Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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SERMONS



SERMON IX
SUR LE MIRACLE DES PAINS.

En ces jours-là, il y avait avec Jésus une grande multitude de gens, et comme ils n’avaient rien à manger, il appela ses disciples, et leur dit : J’ai compassion de ce peuple ; car il y a déjà trois jours qu’ils ne me quittent point, et ils n’ont rien à manger. Et si je les renvoie à jeun en leurs maisons, les forces leur manqueront en chemin, car quelques-uns sont venus de loin. Et ses disciples lui répondirent : D’où pourrait-on avoir des pains pour les rassasier dans ce lieu désert ? Et il leur demanda : Combien avez-vous de pains ? Et ils dirent : Nous en avons sept. Alors il commanda aux troupes de s’asseoir à terre ; et ayant pris les sept pains, et rendu grâce, il les rompit, et les donna à ses disciples pour les distribuer, et ils les distribuèrent au peuple. Ils avaient aussi quelques petits poissons ; et Jésus ayant rendu grâce, il ordonna qu’on les leur présentât aussi. Ils en mangèrent donc, et furent rassasiés ; et on remporta sept corbeilles pleines des morceaux qui étaient restés. Or ceux qui mangèrent étaient environ quatre mille ; après quoi il les renvoya.
Marc VIII. 1-9.

Lorsque je lis dans l’Évangile le récit des miracles du Sauveur, et que je m’arrête à les développer pour notre instruction et notre édification communes, une pensée pénible vient souvent oppresser mon coeur ; c’est que peut-être parmi ceux à qui je m’adresse, il en est plusieurs qui, abusé par une déplorable incrédulité, écoutent avec doute ces récits de l’Écriture et ne les accueillent peut-être qu’avec le sourire du dédain.

- Je dois l’avouer ; cette pensée s’est encore présentée à mon esprit aujourd’hui, lorsque je vous ai lu les paroles de mon texte. “Il en est peut-être là, me suis-je dit, qui ne croient pas ce que tu lis. Il en est peut-être, qui taxent tout cela d’exagération ou même de fable, et qui par conséquent ne sont nullement disposés à recevoir avec docilité des instructions qui découleront d’un tel récit. Que feras-tu donc ? T’adresseras-tu uniquement à ce petit nombre, pour lui démontrer la vérité de certains faits qu’il n’admet pas encore, ou laissant ces exceptions malheureuses, parleras-tu pour la généralité qui, sans avoir une foi vivante, ne s’arrête pourtant pas à ce genre de difficultés ?”

- Oui, M. C. F. ! faut-il que nous commencions par établir la réalité des miracles, en rappelant quels hommes les ont attestés ? Faut-il redire que les Apôtres ayant vu de leurs propres yeux ce qu’ils racontent, il est impossible qu’il y ait eu la moindre illusion de leur part ? - Que d’un autre côté, leur caractère simple et sans artifice les met à l’abri de toute accusation d’imposture ; que leurs écrits respirent partout l’amour de tout ce qui est honnête, de tout ce qui est juste et digne de louange, et surtout l’amour de la vérité ; - que leur vie entière a été consacrée à la gloire de Dieu et à des oeuvres de piété et de miséricorde, et qu’il y aurait la plus effroyable contradiction à imaginer que ceux qui ont ainsi dévoué toutes leurs forces, toutes leurs facultés, tous leurs moments à faire le bien, n’ont été au fond que des scélérats et des parjures ; - que d’ailleurs, bien loin de trouver leur avantage selon le monde dans une semblable carrière, ils n’ont recueilli de leur témoignage que l’opprobre et les plus cruelles persécutions ; que la plupart sont morts martyrs des vérités qu’ils annonçaient au monde, et qu’après tout, comme le dit un auteur célèbre, (Pascal) on doit croire des témoins qui se font égorger. - Faut-il rappeler encore, quant aux miracles en particulier, que personne ne les a niés pendant la vie de Jésus-Christ, (1) ni dans les premiers siècles qui ont suivi sa venue ; que les Juifs en sont convenus ; (2) que les Païens, même ceux qui ont poussé le plus loin leur acharnement contre le Christ, ont été obligés de les avouer, (3) et que lorsque les adversaires contemporains des événements les reconnaissaient comme vrais, il sied mal à ceux qui viennent dix-huit cents ans après, de vouloir les remettre en question ?

Faut-il rappeler toutes ces choses et les développer de nouveau, comme si elles n’avaient jamais été proclamées dans cette enceinte, ou qu’elles fussent ignorées de ceux qui nous écoutent ? - Mais, je le demande, ces vérités n’ont-elles pas été assez fréquemment reproduites, pour que toutes les âmes sincères aient pu se rendre à l’évidence ?

Et quant aux âmes insouciantes et orgueilleuses, à quoi bon leur en parler encore ? Si jamais elles désirent rappeler à leur souvenir les preuves de la divinité de l’Évangile, elles pourront même les entendre de la bouche des enfants que nous préparons pour le joug de Christ. Si elles cherchent la sagesse d'en-haut, le Seigneur la donne libéralement à qui la demande. - Ah ! les secours ne manquent pas ; ils se multiplient autour de celui qui veut en faire usage. Qu’est-ce donc qui manque ? - C’est la droiture et la simplicité de coeur ; c’est le désir de sortir des liens du péché, pour entrer dans le chemin de la vie. Telle est la vraie cause qui produit l’incrédulité.

O mon Dieu ! Toi qui connais les coeurs et qui peux les fléchir à ton gré, donne à chacun de nous de recevoir instruction de ton Évangile et de s’y soumettre sans réserve. Si l’un se complaît dans son orgueilleuse sagesse donne-lui d’en voir le néant. Si un autre résiste par attachement au péché, fais-lui voir ce péché comme il le verra à son heure dernière. Si tous, nous sommes tièdes et lâches à profiter de tes enseignements, ranime-nous, vivifie-nous par la puissance de ton Esprit de grâce ! Amen !

I. En ces jours-là, il y avait avec Jésus une grande multitude de gens, et comme ils n’avaient rien à manger, il appela ses disciples et leur dit : J’ai compassion de ce peuple, car il y a déjà trois jours qu’ils ne me quittent point et ils n’ont rien à manger.

- Il est bien réjouissant de voir ainsi Jésus-Christ suivi d’une si grande foule de peuple, surtout quand on considère que, pour entendre la parole du salut, ces gens oubliaient les premières nécessités de la vie. Ils avaient sans doute pris avec eux quelques légères provisions, mais pas assez pour subvenir à leurs besoins, et déjà ils comptaient le troisième jour depuis qu’ils avaient quitté leurs demeures. - Un tel exemple n’est-il pas de nature à vous faire rougir, vous qui faites profession d’être Chrétiens, et qui supportez si difficilement la moindre privation corporelle, pour le bien de vos âmes. Vous voulez bien être disciples de Christ, pourvu que vous ayez toutes vos aises et que rien ne manque à vos désirs ; mais êtes-vous appelés à quelque sacrifice, à quelque gêne pénible ? alors vous ne trouvez plus en vous que découragement et lâcheté. Ah ! qu’il est facile d’oublier que le renoncement est un des principaux caractères de la vie chrétienne, et que nous sommes appelés à marcher sur les traces de l’Homme de douleur !
Prenons aussi exemple de la foi de cette multitude de gens qui suivaient Jésus. Ils étaient allés avec lui au désert, sans savoir comment ils y seraient nourris, mais sachant bien que l’on ne risque jamais rien quand on est avec le Maître et qu’on s’attache à le suivre. Telle est la foi du vrai fidèle. Autant il a de défiance quand il s’agit de suivre ses propres voies, autant il a de confiance et de courage quand il faut s’attacher à l’exemple du Sauveur et aux directions qu’il a laissées aux siens.

Qu’importent les difficultés ! Qu’importent les privations et les épreuves ! Qu’importent les mortifications que le monde est toujours prêt à prodiguer à ceux qui ne font pas comme lui ! Avec Jésus, le Chrétien est calme, sans crainte, sûr de n’être jamais confus et d’obtenir une pleine victoire. Je sais en qui j’ai cru, dit-il avec St. Paul ; (2. Tim. I. 12.) et avec David, l’Éternel est mon Berger, je n’aurai point disette. Il me fait reposer dans des parcs herbeux, et il me conduit le long des eaux tranquilles. Il restaure mon âme, et il me mène par des sentiers unis, pour l’amour de son nom. Même quand je marcherais dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal ; car tu es avec moi ; c’est ton bâton et ta houlette qui me consolent. (Ps. XXIII. 1-4.) - Ceux qui allèrent avec Christ au désert, ne s’attendirent pas en vain à sa bonté ; il ne tarda pas à leur en donner un touchant témoignage.
J’ai compassion de ce peuple, dit-il à ses disciples, car il y a déjà trois jours qu’ils ne me quittent point, et ils n’ont rien à manger. Et si je les renvoie à jeun en leurs maisons, les forces leur manqueront en chemin, car quelques-uns sont venus de loin. Nous retrouvons ici la même miséricorde que le Sauveur manifesta dans tant d’autres occasions. Toutes les souffrances des hommes attiraient ses regards et semblaient avoir droit d’émouvoir son coeur. Il soulageait les maux du corps, il guérissait les plaies de l’âme. Il entrait dans tous les détails, il ne négligeait rien.

C’était un Consolateur venu d'en-haut pour porter remède à nos grande misères. Il allait de lieu en lieu faisant du bien, (Act. X. 38.) voilà toute l’histoire de sa vie, et ce fut pour notre bien aussi qu’il voulut mourir. - J’ai compassion de ce peuple ! Ce sont de ces paroles qu’on ne peut se lasser de répéter, parce qu’elles nous révèlent l’âme de Jésus tout entière et l’inépuisable trésor de son amour. Ce n’est pas ici un être qui nous soit étranger, ou qui dédaigne de s’abaisser jusqu’à notre condition chétive. Non ; c’est un frère qui sent avec nous, qui souffre avec nous et qui verse lui-même des larmes en essuyant les nôtres. Heureux Chrétien ! comprendras-tu jamais assez combien tu es heureux d’avoir un tel Maître, et pourrais-tu jamais assez le bénir ?
Hélas ! comment arrive-t-il, que malgré tant d’expériences de la tendresse du Seigneur et de sa bonté paternelle, nous soyons si souvent disposés à oublier sa sollicitude pour les siens et l’efficace de son pouvoir en leur faveur ? Et comment arrive-t-il que l’on retrouve cette malheureuse disposition, même chez ces Apôtres qui avaient été témoins de tant de merveilles ? - D’où pourrait-on avoir des pains pour rassasier ce peuple ? dirent-ils à Jésus. D’où pourrait-on les avoir, ô disciples du Fils de Dieu ? Avez-vous donc oublié quel est le Maître qui vous parle ? Celui qui tance les éléments déchaînés et qui commande à la nature, ne pourrait-il pas, s’il le voulait, changer en pains les pierres du désert ?

Mais Jésus ne veut pas écraser les faibles par le spectacle de sa puissance ; il se met à leur portée et leur dit : Combien avez-vous de pains ? S’il fait cette question, ce n’est pas pour s’instruire, mais pour appeler l’attention des Apôtres sur la petitesse de leurs ressources, afin que plus tard ils comprennent mieux toute la grandeur du miracle. Nous avons sept pains, dirent les disciples. Alors il commanda aux troupes de s’asseoir à terre, et ayant pris les sept pains, il rendit grâces avant de les distribuer.

Je ne saurais m’empêcher de m’arrêter ici pour faire une réflexion. Si Jésus, qui était Maître et Seigneur, rendait grâces à son Père, chaque fois qu’il prenait de la nourriture, ou qu’il allait la distribuer, à combien plus forte raison ne devons-nous pas le faire, nous qui ne sommes que les derniers des serviteurs ! Recevoir les biens de Dieu et en faire usage sans élever nos âmes à Lui, serait la preuve d’une bien grande dureté ou d’une irréflexion bien coupable. Et s’il en est parmi vous, M. F., comme nous avons tout lieu de craindre, qui aient des reproches à se faire à cet égard, nous les conjurons de réfléchir sérieusement à l’exemple que donne ici le Sauveur ; ils y trouveront, je pense, une indication non équivoque de leur devoir.

Jésus ayant rendu grâces, rompit les pains et les donna à ses disciples pour les distribuer au peuple. Je vois ici, M. F., une juste image de la manière dont nous recevons les biens et dont nous devons en faire usage.

Quand nous sommes placés sur la terre dans une position favorable, et que nous avons le nécessaire, ou même le superflu en abondance, d’où nous viennent ces ressources ? - C’est la main invisible qui nous les donne. - Mais est-ce afin que nous retenions tout pour nous-mêmes ? - Non, sans doute. Nous sommes appelés à être des économes, des dispensateurs du bien de Dieu, selon sa volonté, et sa volonté est que nous en employions une partie au soulagement des indigents. Heureux sommes-nous, de devenir ainsi des instruments de bénédiction dans la main de Dieu et de remplir ses vues de miséricorde à l’égard de nos frères ! Le Seigneur donne, et nous distribuons.
Mais, remarquons ici, M. F., deux traits bien propres à influer sur notre conduite, et à écarter bien des prétextes. Jésus donna à ceux qui le suivaient une nourriture abondante sans doute, mais simple ; et il est juste que nous imitions une telle simplicité pour nous-mêmes. On n’y réfléchit pas assez sans doute ; car si l’on y réfléchissait, beaucoup de gens qui veulent le bien et qui désirent de vivre selon l’Évangile, opéreraient quelque réforme à cet égard dans leurs habitudes. Il ne doit rien y avoir de somptueux chez le Chrétien ; il doit chercher comme son Maître la simplicité en toutes choses ; et si cette simplicité était plus commune, on aurait aussi plus de ressources à appliquer à des vues pieuses et à des oeuvres selon l’Esprit de Christ.

Remarquons aussi que l’on eut soin de remporter tous les morceaux qui étaient restés après la distribution des pains au peuple.
C’est-là une leçon d’économie et d’ordre, qualités si importantes et si propres à faciliter l’exercice de la bénéficence envers les pauvres ! Celui qui a soin de tout, a ordinairement quelque chose à donner, tandis que le riche lui-même, s’il est négligent, est souvent à l’étroit quand il faut assister ses frères. Ah ! que de choses se détruisent souvent sans utilité dans les maisons aisées, tandis que si on les recueillait pour les donner à l’indigent, il pourrait en tirer parti pour lui ou pour sa famille. Il n’est pas indigne de la charité chrétienne de porter son attention sur de semblables détails, et de se tracer une règle dont l’observation prévienne de coupables abus.
Après avoir appelé votre attention sur les principaux traits du récit de notre texte, il nous reste à faire encore quelques réflexions plus générales.

II. Lorsque le Sauveur faisait des miracles, il se proposait ordinairement deux buts importants ; celui de soulager l’humanité souffrante, et celui de convaincre les hommes de la divinité de sa mission. Ainsi, dans l’Évangile d’aujourd’hui, nous le voyons subvenir aux besoins corporels de tout un peuple et le rassasier d’une manière miraculeuse ; mais il est évident, que par ce prodige, il voulait aussi frapper salutairement ce grand nombre d’âmes et les attirer à lui par cette preuve de son pouvoir. Ainsi encore, s’il retira Lazare du tombeau, ce fut sans doute d’abord, par compassion pour la douleur de Marthe et Marie ; mais il avait encore un plus grand but, celui de montrer d’une manière éclatante, qu’il était la résurrection et la vie, et que celui qui croirait en lui, virait, encore qu’il fût mort. (Jean XI. 25.) Presque tous les miracles rapportés dans l’Évangile pourraient nous fournir une semblable remarque ; nous pourrions toujours y voir Jésus opérant quelque délivrance temporelle, afin d’amener ensuite un bien permanent en éternité.

De nos jours, Christ n’est plus là pour nous frapper par des délivrances miraculeuses, il ne paraît plus au milieu du peuple pour le rassasier en lui multipliant des pains ; cependant, pour celui qui y fait attention, le Seigneur manifeste encore son pouvoir au milieu de nous, par des effets tout aussi merveilleux que ceux des jours anciens. - N’avez-vous jamais vu, M. F., un pécheur longtemps insensible aux invitations de son Dieu et marchant selon ses propres convoitises, commencer à s’inquiéter au milieu de sa déplorable carrière et ne plus penser qu’en tremblant à la mort ? N’avez-vous jamais remarqué chez quelqu’un de vos semblables, ce que l’Écriture appelle la faim et la soif de la justice, (Matth. V. 6.) cette angoisse intérieure et secrète qui travaille ceux qui cherchent le chemin de la paix et qui ne le connaissent pas encore ? En n’avez-vous jamais eu l’occasion de voir ensuite ce même pécheur soulagé de cet effroyable fardeau, rayonnant d’une céleste joie, comblé de paix en son Dieu, et par le plus merveilleux changement, transporté des ténèbres au royaume de la lumière ?

- Et si un tel spectacle ne vous est pas entièrement étranger, trouvez-vous une telle délivrance moins étonnante que les délivrances temporelles rapportées par l’Évangile ? L’action du Sauveur sur les esprits, vous frappera-t-elle moins que cette qu’il exerça autrefois sur les corps ? Une âme rassasiée du pain du ciel, vous touchera-t-elle moins qu’une multitude rassasiée du pain grossier de la terre ? Et ne reconnaîtrez-vous pas dans les deux cas la même main propice et bienfaisante ?
- Ah ! qu’on y prenne garde : Le bras de l’Éternel n’est pas raccourci pour ne plus délivrer, et son oreille n’est pas devenue pesante pour ne plus pouvoir entendre ; (Esaïe LIX. 1.) les cieux répondent encore à la terre quand elle demande la bénédiction ; (Osée II. 21.) le Sauveur n’a pas quitté son peuple ; et nous pouvons, à juste titre, dire à beaucoup d’aveugles de nos jours, ce que Jésus disait à ceux qui de son temps ne comprenaient pas les dispensations dont ils étaient les témoins : quand vous voyez une nuée qui se lève du côté de l’occident, vous dites d’abord, il va pleuvoir et cela arrive ainsi ; et quand le vent du midi souffle, vous dites qu’il fera chaud et cela arrive. Hypocrites, vous savez bien discerner ce qui paraît au ciel et sur la terre, et comment ne discernez-vous pas les temps où vous êtes ? (Luc XII. 54-56.) - Oui, le Seigneur fait encore assez d’oeuvres au milieu de nous, pour convaincre ceux qui seraient les plus disposés à douter de sa présence et de son pouvoir : mais ceux qui voient tant d’âmes comblées de paix, de consolation et de justice, ne doivent-ils pas désirer aussi d’avoir part aux mêmes bénédictions ? - Oui, sans doute ; c’est-là l’effet qu’un tel spectacle est destiné à produire. - Et comment obtenir les mêmes dons pour nous, me diront quelques-uns ? - En imitant l’exemple du peuple que le Sauveur rassasia. Ce peuple allait avec Jésus-Christ, il allait avec confiance, et il persévérait malgré les privations.

Ceux qui composaient cette multitude avaient quitté leurs demeures pour s’attacher aux pas de Jésus-Christ. Sortez aussi de votre orgueilleuse confiance en vous-même, pour chercher toutes vos ressources auprès de ce Sauveur qui veut vous bénir. Vous avez besoin de lumière. Il est la lumière du monde ; (Jean VIII. 12.) vous avez besoin de pardon, Il vous l’a acquis au prix de son sang ; vous avez besoin de sainteté, son Esprit vous en revêtira et renouvellera votre coeur. - Mais allez aussi à Christ avec confiance, comme ceux qui le suivaient au désert. Ils restaient avec lui sans avoir d’inquiétude sur leur sort et sur leur manque de ressources. Ils étaient avec lui, c’en était assez pour remplir leurs voeux les plus chers et pour bannir toutes leurs craintes. Voilà la confiance qu’il est juste que nous ayons aussi. Attachons-nous au Maître ; regardons à lui ; restons près de lui, et ne craignons pas qu’il nous abandonne. - Mais ce peuple persévéra à rester avec Jésus-Christ, malgré les privations.

Le troisième jour était déjà venu, et le Seigneur n’avait pas encore pourvu à leurs besoins. Cependant, ils ne perdirent pas courage et leur attente ne fut pas trompée. De même, si sur les pas de Jésus-Christ, nous ne trouvons pas d’abord toute la paix, toute la force, toutes les consolations que nous attendions ; si des privations et des angoisses viennent mettre notre foi à une épreuve pénible ; si un ciel sombre menace nos têtes et que des vapeurs sorties des enfers viennent nous effrayer ; demeurons fermes, appuyés sur l’ancre éternelle, savoir, sur les promesses de Celui qui ne change pas. La vision peut être différée jusqu’à un certain temps, dit le Prophète ; s’il tarde, attends-le, car il viendra assurément et il ne manquera point. (Habac. II. 3.) Son temps n’est pas le nôtre ; il connaît mieux que nous nos angoisses et le moment propice pour nous délivrer. Il nous rendra la vie dans deux jours, et au troisième jour, il nous rétablira et nous vivrons en sa présence. Car son lever se prépare comme celui de l’aurore ; il viendra pour ses bien-aimés, comme la rosée, comme la pluie de l’arrière-saison qui arrose la terre. (Osée VI. 2. 3.) O que bienheureux est l’homme qui a mis en lui son assurance !
Nous tirerons cette dernière instruction générale de l’Évangile de ce jour, que puisque notre Maître a eu compassion de ceux qui étaient avec lui et a subvenu à leurs besoins, nous devons imiter cet exemple, en venant nous-mêmes au secours de ceux qui sont dans l’indigence. Tout ce que Jésus a fait, nous devons trouver doux de le faire aussi ; les sentiments qu’il a eus, nous devons désirer de les revêtir et de les manifester nous-mêmes. - La saison rigoureuse où nous nous trouvons, doit particulièrement nous rappeler ce devoir. (4)

Dans ces moments, des besoins de tout genre assiègent le pauvre et sollicitent l’attention des âmes chrétiennes. Allons donc au-devant de toutes ces misères, employons-nous chacun selon nos forces et selon nos ressources, à adoucir le sort de ceux qui nous touchent de si près ; ne craignons pas de nous imposer quelques privations ; que le superflu des uns devienne le nécessaire des autres. Si Jésus-Christ était encore au milieu de nous sous une forme visible, et qu’il nous demandât, comme autrefois à ses disciples : Combien avez-vous de pains ? Sur l’indication que nous lui donnerions de nos ressources journalières, ne nous montrerait-il pas facilement que nous avons de quoi faire une ample distribution aux indigents, en gardant d’ailleurs tout ce qui nous est nécessaire à nous-mêmes ? - Eh bien ! quoique Jésus ne nous fasse pas cette question de sa bouche, il nous la fait dans l’Évangile, et nous devons lui répondre sur ce point, comme nous le ferons au dernier jour, lorsqu’il nous demandera compte de tout ce qu’il a mis entre nos mains.

Heureux, mille fois heureux alors, les fidèles serviteurs, à qui seront adressées ces paroles ! Venez les bénis de mon Père, possédez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde ; car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade et en prison, et vous êtes venus me voir ; car je vous dis, qu’entant que vous avez fait cela au plus petit d’entre mes frères, vous me l’avez fait à moi-même. (Matth. XXV. 34. 35. 36. 40.)

Puisse, M. C. F., cette magnifique bénédiction être un jour la vôtre ! Puissiez-vous en donnant et en donnant libéralement, le faire en vue de Celui qui nous a aimés et qui s’est donné lui-même pour nous, vous souvenant que toute oeuvre qui n’est pas sanctifiée par la foi en ce Sauveur, ne peut être agréable au Père ! - Et qu’il daigne Lui-même, ce Dieu de miséricorde, tandis que vous rompez votre pain pour rassasier les pauvres, rassasier vos âmes en Jésus-Christ, et vous donner pleinement la connaissance de son Évangile glorieux, en sorte que vous soyez enrichis de toutes sortes de dons spirituels, et que rien ne vous manque pour la grande journée du Seigneur ! Amen !


Table des matières


(1) Les adversaires de Jésus-Christ attribuaient ses miracles au démon, mais ne niaient pas les faits, (Matth. XII. 24.)

(2) Dans le Talmud, les Juifs taxent Jésus-Christ de faire des miracles par des opérations magiques.

(3) Julien l’apostat, par exemple, convient que Jésus a guéri des boiteux et des aveugles et conjuré des démons.

(4)La fin de ce sermon est relative à une collecte en faveur des pauvres, qui se fait ordinairement à l’entrée de l’hiver dans la paroisse où il a été prononcé. - En retranchant tout ce qui n’avait rapport qu’aux circonstances du moment et de la localité, l’on a cru devoir conserver ici ce qui est d’une application plus générale.

 

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