Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



L'HOMME BANNI D'EDEN



MÉDITATION IV.

L'HOMME PÉCHEUR. - LA VOIX DE L ÉTERNEL.
DIEU EST LENT À LA COLÈRE.

« Et les yeux de tous deux furent ouverts ; ils connurent qu'ils étaient nus, et ils cousirent ensemble des feuilles de figuier et s'en firent des ceintures. Alors ils ouïrent au vent du jour la voix de l'Éternel Dieu, marchant dans le jardin. Et Adam et sa femme se cachèrent de devant l'Éternel Dieu parmi les arbres du jardin. Mais l'Éternel Dieu appela Adam et lui dit : Où es-tu ? - Et il répondit : J'ai entendu ta voix dans le jardin, et j'ai craint, parce j'étais nu et je me suis caché. » Gen. III, 7-10.

Il n'est peut-être pas, dans les voies du crime, de moment plus terrible que celui qui suit immédiatement une de ces actions qui appellent sur leur auteur toute la vengeance des lois. Le crime est commis, le sang a coulé sous une main meurtrière ; toutes les puissances de l'univers ne pourraient pas réparer le mal qu'un instant a vu s'effectuer. Les tourments du remords agitent l'âme du coupable qui abhorre son action ; les conséquences affreuses qu'elle peut avoir assaillent, comme autant de fantômes, son imagination frappée de sombres terreurs, et qui lui montre peut-être déjà dans l'avenir le hideux instrument d'un supplice ignominieux. - Tels nous apparaissent maintenant le premier homme et sa compagne, naguère si heureux, mais que nous avons vus fouler aux pieds l'ordre solennel de Dieu et appeler sur leurs têtes coupables la sanction terrible de cet ordre, la mort ! - Sommes-nous donc appelés à la pénible tâche de développer aujourd'hui devant vous cette sentence de malédiction ? Va-t-elle tomber sur l'homme après son crime comme la foudre suit l'éclair ? Non ! nous avons à reconnaître en toutes choses un Dieu « lent à la colère ».

Offensé dans sa justice, il ne tiendra point le coupable pour innocent ; mais il veut laisser au péché le temps de produire ses fruits amers, afin que l'homme, humilié de son crime et de sa folie, ait le temps et le désir de voir au travers du sombre nuage qui renferme les malédictions du Très-Haut, un rayon d'espérance qui l'encourage et l'amène repentant aux pieds de son juge toujours prêt à pardonner.
Considérons, sous ce point de vue, les premières conséquences de la chute. - Voyons l'homme dans son péché et sa folie ; - Dieu comme juge dans sa juste colère ; enfin Dieu comme Père dans sa tendre sollicitude.

La promesse du séducteur est accomplie, hélas ! trop bien accomplie, mais bien différemment de ce qu'attendait Adam. Tel est le caractère du père du mensonge, que même lorsqu'une de ses pensées ou de ses promesses s'accomplit à la lettre, elle cache au fond la fausseté et la déception.
Vos yeux seront ouverts, avait-il dit à nos premiers parents ; vous serez comme des dieux connaissant le bien et le mal.
Il est inutile de dire qu'il ne s'agissait pas ici des yeux du corps qui toujours furent ouverts à la lumière et à la contemplation des oeuvres magnifiques du Créateur. Le sens de cette promesse trompeuse était que, par la violation du commandement de Dieu, l'intelligence de l'homme, élevée à une plus haute supériorité, connaîtrait par expérience le bien, le mal, et sonderait comme la divinité même tous les mystères du monde moral.
Le but à atteindre était noble en apparence ; nos premiers parents, qui auraient méprisé une tentation grossière, tombèrent dans ce piège subtil, comme nous l'avons vu précédemment. Mais l'événement fatal ne tarda pas à mettre au jour la véritable pensée du séducteur.
Leurs yeux sont ouverts en effet, ouverts.... sur leur péché, sur leur misère, sur leur ruine profonde. Ils connurent le bien et le mal ; le bien par un triste contraste avec le mal ; le mal par une funeste expérience.

Avant leur péché ils n'avaient aucune idée du mal, pas plus qu'un homme plongé dans une vie toute charnelle et matérielle ne peut avoir l'idée d'une vie spirituelle en Dieu. Le péché ne s'était pas d'abord présenté à eux avec sa hideuse laideur, mais sous des couleurs séduisantes. Maintenant ils en savourent l'amertume ; ils le connaissent à leurs dépens ; il leur reste à déplorer la ruse de leur ennemi et leur propre folie.

Cette expérience, comme toutes celles que nous observons en Eden, se renouvelle sans cesse parmi les malheureux enfants d'Adam. Six mille ans de crimes et de malheurs ne leur ont point appris à se défier de leur perfide ennemi ; chacun achète, au prix de ses péchés et des maux qui en sont la suite, la funeste connaissance du bien et du mal.
Le péché, de quelque nature qu'il soit, se présente avec les attraits les plus séduisants ; il semble répondre à un besoin dévorant d'un coeur corrompu ; il lui promet le bonheur après lequel il soupire, des jouissances qu'il brûle de posséder. Un bandeau épais recouvre les yeux de l'infortuné qui court à sa ruine. Il se livre au penchant qui l'entraîne, comme l'animal fond sur sa proie. - Hélas ! à peine a-t-il goûté du fruit fatal que le bandeau tombe, ses yeux s'ouvrent, tout est changé. Le charme a disparu et a laissé un long désenchantement. Ce qui était d'un attrait si doux n'est plus qu'amertume ; le malheur et la tristesse remplissent un coeur qui croyait posséder le bonheur ; la malédiction qui est indissolublement attaché au péché est le seul héritage de celui qui se promettait tant de jouissances. - Jamais l'homme n'est plus tristement désabusé, ni plus misérable en lui-même, qu'en venant de commettre une action condamnée par la loi de son Dieu, à moins qu'il ne soit descendu dans la démoralisation au niveau des démons dont le sort maudit est de se réjouir du mal.

Mais tel ne pouvait pas être l'état du premier homme et de sa malheureuse compagne ; ils vont pour première peine de leur péché en porter toute la honte.
Leurs yeux furent ouverts, et ils connurent qu'ils étaient nus. Ils connurent !..... mais ne le connaissaient-ils pas auparavant ? Sans doute ; mais de même que « tout est impur pour celui qui est impur, tout est pur pour celui qui est pur. »
Les paroles de la Genèse, qui précèdent immédiatement l'histoire de la chute, nous expliquent celles-ci et peignent mieux qu'aucune autre chose toute l'innocence, toute la pureté primitive de l'homme : « or Adam et sa femme étaient tous deux nus, et ils n'en avaient point de honte. » Semblables à la vérité dont on a peint le charme pur en la représentant toute nue, nos premiers parents, avant que le péché eût versé sur eux son poison, ne voyaient dans la majestueuse beauté du corps dont Dieu les avait doués, aucun motif de honte. Et c'est là le trait de l'image de Dieu qui se retrace le plus fidèlement dans l'enfant qui n'a point encore eu le malheur de sentir se développer en lui les germes de la corruption qui nous est naturelle, et dont le péché n'a point encore flétri de son souffle impur l'innocence et la pureté. Quel charme répand sur l'enfance cette ignorance du mal qui éloigne de lui la honte, fille du péché !
Pourquoi aurait-il honte de sa nudité cet enfant aimable que vous aimez à presser sur votre coeur ? Il n'a point encore péché ! - Oh ! qui n'a regretté ces jours de l'enfance dont le souvenir vient quelquefois encore charmer les misères inséparables d'un monde qui est plongé dans le mal ! Qui n'a répandu des larmes amères sur la perte de cette ignorance du mal qui nous permettait de nous livrer sans défiance, avec bonheur, à des jouissances dans lesquelles, plus tard, on trouve à chaque pas le venin du péché ?

L'homme, tel qu'il sortit de la main de son Dieu, possédait cette innocence, cette pureté de coeur que rien encore n'avait souillée. Peut-être même le corps dont Dieu l'avait revêtu participait-il de la gloire et de la beauté de l'image de Dieu qui ornait son âme ; le Père des lumières avait peut-être revêtu de l'éclat de la lumière sa créature de prédilection. « II l'avait couronné de gloire et d'honneur, » nous dit l'Écriture. - Le « corps glorieux » dont seront revêtus les élus de Dieu par la puissance de celui qui a réparé les désordres de la chute et du péché, ne serait-il point simplement la restauration du corps que possédait l'être immortel créé par Dieu, roi de l'univers ? - Il n'était pas nu, il était revêtu de gloire et de majesté.

Mais, ô désastres ! ô malédiction du péché ! Dès qu'Adam l'eut goûté, le germe de la mort qui en est le gage se développa dans son corps ; il fut dépouillé de sa couronne de gloire, de sa majestueuse beauté. Son corps, destiné désormais à la corruption, se courba vers la terre. Son innocence fut souillée par le souffle empoisonné du péché, comme la fleur perd sa fraîcheur et son parfum sous les coups d'un vent impur. La convoitise remplaça l'innocence ; le langage impur des sens se fit entendre, devint impérieux, jeta le désordre dans son coeur, y appela la passion qui gourmande l'âme, l'assujettit à son joug tyrannique, la remplit de son poison. - Adam regarde sa compagne ; Eve ose à peine répondre à ce regard; le trouble de la honte couvre de rougeur leur front sur lequel brillait naguère la pure beauté de l'innocence.... Ils virent qu'ils étaient nus !

À quel misérable remède ils ont recours ! Ils cousent ensemble des feuilles de figuier ; ils s'en font des ceintures ! Si Adam et Eve eussent été surpris par quelque ennemi furieux dont ils n'eussent pu par eux-mêmes éviter les coups meurtriers, s'ils eussent été exposés aux plus terribles dangers, s'ils eussent été menacés de la plus épouvantable catastrophe que l'imagination puisse inventer, leur malheur n'eût pas été sans espoir ; leur premier cri se fût élevé vers leur créateur, vers leur puissant ami, vers leur père ; ils se fussent jetés dans ses bras étendus pour les recevoir, les protéger, les sauver. Mais le péché, le péché comme un monstre hideux, se place entre l'homme et son Dieu ; lui fait voir un ennemi dans celui qu'il aimait par-dessus tout, l'isole, le dépouille, le place tremblant entre le ciel et l'enfer, le plonge dans une misère sans espoir.
Pour le pécheur il n'y a plus de père dans les cieux, il n'y a plus qu'un vengeur, un juge. - Aussi Adam ne recourt-il point à son Dieu ; il ne sait plus si jamais il y aura grâce et pardon auprès de lui ; il s'en éloigne. Il a recours à un misérable expédient ; il couvre la honte de sa nudité et de son crime avec quelques pauvres feuilles de figuier ; il se cache dans les arbres d'Eden ! Quelle protection contre la honte du péché ! Quel recours contre la malédiction qui le suit ! Quel refuge contre les coups de la justice divine !

Plus nous avançons, moins nous pouvons nous empêcher d'admirer combien elles sont rigoureusement vraies ces peintures du péché et des misères qui en sont la suite, quoique Moïse nous les ait transmises dans le langage simple et enfantin de l'âge qu'elles nous représentent. - Les connaissez-vous, ô pauvres pécheurs qui m'écoutez, les connaissez-vous ces frêles et misérables feuilles de figuier sous lesquelles notre premier père pensait cacher sa honte et son péché ?
Oui, vous les connaissez ; vous n'agissez pas différemment vous-mêmes ; votre premier mouvement, après une chute, votre premier besoin est de cacher votre péché et la honte de votre nudité, de l'ensevelir dans les ténèbres, loin de tous les regards, et même, s'il était possible, loin des regards de celui « qui a les yeux comme des flammes de feu », oubliant que « pour lui les ténèbres sont autant que la lumière ».
Vous les connaissez aussi ces feuilles de figuier, vous orgueilleux propre-justes qui, ayant perdu les vêtements d'innocence et de gloire de votre première origine, voulez recouvrir votre nudité des lambeaux souillés de votre justice, de votre honnêteté, de votre vertu, de vos mérites, de la bonne opinion de vous-mêmes !
Nous rions, dit le grand Calvin, nous rions de la folie d'Adam et nous faisons de même. Qu'est-ce en effet que cette légalité pharisaïque, ou ces regrets sans vraie repentance, sans conversion, ou ces oeuvres qui, semblables à des fruits sauvages, n'ont pas crû sur l'arbre de l'amour de Dieu, n'ont pas été produites par la sève de sa communion sanctifiante ? Qu'est-ce que ces actions de bienfaisance non émanées d'un coeur converti au Seigneur, mais qui ont été attachées au dehors de votre, vie, comme les feuilles dont Adam et Eve cherchaient en vain à couvrir leur nudité ? Mes frères, de tels moyens de salut ne subsisteront pas davantage au jour du jugement, ils ne couvriront pas davantage vos péchés que les feuilles dont se revêtit Adam ne cachèrent sa nudité aux yeux de Dieu. Renoncez donc à ces moyens trompeurs de subsister devant l'Éternel qui va vous juger. Dites plutôt avec Job, et en vous revêtant de sa droiture et de son humilité : « Je n'ai pas caché mon péché comme Adam, ni couvert mon iniquité en me flattant ». Écoutez plutôt, pour vous désabuser, la parole de Jésus à une église d'Asie. « Tu dis : Je suis riche, je suis dans l'abondance et je n'ai besoin de rien ; mais tu ne connais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu ».

L'Éternel s'avance pour juger ; son regard sonde les coeurs. Sa voix fait trembler la terre ! Adam l'entend retentir dans les campagnes d'Éden ; et à cette voix naguère si douce, si agréable à la créature de Dieu, à cette voix qui remplissait son coeur d'un doux tressaillement et l'assurait de la bienveillance de son Dieu, à cette voix il tremble maintenant jusque dans les profondeurs de son âme, il fuit troublé, il se cache, oubliant qu'il n'y a ni ténèbres, ni ombre de mort où se puissent cacher les ouvriers d'iniquité ».
C'est là ce qui fait la terreur du péché ; il ne peut être voilé, il faut qu'il soit manifesté à la lumière. « Où irai-je loin de ton esprit, où fuirai-je loin de ta face ? Si je monte aux cieux, tu y es ; si je descends dans l'abîme, t'y voilà ; si je prends les ailes de l'aube du jour, et que j'aille demeurer aux extrémités de la mer même, ta main me conduira et ta droite me saisira ; - si je dis : Au moins les ténèbres me couvriront, la nuit même sera la lumière tout autour de moi ». - J'ai entendu ta voix, dit Adam, et j'ai craint parce que j'étais nu et je me suis caché.

Ah ! c'est qu'en effet la voix de l'Éternel qui s'est fait entendre en Eden, n'est plus cette voix qui avait prononcé que tout était bon et avait béni son heureuse créature. La voix de l'Éternel vient cette fois avec le vent du jour, se promenant dans le jardin. La plupart des interprètes ont vu dans ces mots simplement l'indication de la brise qui se fait sentir à l'heure du matin ou au crépuscule du soir. Mais n'est-ce pas plutôt qu'ici la voix de l'Éternel est apportée sur les ailes d'un vent, qui fait retentir en Eden la première tempête dont la terre ait été ébranlée. « Il fait du vent ses anges, et des flammes de feu ses ministres. La voix de l'Éternel est puissante ; la voix de l'Éternel brise les cèdres, même les cèdres du Liban. la voix de l'Éternel jette des éclats de flamme et de feu ; la voix de l'Éternel fait trembler le désert ».
À peine le péché a-t-il souillé la terre que déjà la nature est remplie d'une sombre terreur. Les éléments en désordre annoncent la désharmonie qui a succédé à l'union de la créature avec son Créateur. L'impétuosité des vents frappe et brise les plantes qui embellissaient Eden, souille leurs fleurs odoriférantes, les dépouille de leur fraîche verdure et de leurs fruits délicieux. - De sombres nuages parcourent une atmosphère chargée du déplaisir de l'Éternel ; les éclats de la foudre l'expriment avec puissance. - L'homme coupable a fui et cherche en vain un refuge sous les arbres du jardin.

Toujours, toujours, mes frères, la voix de l'Éternel se fera entendre contre le péché.
Depuis le jour solennel où Dieu plaça l'homme sous une responsabilité qu'il ne pourra jamais récuser, la voix de l'Éternel s'est fait entendre contre tout péché, et jamais elle ne le laissera impuni.
Depuis le jour solennel où, sur le mont de Sinaï, entouré de feux, de tonnerres, de nuée, de tremblements, Dieu proclama sa loi sainte, en y ajoutant cette sanction : « Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi pour les faire » la voix de l'Éternel s'est fait entendre contre toute violation de cette loi, pour prononcer une malédiction. Et si cette voix terrible ne vient pas sur les ailes du vent comme en Eden, où Adam tremble quand personne encore ne l'accuse, elle retentit au fond de la conscience coupable, en attendant qu'elle retentisse au dernier jour. Si Adam fuit devant la voix de Dieu qui ne l'accuse point encore, que sera-ce de ce jour grand et terrible du Seigneur, où les éléments embrasés s'enfuiront, où la terre sera consumée par le feu, où les cieux passeront avec un bruit de tempête, où le juge de l'univers, venant dans sa gloire accompagné de ses saints anges, exercera la vengeance avec des flammes de feu sur ceux qui ne connaissent point Dieu et n'obéissent point à l'Évangile de son fils ? » Que sera alors la voix de l'Éternel contre le péché, et le désespoir de ceux qui, voulant fuir comme Adam et ne le pouvant pas, diront aux montagnes : Tombez sur nous, et aux rochers : Couvrez-nous de devant la colère de celui qui est assis sur le trône de l'Agneau !

Sera-t-elle silencieuse alors la voix de l'Éternel contre le péché ? Non, mes frères, non, jamais, jamais ! Elle poursuivra jusque dans les profondeurs du lieu de la réprobation ceux qui auront méprisé cette voix lorsqu'elle proclamait la miséricorde et le pardon, et sera dans leur souvenir le ver qui ne meurt point, le feu qui ne s'éteint point. Le péché est une souillure indélébile attachée à l'âme immortelle, à moins que cette tache ne soit lavée par le sang de la nouvelle alliance qui purifie de tout péché.

Cependant, après avoir fait entendre en Éden sa voix redoutable, l'Éternel parle à l'homme éperdu. Il l'appelle. Si c'est pour le faire paraître en jugement, quel va être le sort d'une créature qui a manqué le but de son être et donné un démenti au dessein de Dieu ? « Que te ferai-je, Ephraïm ? Comment te traiterai-je, Israël ? Mon coeur est agité au dedans de moi et mes compassions se sont échauffées en même temps. Je n'exécuterai point l'ardeur de ma colère ; je n'en viendrai point à détruire Ephraïm, car je suis le Dieu fort et non point un homme ; je suis le saint au milieu de toi ».

Non, l'Éternel n'anéantit point sa coupable créature ; il ne prononce pas même encore la sentence de condamnation qu'il fera entendre plus tard comme « salaire du péché ». Il n'abandonne pas l'homme à sa propre misère ; il s'intéresse à son déplorable état ; il veut qu'on le reconnaisse, même dans ses jugements, comme le Dieu « lent à la colère ».

Où es-tu ? dit l'Éternel à Adam, couvert de confusion et non encore repentant, où es-tu ? 0 ma créature ! ô roi de cet univers, dans quel abîme de misères tu t'es précipité ! Toi que j'aimais, toi qui étais si heureux de ma communion, où es-tu ? Toi qui étais revêtu d'innocence et de majesté, toi sur le front de qui j'avais fait briller un rayon de ma gloire, où es-tu ? Quel n'est pas ton opprobre ! quelle n'est pas l'amertume de ton remords !
Quelle voix, mes frères, quelle voix de miséricorde pour faire rentrer en eux-mêmes les deux coupables d'Éden, pour leur faire comprendre la profondeur de leur chute et les amener humiliés et repentants aux pieds de leur Créateur, afin de voir s'il peut y avoir grâce et pardon auprès de lui !
Et vous, ô mes bien aimés frères, qui tous avez aussi péché, n'avez-vous jamais entendu cette voix ? L'Éternel n'a point encore prononcé sur vous une sentence de condamnation ; il ne veut pas non plus vous abandonner à votre misère ; il vient à vous ; il vous cherche ; il vous appelle par sa Parole et par mille moyens ; il vous dit même en cet instant par ma faible voix : où es-tu ?
Où es-tu, toi qui si souvent as péché contre ton Dieu, violé ses lois, méprisé sa Parole, et qui n'as point encore pris le sac et la cendre pour pleurer sur tes péchés, qui n'as point encore supplié le Dieu Sauveur de le recevoir en grâce ?
Où es-tu ? Sur le bord d'un abîme, ayant une sentence d'éternelle condamnation suspendue sur ta tête, et tu attends le jour fatal avec une folle indifférence !
es-tu, toi qui reçus dans ton enfance, par les soins d'un père pieux ou d'une mère tendre, des impressions religieuses qui devraient t'attacher à Dieu, et qui as été assez malheureux pour te laisser prendre aux pièges d'un monde corrompu et entraîner vers la ruine par le torrent du vice ?
Où es-tu, toi qui, dégoûté du monde, de ses plaisirs amers, de ses prestiges trompeurs, n'as cependant point encore cherché en Dieu, dans la croix du Sauveur, la paix et le bonheur que le monde ne peut donner et le seul remèdes aux plaies brûlantes de ton coeur ?

es-tu, jeune homme, jeune personne, insensés qui courez après la vanité, dévorés de désirs qui ne seront jamais satisfaits, et bercés par des espérances qui seront toujours déçues ?
es-tu, vieillard malheureux qui portes sur ta tête blanchie la trace de tant d'années passées au sein des misères dont souvent tu as gémi, sans avoir encore appris la vraie sagesse ?

Vous tous qui m'écoutez, nous tous qui sommes ici devant Dieu, répondons ; bannissons les illusions : où sommes-nous ? Où sommes-nous quant à Dieu, quant à notre âme, quant au ciel, quant à l'Éternité ?

Oh ! puissions-nous entendre cette voix, tandis que Dieu nous l'adresse dans sa bonté ! Puissions-nous, comme Adam, ouvrir les yeux sur notre véritable état ! Oui, dussions-nous éprouver la même honte et la même terreur ; dût la rougeur monter sur notre front humilié et nous accuser aux yeux de tout l'univers ; dût la voix de l'Éternel porter le tremblement jusqu'au fond de notre âme, Dieu veuille que nous nous voyions tels que nous sommes ! J'aimerais mieux mille fois vous voir rougir de honte ou trembler de terreur, que de vous voir dans cette coupable et lâche indifférence, ou dans une vague profession d'un Christianisme sans vie et sans puissance.
Mon Dieu ! je te le demande ; s'il le faut, que la rougeur de la honte et le tremblement de la terreur soient les témoins de notre humiliation et de notre repentance !

Mes frères, si Dieu exauce cette prière, si vous apprenez à vous connaître vous-mêmes devant lui, si vos yeux sont ouverts, ah ! n'ayez pas recours, pour couvrir votre honte, aux misérables expédients que nous avons signalés, et, après avoir vu toute votre nudité devant Dieu, puissiez-vous entonner avec un prophète ce chant de rédemption : « Je me réjouirai en l'Éternel et mon âme s'égaiera en mon Dieu ; car il m'a revêtu des vêtements du salut et il m'a couvert du manteau de la justice, comme un époux qui se pare de magnificence et comme une épouse qui s'orne de ses joyaux ! »


Table des matières

Page précédente:
Page suivante:
 

- haut de page -