Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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SERMONS



SERMON V
SUR LES BONNES NOUVELLES APPORTÉES PAR LE SAUVEUR.

Que les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles et qui publie la paix sur les montagnes, sont beaux ! de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui publie le salut, et qui dit à Sion : Ton Dieu règne.
Esaïe LII. 7.

Pour le jour de Noël.

C’était souvent la coutume des Prophètes, lorsqu’ils annonçaient des délivrances temporelles, de profiter de ces occasions pour diriger la vue des Israélites vers des bénédictions d’un ordre plus relevé, dont les bénédictions temporelles étaient l’image. Ainsi David semble quelquefois ne penser qu’à célébrer la gloire du règne de son fils Salomon, mais bientôt l’Esprit prophétique le conduit à considérer quelque chose de plus grand encore ; il contemple le Messie assis sur son trône qui est à toujours et à perpétuité, prospérant dans sa magnificence, monté sur la Parole de vérité, de débonnaireté et de justice, opérant par sa droite des choses merveilleuses et célébré à jamais par les peuples qu’il a bénis. (Ps. XLV. 7. 18.)

- Ainsi encore Esaïe, voyant en esprit le peuple d’Israël mené captif à Babylone, et délivré ensuite par la puissance et les conquêtes de Cyrus, prend tout-à-coup un essor plus sublime et entrevoit une plus grande délivrance. C’est alors que plein d’un saint transport et d’une joie vraiment céleste, il s’écrie comme s’il voyait déjà les promesses réalisées : Réveille-toi, réveille-toi, Sion ; revêts-toi de ta force, Jérusalem, ville sainte ; revêts-toi de tes vêtements magnifiques ; car désormais l’incirconcis et le souillé ne passeront plus au milieu de toi. Jérusalem, secoue la poudre de dessus toi, lève-toi et t'assieds ; délie les liens de ton cou, fille de Sion qui étais captive. Car ainsi a dit l’Éternel : Vous avez été vendus pour néant ; vous serez aussi rachetés sans argent. C’est pourquoi, mon peuple connaîtra mon nom ; c’est pourquoi, il connaîtra en ce jour-là, que c’est moi qui ai dit : Me voici. Que les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, et qui publie la paix sur les montagnes, sont beaux ! de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui publie le salut, et qui dit à Sion : Ton Dieu règne ! (Esaïe LII. 1. 2. 3. 6. 7.) - Quel est-il, ce glorieux messager de bonnes nouvelles que le Prophète aperçoit dans les profondeurs de l’avenir ? À la description qu’il en fait ensuite, il est impossible de méconnaître Jésus-Christ : le tableau est tellement frappant, que hors Jésus-Christ, il n’y a rien qui y ressemble, dans toute la suite des siècles. Et ce qui ne nous laisse d’ailleurs aucun doute sur le sens que nous devons donner aux paroles de notre texte, c’est que St. Paul, dans son Épître aux Romains, en fait une application directe à la publication de l’Évangile (1)du Sauveur.

Or dans ce jour, qui nous rappelle la naissance de ce bon Maître ; dans ce jour qui correspond à celui où le Fils Éternel du Très-Haut s’humilia, et se fit pauvre, afin que par sa pauvreté nous fussions rendus riches, (2. Cor. VIII. 9.) nous avons pensé que le développement de ces belles paroles du Prophète, pourraient contribuer à porter la paix dans les âmes troublées et à ranimer la joie de celles qui connaissent déjà leur Seigneur. - Dans ce but nous vous montrerons.

1°. qui sont ceux parmi vous qui ont encore besoin d’entendre de bonnes nouvelles ;
2°. quelles sont les bonnes nouvelles que Jésus-Christ nous a apportées. - Ce sera là tout le sujet de ce discours.

Mon Dieu ! les temps s’écoulent. les années s’achèvent, nos fêtes se succèdent, la proclamation du salut se répète sous ces voûtes saintes et les coeurs semblent encore ne pas le comprendre et rester insensibles aux témoignages de ton amour. - Oh ! si dans ce jour, ce salut immense pouvait être saisi par quelques âmes ! si elles pouvaient comprendre combien tu les as aimées en ton Fils, et qu’en ton Fils tu veux les rendre heureuses ! - Parle-leur toi-même, Seigneur ! Parle-leur pendant que ma voix mortelle et vaine ira se briser contre les pierres de cet édifice.
Toi seul peux fléchir les coeurs et y mettre la bénédiction ; fais la descendre à cette heure. Amen !

I. Comme nous vivons au milieu d’un peuple qui porte le nom de Chrétien et qui possède l’Évangile, il peut paraître superflu à quelques-uns qu’on vienne leur annoncer de bonnes nouvelles, qu’ils ont entendues dès longtemps. - À cela nous répondrons, que la question n’est pas de savoir si les bonnes nouvelles ont été entendues, mais si elles ont été saisies avec foi et si elles ont pénétré dans les coeurs. Il y a une très grande différence entre une doctrine entendue et une doctrine reçue dans l’âme. La doctrine frappant les oreilles de l’homme n’est qu’une chose purement extérieure et qui peut ne laisser aucune trace ; mais si la doctrine entre dans une âme avide et docile, alors elle change salutairement cette âme, et la fait passer de la mort à la vie. - Or, M. C. F., en envisageant les choses sous ce point de vue, ne pouvons-nous pas dire, qu’il en est encore un bien grand nombre parmi vous qui ont besoin d’entendre de bonnes nouvelles ?
Il en est d’abord plusieurs que l’on peut ranger dans la classe des pécheurs vraiment scandaleux, qui s’abandonnent à leurs penchants sans honte ni contrainte et dont toute la conduite porte l’empreinte d’une affreuse révolte contre le Seigneur : ce sont ces hommes sans principes, ces débauchés, ces injustes, ces profanateurs de tout ce qui est respectable et sacré. Ils ne paraissent pas ordinairement dans cette enceinte, mais quelques-uns, du moins, y seront venus dans ce jour.

Hé bien ! âmes dégradées et perdues ! si détournant un moment vos pensées des objets de vos passions et de ce monde visible qui vous enchaîne, vous voulez vous replier sur vous-mêmes et examiner votre condition dans sa réalité, aurez-vous sujet d’en être satisfaits et de dire que vous n’avez besoin ni de bonnes paroles, ni de nouvelles salutaires ? - Hélas ! vous ne pouvez vous dissimuler, quelles tristes conséquences doit nécessairement avoir une vie comme la vôtre. Il y a un ordre invariable dans le monde moral, comme dans le monde matériel. Là où habite le bien, là repose la bénédiction ; mais là où habite le mal, la peine du péché est à la porte ; (Gen. IV. 7.) Dieu ne peut être moqué ; il faut que ses lois aient leur cours et ce ne sont pas de chétives créatures comme vous qui y changeront rien. Il y a donc une éternité de malheur qui vous menace, et les secrets remords que vous fait éprouver notre conscience, sont des avant-coureurs de cette misère sans bornes, qui attend celui qui aura méprisé jusqu’au bout le conseil de Dieu. Si donc vous considérez votre état présent, hélas ! il est bien loin de cette douce paix, de ce calme heureux, de ce contentement dont nos âmes sont si avides, et si vous jetez les yeux sur l’avenir, vous n’y voyez pour vous que l’ange de la destruction, qui s’avance environné de foudres vengeresses. - Pauvres pécheurs ! vous êtes donc bien malheureux, puisque le présent ne vous offre qu’un étourdissement passager et l’avenir qu’une éternité sans espérance.

- Oh ! si quelque voix secrète adressée à vos âmes, venait rendre cette perspective moins sombre ! Si quelque messager céleste venait vous communiquer une espérance qui semble à jamais perdue pour vous ! Si au lieu de ces flammes dévorantes et de ces ardeurs éternelles que vos âmes pressentent déjà, un ange de paix venait vous montrer un Dieu de miséricorde prêt à vous recevoir après tant de fautes et d’égarements ! Le repousseriez-vous loin de vous ? Ne l’accueilleriez-vous pas avec transport ? Seriez-vous insensible à l’idée de rentrer en grâce auprès de votre Dieu, de voir la maison paternelle des Cieux se rouvrir pour vous et l’aurore des joies éternelles briller encore à vos regards ? Pauvres malheureux qui semblez être perdus sans retour, ne relèveriez-vous pas alors votre tête abattue ? N’ouvririez-vous pas notre âme pour recevoir ces bonnes nouvelles et pour bénir celui qui vous les apporterait de la part du Seigneur ?

Mais ce ne sont pas seulement ces pécheurs audacieux qui doivent sentir le besoin d’entendre de bonnes nouvelles, les âmes tièdes et languissantes doivent aussi l’éprouver quelquefois. Vous comprendrez sans doute, M. C. F., qui sont ceux que je veux désigner par cette dénomination de tiède. Ce sont ceux pour qui la Religion n’est qu’un accessoire dans la vie et le monde l’essentiel, ceux qui sans être tombés dans ces crimes qui excitent une indignation générale, sont cependant entachés de ces péchés d’habitude qui s’accumulent chaque jour d’une manière effrayante, sans que ceux qui les commettent paraissent y prendre garde ou en sentir la gravité :ce sont, en un mot, ces gens qui sans afficher une rébellion ouverte, n’ont cependant, ni soumission, ni amour pour Dieu, et dont la conduite habituelle, sans avoir rien au premier abord qui effraie, n’en contient pas moins le principe de la mort. - O vous que renferme cette classe nombreuse ! vous devez aussi sentir vos besoins, quoique vous cherchiez à vous les déguiser. Le souvenir de ces péchés, que vous avez commis et qui tous sont écrits dans le Livre éternel, laisse toujours quelque trouble en votre âme : vous sentez que la majesté de Dieu serait violée et l’ordre qu’il a établi bouleversé, si de tels égarements passaient sans avoir des conséquences malheureuses pour les coupables ; et en vain cherchez-vous à calmer vos inquiétudes toujours renaissantes, par l’idée d’une vague miséricorde, vous n’en possédez ni le témoignage ni l’assurance, et la paix est bien loin de vous. - Oui, je ne voudrais pour preuve de votre besoin impérieux de bonnes nouvelles, que l’état misérable de votre coeur, qui ne trouve nulle part le repos. Le trouvez-vous ce repos, dans le soin de vos affaires et dans les travaux de votre vocation temporelle ? - Non, car vous savez que c’est peu de chose pour nous que la nourriture qui périt, qu’il en est une autre plus nécessaire et plus excellente. - Le trouvez-vous dans le silence de la solitude ?

- Non, car vous y êtes vis-à-vis de vous-mêmes, et cette vue n’excite en vous que le mécontentement et l’ennui. - Le trouvez-vous ce repos, dans l’affection de ceux qui vous environnent ? Non, car vous sentez que dans l’état où vous êtes ces affections d’ailleurs si douces, portent avec elles un ver rongeur. - Le trouvez-vous enfin ce calme précieux, dans les distractions et les plaisirs du monde ? - Hélas ! vous l’entrevoyez sans doute, tout ce petit bruit va bientôt finir et s’éteindre au milieu des ruines. Une voix de destruction sort de tout cela, les choses visibles vont passer, les invisibles vont paraître, et bien loin de vous réjouir, cette idée vous trouble et vous attriste. Toute pensée qui se rapporte à cet ordre mystérieux vous inquiète, vous n’aimez pas à la rappeler, elle vous inspire un malaise que vous ne savez pas définir, et que vous ne pouvez vaincre. - Qu’y a-t-il donc, ô mortels ! qui vous effraie dans cette grande perspective des choses futures et du monde nouveau qui va remplacer le premier ? - Ah ! c’est qu’il ne vous est venu encore de ces régions cachées que des présages de malheur ; vous n’en avez pas reçu encore de bonnes nouvelles, car celles qui vous ont été annoncées, ont été repoussées par votre état d’étourdissement. Elles demeurent pourtant encore ces bonnes nouvelles, et vous en avez bien besoin ; elles vous calmeraient, elles ranimeraient votre âme, elles rempliraient cet abîme de désirs, que renferme votre coeur inquiet et que rien jusqu’ici n’a pu combler.

Si vous pouviez vous les approprier, si le message céleste pouvait enfin pénétrer dans votre âme, si vous demandiez à Dieu avec ardeur de l’y faire descendre ! Oh ! quel serait votre transport ! Quelle douce allégresse viendrait animer vos regards ! Avec quelle vivacité votre bouche l’exprimerait et dirait : O qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui apportent de bonnes nouvelles ! O qu’heureux sont ceux à qui le Seigneur daigne les faire entendre et donner enfin le repos !
Parmi ceux qui éprouvent le besoin de bonnes nouvelles, distinguons enfin ces personnes douées de quelque sincérité et de certains bons sentiments ; qui veulent le bien, qui ont la conscience de la grandeur de leur destination, mais qui s’agitent en elles-mêmes sans pouvoir avancer et sans trouver cette route sûre qui conduit à la paix de Dieu. Ces personnes font souvent beaucoup de bien autour d’elles, on les voit compatissantes pour leurs semblables et empressées à les soulager, mais elles font ces actions louables sans en rendre gloire à Celui de qui procède toute bonne donation et avec une certaine sécheresse d’âme, qui flétrit tout ce qui en sort. Souvent elles croient que ces oeuvres sont suffisantes pour les tranquilliser sur leur avenir, mais d’autrefois elles ne peuvent s’empêcher de tenir le langage du Psalmiste : O mon âme ! tu as dit à l’Éternel, tu es le Seigneur ! le bien que je fais ne vient point jusqu’à toi, (Ps. XVI. 2.) c’est-à-dire, est trop imparfait et souillé pour me faire subsister en ta présence.

D’ailleurs, ces personnes sont averties par leur état intérieur, qu’il y a encore une réalité, un bien, qu’elles ne possèdent pas. Elles savent que la vie de l’âme doit être l’amour de son Dieu la confiance en lui, le sentiment de ses compassions, de sa bonté, de sa présence, et elles ne reconnaissent point en elles-mêmes de tels caractères. Elles ne trouvent le plus souvent dans leur âme qu’une tiédeur pénible, point de joie, point d’assurance, rarement quelque élan de désir vers la patrie céleste après laquelle le fidèle doit soupirer. La prière est pour elles, pleine de contrainte et de tristesse, il n’y a rien qui la relève et qui la vivifie, l’Écriture Sainte leur semble un livre obscur, qu’elles lisent plutôt par devoir que par besoin. Dans les tentations elles n’ont aucune énergie ; dans l’adversité elles n’ont ni résignation, ni confiance ; tout leur fait comprendre qu’elles n’ont pas encore la vie chrétienne dans le coeur, que quelque chose d’important leur manque : ce quelque chose, c’est la bonne nouvelle qui peut seule les régénérer et leur donner la vraie paix. - Âmes immortelles ! prenez confiance : le Seigneur prépare ses voies au dedans de vous et ne tardera pas à vous bénir. Défiez-vous seulement de l’influence des préjugés et de l’orgueil ; attachez-vous à lire l’Évangile avec simplicité et avec confiance ; ne craignez pas d’entrer profondément dans la connaissance de vos misères ; demandez à Dieu de vous les révéler tout entières et de vous donner de les sentir ; soupirez, gémissez au pied de son trône, en le suppliant d’accomplir ses desseins dans vos coeurs, et il les accomplira en effet, en vous donnant de saisir son salut.
- Mon Dieu ! dispose-les toi-même, à entendre la bonne nouvelle de ta Grâce.

II. Consolez, consolez mon peuple, a dit votre Dieu, parlez à Jérusalem selon son coeur et criez-lui, que son temps marqué est accompli, que son iniquité est acquittée, qu’elle a reçu au double de la main de l’Éternel, la peine de tous ses péchés. (Esaïe XL. 1. 2.) Telle est la voix que le Seigneur nous ordonne de faire retentir aujourd’hui dans son sanctuaire. Il veut que nous vous annoncions toutes l’étendue de son amour pour vous, que nous publiions ses miséricordes et que vous soyez consolés. Et quel doit être le sujet de votre consolation et de votre joie ? - C’est l'événement que ce jour nous rappelle, la manifestation du Fils de Dieu en chair et les bonnes nouvelles, qu’il nous a apportées. C’est ce Fils adorables que le Prophète voyait, si longtemps à l’avance descendre sur les montagnes de Judée, c’est lui dont il célébrait la venue, quand il disait : Que les pieds de Celui qui apporte de bonnes nouvelles et qui publie la paix sur les montagnes, sont beaux ! de Celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui publie le salut et qui dit à Sion : Ton Dieu règne. - Esaïe mentionne dans ce passage trois bonnes nouvelles apportées par Jésus-Christ au monde, 1°. le salut, 2°. la paix, 3°. le règne de Dieu.
D’abord, le salut. Quel salut ? - Le salut de nos âmes, la délivrance de la mort seconde, le rétablissement de nos privilèges comme enfants de Dieu.

Ce salut, qui doit être l’objet de nos premiers désirs, qui est la seule chose nécessaire ; ce salut est fait, les péchés sont expiés, Dieu lui-même est venu racheter son peuple. Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui, ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. (Jean III. 16.) Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. (Luc XIX. 10.) et en lui, nous avons la rédemption par son sang, savoir la rémission des péchés, selon les richesses de sa grâce. (Ephés. I. 7.) - Pour se faire de juste idées de ce salut et de la manière dont nous devons nous l’appliquer, représentez-vous, M. F., une foule de sujets révoltés contre leur Souverain et condamnés par les lois à la mort. Ils sont errants çà et là, sans asile, sans ressource et sans espérance : l’entrée de leur patrie leur est fermée à jamais. Mais voici que le Fils du Monarque offensé ose intercéder pour eux et demander qu’ils soient reçus en grâce. Alors, les entrailles paternelles du Monarque s’émeuvent ; la pitié qu’il éprouve pour ces misérables, l’espoir qu’une mesure de douceur les fera rentrer en eux-mêmes et surtout la médiation de ce Fils Bien-aimé, le décident à accorder une amnistie pleine et entière.
Le Fils lui-même vient l’annoncer à ceux qui en sont les objets et leur donner par sa présence une preuve non équivoque des intentions bienveillantes de son Père ; puis il envoie de toutes parts des messagers pour inviter les fugitifs à se confier à la parole souveraine et à rentrer dans leur patrie et dans leurs privilèges. Les uns ajoutent foi à ce message de miséricorde et retournent ; d’autres dont le coeur est incapable de soumission et d’obéissance, persévèrent dans leur rébellion et veulent rester en état de guerre jusqu’à la mort.

- L’avez-vous compris, ô pécheurs ? ce monarque offensé, c’est Dieu ; ces sujets révoltés, c’est vous ; le Fils unique qui intercède, c’est Jésus-Christ, qui a scellé la médiation de son sang ; l’offre du pardon, c’est le message de paix qu’il a apporté sur la terre ; et la question est maintenant de savoir, si vous voulez croire à cette bonne nouvelle et aller vous jeter aux pieds de votre Souverain Maître, ou bien mépriser sa bonté paternelle et rejeter à jamais son pardon. - Oui, mes chers auditeurs, ce n’est plus d’obtenir ce pardon, qu’il est ici question ; il est obtenu ; Dieu l’a accordé dans son infinie miséricorde ; et la présence de son Fils sur la terre, les assurances qu’il nous a laissées, son sacrifice et son élévation dans la gloire, en sont des preuves suffisantes. Mais voulez-vous croire à ce pardon ? le recevoir avec humilité, ouvrir vos coeurs à cette infinie clémence ? ou voulez-vous encore vous endurcir ? Morts dans vos fautes et dans vos péchés, (Ephés. II. 1.) pourriez-vous rester insensibles aux immenses richesses de grâce, dont Dieu use envers vous pas Jésus-Christ ? (Eph. II. 7.) et ne vous laisseriez-vous pas une fois fléchir par l’amour éternel qu’il a eu pour ses enfants ?

- Oui, pauvres enfants séparés d’un Père si tendre, ouvrez enfin votre âme à la douce confiance qu’il veut y placer lui-même, appropriez-vous une fois ces assurances multipliées de grâce, qu’il vous donne dans sa Parole, et dites avec la foi de St. Paul réconcilié et pardonné : Cette parole est certaine et digne d’être entièrement reçue, que Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier. Mais miséricorde m’a été faite. (1. Timoth. I. 15. 16.) O heureuse l’âme qui croira cette bonne nouvelle ! Heureuse l’âme qui écoutera avec foi les paroles de salut et d’amour, que lui adresse le Fils de Dieu ! Elle connaîtra et goûtera la paix. La paix ! oui, la paix ! non pas celle que le monde donne, mais la paix avec le Seigneur, laquelle est au-dessus de toute intelligence et durera éternellement.
Cette paix qui était le second objet de la joie du Prophète, doit résulter nécessairement de la connaissance qu’ont les âmes, du salut qui leur est acquis. Quand nous avons cru à la bonté ineffable de Dieu qui nous rappelle malgré notre révolte, et qu’encouragés par ses invitations réitérées, nous sommes allés, comme l’enfant prodigue, nous humilier devant lui et reconnaître combien nous étions indigne d’un si grand bienfait ; oh ! qui pourrait exprimer l’heureux calme qui entre alors dans notre âme oppressée ! qui pourrait dire le bonheur d’un pauvre pécheur, qui sent qu’il n’est plus l’ennemi de Dieu, mais qu’il est redevenu son enfant !

- Il est si doux alors de s’approcher de lui et de penser à lui ; nous ne sentons plus cette barrière qui s’élevait entre nous et la souveraine Justice ; non, elle est ôtée, la réconciliation est opérée, Christ a tout accompli. C’est dans cette pensée que le coeur de l’homme trouve son repos. Il ne craint plus rien, parce qu’il sent son Dieu qui l’appuie, qui le fortifie et qui l’encourage. À l’abri de la croix, qu’est-ce qui pourrait encore le troubler ? - Les tentations du monde ? - Elles sont sans doute dangereuses, mais non pas pour le disciple fidèle qui s’assure sur Celui qui a vaincu le monde. - Les afflictions, l’adversité ? - Mais, il sait de manière à ne pas pouvoir en douter, que toutes choses contribuent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu. (Rom. VIII. 28.) - L’avenir ? - Mais, elle conduit à l’Éternité. - Oh! qu’elle est belle cette Éternité pour le racheté de Jésus! Comme elle rayonne de lumière et de gloire ! C’est-là que son adoption sera rendue complète, que ses chaînes pesantes tomberont et que Dieu lui sera pleinement révélé ; là, son âme sera transformée pour devenir conforme à l’image de son Bien-aimé ; là, il sera avec les célestes intelligences, qui boivent à longs traits les eaux vives et qui servent l’Éternel nuit et jour ; là, sa joie sera rendue parfaite et il connaîtra comme il a été connu. (1. Cor. XIII. 12.) Oui, ô mon Dieu ! voilà ta paix, la précieuse paix que tu donnes à ceux qui sont tiens.

Ah ! jusqu’à quand sera-t-elle méprisée par tant de pauvres âmes qui se précipitent à leur perte !
Le dernier sujet de réjouissance pour le Prophète, c’est la venue du règne de Dieu. Par-là, il ne faut pas entendre, la domination de Dieu sur l’univers ; on ne pourrait pas en faire l’objet d’une bonne nouvelle, puisque cette domination existe dès le commencement et ne peut pas changer. Mais, il s’agit ici du règne de Dieu dans les coeurs. Hélas ! ces tristes coeurs, n’obéissent pas au Seigneur, comme le reste de la nature. Si l’Eternel considère les cieux, l’ouvrage de ses mains, il voit le soleil achevant sa course comme aux jours anciens et les autres astres rouler dans les bornes qui leur ont été prescrites. S’il considère cette terre, il voit la matière brute soumise, les arbres et les plantes donner leur fruit en leur temps, les animaux suivre leur instinct selon les lois qu’il leur a assignées. L’homme seul s’est détourné de son Créateur et s’est soustrait à son empire ; l’homme seul a élevé une voix de rébellion parmi toutes les créatures qui sont sous nos yeux. Et comment Dieu veut-il le ramener ? - C’est en lui faisant annoncer son pardon. Or ce pardon, Christ nous l’a apporté et l’a scellé de son propre sang. - Si vous le croyez ce pardon, M. C. F., si votre coeur s’ouvre pour en recevoir le témoignage et l’assurance ; alors commencera vraiment le règne de Dieu dans vos âmes, parce qu’il vous sera impossible de ne pas aimer Celui dont vous aurez éprouvé les immenses bontés.

Oui, M. C. F., si vous recevez le pardon gratuit que vous apporte le Sauveur, si vous le recevez avec l’élan d’une âme qui ne voit nulle part ailleurs de refuge, ni d’espérance ; si vous dites : “Mon Dieu ! tes compassions sont infinies, je crois à l’Évangile de ta grâce, je crois que tu me pardonnes en ton Fils, ” vous ferez l’heureuse expérience de ce que c’est que le Règne de Dieu en nous. Vous aimerez ce bon Dieu qui vous a cherchés comme sa brebis perdue, vous l’aimerez de toutes les puissances de votre âme qu’il aura sauvée, vous garderez avec délices le souvenir de ses bienfaits, vous désirerez de lui en témoigner votre reconnaissance et pour cela vous vous attacherez à faire toutes les oeuvres qui lui sont agréables. - Croyez donc seulement à la miséricorde paternelle de votre Dieu, ô âmes jusqu’ici sans vie ! c’est là la base de votre renouvellement et d’une conversion véritable : vous ne pouvez pas aimer Dieu, tant que vous craignez sa colère ; vous ne pouvez avoir que le tremblement des esclaves qui redoutent le châtiment ; mais croyez au salut qu’il offre aux pécheurs, et votre coeur sera tout à lui.
Sauveur adorable et miséricordieux ! qui t’es donné toi-même pour ton peuple, afin de le racheter de l’éternelle mort ! regarde en tes compassions cette partie de ton héritage ; vois combien est encore petit parmi nous, le nombre de ceux qui ont cru aux bonnes nouvelles et qui ont été amenés captifs à ton obéissance. O toi donc, à qui seul appartient d’abattre les forteresses qui résistent !

Ouvre au milieu de ce peuple une porte que personne ne puisse fermer ; (Apoc. III. 8.) fais retentir dans les âmes éperdues la proclamation du pardon ; encourage celles qui chancellent et qui n’osent encore prendre confiance ; éclaire celles qui sont aveuglées par les préjugés et par l'erreur ; augmente, Seigneur ! ton troupeau fidèle : que ton règne vienne ! (Matth. VI. 10.) Amen !


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(1) Le mot Évangile signifie bonne nouvelle

 

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