Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION

VOL. IV
QUATRIÈME ANNÉE 1877



LA CONVERSION DE LA GARDE-MALADE

( Suite du « JEUNE DOCTEUR » )

Je fus appelée à visiter la garde-malade qui avait soigné le jeune docteur dans sa maladie.
Elle me rapporta les paroles par lesquelles il l'avait solennellement engagée à s'occuper de son âme, et j'en pris occasion de lui demander si elle était entrée dans ce sentier béni que le jeune mourant lui avait indiqué.
Elle répondit : Oh ! non, Madame, je ne puis pas dire que je sois sauvée ; je sens toujours que je suis une pauvre pécheresse qui n'ai point été pardonnée.
- Mais, lui demandai-je, que vous disait le Dr M. ? N'était-ce pas d'aller, comme il l'avait fait, au Sauveur de ceux qui sont perdus ?
- Oui, répondit-elle.
- Eh bien, dis-je, croyez-vous que vous êtes perdue ? Dieu est saint, et pensez-vous qu'il puisse voir en vous quelque chose de bon ? N'avons-nous pas vous et moi à nous prosterner dans la poudre, en reconnaissant notre entière indignité ?
- Il ne m'est pas difficile de reconnaître cela, répliqua-t-elle. Bien des fois déjà, j'avais senti quelle misérable créature j'étais ; mais jamais je n'avais pensé que j'aurais à rencontrer Dieu, jus qu'à cette nuit où le cher jeune docteur m'a conjurée d'y penser. Ah ! Madame, il lui fallut rassembler toutes ses forces pour me le dire, et il semblait tellement effrayé à la pensée que je pourrais aller en enfer ! Depuis cette nuit, j'ai vu que je ne puis rencontrer Dieu sans être condamnée et que, par conséquent, il faut que j'aille dans l'enfer. C'est le lieu où vont tous ceux qui ne sont pas sauvés. Je suis dans le chemin large,et, ce qu'il y a de pire, c'est que je ne puis en sortir. Je suis perdue !
- C'est vrai, dis-je, ceux qui ne sont pas sauvés sont dans le chemin large qui aboutit à l'enfer. Ils sont loin de Dieu, bannis de sa présence. Mais vous ne devez pas penser que vous ne puissiez pas sortir du sentier qui a pour fin la destruction. Dieu, dans son amour, a trouvé un moyen de salut. Dans ses conseils d'éternité, il a tracé le chemin par lequel l'homme pécheur pouvait être ramené à lui et être heureux dans sa présence. Dieu voulait cette bénédiction, et Jésus est venu au-devant du désir de son Père en disant : « Voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté. » Le Fils a accompli le dessein de Dieu. Lui qui était dans le sein du Père, est descendu sur la terre dans l'humiliation ; II est né d'une femme ; II a vécu étranger et solitaire ici-bas ; II a révélé à l'homme le coeur du Dieu d'amour, et enfin a souffert la mort et la croix, étant fait malédiction pour nous. Sur la croix la paix fut faite, et tout pécheur qui croit maintenant que Dieu a accepté le sacrifice offert par son Fils, est sauvé et amené à Dieu. Il est approché « par le sang du Christ » (Éphésiens II, 13).
« Combien le jeune docteur serait reconnaissant d'entendre les derniers mots que vous avez prononcés : « Je suis perdue ! » Vous avez reconnu que vous êtes perdue. C'est quand il eut pris cette place qu'il trouva Jésus, et que Jésus lui apprit qu'il était sauvé. Vous êtes maintenantprécisément sur le terrain où Dieu peut vous purifier et vous sauver.

La garde-malade écoutait avec une attention croissante ce que je lui disais, et je demandais au Seigneur d'appliquer à cette âme la parole qu'il savait seul lui convenir. À la fin, elle me dit : Je sais que je suis perdue, et je crois que Jésus est mort pour ceux qui sont perdus.
Ici, je l'interrompis en disant : Alors, vous êtes sauvée, car il est écrit : Celui qui croit a la vie éternelle, et vous êtes passée de la mort à la vie.
- Oh ! non, s'écria-t-elle, je ne suis pas encore sauvée.
- Mais, lui dis-je, comment peut-il en être ainsi ? Dieu dit que vous êtes sauvée, et vous croyez sa parole, n'est-ce pas ?

Elle réfléchit un moment, puis elle répondit : Je vous dirai pourquoi je ne crois pas être pardonnée. J'aime la mémoire du cher jeune docteur beaucoup plus que je n'aime Christ ; comment Dieu pourrait-il me sauver, moi qui ai un tel coeur ?
- Alors, lui dis-je, si vous aviez un coeur plein d'amour pour Christ, vous seriez sûre d'être sauvée ?
- Oui, j'aurais alors une excellente raison pour le penser.
- Eh bien ! répliquai-je, vous n'aurez jamais l'assurance que vous cherchez. Supposons que vous arriviez à posséder les sentiments que vous désirez, ce sont ces sentiments qui seraient votre sauveur. Ah ! croyez-moi, laissez Christ êtrevotre seul Sauveur, et ne cherchez pas comme assurance de salut aucune mesure d'amour pour Lui.
- Je sais bien que c'est son oeuvre seule qui peut ôter mes péchés, dit-elle, mais certainement je dois l'aimer, n'est-il pas vrai ?
- Oh ! oui, répondis-je, mais Dieu produira l'amour dans votre coeur quand vous aurez pris votre place comme son enfant, et que vous aurez cru que vos péchés sont pardonnés. Alors le Saint-Esprit demeurera dans votre coeur, et c'est son oeuvre constante de prendre de ce qui est à Christ pour le communiquer au croyant. Être occupé de Christ, voilà ce qui forme dans le coeur l'amour pour Lui, mais c'est l'oeuvre de Dieu et non la vôtre. Nous lisons (Philippiens II, 13) : « C'est Dieu qui opère en vous. » Ce qu'il demande de vous maintenant, c'est que vous vous abandonniez entièrement à Lui, et que vous regardiez constamment à Christ. Dieu veillera sur la semence qu'il a semée en votre coeur et la fera croître ; ce qu'il veut, c'est que vous poursuiviez la course placée devant vous, « fixant les yeux sur Jésus. » Je voyais qu'elle n'était pas encore satisfaite. Elle ne se remettait pas pleinement à la grâce de Dieu. Je lui citai les paroles : « En ceci est l'amour, — non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que Lui nous aima et qu'il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés » (1 Jean IV, 10).

J'ajoutai :
Dieu connaît le coeur ; II voit que par nature nous n'avons pas d'amour pour Lui ; mais malgré cela II nous a aimés et a fait tout ce qui était nécessaire pour notre salut. Il nous faut recevoir son amour et continuer à y penser. Confessez à Dieu que vous n'avez rien. Jésus disait à ses disciples (Jean XV, 9) : « Demeurez dans mon amour, » c'est-à-dire dans la pensée de l'amour que j'ai pour vous.
Il n'était pas besoin de lui en dire davantage. Les paroles de l'Écriture : « Non en ce que nous ayons aimé Dieu, mais en ce que Lui nous aima, » avaient mis son âme en liberté.
- Je vois tout maintenant, dit-elle. Comme cela est simple et pourtant merveilleux ! Tout est grâce. Alors je ne puis être trop mauvaise pour qu'il me reçoive. Dieu sait tout ce qu'il en est de moi, et cependant II m'aime et II m'a sauvée.
- Oui, et il n'y a maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus, ajoutai-je. Comme vous avez reçu le Christ Jésus, marchez en Lui (Colossiens II, 6). C'est la confiance simple en la parole de Dieu qui a délivré votre âme et qui vous a donné devant Lui une joie paisible. Continuez à vous confier en Lui, pour que vous puissiez vous réjouir sans cesse. Le Seigneur Jésus est l'objet de toute notre joie et II ne change jamais. « II est le même hier, et aujourd'hui, et éternellement » (Hébreux XIII, 8). Paroles précieuses ! Quel que soit votre sentier, II vous montrera qu'il suffit pleinement à tout ! Au milieu des plus sombres circonstances, Paul était plein de joie. Dans un étroit cachot, les pieds dans des entraves, au milieu de la nuit, il chantait les louanges de Dieu. Cela nous montre qu'il n'y a ni lieu, ni moment où le croyant ne puisse être plein de joie. Si nous regardons à nous-mêmes, nous devons dire :

Je suis un pauvre pécheur,
Nu, sans force et misérable.

Mais, grâces à Dieu, nous pouvons ajouter :

Mais en Jésus le Sauveur
Je trouve TOUT. Quelle grâce ineffable !

Voilà le secret de la force, de la joie, et de la consolation pour l'ÂME.



« SIGNES » DE LA CONVERSION

Ne doit-on pas s'attendre à trouver en soi-même quelques signes indiquant que l'on est converti ? Voilà une question que se posent constamment les âmes qui sont sérieusement travaillées au sujet de leur état devant Dieu.

C'est un fait que Satan fait tous ses efforts pour empêcher ces âmes de regarder simplement au Sauveur, et il profite de la disposition naturelle au coeur humain de regarder toujours à soi-même, pour les tromper et mettre des obstacles dans leur chemin, du moment qu'il les voit, décidées à suivre Christ.

On a beaucoup de peine à en finir avec soi-même. Jusqu'à ce qu'on l'ait fait, comme on ne se contente pas de Christ et de son oeuvre, on cherche au dedans de soi divers sentiments, — quelques signes ou preuves que l'on appartient réellement au Seigneur. Or ces signes n'apparaissent jamais à la personne qui les recherche en soi. Quand même on croirait les trouver, on ne pourrait, sur ce sable mouvant, fonder aucune assurance devant Dieu.

Pour que la conscience soit « bonne, » c'est-à-dire délivrée du fardeau des péchés, pour que l'on soit en paix devant Dieu, il faut que l'on ait saisi cette vérité que Dieu a été pleinement satisfait ; et que lorsqu'il fait approcher de Lui-même le pécheur, c'est qu'il a ôté les péchés d'une manière conforme à sa justice absolue. Or, cette satisfaction divine ne se trouve que dans la mort de Christ, et nous avons dans sa résurrection une garantie de l'efficacité de l'oeuvre de la rédemption et du fait que Dieu l'a acceptée.

C'est donc uniquement dans l'oeuvre de Christ qu'il faut chercher la certitude et la plénitude du salut. Puisque cette oeuvre est valable devant Dieu, celui qui y met sa confiance en se soumettant au Seigneur est sauvé ; car Dieu dit que, « par son nom, quiconque croit en lui reçoit la rémission des péchés. »



« J'AI UNE BONNE ESPÉRANCE »

II y a quelques mois, un chrétien, entouré de plusieurs membres de sa famille, se trouvait sur son lit de mort. Deux médecins essayaient les dernières ressources de l'art pour prolonger la vie de leur malade. La consultation finie, le patient demanda aux médecins quel était leur avis sur son état, ajoutant d'une voix presque éteinte, mais avec la calme et ferme assurance de la foi : « Quoi qu'il en soit, j'ai une bonne espérance, » et, d'un dernier effort, il montrait le ciel où il allait bientôt entrer.
Durant sa maladie, et la veille encore de son délogement, il aimait à répéter avec l'apôtre Paul : « Être avec Christ, cela est de beaucoup meilleur » (Philippiens I, 23).


Depuis trois mois je donnais des soins à un malade de l'un des grands hôpitaux de Paris. Je ne lui avais jamais encore parlé de son âme, lorsqu'un matin je me sentis pressé de le faire et de lui présenter le Sauveur.
Mais, au premier mot que je lui dis, son visage s'assombrit, et, jetant sur moi un regard de dédain : « Gardez pour vous, me dit-il, votre religion et votre Dieu ; je n'ai besoin ni de l'un ni de l'autre. »
Cette réponse me remplit de douleur. Il avançait rapidement vers la mort, et son coeur, fermé aux réalités éternelles, ne cessait de former des projets pour un avenir terrestre qu'il ne devait pas voir.

Quelques jours plus tard, un ami, convalescent de la même maladie, étant venu le voir, le malade il lui dit combien il lui tardait de laisser aussi l'hôpital pour reprendre sa vie ordinaire. Quelques instants après, il quittait en effet l'hôpital, mais pour entrer dans l'éternité.

Cher lecteur, l'éternité va s'ouvrir pour vous aussi, plus tôt peut-être que vous ne le pensez. Avez-vous « une bonne espérance, » reposant non sur votre bonne conduite, votre moralité, une vague attente de la miséricorde de Dieu, mais sur le seul fondement qui puisse être posé, savoir Jésus-Christ ?
Ou bien, dans une fatale insouciance, pensez-vous que vous n'avez pas besoin de ces choses, qu'il sera toujours assez temps d'y songer ?
Je place devant votre conscience les faits que je vous ai rapportés et les questions qu'ils m'ont suggérées.

Il faut que vous rencontriez Dieu un jour. Oh ! que ce puisse être en étant abrité sous l'efficace du sang précieux que Christ a versé sur la croix. Puissiez-vous avoir ainsi en Lui une bonne espérance et échapper au jugement, car c'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant !



« RÉSISTEZ AU DIABLE »

Quand, en face d'une tentation, nous savons discerner Satan sous son masque, nous l'avons vaincu. Satan a de la puissance contre les prétentions et aussi contre la connaissance, mais il n'en a point contre l'obéissance lorsque nous marchons selon la Parole de Dieu sans aucune volonté propre. (Extrait.)



QUELLE EST LA PENSÉE DE DIEU RELATIVEMENT AUX HOMMES ?

Voilà une question qui nous touche tous de près, cher lecteur. Et faites-y attention : ce qu'il s'agit de savoir n'est pas : Qu'est-ce que Dieu pensera de nous après que nous aurons prié, changé de vie et fait telle ou telle oeuvre pour Lui ; mais que pense-t-Il de nous maintenant ? Dans quel état nous voit-Il ?

Encore moins est-il question de ce que nous, pécheurs, pensons de Dieu. Nous pouvons avoir, à son égard, des notions plus ou moins justes, suivant les lumières que nous avons reçues ; mais cela importe peu. Dieu est au-dessus de nous, infiniment grand et puissant ; nous avons affaire avec le Dieu vivant, et il s'agit de comparaître devant Lui. Que deviendrons-nous alors ? Voilà la question capitale. Y a-t-il un moyen de savoir, sans erreur possible, comment Dieu l'a résolue ? Nous a-t-Il fait connaître ce qu'il pense des habitants de cette terre, de chacun de nous, par conséquent ? A-t-il révélé ce que nous sommes à ses yeux, et a-t-Il dit de quelle manière II nous apprécie maintenant, tels que nous sommes ici-bas ?

Les saintes Écritures ne nous laissent pas dans le doute sur ce sujet. Elles nous font connaître le résultat de la longue épreuve que Dieu a faite de l'humanité. Durant quatre mille ans, toutes les voies de Dieu envers les hommes n'ont fait que mettre en évidence ce qu'ils sont, et donner occasion à Dieu de manifester ce qu'il pense d'eux.
Pour bien saisir la portée de notre sujet, examinons d'abord ce que l'homme aurait dû être selon les pensées de Dieu.

Lorsque Dieu l'eut créé et placé dans le jardin d'Éden, l'homme était un être innocent, ne connaissant pas le bien et le mal. Formé pour être heureux et pour jouir de la communion de Dieu, il aurait dû répondre en toutes choses aux desseins et à la volonté de son Créateur.
Au lieu de cela, il désobéit à Dieu. Le péché entra dans le monde, et dès lors les hommes ne cherchèrent qu'à faire leur propre volonté, sans plus s'inquiéter de celle de Dieu. Aussi Lui-même fait-Il entendre cette déclaration : « Toute l'imagination des pensées de leur coeur n'est que mal en tout temps. » Et encore : « L'imagination du coeur des hommes est mauvaise dès leur jeunesse » (Genèse VI, 5 ; VIII, 21).

Quel témoignage solennel ! « Toute l'imagination, » et non pas seulement une partie, « n'est que mal » : il n'y a aucun mélange de bien qui puisse modifier en quoi que ce soit la noirceur de leur caractère. Et il ne faut pas croire que ce soit la description d'une certaine race plus méchante que les autres, ou d'une époque plus particulièrement dépravée ; il en est toujours ainsi : « En tout temps », est-il dit. Et c'est le cas de chaque individu pris séparément « dès sa jeunesse. » Tel est l'état des hommes sans Dieu.
La terre n'est plus qu'une scène de désordre, de violence, de corruption et de mensonge.

Est-il possible de porter remède à cet état de choses ? C'est ce que nous allons voir. Dieu se choisit un peuple du milieu des nations, et en fit l'objet de sa plus tendre sollicitude. Il étendit en sa faveur sa main toute-puissante, signala la protection dont II le couvrait par toutes sortes de signes et de miracles, et enfin lui donna une Loi : c'étaient les dix commandements proclamés du haut du Sinaï par Dieu Lui-même. Mais avant •même que les deux tables de pierre sur lesquelles cette loi fut gravée se trouvassent entre les mains du peuple d'Israël, celui-ci, de la manière la plus grossière, avait enfreint le premier commandement. Dieu avait dit : « Je suis l'Éternel ton Dieu, qui t'ai retiré du pays d'Égypte, de la maison de servitude ; tu n'auras point d'autres dieux devant ma face. » La gloire de l'Éternel, comme un feu consumant, couvrait le sommet de la montagne de Sinaï où l'Éternel avait appelé Moïse ; le camp des enfants d'Israël était au pied de la montagne ; et là, au milieu du camp, à la face du Dieu vivant, était dressé un veau d'or, ouvrage de leurs mains, devant lequel ils criaient : « Ce sont ici tes dieux, ô Israël ! qui t'ont fait monter du pays d'Égypte.

Était-il possible de pousser plus loin l'outrage envers l'Éternel ? Cependant Dieu, dans sa grâce, supporta ce peuple durant bien des siècles, quoiqu'il leur eût dit par la bouche de Moïse : « Vous avez été rebelles à l'Éternel depuis le jour que je vous ai connus ; » et encore : « J'ai regardé ce peuple, et voici, c'est un peuple de col roide » (Deutéronome IX, 7, 13, 24 ; XXXI, 27, etc.).
Il leur envoya des messagers, hommes et anges, pour les avertir ; II les somma par ses prophètes d'abandonner leurs mauvaises voies ; mais ils refusèrent d'écouter les appels de la grâce de Dieu, et persécutèrent et mirent à mort ceux qui leur parlaient de sa part. Tel fut, sous le régime de la loi, l'état du peuple que Dieu avait choisi et gardé. Bien loin d'améliorer le coeur de l'homme, la loi ne servit qu'à montrer qu'il est. foncièrement mauvais. Ni le support, ni le jugement de Dieu n'eurent d'efficace pour le toucher et l'attendrir.

Le prophète Ésaïe résume en quelques mots cette triste expérience :
« Cieux, écoutez ; et toi, terre, prête l'oreille ; car l'Éternel a parlé, disant : J'ai nourri des enfants, je les ai élevés ; mais ils se sont rebellés contre moi. Le boeuf connaît son possesseur, et l'âne, la crèche de son maître ; mais Israël n'a point de connaissance ; mon peuple n'a point d'intelligence. Ha ! nation pécheresse, peuple chargé d'iniquité, race de gens malins, enfants qui ne font que se corrompre ! Ils ont abandonné l'Éternel, ils ont irrité, par leur mépris, le Saint d'Israël, ils se sont retirés en arrière. Pourquoi sériez-vous encore battus ? Vous ajouterez la révolte : toute tête est en douleur, et tout coeur est languissant. Depuis la plante du pied jusqu'à la tête, il n'y a rien d'entier en lui ; il n'y a que blessure, meurtrissure et plaie pourrie, qui n'ont point été nettoyées, ni bandées, et dont aucune n'a été adoucie d'huile » (Ésaïe I, 2-6).

À la fin, Dieu envoya sur la terre son Fils unique et bien-aimé, qui, durant tous les jours de son ministère de grâce et de bonté, déploya sa puissance divine pour alléger les souffrances et la misère de l'homme. Il guérit les malades, ressuscita les morts, pardonna les péchés ; mais les hommes le prirent, et, après l'avoir accablé des derniers outrages, le crucifièrent entre deux brigands ; puis ils se tinrent devant sa croix en se moquant de ses souffrances.

C'est à la croix du Seigneur Jésus que nous voyons la dernière et suprême épreuve du coeur de l'homme ; là il met le comble à sa méchanceté ; là est pleinement découvert son état de rébellion acharnée contre Dieu ; là, les hommes ont montré qu'ils mettraient Dieu à mort, s'ils le pouvaient.
Quel spectacle pour les anges ! Voilà ce qu'est « la chair, » ainsi que les Écritures nomment la nature de l'homme déchu.
D'un autre côté, la croix de Christ nous fait voir que l'état des hommes est désespéré, en sorte que, pour les sauver, il n'a fallu rien moins que la mort du Fils de Dieu. Lui seul pouvait ôter les péchés de devant Dieu, en les portant dans son propre corps sur le bois. Grâces à Dieu, II l'a fait !

C'est donc la mort de Christ qui seule nous fournit une réponse pleinement satisfaisante à laquestion posée en tête de cet article, car elle nous dévoile parfaitement les pensées de Dieu à l'égard des hommes, soit en jugement, soit en grâce.

Les hommes sont pécheurs, et, plus que cela, ils sont perdus, absolument incapables de se sauver eux-mêmes. Non-seulement ils sont mauvais, mais incapables de devenir meilleurs. Dieu Lui-même n'essaie pas d'améliorer la nature pervertie de l'homme ; II nous montre qu'un jugement inexorable peut seul ôter le péché de devant sa face. Ce jugement, II le fait tomber, sur qui ?... Non sur le pécheur, mais, dans sa grâce infinie... sur la personne du Sauveur, qui souffre pour les péchés, Lui juste, pour les injustes (1 Pierre III, 18).
En contemplant la croix de Christ, si, d'un côté, je suis humilié et épouvanté devant l'effrayant tableau de la méchanceté du coeur humain, comment, d'un autre côté, ne serais-je pas confondu par la grâce ineffable du Dieu Sauveur, qui a trouvé un tel moyen de faire entrer des pécheurs perdus dans la joie indicible de sa communion ?

Dieu nous a vus vivant dans le péché, transgressant ses commandements, méprisant sa grâce, de toute manière impropres pour sa présence ; malgré tout cela, II a déclaré son dessein de faire de nous ses enfants, « ses héritiers, cohéritiers avec Christ ! » Puis II envoie son Esprit dans le coeur de ses enfants, et, « la chair » n'étant aucunement changée en eux, Dieu écrit surelle la sentence de mort par la croix de Christ, et leur donne le pouvoir et la grâce de ne plus marcher selon la chair, mais selon l'Esprit.



TON ÂME TE SERA REDEMANDÉE

Dans un village du département du D., vivait une famille composée du père, de la mère et d'un jeune garçon. L'unique occupation des parents, la pensée constante de leur coeur, le seul souci de leur vie, était d'amasser de l'argent, afin de pouvoir se reposer et jouir ici-bas, quand leur fortune serait suffisante à leur gré. Leurs affaires d'ailleurs prospéraient d'une manière remarquable, de sorte que la mère disait un jour à une personne de sa connaissance : « II ne nous manque plus grand'chose pour pouvoir nous retirer, et vivre tranquilles ensemble, le reste de nos jours. »

Hélas ! ils ne devaient pas les voir, ces jours de repos et de bonheur terrestre qu'ils avaient rêvés. Un jour ou deux après les paroles que nous avons rapportées, la mère tomba tout à coup gravement malade. Pendant que son mari était allé consulter le médecin, un ami chrétien vint voir la malade et voulut lui parler de son âme. Mais bien qu'elle eût une extrême frayeur de la mort, la pauvre femme, uniquement préoccupée de sa maladie, ne prêta nullement l'oreille aux paroles qui tendaient à diriger son attention vers le Seigneur Jésus, le Sauveur des pécheurs. Toute sa confiance était dans les soins et les remèdes du médecin qui, disait-elle, la soulageraient et la guériraient. L'ami chrétien se retira, le coeur rempli de tristesse, en voyant une âme sur le bord de l'éternité, perdue, et n'éprouvant pas même le désir d'être sauvée.

Le mari rentra, apportant une potion qu'avait ordonnée le médecin. Il se préparait à en verser dans un verre pour la faire prendre à la malade, lorsqu'il entendit un cri perçant. Il s'approcha du lit, la fiole à la main... Sa femme rendait le dernier soupir ; un instant après, son âme était entrée dans l'éternité.

Foudroyé par cette mort inattendue, le mari tomba malade à son tour. Il ne put même suivre au cimetière la dépouille mortelle de sa femme ; et, peu de jours après, il alla la rejoindre au lieu d'où l'on ne revient pas. Il mourut sans avoir donné le moindre signe qu'il possédât la vie que Dieu donne.

Le fils restait donc seul avec tous les biens que ses parents avaient acquis. Il se maria, et donna par contrat toute sa fortune à sa femme, s'il mourait avant elle. Quelques mois à peine s'étaient écoulés qu'une maladie de poitrine l'emportait. Ainsi toute cette famille, qui n'avait vécu absolument que pour la recherche et la jouissance des biens de la terre, avait disparu de la scène de ce monde.

On pensera peut-être que ces avertissements solennels durent parler au coeur de la jeune veuve. Hélas ! quand les jours de deuil extérieur que les convenances du monde exigent, furent écoulés, les richesses, les vanités et les plaisirs de la vie reprirent sur elle tout leur empire ; elle continua à vivre comme ceux qui l'avaient précédée.

Et vous, lecteur, qui poursuivez aussi avec ardeur les biens périssables, ce récit ne sera-t-il pas pour vous un sérieux et puissant appel ? Écoutez ce que disait une fois le Seigneur Jésus-Christ à ses auditeurs que préoccupaient aussi par-dessus tout les intérêts de la terre : « Les champs d'un homme riche avaient beaucoup rapporté ; et il raisonnait en lui-même, disant : Que ferai-je, car je n'ai pas où je puisse, assembler mes fruits ? Et il dit : Voici ce que je ferai : J'abattrai mes greniers et j'en bâtirai de plus grands, et j'y assemblerai tous mes produits et mes biens ; et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens assemblés pour beaucoup d'années ; repose-toi, mange, bois, et fais grande chère. Mais Dieu lui dit : INSENSÉ ! CETTE NUIT MÊME TON ÂME TE SERA REDEMANDÉE ; et CES choses que tu as préparées, à qui seront-elles ? Il en est ainsi de celui qui amasse des trésors pour lui-même et qui n'est pas riche quant à Dieu » (Luc XII, 16-21).

Combien ils sont nombreux ceux qui, pendant toute leur vie, n'ont été occupés que de se bien établir sur la terre, et qui, tout à coup, sont surpris par la mort qui vient mettre fin à toutes leurs espérances ! Quelle perspective redoutable s'ouvre devant eux ! Il est réservé aux hommes de mourir une fois, s dit la parole de Dieu (Hébreux IX, 27) ; et après ?... Oh ! après... C'est cet avenir que l'âme inconvertie, qui n'est pas riche quant à Dieu, ne devrait envisager qu'en frissonnant. « Et après cela le jugement, » continue la même parole qui ne peut se tromper. Oui, le jugement de Dieu, du Dieu saint et juste, jugement sans appel, inexorable, qui a pour conséquence la condamnation éternelle, la seconde mort, l'étang brûlant de feu et de soufre : voilà le sort terrible de qui n'est pas sauvé.

Et qu'est-ce qui vous sépare de ce redoutable avenir, ô mon lecteur, si vous n'êtes pas un enfant de Dieu ? Tout ce qu'il y a de plus fragile, de plus incertain, de plus en dehors de votre pouvoir. Vous n'êtes suspendu sur l'abîme que par le fil de votre vie, qu'un rien peut briser au moment même où tout semble vous sourire. Et une fois passé hors de ces choses visibles et périssables auxquelles votre coeur s'attache, — pensez-y bien, tout est irrévocable.

Oh ! je vous en supplie, au nom de votre bonheur éternel, ne restez pas un instant de plus dans l'indifférence ou l'incertitude sur un sujet d'une telle importance. Pensez au réveil qui suivra le moment où VOTRE ÂME VOUS SERA REDEMANDÉE, si auparavant vous n'êtes pas sauvé, si vos péchés ne sont pas pardonnés, si vous n'avez pas encore cru au Seigneur Jésus-Christ pour avoir la vie éternelle.
Il est là, ce précieux Sauveur, prêt à vous recevoir, si, désespérant de vous-même, ne trouvantaucun moyen d'échapper au juste jugement de Dieu, vous venez à Lui. Lui-même vous appelle, en disant : « Venez à moi » (Matthieu XI, 28). Pour vous encourager, II vous montre la disposition pleine de tendresse de son coeur : « Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi » (Jean VI, 37). À tous ceux qui ont soif de pardon, de paix, d'un repos et d'un bonheur permanents, qui soupirent après ce que le monde, malgré ses belles promesses, ne peut donner, à tous ceux-là, Jésus crie, dans sa grâce : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive. » C'est de Lui seul que coulent pour l'âme les fleuves d'une bénédiction éternelle. Oh ! ne vous laissez donc pas entraîner à la poursuite des biens trompeurs de cette terre, ne laissez pas votre âme se remplir de ce qui n'est qu'un vain songe. En Jésus, le Fils de Dieu, en Lui seul, se trouve la réalité ; Lui seul ne trompe pas ; II donne LA VIE ÉTERNELLE.

Que vous le sentiez ou non, cher lecteur, il y a une chose certaine : c'est qu'un lourd fardeau de péchés pèse sur vous, et vous entraîne dans l'abîme de la perdition. Apportez-le à Jésus, que ce fardeau vous abatte à ses pieds, et vous entendrez de sa bouche ces paroles bénies : « Tes péchés te sont pardonnes. » Sinon, sachez-le, quand le jour de grâce, qui est appelé « aujourd'hui, » et non demain, quand ce jour si fugitif aura pris fin pour vous, c'est le poids accablant de vos péchés, joint au mépris que vous aurez fait du nom de Jésus, qui vous plongera dans l'étang de feu et de soufre, « là où leur ver ne meurt point et où le feu ne s'éteint pas » (Marc IX, 48).
Aujourd'hui donc, recevez le témoignage que Dieu a rendu au sujet de son Fils : CELUI QUI CROIT AU FILS A LA VIE ÉTERNELLE.



TOUT POUR CHRIST

Eh bien, Mesdemoiselles, je vous apporte des nouvelles, dit une belle jeune fille, vêtue à la dernière mode, en entrant dans une chambre où se trouvaient plusieurs jeunes personnes, ses cousines, occupées à divers travaux de leur sexe.
- Qu'est-ce que c'est, Ada ? s'écrièrent-elles toutes ensemble.
- Vous aurez peine à le croire. Elisa a fait profession de religion, répondit Ada d'un ton moitié sérieux, moitié railleur.
- Élisa ! répétèrent les autres d'un ton où se peignait la plus vive surprise.
- Comment ! dit l'aînée sérieusement, Élisa qui plaisantait toujours sur ces sujets !
- Une personne tellement à la mode, qui daignait à peine abaisser ses regards sur quelqu'un de moins bien mis qu'elle, remarqua une autre.
- Et son père, comment prend-il la chose ?
- J'ai entendu dire, répliqua Ada, qu'il l'avait renvoyée de sa maison.

Un long silence suivit ces paroles.
- Eh bien, commença brusquement la plus jeune de la famille, nous allons voir quelle réalité il y a dans la religion dont parlent tant ceux qui se vantent d'être meilleurs chrétiens que les autres. Je ne pense pas qu'il y ait dans la famille d'Élisa une seule personne religieuse. Elle aura terriblement à souffrir. Je ne voudrais pas être à sa place.
- Souffrir ! bah ! il n'y a plus de persécutions de nos jours. Ce serait chose étrange que devoir un martyr.

Ces paroles furent dites d"un ton léger par Ada, qui avait été la plus intime amie d'Elisa, et qui éprouvait une sorte d'amertume envers la jeune fille qui, elle le sentait instinctivement, ne pourrait plus jouir de sa société comme auparavant. Il ne manque pas, même de nos jours, de martyrs de persécutions religieuses, comme plus d'un exemple pourrait le montrer.
Après le départ d'Ada, ses cousines s'empressèrent d'aller faire une visite à Élisa, qui les reçut avec sa grâce accoutumée et un sourire plus doux encore que d'habitude ; mais elle était pâle et sa figure fatiguée portait les traces d'une lutte douloureuse. Quoiqu'elle ne parlât pas directement de ses nouvelles convictions et de la paix qu'elle avait trouvée, ses amies ne purent qu'être frappées du grand changement qui s'était opéré dans sa toilette, ses manières, et jusque dans sa physionomie. Elles la quittèrent avec le sentiment que sa profession n'avait pas été faite à la légère.

Élisa était fiancée. Son futur époux, Georges P., était, dans toute l'acception du mot, un parfait homme du monde. Riche, brillant, plein d'esprit, d'une intelligence cultivée, partout il était remarqué et admiré.
Quand il apprit la nouvelle qui concernait Élisa, son front s'obscurcit. Quoi ! la femme de son choix, celle qu'il voulait placer à la tête de tout le luxe de sa maison pour en être l'ornement, elle serait devenue une triste dévote ! Il ne pouvait le croire sans l'avoir entendu de sa bouche. Souffrirait-il que son salon fut transformé en une salle de prières, qu'il devînt le rendez-vous d'anciens et de ministres à la mine allongée, et de vieilles bigotes ! C'était impossible ! C'était, pensait-il, quelque ridicule plaisanterie que l'on faisait courir. Pouvait-il supposer que la fille d'Henry A., le plus avancé des libres penseurs, fût devenue une chrétienne ! Pour lui, c'était un non-sens.

Il se rendit chez elle. Son froid regard la parcourut des pieds à la tête, tandis qu'elle s'avançait et lui souhaitait la bienvenue d'une voix plus mélodieuse que jamais. Toute sa personne respirait la grâce la plus attrayante et l'aisance que donne une haute naissance ; le plus aimable sourire se dessinait sur ses lèvres, et cependant il y avait en elle je ne sais quoi d'indéfinissable qui le fit tressaillir.
Enfin, moitié riant, il raconta à Élisa ce qu'on lui avait rapporté. Un léger tremblement la saisit, pendant un moment ses lèvres refusèrent de s'ouvrir, puis, comme un éclair passa sur sa figure ; ses yeux s'illuminèrent d'un nouvel éclat, ses joues se couvrirent d'une teinte plus vive, tandis qu'elle disait : « Georges, je vous en prie, ne traitez pas cela comme une plaisanterie. Oui, grâces à Dieu, je suis chrétienne. 0 Georges ! ajouta-t-elle en posant ses mains sur son bras ; ô Georges ! c'est maintenant seulement que j'ai commencé à vivre. Si vous saviez... »

II se leva brusquement en repoussant Élisa, et, pendant quelques instants, incapable de prononcer une parole, tant était grande son irritation, il se promena avec vivacité dans la chambre ; puis, s'arrêtant devant elle, pâle et d'une voix mal affermie, il lui dit : « Avez-vous réellement l'intention de vous joindre à ces gens, et voulez-vous dire que pour eux vous abandonnerez tout ?
- J'abandonnerai tout pour Christ, » répondit-elle d'une voix basse et avec lenteur, mais d'un ton ferme et réfléchi.

Les lèvres de Georges, rigides comme l'acier, restèrent fermées un moment ; puis, d'une voix décidée, il dit : « Elisa... Mademoiselle... si tels sont vos sentiments et vos intentions, notre chemin ne peut plus être le même. »
C'était une épreuve cruelle : la jeune fille avait, on peut le dire, abrité sa vie sous la garde de l'homme qu'elle aimait. Avant qu'un amour plus élevé, plus pur, eût pris naissance dans son coeur, elle avait concentré sur Georges P. toute son affection ; faut-il s'étonner si la pensée de voir ces liens brisés faisait pâlir son visage et remplissait ses yeux de larmes ? Il s'en aperçut et changea de tactique. Il eut recours aux supplications. Il plaça devant elle la position qu'il voulait lui donner, faisant briller à ses yeux tout ? ce qui peut faire appel à un coeur de femme et avoir pour elle quelque attrait. Jamais sa voix, ses accents, ses regards ne furent plus insinuants, jamais arguments ne furent plus habilement employés pour la cause qu'il soutenait. Plus d'une fois la jeune chrétienne sentit son coeur faiblir. Seul le secours venant d'en haut put la soutenir dans cette lutte et lui donner la force de résister. Il semblait qu'il lui fût dit : « Je te donnerai toutes ces choses, si, te prosternant, tu me rends hommage. » II fallait opter. « Christ ou moi, » telle était l'alternative. Il n'y avait aucun compromis possible, c'était Christ ou lui. Et la jeune fille, nouvellement revêtue du manteau d'une foi céleste, les yeux fixés sur Celui dont l'amour rayonnait dans son coeur et illuminait ses traits pâlis, détourna ses regards du monde et de ses splendeurs, et, avec une fermeté digne des martyrs d'autrefois, elle dit : « Christ. »

Quoique rempli d'une irritation profonde devant ce qu'il regardait comme une folle obstination, Georges P. ne put se défendre d'un sentiment de crainte étrange mêlé d'admiration, à la vue de la douce figure qui était devant lui, de ce regard sérieux, de cette attitude si ferme et pourtant si modeste, éloquente par son calme même. Mais son hostilité contre la piété était si grande qu'elle ferma son coeur à la tendresse et y étouffa son amour. Pour la première fois il quitta Élisa avec toute la froideur d'un étranger.
L'engagement fut rompu, mais qui peut dire à quel prix ? Ce n'était cependant que la première épreuve pour la jeune fille ; une autre vint bientôt ajouter une seconde blessure à son coeur.

Le père d'Élisa ne lui avait jamais témoigné une grande tendresse. Mais il était fier de sa beauté, de son esprit, de son intelligence. Elle était le plus brillant joyau de sa splendide demeure ; il tenait à elle comme un avare à son trésor : elle lui appartenait. Il la fit appeler dans son cabinet d'étude, et se fit rendre par elle un compte détaillé de la manière dont elle avait été conduite à embrasser ses nouvelles convictions. Il avait entendu courir certains bruits, lui dit-il, il avait aperçu en elle un changement surprenant et qui ne lui avait pas été agréable. Elle était devenue morose, triste ; quelle en était la cause ?

C'était une épreuve grande et difficile que de se trouver en présence de ce père incrédule, au visage froid, à la parole glaciale, et là, de rendre témoignage à Christ. Mais Celui qui a promis d'être avec les siens, se tint près d'elle, et elle raconta les faits avec calme et simplicité.
- Et vous avez l'intention de continuer dans cette voie ? lui dit-il.
- Oui, mon père ; fut sa réponse, tandis qu'un rayon d'espérance se glissait dans son coeur.

Elle n'avait pas espéré son approbation, mais elle ne pouvait penser qu'il s'opposât à ce qu'elle suivît ses convictions.
- Vous savez, continua-t-il, que votre tante Eunice a longtemps désiré que vous alliez demeurer avec elle ?
- Oui, mon père, répondit-elle d'une voix défaillante.
- Eh bien, vous pouvez y aller maintenant. À moins que vous n'abandonniez ces idées absurdes et que vous ne les fouliez sous vos pieds, je ne veux pas que vous restiez sous mon toit. Soyez telle que vous l'avez été auparavant, et vous ne manquerez ni d'affection de ma part, ni du luxe dont je puis vous entourer ; mais si vous suivez votre misérable dessein, dès ce moment je ne serai plus votre père que de nom.

Et, encore une fois, bien que son coeur fût brisé, elle répéta : « Christ. »
Elle abandonna tout pour Lui, mais le combat avait été plus grand que son faible corps ne pouvait le supporter. Elle commença à décliner et à descendre lentement cette vallée, obscure pour l'homme naturel, mais pour elle pleine de la lumière que Christ y répandait.

Trop tard, lorsque sa vie était irréparablement atteinte, l'homme qui avait si puissamment cherché à l'attirer loin de Christ, vint implorer son pardon. Dans cette heure suprême, les yeux de Georges P. s'ouvrirent sur sa vie de péché, et près de celle qui allait quitter la scène terrestre pour être avec Christ, il promit solennellement de se tourner vers Dieu.
Son père aussi, tout orgueilleux et incrédule qu'il était, ne put s'empêcher de contempler avec étonnement et respect ce corps ruiné, mais où l'âme par la foi triomphait de la mort. Elle avait tout quitté pour Christ, et, à sa dernière heure, « l'Esprit de gloire et de Dieu » reposait sur elle (1 Pierre IV, 14).
Près de sa fin, elle demanda que l'on chantât l'hymne qui commence ainsi :
Rocher des siècles, c'est sur toi Que mon espoir se fonde...
Lorsque le cantique fut terminé, on entendit encore un mot, un seul, s'échapper de ses lèvres, c'était « Christ. »


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