Commentaire sur
l'épître aux Romains
CHAPITRE
IV.
(suite)
25.
Lequel a été
livré pour nos offenses et qui est
ressuscité pour notre
Justification.
La foi de tous ceux qui croient au
témoignage de Dieu envers son fils, leur
fera imputée à justice ; car
Jésus qui s'est
donné lui-même pour les
péchés (Gal. I. 4)
de ceux qui croient en lui, a été
livré à
la mort pour les
expier, a souffert, lui juste pour les
injustes,
afin de les amener
à Dieu (I. Pier. III. 18) de qui
ils avaient été séparés
par leurs iniquités. (Esa. LIX. 2)
Il a entrepris, comme
garant de la
nouvelle alliance, de répondre de tous
les péchés de ceux qui en
partageraient les bienfaits ; de souffrir la
punition due à leurs crimes ; de faire
satisfaction pour eux en s'offrant lui-même
en sacrifice propitiatoire pour cette expiation, et
de les racheter au prix de son sang de
l'état de misère où ils
étaient sous la loi et sous la
malédiction qu'elle prononce ; et cela
était nécessaire pour que la
grâce et la gloire préparées
dans l'alliance, pussent être
communiquées aux croyants. Sans cela la
justice et la fidélité de Dieu,
n'auraient pu permettre que des pécheurs qui
avaient apostasié, qui s'étaient
révoltés contre lui, et qui
par-là, étaient tombés sous la
sentence de malédiction de la loi, fussent
encore reçus dans sa faveur et
participassent à la grâce et à
la gloire.
Christ est aussi ressuscité pour la justification des
croyants : s'étant substitué aux
pécheurs pour souffrir dans sa propre
personne la peine du péché, suivant
la première sentence, le Jour que tu en mangeras, tu mourras
de mort. (Gen. II. 17)
II est sorti d'entre
les morts pour témoignage de
l'accomplissement des menaces de Dieu, pour gage
que par l'acceptation de son sacrifice, la justice
divine était satisfaite, et que par sa mort
et son obéissance, la sainte loi
était honorée et
glorifiée.
Jésus-Christ étant vivifié par
l'esprit, (I. Pier. III. 18) par lequel il a été
ainsi justifié (I. Tim. III. 16) de toutes les charges qui pouvaient
être alléguées contre lui,
comme garant de ceux dont il portait les
iniquités, (Esa. LII. 6) Jésus-Christ a
été proclamé le juste
serviteur de Dieu, (Esa. LIII. 11) qui l'avait maintenu parce que
c'était son élu, en qui son âme
prenait son bon plaisir. (Esa. XLII. 1) Ainsi Dieu, en le ressuscitant, a
donné la plus haute preuve qu'il
était satisfait de la rançon qu'il
avait donnée pour son peuple. Christ a
accompli l'oeuvre dont le Père l'avait
chargé, et il est le seul homme qui ait
été ou qui ait pu être
justifié par les oeuvres.
Le Rédempteur ayant accompli sa tâche,
ayant été publiquement reconnu comme
accepté, il a été
justifié en qualité de garant et
comme personne publique et les siens ont
été justifiés en lui,
« quand il est entré dans les
lieux saints par son propre sang et non par celui
des veaux et des boucs, après avoir obtenu
une rédemption éternelle. »
(Héb. IX. 12) C'était ce que
représentaient comme des types, les grands
Prêtres sous la loi ; ils étaient
établis pour le sacrifice, l'intercession et la
bénédiction,
« Et quant
aux sacrificateurs, il en a été fait
plusieurs à cause que la mort les
empêchait d'être perpétuels,
mais celui-ci, parce qu'il demeure
éternellement, a une sacrificature
perpétuelle. (Héb. VII. 23. 24) Et tout sacrificateur assiste chaque
jour, administrant et offrant souvent les
mêmes sacrifices qui ne peuvent jamais
ôter les péchés,
mais celui-ci ayant offert un
seul sacrifice pour les péchés, s'est
assis, pour toujours à la droite de Dieu.
(Héb. X. 11. 12) Car Christ n'est point entré
dans les lieux saints faits de main qui
étaient des figures correspondantes aux
vrais, mais il est
entré au ciel
même afin de comparaître maintenant
pour nous devant la face de Dieu. »
(Héb. IX. 24) Là il a
présenté son propre Sang ; là, comme le juste avocat,
(I. Jean. II. 1) il intercède pour les siens ; (Héb. VII. 25) de-là il viendra pour les
bénir
(Matt. XXV. 34) et donnera à sa
bénédiction le pouvoir de produire
des effets éternels, (Matt. XXV. 46) car,
par une seule oblation, il a
rendu parfaits pour toujours ceux qui sont
sanctifiés. (Héb. X. 14)
La justification que les croyants reçoivent
en la conversion, est donc, comme nous l'avons
déjà dit, une participation à
la justification et à la résurrection
de Christ ; tous les autres bienfaits qu'ils
reçoivent, la consolation,
l'espérance, la joie ici-bas et la vie
éternelle pour l'avenir, sont aussi en
participation avec leur Sauveur ressuscité.
Ils sont régénérés
pour avoir une espérance vive, par la
résurrection de Jésus-Christ
d'entre les morts, d'obtenir un héritage
incorruptible. (I. Pier. I. 3. 4)
Par ces instructions de l'Apôtre, nous
apprenons, que tous les hommes étant
pécheurs, leur salut ne peut être
opéré que par la grâce, sans
laquelle on ne peut être sauvé. Et
l'on doit observer que dans tout ce qu'il vient
d'enseigner sur la justification, l'Apôtre se
sert du mot grâce, non relativement à son
opération sur le coeur des hommes, comme si
les hommes étaient justifiés par la
sainteté qu'elle produit, mais relativement
à son origine, comme il le fait aussi
Eph. II. 5. 8, II. Tim. I. 9. et nous avons vu, chap. III. 23, où il dit que ceux qui
croient sont justifiés par la grâce,
qu'il ajoute le mot gratuitement, pour donner plus de force à
son expression, de sorte qu'il exclut de toute part
à la justification, toutes les oeuvres du
fidèle, et toutes les préparations
qu'il pourrait faire avant de l'être. Il est
justifié seulement et absolument comme
étant considéré en Christ
suivant l'évangile, gratuitement, par la grâce de
Dieu, par la rédemption qui est en
Jésus-Christ.
Nous apprenons encore par là qu'afin
d'être sauvé par la grâce, il
faut l'être par la foi. Le salut par la foi,
exclut toute idée que l'acceptation par
Dieu, puisse provenir en aucune manière de
quelque chose qui serait bon dans l'homme, soit la
disposition de son esprit, le choix que fait sa
volonté ou le penchant de son affection.
L'emploi assigné à la foi dans le
plan du salut, est d'abattre toutes les
prétentions de l'homme au mérite, et
de montrer la souveraineté de la grâce
de Dieu, dans la distribution de
ce salut. La foi n'a aucune efficacité
morale qui procure le pardon des hommes et leur
acceptation par Dieu.
L'amour est produit par l'Esprit saint, de
même que la foi, mais si la justification des
hommes était produite par lui, elle ne
paraîtrait pas aussi gratuite qu'étant
distribuée par la foi.
La bénédiction de justification
reçue par la foi est
précisément l'opposé de la
malédiction de la condamnation. C'est le
grand bienfait de la rédemption
disposé convenablement à la condition
de l'homme tombé, qui par le sentiment
intérieur de son péché et sa
disposition à y persévérer,
était également incapable de jouir de
la faveur divine.
Lorsque la crainte de la coulpe est
éloignée de lui, la reconnaissance
succède dans son esprit à
l'éloignement de Dieu occasionné par
la dépravation ; il est
réconcilié avec l'Éternel, a
la paix avec lui, l'honore avec un coeur vrai,
devient obéissant à ses saints
commandements, et est animé par le
désir et l'espérance de parvenir
à la perfection de la sainteté et du
bonheur.
C'est seulement la croyance de la mort et de la
résurrection de Jésus-Christ qui peut
faire obtenir la paix de la conscience et produire
l'obéissance à la sainte
volonté de Dieu. » Sans l'effusion
de sang il ne se fait point de rémission des
péchés. » (Heb. IX. 22)
C'est le langage de
l'écriture et c'est aussi la voix de la
conscience. Un homme en résistant à
sa conscience, et agissant en opposition avec ses
mouvements, peut parvenir à étouffer
sa voix et à s'endurcir le coeur, mais ce
à quoi l'homme le plus moral selon le monde,
ne peut atteindre, c'est à satisfaire sa
conscience par ses actions. Il peut faire
continuellement des efforts dans sa propre justice,
pour agir d'après ce qu'il sait être
juste ; mais s'il tourne ses pensées
sur un jugement à venir, et sur la juste
rétribution qui le suit, il ne pourra jamais
être certain d'avoir fait assez pour
être acquitté. Il lui semblera
toujours qu'il lui manque encore quelque chose
à quoi il pourra parvenir dans un temps plus
éloigné ; cependant il ne sera
pas satisfait, il aura une terreur secrète
des conséquences de la mort, et craindra que
Dieu au dernier jour ne devienne son ennemi, et ne
lui inflige une punition.
Pour être libre de ces funestes
présages intérieurs, il cherche
à rabaisser la loi de Dieu en la conformant
à sa conduite et se fait à
lui-même une divinité assortie
à ses craintes et un Dieu d'un
caractère trop miséricordieux pour
exercer une stricte justice. Mais tout cela n'est
qu'un palliatif et ne peut le guérir. Sa
conscience quoique assoupie n'est point satisfaite.
L'inimitié de son coeur contre Dieu subsiste
toujours, son orgueil n'est
point mortifié ;
et lorsque on lui représente Dieu, tel qu'il
est peint dans les écritures, lorsqu'on lui
montre l'humiliante doctrine du salut, cet orgueil
se révolte, et cette inimitié
s'irrite.
Tel est le misérable état de l'homme
naturel, sous la meilleure forme qu'il puisse
avoir, soit comme strict moralité, soit
comme dévot et religieux. Mais lorsqu'il
plaît à Dieu d'accompagner de sa
bénédiction la vérité
de sa parole relativement à Christ mourant
pour les offenses de ceux qui croient en lui et
ressuscitant pour leur justification, il se fait
sur-le-champ, une révolution entière
dans le coeur de ce pécheur. Il voit le mal
et les effets mortels de la maladie du
péché, l'extension de la loi, la
satisfaction de Christ et son oeuvre achevée
dans sa plénitude et son efficacité.
Il reconnaît que l'on ne peut rien ajouter
à cette oeuvre, et que toute
coopération humaine à la
justification est entièrement inadmissible.
La satisfaction de Christ est
présentée à ses yeux comme
complète et comme seule, et par cette seule
vue, sa conscience coupable est satisfaite :
elle dit, les gages du
péché,
c'est la mort,
et cette mort, Christ
l'a soufferte. Ici tout péché est
puni jusqu'au dernier, et sûrement il ne
pourrait être puni deux fois. Celui qui
participe à cette mort de Christ, est donc
affranchi de toutes les peines qui devraient
être les suites du péché.
Alors la conscience de cet homme est une bonne
conscience « par le sang de Christ, elle
est purifiée des oeuvres mortes pour servir
le Dieu vivant » (Heb. IX. 14) qui ne peut l'être
jusqu'à ce qu'elle soit dans cet
état. Tout ce qu'elle peut demander est
accompli et toutes les accusations réduites
au silence. Les sentiments fâcheux du
péché et de la condamnation par la
loi, (Rom. VII. 5) étant éloignés,
l'inimitié contre Dieu a disparu, et est
remplacée par l'amour. Un doux calme, une
sainte tranquillité règnent en lui,
il est comme l'argile dans la main du potier, dans
une soumission passive à la volonté
divine, dans une tranquille dépendance de
Dieu, dans la résignation et non dans la
paresse, ce qui est la vraie situation du
chrétien.
Cependant sa vieille nature corrompue n'est point
entièrement chassée. Le vieil homme
vit encore en lui, et lui donne des
inquiétudes. Mais sa pensée sert
Dieu, dans son jugement sain et
réfléchi, elle lui est
entièrement dévouée, et son
désir est d'être saint comme Dieu est
saint. De-là naît une
obéissance volontaire aux commandements de
Dieu, de-là sont produits « des fruits de justice qui
sont par Jésus-Christ, à la gloire et à la
louange de Dieu. » (Phil. I. 11) C'est l'ouvrage de l'esprit de Dieu
qui a rendu témoignage de Christ à
son âme, (Jean XV. 26) et le fruit de
cet esprit est la charité, la joie, la paix,
un esprit patient, la bonté, la
bienfaisance, la fidélité, la
douceur, la tempérance. »
(Gal. V. 22)
Le Fidèle a une conscience pure
« par la résurrection de
Jésus Christ, qui est à la droite de
Dieu, étant allé au ciel, »
(I. Pier. III. 21. 22) et la conduite de cette conscience,
lorsqu'il a le soin de la conserver pure par
l'application continuelle du sang de
Jésus-Christ, est le grand moyen de se
rendre capable de s'attacher à Dieu, et de
soutenir le combat du chrétien.
La vue de ce sang l'a conduit d'abord à
Dieu, « il a été la source
ouverte, pour le péché et pour la
souillure. » (Zach. XIII. 1) II marche toujours depuis dans une
sainte communion avec son Dieu ; ne se
séduisant point lui-même en disant
qu'il n'a point de péchés, mais
confessant ses fautes, et s'assurant que le sang de
Jésus-Christ le purifie de tout
péché. (I. Jean I. 7)
Suis-je donc véritablement un pécheur
assez coupable pour que rien, si ce n'est le sang
du fils de Dieu, ne puisse expier mes
fautes ?
Abandonnons dès lors les traces du
Pharisien, et disons comme le Publicain ;
ô Dieu ! sois apaisé envers moi
qui suis un pécheur ! (Luc XVIII. 13) L'orgueil de la propre justice doit
être aussi odieux aux yeux de mon
Créateur, que la méchanceté.
Ce doit être un des premiers
éléments d'une vraie repentance de
renoncer entièrement à ma propre
justice, comme fondement d'espérance, et
d'être entièrement humilié.
Laissez-moi apprendre avec la femme
pénitente (Luc VII.)
à me jeter aux pieds de mon bienheureux
sauveur, à dépendre
entièrement de son expiation, de son
mérite et de la bonté de Dieu
manifestée par lui ; et lorsqu'il me
dit « ta foi t'a sauvée, va-t-en
en paix » (non tes larmes, ton amour, tes
dons t'ont sauvée, quoiqu'elle eût
arrosé ses pieds d'une huile
odoriférante, qu'elle eût aimé
beaucoup, et qu'elle eût versé les
précieuses larmes de la pénitence )
alors apprenons pourquoi l'écriture est si
abondante et si remplie de preuves qui montrent que
la justification devant Dieu, vient de la
grâce, par la foi seule, et non par les
oeuvres. C'est afin que l'homme ne puisse
s'enorgueillir, que Dieu soit glorifié, et
que je puisse le remercier du coeur pour sa
bonté pendant toute
l'éternité. Lorsqu'il dit, ta foi t'a
sauvé, il se désigne lui-même
comme le seul objet duquel dépende le salut.
Il y a, il est vrai, dans tous les chrétiens
un assemblage de toutes les grâces, mais leur
action est différente. C'est celle de la foi
et de la foi seule d'embrasser Jésus, et de
reposer sur lui pour le salut. Puisse le lot de
tous les lecteurs de ces pages, être de
tomber aux pieds du Fils de
Dieu, en simplicité de foi, en amour, en
humilité, en gratitude et en
adoration !
Nous allons examiner à présent les
objections faites à la doctrine de la
justification par la foi seule, que l'on a
tirées de l'épître de Jacques,
et de l'exemple de Corneille, le centurion.
Plusieurs personnes prétendent que ce que
l'apôtre Jacques dit, dans son second
chapitre, v, 14-26,
est contraire à ce que Paul avance sur le
même sujet, et que l'opinion du premier doit
être reçue de préférence
par les chrétiens.
Cependant les premiers fidèles
reçurent tous les écrits de Paul, et
il se passa longtemps avant que
l'épître de Jacques ne fût
admise comme canonique par toutes les
églises. Luther la rejeta pendant quelque
temps, mais reconnut ensuite son erreur. En effet
les ouvrages de ces deux apôtres ont des
preuves complètes qu'ils contiennent les
paroles du Saint-Esprit, et il est de la plus
grande importance de faire attention à ce
que disent l'un et l'autre.
Il est d'abord certain qu'il ne peut point y avoir
de contrariété réelle entre
eux sur le sujet de la justification ; s'il en
existait quelqu'une l'un des deux ne serait point
Apôtre. Il est par conséquent
également nécessaire pour tous les
chrétiens, de concilier les passages de
leurs écrits, qui au premier coup d'oeil,
paraissent opposés l'un à l'autre.
Cependant des hommes qui professent le
christianisme, combattent la doctrine de la
justification par la foi, et confrontent, avec un
air de triomphe, le passage de Jacques,
indiqué ci-dessus, avec la doctrine que Paul
enseigne. Il est pourtant évident que, s'ils
ont raison en cela, ils doivent rejeter
complètement les écrits de Paul,
comme ceux d'un écrivain qui a
enseigné une fausse doctrine. Il n'y a point
là de milieu, ou les deux Apôtres nous
enseignent les mêmes choses, ou l'un de deux
est dans l'erreur. On verra dans les
considérations suivantes que leur doctrine
est parfaitement d'accord.
Tout le monde doit convenir que là où
il y à une apparence de contradiction entre
deux passages de l'écriture, et que l'un
d'eux traite expressément et
complètement d'une doctrine dont l'autre ne
parle qu'en passant et accidentellement, c'est dans
la doctrine contenue au premier de ces passages que
l'on doit chercher la vérité, et que
le second doit être expliqué,
conformément à l'intention du
premier, lorsque le sens le permet. D'après
cette règle, il est hors de doute que c'est
dans l'apôtre Paul et non dans l'apôtre
Jacques, que nous devons apprendre la doctrine de
la justification.
Nous remarquons sur ce sujet, qu'il y a de la
différence entre les deux Apôtres,
dans l'objet
qu'ils se proposent,
la manière dont ils parlent de la
foi, et le sens qu'ils attachent au
mot justification.
I.°
L'objet que se propose l'apôtre Paul, est de
montrer de quelle manière un pécheur
coupable, peut par le sang de Jésus-Christ,
obtenir le pardon de tous ses péchés,
être dans un état de faveur
auprès de Dieu et recevoir un droit à
l'héritage céleste ; et
attachant ce sens au mot justification, il établit que l'homme est justifié par la
foi, sans les oeuvres de la loi, (Rom. III. 27) et que, à celui qui ne fait pas les
oeuvres,
mais qui croit
à celui qui justifie L'impie, sa foi
lui est imputée à justice.
(Rom. IV. 5)
Telle est la réponse à cette question
proposée dans l'écriture :
« Comment l'homme se justifiera-t-il
devant le Dieu Fort ? Si Dieu veut plaider
avec lui, de mille articles, il ne saurait
répondre à un seul. »
(Job. IX. 2. 3)
L'objet de l'apôtre Jacques, est totalement
différent.
Ayant blâmé les chrétiens
à qui il écrivait, de beaucoup de mal
qu'il y avait encore parmi eux, son but est de leur
enseigner la nécessité de rendre
obéissance à la loi de Christ, et de
montrer la vanité de la prétention de
ceux qui professaient qu'ils étaient
justifiés par la foi, sans prouver son
existence par les effets qu'elle produit.
Cela est évident pour tout homme qui lira
cette épître avec attention. Il
avertit ceux à qui elle est adressée,
de ne point rejeter sur Dieu la cause de leurs
fautes, comme si c'était lui qui les
induisît au mal, et rendit ainsi leurs
péchés excusables. Il réprouve
leurs mauvaises dispositions :
l'indiscrétion de leurs langues et leur
montre que se glorifier de ces choses, et les
donner comme des effets d'une vraie sagesse et du
zèle pour la religion, c'était
« mentir en déshonorant la
vérité. » (Jacq.III. 14)
Il les censure aussi de ce qu'ils avaient
égard à la différence des
personnes, respectant le riche et méprisant
le pauvre ; il leur reproche enfin beaucoup
d'autres choses blâmables. Il paraît
avoir eu particulièrement en vue de les
mettre en garde contre l'opinion pernicieuse, que
la justification par la foi sans les oeuvres de la
loi, les affranchissait de l'obéissance
à cette loi, et ce qu'il dit à ce
sujet, est dirigé, tant contre cette opinion
licencieuse, que contre la dépravation du
coeur qui engageait à l'adopter et se
cachait sous différents prétextes
spécieux : il paraît même
évident qu'il considérait cette
erreur, comme venant de l'abus que l'on faisait de la doctrine de
Paul, car en la réfutant, il se sert des
mêmes expressions, des mêmes
témoignages, des mêmes exemples que
l'on trouve dans cet Apôtre.
2.°
Comme l'objet des
deux écrivains sacrés, n'était
pas le même, la
manière dont ils parlent de la loi,
relativement à l'objet spécial de
chacun d'eux, était différente. Paul
parle de la foi réelle, et existant comme
elle est professée ; Jacques parle de
la profession d'une foi qui n'existe point
réellement.
Il commence en observant, v. 14,
qu'un homme peut dire
qu'il a la foi, et il
demande, de quoi cela lui servira-t-il si un homme
n'a point les oeuvres. La foi qui ne produit point
des oeuvres, pourra-t-elle le sauver ?
Dans l'explication qu'il donne de ce verset, dans
les deux suivants, il montre qu'il ne veut point
dire qu'il y ait deux espèces de foi, ni que
la foi puisse exister sans produire les oeuvres.
« Si le frère ou la soeur sont nus
et manquent de ce qui leur est nécessaire
chaque jour pour vivre, et que quelqu'un d'entre
vous leur dise,
allez en paix,
chauffez-vous et vous rassasiez et que vous ne leur
donniez point, les choses nécessaires pour
le corps, que leur servira cela ? »
(Jacq. II, 15. 16)
Ce n'est point de la charité, c'est
seulement la profession de la charité. C'est
dire que vous avez de la charité.
« De même, aussi la foi, si elle
n'a pas les oeuvres, elle est morte en
elle-même. » (Jacq. II. 17)
Ce n'est pas la foi, c'est seulement une apparence
de foi.
Dans l'exemple ci-dessus, on ne peut supposer que
Jacques veuille dire qu'il y a deux espèces
de charité ; comment dès-lors
peut-on supposer qu'il a parlé de deux
espèces de foi ? Dire que vous avez la
foi n'est point la foi ; comme dire que vous
avez de la charité, n'est pas de la
charité. Aussi dans le verset suivant
l'Apôtre demande-t-il que ceux qui professent
la foi, montrent leur foi par leurs oeuvres, parce
que c'est de cette manière, et non d'aucune
autre, qu'elle peut être
manifestée.
v. 19.
Tu crois qu'il y a un
Dieu, tu fais bien : l'Apôtre s'adresse ici à
l'homme dont il a parlé dans les
v. 14
et 18, et
qu'il suppose lui dire qu'il a la foi, et il lui
accorde cette supposition pour mieux écraser
sa jactance.
Tu crois qu'il y a un Dieu, tu fais bien ;
quel effet cela produira-t-il ? Les
démons le croient aussi, mais avec des
effets qui correspondent à cette croyance.
Ils tremblent.
L'Éternel se manifeste lui-même aux
démons comme un Dieu juste qui se vengera
d'eux, et leur croyance occasionne leur terreur.
Dans l'évangile, il se manifeste aux hommes,
non-seulement comme un Dieu juste, mais encore
comme un Dieu sauveur, qui les conduit à une
relation particulière avec lui, et la
croyance en cette doctrine produit l'amour et
l'obéissance.
Les démons reconnaissaient
Jésus-Christ pour être le Messie
promis, celui qui devait écraser la
tête de Satan, ils confessaient qu'il
était le Fils de Dieu et le suppliaient de
ne point les tourmenter avant le
temps. (Matt. VIII. 29)
« Qu'y
a-t-il entre toi et nous, Jésus
Nazarien ? Es-tu venu pour nous
détruire ? Je sais qui tu es ; tu
es le saint de Dieu.... Il ne permettait pas que
les démons disent qu'ils le connussent.
(Marc I. 24. 34)
Les démons aussi sortaient hors de plusieurs
corps, criant et disant : tu es le Christ, le
Fils de Dieu, mais il les censurait fortement, et
ne leur permettait pas de dire qu'ils sussent qu'il
était le Christ. » (Luc IV. 41)
Or cette croyance que Jésus est le Christ,
et la confession de cette vérité
sont, dans l'homme, unies d'une manière
indissoluble, avec la possession d'une vie nouvelle
et éternelle qui dérive de
Dieu. » Quiconque croit que Jésus
est le Christ est né de Dieu. ( I. Jean V. 1) Quiconque me confessera devant les
hommes, je le confesserai aussi devant mon
Père qui est aux cieux. » (Matt. X. 32)
II peut arriver à la vérité,
que les hommes croient à l'existence d'un
Être qu'ils appellent Dieu, auquel ils
attribuent quelques-unes des perfections qui
appartiennent réellement à Dieu, mais
à qui ils en refusent d'autres qui sont
aussi essentielles à son caractère.
C'est le cas de tous ceux qui ne sont ni enfants de
Dieu, ni Athées. Mais, comme c'est un Dieu
de leur imagination, et non pas celui qui est
révélé par les
écritures, cette croyance ne peut point
produire des fruits de justice. D'un autre
côté, celui qui connaît le seul
vrai Dieu, et celui qu'il a envoyé,
Jésus-Christ, est assuré par le
Seigneur lui-même, de la possession de la vie
éternelle. (Jean XVII. 3) Il se réjouit dans
l'espérance, il est animé par l'amour
de Dieu, et se sent disposé à
obéir à sa volonté et à
résider aux mauvaises inclinations qu'il a
en lui-même. C'est pour cela que
l'Apôtre ajoute :
« Veux-tu
savoir, homme, vain,
que tu n'es pas ce que tu prétends
être, que la foi
qui est sans les oeuvres est morte, »
(Jac. II. 20) que ce n'est point la foi, ce n'est
pas la croyance à l'évangile.
Dans le
v. 26,
Jacques éclaircit encore sa proposition par
l'exemple d'un corps sans âme ; qui,
quoiqu'il ait parfaitement forme d'un homme,
cependant étant mort, n'est plus que
l'apparence d'un homme. Le corps, sans esprit ou
sans respiration, est mort, c'est de la même
manière que la foi sans les oeuvres est
morte. Elle n'est point réellement la foi,
elle en est seulement la forme ou l'apparence,
comme dire chauffez-vous et vous rassasiez,
sans donner les
choses nécessaires pour cela, n'est point
avoir de la charité.
Ainsi, tous les raisonnements de l'Apôtre
sont fondés sur la non-existence de la foi
dans les personnes qu'il suppose la professer, se
vanter de l'avoir ou se confier sur elle.
3.°
Ce n'est pas dans le
même sens que les deux
Apôtres traitent de la
justification.
Dans le sens que lui
donne Paul, il affirme que les hommes sont
justifiés seulement par la foi.
Jacques, dans le sens qu'il prend, ne dit pas que
les hommes soient justifiés par les oeuvres
sans la foi, mais qu'ils sont justifiés par
les oeuvres et non par la foi seule. (Jacq. II. 24) Il admet aussi bien que Paul, la
nécessité de la foi. Tu crois, tu fais bien :
et il défend
à ceux à qui il écrit, de
supposer que l'on puisse recevoir de Dieu quelque
chose, si on ne la demande avec foi, (Jacq. I. 6. 7) de sorte que les oeuvres dont il
parle, sont celles que Paul appelle l'oeuvre de la loi, (I. Thess. I.3) l'oeuvre qui procède de la
foi, et par conséquent les oeuvres faites
par un croyant déjà justifié,
suivant le sens que Paul attache à ce mot.
C'est dès lors une différence dans
l'état antérieur des personnes que
les deux Apôtres appellent justifiées,
et puisque cet état est
présenté comme différent, le
sens du mot justification doit être
déterminé, suivant la
différente situation des hommes à qui
il s'applique.
Quand l'apôtre Paul traite de la
justification, c'est relativement à
l'état de coulpe et de condamnation, et il
la fait consister, non pas en ce qu'une justice
inhérente soit infusée dans l'homme,
mais en ce que les péchés lui
étant remis, il soit réputé
juste par Dieu.
Il est réputé tel, seulement à
cause de la justice opérée par
Christ, et celle-ci lui donne un droit à
tous les résultats bienheureux qui la
suivent chez ceux qui, par leur
croyance,
sont un avec
Jésus. Cette justification est telle que
toutes les oeuvres de l'homme quelles qu'elles
soient, sont exclues d'y participer et ne peuvent
relativement à elle être l'objet
d'aucune considération : Dieu l'accorde
gratuitement par sa grâce, par la
rédemption qui est en Jésus-Christ,
par son sang et son obéissance.
(Rom. III. 23. V. 9 et
19)
L'apôtre Jacques ne traite point cette
question. Sa recherche est relative à la
réalité de la foi par laquelle les
hommes sont justifiés devant Dieu, en
conséquence de leur union avec Christ, et
à la manière par laquelle cette foi
et cette union peuvent être rendues
évidentes.
Il traite donc des effets qui accompagnent la
justice imputée, effets qui manifestent
quels sont ceux qui sont justifiés devant
Dieu, et approuvés de lui comme ses bons et
fidèles serviteurs, en ce qu'ils font ce
qu'il leur a commandé. La justification dont
il parle, procède des oeuvres du
fidèle, comme fruits de sa foi ; aussi,
dit-il, c'est par les oeuvres que l'homme est
justifié et non par la foi seule. Cela est
clair, par les deux exemples qu'il cite pour
confirmer sa proposition.
Les deux Apôtres éclaircissent et
confirment leurs assertions par
les exemples d'Abraham et de Rahab. Jacques affirme
que Rahab fût justifiée par les
oeuvres, lorsqu'elle reçut les messagers de
Josué, et qu'elle les eût mis dehors
par un autre chemin.
Mais ce fût par la foi, de laquelle le juste
vivra, qu'elle les reçut, comme l'atteste
Paul,
(Héb. X. 38.
XI. 31) par
conséquent, elle avait une foi vraie avant
leur arrivée, et étant
justifiée devant Dieu, elle ne périt
point avec les incrédules. Lorsqu'elle
reçut les messagers, elle leur fit la
déclaration de sa foi
(Jos. II. 10. 11)
et elle exposa sa vie en les cachant et en les
faisant partir ; par là, selon Jacques,
elle manifesta ou justifia la
sincérité de sa foi et de la
profession qu'elle en faisait.
Quant à l'exemple d'Abraham , ce qu'en dit
l'Apôtre Paul se rapporte à
l'époque où il fut justifié
complètement devant Dieu.
« Abraham crut à l'Éternel
qui lui imputa cela à justice. »
(Gen. XV. 6)
Les expressions de Jacques se rapportent au
même Patriarche, mais plusieurs années
après, lorsqu'il offrit son fils Isaac sur
un autel ; à cette occasion, il n'est
point dit un mot de sa justification devant
Dieu ; mais elle fût alors
manifestée, la réalité de son
existence démontrée, et il
était approuvé de Dieu, comme un bon
et obéissant serviteur.
« Maintenant j'ai connu que tu crains Dieu, puisque tu n'as
point épargné pour moi, ton fils, ton
unique. »
(Gen. XXII. 12)
Ce même fait est cité aussi par Paul
(Héb. XI. 17) dans l'épître aux
Hébreux, comme étant une preuve de la
foi d'Abraham, et Jacques était si loin de
l'alléguer dans la vue de combattre le
passage cité plus haut, que la foi d'Abraham
lui fût imputée à justice,
qu'après avoir engagé ceux à
qui il écrit, à observer
« que sa foi agissait avec ses oeuvres
et que par ses oeuvres sa foi fût, rendue
parfaite, »
(Jacq. II. 22)
(1) il dit que c'est
ainsi que fût accomplie l'écriture qui dit,
« Abraham crut à Dieu et cela lui
fut imputé à justice. »
(Jacq. II. 24)
Ainsi c'est par la foi seule que, suivant
l'apôtre Jacques, aussi bien que suivant
l'apôtre Paul, Abraham fût absous de sa
coulpe et réputé juste, et ce
fût ensuite par son obéissance, qui
provenait de la même foi, que cette foi
fût manifestée, qu'il fût
approuvé comme serviteur de Dieu ; le
jugement porté de sa droiture par Dieu,
étant alors attesté ou
justifié (2) de manière
à être au-dessus de toute
contradiction.
On voit par-là que les deux apôtres
rapportant les mêmes exemples de la
justification par la foi, et de la manière
dont cette foi opère et est
manifestée, cela prouve la parfaite
conformité qu'il y a entre leurs
écrits.
L'union avec Dieu à laquelle un homme est
amené, lorsqu'il reçoit par la foi la
justice de Christ et qu'il est ainsi
justifié gratuitement par sa grâce,
exige que dorénavant il marche dans
l'obéissance de Dieu. Vous êtes mes
amis , dit Jésus à ses disciples,
si vous faites ce que Je vous commande.
(Jean XV. 14)
Paul après avoir établi de la
manière la plus claire et sans aucune
restriction, que « à celui qui ne
fait pas les oeuvres, mais qui croit en celui qui
justifie l'impie, sa foi lui est imputée
à justice, »
(Rom. IV. 9) affirme avec autant
d'autorité que si ceux à qui il
écrit vivent selon la chair, ils
mourront ;
(Rom. VIII. 13) et que sans la
sanctification nul ne verra le Seigneur.
(Héb. XII. 14) « La
foi, dit-il, est opérante par la
charité.
(Gal. V. 6) La parole de Dieu agit
avec efficace en vous qui croyez. »
(1. Thess. II. 13)
Suivant la constitution de la nouvelle alliance,
tous ceux qui sont justifiés ou
réputés justes devant Dieu, sont
aussi sanctifiés, et cette
sanctification qui se manifeste dans les oeuvres
qui procèdent de la foi, accompagne
sûrement la première. Les oeuvres sont
des fruits que Dieu demande, et qui constituent la
manifestation ou la justification de l'union du
fidèle avec Christ, par laquelle il a obtenu
la justification devant Dieu, qui l'approuve et qui
le récompensera.
La justification par la foi, est celle d'un
criminel accusé qui est devant le tribunal
de la divine justice, pour se défendre de
l'accusation de n'avoir point eu une justice
parfaite. La perfection de la justice est
demandée par la loi et la justice divine, et
sous ce rapport, il ne peut point espérer,
de s'appuyer sur des oeuvres de justice qu'il
aurait faites.
(Tit. III. 5) La divine
révélation lui fournit ce
témoignage relativement à Christ,
« qu'il est la fin de la
loi, en justice
à tout croyant. »
(Rom.X. 4) C'est sur ce
témoignage et sur la foi qu'il a en lui, que
le criminel étaie sa défense, et il
est regardé comme justifié.
La justification par les oeuvres, est celle d'un
être moral toujours sujet à la
règle de la loi du bien et du mal. Dans sa
défense contre l'accusation, il n'a pas
seulement à établir que Christ est la
fin de la loi, que la grâce a
préparé un remède contre le
péché, et que le divin
témoignage est cru, puisque toutes ces
choses sont convenues et admises. Mais on le
presse, en lui demandant, vous êtes
justiciable de la loi de l'obéissance
morale, car si vous l'avez dédaignée,
c'est une preuve que vous n'avez point de droit aux
privilèges des fidèles que vous avez
allégués, et que ce n'est qu'une
vaine prétention de votre part, car aucun de
ceux qui ont la foi en Christ, ne rejette son joug.
Prouvez par cette épreuve la
réalité de votre foi, et la
sincérité de votre profession,
Montrez votre foi par les oeuvres.
Comme ici l'accusation est fondée sur le
défaut d'oeuvres, il est évident que
la défense ne peut avoir d'autre objet pour
la justification de cette charge, que les oeuvres
qui sont demandées ; et de même
qu'elles présentent, dans cette vie, des
preuves qui manifestent la foi, de même elles
les fourniront au dernier jour, quand on examinera
les hommes en leur demandant non-seulement,
qu'avez-vous cru, mais encore
qu'avez-vous fait ?
En un mot, l'apôtre Jacques ne contredit
certainement pas cette déclaration du
Sauveur lui-même. « En
vérité, en vérité, je
vous dis qui croit en moi, a la vie
éternelle »
(Jean VI. 47) ou les paroles de Paul
qui ont le même but,
« l'évangile de Christ est la
puissance de Dieu en salut à tout
croyant. »
(Rom. I. 16) Mais il demande, si ce
qui est compatible avec l'indulgence pour le
péché et la négligence de ses
devoirs, est vraiment la foi.
Son but est de prouver à tous ceux qui
invoquent le nom de Christ, la
nécessité de lui obéir et de
se retirer de toute iniquité. Il veut aussi
leur montrer la vanité de toute
prétention à la justification par une
foi qui, loin d'être réelle et
fructifiante en bonnes oeuvres, n'existerait que de
nom. Il déclare que c'est par les oeuvres,
que les hommes montrent leur foi et prouvent
qu'elle est réelle, et c'est dans ce sens
qu'ils sont justifiés par les oeuvres et
non par la foi seule.
Il n'y a donc aucune contradiction entre les deux
Apôtres : Paul établit la
doctrine de la justification par la foi, et Jacques
écrit contre ceux qui la pervertissent.
Voici le résultat de leurs doctrines,
conciliées ensemble.
1. ° La justice de Dieu, opérée
par Christ, révélée
dans l'Évangile et
reçue par la foi, est la seule par laquelle
les hommes puissent être absous de la coulpe,
et réputés justes par Dieu.
2.° Les fruits de justice qui sont par
Jésus-Christ,
(Phil. I. 11) que les fidèles
produisent, sont la preuve de la
réalité de leur foi ; ils
rendent claire cette vérité que l'on
a reçu par la foi, l'esprit qui a
été promis,
(Gal. III. 14) ils font voir que ceux
qui les portent sont unis au cep vivant, et
reçoivent en conséquence la louange
et l'approbation de Dieu
(I. Cor. IV. 5.
II. Cor. X. 8) qui est
glorifié par eux ;
(Phil. l. 11.
Jean XV. 8) et ces fruits seront
appelés au jour du jugement pour justifier
les croyants contre toute imputation d'hypocrisie,
qui fera établie contre tous ceux qui
disent qu'ils ont la foi, mais qui n'ont pas
les oeuvres.
Du centurion Corneille.
Il y a des personnes qui parlent de
l'évangile, comme bon et utile aux hommes,
mais qui ne le regardent pas comme
indispensablement nécessaire au salut. Pour
le prouver on cite souvent l'histoire du centurion
Corneille, rapportée au livre des actes des
Apôtres, chap. X. On veut y trouver un
exemple d'un païen qui, sans la lumière
de la révélation, avait
été accepté comme un adorateur
de Dieu. Mais cette idée est contraire
à tout ce qu'enseignent les écritures
et même à ce qui est dit relativement
à Corneille.
Depuis le moment que le péché entra
dans le monde, la communion immédiate que
Dieu avait avec l'homme cessa : elle ne peut
depuis lors être maintenue que par le moyen
d'un médiateur par la foi, dans le
témoignage de Dieu.
D'abord après la chute de l'homme, les
sacrifices d'animaux furent établis comme le
type principal, ou une représentation de la
voie de salut annoncé dans la
première promesse,
(Gen. III. 15) salut qui devait
être effectué par celui qui abolirait
le péché par son propre sacrifice
« Car c'est le sang qui fera propitiation
pour l'âme. »
L'histoire de Caïn et d'Abel, les deux
premiers hommes nés dans le monde, prouve
évidemment que ce n'était plus que
par rapport à ce sacrifice que Dieu
conservait une communion avec l'homme coupable.
Caïn apporta à Dieu les fruits de la
terre, mais il ne montrait point de respect pour
l'expiation que les sacrifices d'animaux
étaient destinés à
préfigurer : cela prouvait que
Caïn ne croyait pas la vérité
liée avec cette institution, et son oblation
fût rejetée. Abel, d'un autre
côté offrit,
non-seulement l'homme une
oblation (3)
comme Caïn, mais encore les
premiers-nés de son troupeau. Ainsi il se
reconnaissait solennellement comme pécheur,
et se rapprochait de Dieu dans la voie qu'il avait
marquée pour représenter l'expiation.
« L'Éternel eut égard
à Abel, et à son oblation.
(Gen. IV. 4) Par la foi, Abel offrit
à Dieu un plus excellent, sacrifice que
Caïn.
(Héb. XI. 4)
Ainsi, dès les premières lignes de
l'écriture sainte, la manière
d'être délivré du
péché et de Satan, et d'être
agréable à Dieu, qui forme tout le
sujet des pages sacrées, est indiquée
dans une promesse et développée par
un exemple. La justice de Dieu qu'il a
établie, est révélée
à la foi et attestée par la loi qui
la préfigure, et par les prophètes
qui l'annoncent.
Tous ceux qui croyaient en cette première
promesse, étaient justifiés par la
foi, comme on le voit par les nombreux exemples,
contenus dans l'onzième chapitre de
l'épître aux Hébreux. Au moyen
de la dispensation de la loi de Moïse, une
nouvelle lumière fut accordée aux
hommes relativement à l'accomplissement de
cette promesse. Mais quoique les Israélites
fussent obligés à recevoir parmi eux,
les hommes de toute nation qui offraient de se
joindre à eux, cependant aucun commandement
n'était donné aux Gentils à
cet effet. S'ils conservaient l'ancienne tradition
et s'ils y croyaient, elle continuait à
être aussi efficace pour leur salut qu'elle
l'avait été dès le
commencement.
Jéthro, beau-père de Moïse,
quoiqu'il ne se joignît pas à
Israël, était un adorateur de Dieu,
accepté par lui, comme nous l'apprenons par
la communion que Moïse et les chefs
d'Israël, eurent avec lui dans des sacrifices.
(Exo. XVIII. 10. 12)
Rahab, la Cananéenne, fut justifiée
par la foi avant d'être unie à
Israël.
(Héb. XI, 31)
Les Mages qui vinrent de l'orient, adorèrent
le Messie promis, aussitôt qu'il parut au
monde, et eurent l'honneur d'être les
premiers à annoncer son avènement au
peuple d'Israël.
En mettant à part la nation d'Israël,
et en lui conférant des privilèges
particuliers, Dieu n'avait pas voulu exclure le
reste du monde de l'union avec lui ; mais il
avait voulu conserver le dépôt de la
vraie lumière, jusqu'à ce que
« vint la semence à l'égard
de laquelle la promesse avait été
faite, »
(Gal. III. 19) et il fut toujours
vrai, qu'il n'y avait point en Dieu d'acception de
personnes, et que dans toute nation , celui qui le
craignait et qui s'adonnait à
la justice, lui était
agréable. « Car en
Jésus-Christ ni la circoncision, ni
l'incirconcision, n'ont aucune efficace, mais la
foi, opérante par la
charité, »
(Gal. V. 6) et nous avons vu
que l'exemple d'Abraham avait été
rapporté comme une preuve de cette
vérité, puisqu'il fut justifié
par la foi avant d'être circoncis.
La doctrine uniforme des saintes écritures
depuis le commencement jusqu'à la fin, est
que l'homme tombé ne peut jamais être
agréable à Dieu que par la foi dans
le Sauveur, soit lorsqu'il était promis,
soit depuis qu'il a apparu sur la terre.
Par la parole de vérité, l'homme est
régénéré ; par la
foi, il est justifié ; par la foi, il
est sanctifié ; et c'est au moyen de la
foi qu'il est conservé pour le salut par la
puissance de Dieu. « Il est impossible de
lui être agréable sans la
foi, »
(Héb. XI. 6) et c'est
cependant comme contradictoire à toutes ces
vérités, que l'on cite souvent le
fait qui concerne Corneille, comme nous
présentant un exemple d'un homme, qui, sans
la foi, était un adorateur agréable
à Dieu.
Pour établir une assertion pareille contre
la teneur entière des écritures, il
faudrait des preuves claires et positives ;
mais bien loin qu'il y en ait aucune, nous trouvons
au contraire, en examinant ce fait, que la parole
de Dieu, toujours d'accord avec elle-même,
parle clairement et précisément le
même langage, dans l'exemple qu'elle cite
ici, que dans toutes les autres parties.
Nous y apprenons que Corneille vivait dans le
voisinage de Jérusalem, que c'était
un homme dévot et craignant Dieu, qu'il
faisait beaucoup d'aumônes et. priait
continuellement.
(Act. X. 1. 2) Que ses prières
et ses aumônes étaient montées
en mémoire devant Dieu.
(Act. X. 4) Que c'était un
homme juste et craignant Dieu, qui avait un bon
témoignage de toute la nation des Juifs,
(Act. X. 22) et qu'il était
informé de la parole que Dieu avait
envoyé signifier aux enfants d'Israël,
depuis le baptême de Jean, en
annonçant la paix par Jésus-Christ.
(Act. X. 36. 37. 38)
D'après tout cela, quoique Corneille fut
Gentil et incirconcis,
(Act. XI. 1-3) il serait
contradictoire avec toutes les écritures
qu'il ne fut point agréable à Dieu,
que nous savons ne point faire acception de
personnes,
(Rom. II. 10. 11) et qui est
également le Dieu des Juifs et des Gentils.
(Rom. III. 28) Au contraire son
acceptation par Dieu, est parfaitement conforme
à tout ce que l'évangile dit du
salut. Nous allons examiner ce fait en
détail.
i.° Corneille était un homme
dévot (), ce mot signifie qui honore
convenablement, qui est pieux ; on ne le
trouve que dans trois autres endroits du nouveau
Testament ; dans le même chapitre v. 7,
où il caractérise un des serviteurs
de Corneille.
Dans le même livre des actes,
chap. XXII, v. 12, où il est
appliqué à Ananias, qui est
expressément appelé disciple
(Act. IX. 10) par le Saint-Esprit, et
qui reçut du Seigneur, l'honneur
éminent d'être envoyé par lui,
pour porter le premier message à
l'apôtre Paul.
(Act. IX. 10-17) Nous le trouvons
enfin employé dans
II. Pierre II. 9. où il
indique précisément les serviteurs de
Dieu qu'il distingue des injustes et qu'il sait
délivrer des tentations.
(II.Pier. II. 9) Dès-lors
l'application de ce mot à Corneille, suffit
seule pour fixer son caractère et
établir qu'il était un de ceux qui
sont justifiés par la foi. Nous savons
(Rom. IV. 5) que ceux qui sont
justifiés, ont été, jusqu'au
moment de leur justification,, impies,
méchants, c'est exactement l'opposé
de. Nous trouvons
donc ici une preuve évidente que Corneille
était un croyant justifié.
2.° Corneille était un homme
craignant Dieu, avec toute sa famille. Lorsque
les écritures se servent de cette
expression, elle se rapporte toujours au vrai
Dieu ; et personne ne peut nier que Corneille
ne soit représenté ici, comme
craignant le Dieu d'Israël.
C'est le caractère de tous ceux qui ne sont
point régénérés
« que la crainte, de Dieu n'est point
devant leurs yeux ».
(Rom. III. 18) D'un autre
côté, c'est une promesse que Dieu fait
à son peuple qu'il mettra sa crainte dans
leur coeur.
(Jér. XXXII. 39. 40) C'est une
haute louange pour les églises de la
Judée, de marcher dans la crainte du
Seigneur, et elle est liée avec la
consolation du Saint-Esprit.
(Act. IX. 31) Enfin c'est
par la grâce que le peuple de Dieu le
sert, en sorte qu'il lui est agréable
avec respect et crainte.
(Héb.XII. 28)
3.° Corneille faisait beaucoup
d'aumônes au peuple. Aucune oeuvre n'est
reconnue dans l'écriture comme bonne et
agréable à Dieu, qu'autant qu'elle
procède de la foi. Ses enfants
« sont sauvés par la grâce
an moyen de la foi, ils sont son ouvrage,
étant créés en
Jésus-Christ pour les bonnes oeuvres que
Dieu a préparées afin qu'ils marchent
en elles. »
(Eph. II. 10) C'est d'après
ces principes, que dans le même chapitre de
l'épître aux Hébreux, où
l'Apôtre dit que sans la foi il est
impossible d'être agréable à
Dieu, il rappelle la mémoire de ceux
qui, par la foi, ont exercé la justice.
(Héb. XI, 6.
33)
4.° Corneille priait Dieu continuellement.
Les hommes peuvent rendre un culte à un
Dieu inconnu ou à un Dieu de leur
imagination , mais ils ne peuvent prier le vrai
Dieu sans croire en lui. « Il est
impossible de lui être agréable sans
la foi, car il faut que celui qui vient à
Dieu, croie que Dieu est, et qu'il est le
rémunérateur de ceux qui le
cherchent, »
(Héb. XI. 6) et cette
dernière proposition,
nul ne peut la croire sans le témoignage de
la révélation. Car nul autre moyen ne
peut la donner à connaître. La foi
n'est point une conjecture ou une opinion douteuse,
mais une persuasion que Dieu, qui a fait les
promesses, est puissant pour les accomplir.
(Rom. IV. 21) Sur ce sujet les plus
sages des anciens philosophes étaient dans
une incertitude complète. « Le
monde n'a point connu Dieu par la
sagesse. »
(I. Cor. I.21) Comment un
pécheur sera-t-il
justifié ? Comment pourra-t-il
approcher du Dieu saint ? Quelle relation sera
établie entre eux, et surtout sur quel
fondement pourra-t-il espérer une
rémunération ?
Personne, si ce n'est Dieu, ne peut répondre
à cette question. « Nul n'a connu
les choses de Dieu que l'esprit de Dieu.
(I. Cor. II.11) Mais comment
invoqueront-ils celui en qui ils n'ont point
cru ? »
(Rom. X. 14) Et pour être
exaucé comme le fut Corneille, on doit
nécessairement « demander avec
foi, ne douter nullement, car celui qui doute est
semblable au flot de la mer agité par le
vent et jeté ça et là ;
or qu'un tel homme ne s'attende point à
recevoir aucune chose du Seigneur. »
(Jacq. 1. 6. 7)
5.° Les prières et les aumônes de
Corneille étaient montées en
mémoire devant Dieu. Cela est une preuve
qu'il l'avait adoré dans la foi au
médiateur promis. Car nul ne peut aller au
Père que par lui : c'est une
vérité déclarée par
Jésus-Christ lui-même, et
figurée d'une manière frappante dans
toutes les observances cérémonielles
de l'ancien Testament. Or si Corneille avait
été agréable à Dieu
à cause de ses aumônes et de ses
prières, sans avoir de foi au Sauveur, il
s'ensuit « qu'étant ignorant de
la justice de Dieu et ayant cherché
à établir sa propre
justice, » il y avait réussi,
et que dans ce cas, il serait parvenu à la
justification par les oeuvres de la loi et non par
la foi, ce qui serait en opposition directe avec ce
que déclare Paul, tant relativement aux
Juifs que relativement aux Gentils.
(Rom. IX. 33.
X.3)
D'ailleurs il nous est appris par deux fois, que
Corneille s'approchait de Dieu suivant le culte
institué à Jérusalem. Il y est
dit que Corneille priait à la
neuvième heure,
(Act. X. 3.
30) c'était l'heure des
prières du temple et le temps où l'on
offrait le sacrifice du soir.
(Act. III. 1) Le temple de
Jérusalem était un grand type du
Rédempteur, et le moyen de communication
entre Dieu et le peuple d'Israël ;
c'était dans celui-là seul que les
sacrifices pouvaient être offerts, et que
l'on pouvait rendre à Dieu le culte
prescrit, Jésus lui-même en faisant
allusion au temple, s'applique le sens typique de
cet édifice ; « abattez ce
temple, et en trois jours je le
relèverai. »
(Jean II. 19) Lorsque les
Israélites étaient
éloignés du temple, ils montraient
leur respect pour cet
édifice, en
étendant leurs mains vers le saint oracle,
lorsqu'ils s'approchaient de Dieu.
Lors de sa dédicace, Salomon pria Dieu
d'exaucer des cieux les prières que ceux de
son peuple lui feraient en étendant leurs
mains vers cette maison.
(I. Rois VIII. 38) Jonas, englouti
dans le ventre d'un grand poisson, disait, je
regarderai encore vers le temple de ta
sainteté.
(Jon. II. 5) Daniel, dans une
contrée éloignée, priait
« les fenêtres de sa chambre
étant ouvertes du côté de
Jérusalem, » (Dan. VI. 10) et
lorsque pendant sa prière, un messager
spécial lui fut envoyé du ciel, pour
lui faire la révélation remarquable
de la naissance du Messie, c'était
« environ sur le temps de l'oblation du
soir. »
(Dan. IX. 21) (4)
Ce fut aussi à la
neuvième heure, au temps de l'oblation du
soir, pendant que Corneille priait, qu'un Ange de
Dieu lui porta le message de l'Éternel. Et
on doit même observer que dans la
prière de dédicace de Salomon, dont
nous avons déjà parlé, il
est fait une mention expresse de
l'étranger qui priera vers cette maison.
« Et même, lorsque
l'étranger qui ne sera pas de son peuple
d'Israël, mais qui sera venu d'un pays
éloigné pour l'amour de ton Nom, (car
on entendra parler de ton Nom qui est grand et de
ta main forte et de ton bras étendu) lors
donc qu'il sera venu, et qu'il te priera vers cette
maison ; exauce-le, Toi, des cieux, du
domicile arrêté de ta demeure, et fais
selon tout ce pourquoi, cet étranger aura
crié vers Toi.
(I. Rois VIII. 42)
6.° Corneille, que son serviteur appelle
« un homme juste, »
(5) était
vu favorablement par les Juifs, qui étaient
bien à portée de connaître sa
situation. « Il avait un
témoignage de toute la nation des Juifs.
(Act.X. 22) « Les
mêmes paroles sont dites du dévot
Ananias. « Il avait un bon
témoignage de tous les Juifs. »
(Act.XXII. 12) Un autre centurion qui
n'était pas Israélite, fut
recommandé par les Juifs comme aimant leur
nation, et étant digne qu'on lui
accordât ce qu'il demandait. Jésus dit
de lui, à la troupe qui le suivait,
« je vous dis, que je n'ai pas
trouvé, même en Israël une aussi
grande foi. »
(Luc VII. 5. 9) Voilà un cas
tout pareil à celui de Corneille, qui a
été décidé par le
Seigneur Jésus
lui-même.
Enfin Corneille avait connaissance de la parole que
Dieu avait « envoyée signifier aux
enfants d'Israël, en annonçant la paix,
par Jésus-Christ. « Vous savez,
ajoute Pierre en s'adressant à Corneille et
aux autres assistant, ce qui est arrivé dans
toute la Judée, en commençant par la
Galilée, depuis le baptême que Jean a
prêché ; savoir, comment Dieu a
oint du Saint-Esprit et de force, Jésus le
Nazarien, qui a passé de lieu en lieu en
faisant du bien, et guérissant tous ceux qui
étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu
était avec Jésus. »
(Act. X. 36-38)
Sur quel fondement donc peut-on assurer que
Corneille ignorait le vrai Dieu ?
Non-seulement le système entier de la divine
révélation du commencement
jusqu'à la fin, nous défend de nous
arrêter à cette idée, mais
encore nous trouvons ici accumulées des
preuves de la plus grande évidence, qui
démontrent le contraire, dans le passage
même où il s'agir de lui.
Et quelle est la base sur laquelle, au
mépris de toutes ces preuves on veut
élever l'opinion contraire ? C'est
seulement cette déclaration de Pierre :
« Je reconnais que Dieu n'a point
égard à l'apparence des personnes,
mais qu'en toute nation, celui qui le craint, et
qui s'adonne à la justice, lui est
agréable. »
(Act. X. 34. 35) Nous avons
déjà vu quels sont ceux qui,
d'après la doctrine de l'écriture,
craignent Dieu, s'adonnent à la justice, et
lui sont agréables. Que Dieu ne fasse point
d'acception de personnes, c'est ce qui est
répété dans plusieurs endroits
de l'écriture, (Voy.
Deut.X. 17.
Job.XXXIV. 19.
Gal. II. 6.
Eph.VI. 9.
Col. III. 25.
I. Pier. l. 17.
Rom. II. 10. 11.
25. 29) et Paul confirme la
même déclaration en l'appliquant aux
Juifs et aux Gentils.
Cependant malgré ce qui avait
été dit par les prophètes, et
malgré le commandement fait par
Jésus-Christ aux apôtres de
prêcher l'évangile à toute
créature, les préjugés
étaient si fortement enracinés en
eux, que Pierre eut besoin d'une nouvelle
révélation pour être
informé et convaincu du devoir d'annoncer
l'évangile aux Gentils ; cette
révélation lui fut faite dans ce
dessein ; mais il était en peine d'en
savoir le sens,
(Act. X. 17) et ne l'entendit point
jusqu'à ce qu'il fut informé par
Corneille de ce qui avait été
révélé à ce dernier.
Dès-lors il ne douta plus du sens des
paroles que lui avait dites la Voix céleste
qu'il avait entendue : « Les choses
que Dieu a purifiées, ne les tiens point
pour souillées, » il
s'écria sur-le-champ, « En
vérité, je reconnais que Dieu n'a
point d'égard à l'apparence des
personnes, mais qu'en toute nation, celui qui le
craint et qui s'adonne à la justice, lui est
agréable. »
En un mot, le centurion Corneille honorait Dieu
comme l'avaient fait Abel, Énoch et
Noé, comme le firent aussi
Melchisédec et Abraham. Il connaissait le
culte des Juifs et était
informé de la parole de
Dieu qu'il avait envoyée signifier à
Israël, annonçant la paix par
Jésus-Christ, quoiqu'elle n'eût pas
été jusque là adressée
aux Gentils incirconcis. Jusqu'au moment où
Pierre fut envoyé vers le centurion,
Jésus ne leur avait pas encore
été prêché comme
étant le Messie. Avant son avènement,
il était seulement nécessaire de
croire que le Messie devait venir, mais depuis
qu'il avait paru sur la terre et qu'il avait
été annoncé aux Gentils, aussi
bien qu'aux Juifs, il devenait indispensable pour
eux de croire que Jésus était le
Messie. D'après cela, Corneille fut
informé par l'Ange que la personne qu'il lui
était ordonné d'envoyer
quérir, lui dirait « des choses
par lesquelles il serait sauvé, lui et toute
sa maison. ». (Act. XI. 14) Cela ne prouvait
pas que le centurion ne fût point jusqu'alors
agréable à Dieu ; mais comme
l'Éternel avait accordé au monde une
nouvelle lumière, et donné un nouveau
commandement, « celui-ci est mon Fils
bien-aimé.....,
écoutez-le, » (Matt. XVII. 5) il
était nécessaire que Corneille le
reçut et lui obéit. Tout de
même qu'il est d'une nécessité
indispensable pour tout chrétien qui
ignorerait quelque partie de la volonté de
Dieu, de lui obéir aussitôt qu'elle
lui est connue.
Il ne reste plus qu'une remarque à faire sur
ce sujet ; c'est que lorsqu'il est dit que le
Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui
écoutaient la parole, (Act. X. 44) il n'est point
parlé de la première réception
des influences du Saint-Esprit, mais de ce que Paul
appelle la manifestation de l'esprit. (I. Cor. XII. 7) Car il est
ajouté qu'ils parlèrent
immédiatement après en diverses
langues, (Act. X. 46) C'est de la
même manière que le Saint-Esprit fut
répandu sur les apôtres en dons
miraculeux, (Act. II. 4
et IV. 31) longtemps
après qu'ils eurent ressenti en eux sa
sainte influence (Matt. XVI. 17) et
après qu'ils l'eurent reçu du
Seigneur Jésus lui-même. (Voyez Act . VIII. 5. 6. 8. 14. 17) Il n'y a rien de plus
clairement établi relativement aux
opérations divines, que l'existence de ces
deux opérations du Saint-Esprit, celle qui
est seulement intérieure, et celle qui est
accompagnée de dons miraculeux.
|