Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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UN SIÈCLE DE MISSION A MADAGASCAR



CHAPITRE IX

LES « APÔTRES » - LE RÉVEIL

Le travail d'organisation est important en mission. Il n'est pas tout. Il ne peut être qu'un moyen pour aider l'esprit à agir plus efficacement et plus normalement. Aussi fut-ce avec joie que les Missionnaires virent, en 1901, un réveil se dessiner dans plusieurs de leurs districts, en corrélation avec le mouvement des « Disciples du Seigneur », qui avait débuté, en 1899, dans une région travaillée par la mission norvégienne. Le missionnaire d'Ambositra, M. Jules Gaignaire, apprécie cet événement de la façon suivante :
« Ce mouvement nous réjouit et nous inquiète tout à la fois. Il paraît évident qu'il est produit par un souffle de l'Esprit de Dieu ; mais un certain nombre de chrétiens malgaches qui sont à la tête ont sans doute plus d'enthousiasme que de clairvoyance.

« Ils suivent, ou prétendent suivre, plus exactement, l'enseignement et les travaux des Apôtres. Et le fait est que c'est sous le nom d'apôtres qu'on les désigne maintenant. Ils vont de lieu en lieu, annonçant la bonne nouvelle, comme le ferait le meilleur des évangélistes. Mais ils appuient plus particulièrement sur certains côtés de l'Évangile, tels que l'amour fraternel. Beaucoup de missionnaires qui les ont entendus, et je suis du nombre, ont trouvé à la prédication de ces hommes simples un caractère singulièrement neuf, impressif et original. Mais ils prétendent, en général, que, comme au temps des apôtres, les malades doivent être guéris, et cela par la prière. Bref, il y a dans leur activité un côté étrange, je crois pouvoir dire illuministe, qui fait craindre de voir ce beau mouvement dévier et finalement échouer.

« Un certain nombre de ces chrétiens ont habité et enseigné pendant plus d'un an dans l'ouest de mon district. Là, comme partout, une foule de gens de nos Églises les ont suivis ou sont allés les entendre. Et je dois dire, après m'en être assuré par moi-même, qu'ils ont fait beaucoup de bien à un grand nombre de personnes. Me trouvant en séjour de ce côté, J'ai pu les voir et essayer de les diriger. Mon instituteur de la région est entré dans le mouvement, et m'a profondément réjoui par le changement qui s'est opéré en lui et par le zèle de bon aloi qu'il déploie sans se lasser.

« Quelques jours après, j'ai cru pouvoir faire, dans l'un de nos grands temples de la région, plusieurs réunions d'évangélisation avec eux. Il y avait foule et presque tous les fidèles de nos Églises étaient là. Ils ont pu parler librement avec moi, et j'avoue n'avoir rien trouvé à reprendre, mais, par contre, beaucoup à louer. Avant mon départ, 50 personnes, parmi les gens qui avaient assisté à nos réunions et à bien d'autres avant mon arrivée, ont demandé à être baptisées. »

M. Péchin vit à l'oeuvre les « Disciples du Seigneur » dans l'ouest de l'Imérina et s'exprime sur leur compte en ces termes.

« Dans les premiers jours de février, un samedi soir, ils arrivaient à Ambohibeloma : cinq hommes et une femme. Outre le couple, un instituteur, un évangéliste, un bourjane, un ancien gouverneur. Celui-ci a une tête patriarcale. Son visage digne est encadré d'une barbe presque blanche ; une longue chemise tombe jusque sur ses pieds nus. C'est un esprit pondéré, calme ; il pèse ses mots ; rien de la phraséologie pieuse si coutumière aux prédicateurs malgaches. Il possède à un haut degré le don : du commandement, comme tous les indigènes ayant exercé le pouvoir. Autrefois inique lui aussi, comme la plupart des juges et gouverneurs malgaches, il est complètement changé à l'heure actuelle. Il est le chef de la petite troupe. Un seul a l'air un peu exalté, l'instituteur ; c'est lui le plus fougueux dans la prédication et les exorcismes. L'évangéliste m'apparaît comme le type du chrétien indigène destiné un jour à remplacer le missionnaire, quand l'Eglise malgache sera autonome. Simple, modeste, mais d'une foi vivante, connaissant bien les Écritures, ses sermons sont des plus édifiants.

« Tous ont quitté village, et, sauf un, femme, enfants, rizières, pressés par la pensée qui faisait dire à l'apôtre : « Malheur à moi, si je n'évangélise ! »

« Ils tiennent à loger ensemble et s'installent dans une pièce unique. Chaque matin, à leur réveil, ils chantent des cantiques, ainsi qu'avant les repas. Ne quittant jamais Bible et cantiques, ils en usent constamment.

« Ils vont deux à deux pour évangéliser. Durant les cinq jours qu'ils ont passés chez moi, quelques-uns allaient visiter les villages voisins, mais chaque soir ils se retrouvaient ici et ne se livraient au repos qu'après avoir exhorté ensemble les habitants d'Ambohibeloma.

« Le dimanche après-midi, j'entendis l'évangéliste faire une prédication modèle. À propos de la question trois fois répétée de Jésus à Pierre, il exposa la moelle de l'Évangile. Les idées dogmatiques ne sont pas soutenues à grands éclats de voix comme chez tant d'autres ; elles sont étayées chez lui sur une foi réelle et sur l'expérience de l'amour de Dieu. Rien d'exalté dans son attitude ni dans ses paroles. Il n'engage pas ses auditeurs à suivre sa vie errante, mais à travailler là où ils sont. Bref, c'est le pur Évangile enseigné avec une conviction puissante qu'accroît encore le témoignage de la vie.

« Viennent ensuite ses camarades, rentrés de leur tournée aux villages voisins. Exhortations allant droit au but, citations appropriées, appels à la repentance jetés entre deux cantiques, remplissent la fin, de la journée. Tout cela porte. Pendant des heures, l'attention de l'assemblée ne diminue pas.

« Le genre de réunions qu'ils préfèrent, ce sont les grandes assemblées durant plusieurs heures. Chacun d'eux prend la parole, car, pour ces grandes journées, ils sont tous ensemble. Autant qu'ils peuvent, ils préparent ces réunions par des visites personnelles, vont de maison en maison, partout où on les demande.

« La repentance, la foi sont les thèmes favoris de leurs prédications : ils insistent aussi sur la fin du monde prochaine. Une telle prédication ne peut être que des plus salutaires. Mais il me restait à connaître les apôtres comme exorcistes.

« J'assistai, le mercredi après-midi, à leur réunion. Après une prédication et le chant d'un cantique, les portes du temple, toujours ouvertes ici, laissant l'entrée libre aux poules et aux chiens, sont fermées. Quelque chose se prépare.

« Une personne sort des rangs et va s'asseoir dans le choeur, adossée au mur ; une autre la suit. Le prédicateur invite aussi à s'avancer un auditeur timide avec qui il a conversé la veille. Bientôt une douzaine de personnes environ, des femmes en majorité, sont rangées le long du mur.

« Dans l'église bien fermée, les cantiques résonnent. Quittant leurs places, les apôtres se rendent en face des fidèles accroupis dans le choeur. Ils parlent avec force. Entre deux versets, leurs paroles m'arrivent. S'adressant à chacun en particulier, ils s'écrient : « Va-t-en, Béelzébul, sors de cet homme. » Parfois se produit un phénomène étrange. Au moment de l'exorcisme, une personne laisse échapper un cri ; c'est le démon qui s'échappe ; une autre paraît en extase : c'est la joie d'être délivrée. »

Le mouvement gagna le nord du Betsiléo, se propagea au Vakinankaratra et, de là, dans l'Imérina. L'année 1902 fut une année de calme et de recueillement pour les apôtres. Quelles conquêtes feraient-ils encore ? N'ont-ils pas parcouru tous les Hauts-Plateaux ? N'ont-ils pas visité la plupart des églises ?
Pratiquant moins les exorcismes, se livrant moins aux guérisons, ils sont moins entourés. On parle moins d'eux. Les curieux s'en vont.
En revanche, les chrétiens vraiment pieux, secoués par la parole des apôtres, continuent à progresser. Ils assistent au culte public, mais ont, de plus, leurs réunions de prière. À Betafo, on passe des nuits entières en prière. Des âmes réveillées s'unissent pour prier, en semaine, le dimanche ; commencée souvent dans la soirée, la réunion se prolonge assez avant dans la nuit.

Les apôtres circulent moins ; même, plusieurs reprennent leurs postes d'évangéliste ou d'instituteur.
Cependant, c'est moins la force d'expansion que le champ d'action qui leur manque. Ils se tournent vers le pays encore complètement païen des Sakalava et envoient des missionnaires dans le Betsiriry, sur les bords de la Tsiribihina.
Le mouvement se transforme, il ne se distingue plus trop des moyens auxquels tous les chrétiens ont recours pour participer à la vie divine et produire des fruits convenables à la repentance. Les pratiques bizarres sont peu à peu délaissées, mais l'action sur certaines âmes semble devenir profonde et durable.

On voit par tout ce qui précède que les encouragements n'avaient pas manque aux missionnaires pendant les années 1900-1901. Mais les efforts qu'ils avaient dû faire avaient Plus ou moins épuisé leurs forces. Plusieurs d'ailleurs avaient dû partir. MM. de Saint-Vidal et Lauriol en 1899, M. Vernier, puis M. Martin qui avait eu la douleur de perdre sa jeune femme et sa fille
De nouveau, la direction de la Société envisagea l'envoi d'une personnalité spécialement qualifiée pour continuer l'oeuvre d'organisation entreprise et redonner courage à ses agents dont les forces faiblissaient.
M. Bianquis qui, depuis décembre 1897, occupait le poste de Secrétaire général de la Société s'offrit à partir et s'embarqua avec Mme Bianquis en août 1901. Il se mit résolument au travail et redonna à la Mission un élan nouveau.
Il put installer le culte français dans un bâtiment digne de lui, en rachetant au gouvernement, grâce à l'aide du regretté pasteur Goulden, l'ancienne église d'Andohalo transformée en hôtel des postes depuis 1895. Et il aida à régler deux questions délicates qui vinrent assez brusquement se poser devant la Mission française.

Le vent d'anti-christianisme qui souffla en France, au début de 1904, bouleversa bien des choses à Madagascar. Il commença, en premier lieu, par renverser le régime scolaire dont M. Boegner, en 1898, avait demandé et obtenu l'essai à Madagascar. Son application ne s'était pas faite sans quelques tâtonnements et frottements. Un mécanisme neuf présente toujours des difficultés de mise en train. On y avait apporté cependant beaucoup de bonne volonté de part et d'autre, en particulier de la part des Missions protestantes. Un arrêté, le troisième en moins de cinq ans, avait réorganisé l'enseignement des indigènes, le 15 juin 1903, et le chef de la Colonie avait garanti de la manière la plus autorisée que cet arrêté était définitif, que les Missions pouvaient se conformer à ses prescriptions en comptant sur les secours qu'il promettait. Mais le gouvernement métropolitain ne crut pas devoir sanctionner ces assurances. Des instructions très précises, venues de Paris, enjoignirent la suppression, à l'avenir, de toute subvention officielle accordée à n'importe quelle école d'un caractère confessionnel. En conséquence, un nouvel arrêté parut au journal Officiel, daté du 25 janvier et renfermant, entre autres, cet article :

« ART. 81. - L'enseignement privé ne peut recevoir aucune subvention d'aucune sorte, à partir du 1er janvier 1905. »

M. Bianquis écrivait alors :
« L'année 1904 sera donc une année de transition où nous aurons encore et les subventions communes à toutes les missions et la subvention globale (grossie d'une indemnité exceptionnelle) dont notre mission avait le privilège. Puis commencera un nouveau régime, auquel il faut nous préparer sans retard, régime sous lequel l'État ne relâchera aucune de ses exigences, mais cessera de nous accorder ses encouragements. Les écoles des missions, pour être autorisées, devront remplir certaines conditions, les unes onéreuses, d'autres limitant d'une manière étroite les programmes d'enseignement. Si elles ne répondent pas exactement au type officiel, elle pourront être fermées ; si elles s'y conforment, elles seront tolérées : c'est le mot qui ressort de l'arrêté, bien qu'il ne figure pas dans le texte.

« Nous ne nous acheminerons pas vers ce régime nouveau sans des regrets, des appréhensions, et même, pour tout dire, sans un certain découragement. Mais toute récrimination serait déplacée, surtout dans ce journal. Je rends d'ailleurs toute justice à nos autorités coloniales : ce n'est pas d'elles, cette fois, qu'est venue l'inspiration. Je puis ajouter qu'à Paris, comme à Tananarive, ce n'est pas nous, mission protestante française, qu'on a visés directement. Il y a toujours des circonstances où les innocents doivent payer pour les coupables. »

Peu après le général Gallieni, s'inclinant devant les ordres du ministre, avertit la Mission qu'il lui faudrait laïciser le personnel de la léproserie de Manankavaly qui, depuis 1900, avait compris tantôt deux et, tantôt trois diaconesses protestantes. Malgré des démarches pressantes faites au ministère, on ne put faire revenir les autorités sur cette décision. Deux des trois diaconesses alors au travail, extrêmement attachées à leur oeuvre qu'elles avaient presque créée de toutes pièces, préférèrent se laïciser plutôt que d'abandonner leurs malades dont le nombre atteignait le millier.

Ces mesures annonçaient les mauvais jours par lesquels l'oeuvre entière allait être amenée à passer. Heureusement que, par ailleurs, d'autres faits continuaient à réconforter les serviteurs de Dieu.

Les églises avaient été soulevées par l'Esprit d'en haut en 1901. Les « Apôtres » n'avaient pas cessé de travailler. Aussi, quand les nouvelles de ce qui se passait au pays de Galles, en 1904, parvinrent à Madagascar, de nouvelles manifestations spirituelles apparurent, tout d'abord dans le sud du Betsiléo, puis à Fianarantsoa et à Ambositra. M. Siegrist, missionnaire à Fianarantsoa, put assister à la genèse de ce nouveau mouvement qui prit naissance à Ambohimandroso, sur la station du missionnaire Rowlands.

« Dès que les quelques chrétiens groupés autour de Mme Rowlands, qui apparaît dès le début comme l'âme du mouvement, eurent la révélation intérieure que le moment choisi par Dieu était arrivé, ils se mirent au travail sans la moindre hésitation, avec la certitude que l'Esprit de Dieu était à l'oeuvre et que beaucoup d'âmes seraient amenées au salut. Un peu partout dans le district, des réunions furent organisées, où se produisirent aussitôt des résultats surprenants. Il nous serait difficile de raconter par le menu la marche du Réveil ; les manifestations diverses par lesquelles l'Esprit s'empare de l'âme pécheresse, lui donne la vision immédiate de son état de péché et de perdition et la jette angoissée, au pied de la Croix, se sont reproduites ici, comme partout et toujours, lorsque le Réveil passe. Plus de quinze cents personnes, m'a-t-on dit, ont fait jusqu'ici profession d'avoir trouvé le Seigneur Jésus et de s'être données à lui.

« Un fait très particulièrement encourageant donne, entre autres, la caractéristique de ce mouvement. Le nombre des mpisikidy (1) est encore considérable dans notre population malgache païenne ; eh bien ! il y eut des réunions à la campagne où plus de quatre-vingt mpisikidy, la plupart vieillards endurcis dans le paganisme, s'approchaient en sanglotant de la table de communion, arrachaient leurs amulettes, et les remettaient à Mme Rowlands, en faisant profession de suivre Jésus. Ce simple fait en dira très long à ceux qui connaissent toute la force des liens qui retiennent les vieux mpisikidy dans leur paganisme. Si, malheureusement, il nous est parfois permis de douter de la sincérité des larmes de repentance de nos pauvres frères malgaches, il nous serait, par contre, difficile de nier la présence de l'Esprit de Dieu dans la conversion publique de ces vieux païens qui, pendant tant d'années s'étaient montrés réfractaires à tous les appels. »

« Notre dernière réunion au temple, dit de son côté M. Gaignaire, d'Ambositra, fut des plus émouvantes et se prolongea de cinq heures à dix heures du soir. Quelques anciens communiants reconnurent et avouèrent, avec un accent de sincérité inimitable, des fautes graves qu'ils avaient toujours niées et pour lesquelles ils avaient été exclus. Puis, vers la fin, quand nous annonçâmes que cette réunion au temple serait, pour le moment, la dernière, ce fut un jeune homme de vingt-cinq ans qui voulut se libérer avant de sortir. Voici quelques détails sur sa situation : il exerce une fonction importante et parle très couramment le français. Il appartient certainement à l'élite intellectuelle de nos Malgaches. Nous le connaissions tous beaucoup ; il était membre communiant de notre église et nous le croyions fidèle. Sa présence assidue à nos réunions et son attitude m'avaient pourtant frappé. Fidèle, hélas, il ne l'était pas. Il s'était laissé entraîner au mal par quelques jeunes gens, ses collègues. Il se leva tout tremblant pour prier, et sa prière s'acheva dans une détresse inexprimable. Je n'oublierai jamais ses dernières paroles : « C'est moi qui t'ai trahi, ô Christ ; c'est moi qui t'ai crucifié ; c'est moi qui ai enfoncé tes clous ; c'est moi qui t'ai couronné d'épines ; c'est moi qui t'ai insulté ; c'est moi qui t'ai craché au visage : ô Christ, me pardonneras-tu ? »

« En sortant de cette réunion, l'un d'entre nous s'écriait : « J'ai vu Dieu face à face et mon âme a été sauvée ! »

« Ce n'est pas seulement dans l'Eglise que se manifeste l'action de l'Esprit de Dieu. Entre autres choses, quelques-uns de nos chrétiens viennent de me dire qu'en ville, entre deux hommes qui causent au marché ou ailleurs, se passe souvent la scène suivante : « Je t'ai fait du tort dans telle ou telle occasion, dit l'un ; tu n'en savais rien, mais je te le dis maintenant. Ce tort, je veux le réparer, et, pour commencer, je t'en demande pardon. » Puis ils se serrent la main.

« Je voudrais encore pouvoir vous raconter la réconciliation bien remarquable de deux de nos hommes qui étaient en procès depuis un an et cherchaient à se tromper l'un l'autre. Mais je dois me borner.

« Je commence à croire qu'à la campagne aussi, au moins dans les églises les mieux préparées, le Réveil sera bientôt à l'oeuvre. Le second évangéliste d'Ambositra, le brave Rakoto, que j'ai toujours connu comme un homme de foi et de prière et qui m' a si souvent fait du bien par la candeur de sa piété, brûle maintenant du zèle de la maison de Dieu. Il était la semaine dernière dans une réunion d'églises à la campagne, à trois heures d'ici. Deux élèves-maîtres de M. Galland, originaires de la région, avaient voulu l'accompagner. L'un d'entre eux surtout, qui a toujours manifesté un excellent esprit, mais que le Réveil a vivifié en le poussant à l'oeuvre, exerça une influence extraordinaire sur l'assemblée par ses prières ou ses exhortations. À un moment donné, il s'écria : « Vous me connaissez tous, et vous me regardez avec étonnement. Mais ceci est l'oeuvre du Saint-Esprit qui nous a visités et qui vous appelle maintenant. Je l'ai prié toute la nuit pour qu'il vous sauve. Il est ici ; c'est aujourd'hui le jour du salut, et je vous déclare que, si vous ne vous repentez pas, Vous périrez ! » Toutes les têtes qui jusque-là étaient restées tournées vers lui se courbèrent d'un seul mouvement, et le Réveil commença. Mon excellent Rakoto vint me raconter la chose, plein d'allégresse, et ajouta. « C'est un jeune prophète ! »

« Je viens de rencontrer un chrétien de jadis, redevenu païen, et tout ce qu'il y avait de pire.
Personne ne voulait croire au retour de l'enfant prodigue. On disait communément : « Si Rainikalavao se convertit, il n'y aura plus de pécheurs. » D'autres disent aujourd'hui : « Il reviendra à ses anciennes folies et nous amusera encore. » Lui s'afflige beaucoup de ces propos et dit en priant : « Seigneur, quoi qu'en disent les hommes, tu m'as saisi par la main droite et je te suivrai jusqu'à la fin et pour toujours. »


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1. Sorciers, devins.

 

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