Commentaire sur
l'épître aux Romains
CHAPITRE
IV.
1-2. QUE dirons-nous donc qu'Abraham
notre père a trouvé selon la
chair ?
Certes si Abraham a
été justifié par les
oeuvres,
il a de quoi se
glorifier, mais non pas envers Dieu.
L'Apôtre éclairât ici sa
doctrine de la justification en citant l'histoire
d'Abraham, et la déclaration de David. Rien
n'est, en effet, plus propre que ces deux exemples
à nous convaincre combien est vaine
l'espérance de ceux qui comptent sur la
justification par les oeuvres.
Abraham était un patriarche
éminemment saint, le père commun de
la nation d'Israël ; il avait
été appelé l'ami de Dieu, et
tous les peuples de la terre devaient être
bénis en lui.
David était l'homme selon le coeur de
Dieu ; l'ancêtre du Messie et son type
personnel ; il était oint Roi et
Prophète, et, si Abraham n'avait
été justifié que par la foi,
si David, parlant par l'Esprit de Dieu,
déclare que c'est la seule voie par laquelle
les hommes puissent recevoir la justification qui
pourra prétendre à l'obtenir par
aucun autre moyen.
Nous avons déjà observé que
dans toute cette épître, Paul a
dirigé spécialement son attention sur
les Juifs. Les Gentils n'avaient point reçu
des avantages extérieurs assez grands pour
offrir un fondement à leur confiance, pour
tranquilliser leurs consciences et pour les assurer
qu'ils étaient agréables à
Dieu. C'est pour cela qu'il était bien
difficile, quoique les
derniers prophètes
eussent dirigé leurs vues vers ce point, de
persuader aux Juifs, qu'ils devaient établir
une distinction bien tranchée, entre les
institutions typiques de leur loi, qui ne les
sanctifiaient, que quant à la
pureté de la chair
(Héb. IX. 13) et le
sang qui devait éloigner
véritablement le péché de
l'âme. Aussi l'Apôtre demande-t-il ici
ce que leur père Abraham a obtenu par ses
privilèges extérieurs ?
(Rom. II. 25.
Phil. III. 3. 4)
Il était consigné dans les
écritures qu'il avait été
justifié ; la question était de
savoir comment il l'avait été. Si
c'était par ses oeuvres, alors il avait
quelque chose dont il pouvait se glorifier ;
mais Paul, comme s'il avait hâté de
repousser une idée aussi contraire à
la perfection de la loi de Dieu et à la
dépravation de l'homme, s'empresse de
répliquer brusquement ; mais non pas
envers Dieu. Il eût été
contraire à toute la doctrine des
écritures, de penser que l'homme
formé dans l'iniquité et que sa
mère a échauffé dans le
péché,
(Ps. LI. 7) qui dans aucun moment ne
rend complètement à la loi
l'obéissance qu'elle exige, qui encourt
à chaque instant la punition de la mort par
le péché, pût avoir le moindre
droit à se glorifier en présence de
ce Dieu, devant qui les Séraphins
couvrent leurs faces de leurs ailes.
(Isa. VI. 2)
3. Car
que dit l'écriture ? qu'Abraham a cru à Dieu et
cela lui a été imputé à
justice.
L'Apôtre s'en rapporte ici aux
écritures de l'ancien Testament qui donnent
un témoignage positif de sa doctrine ;
elle déclare qu'Abraham crut ce que Dieu lui
assurait, et que cette croyance lui avait
été imputée, avait
été allouée en sa faveur ou
compté pour justice.
Cette citation est tirée de
Gen. XV. 6. Elle se rapporte au
temps où l'Éternel promit à
Abraham que sa postérité serait
innombrable comme les étoiles du Ciel.
C'était le renouvellement de la promesse
qu'il lui avait faite lorsqu'il l'avait tiré
de son pays,
(Gen. XII. 2. 3) et ainsi elle
comprenait la déclaration qui lui avait
été répétée en
divers termes que toutes les nations du monde
seraient bénies en sa semence.
Cette promesse se rapportait donc à
celle qui fut faite à nos premiers parents
après leur chute et dans laquelle
était renfermée l'espérance
originaire d'une rédemption
éternelle, qui devait être accomplie
par un libérateur né de la race
humaine, et que Dieu annonçait à
Abraham comme devant sortir de sa
postérité.
C'est ainsi que Dieu annonça
l'évangile à Abraham.
(Gal. III. 8) Celui-ci crut à
Jéhovah, et cette foi lui fut comptée
pour justice. Toute action de l'homme peut lui
être imputée ainsi, car le Seigneur
peut vouloir bien récompenser sa
créature pour une de ses actions, quoique
cette action émanant
d'une créature imparfaite et
pécheresse, ne puisse lui donner aucun droit
positif à une telle
bénédiction. Ce don peut être
caractérisé en le considérant
comme une allouance accordée gratuitement
à celui à qui elle n'appartenait pas.
(Ps. CVI.30. 31) Mais combien plus la
gratuité de la faveur divine ne se
déploie-t-elle pas lorsqu'elle est
accordée où l'homme n'a rien
fait ? car il y aurait une grande
différence entre faire quelque chose de
bien, quelque peu que ce soit, et croire simplement
que Dieu veut accomplir ses promesses ; cette
allouance de la foi pour la justice, est donc la
preuve la plus forte que la
bénédiction du Très-Haut n'est
point allouée comme une dette, comme une
dispensation de justice, mais comme acte de faveur
nullement méritée, comme une
dispensation de miséricorde. La foi
d'Abraham lui fut comptée pour justice,
parce que la vérité qu'il crut est
une chose agréable à Dieu.
Ce passage des anciennes écritures confirme
la doctrine que la justice de Dieu est
reçue par la foi, et montre le
témoignage qui en était rendu par la
loi.
(Rom. III. 21) II réfute aussi
l'opinion de ceux qui se trompant sur la
manière dont l'apôtre Jacques
s'exprime,
(Jac. II) affirment que l'homme est
d'abord justifié seulement par la foi, mais
qu'il l'est ensuite par les oeuvres qui
découlent de la foi.
Les paroles de la Genèse que nous avons
citées, se rapportent à une
période qui est bien postérieure
à l'époque où Abraham avait
cru en Dieu et avait été
justifié.
(Gen. XII. 1. 4.
Heb. XI. 8.) Par conséquent
l'homme obtient d'abord la justification par la
foi, et ne continue dans cet état que par la
foi.
4-5. Or
à celui qui fait les oeuvres, le salaire ne lui est pas
imputé comme une grâce, mais comme une
chose due. Mais à celui qui ne fait pas les
oeuvres,
mais qui croit en
celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée
à justice.
Ici est établie formellement la distinction
entre recevoir pour les oeuvres et recevoir par la
foi. Dans le premier cas, l'homme reçoit ce
qui au moins en partie, lui est dû ;
dans le second, tout est à titre
de faveur. C'est dans le 5.e verset que cette
manière de justification est placée
dans le point de vue le plus clair.
D'abord l'homme à qui la foi est
imputée pour justice ne fait pas les
oeuvres. Il ne fait rien pour obtenir la
justification. Mais ce n'est pas tout ;
à l'époque où il est
justifié, il était impie.
Cette expression, impie est
appliquée par tout dans les saints livres
aux hommes de la dernière
méchanceté.
(I. Tim. I. 9,
l. Pier.IV. 18.
II. Pier. II. 5)
(1)
Quelques personnes disent qu'il peut être
accordé que Dieu justifie les impies, mais
seulement ceux qui l'ont été d'abord
et non ceux qui le sont encore lorsqu'ils sont
justifiés. Cela est vrai, parce que tous
ceux qui sont justifiés étaient
auparavant impies, et que tous ceux qui sont
justifiés deviennent au même instant
pieux. Mais la question est de savoir s'ils
étaient impies ou non, dans le moment qui a
précédé leur justification.
Or, s'ils sont considérés comme pieux
et le sont véritablement, les paroles de
l'Apôtre sont fausses, et la proposition
contraire que Dieu ne justifie que les hommes pieux
sera vraie.
Il n'y a donc rien de bon dans l'homme, aux yeux de
Dieu, avant qu'il n'ait été
justifié. Jusqu'alors il est impie,
il est dans cet état contre lequel la
colère de Dieu se révèle du
ciel,
(Rom. I. 18) et par conséquent
il n'a été rien fait par lui qui
contribue à sa justification.
L'homme qui cherche à être
justifié, en faisant quelque chose que ce
soit, s'oppose à l'évangile de la
grâce de Dieu et est dans la malheureuse
condition de ces Juifs que Paul peint avec tant de
sensibilité dans les IX.e et X.e chapitres
de cette épître. « Seigneur,
que faut-il que je fasse pour être
sauvé ? demanda le geôlier de
Philippe à Paul et Silas, ils
répondirent, crois au Seigneur Jésus
et tu seras sauvé.
(Act. XVI. 30. 31) Que ferons-nous
pour faire les oeuvres de Dieu ? demandaient
les Juifs à Jésus. Il répondit
et dit, c'est ici l'oeuvre de Dieu que vous croyez
en celui qu'il a envoyé En
vérité, en vérité, je
vous dis : qui croit en moi a la vie
éternelle Celui qui mange ma chair et boit
mon sang a la vie éternelle et je le
ressusciterai au dernier jour. »
(Jean VI. 28. 29.
47.
54)
Jésus déclare, quant à ces
dernières paroles, qu'elles doivent
être prises dans un sens spirituel
(Jean VI. 63) et leur signification
est la même que celle des mots qui
précèdent. Qui croit au Fils a la
vie éternelle.
(Jean III. 36) L'homme est donc
justifié et sauvé seulement par la
croyance, et dans le passage que nous avons sous
les yeux , la foi est opposée à toute
espèce d'oeuvre. « À celui
qui ne fait pas les oeuvres, mais qui croit en
celui qui justifie l'impie, la foi lui est
imputée à justice. » Ainsi
dans l'évangile, la justice et la vie
éternelle, sont
révélées comme des dons libres
de Dieu en Jésus-Christ, sans condition et
sans exception aux plus grands pécheurs qui
croient au témoignage que Dieu a rendu de
son Fils.
6-8. Comme aussi David exprime la
béatitude de l'homme à qui Dieu
impute la justice sans les oeuvres en disant : Bienheureux sont ceux à qui
les iniquités sont pardonnées et dont
les péchés sont couverts !
Bienheureux est l'homme à qui le Seigneur
n'aura point imputé son péché !
L'Apôtre continue à prouver et
expliquer sa doctrine par
cette citation du
Psaume XXXII. 1. 2. Ce passage
montre combien est heureux l'homme dont les
iniquités sont pardonnées ou remises,
et dont les péchés sont couverts,
« Qui est le Dieu fort comme toi qui
ôtes l'iniquité, et qui passes
par-dessus les péchés du reste de ton
héritage ? Il ne tient point à
toujours sa colère parce qu'il se
plaît en sa gratuité, il aura encore
compassion de nous ; effacera nos
iniquités, et jettera tous nos
péchés au fond de la mer.
(Mich. VII. 18. 19)
David en parlant des hommes qu'il regarde
spécialement comme heureux, ne fait point
mention, ne dit rien, de ceux qui n'ont
jamais péché, ou qui ayant fait de
bonnes oeuvres ont couvert leurs
péchés et se sont justifiés
eux-mêmes. Il peint au contraire le bonheur
de l'homme à qui Dieu a imputé la
justice sans les oeuvres, lorsqu'il dit,
Bienheureux sont ceux dont les iniquités
sont pardonnées.
Le pardon des péchés n'est point
équivalent à la justification qui
comprend aussi l'action de traiter un homme comme
juste et de lui donner le droit à la
récompense de la vie éternelle. Car
il est évident que dans toute espèce
d'actions, pardonner à un criminel est une
chose bien différente de lui donner un titre
pour un bien. Mais ces bénédictions
du pardon et de la justification ne peuvent
être séparées, puisque celui
à qui Dieu a pardonné est aussi
justifié, et que celui qui est
justifié par lui, reçoit aussi le
pardon.
L'un et l'autre sont des dons de la grâce,
sont accordés aux mêmes personnes et
en même temps, et sont communiqués par
la médiation de Christ.
Le criminel qui reçoit son pardon est
affranchi de l'obligation de souffrir la mort pour
ses crimes, mais celui qui est justifié, est
déclaré avoir droit à la vie.
Paul parle aux Juifs d'Antioche, de la
rémission des péchés et de la
justification, comme de deux
bénédictions distinctes.
(Act. XIII. 38. 39) Mais Dieu impute
toujours la justice à celui à qui il
n'impute pas le péché, car il ne
pardonne à aucun qu'à cause de son
union avec Jésus-Christ par la foi, et
lorsque son sang expiatoire couvre leurs
péchés, sa justice justifie aussi
leurs personnes.
Comme leur garant a souffert pour leurs
péchés qui lui ont été
imputés, ils sont récompensés
et obtiennent l'héritage de la vie
éternelle, parce que sa justice leur est
imputée, c'est là que l'on peut tirer
le vrai sens de l'expression effacer les
péchés, si fréquemment
employée dans l'écriture, c'est
les tirer du compte.
C'est ainsi qu'un salut complet est
préparé par la grâce de Dieu,
dans l'évangile, au moyen du sang de Christ.
La rançon est payée l'expiation est
faite, la justice des siècles est
amenée par le garant de la nouvelle
alliance ; c'est auprès de lui que le
pécheur se
réfugie, renonçant à toute
autre apologie. Il n'a point d'autre défense
devant Dieu, et celui qui connaît Dieu et se
connaît lui-même, n'a de confiance en
aucun autre, et pour assurer son succès, il
a un « avocat envers le Père,
Jésus-Christ, le juste. »
(I. Jean II. 1)
Nous voyons en liant le
6.e verset du passage dont nous nous
occupons, avec la citation comprise dans les
versets suivant, que lorsque les
péchés sont pardonnés à
l'homme, la justice lui est aussi
imputée ; l'Apôtre y
répète que Dieu l'impute sans les
oeuvres, ce qui fait que nous trouvons dans ces
versets une idée exacte de la nature de la
justification.
Elle n'a pour objet aucun changement personnel ou
intérieur qui soit produit dans l'homme. Le
mot, justification,
(2) signifie un
changement dans l'état de l'homme aux yeux
de Dieu, de telle sorte que celui qui, jusqu'au
moment où il l'a reçu, était
coupable et sous la condamnation, mais dont le
péché est actuellement
pardonné, est regardé ou
compté pour juste, comme s'il avait rendu
à la loi de Dieu la parfaite
obéissance qu'elle demande.
Il est vrai qu'aussitôt que l'homme est
justifié, un changement intérieur est
opéré en lui, parce qu'il
reçoit l'esprit, par la foi qui le justifie,
et qu'il est ainsi sanctifié. Mais la
sanctification est entièrement
différente de la justification quoique
inséparable d'elle. Jésus-Christ a
été fait, de la part de Dieu, pour
son peuple, justification et sanctification.
(I. Cor. I. 30)
On dit souvent que la justification est un terme de
barreau, emprunté à la pratique des
cours de justice établies chez
les hommes, mais cette
explication, quoique bonne à beaucoup
d'égards ne nous donne point une idée
complète de la manière dont ce terme
est employé dans l'écriture. Si un
criminel est condamné par un tribunal, il
peut recevoir son pardon, mais ne peut-être
justifié ; s'il est acquitté, il
peut être justifié, mais il ne saurait
alors avoir besoin de pardon.
Tandis que la justification de l'homme devant Dieu
est toujours liée avec le pardon du
péché, et suppose
nécessairement que le justifié est
coupable, qu'il a violé la sainte loi de
Dieu, qu'il a perdu tout droit à la
récompense de la justice suivant la loi, et
qu'il a encouru les châtiments d'une
éternelle misère ; la
justification du pécheur suppose donc,
non-seulement la rémission totale et finale
du châtiment mérité par lui,
mais encore un droit actuel à la
récompense de la justice, indépendant
et de sa conduite future et de sa vie
passée.
Elle est représentée partout dans
l'écriture comme immédiate et
complète, aussitôt que le
pécheur croit au Seigneur
Jésus-Christ, parce que sa justice lui est
imputée avec toute les
bénédictions qui y sont
attachées ; et non point comme un
avantage contingent en attendant la mort et le
jugement.
Le Seigneur donne au pécheur un droit et un
titre à la vie éternelle, le
réputant juste, par un acte de sa
grâce souveraine, de sorte qu'il n'est
point de condamnation pour lui ; mais
qu'étant justifié, il est fait
héritier selon l'espérance de la
vie éternelle. Tel est le don de la
justification,
(Rom. V. 16) car les dons et la
vocation de Dieu sont sans repentance.
(Rom. XI. 29)
Que la justification suppose, non-seulement la
rémission des péchés, mais
encore l'avantage que la vie soit adjugée au
croyant et qu'il soit accepté comme ayant,
par la justice, des droits à la
récompense de la gloire, c'est indubitable
puisque les croyants sont justifiés par leur
communion avec Christ dans sa propre justification,
qu'il reçut lorsqu'il ressuscita des
morts.
Or par cette justification de Christ, il a
été actuellement
déclaré absous de tout le
péché dont il avait pris la coulpe
sur lui, il a été
considéré comme ayant accompli toute
justice, ayant obéi parfaitement à la
volonté de son père ; il a
acquis un droit à la récompense de la
vie, comme chef et garant de tous les croyants, et
elle lui a été donnée en cette
qualité ; et comme la vie qu'il a
reçue par sa résurrection des morts,
est la vie éternelle, tous ceux qui
ressuscitent avec lui, qui l'ont pour leur garant
et qui sont justifiés en lui, auront aussi
la vie éternelle. « En
vérité, en vérité, je
vous dis, que celui qui entend ma parole et croit
à celui qui m'a envoyé, a la vie
éternelle et il ne fera point exposé
à la condamnation , mais il est passé
de la mort à la vie.»
(Jean V. 24.
IV. 14)
Paul discute encore ce sujet de la justification
par la foi seule, dans son
épître aux Galates. Il leur montre
le danger qu'il y a à la plus
légère tentative de faire
quelque chose dans la vue de la justification.
Il les assure que s'ils observent seulement la
circoncision (qu'il déclare dans un autre
passage
(Gal. VI. 15) n'être rien en
elle-même, mais que cependant il avait
permise dans un dessein différent
(Act. XVI. 3) et qu'ils l'observent
dans cette vue, Christ ne leur profitera de
rien.
(Gal. V. 2) Il le
répète avec autant de force dans les
deux versets suivants, où il établit
que ceux qui agissent ainsi, se chargent de
l'exécution entière de la loi et
renoncent à l'espérance du salut par
la grâce ; et afin de leur montrer que
la justification n'est point un acte qui puisse
être divisé de sorte qu'une partie
dérive de l'action de Christ, une autre des
oeuvres des hommes, il déclare que ceux qui
font des oeuvres de la loi, sont tous sous la
malédiction,
(Gal. III. 10) que rien ne peut
satisfaire la loi qu'une obéissance
entière et parfaite, et que par
conséquent, tous ceux qui ne
persévéraient pas en toutes les
choses qui y étaient écrites,
étaient également maudits.
Tenter de faire quelque chose de nous-mêmes
pour notre justification, tenter d'ajouter quelque
chose, quelque petite qu'elle puisse être
à l'oeuvre complète de Christ, est
une entreprise directement opposée à
l'évangile.
Ainsi l'espoir d'être accepté par Dieu
doit être fondé seulement sur la
grâce, la miséricorde, le pardon dans
le sang de Christ : c'est en ceci que
l'âme est acceptée, qu'elle peut se
reposer, sans aucune considération de rien
qui soit en elle, si ce n'est que tout y est
pécheur et exposé à la
ruine.
Les hommes trouvent cette doctrine difficile, et
seraient bien aise d'avoir quelque chose en eux
qu'ils pussent mêler au sang de Christ. Ils
ne savent comment placer ces pierres fondamentales
sans quelque ciment, de leurs propres efforts et de
l'observation de leurs devoirs, et parce que ces
choses ne peuvent se combiner, ils emploient toute
leur vie à un travail inutile. Si le
fondement est la grâce, il n'est point les
oeuvres, autrement la grâce n'est plus la
grâce.
Prendre d'abord la miséricorde et le pardon
comme venant seulement de Christ et rendre ensuite
l'obéissance à Dieu, dans la force de
Christ et pour l'amour de Christ, telle est la vie
du croyant.
9-12. Cette déclaration donc de la
béatitude est-elle seulement pour la circoncision ou aussi pour
l'incirconcision ? Car nous disons que la foi
a été imputée à Abraham
à justice. Comment donc lui a-t-elle
été imputée ? a ce
été lorsqu'il était
déjà circoncis ou lorsqu'il
était encore
incirconcis ?
ce n'a point
été dans la circoncision, mais dans
l'incirconcision. Puis il reçut le signe de
la circoncision pour un sceau de la justice de la
foi, laquelle il
avait reçu étant incirconcis, afin qu'il fut le
Père de tous ceux qui croient,
étant incirconcis et que la justice leur
fut aussi imputée. Et qu'il fut aussi le père de la
circoncision,
c'est-à-dire, de ceux qui ne sont pas seulement
de la circoncision, mais qui aussi suivent les traces
de la foi de notre père Abraham, laquelle il
a eue étant incirconcis.
Après avoir exposé la nature de la
justification et la manière dont elle est
reçue, l'Apôtre demande ici, si cette
bénédiction était seulement
à ceux qui étaient circoncis ou si
elle leur était commune avec les
incirconcis.
Il était d'autant plus nécessaire de
le décider, que les Juifs, non-seulement
supposaient que la justification dépendait,
au moins en partie, des oeuvres des hommes, mais
encore que les privilèges du peuple de Dieu
étaient liés d'une manière
inséparable avec la circoncision.
Dans le chapitre précédent
v. 29. 30, il déclare que la
justification s'étendait aux Gentils aussi
bien qu'aux Juifs, et qu'elle était
reçue par la foi, sans les oeuvres. Il
affirme ici qu'elle n'avait point de liaison
nécessaire avec la circoncision. Il le
prouve par l'exemple d'Abraham ; II vient de
montrer par l'ancien Testament, que la foi avait
été attribuée à Abraham
pour justice, et y ajoute encore ici, cette
circonstance qu'elle lui avait été
comptée avant qu'il fut circoncis. Il
était donc clair, d'après cela, que
la circoncision n'était pas
nécessaire pour la justification. Abraham,
reçut de Dieu cette marque qui était
le sceau ou la confirmation de la
réalité de la justification qu'il
avait eue par la foi, qu'il possédait avant
d'être circoncis, et qui était ainsi
le gage de l'accomplissement de la promesse qui lui
avait été faite d'une
postérité nombreuse, surtout dans le
sens spirituel.
Tout cela eût lieu afin qu'Abraham, recevant
la promesse d'être le père de Celui en
qui toutes les familles de la terre seraient
bénies, et étant justifié par
sa foi dans cette promesse, put être le
père spirituel de tous ceux qui dans la
suite croiraient, quoiqu'ils ne fussent pas
circoncis ; il était clair, par son
exemple, que la justice leur ferait
imputée.
Il devait être aussi le père des
circoncis, auxquels, s'ils croyaient, il
était également certain, que la
justice, d'après ce qui lui était
arrivé, serait imputée ; non
parce qu'ils étaient circoncis, mais parce
qu'ils marchaient sur les traces de la foi que
Abraham avait eue, même avant sa
circoncision. « Car en
Jésus-Christ, ni la circoncision, ni
l'incirconcision, n'ont aucune efficace, mais
la foi opérante par la
charité. »
(Gal. V. 6)
13. Car
la promesse d'être héritier du monde,
n'a pas été faite à Abraham ou
à sa semence par la loi, mais par la justice de la
foi.
L'Apôtre donne ici une autre preuve que la
bénédiction de la justification par
la foi, s'applique aux Gentils comme aux
Juifs. Abraham était
établi héritier du monde, le
père commun des croyants, soient Juifs
soient Gentils ; car Christ était de la
semence d'Abraham, tous ceux qui sont de Christ
sont de, la semence d'Abraham, et
héritiers selon la promesse.
(Gal. III. 29) Ils sont les
héritiers de l'éternel
héritage promis par Dieu,
(Heb. IX 15) de cet héritage
dont la terre de Canaan, donnée à
Abraham et à ses descendants naturels,
n'était que le type. Mais cet
héritage ne fut pas accordé à
Abraham et à sa semence par la loi,
c'est-à-dire, en vertu d'un titre que la loi
ou l'obéissance à la loi pussent
conférer, mais par la justice qui est
reçue au moyen de la foi.
Paul déclare la même chose aux
Galates. « Quant à l'alliance qui
a été auparavant, confirmée
par Dieu en Christ, la loi qui est venue quatre
cents trente ans après, ne peut point
l'annuler pour abolir la promesse, car si
l'héritage est par la loi, il n'est
point par la promesse, or, Dieu l'a donné
à Abraham par la promette. »
(Gal. III. 17. 18)
14-15. Or si ceux qui sont de la loi sont
héritiers,
la foi est
anéantie et la promesse est abolie, Vu que
la loi produit la colère, car où il n' y a point de
loi,
il n'y a point
aussi de transgression.
On voit ici pourquoi les promesses faites à
Abraham d'être héritier du monde et
père d'une multitude de nations
(Gen. XVII. 4) ne pouvaient point
dériver de la loi ; le pécheur
n'a qu'un moyen de recevoir la justification, c'est
par la foi, et s'il en était autrement, ce
moyen serait anéanti, et par
conséquent les promesses seraient vaines et
sans effet. Cela doit être ainsi parce que la
loi ne peut être satisfaite, à moins
d'une parfaite obéissance que les hommes
sont dans l'impossibilité de lui rendre, de
sorte qu'elle les soumet à la colère
de Dieu, au lieu d'être le moyen d'obtenir sa
bénédiction.
C'est la loi qui les assujettit à la
colère de Dieu en découvrant le
péché, et qui rend sa punition par la
justice divine, un résultat
nécessaire, car s'il n'y avait pas de loi,
il n'y aurait point de péché. La
puissance du péché (ce qui lui
donne le pouvoir de condamner) c'est la loi.
(I Cor. XV. 56) Dès lors il
est évident que les promesses ne
résultent pas de la loi, et que
d'après cela qu'elles n'appartenaient pas
plus aux Juifs qu'aux Gentils.
16-17. C'est donc par la foi, afin que ce
soit par la grâce et afin que la promesse
soit assurée à toute la
semence,
non-seulement
à celle, qui est de la foi d'Abraham qui est
le père de nous tous. Selon qu'il est
écrit, je t'ai établi père de
plusieurs nations, devant Dieu, en qui il a
cru ;
lequel fait vivre
les morts et appelle les choses qui ne sont point
comme si elles étaient.
La bénédiction de la justification
vient donc par la foi seule, et elle vient de cette
manière afin que ce soit par la
grâce et qu'elle
puisse par-là, être étendue aux
pécheurs, car si elle venait de la loi, et
d'oeuvres plus ou moins importantes, ce ne ferait
plus de la grâce qu'elle dériverait,
en effet, recevoir en vertu de la grâce, ou
recevoir en vertu du mérite de ses oeuvres,
sont deux choses tout-à-fait
incompatibles ; et il a été
établi qu'elle proviendrait de la
grâce, pour que tous ceux qui font partie,
dans le sens spirituel, de cette descendance que
Dieu avait promise à Abraham, obtinssent
sûrement ce qui lui avait été
promis. De sorte qu'elle n'est pas limitée
aux peuples qui tiraient de lui leur origine
naturelle, à ceux qui jouissaient des
avantages de la dispensation légale dont il
leur avait été déjà
parlé,
(Rom III. 1) mais à tous ceux
qui ont eu la même foi qu'Abraham, car, selon
qu'il était écrit, lorsque
l'Éternel ordonna à Abraham de
marcher devant sa face, il lui promit
qu'il serait père d'une multitude de
nations.
(Gen. XVII. 1-5)
Un grand nombre de peuples, il est vrai, tirent
leur origine de ce patriarche, mais l'alliance que
Dieu traita avec lui, devait recevoir un
accomplissement bien plus étendu encore,
dans cette multitude d'hommes de toutes les nations
qui ont été, et qui doivent
être à l'avenir,
intéressés dans les
bénédictions spirituelles qui lui ont
été accordées, pour lui et
pour tous ceux qui lui ressembleraient par la
foi ; pour tous ceux dont il est le
père devant Dieu et dans un sens spirituel.
Car Dieu ne peut pas seulement vivifier ceux qui
sont morts dans leurs fautes et dans leurs
péchés et susciter des enfants
à Abraham au milieu des nations qui
étaient mortes dans l'idolâtrie et
l'iniquité, mais il appelle les choses qui
ne sont pas comme si elles étaient.
Lorsqu'il fit ses promesses à Abraham,
l'innombrable multitude des fidèles à
venir, étaient présente devant lui
par sa prescience et sa
prédétermination, et il
considéra à la fois, lui comme le
Père et eux comme la famille, à qui
l'héritage de la bénédiction
était assuré par la foi, car Dieu
pouvait même des pierres, faire naître
des enfants à Abraham.
(Matt. III. 9) Ainsi tous ceux qui
sont de « Christ, sont de la semence
d'Abraham et héritiers selon la
promesse. »
18-22. Et Abraham ayant
espéré contre espérance,
crût qu'il deviendrait le père de
plusieurs nations, selon ce qui lui avait
été dit, ainsi sera ta
postérité. Et n'étant pas
faible dans la foi, il n'eût point
d'égard à son corps qui était
déjà amorti, vu qu'il avait environ
cent ans, ni à l'âge de Sara qui
était hors d'état d'avoir des
enfants. Et il ne forma point de doute sur la
promesse de Dieu par défaut de
foi,
mais il fut
fortifié par la foi, donnant gloire à
Dieu, étant pleinement persuadé que
celui qui lui avait fait la promesse était
puissant aussi pour l'accomplir. C''est pourquoi
cela lui a été imputé à
justice.
Ici l'Apôtre célèbre la force
de la foi d'Abraham qui, sans
égard à la difficulté que
présentait le cours naturel des choses, soit
relativement à lui, soit relativement
à Sara, qui était âgée
de 90 ans, crut que Dieu lui donnerait,
malgré son âge avancé, un fils
avec lequel serait confirmée l'alliance que
l'Éternel avait faite avec lui.
Abraham eut une entière confiance dans la
promesse qui lui fut faite, (3)
il savait bien qu'elle
n'était pas seulement relative à
Isaac comme héritier de ses biens temporels,
mais qu'elle assurait qu'il ferait le père
d'une multitude de nations. Cette alliance n'avait
pas seulement pour objet ce fils, mais elle devait
subsister après lui et durer
éternellement avec sa semence.
(Gen. XVII. 19) Cette expression
s'appliquait à un individu,
(Gal. III. 13. 16) en qui toutes les
familles de la terre seraient bénies, et il
est clair que ce n'était point Isaac,
puisque c'était de sa race qu'il devait
naître.
(Gen. XXI. 12) Ainsi l'alliance
divine ne se rapportant pas seulement aux biens
temporels, mais aux bénédictions
spirituelles, le premier sens, le sens de la lettre
était subordonné au second qui
était Celui de l'esprit. C'est dans toute
l'extension de ce dernier sens, qu'Abraham crut aux
déclarations de Dieu. Il a vu le jour de
Christ, il l'a vu et s'en est réjoui.
(Jean VIII. 56)
Sa foi ne fut ébranlée par aucune des
circonstances qui paraissaient devoir rendre son
espoir incertain ; II fut fort dans la foi, et
donna gloire à Dieu, se
confiant pleinement dans sa
vérité et dans sa puissance pour
accomplir ce qu'il avait annoncé. Abraham
crut à Dieu, et sa foi était
relative à la personne et à la venue
de Christ, c'est pour cela qu'elle Lui fut
imputée à justice.
(Gen. XV.6)
23-24. Or que cela lui ait
été imputé, il n'a point été
écrit seulement pour lui, mais aussi pour
nous à qui aussi il sera imputé,
à nous,
dis-je, qui croyons
en celui qui a ressuscité des morts
Jésus Notre-Seigneur.
L'Apôtre finit en montrant de quelle
manière la bénédiction de la
justification est reçue et en
déclarant qu'elle n'était point
bornée aux descendants d'Abraham, mais
qu'elle pouvait s'étendre aux hommes de tous
les pays, à tous ceux qui, comme Abraham,
croyaient en celui qui avait ressuscité des
morts Christ, celui dont Isaac avait
été le type, tant lorsqu'il avait
été suscité du corps
déjà amorti d'Abraham, que lorsqu'il
avait été recouvré de l'autel
sur lequel il devait être offert.
(Heb. XI. 19)
La justification d'Abraham par la foi. n'est donc
pas consignée dans l'écriture
seulement pour faire connaître la
bénédiction qu'il avait obtenue, mais
pour prouver que d'autres encore pouvaient obtenir
la même.
Le premier témoignage formel de la
justification d'un pécheur, est celui
d'Abraham. D'autres avaient été
justifiés depuis le commencement du monde,
mais cette prérogative lui fut
réservée que sa justification et la
manière dont elle fut accordée,
serait la première dont les saints
témoignages fissent mention. // crut
à l'Éternel qui lui imputa cela
à justice. C'est ainsi que l'on voit que
dès la première déclaration de
la nature de la justification, il est
affirmé qu'elle est accordée par
imputation et parla foi seule. Ce passage, ainsi
que tout ce qui est dit dans ce chapitre depuis le
v. 9, prouve quel est le
caractère qui appartient aux parties
historiques de l'écriture, qui est toute
entière divinement inspirée,
et nous fait voir qu'elles doivent être
lues avec la plus grande attention. Chacune des
circonstances qui y sont énoncées, et
le mode de la narration lui-même, sont
arrangés et dictés par celui a
qui, de tout temps, toutes ses oeuvres sont
connues.
(Act. XV. 18)
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