Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



DOROTHÉE TRUDEL

PREMIÈRE PARTIE



V

Dorothée Trudel avant sa conversion

Si les paroles et l'exemple de sa mère furent très salutaires à Dorothée Trudel, ils ne suffirent pas tout de suite à changer son coeur. Elle tenait de la nature de son père ; avec les traits de son visage, elle avait hérité de lui une violence qui la faisait souffrir. Dans sa jeunesse, elle se contentait de dire : « Je n'y puis rien, c'est un défaut de race. »
Mais sa parfaite droiture et le sentiment du devoir la préservèrent des écueils et des dangers de la jeunesse. Extérieurement, c'était une belle et svelte jeune fille. Pourtant dans son coeur déjà à cette époque habitait une crainte de Dieu, profonde, solide, telle qu'on en rencontre rarement aujourd'hui, surtout chez des personnes qui se tiennent pour converties et ne le sont pas réellement.

La différence capitale qui la séparait des autres jeunes filles de son âge, c'était sa grande moralité, la pureté de son coeur, L'impureté, l'immoralité, ce péché si profondément enraciné de nos jours qui détruit et mine des milliers de créatures humaines, qui s'installe aussi bien dans les familles pauvres, où le manque de ressources est souvent la cause de misères de toutes sortes, que dans les cercles riches où l'on se réjouit de façon plus savante, cette plaie hideuse de notre époque, elle l'avait en abomination. Car celle qui ironiquement plus tard fut appelée la « sainte Dorothée », avait appris à connaître l'existence du Dieu Saintqui voit dans le secret et rend à chacun selon ses oeuvres. Et plus tard, développant en elle ce sentiment, elle se posera à tout instant cette question : « Puis-je faire cela en présence de Dieu ? »

De nature, elle était vaniteuse, preuve en soit ce qu'elle disait plus tard à une jeune fille qui s'accusait devant elle de légèreté : « Tu n'es pas, à beaucoup près, aussi vaine que je l'étais avant ma conversion ; je me rappelle, en effet, que le samedi, en me coiffant, lorsque j'avais terminé les quatre larges tresses qui étaient alors à la mode, je ne me contentais pas de me regarder dans un miroir, il m'en fallait un second derrière moi... (1) »

Dorothée Trudel n'était donc pas encore convertie : ses petits défauts de jeunesse, elle ne les mettait pas au rang de péchés. Il était nécessaire que Dieu, d'une certaine façon, attirât son attention sur l'une de ses légères fautes pour qu'une première et grande transformation s'accomplît en elle. C'est en effet ce qui eut lieu.

Désirant détourner ses enfants de tout ce qui est contraire à une conduite pieuse, madame Trudel défendait à Dorothée la danse, à laquelle elle était très portée. Mais celle-ci lui désobéissait souvent sur ce point, non qu'elle dansât avec les garçons du village ; elle repoussait bien plutôt leurs avances, et l'un d'eux ayant un jour voulu l'embrasser, elle fit, pour lui échapper, un effort tel qu'elle en conserva une faiblesse au dos. Elle considérait cet effort comme la cause première de la maladie qui la rendit plus tard bossue. Elle aimait, en revanche, beaucoup à danser avec une amie qui demeurait chez sa mère, et l'avait fait souvent le dimanche, ce qui était contraire à la volonté expresse de sa mère.
Cette jeune fille mourut subitement et laissa Dorothée inconsolable.

VI

Première conversion de Dorothée Trudel

À la vue du départ inattendu de sa jeune amie, Dorothée Trudel se reprocha amèrement de ne lui avoir jamais parlé de ses intérêts éternels. Elle comprit qu'elle aurait pu avoir, avec cette jeune fille, des occupations plus sérieuses que la danse. C'est d'ailleurs ce qu'elle nous fait remarquer dans une lettre écrite la dernière année de sa vie :

« Cela m'affligea si profondément, dit-elle, que je souhaitais de n'être plus qu'en Jésus et de n'assurer plus mon plaisir qu'en mon Sauveur. Je commençais à me convertir ; mais au lieu d'ouvrir mon coeur à ma mère, je me renfermais dans mon chagrin, je luttais désespérément pour le pardon de tous mes péchés ; je fus bientôt épuisée à force de pleurer, et tombai malade. Enfin, je déclarai à ma mère que mon plus lourd péché c'était d'avoir souvent dansé le dimanche ; sur quoi, elle me consola très charitablement (2). »

Cette première crise dans la vie de Dorothée est entièrement déterminée par le sentiment du péché. Elle est due d'abord à une cause extérieure, puis à des causes intérieures. La première secousse fut pour elle la mort impressive de sa jeune amie. Puis, tout naturellement, après quelques réflexions, Dorothée se posa la question des questions : si Dieu me rappelait à Lui, comme mon amie, serais-je prête ? Sa conscience, déjà si délicate, ne put répondre affirmativement ; des fautes, que jusqu'alors elle avait jugées légères, prirent à ses yeux une importance de plus en plus grande, une gravité qu'elle n'avait jamais soupçonnée. Le poids en devint même intolérable. Elle dut se réfugier dans les bras miséricordieux du Sauveur. Mais cela ne lui suffit pas ; il lui fallut faire un pas plus difficile encore : s'accuser devant sa mère d'avoir dansé malgré sa défense. Alors seulement la paix rentra dans son coeur. Les crises semblables ne sont pas rares : l'aveu du péché à son Dieu n'enlève rien à la souffrance qu'il vous cause ; il importe de le révéler aux hommes. Hélas que de gens un tel aveu n'arrête-t-il pas !

Cependant cette crise affaiblit de plus en plus Dorothée Trudel ; mais la maladie épura son âme, en la menant presque jusqu'aux portes du tombeau. « Je devins si malade, nous dit-elle, que tout le monde crut que j'allais mourir. Le médecin, demandé par mon père, me déclara atteinte de phtisie. Alors je suppliais les miens, puisque je devais mourir, de n'avoir plus recours au médecin, mais de laisser faire le mal, car je serais morte avec plaisir. Seulement, les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées : mon état s'améliora. Il me resta cependant ma douleur au dos ; ma belle stature dépérit alors ; je devins un être recourbé, amaigri, tout à fait desséché. Ceux qui m'avaient vue deux ans auparavant, ne pouvaient plus me, reconnaître... (3) »

Immédiatement après son rétablissement, la crise transforma les relations de Dorothée Trudel avec ses jeunes amies. Tant qu'avait duré sa maladie, elle n'avait pu recevoir personne à cause de sa grande faiblesse. Quand elle revit ses amies, elle leur raconta dès le premier jour ce qui s'était passé en elle, ajoutant que, si elles comptaient se réunir comme par le passé pour répéter des bavardages, elle ne se sentirait plus libre de se joindre à elles ; que, en revanche, elle était très disposée à les voir pour parler des choses concernant le salut.

C'est ainsi que s'accomplit en Dorothée Trudel une première grande transformation. Elle avait vingt-deux ans. Sa personne, bien que petite et contrefaite, n'avait rien de disgracieux. Habillée de noir et couverte de la grande pèlerine qui lui descendait jusqu'à la ceinture, elle conserva, dans tout son être un frappant cachet de, modestie et de distinction.

VII

Maennedorf

Jusque là, Dorothée Trudel avait habité avec ses parents à Hombrechtikon, le petit village de montagne où elle était née. Mais un peu plus tard, après la mort de sa mère survenue en 1840, son oncle de Hollande, venu quelques mois auparavant, la prit chez lui à Maennedorf, à quelques lieues de là, sur le bord du lac de Zurich, avec son frère et ses deux soeurs. Ils y vécurent ensemble dix ans et un mois, jusqu'au 28 avril 1850.
C'est là que, sur le conseil de son oncle, elle renonça à son métier de tisseuse de soie, trop fatigant pour une personne infirme, et entreprit la fabrication des fleurs artificielles.

Un neveu de Dorothée fonda vers le même temps, un atelier de passementerie dans lequel il occupait nombre d'ouvriers et d'ouvrières ; plusieurs logeaient et prenaient pension dans l'établissement même, et Dorothée eut bientôt, dans cette maison industrieuse, sa place toute trouvée. Elle s'occupait comme une tendre mère, du bien matériel et spirituel des ouvriers. Pleine d'énergie, d'ardeur et de sympathie, elle passa là par des luttes et des déceptions nombreuses, et souvent encore il lui arriva de s'aigrir contre ceux qui résistaient à ses conseils et à son influence.
Il faut ajouter que, sitôt arrivée à Maennedorf, elle s'était mise à fréquenter assidûment le culte des frères moraves, qui réunissait les gens pieux du village ; bientôt, elle fut connue dans ce milieu par sa décision et son zèle religieux.

Maennedorf, ce village dont le souvenir est encore sur tant de lèvres et dans tant de coeurs, ce petit coin privilégié de la terre qui vit des centaines de malheureux réunis dans une même prière, dans un même élan de foi, de confiance et d'amour, - Maennedorf, nom à jamais gravé dans l'histoire, - où se poursuit encore la même oeuvre avec le même esprit, - c'est là que Dorothée Trudel atteignit sa trente-septième année, l'année décisive de sa vie, - c'est là qu'elle entreprit, par la force des événements, l'oeuvre qui lui a survécu parce que c'était l'oeuvre du Seigneur, c'est là qu'après six années d'une activité sans bornes elle s'éteignit dans le rayonnement de sa foi inébranlable et de son ardent amour des âmes.

Nous aurions aimé, avant d'achever ces pages, vivre quelques heures de la vie de ce petit village du bord du lac de Zurich, pour laisser du moins à la physionomie de Dorothée Trudel quelque chose de la nature où elle vécut, de l'air qu'elle respira, des maisons où s'exerça son immense charité, mais surtout quelque chose de cette vie spirituelle dont l'intensité ne diminuait pas, grâce à son âme d'élite, entièrement, consacrée à son Dieu

VIII

Les réunions plymouthistes

On parlait beaucoup, dans le petit cercle que Dorothée Trudel fréquentait, d'une nouvelle réunion plymouthiste, fondée depuis peut à Zurich et où disait-on, l'enseignement était plus intéressant et plus spirituel que dans la réunion morave. Après avoir résisté un temps à l'attrait de cette apparition nouvelle, elle se décida enfin à y céder. Elle aimait à raconter cette expérience, voici à peu près en quels termes :

« Avide d'entendre quelque chose de nouveau, J'allai donc prendre place dans cette petite assemblée. Nous avions à Maennedorf toujours les mêmes frères pour nous édifier, et dans notre église la prédication avait un caractère très vague et général ; aussi n'avais-je, depuis des années, entendu expliquer la Bible qu'à un seul point de vue, et cela encore d'une manière assez monotone. Celui qui dirigeait ce jour-là la réunion lut, dans le chapitre XXIV de la Genèse, l'histoire du mariage d'Isaac. Il allégorisa ce beau récit, y faisant voir l'union de l'âme avec le Sauveur et insistant sur le rôle d'Eliézer, qui représentait à ses yeux l'activité du Saint-Esprit préparant l'âme à se décider pour Christ. Tout cela était pour moi très nouveau ; ce fut une fête spirituelle, comme je n'en avais jamais eue ; je bus les paroles du prédicateur. Quand le discours fut achevé, voyant qu'on se préparait à prendre la Cène, je gardai ma place, car je me trouvais heureuse au milieu de ces frères.
Mais voilà que, lorsque vînt mon tour, celui qui offrait le pain et le vin me laissa intentionnellement de côté, ce qui m'attrista et m'inquiéta fort. Il s'approcha ensuite de moi et me dit : « Ne vous connaissant pas, je ne pouvais vous donner la Cène dites-moi, avez-vous reçu le Saint-Esprit » Cette question m'embarrassa d'abord ; je me sentais confuse d'être ainsi interpellée et de voir ma qualité, d'enfant de Dieu suspectée, au lieu qu'à Maennedorf j'étais connue pour une des plus zélées. Je répondis pourtant avec franchise qu'on ne m'avait pas beaucoup parlé du Saint-Esprit, mais que je croyais, avoir par le sang de Christ, le pardon de mes péchés. « Ce n'est pas là ma question, me fut-il répondu ; il faut que vous sachiez si vous avez reçu le Saint-Esprit ; et celui qui l'a reçu le sait ; lisez seulement à ce sujet le premier chapitre des Éphésiens et le huitième des Romains... » Je connaissais bien ces deux chapitres, et restai vivement impressionnée par ce court entretien. Ce que souvent j'avais vaguement supposé m'était devenu clair : il y avait des lacunes dans ce qui m'avait été enseigné, et mon développement spirituel s'en était ressenti. Mon retour fut occupé d'une seule pensée il faut, me disais-je, à tout prix arriver à une pleine clarté.

« Rentrée à la maison, je me couchai en même temps que les autres, mais quand tout le monde se fut endormi, je me relevai et passai la nuit en prières et en supplications, luttant avec mon Dieu pour obtenir les lumières qui me manquaient. J'étais pleine d'anxiété, mais en même temps d'espoir ; je connaissais la fidélité de mon Dieu et savais qu'il m'exaucerait (4). »

Les réunions plymouthistes de Zurich venaient de mener Dorothée Trudel sur le chemin d'une deuxième conversion, qui devait compléter la première, tout en la fortifiant. C'étaient des horizons nouveaux et ignorés qui s'ouvraient devant elle. Malgré son premier abandon à son Sauveur, elle n'eut pas de peine à reconnaître tout ce qui lui manquait encore. La continuation consciente de l'oeuvre du Saint-Esprit en nous, par conséquent la sanctification, elle ne les avait pas expérimentées. La régénération n'avait pas suivi la conversion. Un tel vide, après quinze années où l'on s'est efforcé de vivre avec le Seigneur, aurait pu amener chez tout autre que Dorothée un découragement, une lassitude, qui sait ? le doute ou la défaite ! Mais Dorothée Trudel avait de l'énergie : sa nuit passée en prières en fait déjà preuve, et dans la suite elle sut le montrer jusqu'à l'évidence. N'avait-elle pas encore vivante devant les yeux, l'image de sa mère, toujours vaillante, jamais lassée ? Certes l'horizon pouvait s'obscurcir, la route devenir sombre et parsemée d'épines... malgré tout, l'espérance de sa mère triomphait en elle. « Je connaissais la fidélité de mon Dieu, et savais qu'Il m'exaucerait. »
L'exaucement allait être accordé au prix d'une seconde crise plus intense encore que la première.

IV

Deuxième conversion de Dorothée Trudel

C'est à cette époque que vint se placer une nouvelle expérience spirituelle qui transforma la vie de Dorothée. Elle y attachait une très grande importance ; c'est à peu près en ces termes qu'elle l'a racontée plus d'une fois à ses nombreux amis :

« Un de mes principaux sujets de préoccupation, au temps où j'habitais chez mon neveu, était sa conversion. Il avait un caractère emporté, et, tout en ayant une conduite honorable et des habitudes de piété, il aimait le monde et ne connaissait pas la vie nouvelle. Je l'avais souvent exhorté, et je priais journellement pour lui.

« Un matin (il pouvait être neuf heures), assise près de la fenêtre de ma chambre, je l'entends frapper une porte en prononçant des paroles violentes. Je me remets alors à prier pour lui, m'écriant : « 0 Dieu ! quand enfin convertiras-tu ce pauvre Jacob ! » À peine avais-je parlé qu'à mon tour j'entendis, ces mots : « Convertis-toi toi-même avant de vouloir convertir les autres ! » Ces paroles étaient prononcées d'une voix solennelle, pleine de douceur et de reproche, qui me pénétra de telle sorte que, je restai là comme foudroyée et anéantie. Ma vie entière passa en un clin d'oeil devant moi, tout y était souillure et péché ; mon orgueil et ma recherche de moi-même en particulier m'accusaient d'une manière terrifiante. Tout ce que j'avais fait m'apparaissait comme anéanti, et moi-même j'étais pulvérisée. Il me semblait qu'on me mettait à nu. En même temps, je vis comme passer sous mes yeux toute ma Bible. Sur chaque page resplendissait un seul mot : Moi l'Éternel, moi, c'est moi, il n'y en a pas d'autre que moi !
« Je restai pendant longtemps dans un état de trouble profond, au point que ma soeur crut que j'avais perdu la raison.

« Cet état dura plusieurs jours : je m'échappais souvent de la maison et allais errer dans la forêt : c'est là qu'après de longues angoisses la clarté se fit enfin dans mon âme. La conviction que Jésus le Crucifié ne m'abandonnerait pas me rendit la paix.

« Revenue à moi-même, je me trouvais dans un état de paix et de bonheur, de béatitude et de ravissement difficile à décrire. Je vivais dans un autre monde, dans une communion intense et non interrompue avec mon Dieu ; la vie terrestre me paraissait presque impossible et je me sentais transformée. Au bout de trois semaines, j'étais encore tellement absorbée par l'intensité de ma vie intérieure, que je dus demander à Dieu de faire diminuer la vivacité des impressions que j'éprouvais, pour me mettre à même de vaquer à ma tâche journalière (5). »

Qu'ajouter à ces lignes si simples et si émouvantes qui ne les rabaisse ! On y sent vibrer un coeur qui est entré enfin en communion avec son Dieu. « Convertis-toi toi-même avant de vouloir convertir les autres », cet appel direct de la conscience, nettement. exprimé, et entendu, a porté ses fruits. La lutte de l'égoïsme, de la propre justice a pris fin. Et c'est maintenant le rayonnement infini, la joie débordante, la vie intérieure avec toute l'intensité d'un premier ravissement !

Dorothée Trudel a achevé sa conversion. Jugeant sévèrement son passé, elle reconnut que, pendant les quinze années qui avaient suivi sa première conversion, elle avait conservé beaucoup de recherche propre et d'orgueil spirituel. Désormais, elle n'a plus qu'à se reposer sur son Dieu. Sa fidélité ne la trompera pas. Il est à remarquer que partout et toujours, durant la première crise comme dans toute sa vie, c'est la confiance en Dieu qui l'a fait triompher, cette confiance dont sa mère lui avait donné un si bel exemple !
Et cependant, pourquoi rester dans le ravissement ? Malgré toute son intensité, il finira bien par disparaître : car la vie a été donnée à l'homme pour l'activité et non pour l'oisiveté ou l'extase. À lui de conserver, de développer, de fortifier sa vie intérieure, ses impressions et ses joies par un service reconnaissant envers son Dieu. Dorothée Trudel le comprit ; elle n'était ni paresseuse, ni nonchalante. Pressée de rentrer, au contraire, en pleine activité, elle demanda à Dieu de diminuer la vivacité de ses impressions. Alors, pleine d'humilité et débordante d'amour, elle reprit courageusement sa tâche avec foi et reconnaissance.

Dès lors, l'influence qu'elle exerçait déjà sur son entourage et en particulier sur la jeunesse employée dans la maison de son neveu s'accentua de plus en plus et de cette époque datent des changements décisifs dans mainte existence.

Un de ses amis qui l'a connue dès sa jeunesse, écrivait : « Celui qui allait voir Dorothée Trudel vers 1850, lorsqu'elle était occupée dans l'atelier de passementerie de son neveu, remarquait en elle, à côté d'une vigoureuse intelligence et d'une rare perspicacité, une faim et une soif de connaissance et de grâce, avec un amour pour les âmes qui surmontait tous les obstacles. Elle ne se contentait pas de connaître les vérités du salut, mais s'empressait de les mettre en pratique et de conformer toute sa conduite aux convictions, qu'elle avait acquises. (6) »

Magnifique témoignage qui vient déjà appuyer fortement la réalité de la conversion de Dorothée Trudel et sa profondeur.
Mais qu'avons-nous besoin de donner de tels témoignages ? Toute la vie de Dorothée Trudel, à partir de cette crise mémorable, convainc, fût-ce le plus incrédule, de la présence du Saint-Esprit dans une âme, l'âme même qu'on eût cru là plus faible et la plus méprisable. Les faits rendront leur témoignage. Et, si l'on peut juger de la réalité d'une conversion par les paroles, surtout par les actes qui la suivent et par une vie intime, plus que tout autre, Dorothée Trudel, chemin faisant, nous touchera par ses discours, nous convaincra par ses oeuvres et forcera notre admiration par sa vie intérieure sans cesse renouvelée auprès de son Dieu !


Table des matières

Page suivante:

(1) Dorothée Trudel, traité n° 223, page 12.

(2) Aus dem Leben und Heimgang der Jungfrau Dorothea Trudel von Maennedorf, page 9.

(3) Aus dem Leben, etc... op. cit., page 9.

(4) Dorothée Trudel, op. cit. ; pages 15 et 16.

(5) Dorothée Trudel, op. cit., pages 17 et 18.

(6) Dorothée Trudel, op. cit., page 19.

 

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