LE
SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. II
DEUXIÈME
ANNÉE 1875
LE ROYAUME DES CIEUX
VII
LES MYSTÈRES DU ROYAUME. LA PARABOLE DE
« L'IVRAIE. »
Après avoir donné à ses
disciples l'interprétation de la parabole du
« semeur, » le Seigneur leur
proposa six autres paraboles, ayant pour but de
présenter les
« mystères » du Royaume
des cieux. Les trois premières furent
adressées aux foules ; les trois autres
furent communiquées comme en secret,
« dans la maison » lorsque les
disciples étant seuls avec Jésus, ils
Lui demandèrent l'explication de la parabole
de « l'ivraie. »
Les trois premières paraboles
présentent, d'une manière
générale, l'aspect extérieur
du Royaume des cieux, tel que les hommes peuvent le
voir de leurs yeux ; les autres font
connaître, « aux disciples
du Royaume, » à eux seuls par
une faveur spéciale, les choses
secrètes du Royaume qui restent
cachées aux hommes.
« Le Royaume des cieux, dit le Seigneur,
a été fait semblable à
un homme qui semait de bonne semence dans son
champ »
(chap. XIII, 24).
Remarquons ici, en passant, que des dix similitudes
du Royaume que nous trouvons dans l'évangile
de Matthieu
(Matth. XIII, 24,
31,
33,
44,
45,
47 ;
XVIII, 23 ;
XX, 1 ;
XXII, 1 ;
XXV, 1. ), trois commencent par les
paroles : « Le Royaume des cieux
a été fait semblable à
.... » ces similitudes nous
dévoilent ce qui se passe
pendant le cours du Royaume. Une seule, la
dernière
(chap. XXV, 1), est introduite par
les mots « sera fait semblable
à... ; » elle se rapporte
à la fin de la dispensation
actuelle.
Il ne faut cependant pas en conclure que le Royaume
des cieux avait déjà commencé
son existence lorsque Jésus parlait sur la
terre ; le caractère et l'histoire nous
en sont racontés par anticipation ;
car, ainsi que nous l'avons déjà
vu, l'autorité du Royaume est donnée
au Fils de l'homme dans le ciel ; et
avant que Jésus fût remonté
là comme « Fils de
l'homme, » le Royaume des cieux, bien
qu'il se fût
« rapproché, »
n'existait pas encore. Nous verrons plus tard que
Pierre, le premier, ouvrit la porte du Royaume,
après l'ascension de Jésus dans le
ciel ; car c'est à lui que Jésus
en avait confié les clefs. Jusqu'à ce
moment tout était dans un état de
transition, état qui nous est dépeint
dans ces paroles de Jésus aux foules
(chap. XI, 12) :
« Depuis les jours de Jean le Baptiseur,
jusqu'à maintenant, le Royaume des cieux est
pris par violence, et les violents le
ravissent. » Ceux qui reconnaissaient
l'autorité de Jésus, et voulaient
jouir de la bénédiction du Royaume,
devaient agir comme « par
violence, » en devançant le moment
où son règne serait formellement
établi.
En étudiant ces paraboles, il faut donc se
rappeler que le Royaume des cieux commence de fait
au moment de l'ascension de Jésus dans le
ciel, et il faut bien comprendre que la forme
sous laquelle il est présenté par
le Seigneur quand il dit :
« le Royaume des cieux a
été fait semblable
à..., » n'avait jamais
été un sujet de
prophétie ; c'est un état de
choses intermédiaire entre l'ascension de
Jésus et sa réapparition ici-bas en
gloire, - période qui n'est pas
mentionnée dans les écrits de
l'Ancien Testament (1).
L'interprétation que le Seigneur
lui-même donne de cette parabole à ses
disciples
(verset 38), nous montre que le monde
est envisagé comme étant à
Lui. « II semait de bonne semence
dans son champ »
(verset 24), et le champ
« c'est le monde. » Or,
on ne voit pas encore que le monde soit
à Christ, car le
« chef » actuel de ce
monde depuis la crucifixion de Jésus, c'est
le diable
(Jean XIV, 30 ;
XVI, 11 ;
2 Corinthiens IV, 4). Toutefois le
Seigneur dit à ses disciples après sa
résurrection : « Toute
autorité m'a été
donnée dans le ciel et sur la
terre »
(Matthieu XXVIII, 18). Voilà
qui nous fait comprendre clairement pourquoi il est
question des
« mystères » du Royaume.
L'autorité que le croyant reconnaît
semble contredite par ce qu'il voit autour de lui,
dans ce monde.
« Nous ne voyons pas encore que
toutes choses soient assujetties à
Jésus, » mais nous savons qu'il a
autorité sur tout, qu'il est actuellement
à la droite de Dieu dans le ciel, et que
bientôt sa puissance sera
manifestée. Nous sommes heureux de
reconnaître d'avance que le monde est
à Lui, - même à nous aussi
à cause de Lui
(1 Corinthiens III, 22), - et de
savoir que par sa mort le monde est jugé et
le chef du monde sera jeté dehors
(Jean XII, 31).
Mais si le champ est à Jésus, il ne
s'ensuit pas qu'il soit dans un bon état. Ce
n'est cependant pas l'objet de la parabole de nous
occuper de l'état du monde en soi, mais bien
de l'oeuvre opérée sur la terre par
le Fils de l'homme. Il a semé de la bonne
semence dans son champ. Cette bonne semence, ce
sont « les fils du Royaume »
(verset 38). La parabole du
« semeur » nous enseigne
comment « les fils du Royaume »
sont engendrés et manifestés,
savoir : par la réception de la Parole
dans le coeur. La parabole de l'ivraie nous
présente le grand fait que l'on trouve sur
la terre l'effet de cette bonne semence
semée par le Fils de l'homme, qui est
allé dans le ciel, mais qui a,
jusqu'à un certain point, confié son
oeuvre à la vigilance de ses serviteurs.
Hélas ! les hommes, comme toujours, ont
failli. Au lieu d'être vigilants, les
serviteurs ont dormi ; et pendant qu'ils
dormaient, « l'ennemi, » le
diable, « vint et sema de l'ivraie
parmi le froment et s'en alla. »
Remarquez l'expression : « Parmi le
froment, » c'est la clef du passage. Il
y avait des hommes
méchants dans le monde avant que le Seigneur
eût commencé à y semer les fils
du Royaume ; mais ce que le Seigneur
relève ici comme étant l'oeuvre de
l'ennemi, c'est que celui-ci a semé
« les fils du méchant parmi
les fils du Royaume. Les enfants du
méchant (2)
ne sont donc pas des païens,
c'est-à-dire des gens qui n'ont pas
connaissance du christianisme.
L'ivraie ressemble beaucoup au froment avant que
le fruit soit produit. L'oeuvre du diable
consiste à introduire parmi le bon froment
quelque chose de faux, qui cependant ressemble,
autant que possible, au vrai.
Nous sommes donc conduits à la conclusion
que l'ivraie représente ceux qui, à
la vérité, font profession de
christianisme, mais dont le coeur n'a pas
été touché réellement
par la grâce de Dieu. Ils sont incapables de
pratiquer la justice qu'ils ne connaissent pas, ils
sont incapables d'aimer les frères, car ils
n'ont pas connu et cru l'amour que Dieu a pour
nous.
Lorsque l'ivraie commence à se montrer, les
serviteurs sont tout
étonnés de la voir parmi le froment
que le Seigneur lui-même avait semé.
Il leur dit que c'est l'oeuvre de l'ennemi. Les
serviteurs voudraient alors que l'on fît le
triage tout de suite. - « Non, dit le
Seigneur, de peur qu'en cueillant l'ivraie, vous ne
déraciniez le froment avec elle. Laissez-les
croître tous deux ! ensemble
jusqu'à la moisson ; et, au temps de la
moisson, je dirai aux moissonneurs : Cueillez
premièrement l'ivraie et liez-la en bottes
pour la brûler ; mais assemblez le
froment dans mon grenier »
(vers. 29, 30). « La
moisson, c'est la consommation du
siècle ; et les moissonneurs sont des
anges »
(verset 39).
En premier lieu, le Seigneur ne voulait pas confier
le triage à ceux qui, en dormant, avaient
déjà montré leur
incapacité à déjouer les ruses
de l'ennemi. Ensuite, agir en jugement ne s'accorde
pas avec le règne actuel de la grâce.
Cependant, les hommes se croyant plus sages que le
Seigneur, ont été loin de s'en
être tenus aux commandements qu'il donne ici
pour ses serviteurs. Les persécutions
terribles qui souillent les pages de l'histoire de
la chrétienté, montrent avec
évidence qu'en voulant ôter l'ivraie,
exterminer les hérétiques, on a
plutôt ôté le froment.
Le Seigneur Jésus a indiqué d'avance
ce qu'a été l'oeuvre de l'ennemi
parmi la bonne semence qu'il avait lui-même
semée dans son champ. Mais II ne veut pas y
porter remède par le jugement aussi
longtemps que dure le jour de la grâce. Vers
la fin de ce « jour, » au temps
de la moisson, alors II
ordonnera (3) aux
anges de cueillir l'ivraie et de la lier en bottes.
L'ivraie est donc liée ensemble pour le feu
auquel elle est destinée et le froment est
assemblé dans le grenier.
« Le grenier » n'est
plus le champ, c'est l'endroit
préparé par le Seigneur pour recevoir
les « fils du Royaume, »
l'endroit où ils jouiront du repos et seront
à l'abri des jugements prêts à
atteindre ceux qui commettent l'iniquité.
Dans le
chapitre XIV de l'évangile de
Jean, Jésus nous dit que cette place
préparée est « la maison de
son Père. » II forme le coeur de
ses rachetés, qu'il laisse pour le moment
sur la terre, en leur annonçant le
bienheureux avenir qui les attend, et en vertu
duquel ils sont appelés à marcher
ici-bas d'une manière digne de la place
qu'ils auront là-haut.
La parabole ne va pas plus loin. Elle ne nous dit
pas même que l'ivraie est
brûlée. La raison en est probablement
que le jugement ne s'exécute pas sur
l'ivraie avant que le froment ne soit
assemblé dans le grenier.
Lorsque le Seigneur, après avoir
congédié les foules, explique la
parabole à ses disciples seuls, il ajoute
quelques détails de plus : II ne parle
plus du froment, ni du grenier ; mais II
reprend le monde et son histoire au point de vue de
son Royaume terrestre. Son règne doit
être alors établi SUR la terre,
où aura lieu une oeuvre de triage
semblable à la séparation faite de
l'ivraie et du froment. Ce sera
la conclusion du
« siècle » actuel et
l'introduction du règne millénaire du
Christ. Jésus dit : « Comme
donc l'ivraie est cueillie et brûlée
au feu, il en sera de même à la
consommation de ce siècle-ci. Le Fils de
l'homme enverra ses anges, et ils cueilleront de
son Royaume tous les scandales et ceux qui
commettent l'iniquité, et ils les jetteront
dans la fournaise de feu : là seront
les pleurs et les grincements de dents. Alors les
justes resplendiront comme le soleil dans le
royaume de leur Père. Qui a des oreilles
pour entendre, qu'il entende »
(vers. 40-43).
Ces « justes » du
vers. 40, - fils du Royaume dans son
état de gloire, non pas dans son état
de souffrance, - au lieu d'être
assemblés dans le
« grenier, » resteront
là où ils auront été
trouvés, et resplendiront comme le soleil
dans le Royaume de leur Père. La
Parole du Seigneur confirme la prophétie de
Daniel qui, en parlant de la même
époque, dit
(chap. XII, 3) :
« Ceux qui auront été
intelligents luiront comme la splendeur de
l'étendue. »
La manifestation en gloire du Royaume,
présente une tout autre idée que le
rassemblement du froment dans le grenier. Le
Seigneur ne voulait pas parler de cette gloire
d'une manière ouverte là où II
avait été publiquement rejeté
(4). C'est un
secret qu'il confie à ses serviteurs pour
réjouir leurs coeurs et les encourager dans
le chemin à travers les
souffrances et les persécutions qui sont
devenues leur lot sur la terre.
Cette parabole, expliquée par le Seigneur,
paraît tellement simple qu'il est difficile
de concevoir comment l'on a pu s'en servir pour
justifier l'abandon de la discipline scripturaire
dans l'Église. Pour ne rien dire du
péché grave que l'on commet en
cherchant à mettre les Écritures en
contradiction avec elles-mêmes, on ne peut
prendre une telle aberration d'esprit que comme un
triste indice du fait que, à force de
mondaniser, on a totalement perdu de vue ce que
c'est que l'ÉGLISE, et que le champ,
selon le dire du Seigneur, c'est le MONDE.
Il n'est pas question de l'Église dans toute
la parabole. Lorsque le Seigneur en parle dans le
chapitre XVI de Matthieu, II dit que
c'est Lui qui la bâtit. C'est une oeuvre
qu'il réserve à sa propre puissance
et qu'il ne confie pas à la main des
hommes ; par conséquent, il n'y a pas
moyen que l'ennemi des âmes puisse
arrêter ou gâter l'oeuvre.
L'Église est le corps de Christ
(Éphésiens I, 23). Le
« corps de Christ » se compose
de tous ceux qui ont été
régénérés par l'Esprit
et par la Parole. Il est formé par le
Saint-Esprit, par qui les vrais croyants sont unis
à Christ glorifié. Chaque membre
d'une assemblée de chrétiens selon la
Parole, est tenu de maintenir l'unité de
l'Esprit par le lien de la paix ;
l'assemblée entière doit maintenir
l'honneur et la sainteté du Seigneur dont la
présence la caractérise ; elle
est tenue, par conséquent, d'ôter
le méchant du milieu
d'elle
(Éphésiens IV,
3-4 ;
1 Corinthiens XII, 12, 13 ;
Colossiens II, 19 ;
1 Corinthiens V, 7-13). Or, le
Seigneur ne permet pas que le méchant soit
cueilli et ôté du Royaume des
cieux.
On peut demander : La chrétienté
est-elle le Royaume des cieux, effet sur la terre
de la Parole semée, avec ses mystères
révélés aux disciples
seuls ? Nous répondons que, dans sa
phase actuelle, pendant que le Roi est caché
dans les cieux, la chrétienté se
présente à nous sous cette forme et
sous ce caractère, décrits dans les
paraboles ; en même temps elle se
présente aussi, selon
1 Corinthiens III, 9-17, comme un
édifice, résultat de l'intervention,
de l'homme, appelé à être
collaborateur de Dieu dans le travail
d'édification. - Paul, c'est-à-dire
un homme, ayant posé le fondement, le seul
qui peut être posé, savoir
Jésus-Christ, et d'autres hommes
étant appelés à édifier
sur le fondement, mais responsables dans leur
travail et pouvant édifier des pierres
précieuses, mais aussi du foin ou du chaume
qui seront consumés quand le jour
viendra ; car « le jour »
sera « révélé en
feu. » II est bon toutefois de faire
remarquer qu'on ne trouve nulle part dans les
Écritures que Dieu ait donné à
cet état de choses un nom quelconque
qui implique en aucune manière qu'il le
reconnaisse comme étant de Lui.
L'Écriture n'a fait qu'annoncer et
décrire d'avance la corruption qui
surviendrait dans tout ce qui a été
confié à la responsabilité des
hommes.
(La suite à plus tard D. V.).
LA PARABOLE DES DEUX FILS
IV.
LA VOLONTÉ DU PÈRE.
« Quelle est donc la volonté de
Dieu ? » demanderez-vous ;
« que ferons-nous ? » Les
Juifs adressaient à Jésus la
même question : « Que
ferons-nous pour faire les oeuvres de
Dieu ? » Jésus
répondit et leur dit :
« C'est ici l'oeuvre de Dieu que vous
croyiez en Celui qu'il a envoyé »
(Jean VI, 28-29). -• Mais j'y
crois, dites-vous : n'ai-je pas
été baptisé comme
chrétien ? ne fais-je pas partie d'une
église chrétienne ?
Très-bien, cher lecteur ; mais, pour
éclaircir la position à vos yeux,
permettez-moi de vous adresser quelques questions.
Ah ! si vous croyez vraiment au Seigneur
Jésus, béni en soit-Il, vous pourrez
y répondre avec joie et actions de
grâces. Sinon, veuille le Seigneur vous faire
connaître votre état
véritable.
L'apôtre Paul, autrefois Saul de Tarse,
disait en parlant de tout ce dont il s'était
glorifié autrefois : sa naissance, ses
privilèges et ses avantagées
religieux : « Je regarde toutes
choses comme une perte à cause de
l'excellence de la connaissance du Christ
Jésus, mon Seigneur, à cause duquel
j'ai fait la perte de toutes choses, et je les
estime comme des ordures, afin que je gagne Christ,
et que je sois trouvé en Lui n'ayant pas ma
justice qui est de la loi, mais celle qui est par
la foi en Christ »
(Philippiens III, 8, 9). Avez-vous
ainsi vraiment renoncé à toute
confiance en vous-mêmes, à ce que vous
êtes, à ce que vous
faites ou avez fait, l'estimant
comme des ordures, vous mettant sur la même
ligne que le plus vil des pécheurs, et
n'ayant d'espoir pour votre salut qu'en
Jésus crucifié ?
Jésus disait à ceux qui venaient
après Lui : « Si quelqu'un
vient après moi et ne hait pas son
père, et sa mère, et sa femme, et ses
enfants, et ses frères, et ses soeurs, et
même aussi sa propre vie, il ne peut
être mon disciple. Et quiconque ne porte pas
sa croix et ne vient pas après moi, ne peut
être mon disciple. Ainsi donc, quiconque
d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il
a ne peut être mon disciple »
(Luc XIV, 26, 27). Christ occupe-t-il
ainsi, non pas seulement la première place
dans votre coeur, mais toute la place ?
« Ceux qui sont du Christ, écrit
Paul, ont crucifié la chair avec les
passions et les convoitises »
(Galates V, 24). Pouvez-vous dire
cela ? Et encore avec le même
apôtre : « Mais qu'il ne
m'arrive pas à moi de me glorifier, sinon en
la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par
laquelle le monde m'est crucifié, et moi au
monde »
(Galates VI, 14). « Je suis
crucifié avec Christ et je ne vis plus, moi,
mais Christ vit en moi ; et ce que je vis
maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la
foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est
livré Lui-même pour moi »
(Galates II, 20). Christ est-il ainsi
tout pour votre âme ? Êtes-vous
« morts avec Christ aux
éléments du monde ? »
(Colossiens II, 20.)
À cette mort à vous-même et au
monde, joignez-vous cette vie céleste que le
Seigneur demande des siens
lorsqu'il leur dit : « Faites-vous
des bourses qui ne vieillissent pas, un
trésor dans les cieux qui ne défaille
pas. Là où est votre trésor,
là sera aussi votre coeur. Que vos reins
soient ceints et vos lampes allumées ;
soyez vous-mêmes semblables à des
hommes qui attendent leur Seigneur »
(Luc XII, 33-36). En contraste avec
ces hommes qui faisaient sans doute aussi
profession de christianisme, mais qui
étaient « ennemis de la croix de
Christ, dont la fin est la perdition... qui ont
leurs pensées aux choses de la
terre, » Paul place ceux qui croient
vraiment en Christ : « Notre
bourgeoisie, dit-il, est dans les cieux,
d'où aussi nous attendons le Seigneur
Jésus-Christ, le Sauveur, qui transformera
le corps de notre abaissement en la
conformité du corps de sa
gloire. »
(Philippiens III, 18-21). Desquels
êtes-vous, mon cher lecteur ?
Ressuscité avec le Christ, cherchez-vous les
choses qui sont en haut, pensez-vous aux choses qui
sont en haut, où le Christ est assis
à la droite de Dieu ? ou bien est-ce
à celles qui sont sur la terre, que votre
coeur est attaché ?
(Colossiens III, 1-3.) Votre attente,
votre espérance, vos désirs sont-ils
célestes ?
Ah ! ne vous faites pas d'illusion. Vous dites
que vous croyez en Christ, que vous êtes
chrétien, et ainsi vous prétendez
faire « l'oeuvre, de
Dieu ; » eh bien, la foi en Christ
comprend toutes ces choses ; l'aveu de notre
entière ruine et de notre absolue
incapacité morales ; le renoncement
à toute propre justice, à toute
confiance en soi-même pour
accepter la justice de Dieu en Christ, le
renoncement au monde, à ses avantages,
à son approbation et à sa gloire pour
porter l'opprobre de Christ ; une vie dans
laquelle on court vers un but unique :
« le prix de l'appel céleste de
Dieu dans le Christ Jésus »
(Philippiens III, 14). S'il n'en est
pas ainsi pour vous, avec tout ce que vous pouvez
être aux yeux des hommes et de
vous-même, vous avez dit comme le second
fils : « J'y vais,
Seigneur, » mais vous n'y êtes pas
encore allé ; vous avez peut-être
cru obéir, mais vous ne l'avez pas
fait ; vous avez eu une forme de
piété peut-être, mais en
réalité vous en avez renié la
puissance. Oh ! que Dieu vous donne d'examiner
avec sérieux et prières votre
position devant Lui !
CROIRE, NON SENTIR
Je visitais un jour une femme qui était
troublée par le sentiment de sa
culpabilité devant Dieu. Voici l'entretien
que nous eûmes ensemble et auquel j'ajouterai
quelques réflexions.
« Certainement, me disait-elle, je crois
tout ce que vous me dites ; oui, je crois
chaque parole de la Bible, mais je ne sens
pas que je suis sauvée, et je ne puis
pas dire que je le suis avant d'en être
sûre. »
- « Moi non plus,
répondis-je ; je ne sens pas que
je suis sauvé, quoique je sois sûr de
l'être depuis longtemps ; et si vous
continuez à attendre de
vous sentir sauvée, vous attendrez
toujours, car la Parole de Dieu ne parle jamais de
se sentir sauvé. »
- « Mais, Monsieur, l'Écriture dit
que nous devons naître de nouveau, et
sûrement je dois sentir ce grand
changement survenu en moi. Vous ne voulez pas dire
que je puisse être sauvée, et
cependant rester misérable comme je le suis
et effrayée à la pensée de me
rencontrer avec Dieu ? »
- « Non, je ne veux rien dire de
semblable ; car du moment que l'on est
sauvé, il s'opère un changement
immense : au lieu d'être un
« enfant de colère, » on
devient « enfant de Dieu, »
mais Satan vous trompe en tâchant de vous
persuader d'attendre jusqu'à ce que vous
sentiez un changement. Pendant tout ce temps
vous fermez l'oreille à la Parole de Dieu
qui produit le changement, « car vous
êtes sauvés par la grâce, par la
foi »
(Éphésiens II, 8). Or,
« la foi est de ce que l'on entend, et ce
que l'on entend parla parole de Dieu »
(Romains X, 17). Supposez qu'en ce
moment vous puissiez vous sentir heureuse et
en paix, vous en concluriez que vous
êtes sauvée parce que vous le
sentez. Mais si demain vous ne vous sentiez
pas heureuse, il vous faudrait conclure que vous
n'étiez pas sauvée.
Vous seriez donc sauvée un jour et pas le
lendemain. Ne vaut-il pas mieux croire le
témoignage que Dieu a donné de son
Fils, et savoir ainsi que vous êtes
passée de la mort à la vie
(1 Jean V, 9-13), au lieu d'attendre
un changement et de rester dans votre
misère ?
« Écoutez une comparaison qui vous
fera peut-être comprendre ce que je veux
dire. Je suppose que votre mari soit parti pour un
lointain voyage, et que, restée seule avec
vos petits enfants, vos ressources soient
complètement épuisées. Vous
vous lamentez sur votre triste position ; mais
vos gémissements et le sentiment de votre
misère n'y apportent aucun soulagement. Tout
à coup, le facteur arriva, vous remet une
lettre de votre mari et vous y trouvez un mandat
sur la poste. Quel effet cela produit-il sur
vous ? Continuez-vous à vous
désoler ? Non, pleine de joie et le
coeur léger, vous vous empressez d'aller
chercher l'argent et de vous procurer tout ce qui
est nécessaire pour vous et vos enfants.
Quel changement ! Mais comment est-il
survenu ? Justement par le moyen de la lettre.
Vous l'avez lue, vous l'avez crue et le changement
s'est opéré ; votre chagrin
s'est envolé, avant même d'avoir
reçu l'argent du mandat.
« Eh Lien, chère amie, vous avez
la lettre de Dieu, sa parole ; ne voulez-vous
point l'écouter et être
sauvée ? Vous avez péché,
mais Dieu dit :
« Jésus-Christ est venu dans le
monde pour sauver les pécheurs »
(1 Timothée I, 15).
Jésus lui-même dit :
« Celui qui entend ma parole et qui croit
Celui qui m'a envoyé, a la vie
éternelle et ne vient pas en jugement, mais
il est passé de la mort à la
vie »
(Jean V, 24). De plus, nous
lisons : « Je vous ai écrit
ces choses afin que vous sachiez que vous
avez la vie éternelle, vous qui croyez au
nom du Fils de Dieu »
(1 Jean V, 13). Remarquez bien qu'il
est dit sachiez et non
« sentiez. »
« Pour en revenir à ma
comparaison, l'argent était au bureau de
poste, mais vous ne l'aviez pas entre les mains.
Cependant, comme la lettre annonçait qu'il
était là, pour vous, vous l'avez
cru et cela vous a rendue heureuse. Vous
saviez que cet argent vous appartenait, et
c'est ce qui vous ôtait la tristesse ;
mais vous ne diriez certainement pas que l'argent
vous appartenait, parce que vous vous sentiez
heureuse. De même ni vous ni moi n'avons
senti que Christ est mort pour nos
péchés ; mais moi je sais
qu'il est mort pour mes péchés,
et la même parole qui me le dit, m'assure
aussi que je suis sauvé. Je crois la parole
bénie de Dieu, et je me sens
bienheureux, parce que je sais, par
cette parole, que je suis
sauvé. »
Cher lecteur, êtes-vous comme la personne
avec laquelle je m'entretenais, et mettez-vous vos
sentiments à la place de la foi ?
Peut-être, dites-vous aussi que vous croyez
toute la Bible, mais que vous ne sentez pas
que vous êtes sauvé. Laissez cela de
côté et tournez vos regards vers
Jésus. Dieu l'a fait asseoir sur son
trône dans le ciel, parce qu'il a pleinement
agréé son oeuvre de
rédemption ; or, si Dieu est satisfait
de l'oeuvre de Jésus, pourquoi ne le
seriez-vous pas ?
Le salut est pour « celui qui ne fait pas
des oeuvres, mais qui croit en Celui qui justifie
l'impie »
(Romains IV, 5). « Celui
qui croit au Fils a la vie
éternelle »
(Jean III, 36). Puissiez-vous, avant
d'avoir achevé de lire ces lignes, ajouter
foi à la lettre que Dieu, dans son amour,
nous a envoyée pour nous
révéler ce que Jésus-Christ a
fait pour des pécheurs. (Voyez
Romains V, 8.) À l'instant
où vous croyez Dieu sur sa parole,
« vous êtes
sauvé. » « Crois au
Seigneur Jésus, et tu seras
sauvé, » disait Paul au
geôlier.
(Actes XVI, 13.) Ce n'est pas un
sentiment, c'est la foi.
« Vous êtes sauvé par la
grâce, par la foi. »
LE ROYAUME DES CIEUX
VIII
LES MYSTÈRES DU ROYAUME. LES
SIMILITUDES.
Par la parabole de
« l'ivraie, » le Seigneur nous
fait voir les puissances du bien et du mal qui sont
à l'oeuvre dans son champ, et l'effet
extérieur qui en résulte jusqu'au
temps de la moisson, lorsque le mal est
ôté par le jugement. Par la seconde et
la troisième similitude, - celle du
« grain de moutarde » et celle
du « levain, » - II nous
présente l'aspect général et
moral du Royaume des cieux dans le monde, en
complétant ainsi le tableau au point de vue
de la responsabilité de l'homme.
« II leur proposa une autre parabole,
disant : Le Royaume des cieux est semblable
à un grain de moutarde qu'un homme prit et
sema dans son champ, lequel est, il est vrai, plus
petit que
toutes les semences ; mais quand il a pris sa
croissance, il est plus grand que les herbes et
devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel
viennent et demeurent dans ses branches »
(vers. 31, 32). Remarquons d'abord
que, dans ces premières paraboles,
l'idée de semer est conservée.
C'est le contraire de celle de chercher du fruit.
Depuis la croix du Christ, le monde est
jugé ; Dieu n'y cherche plus de fruit
comme II avait fait en Israël sous la loi.
Mais il agit en grâce pour sauver des
âmes par le moyen de sa Parole. Voilà
pourquoi le Seigneur, depuis sa réjection
ouverte prend le caractère d'un semeur.
« Celui qui sème, c'est le Fils de
l'homme, » celui qui doit souffrir de la
part des hommes, celui qui n'a pas où
reposer sa tête ici-bas.
Il sème dans son champ ; II apporte
quelque chose qui n'était pas là. La
semence est des plus petites, mais lorsqu'elle a
pris sa croissance, elle devient un arbre.
La prophétie de Daniel vient de nouveau
à notre aide pour éclaircir cette
similitude. Dans le chapitre IV, le grand roi
Nébucadnetzar est comparé à
un arbre qui se voyait de toute la terre,
sous lequel habitaient les animaux des champs et
dans les branches duquel demeuraient les oiseaux
des cieux. La même figure est employée
par le prophète Ézéchiel
(chap. XXXI), dans le même
sens.
« L'arbre » représente
donc une grande puissance sur la terre, à
laquelle les hommes se soumettent. Dans la
parabole, on voit que la
puissance extérieure
n'est pas formellement établie comme
telle ; mais ce qui au commencement
était très-petit croît
graduellement jusqu'à devenir une puissance
très-grande.
Qu'y a-t-il de plus modeste, en apparence, que le
travail des apôtres et des premiers
chrétiens « qui allaient
çà et là annonçant la
parole, » étant souvent
chassés de lieu en lieu par la
persécution ? L'apôtre Paul dit
qu'il a plu à Dieu par la
« folie » de la
prédication de sauver ceux qui croient.
Dès le début, les Juifs et les
Gentils se sont également opposés
à l'Évangile. Il a fini toutefois par
subjuguer les esprits, de sorte que le monde
civilisé en reconnaît ostensiblement
l'autorité.
Remarquez bien qu'il s'agit du résultat
extérieur de la prédication de
l'Évangile, et non pas de l'état du
coeur des soi-disant chrétiens. Les
professants vrais ou faux qui font
extérieurement partie de l'une des diverses
« Églises », copte,
nestorienne, grecque, romaine, protestante ou
autre, - tous sont également jaloux du nom
de « chrétien ; »
ils sont d'accord pour cela, quelle que soit
d'ailleurs la différence dans les
détails de leur croyance ou dans l'exercice
de leur culte. Us reconnaissent donc de cette
façon l'autorité de Christ. Le jour
viendra où Dieu jugera par
Jésus-Christ les secrets des hommes, selon
cet évangile que beaucoup d'entre eux ont
ignoré ou méprisé tout en
prétendant le recevoir
(Romains II, 16). Leur jugement sera
d'autant plus terrible que leur
responsabilité est plus grande. La
lumière divine est
à la porte : la Parole, est
« près » de nous. Elle
nous apporte la vie ; mais si on la rejette,
c'est par elle que l'on sera jugé (Jean XII,
48). Quoi qu'il en soit de l'état
véritable des coeurs dont Dieu connaît
les secrets dès à présent, le
fait est que la petite semence du christianisme est
devenue un grand « arbre. »
Un autre détail est ajouté par le
Seigneur : « Les oiseaux du ciel
viennent et demeurent dans ses
branches. » On n'a qu'à comparer
les nombreux passages" de l'Ancien Testament,
où se trouve cette expression :
« Oiseaux des cieux, » pour
comprendre qu'il est toujours question d'oiseaux de
proie, c'est-à-dire d'oiseaux impurs.
L'application morale en est présentée
d'une manière très-nette dans
Jérémie V, 27 ;
Apocalypse XVIII, 2. Les oiseaux
sont une figure des esprits malins qui sont
« dans les airs » et qui
agissent dans les hommes (Comparez
Éphésiens II, 2, et
VI, 12 ;
1 Timothée IV, 1). Dans notre
chapitre même, les
« oiseaux, » dans la
première parabole sont les émissaires
du diable, qui dévorent et ravissent la
bonne semence. Or, ces oiseaux impurs et
méchants, nichent dans le grand arbre, -
emblème frappant de ce qui est arrivé
dans la chrétienté. Y a-t-il une
fausse doctrine qui n'ait pas été
promulguée au nom de Christ ? Y a-t-il
une énormité qui n'ait pas
été commise par ceux qui se sont dits
« chrétiens, »
même par ceux qui prétendaient
être à la tête de la
chrétienté ?
La troisième similitude du Seigneur nous
présente un autre aspect
du progrès du mal. « II leur dit
une autre parabole : « Le royaume
des cieux est semblable à du levain qu'une
femme prit et qu'elle cacha parmi trois mesures de
farine jusqu'à ce que tout fut
levé »
(verset 33).
Le levain nous est toujours
présenté dans la Parole de Dieu comme
un principe mauvais. On ne pouvait mettre du pain
levé sur l'autel de Dieu
(Lévitique II, 11). Dans notre
Évangile
(chap. XVI, 11), le Seigneur met en
garde ses disciples contre le
« levain » des pharisiens et
des sadducéens ; et, dans le verset
suivant, il est dit que le
« levain » signifie
« leurs doctrines. »
Dans un passage de Luc (chap. XII, 1), le Seigneur
résume ce même
« levain » par le terme
général de
« l'hypocrisie. »
Si l'hypocrisie caractérisait la doctrine
des pharisiens et des sadducéens qui
renversaient la loi de Dieu par leurs traditions en
les introduisant dans leurs enseignements, nous
savons que c'est aussi ce qui a
caractérisé l'enseignement dans la
chrétienté depuis le commencement.
Les apôtres même nous en avertissent.
Ils ont signalé dans leurs
épîtres trois choses qui ont eu pour
effet de corrompre l'enseignement : ce sont la
tradition judaïque, la philosophie et l'esprit
mondain et charnel de l'homme, - ce qui correspond
dans les évangiles aux trois sectes qui
s'opposaient au Seigneur, savoir : les
pharisiens, les sadducéens et les
hérodiens.
C'est par la corruption de la pure doctrine que la
face du monde a été changée au
nom du christianisme. Au lieu de
travailler pour Dieu en cherchant le salut des
âmes, on s'est attaché à
formuler et à répandre dans le monde
des doctrines où la vérité de
Dieu a été altérée par
des additions et des explications humaines. C'est
ainsi que ce qui était le christianisme a
pris extérieurement devant les hommes la
forme de la chrétienté. Les trois
mesures de farine ont levé à la
longue, et les hommes du monde s'en vantent, ne
songeant guère au jugement terrible qui
attend ceux qui n'ont pas cru à la
vérité, mais qui ont pris plaisir
à l'injustice (
2 Thessaloniciens II, 12).
Après avoir montré par ces trois
paraboles la forme sous laquelle le Royaume des
cieux se présenterait aux hommes,
Jésus congédia les foules et,
étant entré dans la maison, expliqua
aux disciples seuls la similitude du bon grain et
de l'ivraie. Il ajouta ensuite trois similitudes,
pour leur montrer les choses intérieures du
Royaume, ce qui y était la pensée et
l'objet de Dieu.
Les deux premières similitudes se
ressemblent quant à l'idée
générale.
« Encore le royaume des cieux est
semblable à un trésor caché
dans un champ, qu'un homme, après l'avoir
trouvé, a caché ; et de la joie
qu'il en a, il s'en va, et vend tout ce qu'il a, et
achète ce champ-là. - Encore, le
royaume des cieux est semblable à un
marchand qui cherche de belles perles ; et
ayant trouvé une perle de très-grand
prix, il s'en alla et vendit tout ce qu'il avait,
et l'acheta »
(vers. 44-46).
« L'homme » et « le
marchand » sont le Seigneur
lui-même. Le « champ, »
comme auparavant, c'est le monde.
La différence entre les deux paraboles c'est
que la première présente le Royaume
comme le
« trésor » que le
Seigneur a trouvé dans ce monde, tandis que
la seconde met en évidence l'activité
du Seigneur qui cherche ce à quoi II attache
du prix et qui est beau à ses yeux, comme le
marchand cherchait de belles
perles.
Il est dit du Seigneur que ses plaisirs
étaient avec les enfants des hommes
(Proverbes VIII, 3) ; mais
pour avoir son Royaume parmi les hommes, il fallait
vendre tout ce qu'il avait, tout abandonner,
laisser même sa propre vie :
« A cause de la joie qui était
devant Lui, il a enduré la croix »
(Hébreux XII, 2).
Il y a plus. Jésus ne voulait pas seulement
acheter le monde pour avoir le trésor
caché (et le trésor y est encore
« caché, »
jusqu'à ce qu'il soit manifesté en
gloire), - mais il était comme un marchand
qui cherchait de belles perles. Il en a
trouvé une, une seule, « une perle
de très-grand prix, et il s'en alla et
vendit tout ce qu'il avait et l'acheta. »
Quelle porte le Seigneur nous ouvre ici pour sonder
les profondeurs de son amour pour
l'Église ! « Christ a
aimé l'assemblée et s'est
livré lui-même pour elle, afin qu'il
la sanctifiât, en la purifiant par le lavage
d'eau par la parole ; afin que lui se
présentât l'assemblée à
lui-même glorieuse, n'ayant ni tache ni ride,
ni rien de semblable, mais afin qu'elle fût
sainte et
irréprochable »
(Éphésiens
V, 25-27).
La sixième similitude, la dernière de
notre chapitre
(vers. 47-50), présente la
part qu'ont à prendre dans le royaume des
deux les vrais serviteurs de Dieu. La parabole a
dû être comprise par les disciples
lorsqu'ils se rappelaient les premières
paroles que le Seigneur avait adressées
à quelques-uns d'entre eux :
« Venez après moi, et je vous
ferai pêcheurs d'hommes »
(Matthieu IV, 19).
« Encore le royaume des cieux est
semblable à une seine jetée dans la
mer et rassemblant [des poissons] de toute
sorte ; et quand elle fut pleine, ils la
tirèrent sur le rivage, et s'asseyant, ils
mirent ensemble les bons dans les vaisseaux, et
jetèrent dehors les mauvais. Il en sera de
même à la consommation du
siècle : les anges sortiront et
sépareront les méchants du milieu des
justes, et les jetteront dans la fournaise de
feu : là seront les pleurs et les
grincements de dents
(vers. 47-50).
La « mer » représente
les nations en général ; c'est
une figure assez commune dans les
Écritures ; l'expression
« pêcheurs d'hommes »,
rapprochée de « toutes les
nations »
(Matthieu XXVIII, 19) où il
est question de l'oeuvre de
l'évangélisation, suffit pour
établir la portée de la parabole.
Cette similitude nous fait voir l'oeuvre et la
responsabilité des serviteurs du Seigneur
dans la dispensation actuelle. Cette oeuvre
consiste non-seulement à ramasser toute
sorte de gens par la prédication de la
Parole, en les tirant sur le rivage, là
où sont les pêcheurs, - mais
aussi à mettre
ensemble les bons dans des vaisseaux, et à
jeter dehors les mauvais. Cela indique
évidemment le service qui amène les
âmes à comprendre que Dieu ne veut pas
laisser mélangé ensemble tout ce que
le filet a ramassé, mais qu'il a
préparé un lieu pour les siens, afin
que « les bons » soient
là à part.
Lors de la consommation de ce siècle, il y
aura une oeuvre de triage inverse ; mais c'est
l'oeuvre des anges, non pas des pêcheurs. Les
anges sortiront et sépareront les
méchants du milieu des justes, et les
jetteront dans la fournaise de feu. C'est ce qui
inaugure « le royaume du monde de
notre Seigneur et de son Christ »
(Apocalypse XI, 15), comme nous
l'avons vu en considérant la parabole de
« l'ivraie. »
II nous reste quatre
« similitudes » à
examiner. Elles se trouvent dispersées dans
le courant de notre Évangile, et sont
proposées par le Seigneur en rapport avec
les divers sujets qui y sont traités,
savoir : le pardon
(chap. XVIII, 23), la volonté
souveraine et l'élection de Dieu
(chap. XXI, 1), la grâce qui
s'adresse d'abord au Juif ensuite au Gentil
(chap. XXII, 1) et, finalement, le
retour du Fils de l'homme
(chap. XXV, 1).
De ces quatre paraboles, la première et la
troisième commencent par les mots :
« Le royaume des cieux a
été fait semblable à un
roi... ; » elles nous occupent plus
spécialement de l'histoire du Royaume au
point de vue de l'autorité qui y est
exercée par le Roi. La seconde
(chap. XX, 1) expose le principe de
la souveraineté divine en
choisissant les objets de sa
bonté parmi ceux qui ne la méritent
pas.
La parabole du « serviteur qui ne
pardonne pas »
(chap. XVIII, 21-35), nous
démontre d'un côté le
caractère moral du Royaume des cieux, en vue
duquel les hommes étaient appelés
à se repentir, et de l'autre
côté la responsabilité de ceux
qui, par la bonté du Roi, jouissent d'un
pardon complet de toute dette envers Lui. Le Roi
voulait compter avec ses esclaves. On lui en amena
un qui lui devait 10,000 talents
(5), somme
énorme qui montre l'impossibilité
chez le débiteur de l'acquitter, et qui,
selon la justice, exigeait que lui, sa femme, ses
enfants et tout ce qu'il avait fussent vendus. La
prière de l'esclave :
« Seigneur, use de patience envers moi et
je te payerai tout, » sert
à faire voir le peu de cas qu'il faisait de
sa dette et, par conséquent, de la
grâce indicible qui néanmoins la lui
remettait. Sa conduite subséquente justifie
son appréciation de sa dette. Il saisit
à la gorge un de ses camarades, esclave avec
lui, et le jette en prison jusqu'à ce qu'il
lui ait payé sa petite dette de cent
deniers, somme misérable, qui ne valait
guère la peine qu'on en parlât. Cette
conduite du serviteur attire sur lui un jugement
inexorable : « Et son seigneur,
étant en colère, le livra aux
bourreaux, jusqu'à ce qu'il lui eût
payé tout ce qui lui était
dû. »
Il n'est pas difficile de voir comment cette
parabole s'applique à nous. La grande dette
est envers le Roi lui-même. Ce sont nos
péchés innombrables contre
Dieu ; la petite dette est ce que nos
frères peuvent nous devoir d'une
manière ou d'une autre. Nous sommes
appelés à nous pardonner les uns aux
autres comme Dieu en Christ nous a pardonné,
car Dieu a effacé tous nos
péchés par le sang de Jésus
Christ son Fils (Comparez
Éphésiens IV,
32 ;
1 Jean I, 7). Quant au jugement qui
atteint celui qui ne veut pas pardonner
(6), le Seigneur
ajoute : « Ainsi aussi mon
Père céleste vous fera, si vous ne
pardonnez pas de tout votre coeur chacun à
son frère. » Quel avertissement
solennel !
Passons à la parabole « des
ouvriers dans la vigne. » À la fin
du
chap. XIX, Jésus avait dit
à ses disciples que celui qui aurait
quitté parents ou biens pour l'amour de Lui
en recevrait cent fois autant et hériterait
de la vie éternelle, « mais,
dit-Il, plusieurs qui sont les premiers seront les
derniers et les derniers seront les premiers. Car
le royaume des cieux est semblable à un
maître de maison qui sortit dès le
point du jour, afin de louer des ouvriers pour la
vigne... »
(chap. XX, 1-16.)
La journée est arrêtée avec les
premiers qui sont loués,
à « un denier. » Le
maître de la maison trouve d'autres ouvriers
sur la place du marché vers la
troisième, sixième et neuvième
heures ; même jusqu'à la
onzième heure, il ne cesse pas de les
engager dans son service. Il dit à chacun
qu'il recevrait ce qui serait juste. Le soir venu,
le moment du payement arrivé, il dit
à son intendant d'appeler les ouvriers et de
leur donner à chacun un denier en
commençant depuis les derniers jusqu'aux
premiers. Le salaire, toujours le même,
dépend de la bonne volonté du
maître, et non du travail plus ou moins grand
de l'ouvrier. En effet, si le salaire
dépendait de notre travail, il faudrait que
nous fussions vendus avec tout ce qui est à
nous, comme la dernière parabole nous l'a
montré : car « les gages du
péché, c'est la
mort ; » en vain donnerions-nous le
fruit de notre corps pour le péché de
notre âme !
(Michée VI, 7, 8).
L'opposition toujours croissante des conducteurs
des Juifs contre le Seigneur, tira de Lui
l'avertissement solennel que le Royaume de Dieu
leur serait ôté et donné
à une nation qui en rapporterait les
fruits... Puis, leur parlant encore en paraboles,
II dit : « Le royaume des cieux a
été fait semblable à un roi
qui fît des noces pour son fils et envoya ses
esclaves pour convier ceux qui étaient
invités aux noces ; et ils ne voulurent
pas venir... »
(chap. XXII, 1-14).
Ceux qui étaient invités, les Juifs,
- « fils du Royaume, » comme
Jésus les appelle
(chap. VIII, 12), - ne tinrent pas
compte de l'invitation aux
noces, mais outragèrent
les messagers du roi, et périrent en
conséquence. Leur refus de profiter
delà grâce devint alors l'occasion de
la présenter aux Gentils
(Comparez Actes XIII, 46-48), à ceux
qui sont « étrangers aux alliances
de la promesse, sans espérance, et sans Dieu
dans le monde »
(Éphésiens II, 12).
Mais il est de première
nécessité que chacun de ceux qui se
trouvent aux noces soit revêtu d'une robe de
noces, robe que, selon la coutume, l'hôte
fournissait. « Ce n'est pas de celui qui
veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait
miséricorde
(Romains IX, 16). - Voilà le
principe de la grâce. Si quelqu'un
prétend jouir du bonheur et de la gloire du
festin, sans y entrer d'une manière qui
fasse honneur au Roi qui a fait les noces pour son
Fils, il se trouvera exclu par le jugement solennel
qui ordonne aux serviteurs de le lier pieds et
mains et de le jeter dans les
ténèbres de dehors, là
où il y aura des pleurs et des grincements
de dents ; « car, ajoute le
Seigneur, il y a beaucoup d'appelés mais peu
d'élus. »
Cette parabole fait pendant à la
précédente, en montrant la
manière dont on est appelé à
profiter de la grâce. Il y a aussi une
certaine liaison avec la dixième similitude,
par l'idée même des noces. Dans cette
dernière parabole, il est question de la
venue personnelle du Fils de l'homme comme
« L'ÉPOUX. »
Nous en parlerons plus tard, si Dieu le permet.
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