LE
SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. IV
QUATRIÈME
ANNÉE 1877
LA MORT DE CHRIST
COMMENT ET POURQUOI
II
Nous avons vu que la mort de Christ avait
eu lieu par un effet de sa propre volonté et
de sa divine puissance ; cela nous
amène naturellement à notre seconde
question :
Pourquoi Christ a-t-Il subi la mort ? Et
d'abord, demandons-nous s'il est nécessaire
de mourir pour quitter cette terre ? Dieu
lui-même a, de bonne heure, résolu
cette difficulté ; car il enleva
Hénoc, le septième homme depuis Adam,
le prenant avec Lui dans le ciel, sans qu'il
passât par la mort. Il est
écrit : « Par la foi,
Hénoc fut enlevé pour qu'il ne
vît pas la mort ; et il ne fut pas
trouvé parce que Dieu l'avait
enlevé ; car, avant son
enlèvement, il a reçu le
témoignage d'avoir plu à
Dieu »
(Hébreux XI, 5 ;
Genèse V, 22, 24).
Plus tard Dieu manifesta sa puissance de la
même manière, en retirant à Lui
le prophète Élie, qui monta aux cieux
par un tourbillon à la vue de son serviteur
Élisée.
De plus, le Seigneur a promis d'enlever de la
terre, lors de sa prochaine venue, tous ceux qui
croient en Lui. De même qu'Hénoc et
Élie, sans passer par la mort, ils seront
ravis ensemble pour aller à la rencontre de
Jésus dans les airs
(Jean
XIV, 1-3 ;
1 Corinthiens XV, 51-53 ;
1 Thessaloniciens IV, 16, 17).
On
voit donc qu'il n'est pas absolument nécessaire de mourir pour quitter
cette terre. Pourquoi donc fallait-il que le Seigneur Jésus-Christ
terminât sa vie de dévouement et de souffrances par la mort, et par une
mort aussi terrible et aussi ignominieuse que celle de la croix?
N'était-Il pas le Fils de Dieu, le bien-aimé, l'objet de toutes les
délices du Père, absolument saint et juste? Il ne connut pas le péché.
Toutefois la mort est les gages du péché (Romains VI, 23); c'est par le
péché que la mort est entrée dans le monde, et qu'elle a passé à tous
les hommes, en ce que tous ont péché (Romains V, 12). Christ n'avait
pas de péché, et, par conséquent, Il n'était aucunement sujet à la
mort. Comment donc expliquer pourquoi Il l'a subie? Comment se rendre
compte de la malédiction de la croix? car il est écrit « Maudit est
quiconque est pendu au bois» (Deutéronome XXI, 23; Galates III, 13).
Dieu peut-Il abandonner un homme saint et juste au moment même où
celui-ci achève son service et son témoignage de dévouement pour Dieu
sur la terre? — Non. Dieu est saint et juste; Il aime les siens, et il
est écrit « L'Éternel rachète l'âme de ses serviteurs, et aucun de ceux
qui se confient en Lui ne sera détruit » (Psaume XXXIV, 22).
Écoutez cependant les paroles du Seigneur Jésus-Christ lorsqu'Il était
sur la croix, les paroles de Celui qui a pu dire aussi, en parlant de
Dieu : « Je fais toujours les choses qui lui plaisent; » et encore, en
s'adressant à Dieu son Père « Je t'ai glorifié sur la terre, j'ai
achevé l'œuvre que tu m'as donné à faire » (Jean VIII, 29; XVII, 4).
Les ténèbres avaient déjà régné pendant trois heures sur la terre
depuis la sixième heure, c'est-à-dire midi; car c'est en plein midi que
le soleil fut complétement voilé ce jour-là, et qu'une obscurité
surnaturelle envoyée de Dieu enveloppa la terre. Les hommes avaient
cloué son Fils unique sur la croix entre deux brigands. « Et vers la
neuvième heure, Jésus s'écria d'une forte voix, disant Eli, Eli, lama
sabachthani? c'est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu
abandonné? » (Matthieu XX VII, 46.)
Voilà le fait merveilleux, le fait unique dans toute l'histoire des
voies de Dieu. Dans cette heure suprême, Il abandonne celui qui est
l'objet de ses délices. Or comment expliquer cela? Voilà la question
sérieuse qui se pose devant nous, question d'une importance vitale pour
chacun de nous, chers lecteurs. Écoutez encore quelques versets du
Psaume XXII, dans lesquels le SaintEsprit annonce d'avance les
souffrances de Christ, et où l'on trouve, avec des détails propres à
nous le faire comprendre, le cri solennel que nous avons rappelé plus
haut
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné, t'éloignant de ma
délivrance, et des paroles de mon rugissement? Mon Dieu, je crie de
jour, mais tu ne réponds point; et de nuit, et je ne cesse point.
Toutefois tu es le Saint, habitant au milieu des louanges d'Israël. Nos
pères se sont confiés en toi, ils se sont confiés et tu les as
délivrés. Ils ont crié vers toi et ils ont été délivrés ; ils se
sont appuyés sur toi, et ils n'ont point été confus. Mais moi je suis
un ver et non point un homme, l'opprobre des hommes et le méprisé du
peuple. Tous ceux qui me voient se moquent de moi : ils me font la
moue, ils branlent la tête. Il s'abandonne, disent-ils, à
l'Éternel ; qu'il le délivre et qu'il le retire, puisqu'il prend
son bon plaisir en lui » (Psaume XXII, 1-8)
Voilà comment l'Esprit de Dieu exprime
l'agonie d'âme indicible que le Christ a
connue en face des moqueries des pécheurs
endurcis qui l'avaient attaché à la
croix et qui le contemplaient pendant cette heure
de souffrance.
Dieu l'avait abandonné, s'éloignant
de sa délivrance. Il criait, mais Dieu ne
répondait point. Dieu le Saint, le Juste,
avait délivré les pères
d'Israël qui s'étaient confiés
en Lui et qui n'étaient toutefois que des
hommes faibles, entachés de
péché ; mais, ce même Dieu
ne délivrait point Celui qui, même
comme homme, était absolument saint et
juste, qui souffrait de la part des hommes pour la
justice, et qui, en souffrant de cette
manière, était en butte à la
raillerie des méchants qui se moquaient de
Dieu et qui foulaient aux pieds tout sentiment pur
et saint. Pour quelle raison Dieu agit-il ainsi
à l'égard de Christ ?
Pouvez-vous y répondre, cher
lecteur ?
Invoquons toute la science humaine, toute la
justice, toutes les meilleures pensées des
plus excellents d'entre les hommes, peuvent-ils
nous expliquer ce mystère ?
Hélas ! ils restent
muets !
Ils ne sauraient quelle raison donner. Mais Dieu ne
nous a pas laissés dans le doute. Il est
écrit que Dieu a fait péché
pour nous celui qui n'a pas connu le
péché, afin que nous devinssions
justice de Dieu en Lui
(2 Corinthiens V, 21).
« Christ a souffert une fois pour les
péchés, le juste pour les injustes,
afin qu'il nous amenât à
Dieu »
(1
Pierre III, 18).
« Lui-même a porté nos
péchés en son corps sur le bois, afin
qu'étant morts aux péchés,
nous vivions à la justice »
(1
Pierre II, 24). Voilà, cher
lecteur, ce qui explique l'abandon de Christ par le
Dieu juste et trois fois saint, qui a les yeux trop
purs pour voir le mal, et qui ne peut pas regarder
l'iniquité
(Habacuc
I, 13). Christ a souffert
pour nous, c'est par sa meurtrissure que nous avons
la guérison.
Avez-vous pris devant Dieu la place d'un
pécheur perdu, et pouvez-vous joindre votre
voix de confession et de louange à ceux qui
disent au sujet de Christ : II a porté
nos langueurs, et il s'est chargé de nos
douleurs... Il a été navré
pour nos forfaits et froissé pour nos
iniquités... Nous avons tous
été errants comme des brebis ;
nous nous sommes détournés chacun en
suivant son propre chemin, et l'Éternel a
fait venir sur lui l'iniquité de nous
tous »
(Ésaïe
LIII, 4-6).
Puissiez-vous le faire dès à
présent, car Dieu a tant aimé le
monde qu'il a donné son Fils unique, afin
que quiconque croit en Lui ne périsse pas,
mais qu'il ait la vie éternelle
(Jean
III, 16).
LE CORPS BROYÉ ET LE COEUR BRISÉ
Nous avons lu, il y a quelques jours, une lettre
datée de l'Australie, dont nous donnons
ci-dessous le dernier paragraphe.
L'écrivain, tout occupé de l'oeuvre
du Seigneur, bien qu'il soit retenu sur un lit de
souffrance, ne consacre que quelques lignes d'une
lettre assez longue à parler de
lui-même et de son histoire remarquable. Nous
pensons que nos lecteurs nous sauront gré
d'avoir porté à leur connaissance un
témoignage aussi frappant de la bonté
de Dieu révélée à une
personne qui, avant l'accident qui l'a
frappée, avait vécu dans une
insouciance complète. Cet accident a
été l'occasion dont Dieu s'est servi
pour lui faire sentir son état de
pécheur et lui révéler la
grâce.
Il faut parfois de telles expériences pour
briser le coeur endurci du pécheur et
l'amener à connaître et à
saisir la grâce qui lui est offerte.
Dans une oeuvre qui a pour objet de rendre
réellement heureuse une pauvre
créature perdue en la réconciliant
avec Dieu, combien n'est-il pas étrange que
la grâce de Dieu rencontre dans le coeur une
résistance qu'elle doit vaincre pour
pénétrer. Mais il n'y a pas de
résistance qu'elle ne puisse surmonter.
Bienheureux ceux qui se rendent bientôt,
quand cette grâce les sollicite, mais
dirons-nous encore : Heureux ceux qui,
après avoir résisté, sont
finalement vaincus, même s'ils sortent
brisés de la lutte. Ils en
sortent ayant trouvé le
salut et rendant grâces à Dieu de tout
ce qu'il a fait !
EXTRAIT DE LA LETTRE
Sidney, août 1876.
... Je suis invalide depuis dix ans et dix mois.
Sur vingt-quatre heures, j'en passe vingt au lit.
C'est de là que je vous écris ces
lignes, couché sur le dos, incapable de me
tourner à droite ou à gauche sans
aide, et ne pouvant mouvoir d'autres parties de mon
corps, sinon la tête et les bras.
J'étais marin, second capitaine sur l'un des
navires à vapeur qui font le service de la
côte (en Australie). En traversant une
planche pour me rendre du quai sur le
bâtiment qui était en
réparation, mon pied se prit dans une
chaîne, et je fis une chute dans laquelle je
me brisai l'épine dorsale. Depuis ce moment,
toute la partie inférieure de mon corps,
avec les jambes, est devenue complètement
inerte et insensible. J'ai passé quatorze
mois à l'hôpital, sans sortir de mon
lit une seule fois, et toujours couché sur
le dos. Les os se sont rejoints, mais non la moelle
épinière qui avait été
littéralement broyée. J'avais de plus
à la tête une large et profonde
blessure dont subsiste encore la cicatrice
effrayante à voir.
Mais je ne puis assez bénir le Seigneur pour
cet accident qui m'est arrivé. De ce lit
où je suis comme un mort vivant, II a fait
la porte même du ciel. Il fallait que Dieu
broyât ainsi mon corps pour briser mon
coeur... Je suis encore ici-bas.
Je suppose que le divin Raffineur ne voit pas
encore son image suffisamment
réfléchie en moi. Il sait ce qui
convient. Que son saint nom soit béni
R. H.
LE GRAND TRÔNE BLANC
« Et je vis un grand trône
blanc, et celui qui était assis dessus, de
devant la face duquel la terre s'enfuit et le ciel,
et il ne fut pas trouvé de lieu pour eux. Et
je vis les morts, les grands et les petits, se
tenant devant le trône ; et des livres
furent ouverts ; et un autre livre fut ouvert,
qui est celui de la vie. Et les morts furent
jugés d'après les choses qui
étaient écrites dans les livres,
selon leurs oeuvres. Et la mer rendit les morts qui
étaient en elle ; et la mort et le
hadès rendirent les morts qui étaient
en eux, et ils furent jugés chacun selon
leurs oeuvres. Et la mort et le hadès furent
jetés dans l'étang de feu ;
c'est la seconde mort, l'étang de feu. Et si
quelqu'un n'était pas trouvé
écrit dans le livre de vie, il était
jeté dans l'étang de feu »
(Apocalypse XX, 11-15).
Bien cher lecteur ! Tout homme doit avoir
à faire avec le Fils de Dieu,
« l'homme Christ
Jésus ; » maintenant comme
Sauveur, ou dans peu de temps comme Juge,
quand le jour du salut sera passé et que
la porte de la miséricorde aura
été fermée pour toujours.
Avant que je ne passe à ce sujet solennel,
laissez-moi vous adresser
une
question : Êtes-vous venu à ce
Jésus, et avez-vous trouvé en Lui
votre Sauveur ? Son sang précieux vous
a-t-il lavé ? vous a-t-il donné
une conscience purifiée et vous a-t-il
sauvé de ce terrible jugement que nous
révèle l'Écriture, — la
seconde mort, « l'étang de
feu » ? Si vous n'avez pas encore
soumis votre coeur à Christ, je vous supplie
de venir à Lui sans retard. Ne
différez pas, vous n'en avez pas le temps.
Oh ! ayez pitié de votre âme
immortelle, ne jouez pas avec votre âme au
bord même de cet étang ardent.
Connaissez-vous l'instant où la mort vous
saisira ? Il sera trop tard alors. Venez
à Jésus. Il est maintenant assis sur
un trône de grâce et non de
jugement ; mais bientôt II se
lèvera : la miséricorde pour
vous aura fini son cours, et le jugement vous
atteindra.
Pénétrez un moment avec moi dans le
tabernacle où Dieu habitait aux jours
qu'Israël était dans le désert.
Où était alors le trône ?
— Sur le propitiatoire, au-dessus de l'arche.
— Qu'y avait-il sur ce propitiatoire, et
qu'est-ce que les chérubins y
contemplaient ? — Du sang. Oui, le sang
était là pour répondre
à ce qu'exigeait le trône, la
présence de l'Éternel. Sur ce
fondement seul, Dieu pouvait entrer en relation
avec le peuple
(Lévitique XVI).
Entrons avec le prophète Ésaïe
dans le temple
(Ésaïe
VI). Là
nous voyons encore le trône haut et
élevé. Est-ce tout ? Oh !
non. L'autel est aussi là, parlant de
grâce au pauvre prophète qui
s'était vu perdu ; faites attention
à cela. Le prophète ne
dit pas :
« Malheur à moi, car je ne suis
pas aussi bon que je dois l'être. »
Non ; il s'écrie :
« C'est fait de moi. » —
Qui lui a montré son état
désespéré ? — Le Roi
sur le trône. « C'est fait de moi,
dit-il, car mes yeux ont vu le Roi,
l'Éternel des armées. »
—Mais qu'est-ce qui rend ensuite cet homme
perdu propre à devenir le messager du
même Roi ? C'est le charbon vif qui,
pris sur l'autel, consume sa souillure.
Jean a vu une porte ouverte dans le ciel
(Apocalypse IV). Une voix s'est fait
entendre. Monte ici, lui dit-elle ; et, dans
le ciel, il voit de nouveau le trône, mais
entouré d'un arc-en-ciel. C'est le signe
assuré d'une alliance de miséricorde
pour cette pauvre terre souillée par le
péché. Signe béni !
ô pauvre pécheur fatigué,
quelle marque d'amour pour toi ! À
toutes les exigences du trône, il est fait
une réponse. La justice est satisfaite, et
Dieu, dans sa grâce, t'annonce la paix par
Jésus-Christ. Ne veux-tu pas croire et
vivre ?
Mais nous arrivons à un autre trône.
Quelqu'un y est assis pour un jugement sans
miséricorde. Toute la noirceur et la
souillure du misérable pécheur sont
là en contraste avec l'éblouissante
pureté de ce « grand trône
blanc. » 0 pécheur ! quel
doit être ton effroi ! Le tableau est
sombre en vérité, et le jugement
terrible, mais vrai. Oui, il est certain pour tous
ceux qui sont là, se tenant devant le
trône.
Lecteur, sais-tu quel est Celui de devant la face
duquel la terre et le ciel s'enfuient ?
« Oh ! dis-tu, c'est le Dieu
tout-puissant. » —Écoute-moi,
c'estun
« homme. » — Quoi !
un homme ? — Oui, l'Homme que Dieu a
destiné pour cela
(Actes XVII, 31). Je te l'ai dit,
chacun de nous doit avoir à faire avec le
Fils de l'homme, comme Sauveur ou comme Juge.
« Le Père ne juge personne, mais
il a donné tout le jugement au Fils... parce
qu'il est fils de l'homme »
(Jean
V, 22-27). Et maintenant cet
Homme s'est assis pour juger. Oh ! qui pourra
subsister devant Lui ? Est-ce toi,
pécheur, qui ne pourras t'enfuir ? tu
seras là en sa présence redoutable,
mais seulement jusqu'à ce que la sombre
liste de tes nombreux péchés
écrits dans les livres ait été
épuisée contre toi, alors tu seras
saisi par des mains puissantes et
entraîné loin de la face du Juge dans
l'étang de feu.
Mais quels sont ceux qui se tiennent en Sa
présence dans ce moment solennel ?
« Les morts ! » Pas une
seule des âmes vivifiées ;
celles-là ont eu part à la
première résurrection. Devant le
grand trône blanc se trouvent seulement
« les morts, » ceux qui ne sont
pas passés de la mort à la vie
(Jean
V, 24). Ils^ont là,
debout devant le Juge, quand les livres sont
ouverts ! La mer a rendu les morts qui
étaient en elle ; la mort et le
hadès également, et tous ces morts se
trouvent en face du grand trône blanc, dont
la splendeur fait ressortir encore plus l'horreur
de leur condition.
Pécheur, où seras-tu dans ce jour
redoutable ? Où seras-tu, toi qui
trouves qu'il est noble et viril de suivre ta
propre volonté, de tout braver, de
pécher à la
lumière du ciel, et toi aussi qui caches ton
péché dans les
ténèbres ? Te les rappelles-tu,
ces péchés commis dans le secret,
alors que nul oeil n'était là pour te
voir ? Voudrais-tu que ces souillures
ensevelies dans ton sein, ton plus intime ami les
pénétrât ? Pour tout un
monde, tu ne pourrais supporter, qu'elles fussent
exposées aux regards ? Et tu oubliais
l'oeil de Celui qui jamais ne sommeille, ni ne
s'endort. Tu te rassurais dans la pensée que
nul ne te voyait, au lieu de te souvenir de cette
parole : « Toi, ô Dieu, tu
m'as vu, » « même les
ténèbres ne me cacheront point
à toi. » Et maintenant ces
péchés scellés et
cachés dans ta poitrine, mais vus de Dieu,
enregistrés par Lui, ils vont se retrouver
au grand jour.
Que diras-tu, quand tu seras devant le trône,
ayant à rendre compte même de toutes
les paroles oiseuses que tu auras dites, et quand
tu rencontreras Celui contre qui tous tes
péchés ont été
commis ? Ah ! je te vois, pauvre
misérable créature tremblante,
accablée sous le regard du Juge, dans cette
profonde angoisse qui voudrait trouver un refuge,
et il n'y en a point ; qui voudrait crier aux
rochers et aux montagnes de tomber sur toi pour te
cacher de devant sa face, mais les rochers et les
montagnes ne sont plus ; tout a fui, et rien
ne peut te soustraire à la présence
de Celui qui est assis sur le trône.
Âme inconvertie, âme encore perdue,
oh ! pense à ceci. Le Juge est l'Homme
qui mourut pour sauver des pécheurs. Comment
soutiendras-tu sa
vue ? Ses
yeux pleins d'amour maintenant auront cessé
de te regarder avec tendresse et compassion ;
semblables à une flamme de feu, ils te
pénétreront de part en part. Sa voix
remplie de douceur ne te dira plus :
« Venez à moi, » mais tu
l'entendras, semblable au tonnerre et au bruit des
grosses eaux, proférer contre toi la
sentence terrible et irrévocable.
Penses-tu peut-être pouvoir t'excuser en
disant : O Seigneur, j'étais un homme
pauvre sur terre ; j'avais à gagner
péniblement mon pain ; mon travail
était incessant et je ne pouvais consacrer
beaucoup de temps à mon âme ?
Non, nulle excuse n'aura de valeur. Ton Juge
pourrait te dire : « Je sais ce que
c'est d'être pauvre ; j'ai foulé
ce sentier avant toi. Quand j'étais sur la
terre, je n'avais pas même un denier à
montrer à ceux qui m'interrogeaient touchant
le tribut. Oui, les renards avaient leurs
tanières, et les oiseaux du ciel
leurs nids, et moi, le Fils de l'homme, je n'avais
pas où reposer ma tête. »
Pécheur, penses-y ! Le Christ a
été dans toutes les circonstances
où tu peux te trouver. Il a eu faim et
soif ; II a souffert la fatigue ; II a
été étranger, poursuivi,
méprisé ; II a été
persécuté et mis à mort. Quand
tu seras devant Lui, dans cette unique et
solennelle entrevue, semblable à l'homme qui
n'avait pas l'habit de noces
(Matthieu XXII, 12), tu auras la
bouche fermée ; tu ne trouveras nulle
excuse à présenter.
Mais peut-être tout espoir n'est-il pas
perdu. Un autre livre est ouvert par le Juge,
— le livrede la vie. Tu
attends ; mais, hélas ! ton nom
n'y est point. D'aucun de ceux qui sont là
devant le trône, le nom ne] s'y trouve.
Quelle attente ! quelle angoisse !
« Prenez-le, dit le juge inexorable,
liez-le pieds et mains. » Et tu seras
saisi, et avec le cri du désespoir sur tes
lèvres, désespoir
éternel ! tu seras jeté dans
l'étang de feu. Oh ! quelle
pensée ! L'éternité
à passer dans les flammes, quand tu aurais
pu être dans la gloire ; être
à jamais dans les pleurs et les
gémissements, au lieu de chanter en
triomphe ; la mémoire et la conscience
sans cesse à l'oeuvre pour te rappeler les
occasions perdues, le Sauveur
méprisé, le Dieu dont tu t'es
joué ! Maintenant « la
moisson est terminée, l'été a
pris fin, » et toi, tu es
« condamné. »
O pécheur, réveille-toi ! fuis
la colère qui vient ! « Ne
regarde pas derrière toi, ne t'arrête
en aucun endroit de la plaine. » Tu n'as
pas de temps à perdre. Le hideux cavalier,
la mort, sur son coursier livide, te serre de
près ; son glaive est levé sur
ton sein, hâte-toi de courir au Sauveur. Il
t'attend les bras ouverts, tout prêt à
t'accueillir. Écoute sa voix ; II te
dit : « Viens ! » Et
ce qu'il t'offre, c'est le repos
(Matthieu XI, 28). Ne veux-tu pas
maintenant le recevoir de sa main ?
Ah ! ne dis pas : « Je ne suis
pas digne ; je ne mérite ni le repos,
ni rien de semblable ; j'ai été
un si grand pécheur ! » Je
sais tout cela. Mais le séraphin qui toucha
les lèvres d'Ésaïe avec un
charbon ardent, le fît-il parce que le
prophète était digne ? Non. La
lumière venant du trône
lui avait montré sa
souillure ; il reconnaît que c'en est
fait de lui ; mais la grâce vient
à ceux qui sont perdus et à eux
seuls. Christ est-il mort pour ceux qui avaient
quelque mérite ? — Non, mais pour
des impies, des pécheurs, des ennemis
(Romains
V, 6, 8, 10). Grâce
ineffable ! Il est mort pour le
pécheur ! Est-ce là ce
que tu es ? Alors il est mort pour toi, et
Lui-même te dit : « Celui qui
Croit en moi a la vie éternelle »
(Jean
VI, 47).
Maintenant donc, ô pécheur ! si
tu viens devant le trône, et que là,
dans la lumière de la sainteté de
Dieu, tu te voies vil, souillé, perdu,
oh ! rends grâces à Dieu, car
là se trouvent aussi le sang, l'autel et
l'arc-en-ciel pour t'annoncer la
bénédiction. Le sang de Christ
satisfait à tout ce que Dieu exige ; si
tu trouves ton repos là où Dieu
trouve le sien, tu es sauvé, et jamais tu ne
paraîtras devant le grand trône blanc.
« Celui qui croit... ne viendra pas en
jugement, mais il est passé de la mort
à la vie »
(Jean
V, 24).
Mais si tu ne viens pas à Jésus, si
tu ne trouves pas en Lui ton repos, sache-le, dans
peu de temps, II prendra sa place sur le grand
trône blanc, le trône du jugement. Tu
paraîtras devant Lui comme Juge, tu
l'entendras prononcer ta sentence, tu seras banni
loin de Lui dans les ténèbres de
dehors, et ce sera pour jamais !
Ah ! veuille le Seigneur, dans sa grande
miséricorde, te réveiller, te
convaincre profondément de ton état
de péché et de ruine, et te faire
sentir le besoin que tu as d'un Sauveur. Puisses-tu
être amené à
trouver en Jésus tout ce qu'il faut à
ton âme pour le temps et
l'éternité !
Puisses-tu venir à Lui aujourd'hui, pendant
qu'il en est encore temps. À Lui en sera
toute gloire !
LE SALUT EST-IL FACILE À
OBTENIR ?
DIALOGUE
- Que faut-il que je fasse pour être
sauvé ?
- « Crois au Seigneur Jésus-Christ
et tu seras sauvé »
(Actes XVI, 31).
- Est-ce là tout ? N'ai-je donc rien
à faire ?
- Non, absolument rien. Que répond le
Seigneur Jésus à ceux qui lui
demandent : « Que ferons-nous pour
faire les oeuvres de Dieu ? » Il
dit : « C'est ici l'oeuvre de Dieu,
que vous croyiez eu celui qu'il a
envoyé »
(Jean
VI, 28, 29).
- C'est bien simple, en effet ; mais je ne
puis m'empêcher de trouver que c'est un moyen
trop facile. J'ai peine à admettre que Dieu
n'exige rien de moi pour me recevoir en
grâce.
- Il n'exige rien. Il remet gratuitement toutes les
fautes. Il ôte tous les péchés
de ceux qui croient en son Fils.
- Mais n'est-ce pas là passer bien
légèrement sur le
péché ? Dieu n'a-t-il pas les
yeux trop purs pour voir le mal, et peut-il tenir
le coupable pour innocent ?
- Ce que vous venez de dire en dernier lieu est
parfaitement vrai. Il faut que les exigences de la
sainteté et de la justice divine soient
maintenues ; mais
s'il n'en
coûte rien au pécheur pour être
sauvé, parce qu'il ne pouvait rien donner,
n'allez pas croire qu'il n'en ait rien
coûté à Dieu.
Examinons à la lumière de la Parole
de Dieu si le péché est à ses
yeux une chose de peu de conséquence, et
quel est le prix auquel il a payé le droit
de faire maintenant grâce librement et
gratuitement, même aux pécheurs les
plus vils.
Quels sont, d'après les Écritures,
les gages du péché ?
- C'est la mort
(Romains VI, 23).
- Très-bien. L'apôtre Paul dit
encore : Par un seul homme, le
péché est entré dans le monde,
et par le péché, la mort, et ainsi la
mort a passé à tous les hommes, en ce
que TOUS ont péché
(Romains
V, 12). Vous êtes donc
sous cette sentence de mort, vous pécheur.
Pouvez-vous y échapper en faisant dès
aujourd'hui les oeuvres les plus excellentes et les
plus nombreuses possibles ?
- Non, assurément.
- Il faut donc que vous subissiez la mort et toutes
les conséquences qui la suivent. Or,
« après la mort, le
jugement, » car Dieu amènera toute
oeuvre en jugement ; ou bien il faut qu'il y
ait un moyen par lequel Dieu, sans cesser
d'être juste, puisse vous épargner.
Or, ce moyen, Dieu, dans son amour et sa sagesse,
l'a trouvé. Dieu a envoyé dans ce
monde de péché son Fils unique plein
de grâce et de vérité. Tel II a
marché au milieu de la
méchanceté des hommes
pécheurs.
Puis, comment sa vie a-t-elle pris fin ?
- Sur la croix.
- Oui. Christ a souffert la mort la plus
ignominieuse. Chose étrange ! avait-Il
donc commis le péché, puisque les
gages du péché, c'est la mort ?
Dieu nous préserve d'une telle
pensée !
Christ était pur, innocent, sans souillures,
le saint et le juste, en la bouche duquel il n'a
pas été trouvé de
fraude ; en Lui Dieu le Père trouvait
toujours son plaisir. Comment donc a-t-Il pu subir
la mort ?
- C'est qu'il est mort pour nous.
- Oui, en effet, II s'est chargé de nos
péchés ; II s'est mis à
la place du pécheur ; II a
été fait péché pour
nous ; et, dès lors, telle est la haine
de Dieu contre le péché, que Celui
qui n'avait pas connu le péché, a
été abandonné de Dieu sur la
croix et a dû mourir en subissant la peine
due aux péchés dont II s'était
chargé.
N'est-ce pas un fait qui dépasse tout ce que
l'homme aurait pu imaginer ?
Ah ! jetez un regard sur la croix, et apprenez
là ce que c'est que le péché
aux yeux de Dieu. Croyez-vous que Dieu passe
légèrement dessus ? Sa
sainteté n'apparaît-elle pas dans
toute sa majesté, puisqu'il n'épargne
pas son Fils fait péché pour
nous ? Si le salut ne coûte rien au
pécheur, ne voyez-vous pas tout ce qu'il a
coûté à Dieu ? Quel amour
que celui qui donne ainsi tout ce qu'il a de plus
cher ! Quel amour dans le Fils qui se livre
à la mort en portant nos
péchés, afin d'accomplir la
volonté de Dieu !
- Oui, je le vois, mais cela ne me dit pas encore
pourquoi je n'ai rien à
faire.
- Que feriez-vous ? Voudriez-vous, dans votre
impuissance, aider Dieu ? La croix vous montre
l'horreur du péché et comment Dieu le
juge. Dieu vous fait connaître là que
sa sainteté ne peut le tolérer, que
sa justice le punit dans la personne du juste qui
se met à la place des injustes ;
maintenant que voudriez-vous faire ?
Qu'ajouterez-vous à ce prix dont Dieu a
payé la rançon des
transgresseurs ?
- Je comprends qu'il n'y a rien à ajouter
à ce prix : pourtant tous les
hommes ne sont pas sauvés. N'y a-t-il pas
quelque condition à remplir pour avoir la
vie éternelle ?
- Point d'autre que de recevoir le salut que Dieu
vous offre et qu'il peut vous donner gratuitement
sans cesser d'être juste, parce que
Jésus-Christ, en versant son sang, a
pleinement satisfait à tout ce qu'exigeait
la justice de Dieu.
- Vous dites que Dieu peut justifier un
pécheur sans cesser d'être
juste ?
- La Parole de Dieu nous dit même davantage,
savoir : qu'il justifie le pécheur
croyant, parce qu'il est juste. Il est dit
que Dieu est juste et justifiant celui qui est de
la foi de Jésus
(Romains
III, 26).
- Mais la foi en Jésus ne suppose-t-elle pas
une certaine préparation de coeur, une
oeuvre à faire ?
- Cher ami, il est évident qu'il y a chez
vous une grande répugnance à
confesser la vérité et à
déclarer, ainsi que le disent les
Écritures, que vous êtes
déjà perdu. Vous voudriez
faire quelque chose, mais
écoutez ce que dit la parole de Dieu :
« Christ, alors que nous étions
encore sans force, au temps convenable, est
mort pour des impies »
(Romains
V, 6). « Vous
étiez morts dans vos fautes et dans
vos péchés »
(Éphésiens II, 1). Voilà
l'état de l'homme naturel, voilà le
vôtre : impie, sans force et mort.
Un être impie pourra-t-il faire
quelque chose d'agréable à
Dieu ? Comment celui qui est sans force
se délivrera-t-il des chaînes d'un
ennemi puissant ? Un mort peut-il
connaître Dieu et agir pour Lui ? Mais
c'est pour cela que Christ est mort et qu'il est
ressuscité, afin de nous sauver, de nous
vivifier, de nous affranchir du jugement, de la
mort et de la puissance du diable. « Nous
avons la rédemption par son sang, la
rémission des fautes selon les richesses de
sa grâce. »
Cessez donc de penser qu'il y ait quelque autre
chose à faire que de prendre la place que la
Parole de Dieu indique comme étant la
vôtre : celle d'un pécheur perdu,
et recevoir la grâce que Dieu vous
présente dans son amour ; puis l'ayant
reçue et étant créés
dans le Christ Jésus, vous pourrez marcher
dans les bonnes oeuvres que Dieu a
préparées (Éphésiens
II, 10).
FRAGMENT
Le Seigneur tient plus particulièrement
compte de nos motifs que de nos
oeuvres ; c'est la pureté
de nos motifs qui fait la qualité
de nos oeuvres.
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