Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



L'HOMME BANNI D'EDEN



MÉDITATION IX.

L'EXIL.

« Et l'Éternel Dieu dit : Voici, l'homme est devenu comme l'un de nous, sachant le bien et le mal ; mais maintenant il faut prendre garde qu'il n'avance sa main, et aussi qu'il ne prenne de l'arbre de vie, et qu'il n'en mange et ne vive à toujours. Et l'Éternel Dieu le mit hors du jardin d'Eden pour labourer la terre, de laquelle il avait été pris. Ainsi il chassa l'homme et mit des chérubins vers l'orient du jardin d'Eden, avec une lame d'épée qui tournait ça et là pour garder le chemin de l'arbre de vie. » Gen. III, 22-24.

Arrivés au terme de nos méditations, il nous reste à voir le dénouement de ce drame de bonheur et d'innocence, de séduction et de chute, de jugement et de punition qui s'est successivement déroulé sous nos yeux. Nous allons voir Adam privé de l'accès à l'arbre de vie, exclu de sa demeure, éloigné des lieux où il avait puisé la vie à sa véritable source, jetant peut-être un dernier et douloureux regard sur cet Éden de l'Éternel qu'il a perdu sans retour. Cédons, nous aussi, au besoin qu'il éprouve. Tournons-nous encore une fois Vers Éden pour en rappeler à notre souvenir les scènes mystérieuses et instructives. Mais hélas ! Si nos regards aiment à se reporter encore une fois sur la créature de Dieu innocente, pure, heureuse, nous voyons bientôt s'en approcher le séducteur avec toute l'influence ténébreuse de l'enfer, nous entendons ses questions insidieuses, ses dénégations de la vérité de Dieu.

Le doute est entré dans le coeur de la femme ; elle balance incertaine entre deux influences et sur le bord de l'abîme.... Elle y tombe et entraîne dans sa chute Adam et sa malheureuse postérité. L'Éternel ne punit pas sa Créature aussitôt après la révolte ; il laisse le temps à la repentance qu'il sollicite par des questions propres à réveiller dans le coeur de l'homme la conscience de son crime. Mais Adam, qui a perdu sa première innocence, au lieu de l'amour d'un fils n'éprouve plus devant Dieu que la crainte d'un esclave ; il tremble, il est confus et pourtant il ne connaît point encore l'humilité !
La sentence de condamnation tombe enfin de la bouche du juste Juge ; la terre est maudite ; sa beauté est flétrie ; Éden va être réduit en désert ; sous les coups de la malédiction divine la félicité se change en amertume ; l'homme séparé de la source de vie s'avance à travers une longue suite de travaux, de misères, de souffrances vers la dissolution de la tombe ; son âme ne peut périr, mais elle est sous la malédiction ; elle a perdu la faveur, l'amour et la communion de son Dieu. L'homme qui voyait dans la beauté de la création, dans tous les objets qui l'entouraient des preuves de la tendre bienveillance d'un Père, ne voit plus que des marques de son indignation et de sa juste colère.
Mais je me trompe ; au sein de ces sombres nuages brille une faible lumière ; les malédictions du Très-Haut renferment une bénédiction pour l'avenir de l'homme ; une promesse mystérieuse accompagne la sentence prononcée sur l'auteur du mal ; sa puissance sera anéantie dans la suite des temps ; l'influence qu'il a usurpée sur l'homme lui sera enlevée par la postérité de la femme. Ainsi un Dieu miséricordieux prévient en l'homme le désespoir de sa position par une lointaine, mais consolante espérance. O amour de Dieu ! La postérité d'Adam, tout en partageant sa condamnation et ses misères, trouvera un remède à côté du mal, la bénédiction et la vie seront encore le partage de ceux qui ne devaient s'attendre qu'à la malédiction et à la mort !

Cependant comme Dieu ne peut cesser d'être juste, comme sa loi ne saurait être impunément foulée aux pieds, il faut que la sentence prononcée s'exécute dans toute sa rigueur. Dieu Éternel ! C'est donc ta sainteté et ta justice que nous allons contempler aujourd'hui, c'est ton horreur pour le péché, c'est la preuve que tu ne tiens pas le coupable pour innocent ! Oh ! remplis-nous en ta présence de crainte et de tremblement ! Apprends-nous combien « c'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant », en sorte que nous nous sentions pressés de fuir la colère à venir et de chercher un refuge dans tes miséricordes en Jésus qui est notre unique espérance !

Le sujet de la méditation de ce jour est difficile à plusieurs égards, quoique très instructif. Et d'abord, quant au sens des premières paroles :
Voici, l'homme est devenu comme l'un de nous, sachant le bien et le mal, trois interprétations différentes se disputent l'admission dans nos opinions.

La plupart des commentateurs ont vu dans ces mots de l'Éternel une ironie par laquelle Dieu, en disant qu'Adam était devenu semblable à l'un des Êtres divins de la Sainte-Trinité, voulait pour l'humilier lui rappeler que telle avait été sa folle ambition en prêtant l'oreille à la mensongère promesse du tentateur : Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.
Comme une tournure ironique dit précisément le contraire de ce que comportent les termes, l'Éternel aurait ainsi fait comprendre à l'homme déchu la folie et le crime de son orgueilleuse prétention. Quelle divinité que la tienne ! Quelles prérogatives tu t'es acquises en désobéissant à ton Dieu pour obéir au démon ! Tu prétendais à la divinité, tu voulais connaître par une fatale expérience le bien et le mal, et te voilà, ô infortuné ! le voilà dépouillé d'innocence et de gloire, te voilà souillé, séparé de ton Dieu, condamné, plongé dans un abîme de misère, de ténèbres, d'ignorance.
Vraiment voilà l'homme comme l'un de nous !
Vraiment il sait le bien et le mal ! - Bien que Dieu, dont le caractère et les perfections nous sont quelquefois représentés à la manière des hommes, puisse, selon l'Écriture, « se rire » de ceux qui ont l'orgueilleuse folie de se révolter contre lui ; bien qu'il nous soit dit que l'éternelle sagesse « se rira de leur calamité » ; bien que les hommes de Dieu enfin aient souvent employé l'ironie la plus amère, comme Élie envers les prophètes de Bahal, Esaïe envers Israël idolâtre.

Bien qu'ainsi il n'y ait rien d'indigne de Dieu dans cette forme de langage humain si propre à humilier l'orgueilleux, nous ne pouvons pas toutefois admettre l'interprétation proposée de ce verset, II y a ici un trop grand abîme de misères à révéler à l'homme et à sa postérité pour que Dieu l'instruise par l'ironie. Non, non ! Celui par qui toutes choses ont été faites, celui qui, dans les jours de son incarnation, pleurait sur les malheurs de Jérusalem coupable aurait bien plutôt pleuré sur sa créature en Eden, si déjà il avait été revêtu de l'humaine nature et connu les larmes de la compassion !

Une autre interprétation fort ingénieuse a été proposée, d'après laquelle ces mots : l'homme est devenu comme l'un de nous, auraient rapport à la promesse évangélique faite par Dieu au verset XVe de notre chapitre et aux vues de rédemption qu'il avait sur l'homme. L'homme élu en Christ dès la fondation du monde, racheté par un Sauveur promis en Éden, devient un avec lui, est rendu participant de la nature divine, est introduit dans une connaissance parfaite et expérimentale du bien et du mal. Ainsi, il serait parfaitement vrai de dire que l'homme est devenu comme l'un des êtres de l'essence divine, comme Dieu ; ainsi la promesse mensongère du démon serait, malgré lui, devenue littéralement vraie. « O profondeur de la sagesse et de l'amour de Dieu ! que ses jugements sont incompréhensibles et ses voies impossibles è sonder ! » - Malgré tout ce que cette interprétation (que nous soumettons à vos réflexions) a de plausible et d'attrayant, nous préférons peut-être en tenter une troisième qui nous paraît la plus simple.
Elle consiste à traduire ainsi ce passage : Voilà l'homme QUI ÉTAIT comme l'un de nous, c'est-à-dire qui avait été créé à notre image, selon notre ressemblance, pour connaître le bien et le mal. Et ainsi cette version qui, loin d'être forcée ou contraire à l'hébreu, y est décidément la plus conforme, cette version nous montrerait une exclamation de tendre compassion et de regret de la part de Dieu à la vue de sa créature déchue. Le voilà donc cet homme créé comme l'un de nous, formé à notre ressemblance, cet homme naguère si innocent, si pur, si heureux, auquel j'avais donné une existence digne de l'envie des anges ; le voilà tel que le péché l'a fait ! Le voilà rebelle, déchu, souillé ! Le voilà honteux, misérable, fuyant l'approche de son Dieu qu'il aimait par-dessus tout ! Le voilà chargé du poids d'une juste malédiction ! Le voilà malheureux et condamné à léguer à tous ses descendants une triste existence comme la sienne ! O misères affreuses du péché ! O folie, ô crime de ma créature !

Mes frères ! souvenez-vous que vous aussi, pécheurs comme Adam, condamnés comme Adam, êtes comme lui les objets de cette tendre compassion de votre Dieu « qui ne veut pas la mort du pécheur » et dont « le châtiment et l'oeuvre étrange » de votre Dieu, qui même en condamnant se souvient d'avoir compassion ; de votre Sauveur qui pleurait sur la plus coupable des villes en lui annonçant les terribles châtiments dont Dieu devait punir ses crimes.
Ah ! nous vous en conjurons donc, que ce ne soit pas en vain que Dieu a compassion de vous ! N'attendez pas pour vous tourner vers lui que sa compassion ne puisse plus être efficace ; n'attendez pas que, traduits en jugement, condamnés dans votre endurcissement et dans vos péchés, prêts à être envoyés dans les ténèbres du dehors où il n'y a plus d'espérance, le souverain Juge au lieu de vous dire, comme aux rachetés de Christ : « Entre dans la joie de ton Seigneur », ait à vous dire comme à Adam : Le voilà cet homme qui aurait pu être comme l'un de nous, cet être à qui j'avais donné un sauveur et toutes choses avec lui, cet être que j'avais pressé d'être réconcilié avec moi, de recevoir mon Esprit, d'être fait participant de la nature divine, l'héritier de mon royaume éternel, le voilà tel que le péché l'a fait, Le voilà avec les souillures de sa vie ; le voilà sans sauveur, le voilà perdu sans retour ! Ah ! souvenez-vous que si un Dieu saint et juste a compassion même en condamnant, il condamne même en ayant compassion !

Maintenant donc, ajoute le texte, maintenant de peur qu'il n'avance sa main et qu'il ne prenne aussi de l'arbre de vie, et qu'il n'en mange et ne vive à toujours.... L'Éternel Dieu le mit hors du jardin d'Eden.
Avant d'exposer cette dernière partie de notre texte, disons en peu de mots ce qu'était l'arbre de vie. Sans rapporter ici les diverses opinions des hommes, il nous semble évident que nous ne devons voir dans cet arbre, réel d'ailleurs, qu'un symbole. L'arbre de la connaissance du bien et du mal était, comme nous l'avons vu précédemment, l'objet extérieur auquel Dieu avait attaché son commandement, l'objet au moyen duquel l'homme connaîtrait le bien par l'obéissance, le mal par la violation du commandement qui s'y rattachait et par le triste contraste avec le bien. L'arbre de vie est le symbole de même nature. Il n'avait pas dans ses feuilles la propriété de maintenir la santé ou de communiquer la vie ainsi qu'on l'a faussement prétendu, pas plus que l'arbre de la connaissance n'avait en soi la vertu d'être nuisible au corps ou à l'âme de l'homme : La vie était en Dieu ; « En elle était la vie », nous dit saint Jean racontant la gloire éternelle de « la Parole qui était au commencement ».
C'était donc en Dieu seul que l'homme devait puiser la vie, une vie à laquelle rien ne pouvait nuire tant qu'il restait attaché à la source de l'existence, une vie qui devait être éternelle. Mais Dieu, dans sa bonté, voulut donner à l'homme un symbole visible, un gage de cette vie éternelle qu'il pouvait puiser en son Créateur. Dieu voulut que toutes les fois qu'Adam mangerait des fruits de cet arbre, il eût un témoignage matériel, parlant même à ses sens, que c'était Dieu à qui il devait l'existence et qui la lui maintenait par pure grâce. C'est de la même manière que notre bon Sauveur qui est pour tous les fidèles la source de la vie spirituelle, a voulu leur laisser un gage, un symbole visible de cette vie, le pain et le vin de la cène que nous sommes appelés à manger et à boire pour recevoir ainsi Christ eu nous, comme Adam devait recevoir en lui la vie de Dieu en mangeant de l'arbre de vie.

Mais maintenant que l'homme est sous une sentence de mort, qui va s'exécuter ; de mort spirituelle, par la séparation de son âme d'avec Dieu qui est la source de la vie ; de mort physique aussi, parce que là où est le péché, là est un principe de destruction, maintenant Dieu va lui ôter le symbole de la vie, le gage de son immortalité.
Les paroles du texte : Qu'il n'avance sa main, qu'il n'en mange et ne vive à toujours ne signifient pas qu'en mangeant de l'arbre de vie, l'homme eût pu vivre contrairement à la sentence que l'Éternel avait prononcée contre lui ; mais cette privation même du symbole extérieur était une partie nécessaire ou une conséquence du châtiment qui est infligé à l'homme.
À quoi sert le symbole quand la réalité n'existe plus ? À quoi sert le signe quand la chose signifiée est détruite ? Qu'Adam ne se berce donc plus de la vaine espérance qu'en ayant accès à l'arbre de vie, il possédera encore la vie ! Cet arbre, il va s'en éloigner sans retour, sortir d'Éden, et marcher vers la tombe.


Mes frères ! mes frères pécheurs ! postérité déchue d'Adam ! vous le dirai-je ? Si vous n'êtes point encore revenus à la source de la vie, si vous êtes encore spirituellement « morts dans vos fautes et dans vos péchés », si malgré le moyen que Dieu a trouvé dans son amour pour vous rendre à la vie des cieux en vous unissant par la foi à Christ qui est la vie, vous êtes encore disciples du monde et non de Christ...
Oui, je le dirai, je voudrais qu'à vous aussi fût enlevé l'arbre de vie ; je voudrais que, tant que vous ne vous êtes pas tournés de coeur vers Dieu, vous n'eussiez à votre portée aucun de ces symboles extérieurs de religion, d'union avec Dieu, sur lesquels vous vous reposez follement pour avoir la vie !
Mieux vaudrait pour vous que jamais la cène du Seigneur ne fût dressée devant vous ; vous ne pourriez pas y porter une main téméraire tant que votre coeur n'éprouve qu'indifférence pour ce Sauveur que vous y faites profession d'adorer et d'aimer !

Mieux vaudrait que vous n'eussiez pas cette Bible que vous ne lisez pas, ou que vous lisez comme une tâche pharisaïque, ou pour y chercher à vous rassurer dans vos péchés et dans votre propre justice !
Mieux vaudrait pour vous que ces chaires évangéliques restassent muettes, que ces temples fussent démolis, que tous ces dehors d'un culte sans vie et d'une religion sans esprit et sans puissance fussent anéantis !
Vous ne viendriez plus vous y méprendre, vous y aveugler vous-mêmes par de fatales illusions, et aggraver votre condamnation devant Dieu... Ah! si vous ne voulez pas vous convertir de coeur au Seigneur, si vous ne voulez pas vous unir sincèrement à Christ qui est la vie éternelle, fuyez, fuyez comme Adam loin de l'arbre de vie ! En vain voudriez-vous vous endormir à son ombre, en vain voudriez-vous en goûter les fruits, vous y trouveriez la mort. Désertez ces temples, déposez le nom de chrétiens que vous avez usurpé, cessez d'avoir « le bruit de vivre tandis que vous êtes morts ! » Ou plutôt, ah ! plutôt, venez à Celui qui est la vie, qui peut vous donner la vie et qui la donne même avec abondance. Vivez, vivez pour Dieu ! vivez en Jésus !

Et l'Éternel Dieu le mit hors du jardin d'Éden ; ainsi il chassa l'homme et mit des chérubins vers l'orient du jardin avec une épée flamboyante qui se tournait ça et là, pour garder le chemin de l'arbre de vie.
Ce n'est donc point assez que l'accès à l'arbre de vie soit fermé à l'homme coupable, ni qu'un chérubin, être mystérieux et probablement symbolique souvent décrit par Ézéchiel, brandisse à ses yeux l'épée flamboyante de la justice divine, afin de lui rappeler sans cesse son crime, sa chute et l'impossibilité où il est de regagner par lui-même la source de vie ; - il faut encore qu'il dise un éternel adieu aux délicieuses campagnes d'Éden, aux lieux sacrés où l'Éternel conversait avec lui comme un ami avec son ami :
L'Éternel le mit hors du jardin, l'Éternel chassa l'homme.

Voilà donc le dernier acte du récit mosaïque que nous méditons depuis quelque temps ! Voilà l'homme banni d'Éden ! Voilà l'exil le plus déchirant qui jamais ait été prononcé contre un homme ! Nous comprenons votre douleur et vos larmes, ô infortunés que l'arrêt inexorable des lois arracha à toutes les douceurs du sol chéri où s'écoula votre enfance, à toutes les joies d'une famille et d'amis tendrement aimés, à tout le charme indicible des lieux où vous avez appris à sentir et à aimer, pour vous jeter dans quelque climat sauvage où les privations les plus dures sont les moindres de vos maux et où vous languissez plus que vous ne vivez. - Mais que sont vos misères comparées à celles de notre premier père sortant d'Éden à la voix de son Juge, pour aller errer avec sa malheureuse compagne dans les contrées désertes d'une terre maudite !
O délices d'Éden, vie de l'innocence et de l'amour, charme des lieux où l'Éternel se communiquait à l'âme, où tout était beauté ravissante au dehors, harmonie et paix au dedans, faveurs de Dieu, bonheur de son amour et de sa présence, vous êtes perdus pour jamais ! Regrets amers ! misère profonde ! Oh ! si Adam pouvait retrouver encore les chemins d'Éden ! si l'épée flamboyante de la justice éternelle n'étincelait plus.

Mais non, je me trompe, mes frères, Adam ne peut plus même désirer le séjour d'Éden, et c'est là le comble de sa misère ! Pour l'homme tombé, Éden n'a plus ni gloire, ni attrait, ni bonheur.
Qu'importent les beautés de la première demeure de l'homme ? - son coeur, privé d'innocence et de paix, ne saurait plus en jouir.
Qu'importe la magnificence de l'Éternel qui resplendit dans ses oeuvres ? - l'homme est dépouillé et honteux. Qu'importe qu'il voie encore sur sa tête l'azur des cieux et la lumière dont ils étincellent quand les ténèbres règnent dans son âme, quand de sombres nuages lui dérobent la gloire du Très-Haut ?
Qu'importe le concert de louanges que font monter vers les cieux tous les êtres créés ? - il n'y a plus dans le coeur de l'homme que désharmonie, déchirement, douleur.
Qu'importe la richesse et l'abondance qui remplissent Eden ? - l'homme est pauvre, misérable et nu.
Qu'importe l'arbre de la connaissance ? - l'homme y voit un témoin accusateur de son crime.
Qu'importe l'arbre de vie ? - l'homme y lit sa sentence de mort.
Qu'importe même la présence de Dieu ? - l'homme ne voit plus en lui qu'un juge ; il n'éprouve plus devant lui que la crainte d'un esclave, la honte d'un coupable, la terreur d'un condamné. Il a fui à la voix de Dieu ; il est allé cacher son ignominie dans les arbres du jardin. Fuis, Adam ; fuis loin de ton Dieu, loin d'Éden dont le péché a fait pour toi un séjour de misères ; fuis, que les portes d'Éden se ferment sur tes pas, que l'épée flamboyante t'en défende à jamais l'entrée !

O mes bien-aimés frères ! que le péché est une horrible chose devant Dieu ! que les fruits en sont amers ! que les effets en sont désastreux ! Ah ! vous connaissez donc bien peu le péché, vous qui vous bercez de la folle espérance d'être admis en présence de Dieu ; dans l'éternité sans y être préparés par les moyens de grâce et de sanctification que nous offre l'Évangile ! Le péché ferait pour vous de ce nouvel Éden, comme du premier, un séjour de misère. Oui, s'il était possible que, chargés de vos péchés, sans pardon, sans conversion, vous pussiez être admis dans le ciel, le ciel pour vous serait l'enfer !

Mais rien de souillé ne saurait subsister devant Celui « qui a les yeux trop purs pour voir le mal », voilà pourquoi Adam est banni d'Éden, exclu de la présence de Dieu. Il s'est lui-même détaché de la source de la vie ; il a brisé les liens qui l'unissaient à son Créateur ; il a voulu être sa loi à lui-même en foulant aux pieds la loi suprême de son Dieu ; maintenant donc qu'il aille essayer hors d'Éden, et en labourant avec peine une terre maudite, son nouveau mode d'existence ; qu'il aille vivre sans Dieu, sans sa communion, sans sa grâce ! Vivre sans Dieu, sans celui qui remplit les cieux et la terre, et en qui seul nous pouvons avoir, soit pour le corps, soit pour l'âme, « la vie, le mouvement et l'être ».
Une telle existence est un non-sens, une telle vie est la mort même. - Aussi, mes frères, que l'exil d'Adam nous explique l'état actuel de l'homme. Qu'il vous dise pourquoi l'homme naturel vit sans Dieu dans le monde, « sans vie spirituelle », sans amour pour Dieu ; pourquoi, loin de rechercher l'Éternel, « il ne se soucie point de le connaître », ne reçoit pas sa loi divine comme règle de son existence ; pourquoi au contraire il semble prendre son plaisir à offenser Celui dont il a tout reçu, à vivre dans le péché, dans la souillure, dans l'oubli de Dieu, comme dans son élément naturel ; pourquoi, lors même que Dieu dans sa miséricorde. infinie condescend à le chercher, à l'appeler à lui, à le prévenir par un amour incompréhensible, il refuse trop souvent d'écouter sa voix, méprise sa Parole et les invitations de sa grâce, endurcit son coeur et persiste dans la rébellion.

Que l'exil d'Adam nous explique l'énigme insondable d'un monde plongé dans le mal, d'un monde dont les maux semblent accuser la Providence, d'un monde rempli de péchés, de crimes, d'injustices, d'animosités, de guerres, de meurtres. Que ce fait nous explique les contradictions, les déchirements continuels d'une vie dont le péché a empoisonné la source et détruit les rapports avec Dieu !
Que ce fait nous explique la douleur qui a envahi l'existence humaine, les souffrances sans nombre, qui sont le fruit de la désharmonie de l'homme avec lui-même et avec son Dieu ! Que ce fait nous explique les maladies et la mort, enfin la mort, abîme insondable aux spéculations de la sagesse humaine et qui s'est trouvé ouvert sous les pas de l'homme, dès qu'il fut banni d'Eden !

Ah ! mes frères, avouez-le ; nous aussi nous sommes bannis d'Éden, ou plutôt nous sommes nés dans la terre de l'exil, le sort d'Adam est devenu le nôtre ; il nous a légué ce triste héritage de péché, de corruption, de misère, de mort ! Que des théologiens écrivent des milliers de volumes pour prouver ce qu'ils ont appelé le péché originel, que d'autres encore en écrivent autant pour le nier ; quant à nous, nous réduirons à deux mots, ou, si l'on veut, à deux faits, toute cette triste doctrine ; je veux dire le sentiment amer d'un coeur misérable, naturellement éloigné de Dieu, plein d'aversion ou d'indifférence pour ce qu'il devrait aimer par-dessus tout, et l'état actuel du monde.

Descendez dans votre coeur, jetez les yeux sur la société humaine et vous en saurez plus sur ce sujet que si vous aviez fouillé tous les livres et examiné tous les systèmes. Après cela, si vous pouvez encore nier voire chute et votre exil, autant vaudrait nier votre existence même et la lumière qui vous éclaire.
Les nier, hélas ! pauvre mortel ! Ce soupir qui s'échappe de votre coeur inquiet prouve à lui seul que vous n'êtes pas dans votre patrie. Ce sentiment douloureux d'imperfection et de misère morale, qui vous suit même dans les meilleurs et les beaux moments de votre vie, vous crie aussi : pauvre exilé ! pauvre pécheur !
Nous demandez-vous une preuve plus tristement persuasive ? La mort vient de frapper dans vos bras un objet de vos affections ; un voile livide a recouvert ses traits décomposés que vous aimiez tant à contempler ; la corruption (mot affreux !) s'est emparée de cet être naguère brillant de jeunesse, de force, de beauté ; tout ce qui en reste va se confondre avec la vile poussière que vous foulez aux pieds ; votre âme, angoissée et souffrante, s'échappa involontairement hors de sa prison, ses désirs s'élancent vers l'infini après l'objet qu'elle a perdu...
Pauvre exilé ! pauvre créature. déchue ! vous faut-il d'autres preuves ?
Frappé dans un moment de réflexion de la responsabilité qui pèse sur vous, vous vous mettez à examiner votre vie ; vous y voyez une suite non interrompue de péchés, de souillures, d'infidélités ; votre conscience s'éveille, crie, vous cite au tribunal de Dieu, vous vous repentez ; vous voulez faire le bien, mais vous ne le pouvez point ; le mal s'attache à vous, souille vos meilleures actions, frappe d'impuissance vos meilleurs projets ; une chaîne pesante vous attache à la terre et vous rend honteusement esclave du péché ; un gémissement douloureux s'échappe de votre âme accablée. « Misérable que je suis ! qui me délivrera de ce corps de mort ! » Pauvre pécheur ! vous faut-il d'autres preuves ?

Non, non, nous ne doutons ni de notre exil, ni de notre misère s'écriera quelque âme « travaillée et chargée », nous en sommes accablés ; dites-nous plutôt si nous sommes bannis d'Eden sans retour, si l'épée flamboyante en ferme à jamais l'entrée, s'il n'y a point de remède, point de délivrance.

O mon frère, que je suis heureux de vous répondre selon les besoins dévorants de votre coeur ! Que je suis heureux de vous dire qu'Eden vous est rouvert, que le Fils de Dieu lui-même est venu détourner l'épée de la justice divine, vous apporter des lettres de grâce, vous rappeler dans votre patrie, vous offrir un remède pour tous vos maux.
Pauvres exilés ! pauvres pécheurs ! venez à Jésus ! Sa croix est l'arbre de vie ; son sang purifie de tout péché, sa mort réconcilie avec Dieu, sa médiation renoue tous les liens qui unissaient l'homme à la source de son être et que le péché avait brisés.
Venez à Jésus ! il nous a acquis et il veut nous donner gratuitement, au lieu d'un Eden périssable dont nous sommes bannis, « l'héritage qui ne peut se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir » ; il nous a ouvert « la cité dont Dieu est l'architecte et le fondateur ». Là sont guéris tous les maux que le péché a enfantés sur la terre ; là il y a plus de joie et de félicité qu'il n'y a eu de misère au monde depuis l'exil d'Adam jusqu'au dernier cri de douleur qui se fera entendre dans cette vallée de larmes. - Mais prenez-y garde, ne vous bercez pas de la vaine illusion d'entrer dans ce séjour de bonheur et de sainteté tels que vous êtes, déchus et souillés par le péché ; souvenez-vous qu'une seule voie peut vous y conduire, un seul nom a été donné aux hommes pour être sauvés, le nom de Jésus ; - un seul moyen de jouir des délices du ciel, une vraie et sincère conversion par l'Esprit Sanctificateur.

Et vous, chrétiens, mes bien aimés frères, vous qui déjà êtes venus à Jésus et avez trouvé en lui le pardon et la paix, mais qui si souvent avez encore à gémir sur les péchés et les douleurs qui sèment votre pèlerinage, relevez vos coeurs abattus, prenez courage ; ne portez plus vos regards vers cet Eden dont vous fûtes bannis avec notre premier père ; portez-les en avant vers votre patrie céleste ; vers l'Eden nouveau que Christ vous donne pour héritage ; là vous verrez avec saint Jean « un nouveau ciel et une nouvelle terre, la sainte cité, la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel, d'auprès de Dieu, parée comme une épouse qui s'est ornée pour son époux.
Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; ils habiteront avec Dieu, et ils seront son peuple et Dieu lui-même sera leur Dieu. Et il essuiera toutes larmes de leurs yeux, la mort ne sera plus, il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni travail, car les premières choses sont passées. À celui qui a soif je lui donnerai de la fontaine d'eau vive sans qu'elle lui coûte rien. Celui qui vaincra héritera toutes choses et je serai son Dieu et il sera mon fils. -
Puis il me montra un fleuve d'eau vive, transparent comme du cristal qui sortait du trône de Dieu et de l'Agneau. Et au milieu de la cité et aux deux côtés du fleuve était l'arbre de vie, portant douze fruits et rendant son fruit chaque mois. Et toute chose maudite ne sera plus, mais le trône de Dieu et de l'Agneau sera en elle, et ses serviteurs le serviront et ils verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts. Il n'y aura plus là de nuit, il n'y aura plus besoin de la lumière de la lampe ni du soleil, car le Seigneur Dieu les éclairera, et ils régneront aux siècles des siècles !
O Seigneur Jésus, viens bientôt ! Amen ! »


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