Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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SERMONS



SERMON IV
SUR LA PATIENCE DE DIEU.

Méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de son long support, ne considérant pas que la bonté de Dieu te convie à la repentance ?
Rom. II. 4.

Dans ce passage de l'Épître aux Romains, St. Paul s’adresse particulièrement à ceux des Israélites, qui étaient demeurés dans la rébellion, malgré les secours les plus multipliés et les avertissements les plus solennels. Mais cette question peut aussi à bien juste titre vous être adressée, à vous, que l’Éternel prévient avec tant de bonté, et qui cependant demeurez encore insensibles. Oui, vous avez plus sujet que personne, de méditer sur la patience de Dieu et sur le danger d’en abuser. Méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de son long support, ne considérant pas que la bonté de Dieu te convie à la repentance ?
- Ce texte nous appelle à considérer, 1°. la nature de la patience divine, 2°. sa grandeur, 3°. son but, 4°. l’abus que l’homme en fait trop souvent. Ce sera là tout le sujet de cette instruction.

Prions, pour que la Parole sainte ne soit pas annoncée en vain ! Prions, pour qu’en entendant parler de la patience céleste, quelques âmes, du moins, en sentent le prix et en profitent pour se convertir !

Prions aussi pour que cette méditation soit utile aux âmes pieuses en leur rappelant combien le Seigneur les a supportées et les supporte encore chaque jour ! Amen !

I. Il ne faut pas avoir longtemps contemplé le monde, pour répéter avec l’Apôtre, que ce monde est plongé dans le mal. (1. Jean V. 19.) Si le nom de Dieu n’en est pas absolument banni, ses lois n’en sont pas moins foulées aux pieds, ou mises en oubli par le plus grand nombre. On les viole ouvertement, on les viole en secret, et le plus souvent on se dirige d’après un autre code et d’après d’autres maximes. Cependant, Dieu ne frappe pas immédiatement ces audacieux transgresseurs ; ils les supporte. - À quoi faut-il attribuer cette patience ?
Croirons-nous qu’il ne voit pas la méchanceté et la corruption des humains ? - Mais, comment ne la verrait-il pas, celui qui nous a tous formés et tirés du néant ? Nos âmes ne sont-elles pas sans sa main ? (Job XII. 10.) Ne nous tient-il pas serrés par derrière et par devant ? (Ps. CXXXIX. 5.) N’est-il pas à nos côtés, en quelque lieu que nous agissions ? Ne se tient-il pas à la porte de notre coeur ? N’en compte-t-il pas tous les battements ? N’en juge-t-il pas tous les desseins ? Et quel que soit le secret dont nous pensions quelquefois nous environner, l’Éternel n’est-il pas puissant pour mettre en évidence les choses cachées dans les ténèbres, et pour produire au jour l’ombre de la mort ? (Job XII. 22.)

- Oui, toutes choses sont nues et entièrement découvertes, devant celui à qui nous devons rendre compte : (Heb. IV. 13.) son oeil est partout, il démêle tout, rien ne lui échappe, et avant même que nos plus secrètes pensées soient formées, il les connaît. Aucune des iniquités qui se commettent, ne lui demeure donc cachée ; et aussitôt qu’elles sont commises, elles sont inscrites dans son livre de mémorial.
Pour expliquer la patience de Dieu, dira-t-on qu’il envisage le péché avec indifférence ? - Non, non, il ne l’envisage pas ainsi. Il dit lui-même : qu’il a les yeux trop purs pour voir le mal ; (Habac. I. 13.) qu’il hait les ouvriers d’iniquité, qu’il s’irrite contre eux chaque jour, (Ps. V. 6. VII. 12.) et qu’il exercera contre eux sa vengeance. (2. Thess. I. 8.) - Qu’est-ce en effet que le péché ? - C’est une violation de la loi ; c’est un outrage direct fait à la souveraineté et à la majesté du Dieu fort ; c’est une révolte contre son gouvernement éternel : et comment verrait-il cela avec indifférence ? - Un monarque qui a fait des lois et qui les a sanctionnées par une proclamation solennelle, fermerait-il les yeux sur leur violation ? Que deviendrait alors son autorité ? Quel poids aurait désormais sa parole ? Il ne lui resterait qu’à descendre d’un trône avili, et qu’à briser un sceptre devenu sans force. Ce renversement qui ne peut être admis dans un gouvernement humain, ne peut pas l’être davantage dans le gouvernement divin :

le Seigneur ne pourrait voir avec indifférence le péché, sans se dépouiller de sa vérité, de sa sainteté et de sa justice.
Manquerait-il de pouvoir pour punir les coupables ? - Il manquerait de pouvoir, celui qui a étendu les hauteurs des cieux et qui marche sur les profondeurs de la mer ; qui parle au soleil, et il ne se lève point ; qui tient les étoiles sous son cachet ; (Job IX. 7.8.) qui regarde la terre, et elle tremble ; qui touche les montagnes, et elles fument ; (Ps. CIV. 32.) qui fait briller la lumière dans les nuées, et qui les balance ; qui envoie ses foudres, en sorte qu’elles marchent et disent : nous voici ! (Job XXXVII. 15. 16. XXXVIII. 35) - N’a-t-il pas su punir l’ancien monde, en l’engloutissant dans les eaux ? N’a-t-il pas balayé d’un balai de destruction (Esaïe XIV. 23.) tant de villes et de nations orgueilleuses, qui se croyaient en sûreté au sein de leur puissance et de leurs richesses ? N’a-t-il pas su précipiter dans l’abîme les anges rebelles, et les lier avec des chaînes d’obscurité pour le jugement du grand jour ? (Jude 6.) - Et qu’est-ce qui arrêterait son pouvoir ? - Ce ne sont ni les distances, ni les ténèbres, ni la multitude des coupables : l’univers est à lui, et nous ne sommes devant ses yeux, que comme un amas de vermisseaux : d’un seul mot il peut nous détruire.
À quoi devons-nous donc son long support ? - Ah ! c’est à sa bonté envers nous. C’est cette bonté seule qui retient son bras, et qui arrête l’essor de sa justice prête à exécuter la terrible sentence !

Méprises-tu, dit le texte, les richesses de sa bonté, de sa patience et de sa longue attente ? - Ces mots, bonté, patience, longue attente, n’ont pas exactement la même signification. La bonté de Dieu est cet attribut général qui le porte à vouloir le bien de ses créatures et à le leur procurer. Quand cette bonté se manifeste en pardonnant au pécheur, elle prend le nom de clémence ou de miséricorde. Quand elle se manifeste en accordant du délai au coupable, c’est la patience ; et cette patience devient longue attente, quand l’homme en a longtemps abusé en persévérant dans le mal. - La bonté de Dieu durera toujours, il ne peut pas cesser de vouloir le bien de ses enfants ; mais sa patience et sa longue attente doivent avoir un terme. Christ nous les procure à cette heure, par son intercession puissante ; elles pourront nous être accordées encore pendant une certaine mesure de temps ; mais l’heure vient où la médiation du Rédempteur finira ; alors la justice aura son tour, la patience cessera de se manifester, et le pécheur obstinément rebelle recevra selon son train et selon le fruit de ses oeuvres. (Jer. XVII. 10)

II. Considérons maintenant la grandeur de la patience de Dieu envers nous, ou ce que l’Apôtre appelle les richesses de cette patience.
Cette patience nous paraît grande, si nous envisageons d’abord, Celui qui l’exerce et ceux envers qui elle est exercée.

Qui est-ce qui use de support ? - C’est le Seigneur, le Roi des Rois, le Maître de toutes choses, l’Éternel. - Qui sont ceux qu’il supporte ? - C’est nous, misérables pécheurs. - Et que sommes-nous devant lui ? - D’une petitesse qui échappe à toutes nos conceptions. L’insecte, qui rampe dans la poussière, est bien peu de chose devant l’homme qui peut à chaque instant le fouler aux pieds : cependant, toutes les générations humaines, passées, présentes et futures, sont bien moins encore devant le Dieu fort. Elles sont pour lui, dit Esaïe, comme une goutte qui tombe d’un sceau, et comme la menue poussière d’une balance. Toutes les nations sont devant ses yeux, comme rien, et il les tient pour moins que rien, et que le néant. (Esaïe XL. 15. 17.) Cependant, ce sont ces êtres imperceptibles dans l’univers, qui au lieu de demeurer dans une humble dépendance de Celui de qui ils ont tout reçu, osent s’élever contre lui, secouer le frein de ses lois et se placer dans l’attitude de la rébellion ! - Quoi ! la rébellion dans un monde ! que d’un mot de sa bouche, Dieu peut anéantir ! La rébellion chez des créatures auxquelles il a donné la vie, et qui dans peu de jours tomberont entre ses mains puissantes ! Et il la souffre ! Et il la supporte ! - O homme ! à cette pensée, ne tomberais-tu pas la face contre terre, en t’écriant : “Mon Dieu ! que tu es bon ! mon Dieu ! que ta patience est incompréhensible et que tes compassions sont par-dessus toutes tes oeuvres !” (Ps. CXLV. 9.)

Mais allons plus loin, M. F., et pour mieux apprécier cette bonté divine, pensons au nombre de nos péchés contre le Seigneur. - Le nombre de nos péchés ! Pesez ces paroles. Laissent-elles dans votre esprit quelque idée claire et déterminée ? - Pas plus que quand on parle du nombre des étoiles du ciel, ou des grains de sable amoncelés au bord des mers. Le nombre de nos péchés ! L’imagination s’y perd ; la tête s’y trouble ; il y a là un abîme ! - Pour nous rendre cette vérité plus sensible, je suppose, M. F., que vous formiez le projet de noter à la fin de chaque jour les péchés dont vous vous êtes rendus coupables pendant sa durée ; soit les péchés d’actions, soit ceux de paroles, soit ceux de pensées. Certainement ce projet souffrirait de grandes difficultés dans l’exécution. Vous n’auriez jamais assez de mémoire, pour faire ce compte d’une manière un peu exacte. Il vous échapperait toujours bien des transgressions, malgré le désir que vous auriez de les retracer à votre esprit. Les mauvaises pensées, surtout, sont vraiment innombrables. Mais enfin, je suppose que vous fassiez cet essai, et que vous notiez ces tristes souvenirs du mieux que vous le pouvez. Représentez-vous le résultat d’une semaine : Quel triste dénombrement il formerait ! Comme il serait déjà énorme ! Continuez cette épreuve pendant un mois, pendant une année, si vous en avez la patience et le courage. Quelle masse effrayante sera alors accumulée ! Et que de longues pages seront chargées de titres d’accusation contre vous !

Mais encore, si par une méthode semblable, vous parveniez à mettre devant vos yeux tous les péchés de votre vie, pourriez-vous les contempler sans un frémissement d’horreur ? N’y aurait-il pas dans un tel spectacle, de quoi bouleverser l’âme la plus endurcie, et la percer d’un glaive de condamnation jusque dans ses derniers replis ? - Cependant, M. F., Dieu les a supportés tous ces péchés ; il a usé de patience envers nous ; depuis notre première enfance, nos fautes se sont accumulées, comme les eaux qui tombent des nuées pour aller grossir l’Océan ; une seule heure ne s’est pas écoulée sans que nous ayons provoqué le Seigneur : et nous subsistons encore !
Parlerai-je de l’énormité des péchés que nous avons commis ? Certes, ce n’est pas seulement par des fautes légères que nous avons offensé le Seigneur, mais par la violation directe de ses commandements les plus exprès. Pensez-y mes chers auditeurs ! recueillez-vous en sincérité devant Celui qui connaît toutes choses, examinez-vous sur sa loi, article par article, commandement après commandement, ligne après ligne : (Esaïe XXVIII. 13.) quels déplorables souvenirs, sortiront du fond de vos consciences ! que de péchés même que je n’oserais nommer dans ce lieu, viendront grossir cet effroyable compte ! - Oh ! oui ; il faut le reconnaître, nous sommes extrêmement coupables devant Dieu ; et loin d’avoir quelque excuse pour atténuer nos péchés, il semble que tout se réunisse pour les aggraver.

Leur énormité n’est-elle pas rendue plus grande, par les lumières que nous avons reçues et par les instructions salutaires qui ont retenti si souvent à nos oreilles ? N’est-elle pas accrue, par les secours puissants que Dieu n’a cessé de nous offrir pour changer notre coeur, par les tendres invitations qu’il nous a adressées, par les trésors d’amour que nous a manifestés l’Évangile ? N’est-elle pas accrue encore, par les autres bienfaits que nous avons reçus du Seigneur, malgré notre ingratitude ? bienfaits, comme individus ; bienfaits, comme membres d’une famille ; bienfaits, comme nation. Dieu ne peut-il pas dire de nous comme autrefois de son peuple ? Quand Israël était jeune enfant, je l’aimai, et j’appelai mon fils hors d’Égypte. Je lui ai appris à marcher, je l’ai porté dans mes bras, je l’ai attiré avec des cordeaux d’humanité et avec des liens d’amitié ; je lui ai été comme ceux qui auraient enlevé la bride de sa bouche pour lui présenter de la nourriture. (Osée XI. 1. 3. 4.) Quoi donc ! tant de bienfaits n’avaient-ils point de voix ? - Mais sans doute elle n’était pas entendue, puisqu’on répondait aux bénédictions par de nouvelles offenses. Oh ! qu’il est pénible de s’arrêter sur ces choses, et de voir ainsi jusqu’au fond toutes les misères de notre âme ! Qu’il est triste de penser que tant de grâces, destinées à nous enrichir à salut, ont été paralysées par nos convoitises ! Nous avons peine à supporter un tel spectacle, il nous rebute, il nous inspire un dégoût et une horreur profonde, malgré l’indulgence que nous serions disposés à avoir pour nous-mêmes.

- S’il s’agissait de quelqu’un de nos semblables, à qui pendant longtemps nous n’aurions cessé de faire du bien, et qui ne l’aurait payé que par l’indifférence ou le mépris, nous ne pourrions retenir l’essor de notre indignation : cependant, ce que nous ne pourrions supporter de voir chez nos frères, Dieu l’a supporté en nous ; il ne nous a pas retranchés durant le cours de nos iniquités ; il nous attend, il nous traite avec douceur, il ne nous accable pas de sa justice, mais pour briser notre coeur il déploie à nos yeux toutes les richesses de sa bonté et de sa patience.
Mais cette patience n’est pas exercée seulement envers nous, M. C. F. ! ce n’est pas cette ville seule qui est remplie de transgresseurs ; ce n’est pas ce pays seul ; le monde entier en est couvert ; les peuples sont dès longtemps en révolte déclarée ; les siècles écoulés l’ont vue partout, le siècle présent la voit encore ; et le Seigneur l’a-t-il oublié ? D’où vient, qu’il n’est pas encore arrivé, ce jour où les cieux passeront avec un bruit sifflant de tempête, où les éléments embrasés seront dissous et la terre brûlée avec tout ce qu’elle contient ? (2 Pierre III. 10.) - D’où vient ? - Mon Dieu ! tu le sais, et nous l’avons appris par ta Parole ; c’est que tu es pitoyable, miséricordieux, lent à la colère, abondant en gratuité, (Ps. CIII. 8.) envers des créatures que tu ne veux pas laisser périr.

Et c’est pour cela, ô Dieu tout bon ! que cette terre que nous habitons, cette terre surchargée de crimes et de pécheurs, continue encore sa course au travers de l’immensité des cieux, que ton soleil l’éclaire encore, et que nous subsistons tous à cette heure !
Adorez l’Éternel, ô pécheurs ! Adorez le Dieu clément, qui a la terreur à son commandement, (Nahum I. 2.) et qui cependant vous supporte. Oui, venez prosternons-nous, inclinons-nous devant ce Dieu miséricordieux ! Mais n’oublions pas le but de sa longue patience ; elle est pour notre salut, (2 Pierre III. 15.) dit un Apôtre ; et le texte, ne considères-tu pas, que la bonté de Dieu te convie à la repentance ?

III. D’abord, le support de Dieu convie les pécheurs à la repentance, en leur donnant le temps de se convertir. C’est une chose bien précieuse, que ce temps qui nous est accordé. Celui qui le consume en courant après de misérables vanités, montre qu’il sait bien peu quelle est sa valeur et l’estime qu’il doit en faire ; mais il le saura peut-être à l’heure de la mort. Quand ce messager terrible viendra frapper à la porte, et qu’il faudra ouvrir sans retardement, le malheureux pécheur apprendra ce que c’est qu’une heure ou un jour. Il s’écriera peut-être dans son angoisse : “Encore quelques moments ! encore un délai, avant ce terrible passage ! Je vois ma vie ; je reconnais ma longue erreur ; je veux revenir en arrière et chercher ce salut que je commence à entrevoir : Dieu clément, suspends encore !”

Mais si la mesure de patience a été écroulée jusqu’à la dernière goutte, une voix lugubre sortira de la conscience du misérable, pour lui dire : “il est trop tard ; le support est à son terme ; la miséricorde est lassée, l’heure est venue. ” - Apprenez, M. F., par le spectacle de ces derniers moments de la vie, à juger du prix que vous devez mettre à ceux que Dieu vous donne maintenant.
Le premier effet de la patience est de donner du temps, le second de montrer que le Seigneur est disposé à faire grâce. Quand un père a été longtemps fatigué par les désordres de ses enfants, et qu’il leur a dénoncé un châtiment sévère, s’il diffère de le mettre à exécution, n’est-ce pas pour leur faire sentir qu’il désire avoir sujet de leur pardonner ? Hé bien ! pécheur qui m’écoutes ! Dieu a attendu longtemps avec toi ; il attend encore ; et pourquoi ? - Ingrat ! n’est-ce pas pour te pardonner, et pour se réconcilier avec son enfant ? Je suis vivant, dit le Seigneur, que je ne veux pas la mort du pécheur, mais sa conversion et sa vie. (Ezéch. XXXIII. 11.) Je veux guérir leurs rebellions, je les aimerai de bon coeur, et ma colère sera détournée d’eux. (Osée XIV. 4.) Venez maintenant, et disputons nos droits : quand vos péchés seraient rouges comme le cramoisi, ils seront blanchis comme la neige. (Esaïe I. 18.) Oh ! qu’il est doux pour les ministres du Seigneur, d’avoir à répéter de telles paroles !

Considérez encore, M. F., que le support de Dieu, accompagné de sa Grâce, tend à exciter en nous la repentance. Des expériences fréquentes prouvent que la sévérité et une justice rigoureuse n’aboutissent le plus souvent qu’à endurcir le pécheur. La vue de la justice nous effraye sans doute, elle nous étonne, nous ébranle ; mais elle resserre le coeur, y comprime tous les sentiments affectueux et tendres, et ne peut y faire naître pour le Seigneur qu’une crainte d’esclave. Mais la bonté qu’il nous a manifestée dans l’Évangile de son Fils, nous touche, nous encourage ; la charité incompréhensible qu’il y montre, pénètre nos coeurs, les ouvre jusqu’au fond pour recevoir les grâces célestes. Et c’est lorsque nous avons contemplé au pied de la croix ces attributs adorables, que subjugués, vaincus, nous nous humilions dans la poussière pour déplorer notre long endurcissement et pour commencer à aimer Dieu. Oh s’il y a une âme qui ne soit pas désespérément perdue, il faut qu’elle soit touchée par les grandes bontés du Seigneur ! Fais-moi souvenir, et plaidons ensemble, dit-il dans sa patience, déduis tes raisons pour te justifier ; (Esaïe XLIII. 26) ai-je été un désert pour toi, ai-je été une terre ténébreuse ? D’où vient donc que tu as dit, nous sommes nos maîtres et nous ne viendrons plus à toi ? (Jer. II. 31.) Lève tes yeux, regarde, tu as souillé cette terre par tes impudicités et par ta malice ; tu as un front de débauchée, tu n’as point eu de honte ; (Jér. III. 2.3.) cependant, retourne-toi, rebelle ! car je ne veux point faire tomber ma colère sur toi ; (Jér. III. 12.)

dis-moi encore : Mon Père ! tu es le conducteur de ma jeunesse. (Jér. III. 4.) J’ai effacé tes forfaits comme un brouillard, et tes péchés comme une nuée épaisse ; reviens à moi, car je t’ai racheté. (Esaïe XLIV. 22.) Tel est le langage que Dieu nous fait entendre, pour nous manifester son support ; ô homme ! que lui répondras-tu ? Mépriseras-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de sa longue attente ? C’est ce qu’il faut examiner encore.

IV. Il faut l’avouer sans détour : l’homme est disposé à abuser de la patience de Dieu, comme de toutes les autres bénédictions, et à tourner à sa ruine ce qui lui avait été accordé pour son salut. Plongé dans un étourdissement habituel, parce qu’il ne sent pas encore le châtiment, il croit qu’il ne le sentira jamais ; parce qu’il est épargné aujourd’hui il croit qu’il le sera demain, il ne prévoit pas de terme à la patience, parce qu’il n’en connaît pas la mesure. - Et quelle en est la triste conséquence ? Nous n’oserions presque pas la dire, tant elle est honteuse pour notre nature, si nous ne la trouvions pas formellement exprimée au livre de l’Ecclésiaste : Parce que la sentence contre les oeuvres mauvaises ne s’exécute pas incontinent, à cause de cela le coeur de l’homme est plein d’envie de mal faire. (Ecclés. VIII. 11.) - Quoi ! parce que Dieu épargne l’homme, l’homme se prévaut de cette impunité pour faire le mal avec plus d’audace ! Parce que le glaive ne frappe pas incontinent, les humains osent le braver !

Certes, c’est là le mépris le plus ouvert et le plus révoltant de la miséricorde céleste.
Maintenant, ô vous qui m’écoutez ! rentrez en vous-mêmes, et considérez si vous n’auriez pas ajouté à tous vos autres torts, celui d’abuser ainsi de la patience de Dieu envers vous ? Réfléchissez-y sérieusement. C’est à vous à lire dans vos consciences ; pour nous, nous ne pouvons pas y descendre. - Mais nous vous dirons du moins ceci : c’est que puisque Dieu vous accorde encore cette patience à cette heure, il faut de deux choses l’une, ou que vous la méprisiez comme les méchants dont nous venons de parler, ou que vous en profitiez pour vous convertir. Ne pas en user à salut, serait comme si vous disiez : “Dieu a eu son dessein en m’épargnant, mais je n’en suivrai pas moins ma volonté. Ce temps de délai m’est donné pour mon bien, mais je l’emploierai pour mon mal. ” Nous aimons à bien espérer de vous tous, M. C. F., mais nous sommes pourtant dans une grande sollicitude, dans une vraie angoisse, en pensant que peut-être beaucoup d’entre vous seraient disposés, par illusion, par attachement au péché, par quelque détour subtil et funeste, à tourner ainsi la grâce de Dieu en dissolution. Que faudrait-il dire à ceux-là ? - C’est que jamais danger ne fut plus grand que celui auquel ils s’exposent, puisque la patience, si longtemps méprisée, va prendre fin.

- Au milieu de ses révélations, Zacharie entendit la voix d’un ange qui disait : Lève tes yeux et regarde. Et il dit : Qu’est-ce ? Il lui répondit : C’est un épha qui sort, et c’est la mesure des péchés du pays. Et voici une masse de plomb que l’on portait, et une femme était assise près de la mesure. Et il dit : C’est la méchanceté ; puis il la jeta au milieu de l’épha, et mit la masse de plomb sur l’ouverture. (Zach. V. 5-8.) - L’avez-vous compris, mes chers auditeurs ? Quand la méchanceté a comblé la mesure, la patience cesse, le dernier châtiment tombe sur le coupable, et ce châtiment est comme une masse de plomb, qui ne sera plus ôtée. - Oui, il y a poids et poids, il y a temps et temps ; après celui du support, viendra celui d’une juste colère pour ceux qui auront méprisé jusqu'au bout le conseil de Dieu. Oh ! prévenez ce moment terrible, vous qui errez encore dans les sentiers du monde et d’une sagesse trompeuse ! - Pécheurs et pécheresses ! la nuit vient, la mort avance à grands pas, les scènes solennelles de l’éternité se préparent. Oui, la nuit vient, et avec elle le glaive de vengeance. Hâtez-vous donc de saisir le sceptre de miséricorde, qui vous est tendu depuis si longtemps par le Sauveur. Craignez de devenir des monuments de la sentence terrible qu’il prononça jadis : je m’en vais, vous me chercherez, et vous mourrez dans vos péchés. (Jean VIII. 21.) Il est encore là, ce Sauveur, prêt à vous recevoir dans son sein et à vous couvrir du manteau de sa justice ; il est là plein de douceur et de bonté ; il vous dit : ne veux-tu pas venir à moi pour avoir la vie ? (Jean V. 40.)

Pauvre brebis fugitive ! il te poursuit pour te ramener en sûreté au bercail ; il ne s’est point lassé encore de te chercher ; mais si tu le méprises plus longtemps, alors il se retirera, il s’en ira pour jamais, et tu mourras dans tes péchés. - Hélas ! il vous parle ce Fils adorable, ce Souverain Pasteur, au moment où je vous parle moi-même ; et c’est peut-être pour la dernière fois que vous entendrez l’appel de son amour. Ah ! profitez de ces précieux moments ! allez, hâtez-vous, et dites-lui du fond de vos coeurs : Seigneur ! tu nous vois effrayés et tremblants à la pensée du danger, où nous a précipités l’abus indigne de ta patience. Hélas ! que serions-nous devenus si tu nous eusses retranchés au milieu de cette carrière criminelle ! Et que deviendrions-nous encore à cette heure, s’il fallait paraître devant ton trône sans t’avoir pour Avocat et pour Médiateur ! Mais, grâces t’en soient rendues ! ton soleil nous éclaire encore et nous pouvons encore chercher près de toi la réconciliation et la paix. Aie pitié de nous, ô Sauveur miséricordieux ! Aie pitié de nos âmes pécheresses ! Couvre-les du manteau de ta justice, et donne-leur le repos qui est le partage de tes enfants. Nous croyons, Seigneur ! mais subviens à notre faiblesse et à notre incrédulité ! (Marc IX. 24.) Prends-nous à toi ! Unis-nous à toi sans retour, et que nous puissions bénir à jamais tes miséricordes ! Donne-nous aussi une abondante mesure de ton Esprit, pour que notre conscience soit désormais digne de notre vocation.

Que ton amour devienne le principe dominant de nos affections, que ta vie soit notre modèle, que le monde voie que nous t’avons connu, que nous t’appartenons, et que notre bourgeoisie est dans les cieux ! (Philipp. III. 20.) Amen !


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