Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



SERMONS



SERMON II
SUR LA CONDUITE DES HOMMES A L’ÉGARD DE LA VÉRITÉ.

Et Pilate lui dit : Qu’est-ce que la vérité ? Et quand il eut dit cela, il sortit...
Jean XVIII. 38.

Le premier besoin de tout homme qui réfléchit, est de connaître la vérité. Elle est le but de tous nos raisonnements, la plus noble conquête de notre intelligence, l’aliment destiné par le Créateur à nourrir nos âmes. Mais si toute vérité a droit de nous intéresser, il en est une pourtant qui doit fixer avant tout nos regards et qu’il nous est d’une absolue nécessité de connaître, c’est la vérité religieuse.
Nous ne sommes pas nés au hasard ; Dieu s’est proposé un but en nous donnant la vie ; sommes-nous sur le chemin qui y conduit ? - Voilà ce qu’il nous importe essentiellement de savoir, ce qu’il nous est urgent d’éclaircir ; voilà le point sur lequel il faut chercher tout premièrement la vérité, puisque de là dépend la destinée de notre âme.
Telle est, M. F., la manière de voir droite et raisonnable : - Est-ce la nôtre ? La cherchons-nous, cette vérité, à proportion de son importance ? Au milieu de toutes nos allées et de toutes nos venues, nous donnons-nous surtout du mouvement pour parvenir à connaître notre état moral tel qu’il est ?

Entraînés rapidement vers la fin de notre existence terrestre, sommes-nous sortis de notre étourdissement et de notre sommeil pour savoir si un asile nous est assuré dans notre éternelle Patrie ?
Oh ! que l’homme est aveugle et inconséquent ! comme il est oublieux de sa destinée et de son vrai bonheur ! Il peut s’occuper avec patience et persévérance des moindres minuties de la vie, et il sait à peine trouver quelques moments pour s’occuper de la grande question.
J’ai cru voir, M. F., l’image d’un grand nombre d’entre vous dans ce que notre texte nous rapporte touchant Pilate. Ce magistrat coupable avait auprès de lui le Sauveur, le Fils Éternel que Dieu avait envoyé dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, (Jean XVIII. 37.) et pour la faire connaître aux hommes : Pilate apprend que c’est là le grand but de la mission de Jésus-Christ ; sur cela il lui demande en passant quelle est cette vérité qu’il est venu annoncer à la terre, puis sans attendre la réponse, il sort pour aller s’occuper d’autres objets.
Cette conduite indique dans Pilate,
Ou le mépris de la vérité,
Ou beaucoup de mollesse et d’inconséquence dans la manière de la chercher,
Ou la peur de la vérité.

Il devient par-là, le type de trois espèces de personnes qu’il est facile de remarquer parmi nous et que nous caractériserons successivement.
Et veuille le Dieu de vérité, que cette médiation soit pour nous, une source de retours sérieux sur nous-mêmes et de résolutions salutaires, par Jésus-Christ notre Seigneur ! Amen.

I. Supposons, M. F., un homme jeté pour ses crimes dans une prison obscure, en attendant le moment où il doit paraître devant le Tribunal qui décidera de son sort. Durant cette captivité, il semble assez naturel qu’il s’occupe de l’examen qu’il va bientôt subir et des moyens qu’il a, de fléchir son Juge et d’éviter le supplice. Mais loin d’en agir ainsi, il ne cherche qu’à s’étourdir, à se distraire avec ses compagnons et à chasser l’idée importune du danger dans lequel il se trouve. Il finit par oublier, qu’il est dans une prison, qu’il est coupable et qu’il a des moyens d’obtenir grâce. Le temps de sa captivité expire, les portes funestes s’ouvrent et le criminel produit tout-à-coup au grand jour, est appelé pour entendre son arrêt. - Jugez, M. F., de son désespoir ; il apprend que sa grâce était obtenue, mais que faute de s’être humilié dans le sentiment de ses crimes et d’avoir recouru à la miséricorde dont on voulait user envers lui, il est demeuré sous la condamnation et n’a plus rien à attendre que la mort.

M. F. ! bien des gens parmi nous sont aussi imprudents que ce malheureux criminel. Nous sommes tous condamnés pour nos fautes, et au Tribunal de la Justice nous n’avons à attendre qu’une sentence de perdition.

Dieu nous retient dans cette prison : - Pourquoi ? - Pour que nous apprenions à connaître et à sentir combien nous sommes coupables devant lui, et que nous voyant sans ressource quelconque, du côté de nous-mêmes, nous allions à son Fils Jésus, qui nous offre pardon et miséricorde, qui a satisfait à tout, qui a tout accompli, qui a porté tous nos péchés sur sa croix et qui nous a rouvert le chemin des cieux. Sentir jusqu’au fond notre misère et le besoin que nous avons de nous attacher uniquement à ce Sauveur, c’est connaître la vérité sur laquelle repose tout l’Évangile, et c’est la connaissance vivante de cette vérité qui devient pour nous la base de notre salut et de la régénération de notre âme.

Maintenant, M. F., si je porte mes regards sur le peuple qui m’environne, j’y vois une foule de gens qui témoignent la plus grande indifférence pour cette vérité de laquelle dépend leur éternelle destinée. Criminels enfermés dans cette vallée obscure en attendant le grand jour des rétributions, ils ne s’embarrassent seulement pas de savoir s’ils sont réellement coupables et s’ils ont quelque danger à courir. Ils vont, ils viennent, ils mangent, ils boivent, ils s’occupent de leurs affaires temporelles, de leur fortune, de leur prospérité ou des moyens d’y parvenir ; ils forment des projets pour le jour, pour le lendemain ; ils se donnent beaucoup de peine pour s’environner de distractions, de plaisirs, de choses agréables ; ils s’applaudissent eux-mêmes, quand ils sont parvenus à s’étourdir et à chasser l’ennui ; tout entiers absorbés par les choses présentes, ils semblent ne rien voir au-delà. - Parlez-leur de la misère de l’homme, de sa profonde corruption, de cette multitude de fautes qui, commises chaque jour et s’accumulant chaque jour, forment comme une montagne terrible qui doit les séparer à jamais de Dieu ; parlez-leur de la nécessité de réfléchir sérieusement sur leurs voies, d’ouvrir les yeux à la vérité et d’aller chercher un refuge pendant qu’il en est temps encore : ils vous écouteront peut-être, mais comme ils vous écouteraient sur le sujet le plus insignifiant et qui les toucherait le moins. - Si nous pouvions les suivre dans l’intérieur de leurs maisons, nous ne les verrions pas réfléchir d’avantage ; ils y rentrent fatigués du mouvement extérieur, ils y rentrent pour chercher du repos et non pas pour se replier sur eux-mêmes : “Cela est trop fatiguant, ” disent-ils, “cela noircit l’esprit et l’on se rendrait malheureux si l’on voulait s’appesantir sur ces choses. ”

Cependant ils viennent quelquefois dans nos temples et il semble que leur présence dans cette enceinte annoncerait le désir de connaître la vérité ; mais ils y viennent pour satisfaire à une sorte de décence, par habitude et non point avec un désir vrai de s’éclairer sur la grande affaire du salut.
Voilà toute une classe d’hommes, qui, s’ils disent parfois : qu’est-ce que la vérité ? ne le demandent qu’avec dédain et sans se soucier aucunement de la connaître.

Elle est à côté d’eux et à leur portée ; il n’est pas nécessaire de monter aux Cieux, ni de passer au-delà des mers pour la trouver ; non, elle est fort proche (Deut. XXX. 12. 13. 14.) : il suffit de vouloir réfléchir sérieusement, de se recueillir, de s’examiner devant le Seigneur, avec sa sainte Loi pour flambeau ; il suffit de désirer sincèrement de voir les choses comme elles sont, et comme nous les faisons voir l’Esprit de Dieu en dissipant toutes les misérables illusions qui sans cesse nous abusent. Mais il est des gens qui pour être éclairés, ne sauraient faire un pas, ne consentiraient pas à faire le sacrifice de quelques heures de leur vie ; ils se moquent de la vérité, ils veulent obéir jusqu’à la fin à leurs passions et à leurs caprices, et ils se couvrent la tête d’un voile épais, pour ne pas voir le chemin sur lequel ils marchent et l’issue terrible à laquelle il aboutit.
Grand Dieu ! voilà donc l’usage que tant de gens font des secours que tu leur donnes dans ta miséricorde ? Voilà donc le fuit de toutes ces grâces, de tous ces soins paternels et tendres, dont ta Providence nous environne pour nous conduire à la bienheureuse paix de tes enfants ? - O mortels insouciants et insensibles ! vous qui tournez à votre ruine ce qui vous avait été donné pour votre salut ! vous qui méprisez la vérité et celui qui est venu pour la révéler à vos âmes ! pensez-y encore une fois ; cette vérité éternelle, et tous vos efforts ne sauraient l’anéantir ; vous pouvez, il est vrai, la dédaigner, mais non pas la changer.

Puisque vous ne voulez pas savoir ici-bas que vous êtes misérables, pauvres, aveugles et nus, (Apoc. III. 17.) dans un état de condamnation et de malédiction ; vous le saurez au-delà du tombeau, et il sera trop tard. - Vous entendrez alors le mugissement de la tempête, et la croix de Christ ne vous offrira plus un asile ; vous verrez votre nudité, et le manteau de Justice et de salut (Esaïe LXI. 10.) ne sera plus là pour vous couvrir ; vous verrez votre souillure, et le sang que vous foulez maintenant aux pieds ne sera plus là pour vous purifier, et votre honte sera éternelle. - Mon Dieu ! tant d’indifférence me fait trembler ; je n’ose penser au résultat d’un oubli si funeste ; le souvenir des déclarations solennelles de ta Parole, me remplit d’angoisse et de frayeur. Seigneur ! touche toi-même ces ingrats qui t’oublient, et qu’ils partagent nos transes sur leur sort !

II. Il en est d’autres parmi nous, M. F., qui cherchent, il est vrai, la vérité ; mais avec tant de mollesse et avec si peu de suite, qu’ils n’y arrivent jamais. Ils peuvent dire de temps en temps comme Pilate, qu’est-ce que la vérité ? mais tout en faisant cette question, ils se laissent distraire par le premier objet qui se présente, et s’occupent bientôt d’autre chose. Ici, M. F., je crains bien de pouvoir m’adresser directement à un grand nombre de ceux qui m’écoutent, et de trouver tout autour de moi des exemples de ce que j’avance.

Je parle à des gens qui reconnaissent en général la nécessité de faire intervenir la religion dans les affaires de la vie et de ne pas aller au-devant du gouffre sans savoir si l’on a un moyen de salut. Cependant, mes chers auditeurs ! si l’on sent vaguement le besoin de connaître la vérité sur ce point : se donne-t-on suffisamment de peine pour l’atteindre ? Dites-le nous de bonne foi.
Vous venez, par exemple, assez régulièrement dans ce saint lieu avec l’intention d’y chercher des impressions salutaires et des directions sur les choses qui tiennent à votre paix. Votre coeur agité d’une sorte d’inquiétude, mécontent de lui-même, crie peut-être en secret “Qu’est-ce que la vérité ? où est-elle, pour que je la connaisse ?” Les ministres de Christ vous répondent de la part de leur Maître ; “Rentrez en vous-même, recueillez-vous dans la solitude, sondez vos consciences, ne craignez pas de connaître votre misère, demandez à Dieu avec ardeur et persévérance de vous la faire connaître jusqu’au fond et de vous conduire lui-même par son Esprit, à celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie (Jean XIV. 6.)” Ce plan n’est pas bien difficile à suivre ; il s’agit seulement d’aller à Dieu avec simplicité, avec le désir d’être enseigné de lui (Jean VI. 45.) et de se voir tel que l’on est.
Vous sortez de ce temple ; vous en sortez peut-être avec quelque émotion, quelque lueur de repentance, vous rentrez dans vos demeures, quelques moments se passent, tout est oublié ; c’est comme si vous n’aviez rien entendu : la voie vous a été ouverte pour connaître votre état devant Dieu, mais comme Pilate, vous vous détournez pour allez vous occuper de toute autre chose.
Je ne dis pas que vous ne fassiez de temps en temps chez vous, une prière, une bonne lecture. Mais est-ce que vous les faites avec la soif de la vérité, avec un parti bien pris de tout faire pour y arriver ? Hélas ! ne les faites-vous pas le plus souvent pour la forme, pour l’acquit de votre conscience, pour ne pas être chargés de la terrible idée, que vous vivez sans Dieu dans ce monde ? Apportez-vous dans ces actes autre chose que de la mollesse et de la tiédeur ; ou bien, est-ce qu’un mouvement secret et irrésistible qui vous pousse à résoudre la grande question, “Suis-je en état de salut ?”

Ah ! c’est une grande erreur, M. F., de croire que ce soit assez pour être pieux et chrétien, de venir chercher quelquefois des émotions dans ce sanctuaire ; c’est une grande erreur de s’imaginer qu’une fréquentation régulière du culte, quelques lectures faites de loin en loin, quelques prières répétées machinalement, suffisent pour amener une âme à Christ et pour l’enraciner en lui. Cela peut prévenir une dégradation plus grande, mais cela ne fait pas avancer et ne mène pas au but. - Il faut une fois, lorsque le Seigneur nous appelle, nous ébranle par sa Parole et nous fait éprouver quelque inquiétude secrète, quelque mouvement de componction salutaire, prendre un parti vigoureux et décisif, aller à Dieu dans l’amertume de notre âme et lui dire “Seigneur ! déchire toi-même le voile et montre-moi la plaie !”
Alors le rayon de l’Esprit éternel dissipe les ténèbres et révèle la profondeur de l’abîme ; par lui le Seigneur nous fait voir clairement que le mal est attaché à notre être, que nous sommes sous la condamnation, que hors de Jésus il n’y a point de salut pour nous ; la Bible toujours mieux comprise achève d’opérer cette conviction puissante ; il faut bien alors que l’homme s’abatte et que la victoire reste à Christ. Mais si l’on ne prend pas ce parti décisif, alors on reste ce que l’on a toujours été ; on demeure flottant au milieu des mêmes incertitudes ; un jour on est bien disposé, le lendemain, Satan reprend ses droits ; les mêmes chutes, les mêmes faiblesses reviennent périodiquement ; on parle quelquefois du Sauveur, mais on n’est pas attaché véritablement à lui, parce qu’on n’a pas intérieurement le témoignage sensible et assuré de ce qu'on lui doit : en un mot on reste toute la vie un homme demi-religieux, sans marche fixe, sans élan pour les choses spirituelles et invisibles, sans amour véritable dans le coeur, du nombre de ces tièdes que le Fils de Dieu vomira de sa bouche (Apoc. III. 16.).

III. Enfin, M. F., parlons d’une dernière classe de personnes qui agissent un peu comme le Gouverneur Romain ; qui demandent : Qu’est-ce que la vérité ? mais qui en ont peur et qui l’évitent.
Bien des gens, frappés de ce mouvement universel qui annonce le réveil de la piété au milieu de nous, voyant avec étonnement les changements heureux que le Seigneur opère dans son Église, ne peuvent s’empêcher de partager jusqu’à un certain point cette inquiétude générale et de soupçonner qu’eux aussi n’ont pas connu encore toute la vérité. Ils ne peuvent manquer de s’apercevoir que s’ils ont eu jusqu'ici la religion de nom et d’habitude, ils n’ont pas encore la religion vivante et efficace, cette religion du coeur, qui n’est donnée que par le St. Esprit et qui change toute l’existence. Au-delà du cercle étroit, monotone et glacé dans lequel ils ont vécu si longtemps, ils entrevoient une autre sphère plus relevée, pleine de vie et de chaleur, dans laquelle les relations de l’homme avec Dieu sont celles d’un enfant qui sait ce qu’il doit à son Père et qui met son bonheur à l’aimer, une sphère où l’on sait apprécier à leur juste valeur les vanités du monde, et où l’on apprend à les fouler aux pieds pour s’attacher au Rocher éternel et à l’Évangile. Voilà ce que bien des gens ne peuvent s’empêcher d’entrevoir, et il leur est impossible de méconnaître que cette sphère est celle des vrais enfants de Dieu et des rachetés de Jésus-Christ. Cette vue excite un trouble secret, un vague désir de connaître les mêmes choses, d’être dans la même assurance, de participer aux mêmes joies et de vivre ainsi plus près du Seigneur. On demande donc : Qu’est-ce que la vérité ?

Nous répondons, selon l’Évangile, que “cette vérité consiste à reconnaître notre état de péché et de condamnation, à renoncer à tout espoir venant de nous-mêmes, à ne point prétendre mériter quelque chose devant Dieu par nos oeuvres toujours souillées et à nous reposer avec une confiance sans bornes sur le sacrifice et les promesses du Sauveur. Qu’en prenant de la sorte la voie de l’humiliation et de la foi, comme nous l’ordonne l’Évangile, nous commençons aussi à mener une vie nouvelle, à nous soumettre aux commandements du Seigneur et à porter des fruits à sa gloire par l’Esprit de sainteté qu’il communique abondamment à tous ceux qui s’attendent à lui. ” - Cette réponse est affligeante pour l’homme charnel. - S’humilier et se reconnaître sans excuse ! - Cela est dure. - Ne point s’appuyer même sur le peu de bien que l’on croit avoir fait ! - Cela est plus dure encore. On ne peut pas se résoudre à être sauvé par grâce, à recevoir tout de Dieu et à renoncer à tout mérite propre ; l’orgueil humain souffre à l’idée d’un tel abaissement. Puis, le monde a bien des charmes, on tient aux habitudes qu’on y a prises, à la dissipation qu’il nous offre, à l’encens dont il nourrit notre amour-propre ; il serait dur de le quitter. Qu’arrive-t-il donc ? - C’est que, placé entre les deux sphères, celle de l’austère vérité et celle du mensonge flatteur ; on s’arrête, on hésite, on craint d’aller trop en avant ; on voudrait bien obtenir les privilèges, mais ne pas faire les sacrifices ; on ne se sent pas le courage de traverser ce torrent au-delà duquel est plantée la croix ; et après quelques combats, on finit le plus souvent par rester dans les campagnes de Babylone.

Oh ! que nous voudrions, dans cette foule qui nous environne, pouvoir démêler quelqu’un de ces demi-chrétiens, encore tiré des deux côtés et flottant entre le monde et Dieu, pour lui dire : “Prends courage, le Seigneur t’appelle ; ne l’entends-tu pas qu’il te dit : Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité ? ne sors donc pas de sa présence, ne le laisse pas aller, qu’il ne t’ait béni ( Gen. XXXII. 26.) en dissipant les ténèbres qui couvrent ton âme et en te faisant voir son salut. Ne crains pas cette humiliation, par laquelle il te faut passer pour arriver à la paix de Jésus ; l’humiliation devant le Seigneur, le renoncement à tout pour lui, remplissent l’âme d’une joie ineffable ; Jésus adoucit tout par le baume de son amour. Prends courage ; pourquoi regretter les vêtements souillés et les lambeaux qui te couvrent ; va recevoir la robe blanche des mains de ton Sauveur. Et quant aux sacrifices, lorsqu’une fois on aime, ils n’ont rien de dur ni de pénible ; on les fait avec plaisir et avec élan du coeur ; le peuple de Christ est un peuple de franche volonté (Ps. CX. 3.) et non point un peuple d’esclaves ; il a pour agir saintement le plus grand de tous les mobiles, l’Esprit du Fils qui le conduit, et qui le forme à aimer Dieu.

C’est en te mêlant à cette foule de disciples fidèles, que tu trouveras le bonheur réel, cette douce confiance, cette paix profonde, que personne ne donne que Jésus, cette énergie, ce courage qui triomphent de tous les obstacles et qui soutiennent le fidèle jusqu’au terme, où il est enfin couronné. ”
Vous tous à qui Dieu donne un sentiment d’inquiétude secrète ! oui, prenez courage ; écoutez celui qui a dit : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Qui croit en moi, des fleuves d’eau vive découleront de lui, comme dit l’Écriture (Jean VIII. 37. 38.) Allez donc avec confiance auprès de ce Sauveur qui vous appelle et qui veut combler tous vos désirs ; allez à lui, et vous serez véritablement libres (Jean VIII. 32. 36.). Jusque-là vous n’aurez point de paix ; non, point de paix, car quelle paix pourrait-on avoir quand on est sous le joug du péché et exposé à toutes les effroyables conséquences que la Loi de Dieu dénonce contre le péché ! Ah ! si, troublés et angoissés par le sentiment de vos fautes multipliées, épouvantés d’un avenir qui est encore pour vous sans espoir, vous vous sentiez enfin pressés de crier à Jésus, comme l’aveugle de l’Évangile : Seigneur Fils de David, aie pitié de moi ! (Marc X. 47.) il ne vous abandonnerait pas dans votre détresse ; mais levant le voile qui jusqu’ici est demeuré sur votre coeur, il vous montrerait comme dans une vision céleste cette croix, sur laquelle il a porté pour vous l’opprobre et la malédiction ; et à la vue de ses plaies sanglantes, il vous semblerait entendre sa voix murmurer doucement à vos oreilles : “Mon fils ! tes péchés te sont pardonnées. ” (Matth. IX. 2.)
Pauvre âme ! tu comprendrais alors le prix du sacrifice qui a été offert sur Golgotha : tu ouvrirais les yeux à la grande vérité de ta rédemption éternelle, tu reconnaîtrais dans Jésus ton Sauveur, et comme un prisonnier à qui l’on vient d’annoncer la fin de sa captivité cruelle, tu te livrerais aux plus doux transports de joie et te donnerais toute entière, à ton divin Libérateur. Tu dirais, pénétrée de reconnaissance et d’humilité : “Je crois, Seigneur ! je t’adore, je t’aime, je veux vivre pour toi, rattacher tout à toi et ne plus m’éloigner de cette croix, où j’ai retrouvé la paix et l’espérance ; oui, je ne suis plus à moi-même, je t’appartiens entièrement, à toi qui m’as aimée, et qui as payé ma rançon !”
O heureux moments, M. F., où une âme apprend par expérience, ce que c’est que de croire au Fils de Dieu ! Heureux moments, où elle se sent déchargée du poids de ses vieilles chaînes, où l’Esprit saint l’attache irrévocablement à son Sauveur et lui donne un nouveau principe de vie ! Alors cette âme trouve enfin un doux repos après ses longues et terribles angoisses ; alors elle s’ouvre à une paix et à une joie que le monde ne pouvait lui donner ; alors elle contemple par la foi les brillantes régions de l’éternité et peut dire avec confiance : “Voilà ma Patrie, voilà où mon Sauveur me recevra, voilà où après avoir brisé mes attaches grossières, il consommera l’oeuvre de sa miséricorde, en me faisant vivre à jamais avec lui !” - Priez Dieu, mes chers Frères ! que se soient-là vos espérances et votre langage. Amen !



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