COMME CHRIST
VINGT-TROISIÈME JOUR
COMME CHRIST
Dans sa résurrection.
« Car si nous avons
été faits une même plante avec
lui par la conformité à sa mort, nous
le serons aussi par la conformité à
sa résurrection, afin que, comme Christ est
ressuscité des morts par la gloire du
Père, nous aussi marchions dans une vie
nouvelle. »
Rom. 6 : 5, 4.
Après avoir été conformes
à Christ en sa mort, nous devons
nécessairement l'être aussi dans sa
résurrection. Ne parler que de notre
participation à sa mort, que de porter la
croix, que de renoncer à nous-mêmes,
c'est ne présenter qu'un seul
côté de notre union avec Christ. Sa
puissance de résurrection nous fait passer
de notre conformité à sa mort
à une vie nouvelle. Notre mort avec Christ
met fin à notre ancienne vie de
péché et d'assujettissement au monde
que nous abandonnons ; notre
résurrection avec Christ commence en nous
une vie nouvelle par laquelle le Saint-Esprit
expulse l'ancienne. Le chrétien qui
désire sérieusement marcher comme
Christ, doit bien savoir qu'il est semblable
à Christ dans sa résurrection.
Voyons si ce n'est pas là ce qui va
répondre à cette question :
Où trouver la force de vivre dans le monde
comme Christ y a vécu ?
Nous avons déjà vu que la vie de
notre Seigneur, avant sa mort, était une vie
de faiblesse. Comme notre représentant, le
péché avait une grande puissance sur
lui (*1) . Il
en avait aussi sur ses disciples, en sorte que leur
Maître ne pouvait pas leur donner le
Saint-Esprit, ni faire pour eux tout ce qu'il
désirait. Mais à sa
résurrection, tout change. Ressuscité
par la toute-puissance de Dieu, il possède
par sa vie de résurrection la puissance
divine ; et s'il a vaincu la mort et le
péché, c'est non seulement pour
lui-même, mais aussi pour ses disciples,
auxquels il peut aussitôt faire part de son
Esprit, de sa joie et de sa puissance.
Lorsqu'à présent le Seigneur
Jésus nous fait part de sa vie, ce n'est pas
de la vie qu'il avait avant sa mort, mais c'est de
la vie de résurrection qu'il s'est acquise
par sa mort. C'est une vie qui n'a plus affaire
avec le péché, mais qui l'a
déjà banni, une vie qui a
déjà vaincu l'enfer et le diable, le
monde et la chair, une vie de puissance divine dans
la nature humaine. Voici la vie qui résulte
pour nous de notre conformité à sa
résurrection : « En
vivant, il vit pour Dieu. Vous aussi,
considérez-vous comme vivants pour Dieu en
Jésus-Christ notre Seigneur ».
(Rom. 6 : 11). Oh ! que
Dieu veuille nous révéler par son
Saint-Esprit toute la puissance de vie qui
résulte de notre conformité à
la résurrection de Christ ! C'est cette
vie-là qui rend capable de marcher comme
Christ.
Ceci reste un mystère pour la plupart des
chrétiens et c'est pour cela que leur vie
est une vie de faiblesse, de défaites et de
péché. Ils croient à la
résurrection de Christ comme preuve de leur
justification. Ils pensent qu'il devait ressusciter
pour continuer au ciel son oeuvre de
Médiateur, mais quant à savoir qu'il
est ressuscité afin que la vie glorieuse de
sa résurrection devînt dès
à présent la force même de
leur vie de chaque jour, ils n'en ont aucune
idée. De là leur découragement
quand il leur est dit qu'ils doivent suivre
Jésus en étant parfaitement
« conformes à son
image » (Rom. 8 : 29). Ils ne
peuvent pas comprendre qu'il soit demandé
d'un pécheur qu'en toutes choses il agisse
comme Christ l'eût fait. Ils ne connaissent
pas Christ dans la puissance de sa
résurrection, ils ne savent pas avec quelle
force, quelle puissance sa vie agit en ceux qui
veulent « regarder toutes choses comme
une perte à cause de Christ ».
(Phil., 3: 8 ;
Eph. 1 : 19, 20). Venez vous
tous qui êtes lassés d'une vie
différente de celle de Jésus, et qui
désirez marcher sur ses traces, vous qui
commencez à voir dans l'Écriture
qu'il y a pour vous une vie meilleure que vous ne
l'aviez su jusqu'à présent ;
venez, laissez-moi essayer de vous montrer quels
trésors sont à vous par votre
« conformité à sa
résurrection ». Laissez-moi vous
adresser trois questions.
D'abord : Êtes-vous prêts à
soumettre votre vie à la règle de
Jésus et de sa vie de
résurrection ? Je ne doute pas que
l'exemple de Jésus ne vous ait convaincus de
péché sur plus d'un point. Chaque
fois que vous avez cherché votre propre
volonté et votre propre gloire au lieu de
celles de Dieu, cédant à l'ambition,
à l'orgueil, à l'égoïsme,
et manquant d'amour pour votre prochain, vous avez
pu voir combien vous êtes loin de
l'obéissance, de l'humilité et de
l'amour de Jésus, et maintenant il s'agit de
savoir si, en face de toutes ces choses que vous
reconnaissez être des péchés,
vous voulez dire : Puisque Jésus veut
prendre possession de ma vie, je renonce à
tout droit, à tout désir de jamais
faire en rien ma propre volonté ; je
lui abandonne ma vie, avec tout ce que j'ai, et
je suis entièrement à lui pour
faire toujours ce qu'il me commandera par sa Parole
et par son Esprit. S'il veut vivre en moi et
régner en moi ? je lui promets
obéissance sincère et
illimitée.
Pour faire acte d'abnégation si
complète, il faut de la foi ; c'est
pourquoi je vous adresse cette seconde
question : Êtes-vous prêts
à croire que Jésus veut prendre
possession de vous, veut prendre soin de la vie que
vous lui confiez ? Quand le croyant confie
entièrement à Christ sa vie
spirituelle et temporelle, il apprend à bien
comprendre ces mots de Paul :
« Je suis mort ; je ne vis
plus ; Christ vit en moi ». (Gal
2 : 19, 20). C'est quand je suis mort avec
Christ et ressuscité avec lui, que le Christ
vivant prend possession de ma nouvelle vie et la
gouverne par sa vie de résurrection. Cette
vie de résurrection ne m'est pas offerte et
donnée à condition que je me charge
de la continuer moi-même. Non, c'est
justement là ce que je ne puis pas
faire, mais Dieu soit béni !
Jésus-Christ lui-même, est la
résurrection et la vie, il est la vie de
résurrection. Lui-même pourvoira de
jour en jour et d’heure en heure à ce
que je vive comme étant ressuscité
avec lui. Il le fera par le moyen du
Saint-Esprit qui est l'esprit même de sa vie
de ressuscité. Le Saint-Esprit nous sera
envoyé et, si nous nous confions en
Jésus, cet Esprit divin maintiendra en nous
d'instant en instant la présence et la
puissance du Seigneur ressuscité. Ne
craignons donc pas qu'il nous soit impossible de
vivre de la vie sainte qui convient à des
croyants appelés « les temples
du Dieu vivant »
(2 Cor. 6 : 16). Nous en sommes
à la vérité incapables
par nous-mêmes ; aussi n'est-ce pas
de nous et de nos propres forces que Dieu l'attend,
mais le Christ vivant qui est « la
résurrection et la vie » a
triomphé de tous nos ennemis ;
lui-même réalisera cette vie nouvelle
en nous et nous enverra le Saint-Esprit pour
être notre force. Avec sa divine
fidélité, il accomplira son oeuvre en
nous, pourvu que nous ayons confiance en lui.
Christ lui-même est notre vie.
Et voici ma troisième question :
Êtes-vous prêts à user de cette
vie de résurrection comme Jésus, pour
devenir par elle un moyen de
bénédiction envers ceux qui se
perdent ? Tous nos désirs pour obtenir
cette vie de résurrection échoueront,
si nous cherchons seulement par là notre
propre perfection et notre propre bonheur. Dieu a
ressuscité Jésus pour donner par lui
la repentance et la rémission des
péchés ; il vit pour
intercéder pour les pécheurs. C'est
pour faire de même que vous devez chercher
à recevoir la vie de résurrection.
Consacrez-vous à travailler et à
prier pour ceux qui périssent ; alors
vous serez un vaisseau propre à la recevoir,
un instrument dont elle pourra se servir pour
accomplir son oeuvre sainte.
Mon frère ! tu es appelé
à vivre comme Christ : Pour cela tu
as déjà été fait un
avec lui par la conformité à sa
résurrection. À présent, il
s'agit de savoir si tu veux, toi, faire
l'expérience de cette vie de
résurrection, si tu veux abandonner à
Jésus toute ta vie pour qu'il manifeste
lui-même en toi sa puissance de
résurrection. Oh ! n'hésite pas
à le faire ! Donne-toi à lui
sans réserve : donne-toi avec toute ta
faiblesse, toute ton infidélité.
Crois seulement que, comme la résurrection
de Jésus fut un miracle au delà de
toute attente et de toute prévision, lui, le
Ressuscité, fera, en toi aussi, infiniment
au delà de tout ce que tu peux penser ou
désirer.
Quelle différence dans la vie des disciples
depuis la résurrection de
Jésus ! Avant sa mort, tout en eux
n'était que faiblesse, crainte,
égoïsme et péché.
Après sa résurrection, tout devient
puissance, joie, vie, amour et gloire. C'est le
même renouvellement qui transforme le croyant
quand, après n'avoir vu d'abord dans la
résurrection de Jésus que la source
de sa justification, il découvre que le
Ressuscité veut être lui-même sa
vie, prendre la responsabilité de toute sa
vie. O mon frère, toi qui n'en as pas encore
fait l'expérience, toi qui es troublé
et fatigué parce que tu te sais
appelé à marcher comme Christ, et que
tu ne le peux pas, viens et goûte le bonheur
de remettre toute ta vie à ton Sauveur
glorifié, avec l'assurance qu'il s'en
chargera à ta place.
O Seigneur ! Mon âme t'adore, toi, le
Prince de la vie ! Sur la croix tu as vaincu
chacun de mes ennemis, le diable, la chair, le
monde et le péché. En vainqueur, tu
es ressuscité pour manifester et pour
maintenir la puissance de ta vie de
résurrection chez tes disciples. Tu les as
faits « une même plante avec toi
par la conformité à ta
résurrection », et à
présent tu ; veux vivre en eux et
manifester dans leur vie terrestre la puissance de
ta vie divine.
Gloire à ton nom pour cette grâce
infinie ! Seigneur, je viens, à ton
appel, te donner, t'abandonner ma vie avec tout ce
qui en dépend. Trop longtemps, je me suis
efforcé de vivre comme toi sans y
réussir. Plus je cherchais à marcher
comme toi, plus ma déception était
grande. À présent, j'ai appris de tes
disciples tout le bonheur qu'on éprouve
à rejeter sur toi le soin et la
responsabilité de sa vie. Seigneur, je suis
ressuscité avec toi, un avec toi, semblable
à toi dans ta résurrection. Seigneur,
viens, charge-toi entièrement de moi et sois
ma vie.
Surtout, je te prie, ô mon Sauveur
ressuscité de te révéler
à moi dans la puissance de ta
résurrection, comme tu l'as fait pour tes
premiers disciples. Ce n'était pas assez
d'apparaître à tes disciples
après ta résurrection. Ils ne te
reconnurent que lorsque tu te fis connaître
à eux. Seigneur Jésus, je crois en
toi. Daigne te faire connaître à
moi comme ma Vie. Toi seul, tu peux le faire.
J'ai la confiance que tu le feras, et alors ma vie
de résurrection sera comme la tienne, une
source intarissable de lumière et de
bénédiction pour tous ceux qui ont
besoin de toi. Amen.
VINGT-QUATRIÈME JOUR
COMME CHRIST
Conforme à lui dans sa mort.
« Afin que je connaisse
Christ et l'efficace de sa résurrection et
la communion de ses souffrances, me rendant
conforme à lui dans sa
mort. »
Phil. 3 :10.
Nous savons que la mort de Christ fut la mort de
la croix. Nous savons aussi que cette mort de la
croix est sa principale gloire. Sans cette mort il
ne serait pas le Christ. Ce qui fait de lui un
être à part, soit dans le ciel, soit
ici-bas et dans tout l'univers, c'est qu'il est le
Fils de Dieu crucifié. Aussi de tous les
points de notre conformité avec lui, le
principal et le plus glorieux sera
nécessairement notre
« conformité à sa
mort ».
C'est là ce qui avait tant d'attrait pour
Paul. Ce qui a fait la gloire de Christ doit faire
la sienne aussi : il sait que pour ressembler
à Christ il faut lui être conforme
dans sa mort. Ce que cette mort a été
pour Christ, elle le sera pour lui et d'autant plus
qu'il lui deviendra plus conforme.
Par sa mort sur la croix Christ en a fini avec le
péché. Pendant sa vie le
péché avait pu le tenter, mais sur la
croix il est mort au péché ; le
péché ne lui peut plus rien. Notre
conformité avec Christ dans sa mort est la
force qui nous défendra, nous aussi, contre
le péché. Tant que le Saint-Esprit me
maintient dans ma position de crucifié avec
Christ, tant que Jésus me fait vivre de sa
vie, je suis préservé du
péché.
La mort de Christ sur la croix fut pour le
Père « une oblation et une
victime d'agréable odeur ».
(Eph. 5 : 2). Oh !
si je veux jouir de la faveur et de l'amour du
Père et lui être agréable, je
suis certain que rien ne me les assure mieux que ma
conformité à la mort de Christ. Rien
dans l'univers n'est aux yeux du Père aussi
saint, aussi beau, aussi admirable et divin que
Jésus crucifié ; et plus je me
rapproche de Jésus, par ma conformité
à sa mort, plus aussi je trouve accès
au coeur de mon Dieu.
La mort sur la croix ouvrait à Christ la vie
de la résurrection, la vie immuable et
éternelle. Dans notre vie spirituelle, nous
avons souvent à déplorer des
interruptions, des chutes, des lacunes bien propres
à nous faire voir qu'il nous manque encore
quelque chose pour jouir de toute la puissance de
cette vie de résurrection. Soyons sûrs
dans ce cas que notre ancienne nature a
conservé quelque débris de vie
propre, qui n'a pas encore fait partie de notre
conformité à la mort de Christ, et
qu'il ne nous manque plus que de partager plus
entièrement encore sa mort sur la croix,
pour participer pleinement aussi à la joie
de sa résurrection.
C'est avant tout la mort de Christ sur la croix qui
a fait de lui puissance de vie pour le monde,
bénédiction et salut pour tous.
(Jean. 12 : 24, 25). Notre
conformité à la mort de Christ met
fin, à notre égoïsme : nous
nous donnons alors aux autres, nous sommes
prêts à vivre, à mourir pour
les autres, nous avons pleine confiance aussi que
le Père accepte notre renoncement et notre
dévouement à souffrir du
péché des autres ; et de cette
mort-là, nous ressuscitons avec la force
d'aimer et de faire du bien.
Qu'est-elle donc cette conformité à
la mort de la croix si riche de
bénédictions ? En quoi
consiste-t-elle ? Nous le voyons par
Jésus. La croix signifie l'abnégation
complète de soi. La croix est la mort du
moi, c'est l'abandon complet de notre propre
volonté et de notre vie à la
volonté de Dieu, lui laissant faire de nous
ce qu'il voudra. Voilà ce que signifiait la
croix pour Jésus. Ce ne fut qu'après
un terrible combat qu'il put s'y résigner.
Quand son âme était angoissée
et saisie de tristesse jusqu'à la mort,
c'était parce que tout son être
reculait d'effroi devant cette croix et sa
malédiction. Trois fois il dut prier son
Père avant de pouvoir dire :
« Non pas comme je veux, mais comme tu
veux ». Il le dit pourtant et sa
soumission à la croix revient à
ceci : Tout plutôt que de mettre
obstacle à la volonté de Dieu.
J'abandonne tout, pour que la volonté de
Dieu soit faite.
Voilà comment nous devenons conformes
à Christ en sa mort : c'est en nous
donnant à Dieu, nous et notre vie, avec
toute notre force de volonté et d'action,
c'est en apprenant à ne rien être,
à ne rien faire que ce que Dieu nous
révèle être sa volonté.
Cette vie-là s'appelle conformité
à la mort de Christ, non seulement parce
qu'elle ressemble quelque peu à la sienne,
mais parce que c'est lui qui par son Saint-Esprit
répète en nous la vie qui l'animait
lors de sa crucifixion, sinon la seule
pensée de cette conformité serait
voisine du blasphème.
Mais non, il n'y a pas ici de blasphème. Le
croyant éclairé par le Saint-Esprit
sait que la vie de résurrection n'a de force
et de gloire que parce qu'elle est une vie de
renoncement qui commence sur la croix. Il se livre
à cette vie-là, sachant bien qu'il
n'a pas lui-même la force de rien faire de
bon ni de saint. Il sait que la puissance de la
chair domine et souille tout en lui ; il voue
donc à la condamnation et à la croix
toutes les forces de son être, tout ce dont
il dispose en lui, et par là il met à
la disposition de Jésus toutes les forces,
toutes les facultés de son corps, de son
âme et de son esprit.
Défiance du moi en toutes choses, confiance
en Jésus pour toutes choses. L'esprit de la
croix respire dans tout son être.
Et ainsi pour celui qui connaît Christ dans
la puissance de sa résurrection, il n'y a
pas d'effort pénible à se maintenir
dans cette conformité avec Christ sur la
croix. C'est bien plutôt pour lui repos,
force et victoire, car il n'a pas affaire avec une
croix morte, ni rien qui résulte de ses
propres forces, mais avec Jésus qui est
vivant, pour qui la crucifixion est un fait
accompli, et qui a passé de là
à la vie de la résurrection,
« Je suis crucifié avec Christ.
Christ vit en moi ».
(Gal. 2 : 20). Voilà ce
qui donne le courage de vouloir être toujours
plus conforme à Christ en sa mort.
Comment parvenir à cette heureuse
conformité ? Voici ce que Paul nous
répond : « Ces choses qui
m’étaient un gain je les ai
regardées comme une perte à cause de
Christ. Bien plus, je regarde toutes choses
comme une perte en comparaison de l'excellence de
la connaissance de Jésus-Christ, mon
Seigneur... afin que je connaisse Christ...
devenant conforme à lui dans sa
mort ».
(Phil. 3 : 7-11). Cette
perte-là est de grand prix, mais n'est-elle
pas bien digne d'être achetée ?
Donnons, abandonnons tout, oui, tout, pour
être admis avec Jésus sur la
croix.
Et s'il nous paraît dur de tout donner pour
n'avoir d'autre récompense qu'une vie sur la
croix, écoutons encore Paul nous dire
pourquoi il a si volontiers tout abandonné
pour choisir la croix. C'était pour
« Jésus-Christ, mon
Seigneur ». La croix était la
place où il pouvait le mieux s'unir à
son Seigneur. Connaître Christ, gagner
Christ, être trouvé en lui, être
fait semblable à lui, voilà le
désir brûlant qui lui rendait facile
de renoncer à tout, et qui l'attirait si
fortement vers la croix. À tout prix se
rapprocher de Jésus. Tout pour
Jésus ! Voilà sa devise.
Voilà ce qui répond à cette
question : Comment devenir conforme à
Christ en sa mort ? C'est d'un
côté : tout
abandonné ; c'est de l'autre :
laisser entrer Jésus, tout pour
Jésus.
Oui, ce n'est que « la connaissance de
Jésus » qui rend possible de lui
devenir conforme en sa mort ; mais que
l'âme « gagne
Christ » ; qu'elle soit
trouvée en lui, qu'elle « le
connaisse et reçoive l'efficace de sa
résurrection », aussitôt
il y a pour elle non seulement possibilité,
mais réel bonheur à le faire. C'est
pourquoi, cher disciple de Jésus, regarde
à lui, à lui le Crucifié.
Contemple-le jusqu'à ce que ton âme
apprenne à dire : O Seigneur, je veux
être comme toi. Contemple-le jusqu'à
ce que tu le voies lui, le Crucifié,
s'approcher de toi, dans sa toute-puissance pour te
faire vivre de sa vie de crucifixion. C'est par la
puissance de l'Esprit éternel qu'il s'est
offert à Dieu, et c'est ce même Esprit
qui t'apportera, qui te donnera pour en faire ta
vie tout ce que comprend cette mort sur la croix,
tout ce qu'elle a accompli pour toi. Par cet Esprit
saint, Jésus lui-même maintient en
toute âme qui se confie en lui, la puissance
de la croix, c'est-à-dire la mort au
péché, le renoncement à
soi-même, en même temps que la source
intarissable de la vie et de la puissance de la
résurrection. C'est pourquoi regarde
à lui, le Crucifié, qui est vivant.
Souviens-toi pourtant que, bien que tu doives
t'efforcer d'obtenir cette grâce, elle ne te
sera pas accordée comme fruit de tes
efforts, mais comme un don gratuit qui vient d'En
haut. On ne devient conforme à Jésus
dans sa mort qu'autant qu'il daigne se
révéler lui-même. Cherche donc
à recevoir cette grâce de lui
directement.
O Seigneur, tout ceci est trop élevé
pour moi. Je ne puis atteindre si haut. Te
connaître dans la puissance de ta
résurrection, être rendu conforme
à toi dans ta mort : ce sont de
« ces choses que tu as cachées
aux sages et aux intelligents et que tu as
révélées aux
enfants », à ces âmes
d'élite auxquelles seulement
« il est donné de
connaître les mystères du royaume des
cieux »
(Mat. 13 : 11).
Seigneur, plus que jamais je vois quelle folie il y
aurait à croire que je puis devenir conforme
à toi par mes propres efforts. Je
m'abandonne donc à ta miséricorde.
Regarde-moi selon les richesses de ton amour, et
révèle-toi à moi par une
grâce de ta libre faveur. Puisque tu
condescends du haut de ta demeure céleste
à t'abaisser ainsi jusqu'à moi,
à me recevoir dans une pleine
conformité à ta vie et à ta
mort, ô Seigneur, je vivrai et je mourrai
pour toi et pour les âmes que tu es venu
sauver par ta mort.
O mon Sauveur, je sais que tu veux me l'accorder.
Ton amour pour chacun de tes rachetés est
infini. Enseigne-moi, amène-moi à
tout abandonner pour toi, et prends à
jamais, possession de moi pour ton service. Oui, je
te prie, que ma vie s'emploie à sauver ceux
qui périssent et qu'ainsi je devienne en
quelque mesure conforme à toi dans ta mort.
Amen
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