Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



L'HOMME BANNI D'EDEN



MÉDITATION VI.

LA MALÉDICTION. - LA PROMESSE.

Alors l'Éternel Dieu dit au serpent : Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tout le bétail et entre toutes les bêtes des champs ; tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie. Et je mettrai inimitié entre toi et la femme, et entre ta postérité et la postérité de la femme ; elle te brisera la tête, et tu lui briseras le talon. » Gen. III, 14-15.

D'excuses en excuses nos premiers parents ont cherché à faire remonter jusqu'à l'instrument de leur crime la faute de l'avoir commis. Cependant ils sont convaincus, quoique non humiliés. Bientôt va tomber sur leurs têtes coupables la sentence de condamnation et de mort que la loi violée réserve au criminel. - Mais Dieu, afin de leur montrer combien le péché est odieux à ses yeux et de les porter à la repentance, veut faire tomber en leur présence sa juste indignation sur le vil instrument du péché ; il veut aussi prononcer sur celui qui fut « meurtrier dès le commencement » une malédiction qui renfermera dans ses termes mystérieux une bénédiction éternelle pour la race déchue d'Adam.
Oui, mes frères, Dieu a résolu de ne pas anéantir un monde coupable, mais de le sauver, et dès lors il bénit avant de maudire ; il indique de loin le remède avant de faire venir sur l'homme pécheur tous les maux que va enfanter son crime ; il fait luire dans un avenir obscur une faible lumière vers laquelle l'homme, du sein de ses profondes ténèbres, pourra diriger ses pas incertains.

Approchons-nous donc, avec une profonde vénération, du tribunal dressé en Éden, et efforçons-nous, dans la sentence de condamnation, de discerner les paroles de grâce.

Pourquoi le premier châtiment du péché tombe-t-il sur l'aveugle instrument de la chute ? Quelle justice peut-il y avoir à prononcer sur un innocent animal une peine que l'homme seul devait partager avec le tentateur qui l'a entraîné dans l'abîme ? - Telle est la question qui se présente à l'esprit à la simple lecture de notre texte.
Mes frères, quelque naturelle que cette question nous paraisse à nous-mêmes, nous ne prétendons pourtant pas y répondre, et s'il n'y avait pas quelques considérations que je crois utile de vous présenter, je vous dirais simplement : Je ne sais pas, et je passerais.

Est-ce bien à nous en effet à interroger l'Éternel sur les applications qu'il fait de son immuable justice ?
Est-ce à l'homme, vermisseau de la poussière, enfant de la corruption, à l'homme qui devrait adorer à deux genoux la clémence divine du Juste Juge pour n'avoir pas été anéanti avec le monde qu'il habite, dès que le péché en eut souillé l'innocence et flétri la beauté, est-ce à l'homme à s'ériger en censeur et à demander compte à un Dieu saint de la sentence qu'il prononce même sur le vil instrument d'un odieux péché ?
L'Israélite craignant Dieu demandait-il à son législateur pourquoi la loi ordonnait de lapider sous ses yeux son boeuf ou son âne, lorsque cet animal, destitué de raison, avait frappé ou tué un homme ? ou pourquoi il fallait faire périr l'animal qui avait servi à quelque souillure infâme ? ou pourquoi il fallait brûler au feu les vases sacrés qui avaient été seulement touchés par quelque profane ?

Le motif de ces jugements, qui peuvent paraître à notre raison bien plus absurdes que la condamnation du serpent, était évident : il s'agissait d'inspirer au peuple de Dieu l'horreur du péché et de la souillure, en enveloppant dans une condamnation universelle tout ce qui y avait eu quelque part. C'était pour instruire l'être intelligent et moral qu'était frappé l'être destitué d'intelligence. - Tel est aussi le but de la condamnation que nous avons sous les yeux. C'est à Adam, c'est à Eve, c'est à nous que Dieu s'adresse en parlant au serpent ; c'est afin d'enfoncer plus avant dans le coeur des premiers pécheurs le trait du remords qui l'a percé, que Dieu punit l'animal qui n'a pas péché.

Il y a plus : tout dans cet univers avait été fait pour l'homme ; tous les êtres créés avaient pour fin d'embellir sa demeure, de multiplier ses jouissances, d'augmenter son bonheur. Mais dès qu'il a péché, tout est changé ; la terre même va être maudite à cause de lui ; il va trouver désormais des ennemis, des êtres dangereux dans ces mêmes créatures qui devaient contribuer à le rendre heureux en multipliant autour de lui le mouvement et la vie.

Le serpent, ce bel animal qui était un des ornements de la demeure de l'homme, qui étalait en Eden ses brillantes couleurs, ses nobles contours, va devenir pour l'homme un objet d'horreur, un ennemi armé de poison et dont tous les coups portent la mort.
Plus il est beau dans son espèce, plus il est dangereux. L'innocente couleuvre ne présente pas un dard vénéneux, mais elle est dénuée de beauté. Le serpent d'Asie, au contraire, celui dont Eve aimait à contempler l'éclat des couleurs et les mouvements gracieux, celui qui fut l'instrument de sa chute, glace maintenant par son seul aspect le sang dans nos veines, et nous fait éprouver un frisson d'horreur qui devait redire à toute la postérité d'Adam, et jusqu'au dernier homme qui vivra sur la terre :
Tu as péché l Quel commentaire de ces paroles de l'Éternel : Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre sa postérité et la tienne !

Je vais plus loin : ce qu'il y a pour nous d'incompréhensible dans la condamnation du serpent se retrouve aussi dans l'état actuel de tous les animaux, et, comme nous le verrons prochainement, dans toute la nature ; car toute cette belle habitation de l'homme est remplie des suites du péché.
Le serpent n'est pas maudit seul, mais il est maudit entre tout bétail et entre toutes les bêtes des champs, hébraïsme qui signifie maudit plus que tout le bétail, plus que toutes les bêtes des champs.
Croie qui voudra que le monde est sorti tel qu'il est de la main du Créateur ! Croie qui voudra que ces milliers et ces millions d'êtres, créés par Dieu pour embellir Éden, ne pussent subsister qu'en se dévorant les uns les autres (1 ! Croie qui voudra que les animaux dussent donner à l'homme l'exemple de tous les vices et de tous les crimes, mettre sous ses yeux le spectacle de toutes les souffrances, et lui faire entendre sans cesse ce long gémissement de toute la création, qui suffirait à lui seul pour désenchanter la vie la plus heureuse, et pour flétrir des coeurs moins accoutumés que les nôtres, aux scènes de destruction et de mort dont le péché a couvert la terre ! - Pour nous, nous croirions outrager Dieu en lui attribuant un tel ouvrage. Certes,l'apôtre Paul ne partageait pas la superbe et cruelle indifférence des raisonneurs du siècle sur la souffrance de la création et sur l'origine de cette souffrance. Il daigne y jeter un regard de compassion, même en traitant les plus sublimes sujets des espérances chrétiennes. « Le grand et ardent désir de la créature est l'attente de la révélation des enfants de Dieu (car la créature est assujettie à la vanité, non de sa propre volonté, mais à cause de Celui qui l'y a assujettie) dans l'espérance qu'elle aussi sera délivrée de la servitude de la corruption, pour avoir quelque part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. Car nous savons que toute la création gémit et est en travail jusqu'à maintenant ». -

Esaïe ne voit pas davantage, dans l'état actuel des êtres créés, ce qu'ils devaient être dans l'origine, puisqu'en jetant un regard d'espérance sur les temps meilleurs où le règne du Messie doit réparer les désordres du péché, il trouve dans son coeur un soupir généreux pour la rénovation de tout ce qui est mal dans la nature et pour la délivrance de tous les êtres créés : « Le loup et l'agneau paîtront ensemble ; le lion mangera l'herbe des champs comme le boeuf ; mais la poudre sera la nourriture du serpent (malédiction spéciale prononcée dans notre texte) ; on ne nuira plus, on ne détruira plus dans toute ma sainte montagne, dit l'Éternel ».
Ainsi la sentence prononcée sur le serpent n'est pas une exception dans la nature ; elle porte simplement que cet animal aurait une marque distinctive de malédiction. - Nous n'examinerons pas ici si ces paroles : Tu marcheras sur ton ventre, tu mangeras la poussière tous les jours de là vie, emportent que le serpent avait originairement une conformation différente de celle qu'il a maintenant, ni s'il se nourrissait d'une autre manière (2). Cette question est d'assez peu d'importance pratique pour qu'il nous suffise de savoir, d'après la Parole de Dieu, que ce reptile est réduit à son état actuel par une malédiction de l'Éternel. Nous nous hâtons de passer à des considérations plus importantes renfermées dans notre texte.

Nous avons montré précédemment et prouvé par l'Écriture que le serpent n'était qu'un instrument dans la tentation et que le véritable auteur du mal est le démon, « le serpent ancien » qui est « meurtrier dès le commencement ». Or, bien que Moïse ne mentionne dans notre texte que le serpent, ainsi qu'il l'a fait en parlant de la tentation, nous ne pouvons pas davantage borner toute la malédiction de Dieu sur cet animal, que nous ne pouvons lui attribuer la tentation. Non, c'est sur le véritable auteur du mal que doit retomber dans toute sa rigueur la première peine du péché. C'est de sa main meurtrière et en le maudissant que Dieu doit arracher la proie qu'il croit avoir saisie et l'empire qu'il vient d'usurper sur la créature de Dieu. Il ne restera pas paisible possesseur de ceux qu'il vient de réduire sous son esclavage :
Je mettrai inimitié entre lui et la femme, entre ta postérité et la postérité de la femme. Elle te brisera la tête mais toi tu lui briseras le talon.
Que faut-il entendre par la postérité du serpent et la postérité de la femme ? Comment se manifeste l'inimitié qui les sépare à jamais ? Quelle sera l'issue de la lutte qui va s'engager dans cette inimitié ? Trois questions sur lesquelles il nous faut méditer un instant.

Le « serpent ancien » a remporté sur l'heureuse créature de Dieu une funeste victoire. Les puissances infernales en triomphent. Un royaume despotique de ténèbres est établi sur la terre. Tous les enfants d'Adam en seront-ils les misérables esclaves ? Le démon s'efforcera du moins de les retenir sous sa puissance, de les détourner de Dieu, de leur inspirer l'orgueil qui marche devant la ruine, de les arracher à l'influence sanctifiante de l'Esprit de Dieu.
Les mêmes moyens de séduction qu'il employa en Eden seront mis en usage ; le doute, l'incrédulité, l'orgueil, l'ambition, le mépris de Dieu et de sa Parole. Sous celte influence la terre se recouvre de ténèbres, le péché y développe ses ravages, l'idolâtrie, le culte du démon, remplace l'adoration du Créateur. Les hommes ainsi séduits, loin de rester unis à leur Dieu qui est la source de la vie, loin de lui obéir, de n'avoir d'autre loi que son amour, oublient jusqu'à son nom ou ne s'en souviennent que pour le déshonorer.

» Ayant connu Dieu, ils ne l'ont point glorifié comme Dieu et ils ne lui ont point rendu grâces ; mais ils sont devenus vains en leurs discours, et leur coeur, destitué d'intelligence, a été rempli de ténèbres ».
Or, comme l'homme est, dans le sens spirituel, enfant de Celui qui engendre sa vie morale, qui la domine, auquel il se soumet et dont il reçoit ses inspirations, ces hommes qui vivent ainsi sous l'influence du démon sont, à juste titre, appelés ses enfants, sa postérité. « Le père dont vous êtes issus », dit Jésus-Christ à quiconque résiste à l'influence de son Esprit, « le Père dont vous êtes issus, c'est le diable, et vous voulez faire la volonté de votre père (Jean 8, 44) ». « Race de vipère ( ou de serpent ), comment pourriez-vous parler bien puisque vous êtes méchants? »
O homme plein de toute fraude et de toute ruse ! » s'écrie Paul avec indignation en voyant un homme faire les oeuvres de son père, « fils du démon, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu point de pervertir les voies du Seigneur qui sont droites ? »
« C'est à ceci que sont connus les enfants de Dieu et les enfants du diable : quiconque ne fait pas ce qui est juste et n'aime pas son frère, n'est point de Dieu ».
Voilà, dans les termes mêmes de l'Écriture, ce qu'est la semence du « serpent ancien ».


Cependant l'humanité entière ne sera pas la proie du démon ! À la postérité du serpent l'Éternel oppose la postérité de la femme qui renfermera le peuple des rachetés, et en particulier le grand Représentant de l'humanité déchue et délivrée, le second Adam, le Rédempteur du monde. Promis en Éden, rappelé aux Patriarches, annoncé par les Prophètes, il naît d'une Vierge, il vient, en faisant expiation pour le péché, en réparer les ravages, et, en triomphant sur la croix de la puissance des ténèbres, en renverser l'empire.
Sous ce glorieux Chef, attendu par l'espérance ou reçu par la foi, se forme, au sein de toutes les générations, un peuple d'enfants de Dieu, « qui ne sont point nés de la chair ni de la volonté de l'homme, mais qui sont nés de Dieu ».
Délivrés de la condamnation prononcée sur le péché, arrachés à la puissance de leur propre corruption et a l'influence de celui qui trop longtemps les avait séduits, rentrés selon leur destination primitive dans le sein de leur Dieu, « race élue, sacrificature royale, nation sainte, ils annoncèrent les vertus de Celui qui les a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière ». - Telle est la postérité de la femme que Dieu oppose à l'avance à la semence du serpent : Christ, né d'une femme, revêtu de la nature humaine, et le peuple des rachetés dont il est le Chef, le premier-né.

Or, ces deux postérités, ces deux peuples dont nous venons de signaler l'existence, et que nous aurions pu caractériser beaucoup plus au long, ont été dans tous les temps en présence et opposés l'un à l'autre. Il y a inimitié, inimitié mortelle entre ces deux royaumes. L'inimitié qui les divise et les éloigne l'un de l'autre est même une marque distinctive de ces deux peuples.
Le peuple de Dieu déclare une haine irréconciliable à tout ce qui appartient au royaume des ténèbres, au mensonge, à l'erreur, à l'orgueil, au péché, au mal de quelque nature qu'il puisse être.
De son côté le royaume du démon, le monde, le génie du mal a déclaré au peuple de Dieu une haine qui, loin de se borner aux tentations, aux « séductions d'iniquité » par lesquelles il cherche à nous entraîner dans l'abîme, ne fut souvent assouvie que dans le sang des témoins de la vérité, qu'au pied d'un échafaud ou dans les flammes d'un bûcher. De nos jours cette haine, n'osant plus guère allumer les torches de la persécution, se revêt d'une superbe indifférence, s'arme du sarcasme et des moqueries.

Quelle que soit sa forme, quels que soient ses moyens, elle est la même dans le coeur de tous les esclaves du prince des ténèbres, dans le coeur de tous ceux qui n'ont pas appris à l'école de Jésus-Christ l'humilité et l'amour. Tous les enfants de Dieu dans tous les temps, ont passé par le feu de cette inimitié, et malheur à quiconque n'en aurait jamais éprouvé les atteintes ! Notre Chef lui-même en fut-il exempt ? Ne le voyons-nous pas, avant même qu'il eût commencé son ministère de réconciliation et de paix, soumis à une tentation en tout semblable à celle qui entraîna nos premiers parents dans leur ruine ? Sa vie entière ne fut-elle pas une lutte continuelle contre l'influence du prince des ténèbres ? Ne fut-il pas toujours en lutte à la haine du monde qu'il voulait sauver ? Sa mort, sa mort même ne fut-elle pas le dernier effort de l'inimitié dont parle notre texte ? Qu'elles nous instruisent ces déclarations mystérieuses de l'Écriture qui attribuent à la haine du démon la mort du Rédempteur ! « Mais Satan entra dans Judas surnommé Iscariot, qui était du nombre des douze, et il s'en alla aux principaux sacrificateurs...... » - « Après qu'il eut reçu le morceau, Satan entra dans Judas. Jésus lui dit donc : Fais au plus tôt ce que tu as à faire ». - « Quoique j'aie été tous les jours avec vous dans le temple, vous n'avez point mis la main sur moi, mais c'est ici votre heure et la puissance des ténèbres ».

La croix de Christ sera-t-elle donc le triomphe de la postérité du serpent ? La lutte de l'inimitié se terminera-t-elle par la défaite et la honte du peuple de Dieu et de son Chef ?
Non, non ! Toute la puissance de la postérité du serpent est circonscrite par cette figure de notre texte : Tu lui briseras le talon. Les efforts de la haine n'atteindront jamais à la partie vitale du corps. Être abject et rampant, tu ne t'élèveras pas au-dessus du pied qui va te fouler. C'est par ta victoire que tu vas succomber ; c'est en mourant que le Sauveur triomphe de la mort et l'arrache tes victimes.

En effet, l'heure de la puissance des ténèbres n'est pas plus tôt passée en Golgotha, que l'ouvrage de la réconciliation du pécheur avec Dieu est achevé. Le péché est expié, la sentence de mort prononcée en Éden est annulée, les liens des captifs sont brisés, Christ a « détruit les oeuvres du diable », « dépouillé les principautés et les puissances qu'il a produites en public, triomphant d'elles sur la croix ». - « Puis donc que les enfants participent à la chair et au sang, lui aussi a participé aux mêmes choses, afin que par sa mort il détruisît celui qui avait l'empire de la mort, savoir le diable, et qu'il en délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient toute leur vie assujettis à la servitude ».

Bientôt, brisant les liens de la mort, il sort glorieux du tombeau, il remonte en triomphe dans les Cieux, « emmenant une grande multitude de captifs » qu'il a délivrés pour toujours de l'esclavage du démon. L'Église attend encore le jour promis de la Pentecôte pour que ses héros ébranlent jusque sur ses fondements l'empire des ténèbres. Que dis-je ? Elle attend d'être arrosée du sang des martyrs pour prouver au monde que désormais elle est vaine l'inimitié de la postérité du serpent. L'Évangile du salut parcourt le monde, les âmes immortelles passent de la servitude à la liberté glorieuse des enfants de Dieu ; la terre entière est promise aux triomphes du Rédempteur. « Le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous nos pieds ». Alors les Cieux retentiront de chants de victoire en ton honneur, ô Fils de dieu ! ô toi qui a vaincu ! Alors les louanges des rachetés dans les cieux proclameront l'accomplissement de la prophétie faite en Eden contre l'ennemi que tu as défait : cette postérité te brisera la tête ! « Et le serpent ancien, appelé le diable et Satan, qui séduit le monde, fut précipité en la terre et ses anges furent précipités avec lui. Alors j'entendis dans le ciel une grande voix qui disait : Maintenant est le salut, la force, le règne de notre Dieu et la puissance de son Christ ; car l'accusateur de nos frères, qui les accusait devant Dieu jour et nuit, a été précipité. Et ils l'ont vaincu à cause du sang de l'Agneau et à cause de la Parole de leur témoignage. Ils n'ont point aimé leur vie, mais ils l'ont exposée à la mort. C'est pourquoi, ô cieux ! réjouissez-vous, et vous aussi qui y habitez ! »

Mes frères, jusqu'à ce glorieux triomphe l'inimitié subsiste encore ; les deux peuples sont encore en présence et se livrent un combat à mort. Vous tous, qui êtes dans ce temple du Seigneur, vous êtes forcés de prendre fait et cause dans cette lutte. Ici la neutralité est impossible.
Dîtes donc, dites à quel peuple vous voulez appartenir ; dites sous quelle bannière vous voulez combattre ! J'arbore à cette heure au milieu de vous l'étendard du Sauveur ; je vous somme, au nom de Dieu et au nom de vos plus chers intérêts, de venir vous y ranger, sous peine d'être les ennemis de Christ et d'être traités comme tels. De son côté le monde arbore au milieu de nous et élève bien haut l'étendard du prince des ténèbres. Auquel de ces appels allez-vous répondre ? Hâtez-vous, hâtez-vous ! le temps nous presse. Déjà vous entendez le cri des combattants auquel va succéder le chant d'une victoire qui ne saurait être douteuse.

Je le redis : La neutralité est impossible. Êtres responsables, vous ne sauriez occuper un terrain neutre vis-à-vis de Dieu. Vous ne sauriez non plus servir deux maîtres ; il faut aimer l'un, haïr l'autre. Je sais que ce qui plairait le plus à un grand nombre d'entre vous serait le parti des indifférents ; mais ne vous abusez pas ; ce parti n'existe point.
Envers un Dieu dont vous avez violé les lois et devant qui vous êtes dans un état de condamnation, l'indifférence n'est que de la haine, ou qu'un souverain mépris.
En présence d'un Sauveur qui vous a comblés de grâces et de bienfaits, qui vous a tant aimés que de mourir pour vous, l'indifférence est pire que la haine. L'Éternel Dieu l'a déclaré : Je mettrai inimitié, et vous ne sauriez mettre indifférence.
Choisissez donc, décidez donc qui vous voulez aimer, qui vous voulez haïr. - Haïr Dieu ! haïr son peuple ! Y avez-vous pensé ? L'enfer est dans ce mot. Ah ! plutôt donnez votre coeur tout entier, donnez toute la puissance de vos affections à ce Dieu sauveur, Être seul digne d'amour. Là est le bonheur, là est la vie. Afin de l'aimer mieux, afin de l'aimer exclusivement comme il veut être aimé, déclarez une haine irréconciliable à tout ce qui vient du royaume des ténèbres. Haïssez le mal, haïssez le péché. Comprenez-vous bien ? Nous ne dévouons pas à votre haine les hommes qui sont assez malheureux pour combattre encore sous la bannière des ennemis de Dieu. Non, nous vous demandons de haïr leurs oeuvres et de les aimer, eux, de tout votre coeur, de prier pour eux, de mettre en usage tous les moyens qui sont en votre pouvoir pour les arracher à la ruine vers laquelle ils courent.
Seigneur, donne-nous de les attirer à toi en leur montrant beaucoup d'amour ! Seigneur, sauve-les, sauve-les avant qu'ils périssent. Mon Dieu ! répands ton amour dans nos coeurs encore si égoïstes ! Mon Dieu ! donne-nous d'aimer ce que tu aimes, de haïr ce que tu hais.


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(1) Le contraire est positivement déclaré dans Gen. 1, 30.

(2) V. les notes exégétiques sur ces versets.

 

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