vous l'avez vu s'en allant au
ciel. Alors ils s'en retournèrent
à Jérusalem, de la montagne
appelée des Oliviers qui est près de
Jérusalem, le chemin d'un sabbat »
(Actes I, 6-12).
La venue du Seigneur Jésus-Christ, qui
occupe aussi une place très-importante dans
toutes les Épîtres et l'Apocalypse,
est donc, réelle et personnelle. Prendre
dans un sens figuré ou spirituel, comme on
le fait souvent, les déclarations
réitérées et positives de la
Parole de Dieu sur ce sujet, est une thèse
inadmissible pour quiconque se soumet avec
simplicité à l'Écriture. Le
retour de Christ n'est ni « la
mort, » ni « la destruction de
Jérusalem, s ni « l'avancement du
règne de Dieu, » ni la soumission
des peuples à l'autorité de
l'Évangile ; c'est la venue personnelle
et au sens littéral du même
Jésus que les disciples ont vu s'en aller du
haut de la montagne des Oliviers.
Toutes les Écritures s'accordent pour
déclarer que cet avènement du Christ
sera en gloire, et pour le jugement, ainsi
qu'il est dit dans le dernier
chapitre de l'Apocalypse : « Voici,
je viens bientôt, et ma récompense est
avec moi, pour rendre à chacun selon que
sera son oeuvre »
(Apocalypse XXII, 12). Ce sera en
même temps pour la complète
délivrance et pour la manifestation en
gloire de tous ceux qui croient en lui.
LES DEUX VENUES
« Et comme il est
réservé aux hommes de mourir une
fois, — et après cela le jugement,
ainsi le Christ aussi, ayant été
offert une fois pour porter les
péchés de plusieurs, apparaîtra
une seconde fois sans péché, à
salut à ceux qui l'attendent. »
(Hébreux IX, 27, 28.)
« Voici, II vient avec les nuées,
et tout oeil le verra. »
(Apocalypse I, 7)
II vint vers nous du ciel,
Le Christ, Emmanuel :
Sa sainte obéissance,
Sa mort et sa souffrance
Nous donnent l'assurance
D'un salut éternel.
Croyez à la bonne nouvelle !
Croyez que Christ est le Sauveur ?
Lui seul est la vie éternelle.
Dieu l'a donné pour le pécheur.
Il vient en jugement,
Lui, le Vainqueur puissant !
Que sa sainte milice
Chante et se réjouisse !
Que le méchant frémisse
À son avènement !
Craignez de l'Agneau la colère !
Il vient et tout oeil le verra :
Nations, tribus de la terre,
Tremblez ! car II vous jugera.
PREMIERS RÉSULTATS DE LA MORT DE CHRIST
Le Saint-Esprit, dans l'évangile de
Matthieu, nous présente deux faits
remarquables, qui suivirent immédiatement la
mort de Christ. Le premier fut le
déchirement du voile dans le temple,
à Jérusalem ; le second fut la
résurrection d'un grand nombre de saints.
Ces faits, éminemment significatifs, ont une
très-grande portée, comme nous
désirons le montrer, et méritent de
notre part une sérieuse attention.
Voici en quels termes le premier nous est
rapporté : « Et Jésus,
ayant encore crié d'une forte voix, rendit
l'esprit. Et voici, le voile du temple se
déchira en deux, depuis le haut jusqu'en
bas »
(Matthieu XXVII, 50, 51). Les
évangiles de Marc et de Luc mentionnent
aussi le même fait.
Pourquoi ce déchirement du voile est-il
ainsi mis en saillie dans les récits
inspirés ? Eut-il lieu comme un effet
du tremblement de terre qui se fit alors
ressentir ? Non ; l'ordre et la
manière dont les faits sont racontés,
montrent qu'ils sont indépendants l'un de
l'autre, et que le premier a certainement une
signification profonde.
Pour la saisir, examinons à quoi servait ce
voile. Il divisait le temple en deux parties :
la première était le lieu
saint ; la seconde, « le saint des
saints, » ou « le lieu
très-saint, » comme elle est
souvent nommée. C'était la partie la
plus reculée du temple, où avait
été placée, par le roi
Salomon, l'arche du Dieu d'Israël qui
« demeurait entre les
chérubins »
(3).
Cette disposition n'était qu'une suite de ce
que Dieu avait ordonné à Moïse
pour la construction du
« tabernacle » dans le
désert. Le tabernacle, il est vrai, n'avait
qu'un caractère temporaire ; mais dans
les détails de sa construction nous trouvons
toutes les pensées de Dieu à
l'égard de ses diverses parties. Le
tabernacle était une copie des choses qui
sont dans le ciel, et à son tour il servit
de modèle au temple de Salomon, au moins
dans ses parties essentielles. C'est donc le
tabernacle qui nous fournira la véritable
signification du voile.
Voici ce que nous en dit l'épître aux
Hébreux, chapitre
IX, vers. 2-10 : « Un
tabernacle fut construit, — le premier qui est
appelé saint, dans lequel était le
chandelier, et la table, et la proposition des
pains ; et, après le second voile, un
tabernacle, qui est appelé Saint des saints,
ayant l'encensoir d'or, et l'arche de l'alliance
entièrement couverte d'or tout autour, dans
laquelle était la cruche d'or qui renfermait
la manne, et la verge d'Aaron qui avait
bourgeonné, et les tables de
l'alliance ; et, au-dessus de l'arche, des
chérubins de gloire ombrageant le
propitiatoire ; sur quoi nous n'avons pas
à parler dans ce moment en détail. Or
ces choses étant ainsi disposées, les
sacrificateurs entrent constamment dans le premier
tabernacle, accomplissant le service ; mais
dans le second, le seul souverain
sacrificateur, une fois l'an,
non sans du sang, qu'il offre pour lui-même
et pour les fautes du peuple, l'Esprit-Saint
indiquant ceci : le chemin des lieux saints
n'a pas encore été manifesté,
tandis que le premier tabernacle a encore sa place,
lequel est une figure jusqu'au temps du
redressement. »
D'après ce passage, on voit que le voile
séparait la demeure de Dieu du lieu
où les sacrificateurs accomplissaient leur
service journalier. De tout le peuple
d'Israël, eux seuls jouissaient de cette
faveur de pouvoir s'approcher de Dieu, en offrant
des sacrifices sur son autel, et en faisant le
service de sa maison ; mais aucun d'eux
n'osait pénétrer au dedans du voile,
là où se trouvait l'arche avec les
chérubins de gloire ombrageant le
propitiatoire.
Au souverain sacrificateur seul, il était
permis, une fois l'an, d'entrer dans le lieu
très-saint, encore devait-il, sous peine de
mort, observer, avec la plus grande exactitude, une
série d'ordonnances qui montraient, d'une
part, combien l'accès auprès de Dieu
était difficile, ou plutôt qu'il
était impossible pour l'homme dans son
état naturel, et, d'un autre
côté, sous quelle condition seulement
des relations pouvaient être établies
entre Dieu et l'homme.
Avant tout, le souverain sacrificateur, en entrant
dans le lieu très-saint, devait prendre avec
lui le sang d'une victime égorgée
pour le péché, et en faire
l'aspersion sur le propitiatoire et devant le
propitiatoire ; car Dieu voulait mettre en
évidence cette grande
vérité, qu'il fallait que la mort
intervînt pour la rançon des
transgressions. « Sans effusion de sang,
est-il dit, il n'y a pas de
rémission »
(Hébreux IX, 22). La mort est
les gages du péché : c'est donc
par la mort seulement que la justice de Dieu peut
être satisfaite relativement au
péché. Le sang du taureau et du bouc
immolés au grand jour des expiations
n'était qu'un type du sang de Christ
versé plus tard dans le parfait sacrifice
qu'il devait offrir h Dieu, mais
c'était assurément un type saisissant
de ce que Dieu avait l'intention d'accomplir. Dieu
montrait ainsi d'avance que, par le moyen de la
mort, II peut établir des relations entre
Lui et l'homme pécheur ; qu'il accepte
le pécheur selon la valeur infinie à
laquelle II apprécie le sang répandu
devant Lui ; et, enfin, que la place
destinée au pécheur sauvé est
celle dans laquelle le sang a été
porté, c'est-à-dire, le propitiatoire
ou le siège de miséricorde de Dieu
Lui-même.
Dieu veut que l'homme soit approché
de Lui de la manière la plus intime. Or
cela ne peut se faire que sur le pied de la justice
absolue, et c'est ce qui a lieu de fait par la mort
de Christ. Nous, croyants, qui, autrefois,
étions loin, - nous avons été
« approchés par le sang du
Christ »
(Éphésiens II, 13).
Dans sa mort, « la bonté et la
vérité se sont rencontrées, la
justice et la paix se sont
entre-baisées »
(Psaume LXXXV, 10).
Par les sacrifices et surtout par celui du grand
jour des expiations, où le souverain
sacrificateur entrait au dedans
du voile, Dieu faisait entrevoir les
précieuses bénédictions qu'il
tenait en réserve ; mais, aussi
longtemps que le premier tabernacle avait encore sa
place, le chemin des lieux saints,
c'est-à-dire, du ciel, n'était pas
ouvert. Lorsque le souverain sacrificateur avait
achevé son service, il sortait du lieu
très-saint, le voile retombait à sa
place, et l'arche et le propitiatoire restaient
cachés, comme auparavant, même
à ceux qui avaient le privilège de
faire le service du tabernacle, et, à plus
forte raison, à tout le peuple
d'Israël. Il y avait une barrière
infranchissable entre eux et le Dieu qui habitait
au milieu d'eux.
Or, dans la mort de Christ, cette barrière
est ôtée. Tous les sacrifices
typiques, ombres de la réalité,
prennent fin et passent pour toujours. Le vrai
sacrifice a été offert une fois pour
tontes ; le sang qui seul est efficace pour
ôter les péchés, a
été répandu ; et Dieu
peut montrer sa justice absolue en justifiant le
pécheur qui croit en Jésus. De plus,
Dieu, dans la plénitude de son amour, vient
lui-même à la recherche du
pécheur, afin de l'amener près de Lui
et le faire cohéritier avec Christ. Le
pécheur pardonné peut s'approcher
maintenant, et venir en la présence
immédiate du Dieu vivant, — pour adorer
et pour jouir de Lui, — ayant d'ailleurs
reçu une nature capable de le faire.
Voilà la grande vérité qui est
renfermée dans le déchirement du
voile. L'accès auprès de Dieu, qui
autrefois était fermé, nous est
ouvert par la mort de Christ.
Et, remarquez-le, cher lecteur, c'est l'oeuvre de
Dieu : le voile commence à se
déchirer depuis le haut, du
côté du ciel : « Le
voile du temple se déchira en deux, depuis
le haut jusqu'en bas. »
Avez-vous saisi cette vérité
bénie ? En jouissez-vous ?
Ne voyez-vous pas, cher lecteur, que le
bénéfice de la mort de Christ va bien
au delà du pardon des
péchés ? Par cette mort, je
sais, non-seulement que Dieu ne me punira pas, mais
que, dans sa bonté infinie, il m'a
frayé le chemin jusqu'en sa présence
même, pour que je puisse me glorifier en Lui
et jouir de sa communion, maintenant par la foi,
bientôt dans la gloire ; et c'est
là ce qui met le comble à mon
bonheur. Qu'il en soit à jamais
béni !
Dans un prochain article, nous
considérerons, si Dieu le permet, le second
résultat immédiat de la mort de
Christ.
LE SALUT DE DIEU ET LES COMPROMIS DE
SATAN
(Suite de la page 134.)
Voici quelques-unes de nos
bénédictions, telles que les
présente le premier chapitre de
l'épître aux
Éphésiens :
Le Dieu et Père de notre Seigneur
Jésus-Christ nous a bénis de toute
bénédiction spirituelle dans les
lieux célestes en Christ.
Il nous a élus en Lui avant la fondation du
monde, pour que nous fussions
saints et irréprochables devant Lui en
amour.
Il nous a prédestinés pour nous
adopter pour Lui par Jésus-Christ.
Il nous a rendus agréables dans le
Bien-Aimé, en qui nous avons la
rédemption par son sang, la rémission
des fautes selon les richesses de sa
grâce.
Il nous a fait connaître le mystère de
sa volonté.
Il nous a scellés du Saint-Esprit de la
promesse, qui est les arrhes de notre
héritage, jusqu'à la
rédemption de la possession acquise,
à la louange de sa gloire.
Nous sommes donc :
Pardonnés
(Éphésiens, I, 7 ;
Colossiens II, 13) ;
Sanctifiés
(Hébreux II, 11 ;
X, 10) ;
Justifiés
(Romains III, 26 ;
IV, 5 ;
VIII, 30) ;
NOUS AVONS LA VIE ÉTERNELLE
(1 Jean V, 13) ;
Et, dans peu de temps, lorsqu'il sera
manifesté, nous Lui serons semblables, car
nous Le verrons comme II est
(1 Jean III, 2).
Or, « vous êtes sauvés par
la grâce, par la foi ; et cela ne vient
pas de vous ; c'est le don de Dieu »
(Éphésiens II, 8). De
Lui et par Lui et pour Lui sont toutes
choses ! À Lui soit la gloire
éternellement ! Amen !
(Romains XI, 36.)
II. LES EFFORTS DE L'ENNEMI.
Or, tandis que Dieu opère glorieusement
pour délivrer les âmes, Satan ne reste
pas inactif ; et,comme il
ne peut pas effectivement arrêter l'action de
la puissance de Dieu sur un coeur, il s'efforce
d'entraîner celui-ci dans des compromis. Nous
en trouvons quatre dans le récit de la
sortie des enfants d'Israël du pays
d'Égypte.
Premièrement, Pharaon dit à
Moïse : « Allez, sacrifiez
à votre Dieu dans ce pays »
(Exode VIII, 25). Le but que l'Éternel se
proposait en délivrant Israël,
c'était d'avoir en lui un peuple
d'adorateurs ; Pharaon consent à ce
qu'ils adorent, « mais, dît-il, que
ce soit dans ce pays. » Lorsque Satan
voit une personne anxieuse au sujet de son
âme, il semble céder un peu et
dit : « Oh ! oui, il faut
être religieux, mais ne peux-tu pas servir
Dieu et l'adorer en allant au sermon le dimanche,
comme font tant d'autres ? » Et il
induit la pauvre âme à faire un
compromis ; au lieu d'aller ses trois
journées de chemin au désert
(Exode VIII, 27), c'est-à-dire
de se séparer nettement et
complètement du monde, dans la puissance de
la mort et de la résurrection de Christ,
elle voudra servir Dieu en restant dans le
monde.
Moïse découvre le piège et ne
s'y laisse pas prendre. Dans le pays
d'Égypte, le peuple d'Israël ne pouvait
avoir le sentiment qu'il était
séparé du monde pour appartenir
à Dieu. Il fallait auparavant avoir
passé de l'autre côté de la mer
Rouge. Moïse dit à Pharaon qu'il
était impossible que les Israélites
offrissent à Dieu, sous les yeux des
Égyptiens, des sacrifices que ceux-ci
tenaient pour abominables. De même pour nous,
Christ est détesté du monde ;
Dieu, à qui nous
offronspar Lui un
sacrifice de louanges, ne peut donc être
adoré que hors du monde, sur le terrain de
la mort et de la résurrection de Christ.
Ah ! prenez garde que Satan ne vous
séduise ! Le Père ne peut vous
accepter comme adorateur que si vous venez à
Lui par Christ, et si vous vous séparez
ainsi d'un monde sur lequel le jugement est
prononcé. Alors seulement votre culte Lui
sera agréable (comparez
Exode VIII, 25-28 ;
Hébreux X, 19-25).
Pharaon, n'ayant pu réussir, essaye d'un,
autre moyen. Allez, dit-il, « toutefois
vous ne vous éloignerez nullement en vous en
allant »
(Exode VIII, 28). Rendez votre culte
aussi près de moi que possible ; adorez
Jéhovah, je le veux bien, mais restez un peu
sous ma domination. On en rencontre souvent de ces
chrétiens de profession qui se sont
laissé prendre à ce piège. Ils
prétendent adorer Dieu comme des
pécheurs sauvés, et durant toute la
semaine ils servent le péché. 0 toi,
qui professes être chrétien et qui
agis ainsi, prends garde ! Hélas !
qu'il est faible, si même il existe, le
pouvoir de Christ sur ton coeur, pour que tu
puisses pactiser ainsi avec l'ennemi !
Dans le chapitre X de l'Exode, nous sont
présentés les deux derniers efforts
de Pharaon pour empêcher les enfants
d'Israël d'être entièrement
dégagés de la servitude
d'Égypte. Au
verset 8, il dit :
« Allez, servez l'Éternel
votre Dieu. Qui sont tous ceux qui iront ?
— Et Moïse répondit : Nous
irons avec nos jeunes gens et nos vieillards,
avec nos fils et nos filles,
avec notre menu et gros bétail, car nous
avons à célébrer une
fête solennelle à l'Éternel.
Alors il leur dit : Que l'Éternel soit
avec vous, comme je laisserai aller vos petits
enfants ! Prenez garde, car le mal est devant
vous. Il n'en sera pas ainsi ; mais
vous, hommes, allez maintenant, et servez
l'Éternel, car c'est ce que vous
demandez »
(v. 8-11). Pharaon voulait donc
laisser partir les hommes, mais garder les femmes
et les enfants. Il savait parfaitement bien que les
hommes ne tarderaient pas à revenir, si
leurs familles restaient en arrière.
Pécheur qui soupires après la
délivrance, je te supplie de ne pas faire de
compromis avec Satan à cet égard. Si
tu as une femme et des enfants, le désir du
Seigneur est de les sauver aussi. « Crois
au Seigneur Jésus, est-il écrit, et
tu seras sauvé, toi et ta maison »
(Actes XVI, 31). Si pour
toi-même tu es résolu à
être sauvé, n'hésite pas, mais,
par la foi, amène sur le même terrain
tous ceux qui t'appartiennent. J'ai connu un homme
qui, étant à Paris, fut amené
à Christ. Sa première pensée
fut : « J'ai laissé ma femme
à Londres, et elle n'est pas convertie. Il
est impossible qu'elle marche dans un chemin, et
moi dans un autre. » II partit
immédiatement, arriva chez lui à
trois heures du matin, fit lever sa femme, et lui
raconta sa conversion. Puis ils lurent la parole de
Dieu et prièrent ensemble. Us
persévérèrent ainsi, et le
troisième jour, elle aussi, confessa
Jésus comme son Sauveur.
Lecteur, c'est une chose sérieuse ; il
s'agit de
l'éternité.
Faites-y bien attention ; si vous vous mettez
en route, ne prenez pas votre parti que votre
famille reste dans le monde, il se pourrait sans
cela que bientôt vous abandonniez Christ pour
votre famille, et que vous soyez ramené en
arrière dans le monde. Le salut de Dieu
n'est pas pour vous seulement, il est aussi pour
votre femme et pour vos enfants. Amenez-les avec
vous sur ce terrain, sinon effectivement (car ils
peuvent résister pour un temps), au moins
dans la fidélité par la foi. Ne
laissez dans ce monde, sur lequel pèse le
jugement, rien de ce qui est à vous.
Le dernier compromis que Pharaon tente de faire se
lit en
Exode X, 24-26. « Allez,
dit-il, servez l'Éternel ; seulement,
que votre menu et gros bétail
demeurent ; même vos petits enfants
iront avec vous. » Satan doit
céder devant la puissance de Dieu agissant
dans une âme, mais il tend un dernier
piège. « Oh ! oui, certes, il
faut que vous soyez sauvés, et même
vos enfants aussi ; mais, suggère-t-il,
les affaires du monde ne peuvent se négliger
et doivent se traiter à la manière du
monde. Cela ne vous empêchera nullement de
demeurer en dehors,. »
O rusé tentateur ! que de pauvres
âmes il a réussi à
entraîner dans cette voie fatale ! Elles
ont bien marché pendant un temps, elles ont
fait profession d'être sauvées par
Christ, mais leurs biens n'ont pas
été amenés avec elles sur le
terrain de la mort et de la résurrection, et
tôt ou tard elles jettent un regard de regret
vers l'Égypte. Il n'y a pas de mal,
disent-elles, à gagner de l'argent, à
le faire valoir le mieux
possible, à faire des spéculations
comme le monde, à s'enrichir à sa
manière ; il n'y a pas de mal à
faire de la réclame, fût-elle
même mensongère, et à afficher
son nom en grands caractères pour attirer la
foule. 0 toi qui prétends être
chrétien en suivant ainsi les coutumes du
monde, quel est le secret d'une marche
semblable ? C'est que tu as voulu sortir
d'Égypte tout en y laissant ta boutique, tes
affaires, ton gros et ton menu bétail. Satan
a bien réussi avec toi, et malgré
toute ta belle profession du christianisme, en
réalité c'est Mammon que tu sers.
Penses-tu pouvoir servir deux maîtres ?
Rappelle-toi la parole du Seigneur :
« Vous ne pouvez servir Dieu et
Mammon. »
Oh ! que Dieu veuille te
réveiller ! Si tu es vraiment un
chrétien, puisses-tu désormais agir
dans ce monde et y faire tes affaires comme mort et
ressuscité avec Christ. Emploie ce que tu
possèdes à nourrir et élever
ta famille pendant la traversée du
désert, et non à les vêtir des
habillements d'Égypte, et à orner ta
maison des meubles d'Égypte. Emploie tes
biens à tes propres besoins, comme
pèlerin dans ce monde, et aux besoins de
ceux qui font avec toi le voyage vers la Canaan
céleste ; emploie-les au service du
Seigneur. Alors tu connaîtras toute la
portée, la grandeur et le prix du salut de
Dieu, et tu en jouiras ; tu jouiras de la
présence et de la communion de ton Chef
céleste, qui ne peut faire de compromis avec
Satan. Mais si tu t'attaches à ce monde,
prends garde ; tu pourras, ainsi que Lot,
être sauvé comme
à travers le feu ; mais ces
biens auxquels ton coeur aura tenu, et
peut-être les personnes avec lesquelles tu te
seras allié, périront dans le feu du
jugement.
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