Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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SERMONS



SERMON VIII
SUR LE SUPPORT DES DÉFAUTS D'AUTRUI.

Portez les fardeaux les uns des autres et accomplissez ainsi la Loi de Christ.
Gal. VI. 2.

Nous sommes chargés ici-bas de divers fardeaux, qui pèsent sur notre âme. Cette partie de nous-mêmes qui soupire après la liberté, la lumière et la vie des cieux, est sans cesse travaillée et fatiguée par les misères du monde présent. Les infirmités, les maladies, les soucis, les chagrins, les soins toujours renaissant de la vocation terrestre et surtout une corruption invétérée et profonde, sont pour elle des chaînes pesantes, qui la rendent captive, et arrêtent son essor. - Oui ; soupirer, languir, gémir, sous le poids de notre infirmité ; porter chacun un fardeau, qui tantôt plus pesant, tantôt allégé, demeure pourtant sur nous jusqu’à la fin : telle est ici-bas notre destinée.
Mais remarquez, M. F., que ce n’est pas notre fardeau seul, dont nous sentons le poids : nous participons aussi aux fardeaux de nos frères. - Quelqu’un de ceux qui nous touchent est-il affligé, ne le sommes-nous pas aussi ? - Quelqu’un de nos proches éprouve-t-il des revers, n’en ressentons-nous pas plus ou moins l’ébranlement ?

- Quelqu’un a-t-il des défauts importuns et pénibles, tous ceux qui l’entourent, ne souffrent-ils pas de leurs déplorables effets ? - Nous sommes trop près les uns des autres, trop exposés à des contacts multipliés, pour que le fardeau qui pèse sur nos frères, ne pèse pas aussi sur nous et n’augmente pas nos peines propres. Mais puisque Dieu l’a voulu ainsi, nous ne devons pas murmurer de cet assujettissement ; il faut porter ce poids et ne pas le rejeter loin de nous par notre impatience. Portez les fardeaux les uns les autres, nous dit St. Paul, et accomplissez ainsi la Loi de Christ.
Nous nous proposons d’envisager aujourd’hui ce précepte sous un point de vue particulier, en traitant seulement de l’obligation qui nous est imposée de supporter les défauts d’autrui. Ce point de vue paraît d’ailleurs justifié, par la liaison de notre texte avec le verset qui le précède. Mes frères, dit l’Apôtre, si quelqu’un vient à tomber en faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur ; et prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi tenté. On voit qu’il est ici question de la manière dont on doit se conduire à l’égard de ceux qui s’abandonnent à leurs mauvais penchants. - Nous attachant donc à ce point de vue, examinons:

1°. en quoi consiste le support des défauts d’autrui,
2°. comment la Loi de Christ doit nous engager à avoir ce support.

Mais, ô Sauveur miséricordieux ! avant que d’enter dans cette importante matière, je sens le besoin de recevoir le don de parler le langage de la charité.
O toi donc, qui nous as tant aimés ! donne à la prédication de ta Parole cette onction et en même temps cette force, qui pénètre les coeurs et les persuadent. Oui, ô mon divin Maître ! que ceux qui assistent maintenant devant toi, sentent les douceurs du support, de l’indulgence, du renoncement, et que désormais leur vie prouve qu’ils t’ont connu et qu’ils veulent te suivre. Amen !

I. L’Apôtre, en nous prescrivant de supporter les défauts d’autrui, ne nous impose pas l’obligation de ne pas les voir ; car à moins de nous aveugler volontairement, cela serait impossible. Mais, si nous les voyons, que ce soit du moins avec indulgence. - Hélas ! si quelqu’un n’a pas assez senti l’influence vivifiante de l’Évangile, pour secouer le joug d’habitudes invétérées et de passions coupables, si au lieu d’être revêtu des dispositions saintes et pacifiques des rachetés du Seigneur, il est encore esclave de penchants qui le tyrannisent et le tourmentent, plaignons-le, car il est bien malheureux ; envisageons-le, nos plus comme un être dont l’humeur, les habitudes, les inclinations nous font souffrir, mais comme une âme qui gémit dans des liens funestes, et livrons-nous à la douce espérance, qu’un jour peut-être, le Seigneur l’en affranchira. - Oh ! comme cela soulage, d’envisager ainsi avec charité les défauts de nos frères ! comme l’âme est moins oppressée, quand, pénétré de l’Esprit de Christ, on bannit loin de soi l’amertume et l’aigreur ! on se sent soi-même meilleur, plus calme, plus près de Dieu ; on éprouve avec joie, que l’on est sur la route qu’il a tracée à ses enfants et qui mène jusqu’à lui.

Faites encore attention, M. C. F., que si nous ne pouvons pas nous empêcher de remarquer les défauts de nos frères, leurs bonnes qualités ne devraient pas non plus nous échapper. Quelque pénible que soit un homme, il a cependant toujours un côté plus ou moins louable dans son caractère. Pourquoi ne pas nous y arrêter de préférence ? Pourquoi ne pas le faire ressortir avec bonté ? Mais il semble que cela est insipide et sans intérêt pour beaucoup de gens. - Quelle peut en être la raison ? - C’est que chez eux il y a beaucoup de malignité, mais point de charité ; la vue des défauts d’autrui excite une satisfaction secrète chez les esprits méchants, tandis que la vue des bonnes qualités produit souvent sur eux un effet tout contraire.
Supporter les défauts d’autrui, ce n’est pas, en second lieu, ne jamais en faire mention ; nous sommes au contraire appelés à redresser nos frères qui s’égarent ; et c’est-là un devoir impérieusement prescrit par la charité. Mais cette charité veut aussi que notre langage soit digne d’elle. Si donc nous reprenons nos frères, reprenons-les, comme dit l’Apôtre, avec un esprit de douceur. N’allons pas, donnant essor à une vivacité amère et indiscrète, les censurer avec emportement ; l’emportement vient de l’homme charnel, et non pas de l’Esprit de Dieu. Mettons au contraire dans nos observations, cet intérêt, ce ton d’affection, qui gagne le coeur et qui le dispose à recevoir la vérité !

Ménageons l’amour-propre ; n’ayons pas l’air de ne parler aux autres de leurs défauts, que pour leur faire sentir notre supériorité ou l’ennui que ces défauts nous donnent ; soyons animés de plus nobles motifs ; que ce soit l’amour du bien, le désir de la gloire de Dieu, celui de la régénération et du salut de nos frères, qui dirigent les paroles de notre bouche ; oublions-nous nous-mêmes, n’employons pas notre propre sagesse ; faisons parler l’Évangile, ses appels, ses encouragements, ses espérances ; c’est le moyen de tout aplanir.
Si nous devons recommander une telle conduite à toute personne qui souffre des défauts de ses semblables, nous devons la recommander surtout à ceux que la Providence a appelés à vivre sous un même toit et dans des relations très-étroites. - Qu’un mari ait à souffrir des défauts de sa femme, ou une femme de ceux de son mari, ce n’est pas avec de l’aigreur ou des crieries que le mal sera adouci ou pourra se guérir ; non, mais il pourra l’être, si vous employez le baume divin de la religion et de la charité. - O vous donc, que la Providence expose à cette épreuve pénible ! vous qui avez journellement à souffrir des défauts de veux qui vous touchent de si près ! gardez-vous de vous laisser aller à une impatience qui n’est que trop naturelle à nos âmes ; comprimez-en les premiers mouvements ; apprenez de votre divin Maître à être doux et humble de coeur, à ne pas briser le roseau froissé, mais à le soutenir contre l’orage ; à ne pas pousser à bout le pécheur, mais à le ramener avec bonté.

Que vos lèvres, purifiées par le St. Esprit, ne distillent jamais ces reproches sanglants, ces propos amers dont le seul effet est d’échauffer la bile et de donner lieu à Satan ; non, non ; ce serait renier Jésus-Christ, que de s’irriter de la sorte. Cherchez, au contraire, à l’exemple de ce bon Sauveur, à surmonter le mal par le bien, à étouffer les semences empoisonnées à force de patience, et à briser le coeur qui vous résiste, par votre longanimité et votre support. Rien ne touche et ne pénètre davantage que les accents d’une âme vraiment chrétienne ; l’Esprit du Seigneur peut seul renverser les puissantes forteresses du péché : ouvrez donc votre âme à cette céleste influence ; allez chercher ce divin principe auprès de Jésus-Christ ; et quand vous puiserez habituellement les eaux vives à leur source éternelle, notre coeur les distillera avec abondance, votre bouche parlera le langage de la sagesse, de la persuasion et de la grâce, et ce langage sera écouté.

Mais, M. F., pour supporter véritablement les défauts des autres, ce n’est pas assez de posséder nos âmes par la patience, lorsque nous avons à souffrir de leur part ; il faut encore ne pas chercher à nous éloigner d’eux et à les fuir, quand notre devoir nous appelle à rester près de leurs personnes. Un homme qui trouve sa maison désagréable à cause des défauts de ceux qui l’habitent, ne manquera pas de moyens de se distraire et de tout oublier. Il peut faire souvent des absences, laisser sa femme et ses enfants, et aller chercher de l'étourdissement et du plaisir, dans les cercles, et dans les assemblées du monde.

Il est très aisé de se soustraire aux ennuis domestiques, par une dissipation journalière. - Mais est-ce là répondre au but de la Providence ? - Lorsqu’elle nous réunit en société de famille, est-ce afin que brisant ces liens et trahissant lâchement notre devoir, nous allions passer notre temps loin du lieu qu’elle nous assigne ? - Non, elle ne le veut point ainsi. Pères de famille ! Dieu a voulu que votre vie habituelle se passât dans le sein de vos maisons, et que là vous travaillassiez à faire régner la piété, l’union et la bienveillance mutuelle. Femmes ! Dieu vous a marqué votre place ordinaire sous le toit domestique, et lors même que vous y éprouvez souvent des choses pénibles, que vous avez à y souffrir des défauts de ceux avec qui vous vivez, votre devoir vous y attache, vous devez y être en édification et chercher à adoucir le mal par vos soins et votre patience. Oh ! comme les maisons changeraient de face, si les pères et les mères, les frères et les soeurs, si les parents se disaient entre eux : “Dieu nous a rapprochés les uns des autres, pour que nous travaillions mutuellement à nous corriger de nos défauts et à devenir meilleurs ; il nous a rapprochés, afin que le chandelier de l’Évangile soit placé au sein de nos demeures et y répande de toutes parts ses célestes clartés. Ah ! il ne s’agit donc pas de se laisser aller à l’aigreur, ou d’abandonner le poste qui nous est confié par la Providence ; il faut remplir le but ; il faut changer nos coeurs ; ne pas s’irriter du mal, mais travailler avec le Seigneur à le détruire, et en attendant qu’il daigne accomplir cette oeuvre dans chacun de nous, il faut porter le fardeau les uns des autres, le porter avec résignation, avec douceur, au lieu de le jeter loin de nous et de refuser de le toucher du doigt. ”

Supporter les défauts du prochain, c’est enfin ne pas murmurer en secret de l’ennui et des contradictions auxquelles ces défauts nous exposent, mais s’y soumettre humblement devant Dieu. Quelquefois on n’éclate pas au dehors en plaintes et en murmures, mais on souffre impatiemment au dedans ; or ce n’est pas assez que la bouche soit close, il faut encore que le coeur ne murmure pas. Il est vrai que ces épreuves journalières semblent d’abord être un sujet de tristesse ; mais puisque Dieu a jugé à propos de nous y exposer, courbons la tête sans hésiter, sous sa volonté souveraine. Apprenons à vouloir un peu moins, ce que notre imagination inquiète nous suggère, et à vouloir un peu plus ce que Dieu veut pour notre bien. Restons donc dans une humble attente vis-à-vis de lui, comprimons par la résignation l’impétuosité de nos désirs ; soyons calmes, patients, fidèles : il accomplira ses desseins en son temps.

Il est si doux de s’abandonner ainsi entièrement à lui ! de se décharger sur lui de tous nos soucis et de toutes nos peines ! Ce sacrifice de notre volonté est plus propre que toute autre chose à nous donner la paix. Il est si consolant de lui dire : “Seigneur ! tu l’as voulu : je porterai donc ce poids aussi longtemps que tu le jugeras convenable.

Je ne murmure point, Seigneur ! Je me soumets, je me soumets avec joie, avec actions de grâce, parce que tout ce que tu fais est bien fait. Donne-moi seulement ton bon Esprit, pour que je ne trompe pas les vues de ta miséricorde. ” Voilà, M. F., un langage chrétien ; voilà comment nous devons supporter les défauts des autres ; montrons maintenant comment la Loi de Christ doit nous engager à une telle conduite, c’est le sujet de mon second point.


II. Si nous devons porter les fardeaux les uns des autres, c’est, nous dit St. Paul, afin d’accomplir la Loi de Christ. Or cette Loi, est une Loi d’humilité, et une Loi d’épreuve.
C’est d’abord une Loi d’humilité. Considérons donc, avant de nous impatienter des défauts des autres, ce que nous sommes nous-mêmes. Sommes-nous des êtres parfaits ? N’avons-nous pas aussi notre fardeau de défauts, qui pèse sur ceux qui nous environnent et sur ceux même qui excitent le plus nos ennuis ? Ne bronchons nous pas tous en plusieurs choses, (Jacques III. 2.) et ne pourrions-nous pas faire une longue liste de nos misères et de nos imperfections ? - Homme ! qui es si disposé à l’aigreur et à l’impatience, cesse donc un moment de considérer de si près les autres, et replie-toi un peu sur toi-même. Vois, s’il n’y a pas bien des qualités qui te manquent, et que dès longtemps tu aurais dû revêtir ?

Vois, si dans ce coeur, caché aux yeux des hommes, il n’y a pas bien des petites passions, bien des plaies secrètes, qui feraient ta honte, si elles étaient produites au grand jour ? Vois si, justement apprécié, tu vaudrais beaucoup mieux que ceux que tu méprises ? - Prends le miroir de la Parole de vérité, et contemples-y sans déguisement ton visage naturel. Ah ! il ne faut qu’ouvrir les yeux et tu seras confus de ton indignité et de ta misère profonde ; tu seras condamné à ton propre jugement ; tu seras forcé de reconnaître que tu es coupable et sans excuse. - Et si tu parais tel, à tes propres yeux, que dois-tu paraître à ceux du Scrutateur suprême des coeurs ? Penses-y; qu’es-tu dans l’éternelle balance ? Qu’es-tu devant cette Auguste Sainteté, qui démêle tous les ressorts, perce tous les replis et lève tous les voiles ? - Ah ! créature déchue et pécheresse ! tu ne vis et ne respires que par miséricorde ; ton existence est tout entière dans le support immense de ton Dieu ; tu n’as rien de ton propre fonds que le mensonge et le péché, tu ne mérites que la condamnation ; serait-ce donc à toi de t’élever avec orgueil et d’être si difficile ? Oui, tu n’es qu’un monument de patience et de longue attente, car tu as fatigué le ciel par tes égarements ; comment donc oses-tu refuser aux autres un support dont Dieu use si abondamment envers toi-même ? - Mais Dieu fait plus encore ; il veut te pardonner, quoique tu n’attires sur toi que sa colère, écoute cette voix, qui se fait entendre maintenant jusqu’aux extrémités du monde : Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés et je vous soulagerai. (Matth. XI. 28.)

L’entends-tu cet appel de miséricorde ? - Tu le vois ; malgré que tu sois bien indigne, Dieu veut encore par son Fils, sauver ton âme perdue; il n’attend pas que tu mérites quelque chose pour te parler avec bonté; il te prévient, il t’appelle, il te dit: C’est moi, c’est moi qui efface tes iniquités, pour l’amour de moi, et je ne me souviendrai plus de tes péchés. (Esaïe XLIII. 25)
Homme mortel ! rentre dans ton néant, car tu n’es sauvé que par grâce ; ce n’est qu’à une miséricorde plus haute que les Cieux et plus profondes que les abîmes, que tu dois de pouvoir échapper à la perdition et à la mort éternelle ; tu n’as rien en toi-même qui puisse opérer ta réconciliation avec l’éternelle Justice, tu ne l’obtiens que par le sang qui coule de la croix. Où est donc le sujet de te relever, de te glorifier, de t’estimer, toi, et de rabaisser les autres ? Qu’est-ce qui t’autorise à t’irriter si fort de leurs défauts et à t’en plaindre, comme s’ils étaient insupportables? - Je te le répète, tu n’es supporté toi-même et tu ne peux être sauvé que par grâce, par pure grâce, sans qu’il y ait le moindre mérite de ta part. Tu dois donc t’humilier dans ta bassesse, ne pas te croire que quelque chose, tandis que tu n’es rien, et ne pas être si sévère envers des frères dont tu partages l’incapacité et la faiblesse. quand on reçoit tout de Dieu, on ne doit pas être si exigeant vis-à-vis des autres hommes.

Si dans tes relations avec tes alentours, tu mets encore tant d’aigreur et tant d’impatience, il faut que tu ne te connaisses pas toi-même, que tu ignores encore la véritable condition de ton âme, que tu n’aies pas même entrevu l’effrayant abîme de ton dénuement ; il faut que tu sois encore sans componction et sans repentance, que tu croies pouvoir te suffire à toi-même et te passer de ton Sauveur. Si tu le connaissais ce Sauveur, si tu croyais qu’il a fallu son sang pour effacer les péchés de ta vie, si tu avais senti le besoin de crier à lui pour calmer l’angoisse de tes remords, s’il avait fait retentir le mot grâce, grâce, dans ton âme éperdue, oh ! alors, tu serais humble, tu baisserais ta tête, tu penserais à tes propres fautes et non à celles de tes frères, plein du sentiment de tes infirmités, tu oserais à peine remarquer celles qui existent chez autrui ; tu dirais : “Je ne subsiste que par mon Sauveur, ce n’est donc pas à moi à élever la voix pour critiquer, blâmer, juger ceux qui m’environnent : Dieu m’a fait grâce, je dois me taire et m’humilier. ” Tel est le support que donne la foi en Jésus quand elle est vivante dans le coeur. La Loi de Christ est aussi une Loi d’épreuve, et sous ce point de vue encore, nous devons supporter les défauts de nos frères. - Nous ne sommes point destinés à être ici-bas dans un état constant de calme et de bonheur. Le Seigneur nous appelle à y être éprouvés par des contradictions et par des peines ; ces peines, il les distribue à chacun selon le besoin que nous en avons et qui est connu de sa sagesse profonde.

Il éprouve les uns par des revers de fortune, d’autres par des maladies, d’autres par la perte de personnes qui leur sont chères, d’autres enfin par les défauts de ceux dont ils se trouvent habituellement rapprochés. Et pourquoi veut-il que nous soyons ainsi éprouvés ? - C’est afin de nous humilier toujours davantage, de nous ôter notre volonté propre, de nous abattre sous sa main et de nous soumettre entièrement aux vues de sa miséricorde. C’est ainsi que la chaire et ses penchants se mortifient par degrés, que l’on apprend à se détourner de la vie extérieure du monde, pour vivre un peu plus avec Dieu au-dedans, que l’âme se dépouille d’elle-même, pour s’abandonner sans réserve à son Sauveur. Le grand mal de notre âme, est la résistance à l’Esprit de Dieu qui agit sur elle, et rien ne tend à diminuer cette résistance comme les épreuves journalières, surtout celles qui nous viennent des défauts de nos alentours. - Mais, si au lieu de les supporter et d’en prendre occasion de nous humilier, nous voulons repousser brusquement le fardeau et nous abandonner à une irritation funeste ; alors l’épreuve produit un effet directement contraire au dessein de Dieu ; elle nous endurcit au lieu de nous corriger et de nous soumettre. Cette impatience, au lieu d’établir le règne de la Grâce, éteint l’Esprit de Jésus-Christ ; la chair et le sang se raniment, la volonté de l’homme se relève, la volonté de Dieu est foulée aux pieds, et ainsi l’aigreur et le mépris que nous concevons pour nos frères, fait tourner à notre mal ce que Dieu avait destiné à notre bien.

- Prenons donc garde à ne pas nous faire illusion ; la vie chrétienne est une vie de renoncement ; le Sauveur l’a dit : Quiconque veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. (Luc IX. 23.) Il faut donc entrer dans cet état de renoncement, ne pas s’irriter des obstacles que l’on rencontre soit au dedans, soit au dehors ; ne pas vouloir ne joncher que de fleurs la route de la vie et murmurer des épines que Dieu y a laissées exprès pour nous. Il faut apprendre à souffrir, à se taire, à porter le fardeau, à le porter pour l’amour du Sauveur. Cela semble au premier abord, bien dur, bien difficile ; mais si le coeur est à Jésus-Christ, on ne trouve plus cette tâche si rebutante. Il y a tant de plaisir à servir ce bon Maître ! à montrer par quelques sacrifices, que nous sentons le prix de ses bienfaits ! il y a tant de joie dans le sentiment de son approbation et de son amour ! il nous environne de tant de grâces pour soutenir notre faiblesse, que le chemin de la croix qui paraît au premier abord si pénible, se transforme en une route toute de lumière, de bonheur et de gloire.

Supportons donc avec douceur les autres, M. C. F., c’est là ce que le Sauveur demande de nous, c’est là sa Loi. Montrons par notre patience que nous sommes vraiment les disciples de cet Agneau de Dieu qui est venu souffrir pour les péchés du monde et nous ouvrir le trésor de la plus incompréhensible charité. - Nous ne voulons pas abandonner ce bon Maître, tourner le dos à sa croix et retourner à un monde qui va périr.

Non, nous voulons être du nombre de ceux qui gardent la foi pour sauver leurs âmes. (Héb X. 39.) Eh ! bien, soyons patients, calmes, résignés ; que notre lumière luise devant les hommes, (Matth. V. 16.) si toutefois quelque étincelle en a pénétré dans nos coeurs ; souffrons avec Jésus-Christ, souffrons étant animés de son Esprit ; et souvenons-nous, que si nous souffrons avec lui, nous régnerons aussi avec lui ; mais que si nous le renonçons, il nous renoncera aussi, (2. Tim. II. 12.) à son dernier avènement.
O notre bon Dieu et Sauveur ! donne-nous toi-même ce support et cette charité qui caractérisent tes enfants ; comprime par la puissance de ton Esprit, notre chair qui tend sans cesse à se relever et à reprendre son ancien empire ; Seigneur notre Dieu ! aie pitié de nos grandes misères et donne-nous cette pureté incorruptible d’un esprit doux et paisible qui est d’un si grand prix devant toi. (1. Pierre III. 4.) - Tandis que le monde fait gronder autour de nous le bruit de ses éternelles tempêtes, que les passions se remuent, que les hommes s’agitent, que les intérêts s’entrechoquent, tiens-toi près de nous, pour nous faire sentir ta paix, ton amour et une tendre charité pour nos frères. - Qu’ainsi nous te glorifions, Seigneur ! qu’ainsi nous fassions ton oeuvre sur la terre, jusqu’à ce que tu nous recueilles dans le repos réservé à ton peuple. Amen !


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