Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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SERMONS



SERMON VII
 SUR LA CÉLÉBRATION DE LA PÂQUE CHRÉTIENNE.

Christ notre Pâque a été sacrifié pour nous ; c’est pourquoi, célébrons la fête, non avec le vieux levain, ni avec le levain de la malice et de la méchanceté, mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité
I. Cor. V. 7. 8.

Le jour des pains sans levains étant venu, nous dit l’Évangile, Jésus envoya Pierre et Jean, et leur dit : Allez nous préparer la Pâque, afin que nous la mangions. (Luc XXII. 7. 8.) Jésus se trouvait alors à une petite distance de Jérusalem et se proposait de s’y rendre vers le soir, pour célébrer la fête selon la Loi, mais surtout, pour substituer à la Pâque, un mémorial nouveau, qui devait être célébré jusqu’à la fin des siècles. Il envoya donc Pierre et Jean, pour faire les préparatifs nécessaires. Eux donc s’en étant allés, exécutèrent les ordres de leur Maître, et préparèrent la Pâque. Et quand l’heure fut venue, il se mit à table, et les douze Apôtres avec lui, et il leur dit : J’ai fort désiré de manger cette Pâque avec vous avant que je souffre ; car je vous dis que je n’en mangerai plus, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le Royaume de Dieu. (Luc XXII. 13-16.)

Quel effet ne durent pas produire sur les disciples ces paroles touchantes et solennelles ! C’est ici le dernier repas qu’ils vont faire avec le Maître, qu’ils ont appris à tant aimer ; il va les quitter, il va souffrir, il leur annonce que la Pâque va être accomplie dans le Royaume de Dieu, c’est-à-dire, dans le Ciel même. Comment s’accomplira-t-elle ? Quoi ! ce bon Maître serait-il cette grande victime annoncée depuis si longtemps et destinée à faire propitiation devant le trône éternel pour les iniquités du monde ? Ah ! tout le leur présage ; tout s’apprête pour ce sanglant sacrifice ; Jésus va mourir par les mains des méchants. - Lui-même va leur parler sur ce sujet, plus clairement encore : Ayant pris du pain et ayant rendu grâce, il le leur donna, en disant : Ceci est mon corps qui est rompu pour vous, faites ceci en mémoire de moi ; de même il leur donna la coupe, en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous. (Luc XXII. 19. 20.)
Le voilà donc révélé ce mystère caché depuis l’origine des âges, mais sans cesse entrevu au travers des voiles qui l’enveloppaient. Les sacrifices vont être abolis ; les figures, les types commencent à disparaître ; voici la réalité ; ce n’est plus en mémoire d’Israël délivré de l’Égypte et de Pharaon, que la Pâque sera désormais célébrée, mais en mémoire du salut éternel, opéré par le vrai Agneau de Dieu, qui ôte les péchés du monde. (Jean I. 29.) - Faites ceci en mémoire de moi, (Luc XXII. 19.) dit le Seigneur. Oh ! avec quelle émotion les disciples ne durent-ils pas recevoir ce pain, image du corps meurtri de leur Maître !

Avec quel frémissement ne reçurent-ils pas cette coupe, qui était comme teinte de son sang ! Ils répétèrent sans doute dans leurs coeurs : “Oui, nous ferons ceci désormais, en mémoire de toi, ô Seigneur adorable ! nous n’avions pas besoin de ces signes visibles, pour nous souvenir de tes bienfaits ; mais en célébrant à l’avenir ce repas sacré, nous croirons encore être avec toi, et entendre tes leçons dernières.”
Dix-huit siècles se sont écoulés, mes bien-aimés frères ! et nous venons à la suite de tant de générations, qui sont dans la tombe, pour célébrer ce repas en mémoire du Fils de Dieu, en attendant que vienne notre tour de passer dans le Royaume éternel. Oh ! que cet acte est auguste et vénérable ! Comme nos âmes doivent être sérieuses et attentives ! Le Seigneur est au milieu de nous ; il est à l’autel ; et il dit à tous ceux qui s’attendent à lui, comme autrefois à ses chers disciples : “J’ai désiré de manger cette Pâque avec vous. (Luc XXII. 15.) Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui et lui avec moi. (Apoc. III. 20.)” Pesez ces paroles. Il désire d’être avec nous, de souper avec nous ! Oh ! quelle bonté ineffable !
Nous irons donc, Chrétiens ! à cet autel ; mais il faut y aller comme Jésus l’ordonne. Pour cela, rappelons-nous comment les Israélites devaient célébrer la Pâque. Ils devaient:

1°. répandre le sang,
2°. manger l’Agneau,
3°. le manger avec des pains sans levain,
4°. avec des herbes amères,
5°. en costume de voyageurs.

Nous trouverons là toutes les directions nécessaires pour la célébration de la Pâque Chrétienne.
Mon Dieu ! tandis que ton serviteur développera à ce peuple les dispositions qu’il doit apporter à la table sainte, daigne, par ton Saint-Esprit, vivifier ces instructions par elles-mêmes stériles, et les rendre efficaces dans les âmes. Amen !

I. Remarquons d’abord qu’il était prescrit aux Israélites avant de manger l’agneau de Pâque, de répandre son sang sur la porte de leurs maisons ; c’est aussi ce qu’il est indispensable de faire avant que de participer à la Pâque Chrétienne ; la porte de l’homme c’est le coeur, et c’est là que le sang de Christ doit être répandu par la foi.
Considérez, ô vous qui m’écoutez ! ce coeur d’où procèdent les sources de la vie ; voyez comme il est souillé ; que de sentiments contraires à la Loi de Dieu il renferme ! Qui de vous n’aurait pas honte s’il fallait en étaler tous les replis devant les hommes ? Que de mystères d’iniquité seraient révélés ! Que d’orgueil, que de malignité, que d’impureté, que de faiblesse, même chez ceux qui semblent les plus honnêtes et les plus justes ! Que de détours cachés, que de bas motifs, qu’on ne soupçonne pas, paraîtraient alors au grand jour ! - Hé bien ! ce que vous craindriez de dévoiler aux hommes, est entièrement à découvert devant le Seigneur et c’est avec cette misère qu’il sonde jusqu’au fond que vous paraîtrez bientôt à son Tribunal.

Âmes ! qui vous tenez pour assurées, oseriez-vous bien y aller telles que vous êtes ? Oseriez-vous bien aller au-devant de l’ange de vengeances, sans autre justice que la vôtre ? Ah ! que deviendriez-vous si vous n’aviez à opposer à sa flamboyante épée que le rempart de votre force et de vos propres vertus ? Misérable rempart, qui croulerait et vous laisserait sans ressources ! Alors celui qui se croit fort ne trouverait plus sa force, le vaillant ne sauverait point son âme ; il reconnaîtrait, mais trop tard, qu’il n’appartient pas à l’homme pécheur de débattre des droits avec la justice de Dieu.
Mais si vous reconnaissiez vos souillures et si vous en gémissiez, si vous sentez que de vous-mêmes, vous n’êtes que poudre et cendre ; si votre misère vous pèse, si votre âme est troublée des impuretés qu’elle voit en elle, si elle tremble de paraître devant son Juge ; alors prenez courage, allez laver vos robes et les blanchir dans le sang de l’Agneau Sauveur ; (Apoc. VII. 14.) recourez par la foi à cette sainte victime ; demandez d’être soutenu par lui, protégé par lui contre les coups de l’Ange destructeur qui va passer à votre porte ; l’heure peut être proche, ce peut être en cette même nuit ; n’hésitez pas, hâtez-vous, c’est le seul moyen de salut.
Voyez par quels signes touchants ce bon Sauveur vous représente sa charité, à cette sainte table ; il ne nous a pas ordonné d’y placer, pour vous effrayer, un sceptre de fer et le glaive de la justice ; elle n’est pas environnée de foudres, comme les sommets du Sinaï ; non, cette table, toute auguste qu’elle est, ne rappelle pas le Dieu consumant, mais le Dieu bon, le Dieu Sauveur. Du pain représentant le corps meurtri et déchiré ; du vin représentant le sang versé ; c’est pour vous que tout cela a été fait ; c’est pour vous que la victime pure et sans tache a été offerte ; oui c’est pour vous, pauvre pécheur qui alliez périr ; oui pour vous-même. - Que faut-il donc ? c’est qu’avant de vous approcher de ces signes augustes de la réconciliation, vous ayez la foi en celui qui est venu mourir pour l’opérer en votre faveur ; c’est que vous mettiez toute votre confiance en son sacrifice et en ses promesses.

Et pourquoi hésiteriez-vous de mettre ainsi toute votre confiance en Jésus ? N’a-t-il pas déclaré, qu’il ne mettrait point dehors quiconque viendrait à lui ? (Jean VI. 37.) N’a-t-il pas dit, qu’il était oint pour annoncer la bonne nouvelle aux débonnaires, pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour publier la liberté aux captifs, et aux prisonniers l’ouverture de la prison, en annonçant l’année de la bienveillance de l’Éternel ? (Esaïe LXI. 1. 2.) N’a-t-il pas dit qu’il était venu chercher et sauver ce qui était perdu ? (Luc XIX. 10.)
Pauvre âme ! rassure-toi donc, à l’ouïe de ces précieuses assurances de miséricorde ; ne te montre pas incrédule, quand Jésus t’encourage avec tant de bonté ; et dans le vif sentiment de ton indignité et de son amour, dis-lui : “Seigneur ! mes péchés me couvrent de honte et je sens que je ne mérite que la condamnation éternelle ; mais, ô agneau de Dieu qui as été immolé ! tu les as pris sur toi, ces péchés ; tu as souffert la mort à ma place, tu as désarmé le bras de la Justice qui allait me frapper ; tu as porté la colère pour me laisser le pardon ! je crois ces choses, Seigneur ! ton amour est ma force et mon espérance, ni la mort, ni la vie, ni aucune autre chose ne me séparera de ta dilection.” (Rom. VIII. 38. 39.) - Si telle est votre confiance en Jésus, ô M. C. F. ! si son sang est ainsi répandu par la foi dans vos coeurs pour les purifier, alors vous pouvez aller recevoir à sa table les gages de votre réconciliation avec le Saint des Saints ; cette cérémonie sera bénie pour vous, elle fortifiera et consolera votre âme, elle vous unira plus étroitement à celui en qui vous croyez et que vous aimez, et ainsi appuyés de plus en plus sur votre puissant Rédempteur, vous serez en paix contre les orages du monde et les terreurs de l’avenir.

II. Tirons une seconde instruction pour la célébration de la Cène, d’un autre acte auquel étaient obligés les Israélites. Ils mangeaient la chair de l’agneau. Christ a dit aussi : Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie en vous-mêmes. (Jean VI. 53.) Ces paroles doivent être entendues dans uns sens spirituel, comme le Seigneur nous en avertit lui-même : Les paroles que je vous dis, ajoute-t-il, sont esprit et vie. (Jean VI. 63.)

Essayons, avec son secours, de les bien comprendre. Quand nous nous approchons de la Cène, que faisons-nous ? - Nous mangeons le pain qui représente le corps ; nous buvons le vin qui représente le sang ; ces signes matériels entrent en nous et s’incorporent avec nous ; ils s’unissent à notre substance, d’une manière indissoluble ; ils la fortifient et la nourrissent. C’est là l’image de la grande bénédiction que Christ veut nous accorder, en venant s’unir à nous et habiter dans nos âmes, pour leur communiquer abondamment la vie et les forces qui leur sont si nécessaires ; et pour celui qui se confie véritablement au Fils de Dieu, le mystère ineffable s’accomplit. Je ne vis plus moi, dit l’Apôtre, mais Christ vit en moi, et si je vis encore dans ce corps mortel, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est donné lui-même pour moi. (Gal. II. 20.) Quoi ! M. F., Christ en nous! Christ, qui est l’espérance de la gloire ! (Coloss. I. 27.) Christ, source de la résurrection bienheureuse ! Dieu béni éternellement ! (Rom. IX. 5.) Oui, voilà l’efficace de la Cène pour le vrai fidèle ; par cette cérémonie auguste, il s’unit plus intimement avec son Sauveur, il le saisit par la foi, il le possède, et il peut se dire avec transport : Je suis à mon Bien-aimé et mon Bien-aimé est à moi, (Cant. VI. 3.) il est mon espoir, ma consolation et ma vie, et nul ne me ravira de sa main. (Jean X. 28.)

Ah ! joies du monde ! pâles lueurs du plaisir qui passe ! qu’êtes-vous à côté du bonheur de celui qui possède son Dieu ? qui se repose sur lui, qui le connaît, non pas seulement en idée, mais en effet et par expérience ? O bon Sauveur ! que ce soit là notre partage, que nous soyons en toi comme le sarment qui est attaché au cep, que nous participions à ta vie, qu’elle passe en nous avec abondance, qu’elle se manifeste en produisant tous les fruits qui te sont agréables ; qu’ainsi, soit que nous vivions, soit que nous mourions, nous soyons avec toi !

III. Mais pour entrer ainsi en communion étroite avec le Seigneur, il faut que le levain soit ôté de nos coeurs par le St. Esprit, conformément à ce qui était ordonné aux Israélites, de manger des pains sans levain, avec l’agneau de Pâque. Le levain est l’effet de la corruption et le symbole de la méchanceté et de l’hypocrisie. Être sans levain, c’est marcher en sincérité et en charité devant le Seigneur. - Examinez-vous donc vous-mêmes, M. C. F., pour savoir si vous êtes sincères devant Dieu, si ce que vous allez exprimer par cet acte auguste, est réellement conforme aux dispositions de vos coeurs ; ou si vous ne seriez pas peut-être du nombre de ceux dont il est dit : Ce peuple m’honore de ses lèvres, mais leur coeur est bien éloigné de moi ? (Matth. XV. 8.) - Est-ce Christ que vous allez chercher à la table sainte ? Est-ce le désir de vous unir à lui, qui vous presse ? Est-ce la conviction sérieuse que vos péchés vous condamnent et que vous n’êtes sauvés que par le précieux sang de l’Agneau ?

- Si vos dispositions étaient différentes, si vous n’alliez là que pour satisfaire à la décence et à la coutume, si vous n’y étiez pas amenés par un besoin réel de votre coeur, alors prenez-y garde, l’acte que vous feriez serait celui de la plus détestable hypocrisie, et mieux vaudrait mille fois demeurer éloignés de la Cène, que de venir la profaner. - Hélas ! il n’en est que trop, qui ne réfléchissent guères à ces choses, qui participent au Sacrement avec légèreté, comme s’il s’agissait d’une simple forme, que tout le monde pût remplir. Il n’en est que trop, et nous frémissons de le dire, qui, le coeur plein de mondanité et d’orgueil, l’âme en proie à des impressions funestes, le corps peut-être encore souillé des débauches d’une vie scandaleuse, osent se présenter à l’autel et recevoir les Symboles sacrés : malheureux ! qui, dans leur insouciance, se jouent de tout ce qu’il y a de plus auguste, et qui foulant aux pieds le sang de l’alliance, mangent et boivent leur condamnation. (1. Cor. XI. 29.) Le Seigneur les voit et les juge ; quant à nous, ministres de la Parole, tout ce que nous pouvons faire, c’est de protester solennellement, avec l’Évangile de notre liturgie, contre ces profanations sacrilèges, de déclarer qu’il ne peut y avoir de communion entre Christ et Bélial, (2. Cor. VI. 15.) et que s’il en est, qui malgré l’avertissement qui leur est donné de s’éloigner, persistent à venir à l’autel avec un coeur rebelle, le sang qu’ils invoquent en mentant retombera sur eux.

Dieu nous garde cependant d’éloigner par ces paroles, les âmes timorées, qui connaissent leurs péchés, qui en gémissent avec amertume et qui crient à Jésus sans avoir encore reçu la plénitude de sa paix ! Oh ! qu’elles viennent au contraire avec confiance ; ce sont-elles que le Seigneur appelle, c’est à elles qu’il dit : Venez à moi. Si Christ repousse le pécheur orgueilleux, il ne repousse pas celui qui est humble et qui se tourne vers lui, soupirant après une entière guérison. Approchez-vous donc, âmes timides et troublées ! Ne craignez pas, croyez seulement : (Marc V. 36.) Christ s’est donné pour vous, votre salut est fait, bénissez les éternelles miséricordes ! J’ai vu ses voies, dit le Seigneur, et toutefois je l’ai guéri ; je l’ai ramené et je lui ai rendu mes consolations, à lui et à tous ceux qui pleuraient avec lui. Je crée le sujet d’une grande louange : paix, paix, à celui qui est loin et à celui qui est près, car je le guérirai. (Esaïe LVII. 18. 19.)
Il est un autre levain qu’il faut avoir ôté, avant que de s’approcher de la table sainte, c’est celui de la haine, des ressentiments et de l’envie, car c’est ici, M. F., un repas de charité. - Avant donc que de participer aux symboles de notre rédemption, demandez-vous à vous-même : “Y a-t-il quelqu’un qui m’ait offensé ou qui ait quelque sujet de mécontentement contre moi ? Suis-je mal avec une personne de ma famille, de cette ville ou du dehors ?

Et suis-je disposé à pardonner et à faire tous les sacrifices nécessaires pour amener une pleine réconciliation ? Veux-je le faire en toute sincérité et pour l’amour de celui qui m’a tant aimé, que de donner sa vie pour moi, quoique je ne fusse qu’un méchant ?” - Si, sur ces questions, votre coeur hésite, s’il cherche des subterfuges, des prétextes, pour ne pas accomplir la loi de la charité, si vous ne sentez pas que l’aigreur et l’amertume ont été enlevées de votre âme ; si vous ne pouvez pas oublier, pardonner, tendre la main à votre frère et lui dire : “pour l’amour du Sauveur, demeurons dans la paix ;” alors, retirez-vous, car vous ne recevriez de Jésus qu’une parole de condamnation. Il vous dirait : Méchant serviteur ! je t’avais quitté toute ta dette, parce que tu m’en avais prié ; ne te fallait-il pas aussi avoir pitié de ton compagnon de service, comme j’avais eu pitié de toi ? (Matth. XVIII. 32. 33.) Tu payeras jusqu’au dernier quadrain. - Loin de nous donc un manque de charité, qui nous attirerait un si sévère jugement ! Comme les élus de Dieu, ses saints et ses bien-aimés, soyons revêtus des entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience, nous supportant les uns les autres et nous pardonnant les uns aux autres ; si l’un de nous a quelque sujet de plainte contre l’autre, comme Christ nous a pardonné, nous aussi usons-en de même. (Col, III. 12. 13.) Allons à la table comme une famille de frères, unis dans un même Esprit, appuyés sur le même Sauveur, soupirant après les mêmes consolations, aspirant à la même patrie ; et alors seulement, notre communion sera chrétienne et Jésus réalisera en nous ses promesses. O que c’est une chose bonne, et que c’est une chose agréable, que les frères demeurent unis ensemble ! c’est comme ce parfum précieux qui était répandu sur la tête et sur les vêtements d’Aaron ; c’est comme la rosée qui tombe sur Hermon, comme celle qui descend sur la montagne de Sion ; car c’est là que l’Éternel a établi pour toujours la bénédiction et la vie. (Ps. CXXXIII. 1-3.)

IV. Joignons aux pains sans levain, les herbes amères ; c’est-à-dire, souvenons-nous avec amertume de nos déplorables transgressions, et pensons à l’affreux état où nous serons réduits, si Christ n’était pas venu nous ouvrir le chemin de la réconciliation et du salut. Jetons les yeux sur notre carrière passée, rappelons-nous les passions auxquelles nous nous sommes livrés, les égarements qui ont marqué nos années, les lieux que nous avons fréquentés, et nos relations avec nos semblables ; rappelons-nous les invitations de Dieu si souvent méprisées, l’abus de sa patience, nos retours aux mêmes habitudes que nous avions promis de délaisser à toujours ; formons une seule masse de tous ces souvenirs funestes, et représentons-nous un moment que ce fardeau pèse sur notre âme, sans que nous puissions dire avec certitude : “Dieu nous a manifesté sa miséricorde, il y a pardon par devers lui, (Ps. CXXX. 4.) il a donné son Fils. ”

Supposons que le message de paix ne nous ait point été apporté et que nous soyons abandonnés, sur la grande question de notre avenir, à nos seules conjectures… O mon Dieu ! quel affreux état que celui d’une pareille incertitude ! Quelle effroyable chose surtout, que de voir approcher la dernière heure et d’être étendu sur un lit de mort, attendant le lever mystérieux de l’éternité, sans savoir si le Seigneur pardonnera ! On tremble, quand on est prêt à paraître devant un Roi de chair et de sang, qui, si on l’a offensé, ne peut détruire que le corps d’argile ; mais paraître devant le Roi des Rois, dont la colère, s’il est irrité contre nous, n’aura point de bornes, et qui, s’il nous condamne à la mort, nous condamnera à la mort éternelle ; quelle situation effrayante ! Et cependant, M. F., c’était la nôtre, si Christ n’était pas venu publier le salut et donner son sang pour notre rachat. - Ah ! pauvres captifs délivrés du joug ! souvenons-nous donc de l’amertume de notre esclavage, de notre misère propre, de la mort seconde qui nous menaçait, afin de mieux sentir toute la grandeur du bienfait que nous avons reçu et de donner plus de vie à l’hymne de notre reconnaissance. Voici maintenant le moment de le chanter dans l’allégresse de notre coeur, voici le moment de redire le Cantique de l’Agneau avec les Saints glorifiés : le salut vient de notre Dieu qui est assis sur le trône, et de l’Agneau. Amen ! louange, gloire, sagesse, actions de grâces, honneur, puissance et force, à notre Dieu, aux siècles des siècles ! (Apoc. VII. 10-12.)

V. Enfin, M. C. F., rappelons-nous que les enfants d’Israël célébraient la Pâque, les reins ceints, les souliers aux pieds et le bâton à la main, c’est-à-dire, en costume de voyageurs. Lorsqu’ils la célébrèrent pour la première fois, ils allaient quitter l’Égypte et s’avancer au travers du désert vers la terre promise. Nous aussi, en célébrant la Pâque, souvenons-nous que nous sommes étrangers et voyageurs ici-bas et que nous cherchons une meilleure patrie. Laissons donc les débordements et la vaine manière de vivre des enfants du siècle, et montrons par toute notre conduite, que notre bourgeoisie est dans les Cieux. (Philipp. III. 20.) N’entendez-vous pas le cri d’avertissement, retirez-vous, retirez-vous, sortez de là, ne touchez à aucune chose souillée ; sortez du milieu d’elle ; nettoyez-vous, vous qui portez les vaisseaux de l’Éternel ! (Esaïe LII. 11.) - Il y a un désert à traverser, c’est le monde. Là nous aurons des obstacles à vaincre, des fatigues à endurer ; mais la colonne de nuée sera avec nous, comme avec les Israélites, Christ sera notre rocher pour abreuver nos âmes, il les nourrira du pain des anges, et ainsi nous avancerons vers le lieu du repos.

Pense à ce repos, ô Chrétien ! penses-y en approchant de l’autel où Jésus t’appelle ; dis-lui : “Mon Seigneur et mon Dieu ! reçois-moi pauvre voyageur, et place-moi sous le manteau de ta miséricorde ; me voilà prêt à faire ta volonté, je veux passer avec toi du monde au Père ; (Jean XIII. 1.) le chemin sera peut-être long encore, il sera marqué peut-être par bien des combats ; mais Seigneur ! je serai avec toi, tu me garderas, tu me soutiendras, tu me communiqueras tes consolations et ta vie ; je passerai donc avec joie, je passerai en sûreté ; avec toi je ne craindrai rien, ni les pièges des hommes, ni les puissances de ténèbres. ” O précieuse confiance ! doux abandon ! paix qui ne peut être ébranlée ! puissions-nous vous posséder toujours ! Chrétiens voyageurs ! marchons, hâtons-nous, passons avec Jésus-Christ, n’arrêtons pas nos coeurs dans ce désert, mais élevons-les vers le lieu de notre bourgeoisie éternelle.
Pensez surtout à ces choses et repassez-les dans vos coeurs, ô vous nos chers enfants! qui venez d’être introduits dans l’Église du Seigneur et qui allez faire votre Pâque pour la première fois. Vous commencez votre voyage vers le lieu dont l’Éternel a dit : Je vous le donnerai ; (Nomb. X. 29.) si vous avez cru cette parole, si vous avez pleine confiance en votre Sauveur, que pourriez-vous craindre ? Ce n’est pas vous qui l’avez choisi, (Jean XV. 16.) c’est sa miséricorde qui vous a pris à lui, et pensez-vous qu’il vous abandonne jamais ? Non, non, si vous avez cru du coeur en ses promesses, vous serez gardés, vous serez fortifiés, perfectionnés, affermis et rendus par lui inébranlables. Allez donc, avec confiance, prendre les symboles sacrés du corps qui a été crucifié pour vous, et du sang qui a été versé pour la rémission de vos péchés.

Nous ne vous donnerons pas ces symboles, sans une émotion profonde et une vive sollicitude ; mais nous prierons Jésus, l’Évêque des âmes, de manifester lui-même à vos coeurs, de vous laisser la paix, de vous donner sa paix, (Jean XIV. 27.) de venir habiter en vous, afin que la bonne oeuvre qu’il a commencée, soit perfectionnée pour la journée de son avènement. (Philipp. I. 6.)
O mon Dieu ! ô mon Maître ! ô mon Roi ! parle-leur toi-même et dis-leur par ton Esprit : “Je suis ton Sauver ; c’est aussi avec toi que je veux célébrer la Pâque, écoute ! oh ! écoute ma voix ! mon enfant, mon cher enfant ! viens à moi, donne-moi ton coeur. ” Oui, unis-les à toi, prends-les à toi, ô Sauveur adorable ! garde-les contre eux-mêmes, contre le monde et contre les puissances de l’enfer ; au jour de la tentation sois leur lumière et leur bouclier ; et donne-leur une pleine victoire ! Qu’ainsi, il ne soient jamais séparés de ta dilection ; que leur pèlerinage s’achève dans le bon combat de la foi ; et qu’ils arrivent enfin aux portes de la céleste Sion, pour y entrer avec toute la troupe des élus, et pour y trouver le repos éternel que tu as promis à ton peuple ! Amen !


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