Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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SERMONS



SERMON III
JÉSUS CONVAINQUANT DE PÉCHÉ LE JEUNE PHARISIEN.

Et voici, quelqu’un s’approchant, lui dit : Mon bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? Il lui répondit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Il n’y a qu’un seul bon ; c’est Dieu. Que si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements. Il lui dit : Quels ? Et Jésus lui répondit : Tu ne tueras point ; Tu ne commettras point d’adultère ; Tu ne déroberas point ; Tu ne diras point de faux témoignage ; Honore ton père et ta mère ; Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. Le jeune homme lui dit : J’ai observé toutes ces choses-là dès ma jeunesse ; que me manque-t-il encore ? Jésus lui dit : Si tu veux être parfait, vends ce que tu as, et le donne aux pauvres ; et tu auras un trésor dans le ciel ; après cela viens et suis-moi. Mais quand le jeune homme eut entendu cette parole, il s’en alla tout triste, car il possédait de grands biens.
Matth. XIX. 16-22.

Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? voilà une question malheureusement bien rare parmi nous. Il y a tant de gens pour qui la vie présente est tout, qui s’en occupent exclusivement et qui ne s'embarrassent pas de ce qui doit suivre ! ” Que dois-je faire pour augmenter mes revenus ? Comment passerai-je mon temps d’une manière agréable ? Comment m’y prendrai-je pour obtenir telle place ?”

Voilà le cercle de leurs questions habituelles ; ils vivent comme s’ils ne devaient jamais mourir. - D’autres pensent quelquefois, il est vrai, aux choses invisibles et au jugement de Dieu ; mais ils se croient suffisamment prêts pour cette époque solennelle ; ils se disent à eux-mêmes : “Je suis honnête homme, ma réputation est intacte, qu’aurais-je à craindre ?” Ainsi ils envisagent la question de notre texte comme superflue.
Cependant, nous devons le reconnaître, M. C. F., il en est aussi plusieurs parmi vous, qui ne la regardent pas comme inutile et qui pèchent plutôt par la manière dont ils la font. Les uns, au lieu de l’adresser à Jésus-Christ qui parle toujours au milieu de son Église par l’Évangile, se la font à eux-mêmes et y répondent sous l’influence de leurs préjugés et de leurs passions : ils se forment ainsi un plan de vie, qui peut paraître bon à l’homme naturel, mais qui ne soutient pas le regard perçant de Celui qui sonde toutes choses et qui démêle les secrets des coeurs. Quelques autres adressent la question à l’Évangile, mais avec le secret désir d’y trouver la confirmation de leurs propres idées ; et quand la Parole sainte les contrarie, et brise par son puissant marteau l’édifice élevé avec complaisance par l’orgueil humain, alors ils s’en vont tout triste et sans avoir le courage de renoncer à leurs vues particulières pour se soumettre à la vérité éternelle. - Ce fut précisément le cas du jeune homme de notre texte.

Expliquons d’abord ce trait de l’Évangile ; indiquons ensuite les leçons qui en découlent pour nous : ce sera tout l’objet de notre instruction aujourd’hui.
O Dieu ! à toi seul appartient de dissiper nos illusions et de nous montrer ce que nous sommes : que ta Parole soit donc pour ceux qui m’écoutent comme le miroir auquel la compare l’Apôtre, et que le pécheur en l’entendant soit forcé de se dire : Tu es de cet homme-là. (2 Sam. XII. 7.) Amen !

I. Quelqu’un s’approcha de Jésus et lui dit : Mon bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? Par la suite de ce récit, nous voyons que celui qui vint ainsi à Jésus, était un jeune homme, et St. Luc en rapportant le même trait nous apprend que c’était un des principaux du lieu. Il s’approcha de Jésus : St. Marc dit qu’il accourut et se mit à genoux devant le Sauveur, ce qui semblait indiquer chez lui un grand désir d’entendre les leçons du Fils de Dieu et une disposition à se soumettre entièrement aux directions qu’il allait recevoir. - Mais écoutons son langage : Mon bon Maître, dit-il, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? Ici nous commençons à entrevoir un peu le Pharisien. Les Docteurs de cette classe se faisaient donner le titre de Maître, et ils permettaient même qu’on y ajoutât celui de Bon ; cela flattait leur orgueil qui était le trait saillant de leur caractère. Ils faisaient toutes leurs actions, nous dit l’Évangile, afin d’être vus des hommes ; ils aimaient à avoir les premières places dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues ; à être salués dans les places publiques et à être appelés par les hommes, maître, maître (Matth. XXIII. 5. 6. 7.).

Il paraît que le jeune homme s’imaginait que Jésus avait des principes semblables à ceux des Pharisiens, et c’est pour cela qu’il s’adresse à lui avec la formule ordinaire : Mon bon Maître. - Ce trait nous en rappelle un autre rapporté au livre des Actes, celui du geôlier qui se jeta tout tremblant aux pieds de Paul et de Silas, et qui leur dit : Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? (Act. XVI. 29. 30.) Malgré la ressemblance apparente de ces deux traits, ils diffèrent entre eux d’une manière essentielle ; car d’abord le jeune homme n’avait pas le tremblement qui indiquait chez le geôlier une âme effrayée de son état de péché ; ensuite le jeune homme dit proprement : Quel bien (1) faut-il que je fasse pour avoir la vie éternelle ? Ce qui nous découvre encore mieux le Pharisien ou le Juste du monde. - Les Pharisiens d’alors enseignaient comme ceux de nos jours, que l’homme peut mériter la vie éternelle par sa conduite régulière et par sa justice, et ils pensaient l’obtenir eux-mêmes à ce titre : cependant comme leurs consciences leur reprochaient beaucoup de fautes et que cela les inquiétaient, ils avaient imaginé de réduire l’observation de la Loi à des formes décentes et honnêtes, à certaines oeuvres extérieures qui dispensaient (suivant eux) de la purification du coeur.

Le jeune homme du texte semble avoir eu des idées pareilles : il pensait avoir déjà fait beaucoup de bien et il vient demander à J. C. quel bien il doit faire encore pour assurer ses droits au céleste héritage ! Il s’attendait peut-être à ce que le Seigneur lui indiquerait quelque nouvelle purification extérieur, ou quelque oeuvre de sainteté dont les autres Docteurs n’avaient pas parlé; qu’alors ils deviendraient parfait comme il désirait de l’être.
Comme le grand mal de ce jeune homme, était la bonne opinion qu’il avait de lui-même, il fallait avant tout la lui ôter, sans cela l’Évangile ne pouvait pas arriver jusqu’à son coeur. Un médecin perdait son temps et son art auprès d’un malade qui se croyant encore en santé, ne voudrait rien faire pour se guérir. La première chose à faire auprès d’un tel homme serait de lui rendre sensible le fâcheux état où il se trouve : et c’est aussi ce que Jésus tâcha de faire à l’égard de celui qui le consultait. Pourquoi m’appelles-tu bon ? lui dit-il d’abord, il n’y a qu’un seul bon, c’est Dieu. Christ apprenait par-là à ce nouveau disciple, que nul homme n’a droit d’être appelé bon et que quiconque s’attribue ce titre, c’est un orgueilleux qui ne se connaît pas lui-même. Cette seule réflexion aurait dû suffire pour confondre toutes les idées de propre-justice du jeune homme.

- Mais, à ce premier moyen de conviction, le Sauveur voulut en ajouter un autre, et comme le jeune Pharisien lui avait demandé : Quel bien dois-je faire ? il répondit directement à sa question, en lui indiquant toute la Loi. Si tu veux entrer dans la vie, garde les Commandements. - Quels ? reprit le jeune homme. - Tu ne tueras point, tu ne commettras point adultère, tu ne déroberas point, tu ne diras point de faux témoignage, honore ton père et ta mère, et tu aimeras ton prochain comme toi-même. - Le jeune homme lui dit : J’ai observé toutes ces choses-là dès ma jeunesse. Ici sa propre-justice parait toute entière. Suivant les idées des Pharisiens, il s’était habitué à ne voir dans la Loi que la lettre et à croire qu’elle ne réglait que les actions, tandis qu’elle doit régler aussi les paroles et les secrets mouvements de l’âme; et c’est cette erreur qui était devenue l’appui de son orgueil. Il se croit donc irréprochable et dit : j’ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse. - Mais s’il était dans l’erreur sur le sens de quelques-uns de ces commandements, il ne devait pas du moins ignorer le sens du dernier, tu aimeras ton prochain comme toi-même. “Quoi !” aurait-on peu lui dire, “quoi ! jeune homme, tu aurais aimé ton prochain comme toi-même ! Ce commandement n’ébranlerait pas quelque fibre secrète de ta conscience ! tu aurais aimé tous ceux que la Providence t’ordonne d’aimer! Ah ! s’il en est ainsi, tu es un prodige nouveau parmi les mortels ; car tous, tous sans exception doivent se reconnaître transgresseurs devant cette loi capitale.

- Mais non ; La vérité est que tu ignores ta misère et que les préjugés et l’orgueil t’ont voilé ce qui se passe dans ton coeur. Puisque tu es encore si étranger à toi-même que d’oser dire : que me manque-t-il encore ? Jésus va te confondre par un commandement qui te fera toucher comme au doigt la plus grande de tes plaies. ” Si tu veux être parfait, dit le Seigneur, vends ce que tu as et le donne aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; après cela, viens et suis-moi.
Cet ordre était rigoureux sans doute, mais il était particulièrement approprié aux circonstances du jeune homme, qui avait complaisamment attaché son coeur aux grands biens qu’il possédait ; c’était là son endroit le plus sensible et rien ne pouvait mieux le signaler que ce commandement du Sauveur. - L’ordre était d’ailleurs positif ; et qui est-ce qui le donnait ? c’était le Maître, le Docteur venu du ciel, celui qui parlait de la part de Dieu et à qui on ne pouvait résister sans rébellion. Vends tout ce que tu as et le donne aux pauvres ! - Quel coup foudroyant pour ce riche qui se croyait si près du royaume des cieux ! Il faut qu’il renonce à toutes ses espérances pour le monde à venir, ou aux jouissances si douces pour le monde présent ; il faut sacrifier l’éternité et ses trésors sans prix, ou se séparer de ces biens qu’il est si difficile d’amasser, si commode de conserver, si dur de perdre ! - point de milieu, il faut opter : la pauvreté et la bénédiction d’en haut, ou la richesse avec une réprobation effrayante.

Quelle lutte cruelle ! - Encore s’il ne s’agissait que de vivre d’une manière plus simple et plus modeste, il pourrait s’y résoudre ; mais porter la croix, partager les opprobres du Maître, souffrir la persécution, le péril, l’épée ! Le renoncement au dehors, le renoncement au dedans ! Ah ! c’était trop pour ce riche du monde ; il succomba : il s’en alla tout triste, dit l’Évangile, car il avait de grands biens.
C’était sans doute la tristesse selon le monde qui affligeait son coeur, le regret de n’avoir pu allier les deux maîtres incompatibles : cependant nous ne pouvons pas dire si cette tristesse ne devin pas plus tard la tristesse selon Dieu qui conduit au salut. Un grand point était obtenu ; le jeune homme était désabusé de ses rêves de propre-justice ; il était obligé désormais de se reconnaître pécheur puisqu’il avait résisté en face au commandement de l’Envoyé céleste ; cette idée dut le poursuivre sans relâche, et sa conscience, une fois réveillée dut parler hautement. D’ailleurs, St. Marc nous dit que Jésus l’aima (Marc X. 21.) et cet amour du Rédempteur l’amena sans doute plus tard à la pleine connaissance de la voie du salut.
Arrêtons-nous maintenant aux leçons qui découlent pour nous de ce récit de l’Évangile.

II. Rappelons ici, M. C. F., que depuis l’origine du monde, Dieu a traité deux alliances avec les hommes ; l’alliance des oeuvres et l’alliance de la grâce.
L’alliance des oeuvres fut traitée avec Adam encore innocent : comme il était alors capable de faire toute la volonté du Seigneur, et de lui obéir d’une manière absolue et complète, la persévérance dans la fidélité fut la condition à laquelle Dieu attacha la continuation du son bonheur ; il en était de lui à cet égard, comme des anges, qui sont maintenus dans leur félicité glorieuse par leur attachement et leur obéissance au Créateur. - Mais quand l’homme eut perdu sa première innocence, et se fut rendu esclave du péché, une nouvelle dispensation devint nécessaire. Si Dieu eût abandonné sa créature déchue, aux conséquences terribles de la loi des oeuvres, sans ouvrir un chemin de salut, c’en était fait d’Adam et de sa postérité toute entière, qui serait demeurée à jamais sous le poids de la malédiction. Aussi, l’Éternel dans ses grandes compassions envers nous, daigna traiter alors avec notre premier père, l’alliance de miséricorde, en annonçant que la semence de la femme écraserait la tête du serpent, (Gen III. 15.) et cette semence était Christ, qui, dans l’accomplissement des temps, devait venir chercher et sauver ce qui était perdu, (Luc XIX. 10.) et détruire le règne du Diable. Depuis le moment de sa chute, l’homme fut donc absolument incapable d’obtenir le salut par ses oeuvres, il ne put l’obtenir que par grâce, par la foi au Libérateur qui devait venir. Mais, comme le coeur est trompeur et désespérément malin, (Jér. XVII. 9.) les descendants d’Adam oublièrent bientôt leur état de dégradation toujours croissante, et ce fut pour la leur rappeler d’une manière vivante et forte, que l’Éternel donna la Loi par le ministère de Moïse. Elle fut ajoutée, dit St. Paul, à cause des transgressions ; (Gal. III. 19.) et rien n’est plus puissant pour nous les manifester que cette Loi redoutable et sainte.

Là nous apprenons à nous connaître, là nous voyons avec évidence que nous sommes de pauvres et misérables pécheurs, mille fois condamnés par la justice et n’ayant de refuge que dans le sein de la miséricorde : et c’est après avoir considéré attentivement cette règle inflexible de la volonté souveraine, que, pénétrés de notre misère spirituelle, nous nous tournons du côté de Jésus-Christ pour obtenir par lui le salut. La Loi, dit encore St. Paul, a été un conducteur pour nous mener à Christ. (Gal. III. 24.) Ce serait donc tout-à-fait méconnaître le dessein de Dieu à l’égard de la Loi, que de vouloir en faire pour nous un fondement de justification, puisqu’elle doit servir au contraire à nous condamner, en nous montrant nos désobéissances multipliées. Cependant beaucoup de gens parmi nous, semblables aux Pharisiens d’autrefois, s’appuient sur leur prétendue observation de la Loi, pour justifier leur sécurité et pour méconnaître le besoin d’un salut entièrement gratuit. C’est avec ces personnes, qu’il faudrait en agir comme Jésus-Christ le fit avec le jeune homme du texte ; il le mit sous la Loi : essayons donc de montrer à ces personnes comment la Loi doit inévitablement les condamner.

Vous savez les commandements : Tu ne tueras point, tu ne commettras point d’adultère, tu ne déroberas point, tu ne diras point de faux témoignage, honore ton père et ta mère, et tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Tu ne tueras point. Non, sans doute, vous n’avez pas tué ; vous n’êtes pas descendu jusque-là dans l’abîme de la révolte : mais n’avez-vous jamais maltraité quelqu’un de vos frères ? Ne l’avez-vous jamais outragé par des paroles violentes ? Votre coeur a-t-il toujours été exempt de colère, d’animosité et de haine ? La Loi défend toutes ces choses : quiconque hait son frère est un homicide, dit un Apôtre ; (I Jean. III. 15.) êtes-vous innocent ?

Tu ne commettras point d’adultère. Non, j’aime à le croire du moins, il n’est personne dans cette enceinte, qui ait commis cet affreux péché ; mais est-ce assez pour être pur devant la Loi et devant celui qui l’a donnée ? Consciences ! recueillez-vous, rappelez vos souvenirs, soyez sincères devant Dieu et parlez ; êtes-vous sans reproches ? - Oui, pensez-y, M. C. F., d’autres crimes d’impureté vous sont-ils inconnus ? votre coeur ne les a-t-il jamais conçus ? votre bouche n’en a-t-elle jamais été souillée ? n’en êtes-vous jamais venus à l’exécution ? - Voiles ténébreux ! demeurez, je ne veux pas vous soulevez davantage ; je ne veux pas trop montrer l’homme à lui-même ; j’en ai assez dit pour le condamner sur ce point.

Tu ne déroberas point. Ici je veux encore pleinement vous accorder que vous n’avez jamais directement et ouvertement ravi le bien d’autrui. Mais il y a beaucoup de manières indirectes de lui faire tort, et ne les avez-vous jamais employées ? Pensez-y bien. Il y a tant de malversations couvertes dans les affaires ; il y a tant de fraudes qui échappent aux yeux du public et qui n’en sont pas moins réelles ; il y a tant de tromperies dans les ventes, dans les achats, dans les indications que l’on donne, dans la manière dont on tient ce qu’on a promis : à tous ces égards, seriez-vous sans reproche ? - Je ne veux rien décider ; mais je ferai seulement la réflexion qu’en aucun temps peut-être, il n’y a eu autant de plaintes sur la mauvaise foi des gens, que chacun en son particulier convient qu’on ne saurait prendre assez de précautions pour ne pas en être la victime, et que la multitude des faits notoires donne beaucoup à réfléchir sur ce qui reste encore caché.

Tu ne diras point de faux témoignage. Quel serait, dans cet auditoire, l’homme au front d’airain, qui étouffant la voix de sa conscience, pourrait se lever à la face de tous et dire : “Je n’ai jamais péché contre ce commandement ?” - Jamais péché contre ce commandement ! Jamais dit ce mensonge publiquement ou en secret !

Jamais fait tort au prochain en portant sur lui un faux jugement, ou en attaquant sa réputation d’une manière légère ! Jamais répété de nouvelles sur son compte sans savoir si elles étaient fondées ! Jamais voilé ou altéré la vérité par calcul ou par malice ! Jamais ! - Quoi ! oserait le dire, juste du monde ! quand les âmes les plus pieuses et les plus vigilantes, ont elles-mêmes à se reprocher de semblables transgressions de la Loi ?

Honore ton père et ta mère. Il en est sans doute plusieurs au milieu de nous, qui ont à coeur d’observer ce commandement, et qui y réussissent jusqu’à un certain point par la grâce de Dieu qui agit en eux. Mais si nous pouvions appeler ici en témoignage les pères et les mères de quelques-uns, que de tristes dépositions seraient entendues au pied de cet autel ! combien n’en est-il pas, qui le corps courbé sous le poids des années, la douleur peinte sur le visage, viendraient dire en pleurant ! “Hélas ! depuis que je suis vieux, il semble que je ne suis plus bon à rien dans ce monde et qu’on ne m’y souffre qu’avec peine ; on me délaisse, on ne fait plus attention à moi : si je veux dire un mot, on me répond d’une manière pénible ; si je veux faire quelque représentation, elle est reçue avec froideur ou impatience : ah ! il faut que je me hâte de mourir, puisque j’ai perdu le coeur de mes enfants. ” - Et si nous pouvions encore évoquer ceux qui ne sont plus; si nous pouvions rappeler du fond de leurs tombeaux les pères et les mères qui y sont descendu dès longtemps et qui y reposent; si leurs cendres pouvaient se ranimer ; s’ils pouvaient paraître au milieu de cette assemblée, escortés de tous leurs souvenirs, et pour remettre devant nos yeux les torts dont nous nous sommes rendus coupables à leur égard : si ces êtres qui nous ont quittés venaient nous parler de toutes ces choses, non point avec le ton des petites passions de la terre, mais avec le calme et la solennité que donne la lumière éternelle qui éclaire maintenant leurs âmes : Grand Dieu ! quels coups ils frapperaient à nos consciences ! Que d’actes funestes ils viendraient révéler !

Que de sujets de plaintes et de regrets sortiraient du fond de leurs cercueils pour jeter l’effroi dans nos coeurs ! que de torts oubliés, que de devoirs négligés seraient retracés avec douleur à notre mémoire ! Ah ! dans cette scène de deuil, dans ce procès lugubre et terrible entre nous et les ombres des morts, quel est celui qui, troublé, éperdu, ne fléchirait pas les genoux et ne se tournerait pas vers le trône de la miséricorde, en s’écriant dans l’angoisse de son âme? “Éternel ! n’entre point en compte et en jugement avec nous ; nous avons péché, nous avons transgressé ta Loi ! Seigneur aie pitié, Seigneur pardonne !”
Et si après avoir examiné les devoirs des enfants envers leurs père et mère, nous voulions examiner les devoirs de ceux-ci envers leurs enfants, que de nouveaux titre d’accusation seraient produits au Tribunal du Maître ! - Que d’exemples funestes dans les familles !

Que de pères autorisent le vice chez leurs enfants, par leurs propres désordres ! Que de mères, au lieu de cultiver la simplicité et la piété dans leurs filles, ne les forment qu’à la vanité et à l’amour du monde ! Que de médisances, de jurements, de propos imprudents font passer le poison dans des coeurs déjà si disposés au mal ! Que de négligences pour l’ordre religieux de l’intérieur des ménages ! - Ce sont là de tristes plaies ; on ne peut les nier ; elles frappent de toutes parts ; et tandis que je les signale, bien des consciences doivent se troubler et élever leurs voix.

Cependant, M. C. F., nous ne vous avons parlé jusqu’ici, que de quelques-uns des devoirs de la seconde table de la Loi, sans rien dire de ceux de la première, qui sont encore beaucoup plus généralement négligés ; nous ne vous avons pas parlé non plus du commandement qui nous prescrit d’aimer Dieu, lequel suffirait à lui seul pour nous condamner tous ; nous ne vous avons pas examinés sur la Loi de l’amour du prochain, laquelle peut-être pas un de ceux qui m’écoutent n’a observé à aucune époque de sa vie, d’une manière supportable.
Maintenant, prenez-y garde, ô vous qui penseriez vous justifier devant la Loi ! une malédiction est prononcée, de par l’Éternel, contre ceux qui ne l’auront pas observée dans tous ses points. Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au Livre de la Loi pour les faire. (Gal. III. 10.)

Et St. Jaques nous déclare, que celui qui viole la Loi en un seul point, est coupable comme s’il les avait tous violés. (Jaques II. 10.) Ainsi, comme l’affirme St. Paul, ce que dit la Loi, elle le dit à ceux qui sont sous la Loi, afin que tous aient la bouche fermée et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu. C’est pourquoi, personne ne sera justifié devant lui par les oeuvres de la Loi, car c’est la Loi qui donne la connaissance du péché. (Rom. III. 19. 20.) - Vous voyez donc, M. C. F., que la Loi n’est nullement un refuge pour nous ; tout ce qu’elle dit, doit au contraire nous faire trembler et nous manifester notre état de condamnation. Vouloir se faire illusion à cet égard, c’est se tromper de la manière la plus grossière sur le sens et la tendance de l’Évangile et oublier ce qu’une longue expérience de notre faiblesse devrait nous rappeler à toute heure ; c’est vouloir adapter à l’homme dégradé, le même plan que Dieu avait formé pour l’homme encore dans l’innocence.
Maintenant donc, quelle sera notre espérance et notre refuge ? Comment échapperons-nous à cette Loi terrible qui nous menace de son glaive ? Qui nous protégera contre la colère à venir et ses flammes dévorantes ? - Parais Agneau de Dieu qui ôtes les péchés du monde ! (Jean I. 29.) Viens rassurer nos coeurs éperdus, viens nous montrer le chemin qui conduit au Père, toi seul nous donneras la paix. Maintenant, dit encore l’Apôtre, la justice de Dieu a été manifestée, la Justice, dis-je, de Dieu, qui est par la foi en Jésus-Christ en tous ceux et sur tous ceux qui croient : car il n’y a point de distinction, puisque tous ont péché et sont déchus de la gloire de Dieu ; et qu’ils sont justifiés gratuitement, par sa grâce, par la rédemption qui est en Jésus-Christ. Où est donc le sujet de se glorifier ? il est exclus : par quelle Loi ? est-ce par la Loi des oeuvres ? non ; c’est par la Loi de la Foi. Nous concluons donc que l’homme est justifié par la Foi, sans les oeuvres de la Loi. (Rom III. 21. 22. 23. 26. 27.)

Mais comprenez-le bien, M. C. F., ce n’est pas pour nous laisser dans nos souillures que Dieu nous a donné l’Évangile de grâce, ce n’est pas pour autoriser la rébellion qu’il pardonne, Christ n’est pas ministre du péché (Gal. II. 17.), et son peuple doit être un peuple saint et zélé pour les bonnes oeuvres ; (Tite II. 14.) si donc notre foi au Rédempteur est sincère, elle se manifestera par un dévouement actif à son service, par le renoncement au monde et par les autres sacrifices que le Seigneur demande de ceux qui lui appartiennent. - Jugez par-là si vous avez vraiment une foi vivante, ô vous qui faites profession de croire au Fils de Dieu, et apprenez à vous connaître par les fruits que vous portez.
Je ne vous demanderai pas si vous auriez supporté l’épreuve à laquelle Jésus soumit le jeune homme de notre texte, quand il lui dit : Vends tout ce que tu as et le donne aux pauvres.

Un tel sacrifice n’est imposé aux Chrétiens que dans des cas extraordinaires, et alors Dieu donne à ses serviteurs un courage proportionné à la gravité des circonstances. Mais je vous demanderai, si vous faites avec joie les sacrifices auxquels les fidèles sont appelés dans tous les temps ? - Des biens, par exemple, vous ont été confiés par le Seigneur ; en usez-vous selon sa volonté, ou selon votre caprice et vos vues charnelles ? En faites-vous une part suffisante pour le nécessiteux qui implore votre secours et pour celui qui, honteux de sa misère, n’ose pas avouer ses besoins ? En faites-vous une part pour procurer à vos frères des moyens d’édification, pour leur mettre entre les mains la Parole de vie, destinée à réveiller leur âme et à les conduire à Jésus-Christ ? En faites-vous une part pour assister d’une manière digne de Dieu, dans leurs voyages, ceux qui se sont mis en chemin pour son nom et pour annoncer le salut aux Gentils ? ( 3. Jean 6. 7.) - Vous êtes environnés ici-bas, d’un monde plongé dans le mal ; en êtes-vous séparés par vos sentiments et par vos habitudes ? Trouvez-vous plus de douceur à vivre au sein de vos familles pour y servir Dieu et y remplir vos autres devoirs, qu’à courir avec la foule après une dissipation qui étourdit l’homme sur son état et sur sa misère spirituelle ? - Employez-vous le Dimanche comme on doit employer le jour du Seigneur ? Le passez-vous dans le recueillement et dans la paix de Dieu, ou bien, après avoir assisté au culte public, croyez-vous n’avoir rien de mieux à faire qu’à vous divertir, comme tant d’autres ? -

Lorsque le monde verse ses mépris sur les serviteurs de Dieu, renoncez-vous sans regret à l’estime de ce monde frivole, pour vivre selon Christ et pour confesser ouvertement son nom ? - Lorsque dans vos habitudes, vous apercevez quelque chose de coupable, vous sentez-vous pressés d’en faire le sacrifice, afin de demeurer dans la fidélité que vous devez à celui dont le nom est invoqué sur vous ? - Que dirai-je encore ? Avez-vous renoncé à toute idée d’orgueil ou de mérite propre, pour donner gloire en toutes choses à votre Dieu et pour reconnaître avec actions de grâces, que c’est lui qui commence et qui achève l’oeuvre du salut chez les siens ? - Éprouvez-vous, M. F., sur ces questions que nous adressons à vos consciences, et voyez par-là, si en faisant profession d’être à Christ, votre vie montre que vous lui appartenez ; si en lui disant mon bon Maître, votre coeur lui est effectivement soumis.
Hélas ! tout me porte à croire, que si vous essayez ainsi d’apprécier votre foi par ses fruits, la plupart d’entre vous auront sujet de rentrer dans leurs demeures, tristes et abattus des réflexions qu’ils auront faites, et du manque de vie qu’ils auront découvert dans leurs coeurs. - Alors, nous prierons le Père des miséricordes, que cette tristesse ne soit pas inutile pour le salut de leurs âmes. Amen !



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(1) c’est ce que porte l’original, et la version de Martin y est conforme.

 

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