Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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L'HOMME BANNI D'EDEN



MÉDITATION VII.

LA PEINE DU PÉCHÉ. - UN REMÈDE DANS LE MAL.

« Et il dit à la femme : J'augmenterai beaucoup ton travail et ta grossesse ; tu enfanteras en travail tes enfants ; tes désirs se rapporteront à ton mari et il dominera sur toi. Puis il dit à Adam : Parce que tu as obéi à la parole de ta femme et que tu as mangé du fruit de l'arbre duquel je t'avais commandé en disant : Tu n'en mangeras point, la terre sera maudite à cause de toi ; tu eu mangeras les fruits en travail tous les jours de ta vie. Et elle te produira des épines et des chardons ; et tu mangeras l'herbe des champs. Tu mangeras le pain à la sueur de ton visage jusqu'à ce que tu retournes en la terre, car tu en as été pris ; parce que tu es poudre, tu retourneras aussi en poudre. » Gen. III, 16-19.

Le tribunal du juste Juge est encore dressé en Éden. Déjà une sentence de malédiction est prononcée sur l'instrument de la chute et sur l'auteur du mal dont l'empire ténébreux sera renversé par la postérité de la femme. Une délivrance éternelle est ainsi promise à la race déchue d'Adam, qu'un puissant Libérateur affranchira du joug tyrannique du démon. Mais la peine du péché n'atteindra-t-elle pas ceux qui l'ont commis ? Seront-ils absous ? Dieu tiendra-t-il le coupable pour innocent ? Non, mes frères ! Bien que Dieu, dans sa bonté infinie, ait réservé à l'homme une bénédiction spirituelle destinée à tous ceux qui s'appliqueront l'admirable remède que l'Éternel a trouvé pour tant de maux, le péché ne peut rester impuni. Les conséquences en sont inévitables parce que la justice de Dieu est immuable comme le Rocher des siècles.

Écoutons donc aujourd'hui, dans un saint recueillement, la sentence que Dieu prononce sur nos premiers parents déchus de sa grâce. En l'écoutant jetons un regard sur l'état de l'homme, où il ne nous sera pas difficile de reconnaître que cette sentence s'exécute de génération en génération sur toute la race d'Adam. Les misères de la vie humaine peuvent en fournir une preuve accablante ; elles nous crient que Dieu est fidèle dans ses menaces aussi bien que dans ses promesses. Mais quelle ne devra pas être notre admiration pour la miséricordieuse bonté du Seigneur ! Quelle ne devra pas être notre reconnaissance si, même dans ces maux sans nombre, nous pouvons reconnaître un remède salutaire ; si, du fond de cette coupe amère, nous voyons jaillir une source d'eau vive pour la vie éternelle !

Dieu s'adresse d'abord à la femme, à celle qui la première est tombée par la séduction et qui a entraîné son mari dans la même ruine. Elle est terrible la sentence dont elle est le malheureux objet :
Je multiplierai extrêmement ton travail et ta grossesse, ou, comme on peut et doit traduire, les douleurs de ta grossesse ; tu enfanteras tes enfants en travail ; tes désirs se rapporteront à ton mari et il dominera sur toi.
Plus faible encore que l'homme, la femme verra son existence terrestre remplie de plus d'infirmités, de maladies, d'amertumes ; sa vie entière lui rappellera son péché, sa chute et la sentence du Très-Haut. Débile et toujours dépendante, elle n'échappera à une existence isolée et sans but qu'au prix de sa liberté, qu'elle remettra entre des mains dont elle attend une protection tutélaire et où elle ne trouvera trop souvent qu'une dure tyrannie, une servitude sans affection, des chaînes dont rien n'allège le poids.

Nous qui vivons au sein de ce divin Christianisme dont l'influence s'étend sur tous les rapports du corps social, nous sommes moins frappés peut-être de cette partie de la sentence qui place la femme sous la domination de son mari, quoique, hélas ! trop de familles soi-disant chrétiennes soient témoins des larmes secrètes ou des gémissements douloureux qu'arrachent à une épouse infortunée les procédés tyranniques d'un homme sans coeur ou d'un époux parjure. - Mais jetez les yeux sur tous les peuples barbares de tous les temps et de tous les lieux, qui n'ont point reçu la lumière de l'Évangile, et vous y verrez la femme sans dignité, sans nom, sans jouissances, livrée à l'abjecte condition des esclaves, misérable jouet des passions ou des caprices d'un tyran, n'ayant pas même, pour compensation de ses maux, les pénibles douceurs de l'amour maternel, parce qu'on ne lui laisse presque aucune influence sur le fruit de ses entrailles et que son ignorance ne lui permet pas d'en suivre les développements. Ah ! si ces infortunées pouvaient ouvrir le Livre des révélations divines et y lire ces mots de notre texte : tes désirs se rapporteront à ton mari, avec quelle profonde humiliation devant Dieu ne reconnaîtraient-elles pas que leur misérable état est l'exécution d'une sentence prononcée contre le péché !

Femmes chrétiennes ! si vous êtes plus privilégiées, ne soyez pas moins humiliées de la sentence que le péché a attirée sur vos têtes ; sachez de plus voir dans cette sentence même un devoir sacré. Souvenez-vous que la soumission que vous devez à celui à qui vous avez uni votre destinée est à la fois une condamnation et un ordre émanés de l'autorité de Dieu même. Cette Parole de l'Éternel : tes désirs se rapporteront à ceux de ton mari, vous est souvent rappelée en d'autres termes par les écrivains sacrés de la dispensation évangélique : « Femmes, soyez soumises à vos maris comme au Seigneur ; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l'Église ».
À Dieu ne plaise que, méconnaissant les privilèges que le Christianisme vous confère, nous voulions vous replacer sous une crainte servile ou un dur esclavage ! À Dieu ne plaise que nous voulions recommander l'indigne abus que trop d'époux font de l'autorité qui leur est confiée !
Ah ! plût à Dieu que jamais les mots d'autorité et de soumission ne fussent prononcés dans les familles chrétiennes ! - Plût à Dieu que l'amour chrétien, le plus fort, le plus doux, le plus saint de tous les mobiles, fût le seul sentiment qui régnât dans l'union domestique, en réglât les rapports, en adoucît les frottements !
Mais en jouissant du privilège, ne méconnaissez pas le devoir. Si le Christianisme se montre ici comme partout la loi de la liberté, que votre conscience, rendue plus délicate par la liberté même, vous empêche d'en abuser. Rien ne saurait excuser la violation d'un devoir, rien, pas même le consentement tacite ou avoué de celui qui en est l'objet, pas même la supériorité intellectuelle, ou religieuse ou sociale. Femmes chrétiennes ! la place que vous assigne le Christianisme est si belle, si douce, si conforme à la nature de vos dons et de votre caractère, que vouloir en sortir n'est pas seulement violer un ordre divin, mais c'est méconnaître votre véritable bonheur. Jamais le bonheur ne se trouve hors du devoir !

Mais lors même qu'il est permis à la femme de goûter, au sein d'une famille bien unie, toutes les douceurs et les joies de la vie domestique, son existence entière est tellement embrassée par les clauses diverses de la sentence que nous méditons, que ces douleurs et ces joies sont continuellement mêlées de trouble et d'amertume.
Qui, en voyant cette longue suite d'infirmités et de souffrances qui précèdent le moment où la femme acquiert le beau titre de mère, ne se rappellerait, avec un mouvement de crainte de l'Éternel ces paroles si bien accomplies : Je multiplierai extrêmement les douleurs de ta grossesse ?
Qui surtout, en voyant qu'aucun de ces pauvres et chétifs enfants d'Adam ne peut naître à la vie qu'au milieu des cris déchirants d'une douleur sans égale et après ces longues heures d'une agonie mortelle ; qui, dis-je, peut ne pas sentir en frémissant la malédiction du péché et reconnaître l'effet de cette sentence : Tu enfanteras tes fils dans la douleur ?

Ah ! demandez à l'époux affligé qui, après avoir partagé, par les plus vives souffrances morales, les douleurs d'une compagne bien-aimée, l'a vue ensuite succomber à l'excès de ses maux, l'a vue mourir en donnant la vie, l'a vue descendre au tombeau au moment où un être de plus à aimer venait mettre le sceau à une union jusque là heureuse, demandez-lui quelle voix s'est fait entendre au fond de son coeur déchiré ! Il vous dira qu'au sein des ténèbres qui entouraient son âme agonisante, il a entendu de nouveau la voix de malédiction qui retentit en Eden. Et le jeune orphelin, qui n'éprouvera jamais la douceur d'être aimé de sa mère, ne joindra-t-il pas son triste témoignage à celui d'un père affligé ? Oh ! oui, de toutes parts retentira le mot terrible de péché et de condamnation ; de toutes parts une voix de lamentation proclamera l'éternelle justice de Dieu et son horreur pour le péché, et répétera, pour rendre attentifs et sérieux les êtres les plus légers : Je multiplierai extrêmement les douleurs de ta grossesse ; tu enfanteras tes fils dans la douleur !

Mais si telle est, depuis la chute, la triste histoire de toutes les filles d'Eve, la sentence de condamnation s'étend bien plus loin. Si l'enfant de tant de douleurs annonce lui-même par des cris son entrée dans la vie, par quelle suite de maux, d'infirmités, de maladies, ne doit pas encore passer cette faible créature, ce chétif vermisseau de la poussière ! Que ne coûtera-t-il pas encore à celle à qui il a déjà tant coûté ! Et où finiront ses longues misères ? Hélas ! elles n'auront de bornes que le tombeau. Ah ! c'est que la sentence de condamnation n'atteint pas Eve seule ; elle frappe le premier homme, et, en lui, toute sa race déchue (1).

Le juste Juge se tourne vers Adam pécheur qui déjà, dans la conscience de son crime, rougit de honte et frémit de crainte. En vain a-t-il voulu se disculper en rejetant sur sa compagne la faute de son péché ; ses excuses ne sont point admises ; Dieu les réduit à néant par ces considérants qui précèdent la condamnation :
Parce que tu as obéi à la parole de ta femme et que tu as mangé du fruit de l'arbre dont je t'avais commandé en disant : Tu n'en mangeras point....
Cette fois Adam n'a plus d'excuses ; il se tait ; « il faut que toute bouche soit fermée et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu ».
Il écoute en tremblant sa sentence... Mais quoi ?
C'est sur la demeure de l'homme, sur cette terre brillante de jeunesse et de beauté que tombe la première malédiction ! La terre sera maudite à cause de toi ; elle te produira des épines et des ronces. Quelle douleur pour Adam coupable ! Quelle source de maux pour ses descendants ! Ils habiteront une terre maudite à cause de l'homme !

Mes frères, avez-vous jamais pensé à voir dans ces épines et ces ronces, dans ces déserts brûlants dans ces intempéries des saisons et ces fléaux dévastateurs, un fruit du péché et l'effet de la malédiction de Dieu ? - Recevez instruction, et cessez d'élever contre la Providence des doutes offensants, ô vous qui semblez l'accuser des calamités dont la terre est le théâtre.
Et vous qui, désireux de ne pas douter de la sagesse et de la bonté de Dieu, sentez cependant parfois votre confiance s'ébranler à la vue de ces maux sans nombre qui paraissent atteindre également le juste et l'impie, cessez de voir le dessein primitif du Créateur dans ces désordres qui semblent accuser le gouvernement divin, dans ces convulsions de la nature, dans ces tremblements de terre où des cités entières trouvent un affreux tombeau, dans ces inondations où des flots impétueux apportent la mort dans la demeure de l'homme, dans ces ouragans qui ravagent ses possessions, dans ces grêles qui frustrent le laboureur de sa pénible attente, dans ses pestes, dans ces famines qui, comme autant d'anges exterminateurs, semblent avoir reçu la mission de dépeupler la terre. - Souvenez-vous qu'après la création de l'univers, l'éternelle Vérité prononça que tout était très bon, et apprenez à voir dans ces fléaux un redoutable commentaire des paroles que nous méditons : La terre sera maudite !
Ce n'est donc pas seulement le mal moral dont l'humanité est dévorée qui doit nous crier, pour nous humilier jusque dans la poudre : l'homme est tombé ! mais que ces maux sans nombre, que ces souffrances qui arrachent à toute la création un long gémissement, que ce jugement de Dieu en Eden, semblable à un volcan dont la lave brûlante se répand sur tous les points de cette vallée de misère, nous humilient, nous fassent sentir nos péchés, nous prêchent avec une redoutable éloquence la justice de Dieu et l'horreur qu'il a du mal.

À Dieu ne plaise, toutefois, que nous voulions méconnaître avec ingratitude toutes les marques de sa bonté que Dieu a laissées, pour le bien de sa créature coupable, sur cette terre maudite !
À Dieu ne plaise que nous voulions flétrir votre admiration pour les beautés sublimes qui restent encore dans les oeuvres de Dieu ! Tout y est propre au contraire à nous ramener à lui, soit par la crainte et le tremblement lorsque nous contemplons les marques de son indignation et de sa colère, soit par la reconnaissance et l'amour lorsque nous admirons les marques de sa bonté. Dieu nous parle dans la nature comme dans la révélation ; il y prononce tantôt une menace ou une condamnation, tantôt une promesse ou une grâce. La grêle qui dévaste les campagnes est aussi bien un messager de Dieu que la rosée qui rafraîchit la terre. Le retentissement du tonnerre et la trace brûlante de la foudre nous parlent de l'Éternel aussi bien que le majestueux lever du soleil, ou que le mélodieux concert des oiseaux qui semblent chanter son retour. « II n'y a point en eux de langage ; il n'y a point de paroles ; toutefois leur voix est ouïe ». - Heureux si nous savions recevoir toujours la leçon que cette voix doit donner !

Dès que la terre est maudite à cause du péché, il faut que l'homme en tire avec grand'peine de quoi soutenir sa chétive existence. Les fruits délicieux d'Éden ne lui donneront plus leurs richesses, ils seront insuffisants : Tu mangeras l'herbe des champs. - ..... Tu mangeras les fruits de la terre en travail (en douleur) tous les jours de ta vie ; tu mangeras ton pain à la sueur de ton front. Telle est une autre clause de la sentence que l'Éternel prononce sur l'homme. Et ici serait-il nécessaire d'en montrer dans la vie la terrible exécution ? Quel est l'homme qui n'ait mangé sur la terre le pain de la douleur tous les jours de sa vie ? Les jours heureux d'Eden sont passés sans retour. - Ceux même des enfants d'Adam qui sont le mieux partagés, ceux qui n'ont pas à manger un pain péniblement gagné à la sueur de leur front, sont-ils plus heureux ?
Même au sein des richesses et de l'opulence, ne les voit-on pas aussi manger, dans l'amertume et l'inquiétude, un pain plus souvent encore arrosé de larmes que celui du pauvre ? En vain veulent-ils violer l'ordre enjoint dans la condamnation même en se soustrayant au travail qui est un devoir pour tous ; en vain pensent-ils échapper à la sentence en se réfugiant dans une vie oiseuse et inutile qui ne fait qu'aggraver leur culpabilité et augmenter leur misère ! Ce qu'ils ôtent au travail de leurs mains, ils l'ajoutent au travail de leur âme. Le même homme de Dieu qui nous rapporte ici les malheurs d'Eden, renferme toute la race d'Adam dans ce triste témoignage qu'il donne de la vie humaine : « Les jours de nos années reviennent à soixante-dix ou quatre-vingts ans ; même le plus beau de ces jours n'est que travail et tourment ».

Mais si dans la demeure du riche et dans les salons de sociétés bruyantes, l'homme parvient, au moyen d'un faux air de bonheur, à donner un apparent démenti à la Parole de Dieu et à faire croire à l'observateur superficiel qu'il a échappé à la condamnation prononcée en Éden, ne vous y méprenez pas ; percez l'écorce trompeuse et vous trouverez la malédiction qui a pénétré jusqu'au coeur de la vie humaine. Observez l'homme quand il est lui-même et sans masque, et vous trouverez en lui un témoin vivant des tristes paroles que nous méditons. Puis, passez de là dans la cabane du pauvre où tout vous parle d'indigence, de misères, de souffrances ; dans l'atelier d'un artisan que les besoins ont affaibli et qui doit devancer l'aurore et poursuivre son travail jusque dans les heures reculées de la nuit, afin de gagner pour lui et pour une malheureuse famille un pain chétif dont souvent même ils sont privés ; ou arrêtez-vous devant ce laboureur courbé vers une terre maudite, dont il déchire péniblement le sein et qu'il arrose de ses sueurs pour en tirer quelques fruits ; puis dites, dites si la justice de Dieu est une chimère, si ses menaces ne sont que pour inspirer une vaine terreur ; dites si les mots sinistres de péché et de malédiction ne frappent pas en tous lieux vos regards.
Ah ! que la vie serait sérieuse si nous savions l'expliquer à la lumière de la Parole de Dieu ! Que nos maux seraient différents si nous savions en reconnaître l'origine ! Riches ou pauvres, grands ou petits, que nous serions humbles devant Dieu si nous savions nous dire que tout ce que nous pouvons souffrir sur la terre est une juste condamnation pour nos péchés !

Quel sera le terme de tant de misères ? la tombe ! Car telle est la dernière et la plus terrible des condamnations prononcées sur l'homme :
Tu mangeras ton pain à la sueur de ton visage, Jusqu'à ce que tu retournes en la terre d'où tu as été tiré ; car tu es poudre et tu retourneras en poudre. « Au jour où tu en mangeras tu mourras de mort », telle était la sanction que Dieu avait donnée à son commandement. Et ce que Dieu a dit, ne le ferait-il pas ?

Oui, la mort sous sa forme la plus redoutable , la mort spirituelle, la séparation de l'âme et de Dieu avait atteint Adam au moment même de sa chute. Et dès lors la mort physique, qui n'est qu'une conséquence de la première , déposa dans son corps, jusque là revêtu d'immortalité, le germe de dissolution qui bientôt terminera sa vie.
La mort temporelle et éternelle est une conséquence rigoureusement nécessaire du péché. « Les gages du péché c'est la mort ». « Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort ».

O mes frères ! avez-vous pensé jusqu'ici que tous les coups que la mort frappe autour de vous ne sont que le retentissement de la malédiction du péché ? La mort s'avance, précédée d'un long cortège de maladies, d'infirmités, de souffrances ; elle frappe également et l'enfant qui tombe de la mamelle au sépulcre, et le jeune homme qu'elle arrache à ses rêves de bonheur, et le vieillard qui, pendant de longues années, a mangé son pain à la sueur de son front ; elle imprime sur ce visage découlant d'une froide sueur le sceau livide de malédiction dont la seule vue fait frissonner tout notre être. Cette vie terrestre qui avait commencé dans les pleurs, qui s'est écoulée dans la douleur, se termine dans l'agonie ; le râle de la mort répète la peine du péché ; le sépulcre ouvre sa bouche pour engloutir l'homme tiré de la poudre et qui y retourne ; une terre froide et lourde tombe, fait gémir d'un ton lugubre ce cercueil qui n'empêchera pas le fils de la corruption de se confondre avec la poussière. C'est là le dernier retentissement de la malédiction prononcée en Eden ! Ainsi, depuis six mille ans, chacun de ces millions d'enfants d'Adam, dont je viens d'esquisser la triste histoire, descend à son tour dans la tombe qui engloutit génération après génération, et il nous crie en s'y précipitant : « Les gages du péché c'est la mort ». Tu es poudre et tu retourneras en poudre !

Telle est la sentence prononcée sur nos premiers parents, sentence que nous voyons chaque jour s'exécuter sous nos yeux de la manière la plus rigoureuse.
- Mes frères, puisque nous sommes tous enveloppés dans la même condamnation, puisque le péché a rempli le monde de terreur, de souffrances, de mort, où tournerons-nous nos regards pour appeler la délivrance et le secours ? Ne connaîtrons-nous donc jamais d'autre Dieu que celui qui est un feu dévorant ? N'entendrons-nous plus jamais que les foudres de sa justice ?
Oh ! non, non !

Une voix de miséricorde s'est fait entendre ; elle pénètre délicieusement jusqu'au fond de notre coeur agité : « Dieu est amour ! » Oui, Dieu est amour même lorsqu'il condamne ; Dieu est amour même lorsqu'il maudit.
Un remède à tous nos maux, un remède dont la pensée ne fût pas même montée au coeur de l'homme ni au coeur des anges, a été trouvé dans les trésors insondables des miséricordes divines.
Déjà le Réparateur des désordres du péché a été promis à Adam avant même qu'il entendît prononcer la sentence de condamnation qui vient d'occuper tristement nos pensées. Et non-seulement Dieu n'anéantit pas sa créature coupable, non-seulement il lui prépare un salut inespéré, mais encore il voile dans les termes mêmes de sa condamnation des desseins de grâce et des moyens de délivrance. Même sur la terre, même tandis que nous souffrons la peine du péché, nous pouvons découvrir dans cette peine les marques de l'amour de Dieu.

La femme est condamnée à mille souffrances, mais elle aura le bonheur d'être mère. L'homme doit manger le pain de la douleur ; mille misères remplissent en tous lieux une terre arrosée de larmes. - Mais s'il n'en était pas ainsi, si l'homme pécheur eût pu se livrer sans contrainte, sans souffrances, à toute ses passions désordonnées, à toute sa méchanceté, à tous ses vices ; si le péché n'eût pas porté avec soi son châtiment immédiat et rencontré une digue salutaire, que serait devenu ce monde déchu de Dieu ? Semblable à un torrent impétueux le mal eût inondé la terre, eût corrompu l'âme de l'homme jusque dans ses dernières profondeurs, eût fait de toute la race d'Adam une masse infecte de corruption sans remède et sans espoir. L'enfer, avec ses éternelles horreurs et ses éternels tourments, eût commencé en Éden, eût envahi toute la création, eût été notre unique héritage.

Demandez aux milliers de rachetés de Christ, qui ont été arrachés à l'empire du mal, comme des tisons retirés du feu, par quels moyens ils sont rentrés en eux-mêmes, revenus à Dieu, à leur première origine. Presque tous vous diront que, comme l'enfant prodigue, c'est par la douleur, par l'affliction, par la peine du péché. « Ceux qui sont devant le trône de Dieu, vêtus de robes blanches qui ont été lavées et blanchies dans le sang de l'Agneau, ne sont-ce pas ceux qui sont venus de la grande tribulation ? » - Béni soit Dieu ! Béni soit Dieu pour les foudres de sa justice ! Béni soit Dieu pour sa malédiction !

L'homme est condamné à manger son pain à la sueur de son front. Il doit se le procurer par le travail et la fatigue. Mais que serait-il devenu sans ce salutaire travail qui le sort de lui-même, occupe ses pensées, remplit son temps, amortit ses passions, met un frein au mal qui est en lui ? Livré à lui-même, maître de sa vie, chargé du fardeau de ses journées, il serait devenu le jouet de ses passions, il se serait plongé dans tous les genres de péché qu'une imagination corrompue eût été habile à lui suggérer. La peine du péché lui ôte les moyens de faire le mal au même degré et devient souvent le moyen de son salut. Et quel ennui, quel vide insupportable suivent constamment une existence oisive, inutile ! - Quelle source au contraire de jouissances, de satisfaction, de développement, de perfection, l'homme ne peut-il pas trouver dans une vie consacrée à d'utiles travaux ? Béni soit Dieu ! Béni soit Dieu pour les foudres de sa justice ! Béni soit Dieu pour sa malédiction !

L'homme est condamné à la mort ; que serait-ce s'il eût été condamné à l'immortalité ? Traîner sur une terre maudite, dans un monde plein de souillures et de douleurs, une fatale immortalité ; gémir dans une vieillesse éternelle, dans une vie inutile, sans espoir de voir un terme à ses misères !... O mort ! ô messagère des malédictions et des délivrances de mon Dieu ! je te salue comme son plus grand bienfait. Frappe tes victimes ; délivre-les de ce corps de mort, de cette enveloppe de corruption et de péché, et, si elles appartiennent à Christ, si elles ont accepté l'amnistie proclamée en Golgotha, ton approche sera leur délivrance ; tu les feras passer d'une terre maudite où croissent les épines et les ronces, où le péché mêle partout son amertume et sa souillure, dans « les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habite ».

« Toutes choses sont faites nouvelles » ; la malédiction est levée, elle ne pèse plus sur la terre ; « le désert et le lieu aride se réjouiront, et le lieu solitaire s'égaiera et fleurira comme une rose. Il fleurira en abondance et s'égaiera avec chants de triomphe. - La gloire du Liban lui est donnée avec la magnificence du Carmel et de Saron. - Ils verront la gloire de l'Éternel et la magnificence de notre Dieu ». - La mort, la dernière peine du péché, le dernier ennemi qui doit être vaincu, a affranchi le disciple de Christ de toutes ses misères. Ce roi des terreurs a perdu tout son pouvoir sur lui ; il est anéanti. - « La mort ne sera plus ; il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni travail ; toutes larmes seront essuyées de leurs yeux ». - Sous les coups mêmes de la mort, « tous ceux dont l'Éternel aura payé la rançon retourneront et viendront en Sion avec un chant de triomphe ». « Ce qui est corruptible a revêtu l'incorruptibilité ; ce qui est mortel a revêtu L'immortalité ». - Béni soit Dieu ! Béni soit Dieu pour les foudres de sa justice ! Béni soit Dieu pour sa malédiction !

Oui, bénissons Dieu ; car, ne l'oublions jamais, ses malédictions eussent pu être éternelles et atteindre notre âme sans espoir de délivrance. Et, au lieu de cela, remarquez que toutes les clauses de la condamnation ne portent que sur la vie présente. Je ne prétends pas dire que le péché d'Adam ne méritât pas pour lui une condamnation éternelle aussi bien que tout péché que nous avons le malheur de commettre ; au contraire, s'il ne s'était réconcilié avec son Dieu, nous croyons que ce péché, fût-ce le seul qu'il eût commis dans sa vie, l'exclurait à jamais de la présence de son Dieu. Mais quant à nous, race déchue d'Adam, Dieu, dans sa miséricorde infinie, n'a étendu la peine du péché que sur le temps de l'épreuve.

Nous pouvons être condamnés éternellement pour nos propres péchés, non pour celui du premier homme. Je sais que je me trouve ici en contradiction avec le système de théologiens dont je respecte d'ailleurs infiniment les persuasions ; mais nous n'avons pas à développer des systèmes d'hommes ; nous nous en tenons à la Parole de l'Éternel, telle que l'exprime notre texte.

Ah ! je ne saurais trop le redire : bénissons Dieu pour ces dispositions de sa sentence ! Le châtiment de la chute est temporel, les bénédictions de la délivrance en Christ sont éternelles. Nous, déchus comme Adam, nous sommes corrompus ; nous naissons loin de Dieu ; nous vivons loin de Dieu, tant que sa grâce ne nous a pas ramenés à notre destination primitive ; nous souffrons des suites temporelles de la chute ; mais nous avons un remède ; mais l'accès de l'Éden céleste nous est rouvert ; mais nous avons un Sauveur ; mais nos propres péchés, ces péchés dont le gage est la mort éternelle, ont été expiés, peuvent nous être pardonnés, et l'Éternel nous attend pour nous faire grâce.

Qui de vous, qui de vous, êtres immortels, ne se hâtera d'accourir pour avoir part à l'amnistie, au pardon, à la délivrance ? Ah ! souvenez-vous que maintenant les conséquences désastreuses de vos péchés s'étendent sur une éternité sans limites. Souvenez-vous que si vous négligez le remède que Christ vous présente, il n'y a plus pour vous de remède. Souvenez-vous que si les malédictions temporelles ne vous conduisent au Sauveur, les malédictions prononcées sur vos péchés seront éternelles. Mon Dieu, « comment échapperions-nous si nous négligions un si grand salut ? »


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(1) On ne parle ici que de la condamnation aux maux temporels.

 

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