Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



L'HOMME BANNI D'EDEN



MÉDITATION II.

LA TENTATION.

« Or le serpent était le plus fin de tous les animaux des champs que l'Éternel Dieu avait faits. Et il dit à la femme ! Quoi ! Dieu aurait-il dit : Vous ne mangerez point de tous les arbres du jardin ? - Et la femme répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n'en mangerez point, et vous ne le toucherez point, de peur que vous ne mouriez. - Alors le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez nullement ; mais Dieu sait qu'au jour que vous en mangerez, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » Gen. III, 1-5.

Nous avons, dans notre précédente méditation, considéré l'homme tel qu'il sortit de la main de son Dieu et ensuite jeté un regard sur l'état actuel de l'homme. Cette comparaison nous a dévoilé un abîme entre ces deux états. - Qu'est-ce qui a creusé cet abîme ?
Si la Bible laissait cette question sans réponse, le monde ne serait qu'une énigme inexplicable, le mal un effrayant mystère, les malheurs de l'homme une accusation contre la Providence ; la Rédemption, une oeuvre incompréhensible et sans but. Mais Moïse va nous donner, en peu de mots, la solution de cette grande question, la clé de toutes les révélations de Dieu.
Le troisième chapitre de la Genèse est comme le portail du vaste et majestueux édifice que Dieu a élevé pendant des siècles pour notre salut. Quiconque n'est pas entré dans l'intelligence et dans l'esprit de ce chapitre ne connaît de cet édifice que l'extérieur.

Recueillons, mes frères, toute notre foi à la vérité éternelle de la Parole de Dieu, et entrons, sans redouter les difficultés qui se rencontreront sous nos pas, dans cet édifice où sont inscrits, avec les premiers péchés et les premiers malheurs de l'homme, le mot de sa destinée et l'espérance de sa rédemption.

Le sujet de notre méditation de ce jour sera LA TENTATION.
Vous introduire dans ce sujet en aplanissant quelques difficultés et en en considérant les circonstances extérieures ; vous montrer la tentation d'abord dans une question insidieuse de l'ennemi qui ébranle la confiance de la femme, puis dans une dénégation de la vérité de Dieu, tel sera l'ordre de nos idées.

Adam était heureux en Éden, entouré de tous les dons de la nature qui pouvaient embellir sa demeure et y répandre l'abondance et la joie. Dans son coeur régnaient l'innocence et la paix ; la bénédiction et l'amour de son Dieu reposaient sur lui et sur la femme qui lui avait été donnée pour compagne. Un amour pur les unissait ; ils dominaient avec douceur sur les oeuvres de Dieu ; ils trouvaient leur plaisir à cultiver ces plantes et ces arbres divers qui répandaient sur Éden leur frais ombrage, leur naissante beauté, leurs fruits délicieux.
Ici est « l'arbre de vie », auquel Dieu a attaché, comme à un symbole visible, l'assurance de leur immortalité, un gage de leur communion éternelle avec le Dieu vivant.
Là est « l'arbre de la connaissance du bien et du mal », qui doit être un témoin approbateur de leur fidélité s'ils restent dans l'obéissance, mais aussi l'instrument fatal qui leur apprendra à connaître l'amertume du mal s'ils viennent à tomber dans le mal.
C'est à cet arbre que Dieu attache un commandement qui doit placer l'homme sous la dépendance et la responsabilité ; il lui est défendu d'en manger le fruit. L'obéissance au commandement sera le bien dont l'homme acquerra la conscience par l'objet même auquel s'attache l'ordre divin ; la désobéissance sera le mal, également connu par l'arbre mystérieux qui, pour cela, s'appelle l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Dans la simplicité de son innocence l'homme connaissait aussi peu la nature du bien que celle du mal. Il ne pouvait en acquérir la connaissance que de deux manières : ou en observant l'ordre de son Dieu, ce qui lui donnait la conscience de son obéissance, ou en violant cet ordre, ce qui lui donnait la connaissance du mal par un triste contraste avec le bien.
Mais ce n'était pas là la seule raison pour laquelle Dieu donne à sa créature un commandement, on plutôt une défense à observer. Dieu doit à son éternelle souveraineté de placer toutes ses créatures intelligentes sous la dépendance et la responsabilité. Dieu veut un ordre établi aussi bien dans le monde moral que dans le monde physique. Bien plus, Dieu veut, comme nous le voyons par toutes les pages de sa Parole, que ses créatures lui rendent une obéissance libre, un culte de coeur qui serait anéanti par l'absence, de toute responsabilité ou par l'impossibilité de pécher.
Dieu agit avec sa créature comme un bon père envers son enfant qu'il n'abandonne pas à son arbitre incertain ni au hasard de sa destinée. Tout l'univers obéit à la voix du Créateur ; les mondes qui roulent dans l'espace et le brin d'herbe que nous foulons aux pieds accomplissent la loi de leur être ; ils annoncent l'ordre établi par le Souverain des cieux et de la terre ; « ils proclament la gloire du Dieu fort, et donnent à connaître les oeuvres de ses mains ». Ils observent, machinalement il est vrai, la loi qui leur fut imposée, parce qu'ils sont destitués d'intelligence ; mais l'être qui a reçu une âme pour comprendre, un coeur pour aimer, doit avoir la conscience du devoir et produire une obéissance qui émane d'une volonté libre et droite et d'un coeur aimant et pur. Or pour cela il faut que cet être soit sous une responsabilité, et pour qu'il y ait responsabilité, il faut une loi.
Les anges des cieux mêmes, les intelligences pures qui entourent le trône de Dieu, sont placées sous cette loi de l'ordre éternel que Dieu a établi dans toute l'étendue de la création ; et l'Écriture nous apprend que c'est pour avoir violé cette loi de dépendance et de responsabilité, pour avoir voulu être loi à eux-mêmes, que le Seigneur « a réservé dans les liens éternels et dans les ténèbres, pour le jugement du grand jour, les anges qui n'ont pas gardé leur origine, mais qui ont abandonné leur propre demeure (Jude 6.).

Cette loi devait donc être imposée à l'homme ; elle le fut et se rattacha, pour des raisons à nous inconnues et de peu d'importance, à l'arbre appelé pour cela « de la connaissance du bien et du mal ». Ces raisons, on les a cherchées dans la supposition que le fruit de cet arbre était, en lui-même, nuisible à l'homme, peut-être vénéneux, et dans mille spéculations (1) sans utilité aucune, puisque c'est l'ordre même et non son objet qu'il nous faut avoir en vue.
Le commandement était donc simple, précis, facile à accomplir, accompagné d'une sanction redoutable : « Tu mangeras librement du fruit de tous les arbres du jardin ; mais quant au fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n'en mangeras point ; car, dès le jour que tu en mangeras, tu mourras de mort » ou « tu mourras certainement ».

Nos premiers parents obéiront-ils à la voix de leur Dieu ? Violeront-ils sa loi ? La reconnaissance, l'amour qu'ils lui doivent, la douceur de sa communion, la profonde vénération qu'ils doivent porter à sa puissance, à sa sagesse, à sa bonté, le bonheur dont ils jouissent, la riche abondance de tous les fruits de la terre dont il leur a donné la libre jouissance, la pureté, l'innocence enfantine et pleine d'abandon qui remplit leur coeur, tout, tout nous semble devoir être un garant de leur persévérance dans l'ordre.
Une impure tentation ne saurait s'élever dans leur coeur ; ce n'est donc pas de là qu'il faut attendre l'origine du mal ; la chercher en Dieu serait un blasphème. D'où pourrait donc venir le mal ?
Ne l'oublions pas ; il ne peut venir que du dehors, et c'est ce fait, heureux dans les malheurs de l'homme, qui un jour rendra possible une réparation.

Hélas ! le mal existait déjà, mais ce n'était pas en l'homme, ce n'était pas en Éden. Et quel sera donc, dans toute l'immensité de la création, l'être qui puisse prendre un funeste plaisir à précipiter dans le crime des créatures innocentes, et dans la ruine des êtres heureux ? - Que notre historien réponde. - Mais quoi ? c'est parmi les créatures destituées d'intelligence qu'il voit le séducteur du premier homme et l'auteur des maux de la race humaine ? Il nomme un serpent !
À ce mot l'incrédulité sourit et range avec indifférence l'antique récit mosaïque au nombre de ces fables mythologiques dont abonde l'histoire des peuples de l'antiquité ; à ce mot le savant, soumis à la Parole de Dieu parce qu'il a examiné les preuves qui en établissent la vérité sur un fondement inébranlable, s'épuise en conjectures, forme mille hypothèses qui puissent à ses yeux jeter quelque lumière sur cet endroit mystérieux de nos saints livres. - Peut-être, pense-t-il, n'était-ce pas un serpent réel, mais quelque être qui en avait revêtu la forme ; peut-être toute cette scène de la tentation n'est-elle qu'une figure, une espèce de parabole destinée à nous enseigner une vérité morale ; peut-être est-ce une prosopopée poétique, assez commune chez les Orientaux, au moyen de laquelle on fait dire, même à des objets inanimés, les impressions qu'ils produisent sur nous et les pensées que leur vue fait naître ; peut-être ainsi l'auteur sacré a-t-il voulu nous rendre plus sensibles les raisonnements que fit Eve, en voyant le serpent manger du fruit de l'arbre qui lui était interdit ; peut-être...

Mais assez d'hypothèses. - Nous ne voulons cependant point les condamner comme téméraires, ni prononcer anathème sur ceux qui cherchent ainsi à s'expliquer un passage qui, il faut en convenir, a ses difficultés. Nous aurions même été tentés de nous ranger à l'avis de quelqu'un d'eux si, après un mûr examen, nous n'avions pas vu que l'intention manifeste de l'auteur est de raconter un fait purement historique, dans lequel pas un mot n'indique une figure, pas davantage que dans tout le livre de la Genèse.

Moïse nous parle d'un serpent naturel, d'un serpent qui est entre tous les animaux des champs que l'Éternel Dieu avait faits, d'un serpent qui, comme nous le verrons plus loin, est condamné, pour la part qu'il a prise à la tentation, à l'état où nous voyons maintenant cet animal, d'un serpent dont le caractère bien connu est ici décrit, la Genèse, la ruse.
Mais ce serpent parle ! Comment attendre des sons articulés d'un être qui ne possède point les organes de la parole ? Nous n'entrerons point, pour répondre à cette objection, dans de nouvelles hypothèses sur l'espèce de serpent dont il est ici parlé ; mais je dirai d'abord : Que savons-nous de la nature de cet animal et de la nature de tous les animaux d'avant la chute de l'homme ? Que savons-nous s'ils ne possédaient point des facultés qu'ils ont perdues en participant à la désorganisation profonde que le péché a introduite dans le monde et que l'observateur le plus superficiel peut apercevoir (2?
Et quoi qu'il en soit, voyez ce qui reste d'instinct, j'ai presque dit d'intelligence, à ces êtres dont la nature a été trop peu étudiée, à ces êtres que nous appelons brutes, et qui pourtant comparent et jugent les objets, distinguent leur ami de leur ennemi, poursuivent dans celui-ci une injure faite depuis longtemps, témoignent à celui-là leur reconnaissance pour un bienfait reçu, ce qui suppose chez eux une sorte de sentiments, de passions, de mémoire. Quelles leçons étonnamment difficiles certains animaux ne sont-ils pas capables d'apprendre ? et enfin, si nous entendons quelques-uns d'entre eux répéter des phrases entières et distinctement articulées, qu'y a-t-il d'incroyable dans la parole d'un serpent ? Que savons-nous d'ailleurs sur la manière dont les êtres d'un autre ordre que le nôtre se communiquent leurs pensées ? Nous requerrons des organes pour la parole !
Mais quels organes prononcèrent au baptême de Jésus-Christ ces paroles que tous les assistants entendirent : « Celui-ci est mon Fils bien aimé ? » - Quels organes firent entendre à Paul ces mots redoutables : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » Et sans rappeler les exemples nombreux que renferme la Bible, quels organes communiquèrent au Sauveur, dans une tentation qui a plus d'un trait de ressemblance avec celle dont nous nous occupons, les paroles du Tentateur ?
Nous confessons donc notre foi au sens purement et simplement historique du récit de Moïse.

Mais le serpent ne prononce pas seulement des paroles, nous dira-t-on ; il pense, il raisonne. Dieu aurait-il dit : Vous ne mangerez point de tous les fruits d'Éden ? - Cette objection nous conduit à un autre ordre d'idées et au véritable point de la tentation.
Oui, en effet, le serpent raisonne ; il adresse à Eve une question insidieuse dont la finesse et la profondeur nous frappent, nous arrêtent et nous forcent à dire : Le serpent n'est là qu'un misérable instrument. Il y a là une puissance occulte qui pense, parle, agit par lui. Les paroles qu'il prononce ne peuvent provenir d'un être innocent et sans raison ; j'entends au contraire sortir de sa bouche la question détournée et obliquement insidieuse d'un séducteur.
Moïse, pour de bonnes raisons dont il n'est pas difficile de se rendre compte, raconte la chose, il est vrai, telle qu'elle dut paraître à nos premiers parents, et dans un langage simple et enfantin qui porte tellement le cachet de cet âge que, si sa narration était différente, nous serions tentés de la révoquer en doute. Mais qui peut penser qu'il attribuât à un animal des champs cette séduction qui, selon son propre témoignage, fut suivie de si terribles conséquences ? Non, il voyait sans aucun doute dans ces faits l'action d'un être sur l'existence et la nature duquel les révélations subséquentes de Dieu nous ont donné la plus grande lumière.
En effet l'existence d'un être malfaisant, d'une nature spirituelle, déchu de Dieu « parce qu'il n'a pas persévéré dans la vérité (Jean 8, 44) », d'un être qui, génie du mal, prend un infernal plaisir à entraîner dans sa ruine celles des créatures de Dieu sur lesquelles il peut exercer sa fatale influence, d'un être qui a ainsi établi sur la terre un royaume de ténèbres, d'un être que l'Écriture nomme Satan, le démon, le diable ; l'existence de cet être est constamment supposée et expressément enseignée par Jésus-Christ et par ses apôtres (3). - Or, il est dans le Nouveau-Testament des témoignages qui attribuent, avec toute évidence, à cet esprit de ténèbres, la séduction de nos premiers parents. Paul ne saurait y voir uniquement l'action d'un animal sans raison quand il nous dit que « le serpent séduisit Eve par sa ruse (2 Cor. 11, 3. ) ». Jésus-Christ fait une allusion, qu'on ne peut méconnaître au chapitre que nous méditons, quand il dit que « le diable est meurtrier dès le commencement (Jean 8, 44. ) ». Saint Jean semble commenter cette parole de son maître : « Le diable pèche dès le commencement ; mais Jésus-Christ est apparu pour détruire les oeuvres du diable (1 Jean 3, 8) ». Mais, pour m'en tenir à un dernier témoignage des auteurs inspirés, je citerai encore le même apôtre faisant allusion à la forme sous laquelle le démon séduisit Eve ; voici comment il le désigne dans deux passages de ses révélations : « Le serpent ancien, appelé le diable et Satan, qui séduit le monde (Apoc. 12, 9. 20, 2.)... ». Enfin, mes frères, on sait que les Juifs admettaient comme un article de foi l'influence du démon dans le premier péché qui fut commis sur la terre. On lit au livre apocryphe de la Sapience ces paroles : « Par l'envie du diable la mort est entrée dans le monde (4». - C'est donc Satan, c'est celui « qui rôde autour de nous comme un lion rugissant », qui porta en Éden des paroles de séduction et de péché. Observons maintenant ce qu'un apôtre désigne si bien, « ses machinations ».

Voyez comme le caractère du séducteur se trahit même dans les circonstances extérieures de la tentation. D'abord l'ennemi s'attaque à la femme comme à celle qu'il sait être plus faible et plus sous l'empire de ses impressions. Bien que, comme son mari, elle portât en elle tous les traits de l'image de Dieu, il est probable qu'elle lui était inférieure soit en force soit en connaissance ; peut-être aussi n'avait-elle reçu que médiatement et par Adam, la défense dont la violation fit son malheur. Quoi qu'il en soit, c'est sur le faible que le lâche ennemi des hommes dirige surtout ses traits, c'est le faible qui a le plus de combats à soutenir, le plus de tentations à vaincre. C'est quand les disciples du Sauveur en Gethsémané sont affaiblis, abattus par de profondes impressions de tristesse que leur Maître leur répète avec la plus grande sollicitude : « Veillez et priez, de peur que vous ne tombiez en tentation ». - Heureux le faible qui n'est point surpris dans sa faiblesse ! Heureux s'il la sent, s'il la déplore, s'il s'en défie, et si, recherchant tout auprès de celui « dont la force s'accomplit dans son infirmité », il peut dire avec Paul : « Lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort ! »

Remarquez encore que l'ennemi s'attaque à la femme lorsqu'elle est seule, lorsqu'elle est dénuée du secours que lui offrirait la présence du compagnon et de l'appui de sa vie.
La solitude qui favorise la réflexion, le retour sur nous-mêmes, l'étude de notre propre coeur peut avoir les plus précieux avantages ; mais aussi que de tentations, que de pensées impures peuvent s'élever dans le coeur de celui qui n'a que lui-même pour témoin de ses impressions, lorsqu'il a le malheur de ne pas porter avec lui dans la solitude le sentiment vif et sanctifiant de la présence de Dieu ! - Ah ! il connaissait bien notre nature celui qui nous a donné la communion de ses enfants comme un puissant moyen de sanctification, aussi bien que comme une douce jouissance !
Sans doute Dieu peut et veut garder son enfant dans toutes les situations de la vie ; toutefois souvenez-vous, chrétiens, souvenez-vous de vos précieux privilèges pour les faire tourner à votre salut ! Soyez forts de la force que Dieu a donnée à vos frères ! Enfants de Dieu, formez dans votre union une sainte phalange qui soit invulnérable et invincible. « C'est là que l'Éternel a ordonné la bénédiction et la vie à toujours ! »

Mais venons enfin aux paroles mêmes de la tentation. Dieu aurait-il dit : Vous ne mangerez point du fruit de tous les arbres du jardin ?
II est impossible d'imaginer une parole qui, sous l'apparence d'une simple et innocente question, fût plus insidieuse, plus propre à jeter dans l'âme sans défiance de la femme l'erreur et le doute. Si elle prête l'oreille à cette question, si elle l'examine, si elle s'y complaît, plus pour elle de repos intérieur, de foi simple, de confiance enfantine en la Parole de son Dieu, d'obéissance à sa loi.
C'est là un chef-d'oeuvre de séduction plus adroit, plus puissant, que la plus humble supplication, que la plus terrible menace, que la plus douce flatterie, que la plus brillante éloquence. - II y a dans cette question deux choses également dangereuses pour l'âme d'Eve : un doute funeste de la vérité de la Parole de Dieu, et une perfide exagération propre à insinuer la défiance.

Je dis d'abord un doute de la vérité de la Parole de Dieu : Dieu aurait-il dit ? et voilà qui tend à saper par la base toute foi, toute obéissance, toute morale, tout ordre établi. C'est là ce que nous crie à haute voix le témoignage d'une expérience journalière. C'est là l'arme la plus puissante du démon et de notre mauvais coeur ; c'est l'arme par laquelle des milliers d'hommes sont frappés et plongés dans la ruine. Cette tentation les surprend sous toutes les formes, dans les instants les plus dangereux de la vie humaine, souvent par le moyen de ceux qui font à leur insu l'oeuvre du séducteur.
Remarquez bien qu'il ne s'agit point encore ici de nier formellement la vérité divine et la certitude de la responsabilité de l'homme. Une si téméraire audace, à laquelle cependant le démon aura bientôt recours, eût été alors un scandale pour Eve et en serait un pour beaucoup d'âmes qui ne craignent pas de nourrir et de caresser un doute, et même pour un grand nombre d'hommes qui professent encore que Dieu a parlé, mais qui ne craignent pas de proférer souvent la question insidieuse de la première tentation : Dieu aurait-il dit ?

Dieu aurait-il dit, insinuait le séducteur en Éden ; Dieu aurait dit, répètent les séducteurs dans le monde ; Dieu aurait-il dit qu'il faille, pour lui plaire, s'abstenir de ces jouissances et de ces plaisirs qu'il a mis à notre portée sans doute pour que nous les goûtions ? Dieu aurait-il dit que « l'amour du monde est une inimitié contre Dieu, que celui qui se rend ami du monde se rend par-là même ennemi de Dieu ? » Dieu aurait-il dit qu'il nous faille renoncer à tout pour le suivre en portant notre croix, que « si nous aimons père, ou mère, ou frère, ou soeur, ou maison plus que lui nous ne sommes pas dignes de lui ? » - Dieu aurait-il dit que le monde « est plongé dans le mal », que nous portons en nous un coeur mauvais et corrompu, que « l'affection de la chair qui est en nous ne se soumet point à la loi de Dieu », que notre vie est souillée par le péché ? Dieu aurait-il dit « qu'il ne tient pas le coupable pour innocent », qu'il maudit le péché, que « la voie large mène à la perdition ? »
- Non, non ! Dieu n'est pas si rigoureux ; c'est un Père trop bon pour punir les faiblesses de ses enfants ; gardez-vous de prendre à la lettre le langage figuré des menaces de la Bible, ou réservez-le du moins pour les méchants ou les grands criminels. Dieu sait bien que nous sommes faibles ; soyez honnête homme, repentez-vous de vos fautes et tout ira bien.

Quand le doute a ainsi dépouillé la parole de Dieu de son immuable sainteté, affaibli l'obligation et la responsabilité de la créature envers le Créateur, ouvert une large porte à la passion qui nous entraîne et frayé la voie à la tentation, ces mêmes vérités que le souffle meurtrier du doute n'a pu encore anéantir parce qu'elles renferment une force immortelle, sont présentées à l'âme ébranlée avec une exagération qui va engendrer la défiance. Dieu aurait-il dit : Vous ne mangerez point de tous les arbres du jardin ? Ces fruits délicieux que produit la terre, qui semblent avoir été placés devant vous pour répandre dans votre demeure l'abondance, la beauté, le bien-être, vous ne goûteriez d'aucun de ces dons ? Ils ne seraient tous là que pour exciter en vous d'inutiles désirs ! Celui que vous adorez comme votre Dieu vous imposerait des lois si dures !

Et c'est ainsi qu'aujourd'hui encore ceux qui insinuent le doute aux vérités de la Parole de Dieu se gardent bien de les présenter fidèlement et sous leur vrai jour. Ils sont habiles à les défigurer, à montrer que l'observation des lois de Dieu est incompatible avec notre faiblesse, que la morale de l'Évangile n'est pas faite pour des hommes, qu'il y aurait de l'injustice dans les châtiments infligés à ceux qui n'y conforment pas leur vie.
Ils sont habiles y faire tomber le ridicule sur les hommes qui laissent dire à la Bible ce qu'elle dit, qui la croient dans toute son étendue, qui abandonnent la multitude pour se ranger à l'obéissance de leur Dieu.
Ils sont habiles à présenter sous un faux jour les doctrines vitales de l'Évangile, pour montrer qu'elles sont contraires à la raison, et qu'il faut au plus tôt y apporter les amendements de la sagesse humaine.
Ils sont habiles à persuader ceux qui les écoutent que la foi vivante et vraie est une renonciation de la raison, que la soumission filiale est un esclavage, que le renoncement au monde et à ses joies et à ses vanités est un voile sombre et lugubre jeté sur la vie entière. Ils diraient volontiers, s'ils étaient aussi sincère » que le serviteur inutile de la parabole, ils diraient volontiers au Dieu de la Bible : « Je savais que tu étais un maître dur qui moissonnes où tu n'as point semé, et qui recueilles où tu n'as point répandu ».

Maintenant que la tentation se présente ; tout dans le coeur de l'infortuné qui a prêté l'oreille aux mensongères insinuations du séducteur, est préparé pour l'heure fatale de la séduction... et de la ruine.
La connaissez-vous, mes frères, la puissance de la tentation ? Elle est présente, elle presse votre pauvre coeur qui ne sympathise que trop avec elle ; elle l'entraîne par le charme du péché revêtu de couleurs séduisantes ; la conscience fait entendre sa voix ; le combat s'engage ; vous résistez, car les foudres de la parole de Dieu contre le péché retentissent au loin et portent le trouble jusque dans les profondeurs de votre âme. Mais dans le fort du combat un doute s'élève ; Dieu aurait-il dit ? Sera-t-il offensé de cette faiblesse ? y prendra-t-il garde ? la punira-t-il ? Ainsi se brise le dernier frein imposé à l'impétuosité de la tentation ; la barrière de la parole de Dieu est renversée ; vous cédez.....
Vous voilà livré au tourment du remords ; vous sortez d'un vertige pour savourer toute l'amertume de ce qui, l'instant d'auparavant, vous paraissait si doux !

O mes frères, voilà la scène d'Éden ; voilà l'histoire de notre pauvre coeur et de notre pauvre vie ! Qu'il y a de vérité dans ces faits que nous retrace l'historien des malheurs de l'homme ! Comme il est vrai qu'une ruine certaine suit le doute de la Parole de Dieu ! Comme il est vrai que « ce qui nous fait remporter la victoire sur le monde, c'est notre foi ! » - Ah ! malheur à quiconque prête l'oreille aux perfides insinuations de l'ennemi ! Malheur ! surtout, malheur aux prophètes de mensonge qui propagent le doute tout en professant d'avoir la foi à la Parole, notre seule sauvegarde ! - Mon Dieu ! fortifie ma foi ! Mon Dieu ! ne nous expose pas à la tentation !

Écoutons maintenant les paroles de la femme, et voyons si elles ne trahissent pas la vérité de ce triste tableau de la tentation que j'ai essayé d'esquisser.
II semble au premier abord qu'elle demeure ferme, que la question captieuse du démon n'ait fait sur elle aucune impression. Elle repousse l'exagération mensongère de son perfide ennemi : « Nous mangeons, en toute liberté, des fruits de tous ces arbres du jardin ; ils sont là pour notre jouissance ; Dieu ne nous traite pas, comme tu l'insinues, en maître dur et avare. Vois l'abondance, la richesse, la beauté des productions diverses qu'il a ordonné à la terre de porter pour notre bien-être. »

Et en ceci nous devons imiter Eve, mes frères ; il nous est bon de nous prévaloir de nos glorieux privilèges, de la bonté et de l'amour de notre Dieu, pour montrer au monde tout le bonheur qu'il y a dans « la liberté glorieuse des enfants de Dieu », qui lui paraît un esclavage ; toute la joie qu'il y a dans les voies de la piété, qui lui paraissent si sombres. - Nous devons imiter Eve aussi dans sa promptitude à rappeler à sa mémoire la défense expresse de Dieu qui aurait dû être son Salut : Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n'en mangerez point.

Mais ici cesse la sagesse de la femme et probablement aussi la pureté de son innocence. - D'abord son premier tort fut de s'arrêter en face de la tentation, de prêter l'oreille à une question qui révoquait en doute la vérité de la Parole de Dieu.
Bien que son inexpérience du mal, sa simplicité, les formes captieuses du tentateur dans lequel elle ne voyait point encore l'ennemi de son âme, puissent en quelque degré lui servir d'excuse, pourquoi un doute soulevé contre le commandement solennel de son Créateur n'a-t-il pas excité sa défiance, son indignation ?
Pour nous, mes frères, qui « n'ignorons pas les machinations de Satan », pour parler comme un apôtre, nous qui connaissons par une triste expérience la ruse et la faiblesse de notre pauvre coeur, soyons en garde contre ses insinuations, défions-nous de nous-mêmes, fuyons le mal, ne composons jamais avec ce que l'Éternel a maudit !

Remarquez ensuite qu'Eve ne rapporte point la défense de Dieu telle qu'il l'avait donnée. Elle y ajoute une clause au moins inutile : Et vous n'y toucherez point, paroles par lesquelles elle semble vouloir s'exagérer son respect pour le commandement de l'Éternel. Mais pourquoi commenter, expliquer, étendre un ordre clair, positif, complet ? Ces mots ne trahissent-ils point en elle ce trouble intérieur qui accompagne toujours la tentation, le sentiment d'une faiblesse qu'on veut dissimuler à soi-même et aux autres, au moyen d'une expression exagérée de son horreur pour la chose que déjà on désire en secret, et de son respect pour la loi qu'on n'ose encore enfreindre ?
L'expérience vous aura sans doute appris que ce ne sont pas ceux d'entre les hommes qui parlent en termes les plus forts de crainte de Dieu, de devoir, de vertu, qui sont le plus loin de leur chute ; tandis que souvent l'âme humble et vraie, qui redoute sa faiblesse, qui se plaint de sa propension au mal, est préservée par la puissance de son Dieu, parce qu'elle combat avec sincérité. -

Enfin, il est encore une autre falsification du commandement de Dieu, dans la manière dont la femme le rapporte. Selon elle, la sanction de ce commandement serait : De peur que vous ne mouriez, tandis qu'en réalité cette sanction était : Tu mourras de mort, ou « tu mourras certainement ». Qui ne voit là une âme flottante, entre la foi simple et le doute, entre l'obéissance filiale, prompte, entière, et l'attrait de la tentation ? Qui ne voit là l'effet de la question insidieuse de l'ennemi ? Quand il s'agit du péché, celui qui doute sur les conséquences certaines qu'il entraîne à sa suite est déjà vaincu. Nous avons déjà établi cette vérité ; nous ne nous y arrêterons pas davantage.

Oh ! que la Parole de notre Dieu, sa Parole telle qu'il nous l'a donnée, soit reçue avec une pleine certitude de foi, sans arrière-pensée, purement et simplement ! Que cette Parole soit notre arme, notre bouclier, notre salut !

Si nous négligeons ce moyen puissant de victoire dans les combats, une chute certaine en sera le premier châtiment ; car alors nous offrons nue aux traits de l'ennemi la place la plus vulnérable de notre être. Voyez comment Satan se prévaut de la disposition fatale qu'il remarque chez la femme. Il jette le masque de sa ruse perfide ; il donne en blasphémant un éclatant démenti à la Parole de Dieu, sur laquelle il n'avait fait jusqu'ici que de jeter un doute léger : Vous ne mourrez nullement !
Voilà, mes frères, le premier mensonge qui ait souillé la terre que nous habitons. Voilà comment se donne à connaître celui que Jésus-Christ appelle avec tant de raison menteur et le père du mensonge (Jean 8, 44.). Voilà comment après avoir jeté dans l'âme le doute et le trouble par la question insidieuse : Dieu aurait-il dit ?- il veut l'amener à fouler aux pieds le commandement solennel de Dieu par ce mensonge impie : Vous ne mourrez nullement ! Tels sont les progrès du mal, telle est la marche de la tentation !

Et ne pensez pas, mes frères, que cette oeuvre de ténèbres et de séduction qui se commença en Eden, ait pris fin avec la chute de nos premiers parents.
Non, non ; elle se poursuit incessamment par tous les moyens dont « le père du mensonge » peut abuser pour détourner les hommes de la foi et les faire douter de cette justice éternelle de Dieu à laquelle il doit de punir le péché. Ainsi, tandis que la parole divine et les ministres fidèles de cette Parole font entendre à toute âme d'homme inconverti cette sanction de la loi éternelle : Tu mourras de mort, mille voix s'élèvent dans le monde, dans ses sociétés, dans ses livres, et peut-être même (chose terrible à dire !) jusque dans le sanctuaire de la vérité divine, pour répéter après le père du mensonge : Vous ne mourrez nullement !
En vain la Parole du Seigneur dit-elle au pécheur non réconcilié avec Dieu par le sang du Sauveur, en vain les serviteurs du Christ répètent-ils après elle que « le salaire du péché c'est la mort », que « la voie large conduit à la perdition », que « l'âme qui aura péché mourra », on lui fait entendre le mensonge d'Éden : Vous ne mourrez nullement !
En vain le Sauveur du monde lui-même dit-il à quiconque a des oreilles pour entendre : « Si vous n'êtes convertis, vous périrez tous semblablement, si un homme n'est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu, on n'en répète pas moins : Vous ne mourrez nullement !
En vain la vérité dit-elle : « Si vous marchez selon la chair, vous mourrez ; l'affection de la chair est la mort ; sans la sanctification personne ne verra le Seigneur », le mensonge répète : Vous ne mourrez nullement !
Et ce qu'il y a de plus triste dans ce contraste, dans ce combat du mensonge contre la vérité, c'est que le premier trouve presque toujours un écho dans notre coeur, tandis que la voix de la vérité est étouffée. Oui, notre pauvre coeur se ligue avec l'erreur contre la vérité, contre notre salut. - Et dès-lors comment ne seraient-elles pas reçues avec avidité les paroles mensongères du tentateur ?

Vos yeux seront ouverts, continue-t-il, en invoquant le nom de Dieu même et en sanctionnant ainsi d'un blasphème sa promesse séduisante : Dieu sait qu'au jour que vous en mangerez vos yeux seront ouverts, et vous serez comme des dieux (ou comme Dieu), sachant le bien et le mal.

Nous verrons dans une prochaine méditation quel est le sens de la première partie de cette promesse, et comment elle fut accomplie. Qu'il nous suffise de dire que ces mots : Vous serez comme des dieux, ou comme Dieu, offraient à l'orgueil auquel ils allaient donner naissance une proie dont il n'a cessé dès lors de se saisir avec avidité. Ce n'est point l'attrait d'une tentation charnelle qui est offerte à des êtres encore libres de l'esclavage des sens, mais bien une tentation spirituelle comme leur nature.
Maintenant encore l'ennemi des âmes est habile à tendre à l'homme, selon sa nature, selon sa position ou ses penchants, des pièges dans lesquels il se précipitera avec l'ardeur d'un être qui croit y trouver le bonheur. Il est un de ces pièges qui enlace comme un réseau immense tous les enfants d'Adam qui n'ont pas reconnu, déploré, abjuré cette coupable folie ; c'est l'orgueilleuse ambition de vouloir être comme des dieux, de vouloir secouer le joug du Tout-Puissant, nier leur dépendance et leur responsabilité, être loi à eux-mêmes. C'est là « le mystère d'iniquité », c'est le péché dans son essence. Ils ont dit comme les hommes de la parabole : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous », et ils tiennent trop bien leur parole téméraire.
Dirait-on, à voir la masse de la société actuelle, qu'il y a un Dieu qui règne dans les cieux ?
Nos hommes publics et nos hommes de société n'ont-ils pas honte de se réclamer de son nom et de lui donner gloire ? Ne renient-ils pas son droit de domination sur leur coeur, sur leurs affections, leurs pensées, leur vie entière ? N'y a-t-il pas dans notre coeur, même lorsque nous désirons fonder notre sagesse sur la crainte de Dieu, une secrète et orgueilleuse répugnance à admettre sans réserve l'éternelle souveraineté de Dieu sur tout ce que nous avons, sur tout ce que nous sommes ? L'autorité de sa Parole et de sa volonté ne rencontre-t-elle pas toujours en nous un sentiment de révolte qui nous pousse à la méconnaître ou à la rejeter ? Fatale promesse du démon ! tu n'es que trop bien accomplie.
Eh quoi ! vermisseau de la poussière, être d'un jour, qui as reçu l'existence par la libre bonté de Dieu, qui reçois la vie à chaque instant à mesure qu'il te la maintient, et dont chaque respiration et chaque battement de coeur est un don continuel de ton Créateur, tu veux être indépendant ! Tu ne peux faire un pas sans qu'il t'en fournisse la force, et tu veux vivre sans Dieu !
S'il te laissait retomber de cette main puissante qui te tira du néant et qui te maintient par bonté, tu irais te confondre avec la plus vile poussière, et tu veux être comme Dieu !

Mes frères, une si criminelle folie, une si monstrueuse ingratitude ne se comprend que parce que, hélas ! nous en avons tous fait la funeste expérience. Mais aussi longtemps que dure un tel état d'âme, aussi longtemps que nous n'avons pas abjuré avec horreur un tel orgueil, aussi longtemps que nos pensées, nos affections et notre volonté n'ont pas été réduites sous l'obéissance à la souveraineté de Dieu et sous le doux empire de son amour, il n'y a en nous, quoi que nous fassions d'ailleurs, que péché et que misère éternelle. Qui peut vivre en étant séparé de la source de la vie ? Qui peut étancher la soif qui le dévore en s'éloignant de la source des eaux vives ? La promesse du démon renferme donc le crime, la mort, la ruine éternelle. Malheur à celui qui y prête l'oreille !

Mes bien aimés frères ! je me tourne vers vous en finissant cet exposé de la tentation en Éden, et je vous demande : N'est-ce-pas là votre histoire ? N'est-ce pas là ce qui se passe en vous chaque fois que vous avez le malheur de tomber dans le péché ? N'est-ce pas là enfin le tableau fidèle de l'état de votre âme et des attaques que dirige sans cesse contre vous votre perfide ennemi conjuré avec votre propre coeur ?
Ah ! puisque la Parole de Dieu, d'accord avec votre expérience, vous avertit de vos dangers, vous montre l'abîme creusé sous vos pas, vous signale la voie du péché et de la ruine où il conduit, nous vous conjurons, par les compassions de Dieu et par vos plus chers intérêts, de vous rendre attentifs à ces choses, de veiller, de prier, de fuir la colère à venir.

Je voudrais laisser deux pensées solennelles profondément imprimées dans l'âme de deux classes des personnes qui m'écoutent ; vous qui devez vous rendre le triste témoignage que vous êtes encore enlacés dans les pièges du tentateur, qu'ayant été plongés par lui dans le péché et l'éloignement de Dieu, vous ne vous êtes point encore réconciliés avec lui par ce Sauveur qui a réparé les désordres du péché ; souvenez-vous que vous êtes dans un état de ruine, que le salaire du péché c'est la mort, que la voie large mène à la perdition. - Souvenez-vous aussi que vous êtes avertis de tous vos dangers, que Dieu a tout fait pour vous sauver après avoir rendu possible un salut gratuit et inespéré ; souvenez-vous que nous avons aujourd'hui encore rempli auprès de vous notre ministère ; que, s'il est inutile, nous en verserons des larmes, mais vous seuls en porterez la peine. Que sais-je ? dans ce moment même, pendant que je vous parle avec un ardent désir de votre salut, une voix mensongère répète peut-être encore au fond de votre coeur : Tu ne mourras nullement ! - Si vous l'écoutez en méprisant la voix de la vérité que je vous prêche, j'en appelle solennellement au témoignage de l'Éternel entre vous et moi, et voici ce témoignage qui sera bientôt proclamé sur vous et sur nous au grand jour de l'éternel jugement.
« Toi donc, fils d'homme, je t'ai établi pour sentinelle à la maison d'Israël ; tu écouteras donc la Parole de ma bouche et tu les avertiras de ma part ; quand j'aurai dit au méchant : Méchant, tu mourras de mort, et que tu n'auras point parlé au méchant pour l'avertir de se détourner de sa voie, ce méchant mourra dans son iniquité ; mais je redemanderai son sang de ta main. Mais si tu as averti le méchant de se détourner de sa voie, et qu'il ne se soit point détourné de sa voie, il mourra dans son iniquité ; mais tu auras délivré ton âme.

Voici notre seconde pensée : Vous qui êtes maintenant animés d'un désir sincère de secouer le joug tyrannique du péché, de renoncer au diable et à ses oeuvres de ténèbres, et vous qui déjà suivez Jésus en portant par la foi son joug et sa croix, et qui craignez par-dessus tout les ruses de votre propre coeur, souvenez-vous que vous n'êtes pas seuls à combattre, - Souvenez-vous que « Christ a paru pour détruire les oeuvres du diable », que « Celui qui est avec vous est plus fort que celui qui est dans le monde », « qu'en toutes choses nous serons plus que vainqueurs en Celui qui nous a aimés ». Encore quelques jours de combat, de tentations, d'épreuves, de larmes, et nous reverrons Éden sans tentations et sans péché !

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PRÉFACE - MÉDITATION I. L'IMAGE DE DIEU
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(1) Voir l'exégèse sur ch. II. 16, 17.

(2) Voir les exégèses sur les v. 1. 14,17

(3) Qu'on veuille lire attentivement entre des centaines d'autres passages les quatre suivants : Math. 13, 39. 12, 28. - 1 Pierre 5, 8. - Éphés. 2, 2.

(4) Sap. 2, 24.

 

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