Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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SERMONS



SERMON VI
SUR LA CONDUITE DES HOMMES A L'ÉGARD DE LA VÉRITÉ.

Et les hommes de Ninive crurent à Dieu et ils publièrent un jeûne, et se vêtirent de sac, depuis le plus grand d’entre-eux, jusqu’au plus petit.
Jonas III. 5.

La parole de l’Éternel fut adressée à Jonas et il lui dit : Lève-toi et t’en va en la grande ville de Ninive, et crie contre elle, car sa malice est montée jusqu’à moi. Mais Jonas se leva pour s’enfuir à Tarscis de devant la face de l’Éternel ; et il descendit à Japho, où il trouva un navire qui allait à Tarscis, et ayant payé son passage, il y entra pour aller avec eux à Tarscis, de devant la face de l’Éternel. (Jonas 1. 1-3.) Il n’est peut-être aucun ministre de Christ, qui à l’approche de ce saint jour, n’éprouve une tentation semblable à cette qui amena cette désobéissance du Prophète. Oui, quand ce temps solennel arrive, notre coeur s’émeut, notre âme se trouble, en pensant à la charge qui nous est imposée, et accablés sous ce fardeau, nous nous écrions avec Jérémie : Plût à Dieu que j’eusse au désert une cabane de voyageurs ! j’abandonnerais mon peuple, et je me retirerais d’avec lui : plût à Dieu que ma tête se fondit en eaux et que mes yeux fussent une vive fontaine de larmes ; et je pleurerais jour et nuit les blessés à mort de la fille de mon peuple ! (Jér. IX. 1. 2.)

Que faut-il faire en effet dans ce jour ? Déclarer à Jacob son forfait et à Israël ses péchés ; adresser des paroles sévères et des menaces effrayantes à ceux qui nous sont si chers et à qui nous ne voudrions adresser que des paroles de bénédiction ; examiner de près l’état moral du peuple, sonder ses plaies, dissiper toutes ses illusions et lui montrer la gangrène qui le dévore ; l’exhorter avec angoisse et avec tremblement, à ne pas persévérer dans cette voie de perdition, le conjurer de venir à son Père, à son Sauveur et à son Dieu, en pleurant sur ses fautes et en croyant à la miséricorde qui lui est offerte. Mais adresser ces exhortations, faire entendre cette voix suppliante, avec le triste pressentiment qu’elle sera comme l’airain qui résonne, qu’elle pénétrera dans bien peu de coeurs, et qu’après un beau semblant de quelques heures, la plupart des pécheurs céderont de rechef au sommeil et se recoucheront dans leurs tombeaux ! - Oui, ô M. F., telle est notre pénible charge et notre douloureuse perspective ; cependant malheur à nous (1. Cor. IX. 16.) si nous refusions de porter le message. La main de l’Éternel saurait nous atteindre, comme elle atteignit Jonas, et nous aurions à rendre compte de notre rébellion à celui qui nous ordonnait de parler.

Nous parlerons donc, nous ne nous épargnerons point, soutenus par la pensée que nous faisons l’oeuvre du Seigneur, et que, malgré tant d’expériences pénibles, nous ne devons jamais désespérer des âmes. Peut-être cette journée sera-t-elle plus bénie que tant d’autres ; peut-être qu’elle sera précieuse devant l’Éternel et que son Esprit brisera quelques coeurs ; peut-être nous réserve-t-il dans ce jeûne, vraisemblablement le dernier que nous célébrerons avec vous, la douce consolation de voir des fruits réels et solides produits par la prédication de sa Parole.
O mon Dieu ! ta miséricorde est immense et ta grâce peut tout sur leurs coeurs. Parais Seigneur ! et tes ennemis seront dispersés ; parais Seigneur ! et ceux qui veulent perdre tes enfants, seront comme la fumée que le vent emporte ; que ton épée à deux tranchants pénètre dans les âmes et fasse trembler le pécheur ; qu’il se réveille pour voir son danger, pour recourir à toi avec angoisse et avec larmes et pour connaître son Sauveur. O Dieu ! écoute-nous ! O Dieu ! guéris-nous et nous serons guéris ; sauve-nous et nous serons sauvés ; car tu es notre louange. (Jér. XVII. 14.) Amen !
C’est l’exemple des Ninivites, que nous voulons, avec l’aide de Dieu, proposer à votre méditation. Nous verrons:

1°. en quoi notre état peut ressembler au leur,
2°. quel message leur fut adressé,
3°. comment ils le reçurent,
4°. quelles en furent les heureuses conséquences.

I. Ninive était la capitale de l’Empire d’Assyrie. Cette ville, très considérable par sa population et par ses richesses, était devenue très corrompue. Le Prophète Nahum l’appelle une ville de sang, pleine de rapine et de mensonge. (Nahum III. 1.) En un mot, on y trouvait tous les désordres qui se rencontrent d’ordinaire au milieu d’une population nombreuse et païenne. Ce fut, lorsqu’elle était dans cet état déplorable, que le Seigneur envoya Jonas pour l’avertir du sort qui la menaçait. - Le Seigneur veut aussi, M. F., que vous connaissiez votre état et vos dangers, pendant que le temps de sa patience dure encore, et c’est de sa part que nous vous conjurons d’examiner vos voies avec sincérité ! Nous ne trouverons hélas ! que trop de rapports entre nous et les Ninivites. Pour mieux fixer vos idées à cet égard, considérons successivement les individus, les familles et l’ensemble de la population.

Parmi les individus, il en est d’abord une classe qui me frappe, comme vivant sans Dieu et sans espérance au monde. (Eph. II. 12.) Nous les rencontrons bien dans les rues, nous les voyons à leurs ateliers, à leurs métiers, à leur trafic ; quand le dimanche arrive nous les voyons le matin continuer leur travail et leurs affaires journalières, à d’autres heures, nous les observons sur les chemins, ou à l’entrée des lieux de dissipations et de débauche ; mais jamais, ou presque jamais, nous n’avons la consolation de les voir ici, et rien d’ailleurs ne nous porte à croire qu’ils servent Dieu dans l’intérieur de leurs demeures.

Cependant, la vie passe, la mort approche pour eux comme pour nous, il est impossible d’échapper, il faut aller rendre compte ; et que deviendront-ils à cette heure redoutable ? Hélas ! nous n’osons y penser. Nés dans un pays chrétien, ils paraîtront devant le trône, comme ces pauvres païens, à qui la lumière n’a jamais lui : mais que dis-je, comme des païens ? au moins les païens dans leur ignorance et leur aveuglement, cherchent une sorte de lumière et essayent de manifester leur gratitude envers le Dieu qu’ils ne connaissent pas ; mais pour ceux-ci, on ne peut leur appliquer que cette triste parole de l’Ecclésiaste ; l’accident qui arrive à de tels hommes et l’accident qui arrive à la brute, est un même accident ; telle qu’est la mort de l’un telle est la mort de l’autre. (Ecclés. III. 19.) O dégradation que l’on ne saurait croire si on ne la voyait de ses yeux ! O vous que je cherche dans cette assemblée et à qui je voudrais faire partager les transes et les déchirements de mon âme relativement à votre sort ! Vous qui vivez au milieu des biens du Très-Haut, sans élever jamais à lui un coeur touché d’amour et de reconnaissance ! Où tendez-vous ? Quel est votre dessein ? Voulez-vous mourir dans cet état ? Ah ! ne verrez-vous jamais l’abîme, vers lequel vous vous précipitez et qui va vous engloutir ?

Il en est d’autres parmi nous, qui suivent les formes extérieures du culte et à qui l’on croirait, au premier abord, un fonds de christianisme ; mais quand on les examine d’un peu plus près, on s’aperçoit bientôt que s’ils ont une apparence de piété, ils en ont renié la force. (2. Tim. III. 5.) S’il se présente quelque occasion où Dieu et leur intérêt temporel se trouvent en opposition, on les voit presque toujours être infidèles à l’Éternel, pour courir après les biens du monde, dont ils font leurs idoles. S’il faut faire quelque autre sacrifice dans l’esprit de l’Évangile, pardonner une injure, abandonner des habitudes criminelles, revêtir des sentiments de patience et de support, on les voit continuellement échapper à ces obligations par quelque prétexte. Leur conversation, leurs démarches, leurs desseins, leurs motifs, leur train de vie ordinaire, tout, à l’exception de leur présence momentanée dans ce saint lieu, ressemble plus à la carrière d’un païen qu’à celle d’un disciple de Christ. Mais, je vous prie, M. F., qu’est-ce qu’un christianisme, qui se borne à quelques démonstrations fugitives et qui n’influe nullement sur la conduite ? Qu’est-ce qu’un christianisme, qui donne un beau semblant des lèvres et qui ne touche pas le coeur ? - Quoi ! vous vous dites chrétien, et vous avez toujours le même orgueil ! Vous n’avez rien changé à la vanité qui vous enfle, on vous voit affecter les mêmes airs de hauteur envers ceux qui n’ont pas autant d’argent que vous, ou une famille, ou une place aussi relevée que la vôtre, vous les regardez comme au-dessous de vous, vous en parlez sans ménagement, et vous croyez être chrétien ! Ah ! désabusez-vous : avec de telles dispositions, vous ne connûtes jamais le Sauveur.

- Vous prétendez être chrétien, et vous ne savez pas aimer vos frères ! vous publiez le mal que vous savez sur leur compte, vous l’amplifiez quelquefois, vous ne craignez pas de les censurer avec amertume, de les traiter avec mépris, de répandre sur eux le fiel d’une âme également dépourvue de justice et de charité ; et vous voulez que je reconnaisse en vous un chrétien ! cela est impossible ; vous faites l’oeuvre du père du mensonge et vous ne savez de quel esprit vous êtes animé. (Luc IX. 55.) - Vous venez vous instruire dans l’Église de Christ et on vous voit ensuite manifester un attachement effréné au monde, courir avec ardeur après le plaisir, tout rapporter à votre personne, être rongé d’envie à la vue des succès d’autrui, affecter un air doucereux avec les mêmes gens que vous dénigrez en secret : une telle conduite n’a pas besoin de commentaire ; c’est celle d’un homme, dont la religion n’est qu’une hypocrisie, et se présenter ainsi devant l’Eternel dans certains jours, pour aller ensuite pendant tous les autres sacrifier aux vaines idoles du monde, c’est ce jouer du Dieu vivant et s’exposer à être traité par lui comme le dernier des infidèles.
Il en est d’autres parmi nous, qui veulent, il est vrai, adorer Dieu et son Christ, mais qui se font de Dieu et de Christ des idées telles que leur imagination les leur suggère et non pas telles que l’Évangile les donne. C’est ici encore une espèce d'idolâtrie.

- Prenez-y garde, M. F., ce point est très délicat et mérite toute votre attention. Être chrétien, ce n’est pas simplement prendre le nom de Dieu et le nom de Christ dans sa bouche, c’est attacher au nom de Dieu et de Christ des idées conformes à la vérité éternelle et les méditer habituellement dans son coeur. Et où est-elle cette vérité auguste et pure ? N’est-ce pas dans l’Évangile ? Vous en conviendrez vous-mêmes. Maintenant, si au lieu d’aller prendre vos idées de Dieu et de Jésus, dans la révélation qui vous a été donnée pour cela, vous préférez suivre votre tête ou les rêveries de vos semblables, ou encore faire un alliage incohérent de vos propres idées et de celles de la Parole sainte, n’est-ce pas par le fait, secouer le joug de l’Évangile, pour vous jeter dans une vraie infidélité ? Il n’y a qu’un seul Dieu et qu’un seul Christ, c’est celui que la Bible nous fait connaître et quiconque s’en fait des idées différentes, adore les idoles de son propre esprit et non pas des réalités. Je suis douloureusement affligé, d’être obligé de dire qu’il en est beaucoup parmi nous, qui sont dans cette voie funeste et dont l’orgueil refuse de se soumettre à la simplicité de l’Évangile ; et nous les avertissons de la part du Seigneur, qu’il veut être connu tel qu’il s’est révélé, qu’il veut être servi comme il l’a ordonné, et qu’il ne reconnaît pas pour siens, ceux qui n’ont d’autre règle que leur propre opinion ou celle du monde qui les entoure. Prenez garde, disait St. Paul aux Colossiens, que personne ne vous séduise par la philosophie et pas de vaines subtilités, suivant les traditions des hommes et les éléments du monde, et non pas selon Jésus-Christ. (Coloss. II. 8.)

Mais, après avoir ainsi considéré quelques classes marquantes d’individus, (il serait impossible de s’arrêter à toutes) entrons un moment dans les familles. Y trouverons-nous les principaux caractères, que doivent présenter des familles chrétiennes ? - Il en est, je le sais, plusieurs parmi nous, où l’on reconnaît avec joie l’influence de l’Évangile, mais jugez vous-mêmes si c’est le plus grand nombre. Dans une maison chrétienne, on s’attend à trouver de l’affection entre les divers membres qui la composent : les époux s’aident mutuellement par leurs conseils et leurs égards, à supporter le fardeau de la vie ; les enfants sont soumis à ceux de qui ils ont reçu le jour, et leur témoignent leur affection par du respect et une prompte obéissance ; les frères, les soeurs, sont instruits à se supporter mutuellement et à s’encourager dans l’accomplissement de leurs devoirs ; les domestiques ne sont pas considérés comme des mercenaires, mais plutôt comme des membres de la famille au sort desquels on doit s’intéresser et dont l’âme est précieuse devant le Seigneur. La paix doit reposer sur une telle maison, le nom de Dieu et de son Christ y sont invoqués, la Parole sainte y est lue pour l’édification commune. Tous doivent se regarder comme unis par un même lien et comme rapprochés les uns des autres afin de marcher selon le Seigneur et d’arriver tous ensemble à la vie éternelle.

- À cette peinture que je viens de faire, y en a-t-il beaucoup parmi nous, qui auront reconnu l’image de leur propre famille ? Ah ! chaque trait de ce tableau doit être un aiguillon perçant pour la conscience du plus grand nombre : disons-le hautement, nos familles ne sont pas chrétiennes. - Si le voile qui cache tous les dérèglements secrets, venait à être levé tout-à-coup ; si nous pouvions pénétrer dans l’intérieur des maisons et voir tout ce qui s’y passe, grand Dieu ! quel triste spectacle viendrait frapper nos yeux ! Dans les unes, des disputes qui se renouvellent chaque jour et qui sont entretenues par des torts mutuels ; dans d’autres, une ivrognerie et des imprécations dégoûtantes, qui deviennent un poison funeste pour une jeunesse qui imite si facilement le mal ; dans d’autre encore, des intrigues criminelles qui se cachent dans les ténèbres et qui font tant de misérables victimes ; ailleurs, des exemples de mondanité et de médisance donnés par les pères et mères, au lieu d’encouragements à une vie simple et pieuse ; dans la plupart, un manque total de culte particulier, et une négligence coupable de ce qu’on doit aux domestiques sous le rapport religieux. Voilà ce qui frappe les regards les moins prévenus ; voilà des faits que l’on ne peut nier, qui s’élèvent en accusation contre leurs auteurs et qui navrent l’âme de tous ceux qui ont quelque piété véritable. Est-ce donc là être chrétiens ? Sont-ce là les traces de l’Esprit que donne le Sauveur ?

Enfin, considérons d’une manière plus générale le spectacle que présente la population dont nous faisons partie et observons-la dans certaines occasions qui peuvent surtout servir à la caractériser. Supposons qu’un homme venu de pays lointains et instruit à l’école de l’Évangile, se trouvât au milieu de nous un jour de dimanche et s’arrêtât à observer les moeurs de la multitude ; croyez-vous qu’il pût s'imaginer être arrivé dans un pays chrétien ? En voyant la foule aller et venir sur les grandes routes, les chars quitter la ville pour des parties de plaisir, le luxe se manifester d’une manière vraiment effrénée, même chez les personnes qui n’ont pas trop pour le nécessaire, il dirait sans doute : “Ce n’est pas ici la simplicité tant recommandée aux femmes chrétiennes ; et il faut qu’il y ait un grand mélange d’infidèles au milieu de ce peuple : d’ailleurs, il semble que l’on ne connaît pas ici l’ordre du Seigneur pour la sanctification du dimanche, car de toutes parts je le vois violé. ”
- Telles seraient ses réflexions un dimanche ordinaire ; mais que penserait-il s’il venait au milieu de nous, le dimanche où a lieu cette fête profane (1)dont nous ne saurions assez déplorer les tristes résultats ? Que penserait-il, en voyant cette foule ardente de plaisirs, qui s’agite à grands flots dans nos promenades ; ces tables que l’on dresse de tous côtés pour satisfaire la sensualité et l’ivrognerie ; en étant témoin de ces amusements où les passions s’échauffent et où la décence est sacrifiée ; en voyant ces divertissements bruyants se prolonger fort avant dans la nuit et finir par les scènes les plus scandaleuses et les plus dégoûtantes ? - Pourrait-il, je vous le demande, reconnaître là un peuple chrétien ? Ne croirait-il pas plutôt être au milieu des orgies d’une ville païenne ? Et nous ministres de Christ, nous appelés de Dieu à veiller sur votre état et sur vos dangers, passerions-nous sous silence ces choses et crierions-nous de ce jour, paix et sûreté ? Non, non, nous élèverons la voix sans crainte, nous rugirons comme le lion, en voyant l’héritage du Seigneur profané et nous dénoncerons ses vengeances. Écoutez ce que dit sa Parole sur de tels désordres : Prenez garde que vous ne désiriez point de mauvaises choses et que vous ne deveniez point idolâtres, comme quelques-uns d’eux, selon qu’il est écrit : le peuple s’assit pour manger et pour boire, et ensuite ils se levèrent pour danser ; et que vous ne commettiez point de fornication, comme quelques-uns d’eux en commirent ; et que vous ne tentiez point Christ et que vous ne murmuriez point comme eux ; car ils périrent par l’ange exterminateur.
Toutes ces choses leur arrivaient pour nous servir de figures, et elles sont écrites pour nous instruire, nous qui sommes parvenus aux derniers temps ; c’est pourquoi, que celui qui croit être debout, prenne garde qu’il ne tombe.
(1. Cor. X. 6-12.)
Que conclure, M. T. C. F., de ce lugubre tableau ? - C’est que notre plaie est grande comme une mer, (Lament. II. 13.) et que nous avons un pressant besoin du Médecin céleste.

Que conclure de ces traits affligeants, qui caractérisent tant d’individus, tant de familles, et l’ensemble de notre peuple ? - C’est qu’il est petit parmi nous, le nombre de ceux qui vivent comme de vrais chrétiens. Ce résultat est triste, mais il est certain. Il ne faut pas se le déguiser : nous sommes un peuple bien souillé de coeur et de lèvres ; et en vain cherchions-nous à ne pas vous dénoncer des jugements sévères, la vérité parle trop haut, et nous ne pouvons pas bénir de la part de l’Éternel. - Rentrez donc dans le fond de vos âmes, ô vous qui m’écoutez ! et pesez la sentence des Ninivites, pour en tirer ensuite un argument de condamnation contre vous-mêmes ; c’est le sujet de notre second point.

II. Encore quarante jours et Ninive sera renversée. (Jonas III. 4.) Dieu ne punit pas sans accorder un délai ; il use de patience envers tous, il nous supporte, il nous appelle, afin de ramener à lui ses créatures égarées. - Et ne sommes-nous pas nous-mêmes des monuments de la miséricorde divine ? Ah ! sans elle, il y a longtemps que nous aurions été retranchés ! sans elle, il y a longtemps que le bras levé se serait appesanti sur les rebelles. Mais le souverain Pasteur des brebis a intercédé pour nous devant le trône de la Justice éternelle. Tandis que tous les avertissements restaient sans effet, et que les offres de grâce étaient méprisées par des coeurs endurcis, il a dit à son Père d’année en année : “Encore celle-ci ; encore ce temps du support et de patience ; peut-être porteront-ils du fruit. ” - Maintenant cette patience dure encore pour chacun de nous. Mais jusqu'à quand sera-t-elle prolongée ?
- Quarante jours furent accordés aux Ninivites. - Pour nous il y a aussi un temps déterminé dans les décrets éternels. Pendant cette période, le chemin de la repentance et le recours à la miséricorde de Dieu restera ouvert ; Christ continuera à tendre vers nous son sceptre de clémence ; la source de purification pour le péché (Zach. XIII. 1.) restera accessible ; puis quand le vase de la patience de Dieu se sera écoulé goutte à goutte, alors viendras la fin. Un ange levant la main vers le Ciel, jurera par Celui qui est vivant aux siècles des siècles, qu’il n’y aura plus de temps. (Apoc. X. 5. 6.) Plus de temps, pour ce pécheur qui se retire sans cesse en arrière et qui ne veut pas écouter les avertissements du Seigneur. Plus de temps, pour cet orgueilleux, pour cet impudique, pour cet injuste, qui persévèrent dans leurs désordres, qui gardent l’interdit dans leurs maisons et dans leurs coeurs. Plus de temps, pour ces Pharisiens qui se croient justes, parce qu’ils étalent de beaux dehors, mais dont la vie secrète est mille fois condamnée devant la Justice éternelle. Plus de temps, pour tous ces hommes, qui appelés sans cesse à la repentance, ont toujours méprisé le conseil de Dieu.

Plus de temps ! la bonté a un terme : achève, Ministre de vengeance ! que la hache soit mise à la racine de l’arbre ! (Matth. III. 10.)Que l’endurci puisse encore penser à ce moment, sans componction et sans frayeur, quant à moi, l’idée que cette heure approche pour tous ceux qui ne veulent pas se convertir, me trouble et m’épouvante. - Des âmes, qui ont vécu loin de Dieu et qui vont tomber entre les mains de sa Justice ! Des âmes chargées de toutes leurs misères, pour qui le temps va finir et l’éternité commencer ! O mon Dieu ! quelle pensée ! - Nous gémissons ici-bas et notre coeur se serre, quand nous voyons l’adversité dans la maison d’un de nos frères, quand il perd une partie de ses ressources, quand des personnes qui lui sont chères lui sont ôtées, quand il languit sur un lit de souffrance. - Mais, qu’est-ce que cela, ô mon Dieu ! à côté de la perte d'une âme séparée de tout sans retour ? Et serait-ce le sort de ceux à qui je porte maintenant ta parole ? Quoi ! séparés de toi ! abandonnés de toi ! livrés aux remords déchirants et aux punitions de ta justice ! agitant un coeur rebelle et plein encore de toutes les passions de la terre, au sein de ton gouvernement irrésistible ! sentant rouler les flots de l’Océan éternel, sans entrevoir jamais un rivage ! - O Dieu ! que tes décrets sont impénétrables et que ta justice est un grand abîme !

Oh ! tandis que le règne de ta miséricorde dure encore, tandis que l’Évangile de ton Fils est entendu, tandis que le salut est offert gratuitement par ta bonté ineffable, frappe à la porte du coeur des ingrats, frappe des coups qu’ils ne puissent pas méconnaître, arrache les chétives armes de résistance qui les couvrent, et fais-toi connaître comme Maître et comme Sauveur.

Pensez-y donc bien, ô pécheurs ! le Seigneur attend, il veut être fléchi ; ne méprisez pas les richesses de sa patience. Un balancier redoutable oscille dans le silence mystérieux du conseil de Dieu, et marque tous les instants de grâce, qui vous sont accordés ; tous est compté, et la fin approche. - Je ne sais pas si Dieu vous réserve des punitions temporelles, pour vous faire rentrer en vous-mêmes ; je ne sais pas, si déjà dans ce monde, il fera venir sur vous quelques gouttes de sa colère, pour vous apprendre combien il est terrible de tomber entre ses mains ; je ne sais pas, s’il vous frappera peut-être de sa verge, dans vos corps, dans vos biens ou dans vos familles, pour vous faire souvenir qu’il y a une sentence prononcée contre les mauvaises oeuvres et qu’elle doit nécessairement s’exécuter ; mais, ce que je sais avec certitude, c’est que vous allez bientôt mourir, et que si vous ne vous convertissez pas, vous périrez. (Luc XIII. 3.) - Allez contempler dans vos cimetières, les terres fraîchement remuées ; allez vous asseoir parmi ces tombeaux, qui se sont ouverts, il y a peu de temps, pour recevoir vos parents, vos amis, vos connaissances, qui la plupart ont passé au moment où ils ne croyaient pas et à l’heure qu’ils pensaient leur appartenir encore ; pénétrez, par la pensée, au sein de ces cercueils qui cachent de si effrayants mystères ; et dites-vous à vous-mêmes “Ma dépouille sera bientôt là et mon âme sera devant le Tribunal de Dieu. ” - Comment voulez-vous y paraître ? est-ce tels que vous êtes maintenant ?
Est-ce avec ce coeur, encore plein du monde et des choses mortelles ? Est-ce avec ce principe opiniâtre de résistance aux commandements qui vous ont été donnés ? Est-ce avec vos prétendues justices ? - Vos justices ! triste assemblage de lambeaux souillés, qui ne peuvent pas soutenir un moment l’examen de l’homme, et à plus forte raison, le regard perçant du Dieu Fort ! Est-ce sans avoir reconnu cette profonde misère et recouru à Celui qui seul peut la couvrir de son manteau de salut ? Pensez-y ; il en est temps ; il faut se décider ; la fin vient, la fin vient, (Ezéch. VII. 6.) et là où l’arbre sera tombé, soit au septentrion, soit au midi, il y demeurera. (Ecclés. XI. 3.)
Peuple ! que Dieu a environné de tant de grâces et à qui il en destine de plus grandes encore ; peuple ! qui serais si heureux, si tu savais profiter de toutes les bénédictions du Seigneur ; ah ! laisse-toi fléchir, écoute dans ce jour la voix qui t’appelle d’en haut ; écoute l’ambassadeur de Christ, qui te conjure par les compassions et l’amour le plus tendre, de te réconcilier; retourne à ton Dieu, avec larmes, avec prières et avec confiance ; toi, qui as imité Ninive par tes péchés, imite-là par ton repentir.

III. Et les hommes de Ninive crurent à Dieu et ils publièrent un jeûne et se vêtirent de sacs depuis le plus grand d'entre eux jusqu’au plus petit : et ils dirent, qui sais si Dieu ne se repentira point, et s’il ne reviendra point de l’ardeur de sa colère, en sorte que nous ne périssions pas ? Il y a trois traits particulier à remarquer dans cette conduite :

1°. ils crurent à Dieu ;
2°. ils publièrent un jeûne ;
3°. ils espérèrent en la miséricorde.

Ils crurent à Dieu, c’est-à-dire, à la menace qu’il leur adressait. Certes il était plutôt à craindre que par leur ignorance et leur impiété, ils ne rendissent vaine la prédication du prophète, et qu’à l’ouïe du message qu’on leur apportait, ils ne dissent avec dédain : “Que veut dire ce discoureur ?” C’était ce que craignait Jonas ; mais la grâce de Dieu fit son oeuvre et ils crurent à la Parole. - Commencez aussi, M. F., par croire à la réalité de la punition réservée aux impénitents ; cessez de vous jeter dans tous les misérables subterfuges, que vous suggèrent votre chair et l’ennemi acharné de vos âmes ; reconnaissez la vérité et l’authenticité du message qu’on vous apporte. Certes, si nous ne vous apportions que des conjectures et des raisonnements d’homme, ou les craintes de notre propre coeur, vous pourriez douter encore et hésiter sur ce qu’il y a à faire. Mais c’est la Parole du Dieu Fort que nous vous apportons, cette Parole qui a toujours été trouvée vraie dans ses menaces, comme dans ses promesses, cette Parole qui sera accomplie jusqu’au dernier iota et au dernier trait de lettre, (Matth. V. 18.) cette Parole qui demeure, tandis que le ciel et la terre passeront. (Matth. XXIV. 35.)

Et comment révoqueriez-vous en doute son autorité. Ah ! prenez garde qu’il n’y ait parmi vous, quelque coeur mauvais et incrédule qui vous fasse résister au Dieu Vivant ; (Hébr. III. 12.) n’imitez pas les malheureux peuples, qui ne l’ont pas cru, et qui sont devenus les monuments des vengeances célestes. - Noé, le prédicateur de la Justice, annonça le malheur qui menaçait le genre humain et exhorta à la repentance : on le traita sans doute de visionnaire, on ne fit rien pour arrêter le courroux qui allait éclater : le déluge vint, fit tout périr, et la terre que nous foulons aux pieds, les montagnes qui nous environnent, portent encore des marques innombrables de cette épouvantable catastrophe. Babylone fut souvent avertie de la ruine qui l’attendait, mais elle resta dans l’assoupissement de son orgueil, elle se confia plus à sa puissance, à son peuple et à ses richesses, qu’à la Parole du Maître du monde : elle est tombée au temps marqué, et le voyageur ne découvre plus sa trace au milieu du sable des déserts. Jérusalem méconnut le jour de sa visitation, et ne crut pas à la prophétie de sa chute : son jour arriva, elle fut embrasée, et son peuple dispersé par tout le monde, rend encore témoignage de la vérité immuable des paroles du Seigneur. Apprenez par de tels exemples, M. F., à ne pas croire à la possibilité d’échapper sans conversion, tandis que Dieu déclare formellement le contraire dans sa Parole ; apprenez à ne pas douter de la punition, sous prétexte que vous ne la voyez pas encore.

Cette punition est aussi certaine que le gouvernement de Dieu sur l’univers ; elle est aussi immuable que la nature de ce grand Être ; il faut que le pécheur se convertisse, ou il périra. - Quoi ! Dieu aurait-il ébranlé le Ciel et la terre, (Héb. XII. 26.) pour nous fournir un Médiateur en la personne de son Fils, si nous avions pu nous sauver par nous-mêmes et tels que nous sommes ? L’aurait-il abreuvé d’opprobres et d’humiliation, l’aurait-il exposé à une mort infâme, à la face de tout l’univers, si notre perte n’avait pas été imminente ? - Non, non ; tout est inexplicable dans les dispensations de la sagesse éternelle, sans la certitude de notre danger : comment donc échapperions-nous, si nous négligions un si grand salut ? (Héb. II. 3.) - Oui, le danger existe pour tous ceux qui demeurent encore dans leurs péchés et il faut le détourner par une prompte repentance.
Les habitants de Ninive publièrent un jeûne et ils se vêtirent de sacs. Ils publièrent un jeûne ; c’est-à-dire, qu’ils se privèrent de toute nourriture, se regardant comme indignes de vivre et de jouir des biens de Dieu ; et comme leurs péchés les avaient abaissés jusqu’aux bêtes qui périssent, ils ne voulurent faire aucune distinction entre eux et les bêtes, et le décret de jeûne s’étendit aux uns et aux autres. Qu’aucun homme, ni boeuf, ni brebis, ne goûte d’aucune chose, qu’ils ne se repaissent point et ne boivent point d’eau. (Jonas III. 7.)

- Ils se vêtirent de sacs, c’est-à-dire, de l’habit de douleur, de honte et de misère ; voulant par-là donner un signe extérieur des sentiments qui remplissaient leurs âmes. Et ils ne firent aucune distinction entre eux ; depuis le Roi assis sur son trône, jusqu’au plus humble des sujets, tous s’humilièrent et se couchèrent sur la cendre. Mes Frères ! vous n’êtes pas appelés par l’Évangile, à donner de telles marques extérieures de votre repentance, mais le jeûne et l’affliction doivent être au-dedans. Sentez donc vos misères, et soyez dans le deuil ; que votre ris se change en pleurs et votre joie en tristesse : (Jaq. IV. 9.) repassez les années de votre vie dans l’amertume de votre coeur ; arrêtez votre pensée sur vos longs égarements, sur votre tiédeur dans le service de Dieu, sur le peu d’amour que vous avez eu pour lui, tandis que vous en avez tant pour le monde ; pensez à la multitude d’occasions propices qu’il vous a suscités, pour vous faire rentrer en vous-mêmes, à l’Évangile de grâce qu’il vous a fait si souvent entendre, à la résistance que notre coeur y a opposée ; rassemblez toutes ces choses devant vos yeux, pesez-les, et demandez-vous : “Que mérité-je maintenant ? Suis-je digne des biens dont le Seigneur m’environne chaque jour ? Suis-je digne de vivre ? Non, pour un pécheur comme moi, le pain devrait se convertir en cendre, l’eau en fange impure, si j’étais traité comme je le mérite. Misérable que je suis ! puisqu’à tant de bienfaits, j’ai opposé tant d’ingratitude, que la confusion couvre ma face, et que mes yeux se changent en fontaines de larmes, pour pleurer mon coupable endurcissement.

- O mon Dieu ! Dieu par qui j’existe, et de qui j’ai reçu toutes choses, comment oserais-je élever ma face vers toi ? Tu n’as cessé de me prévenir par ta bonté, et je t’ai oublié, je t’ai méconnu, j’ai secoué ton joug pour suivre mes passions insensées, j’ai refusé d’ouïr, j’ai été rebelle. - Et maintenant, la malédiction prononcée dans la Loi vient sur moi ; tu es à la porte, ô Dieu juste Juge ! pour me demander compte de mes voies, et pour me punir. Que te dirais-je, Seigneur ? Oui, je suis coupable, je mérite d’être accablé de ta colère, d’être rejeté de toi, d’être séparé de toi pour toujours ; je ne suis plus digne d’être appelé ton Fils, je ne suis pas même digne d’être mis au dernier rang de tes mercenaires. (Luc. XV. 19.) - Avec quoi te préviendrai-je, Seigneur ! pour expier les péchés de mon âme ? Voici, je n’ai de mon propre fonds que ma misère ; je suis pauvre, souillé, dénué de tout ce qui peut être agréable à tes yeux ; je n’ai d’autre refuge que ta miséricorde. Assis sur la cendre, et abattu devant ton trône, si tu ne me relèves, je péris ; si tu ne me reçois en ta grâce, je n’ai plus d’espérance !” Voilà, M. F., les sentiments qui doivent nous animer, si nous sommes vraiment pénitents ; c’est là, ce qui doit être caché sous cette humiliation extérieure, pour laquelle nous nous sommes rassemblés dans ce jour. mais si de telles dispositions ne remplissaient pas vos coeurs, si en courbant la tête comme le jonc, (Esaïe LVIII. 5.) votre âme gardait son orgueil ; si en revêtant le manteau d’affliction, votre coeur n'était pas touché de componction et de repentance, si votre cri ne montait pas à l’Éternel pour qu’il vous fît miséricorde et qu’il vînt à votre secours… Alors ce jeûne, bien loin de lui être agréable, ne serait que l’acte de la plus détestable hypocrisie, et tous ces beaux dehors de piété ne serviraient qu’à aggraver votre condamnation.

- Que chacun donc s’humilie dans le fond de son coeur ; qu’il n’y ait aucune distinction entre nous ; toute différence disparaît entre les humains, quand ils se considèrent comme des créatures pécheresses ; le péché nous met au même niveau. Quels que soient les talents, les avantages du corps ou de l’esprit, ceux du rang ou de la fortune, nos désobéissances impriment sur nos fronts le même sceau de malédiction. En vain voudrions-nous essayer de nous relever par quelque considération extérieure ; tant que nous ne sommes pas réconciliés avec Dieu, nous ne sommes que des esclaves déshonorés du Prince des ténèbres, et nous devons tous recourir à la même miséricorde.
C’est en cette miséricorde seule, que les Ninivites espèrent ; qui sait, dirent-ils, si Dieu ne se repentira point et s’il ne reviendra point de l’ardeur de la colère, en sorte que nous ne périssions pas ? - Qui sait ? Ils ne savaient donc pas, ce qu’ils pouvaient attendre, ces pauvres habitants de Ninive ; mais la seule menace qui leur était faite, leur donnait l’espérance que Dieu, en la leur adressant, voulait encore être fléchi et leur accorder le pardon. Sur ce seul pressentiment, ils recoururent à une humiliation profonde et à un jeûne solennel. - Mais que les compassions de notre grand Dieu soient mille fois bénies par nos âmes !

Ce n’est pas sur de vagues espérances, que nous vous engageons à l’humiliation ; ce n’est pas en vous disant : “peut-être que Dieu pardonnera et sera apaisé, si vous recourez à lui avec un coeur froissé et brisé. ” Nous sommes sûrs de ce résultat, parce que l’Éternel nous a donné un puissant Sauveur. - Oui, il est puissant pour sauver tous ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux. (Héb. VII. 25.) Il a fait notre paix, il est venu nous annoncer le pardon, il est mort pour nous l’obtenir, et c’est du haut de sa croix sanglante, qu’il nous crie à tous : Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés, et je vous soulagerai ; (Matth. XI. 28.) celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle, et il ne sera point sujet à la condamnation, mais il est passé de la mort à la vie ; (Jean V. 24.) tout ce que le Père me donne, viendra à moi, et je ne mettrai point dehors quiconque viendra à moi. (Jean VI. 37.) - Oh ! la bonne nouvelle, pour de pauvres pécheurs comme nous ! O salut inespéré, qui nous tire de notre abattement et qui nous régénère en espérance vive ! O Jésus, Dieu Sauveur ! je t’adore et je crois à ton éternelle charité !

- C’est donc au pied de cette croix, monument de la plus étonnante miséricorde, que nous nous plaçons dans ce jour solennel, et c’est de-là que nous crions à tout pécheur repentant : “Prends courage, Christ a porté tes péchés en son corps sur le bois, (I. Pierre II. 24.) ton salut est fait, va avec confiance, avec amour, t’en remettre à sa grande bonté ; ne crains point, il est l’Amen, le Fidèle, le Véritable, (Apoc. III. 17.) sa justice sera étendue sur toi, pauvre pécheur ! Il ne te laissera point, il ne t’abandonnera point. (Héb. XIII. 5.)” - Voilà, M. F., le but de toutes les dispensations de Dieu à votre égard, et de tous les appels qu’il vous adresse : c’est de vous amener à Jésus-Christ. C’est le seul but des prédications qu’il vous fait entendre, c’est le seul but des jeûnes que vous êtes invités à célébrer. Oh ! puisque Dieu vous fait ainsi la grâce de connaître ce grand salut, prenez garde de ne pas le négliger ; hâtez-vous ; point de délai ; aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos coeurs. (Héb. III. 7. 8.)
Arrêtons-nous encore, un moment, à considérer les heureuses conséquences d’un repentir vrai et d’un recours sincère au Sauveur : ce sera la conclusion la plus consolante, que nous puissions donner à de discours.

IV. Dieu épargna les Ninivites, et ils changèrent de voies : tels furent les heureux fruits de leur humiliation et de leur recours à la miséricorde céleste ; et tels seront aussi les résultats de votre jeûne, s’il est sincère et accompagné de confiance en notre éternel Médiateur.

Étant justifiés par la foi, vous aurez la paix avec Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ. (Rom. V. 1.) - La paix ! ce premier bien de l’homme, ce bien après lequel nous soupirons sans cesse ; la paix ! ce bien que la terre ne saurait jamais nous donner, et qui ne peut venir que du Ciel ; vous la trouverez en Jésus-Christ. - Et quelle paix ? - La paix avec Dieu ; une réconciliation pleine et entière avec celui que vous avez tant offensé, avec ce Dieu qui a fait vos âmes et qui peut seul les rendre heureuses ; vous ne serez plus ses ennemis ; en vous humiliant et en croyant au pardon qu’il vous offre, vous redeviendrez ses enfants, ses bien-aimés, vous rentrerez dans sa famille et dans tous vos droits au céleste héritage. - Ne serait-ce pas une grande joie pour vous, M. C. F., si vous pouviez vous dire en rentrant dans vos maisons : “Ce n’est pas en vain que j'ai connu mes péchés et que j’en ai gémi ; ce n’est pas en vain que mon âme a été angoissée et qu’elle a crié à Dieu pour obtenir grâce ; cette grâce est accordée et je puis m’en aller en paix. ” Ne serait-ce pas un grand trésor qu’une telle assurance ? Eh bien ! ce trésor est à votre portée ; Christ nous l’a acquis ; il nous a réconciliés ; douteriez-vous de sa parole ? - Oh ! abandonnez-vous sans crainte à ses promesses immuables, et ne craignez pas d’entonner le Cantique de délivrance :

Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit s’égaie en Dieu qui est mon Sauveur. Il a regardé à ma bassesse et à ma misère ; le Tout-Puissant m’a fait de grandes choses et son nom est Saint : (Luc I. 46-49.) je veux célébrer à jamais ses miséricordes. (Ps. LXXXIX. 1.) O le beau jour pour nous ! si nous nous trouvions ainsi tous réunis aux pieds du Sauveur et plaçant en lui toute notre confiance ! Le beau jour, si nous nous rapprochions tous pour ne former qu’une seule famille en Christ, répétant d’un même coeur et d’une même bouche, en quittant ce parvis : Il ne nous laisse la paix, ils nous donne sa paix, il ne nous la donne pas comme le monde la donne, que notre coeur ne se trouble point et ne craignons point. (Jean XIV. 27.) Jamais plus doux cantique ne serait sorti de nos lèvres, et il serait répété par les choeurs des anges dans le ciel.
Et quel heureux changement serait produit dans les moeurs, par suite d’une telle repentance et d’une telle foi ! les habitants de Ninive changèrent leurs voies et commencèrent à marcher selon le Seigneur ; cette ville superbe fut véritablement renversée, puisque son endurcissement fut changé en pénitence, ses banquets en jeûnes, sa dissolution en joie sainte, son luxe en modestie et en simplicité, et la malédiction, qui pesait sur elle, en bénédiction. - O ville qui m’environne et au milieu de laquelle Dieu m’a appelé à porter la Parole sainte ! que n’es-tu ainsi salutairement renversée ! que ne puis-je apprendre cette heureuse nouvelle : “Son orgueil a été changé en humilité ; ses discordes, ses scandales, ont fait place à la tempérance, à la charité et au support ; l’argent de l’injuste, qui était dans son coffre comme un feu consument, vient d’être restitué ; les moeurs se renouvellent : cette ville prend enfin une face tout chrétienne !”
- Quand est-ce que de telles consolations nous seront réservées ? - Nous le savons, M. F., c’est quand vous renoncerez à votre confiance propre, pour vous appuyer sur le Sauveur que Dieu vous a donné ! Alors vous recevrez d'en haut un changement d’affections, un vrai désir de plaire à Dieu, des forces pour triompher de vos passions et pour briser leurs chaînes. Jusque-là ne vous abusez pas ; vous tournerez dans le cercle de votre insuffisance, et vous retomberez dans la boue du vice, même en voulant le fuir. Si la foi en Christ donne seule le pardon, elle est aussi la seule source de la vraie sanctification, et hors de-là on ne peut rien faire.

- Connaissez donc une fois cette source de vie et allez y puiser, tandis que le jour luit encore et que l’Évangile vous est annoncé. Bientôt toute la population, qui remplit ce sanctuaire aura disparu et aura fait place à une autre ; bientôt d’autres Ministres et d’autres auditeurs seront rassemblés autour de ces autels. Les flots de ceux qui partent se pressent, la patience de Dieu se lasse, et l’ange de la mort frappe de toutes parts. Notre tour approche à tous. Mais prenez-y garde ; si vous descendez dans la tombe, sans avoir pleuré vos péchés et trouvé la paix en Jésus ; quand le jour de l’éternité vous éclairera, et que vous paraîtrez devant le Tribunal du souverain Juge, vous y verrez les gens de Ninive, qui s’élèveront en témoignage pour vous condamner, et toutes les grâces dont Dieu s’était plu à vous environner ici-bas, aggraveront votre sentence.

Dieu Tout-puissant ! éloigne ce présage, et ne permets pas que ton Esprit parle en vain à nos coeurs. Bénis la prédication de ta Parole dans cette sainte journée, bénis ce jeûne que nous célébrons, et vivifie par ta grâce, des formes par elles-mêmes stériles. Parle toi-même à l’âme des pécheurs, et touche-les d’une componction véritable. Parle aux âmes fidèles, pour qu’elles redoublent leurs soupirs et détournent par leurs prières ta colère prête à se manifester. O Dieu ! souviens-toi de ton peuple ! Souviens-toi de ton Église, que tu t’es acquise par le sang de ton Fils ! Que te dirons-nous encore Seigneur ! Souviens-toi de ta grande miséricorde, et qu’elle commence et achève notre conversion ! Amen !


Table des matières


(1) Il s’agit ici d’une de ces fêtes connues sous le nom d’Abbayes, dont l’influence funeste sur notre peuple, est véritablement incalculable.

 

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