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TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE SALUT DE DIEU

FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION

VOL. II
DEUXIÈME ANNÉE 1875

LE ROYAUME DES CIEUX
VII
LES MYSTÈRES DU ROYAUME. LA PARABOLE DE « L'IVRAIE. »

Après avoir donné à ses disciples l'interprétation de la parabole du « semeur, » le Seigneur leur proposa six autres paraboles, ayant pour but de présenter les « mystères » du Royaume des cieux. Les trois premières furent adressées aux foules ; les trois autres furent communiquées comme en secret, « dans la maison » lorsque les disciples étant seuls avec Jésus, ils Lui demandèrent l'explication de la parabole de « l'ivraie. »

Les trois premières paraboles présentent, d'une manière générale, l'aspect extérieur du Royaume des cieux, tel que les hommes peuvent le voir de leurs yeux ; les autres font connaître, « aux disciples du Royaume, » à eux seuls par une faveur spéciale, les choses secrètes du Royaume qui restent cachées aux hommes.

« Le Royaume des cieux, dit le Seigneur, a été fait semblable à un homme qui semait de bonne semence dans son champ » (chap. XIII, 24).
Remarquons ici, en passant, que des dix similitudes du Royaume que nous trouvons dans l'évangile de Matthieu (Matth. XIII, 24, 31, 33, 44, 45, 47 ; XVIII, 23 ; XX, 1 ; XXII, 1 ; XXV, 1. ), trois commencent par les paroles : « Le Royaume des cieux a été fait semblable à .... » ces similitudes nous dévoilent ce qui se passe pendant le cours du Royaume. Une seule, la dernière (chap. XXV, 1), est introduite par les mots « sera fait semblable à... ; » elle se rapporte à la fin de la dispensation actuelle.

Il ne faut cependant pas en conclure que le Royaume des cieux avait déjà commencé son existence lorsque Jésus parlait sur la terre ; le caractère et l'histoire nous en sont racontés par anticipation ; car, ainsi que nous l'avons déjà vu, l'autorité du Royaume est donnée au Fils de l'homme dans le ciel ; et avant que Jésus fût remonté là comme « Fils de l'homme, » le Royaume des cieux, bien qu'il se fût « rapproché, » n'existait pas encore. Nous verrons plus tard que Pierre, le premier, ouvrit la porte du Royaume, après l'ascension de Jésus dans le ciel ; car c'est à lui que Jésus en avait confié les clefs. Jusqu'à ce moment tout était dans un état de transition, état qui nous est dépeint dans ces paroles de Jésus aux foules (chap. XI, 12) : « Depuis les jours de Jean le Baptiseur, jusqu'à maintenant, le Royaume des cieux est pris par violence, et les violents le ravissent. » Ceux qui reconnaissaient l'autorité de Jésus, et voulaient jouir de la bénédiction du Royaume, devaient agir comme « par violence, » en devançant le moment où son règne serait formellement établi.

En étudiant ces paraboles, il faut donc se rappeler que le Royaume des cieux commence de fait au moment de l'ascension de Jésus dans le ciel, et il faut bien comprendre que la forme sous laquelle il est présenté par le Seigneur quand il dit : « le Royaume des cieux a été fait semblable à..., » n'avait jamais été un sujet de prophétie ; c'est un état de choses intermédiaire entre l'ascension de Jésus et sa réapparition ici-bas en gloire, - période qui n'est pas mentionnée dans les écrits de l'Ancien Testament (1).
L'interprétation que le Seigneur lui-même donne de cette parabole à ses disciples (verset 38), nous montre que le monde est envisagé comme étant à Lui. « II semait de bonne semence dans son champ » (verset 24), et le champ « c'est le monde. » Or, on ne voit pas encore que le monde soit à Christ, car le « chef » actuel de ce monde depuis la crucifixion de Jésus, c'est le diable (Jean XIV, 30 ; XVI, 11 ; 2 Corinthiens IV, 4). Toutefois le Seigneur dit à ses disciples après sa résurrection : « Toute autorité m'a été donnée dans le ciel et sur la terre » (Matthieu XXVIII, 18). Voilà qui nous fait comprendre clairement pourquoi il est question des « mystères » du Royaume. L'autorité que le croyant reconnaît semble contredite par ce qu'il voit autour de lui, dans ce monde.

« Nous ne voyons pas encore que toutes choses soient assujetties à Jésus, » mais nous savons qu'il a autorité sur tout, qu'il est actuellement à la droite de Dieu dans le ciel, et que bientôt sa puissance sera manifestée. Nous sommes heureux de reconnaître d'avance que le monde est à Lui, - même à nous aussi à cause de Lui (1 Corinthiens III, 22), - et de savoir que par sa mort le monde est jugé et le chef du monde sera jeté dehors (Jean XII, 31).

Mais si le champ est à Jésus, il ne s'ensuit pas qu'il soit dans un bon état. Ce n'est cependant pas l'objet de la parabole de nous occuper de l'état du monde en soi, mais bien de l'oeuvre opérée sur la terre par le Fils de l'homme. Il a semé de la bonne semence dans son champ. Cette bonne semence, ce sont « les fils du Royaume » (verset 38). La parabole du « semeur » nous enseigne comment « les fils du Royaume » sont engendrés et manifestés, savoir : par la réception de la Parole dans le coeur. La parabole de l'ivraie nous présente le grand fait que l'on trouve sur la terre l'effet de cette bonne semence semée par le Fils de l'homme, qui est allé dans le ciel, mais qui a, jusqu'à un certain point, confié son oeuvre à la vigilance de ses serviteurs.

Hélas ! les hommes, comme toujours, ont failli. Au lieu d'être vigilants, les serviteurs ont dormi ; et pendant qu'ils dormaient, « l'ennemi, » le diable, « vint et sema de l'ivraie parmi le froment et s'en alla. » Remarquez l'expression : « Parmi le froment, » c'est la clef du passage. Il y avait des hommes méchants dans le monde avant que le Seigneur eût commencé à y semer les fils du Royaume ; mais ce que le Seigneur relève ici comme étant l'oeuvre de l'ennemi, c'est que celui-ci a semé « les fils du méchant parmi les fils du Royaume. Les enfants du méchant (2) ne sont donc pas des païens, c'est-à-dire des gens qui n'ont pas connaissance du christianisme.
L'ivraie ressemble beaucoup au froment avant que le fruit soit produit. L'oeuvre du diable consiste à introduire parmi le bon froment quelque chose de faux, qui cependant ressemble, autant que possible, au vrai.

Nous sommes donc conduits à la conclusion que l'ivraie représente ceux qui, à la vérité, font profession de christianisme, mais dont le coeur n'a pas été touché réellement par la grâce de Dieu. Ils sont incapables de pratiquer la justice qu'ils ne connaissent pas, ils sont incapables d'aimer les frères, car ils n'ont pas connu et cru l'amour que Dieu a pour nous.
Lorsque l'ivraie commence à se montrer, les serviteurs sont tout étonnés de la voir parmi le froment que le Seigneur lui-même avait semé. Il leur dit que c'est l'oeuvre de l'ennemi. Les serviteurs voudraient alors que l'on fît le triage tout de suite. - « Non, dit le Seigneur, de peur qu'en cueillant l'ivraie, vous ne déraciniez le froment avec elle. Laissez-les croître tous deux ! ensemble jusqu'à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Cueillez premièrement l'ivraie et liez-la en bottes pour la brûler ; mais assemblez le froment dans mon grenier » (vers. 29, 30). « La moisson, c'est la consommation du siècle ; et les moissonneurs sont des anges » (verset 39).

En premier lieu, le Seigneur ne voulait pas confier le triage à ceux qui, en dormant, avaient déjà montré leur incapacité à déjouer les ruses de l'ennemi. Ensuite, agir en jugement ne s'accorde pas avec le règne actuel de la grâce. Cependant, les hommes se croyant plus sages que le Seigneur, ont été loin de s'en être tenus aux commandements qu'il donne ici pour ses serviteurs. Les persécutions terribles qui souillent les pages de l'histoire de la chrétienté, montrent avec évidence qu'en voulant ôter l'ivraie, exterminer les hérétiques, on a plutôt ôté le froment.

Le Seigneur Jésus a indiqué d'avance ce qu'a été l'oeuvre de l'ennemi parmi la bonne semence qu'il avait lui-même semée dans son champ. Mais II ne veut pas y porter remède par le jugement aussi longtemps que dure le jour de la grâce. Vers la fin de ce « jour, » au temps de la moisson, alors II ordonnera (3) aux anges de cueillir l'ivraie et de la lier en bottes. L'ivraie est donc liée ensemble pour le feu auquel elle est destinée et le froment est assemblé dans le grenier. « Le grenier » n'est plus le champ, c'est l'endroit préparé par le Seigneur pour recevoir les « fils du Royaume, » l'endroit où ils jouiront du repos et seront à l'abri des jugements prêts à atteindre ceux qui commettent l'iniquité. Dans le chapitre XIV de l'évangile de Jean, Jésus nous dit que cette place préparée est « la maison de son Père. » II forme le coeur de ses rachetés, qu'il laisse pour le moment sur la terre, en leur annonçant le bienheureux avenir qui les attend, et en vertu duquel ils sont appelés à marcher ici-bas d'une manière digne de la place qu'ils auront là-haut.
La parabole ne va pas plus loin. Elle ne nous dit pas même que l'ivraie est brûlée. La raison en est probablement que le jugement ne s'exécute pas sur l'ivraie avant que le froment ne soit assemblé dans le grenier.

Lorsque le Seigneur, après avoir congédié les foules, explique la parabole à ses disciples seuls, il ajoute quelques détails de plus : II ne parle plus du froment, ni du grenier ; mais II reprend le monde et son histoire au point de vue de son Royaume terrestre. Son règne doit être alors établi SUR la terre, où aura lieu une oeuvre de triage semblable à la séparation faite de l'ivraie et du froment. Ce sera la conclusion du « siècle » actuel et l'introduction du règne millénaire du Christ. Jésus dit : « Comme donc l'ivraie est cueillie et brûlée au feu, il en sera de même à la consommation de ce siècle-ci. Le Fils de l'homme enverra ses anges, et ils cueilleront de son Royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité, et ils les jetteront dans la fournaise de feu : là seront les pleurs et les grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende » (vers. 40-43).

Ces « justes » du vers. 40, - fils du Royaume dans son état de gloire, non pas dans son état de souffrance, - au lieu d'être assemblés dans le « grenier, » resteront là où ils auront été trouvés, et resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. La Parole du Seigneur confirme la prophétie de Daniel qui, en parlant de la même époque, dit (chap. XII, 3) : « Ceux qui auront été intelligents luiront comme la splendeur de l'étendue. »
La manifestation en gloire du Royaume, présente une tout autre idée que le rassemblement du froment dans le grenier. Le Seigneur ne voulait pas parler de cette gloire d'une manière ouverte là où II avait été publiquement rejeté (4). C'est un secret qu'il confie à ses serviteurs pour réjouir leurs coeurs et les encourager dans le chemin à travers les souffrances et les persécutions qui sont devenues leur lot sur la terre.

Cette parabole, expliquée par le Seigneur, paraît tellement simple qu'il est difficile de concevoir comment l'on a pu s'en servir pour justifier l'abandon de la discipline scripturaire dans l'Église. Pour ne rien dire du péché grave que l'on commet en cherchant à mettre les Écritures en contradiction avec elles-mêmes, on ne peut prendre une telle aberration d'esprit que comme un triste indice du fait que, à force de mondaniser, on a totalement perdu de vue ce que c'est que l'ÉGLISE, et que le champ, selon le dire du Seigneur, c'est le MONDE.

Il n'est pas question de l'Église dans toute la parabole. Lorsque le Seigneur en parle dans le chapitre XVI de Matthieu, II dit que c'est Lui qui la bâtit. C'est une oeuvre qu'il réserve à sa propre puissance et qu'il ne confie pas à la main des hommes ; par conséquent, il n'y a pas moyen que l'ennemi des âmes puisse arrêter ou gâter l'oeuvre. L'Église est le corps de Christ (Éphésiens I, 23). Le « corps de Christ » se compose de tous ceux qui ont été régénérés par l'Esprit et par la Parole. Il est formé par le Saint-Esprit, par qui les vrais croyants sont unis à Christ glorifié. Chaque membre d'une assemblée de chrétiens selon la Parole, est tenu de maintenir l'unité de l'Esprit par le lien de la paix ; l'assemblée entière doit maintenir l'honneur et la sainteté du Seigneur dont la présence la caractérise ; elle est tenue, par conséquent, d'ôter le méchant du milieu d'elle (Éphésiens IV, 3-4 ; 1 Corinthiens XII, 12, 13 ; Colossiens II, 19 ; 1 Corinthiens V, 7-13). Or, le Seigneur ne permet pas que le méchant soit cueilli et ôté du Royaume des cieux.

On peut demander : La chrétienté est-elle le Royaume des cieux, effet sur la terre de la Parole semée, avec ses mystères révélés aux disciples seuls ? Nous répondons que, dans sa phase actuelle, pendant que le Roi est caché dans les cieux, la chrétienté se présente à nous sous cette forme et sous ce caractère, décrits dans les paraboles ; en même temps elle se présente aussi, selon 1 Corinthiens III, 9-17, comme un édifice, résultat de l'intervention, de l'homme, appelé à être collaborateur de Dieu dans le travail d'édification. - Paul, c'est-à-dire un homme, ayant posé le fondement, le seul qui peut être posé, savoir Jésus-Christ, et d'autres hommes étant appelés à édifier sur le fondement, mais responsables dans leur travail et pouvant édifier des pierres précieuses, mais aussi du foin ou du chaume qui seront consumés quand le jour viendra ; car « le jour » sera « révélé en feu. » II est bon toutefois de faire remarquer qu'on ne trouve nulle part dans les Écritures que Dieu ait donné à cet état de choses un nom quelconque qui implique en aucune manière qu'il le reconnaisse comme étant de Lui. L'Écriture n'a fait qu'annoncer et décrire d'avance la corruption qui surviendrait dans tout ce qui a été confié à la responsabilité des hommes.

(La suite à plus tard D. V.).


LA PARABOLE DES DEUX FILS
IV.
LA VOLONTÉ DU PÈRE.

« Quelle est donc la volonté de Dieu ? » demanderez-vous ; « que ferons-nous ? » Les Juifs adressaient à Jésus la même question : « Que ferons-nous pour faire les oeuvres de Dieu ? » Jésus répondit et leur dit : « C'est ici l'oeuvre de Dieu que vous croyiez en Celui qu'il a envoyé » (Jean VI, 28-29). -• Mais j'y crois, dites-vous : n'ai-je pas été baptisé comme chrétien ? ne fais-je pas partie d'une église chrétienne ? Très-bien, cher lecteur ; mais, pour éclaircir la position à vos yeux, permettez-moi de vous adresser quelques questions. Ah ! si vous croyez vraiment au Seigneur Jésus, béni en soit-Il, vous pourrez y répondre avec joie et actions de grâces. Sinon, veuille le Seigneur vous faire connaître votre état véritable.

L'apôtre Paul, autrefois Saul de Tarse, disait en parlant de tout ce dont il s'était glorifié autrefois : sa naissance, ses privilèges et ses avantagées religieux : « Je regarde toutes choses comme une perte à cause de l'excellence de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur, à cause duquel j'ai fait la perte de toutes choses, et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ, et que je sois trouvé en Lui n'ayant pas ma justice qui est de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ » (Philippiens III, 8, 9). Avez-vous ainsi vraiment renoncé à toute confiance en vous-mêmes, à ce que vous êtes, à ce que vous faites ou avez fait, l'estimant comme des ordures, vous mettant sur la même ligne que le plus vil des pécheurs, et n'ayant d'espoir pour votre salut qu'en Jésus crucifié ?

Jésus disait à ceux qui venaient après Lui : « Si quelqu'un vient après moi et ne hait pas son père, et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses frères, et ses soeurs, et même aussi sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et quiconque ne porte pas sa croix et ne vient pas après moi, ne peut être mon disciple. Ainsi donc, quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il a ne peut être mon disciple » (Luc XIV, 26, 27). Christ occupe-t-il ainsi, non pas seulement la première place dans votre coeur, mais toute la place ? « Ceux qui sont du Christ, écrit Paul, ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » (Galates V, 24). Pouvez-vous dire cela ? Et encore avec le même apôtre : « Mais qu'il ne m'arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le monde m'est crucifié, et moi au monde » (Galates VI, 14). « Je suis crucifié avec Christ et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré Lui-même pour moi » (Galates II, 20). Christ est-il ainsi tout pour votre âme ? Êtes-vous « morts avec Christ aux éléments du monde ? » (Colossiens II, 20.)

À cette mort à vous-même et au monde, joignez-vous cette vie céleste que le Seigneur demande des siens lorsqu'il leur dit : « Faites-vous des bourses qui ne vieillissent pas, un trésor dans les cieux qui ne défaille pas. Là où est votre trésor, là sera aussi votre coeur. Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées ; soyez vous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur Seigneur » (Luc XII, 33-36). En contraste avec ces hommes qui faisaient sans doute aussi profession de christianisme, mais qui étaient « ennemis de la croix de Christ, dont la fin est la perdition... qui ont leurs pensées aux choses de la terre, » Paul place ceux qui croient vraiment en Christ : « Notre bourgeoisie, dit-il, est dans les cieux, d'où aussi nous attendons le Seigneur Jésus-Christ, le Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire. » (Philippiens III, 18-21). Desquels êtes-vous, mon cher lecteur ? Ressuscité avec le Christ, cherchez-vous les choses qui sont en haut, pensez-vous aux choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ? ou bien est-ce à celles qui sont sur la terre, que votre coeur est attaché ? (Colossiens III, 1-3.) Votre attente, votre espérance, vos désirs sont-ils célestes ?

Ah ! ne vous faites pas d'illusion. Vous dites que vous croyez en Christ, que vous êtes chrétien, et ainsi vous prétendez faire « l'oeuvre, de Dieu ; » eh bien, la foi en Christ comprend toutes ces choses ; l'aveu de notre entière ruine et de notre absolue incapacité morales ; le renoncement à toute propre justice, à toute confiance en soi-même pour accepter la justice de Dieu en Christ, le renoncement au monde, à ses avantages, à son approbation et à sa gloire pour porter l'opprobre de Christ ; une vie dans laquelle on court vers un but unique : « le prix de l'appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus » (Philippiens III, 14). S'il n'en est pas ainsi pour vous, avec tout ce que vous pouvez être aux yeux des hommes et de vous-même, vous avez dit comme le second fils : « J'y vais, Seigneur, » mais vous n'y êtes pas encore allé ; vous avez peut-être cru obéir, mais vous ne l'avez pas fait ; vous avez eu une forme de piété peut-être, mais en réalité vous en avez renié la puissance. Oh ! que Dieu vous donne d'examiner avec sérieux et prières votre position devant Lui !


CROIRE, NON SENTIR

Je visitais un jour une femme qui était troublée par le sentiment de sa culpabilité devant Dieu. Voici l'entretien que nous eûmes ensemble et auquel j'ajouterai quelques réflexions.
« Certainement, me disait-elle, je crois tout ce que vous me dites ; oui, je crois chaque parole de la Bible, mais je ne sens pas que je suis sauvée, et je ne puis pas dire que je le suis avant d'en être sûre. »
- « Moi non plus, répondis-je ; je ne sens pas que je suis sauvé, quoique je sois sûr de l'être depuis longtemps ; et si vous continuez à attendre de vous sentir sauvée, vous attendrez toujours, car la Parole de Dieu ne parle jamais de se sentir sauvé. »

- « Mais, Monsieur, l'Écriture dit que nous devons naître de nouveau, et sûrement je dois sentir ce grand changement survenu en moi. Vous ne voulez pas dire que je puisse être sauvée, et cependant rester misérable comme je le suis et effrayée à la pensée de me rencontrer avec Dieu ? »
- « Non, je ne veux rien dire de semblable ; car du moment que l'on est sauvé, il s'opère un changement immense : au lieu d'être un « enfant de colère, » on devient « enfant de Dieu, » mais Satan vous trompe en tâchant de vous persuader d'attendre jusqu'à ce que vous sentiez un changement. Pendant tout ce temps vous fermez l'oreille à la Parole de Dieu qui produit le changement, « car vous êtes sauvés par la grâce, par la foi » (Éphésiens II, 8). Or, « la foi est de ce que l'on entend, et ce que l'on entend parla parole de Dieu » (Romains X, 17). Supposez qu'en ce moment vous puissiez vous sentir heureuse et en paix, vous en concluriez que vous êtes sauvée parce que vous le sentez. Mais si demain vous ne vous sentiez pas heureuse, il vous faudrait conclure que vous n'étiez pas sauvée.
Vous seriez donc sauvée un jour et pas le lendemain. Ne vaut-il pas mieux croire le témoignage que Dieu a donné de son Fils, et savoir ainsi que vous êtes passée de la mort à la vie
(1 Jean V, 9-13), au lieu d'attendre un changement et de rester dans votre misère ?

« Écoutez une comparaison qui vous fera peut-être comprendre ce que je veux dire. Je suppose que votre mari soit parti pour un lointain voyage, et que, restée seule avec vos petits enfants, vos ressources soient complètement épuisées. Vous vous lamentez sur votre triste position ; mais vos gémissements et le sentiment de votre misère n'y apportent aucun soulagement. Tout à coup, le facteur arriva, vous remet une lettre de votre mari et vous y trouvez un mandat sur la poste. Quel effet cela produit-il sur vous ? Continuez-vous à vous désoler ? Non, pleine de joie et le coeur léger, vous vous empressez d'aller chercher l'argent et de vous procurer tout ce qui est nécessaire pour vous et vos enfants. Quel changement ! Mais comment est-il survenu ? Justement par le moyen de la lettre. Vous l'avez lue, vous l'avez crue et le changement s'est opéré ; votre chagrin s'est envolé, avant même d'avoir reçu l'argent du mandat.
« Eh Lien, chère amie, vous avez la lettre de Dieu, sa parole ; ne voulez-vous point l'écouter et être sauvée ? Vous avez péché, mais Dieu dit : « Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs » (1 Timothée I, 15). Jésus lui-même dit : « Celui qui entend ma parole et qui croit Celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jean V, 24). De plus, nous lisons : « Je vous ai écrit ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu » (1 Jean V, 13). Remarquez bien qu'il est dit sachiez et non « sentiez. »
« Pour en revenir à ma comparaison, l'argent était au bureau de poste, mais vous ne l'aviez pas entre les mains. Cependant, comme la lettre annonçait qu'il était là, pour vous, vous l'avez cru et cela vous a rendue heureuse. Vous saviez que cet argent vous appartenait, et c'est ce qui vous ôtait la tristesse ; mais vous ne diriez certainement pas que l'argent vous appartenait, parce que vous vous sentiez heureuse. De même ni vous ni moi n'avons senti que Christ est mort pour nos péchés ; mais moi je sais qu'il est mort pour mes péchés, et la même parole qui me le dit, m'assure aussi que je suis sauvé. Je crois la parole bénie de Dieu, et je me sens bienheureux, parce que je sais, par cette parole, que je suis sauvé. »

Cher lecteur, êtes-vous comme la personne avec laquelle je m'entretenais, et mettez-vous vos sentiments à la place de la foi ?
Peut-être, dites-vous aussi que vous croyez toute la Bible, mais que vous ne sentez pas que vous êtes sauvé. Laissez cela de côté et tournez vos regards vers Jésus. Dieu l'a fait asseoir sur son trône dans le ciel, parce qu'il a pleinement agréé son oeuvre de rédemption ; or, si Dieu est satisfait de l'oeuvre de Jésus, pourquoi ne le seriez-vous pas ?
Le salut est pour « celui qui ne fait pas des oeuvres, mais qui croit en Celui qui justifie l'impie » (Romains IV, 5). « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle » (Jean III, 36). Puissiez-vous, avant d'avoir achevé de lire ces lignes, ajouter foi à la lettre que Dieu, dans son amour, nous a envoyée pour nous révéler ce que Jésus-Christ a fait pour des pécheurs. (Voyez Romains V, 8.) À l'instant où vous croyez Dieu sur sa parole, « vous êtes sauvé. » « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, » disait Paul au geôlier. (Actes XVI, 13.) Ce n'est pas un sentiment, c'est la foi. « Vous êtes sauvé par la grâce, par la foi. »


LE ROYAUME DES CIEUX
VIII
LES MYSTÈRES DU ROYAUME. LES SIMILITUDES.

Par la parabole de « l'ivraie, » le Seigneur nous fait voir les puissances du bien et du mal qui sont à l'oeuvre dans son champ, et l'effet extérieur qui en résulte jusqu'au temps de la moisson, lorsque le mal est ôté par le jugement. Par la seconde et la troisième similitude, - celle du « grain de moutarde » et celle du « levain, » - II nous présente l'aspect général et moral du Royaume des cieux dans le monde, en complétant ainsi le tableau au point de vue de la responsabilité de l'homme.
« II leur proposa une autre parabole, disant : Le Royaume des cieux est semblable à un grain de moutarde qu'un homme prit et sema dans son champ, lequel est, il est vrai, plus petit que
toutes les semences ; mais quand il a pris sa croissance, il est plus grand que les herbes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent et demeurent dans ses branches » (vers. 31, 32). Remarquons d'abord que, dans ces premières paraboles, l'idée de semer est conservée. C'est le contraire de celle de chercher du fruit. Depuis la croix du Christ, le monde est jugé ; Dieu n'y cherche plus de fruit comme II avait fait en Israël sous la loi. Mais il agit en grâce pour sauver des âmes par le moyen de sa Parole. Voilà pourquoi le Seigneur, depuis sa réjection ouverte prend le caractère d'un semeur. « Celui qui sème, c'est le Fils de l'homme, » celui qui doit souffrir de la part des hommes, celui qui n'a pas où reposer sa tête ici-bas.

Il sème dans son champ ; II apporte quelque chose qui n'était pas là. La semence est des plus petites, mais lorsqu'elle a pris sa croissance, elle devient un arbre.
La prophétie de Daniel vient de nouveau à notre aide pour éclaircir cette similitude. Dans le chapitre IV, le grand roi Nébucadnetzar est comparé à un arbre qui se voyait de toute la terre, sous lequel habitaient les animaux des champs et dans les branches duquel demeuraient les oiseaux des cieux. La même figure est employée par le prophète Ézéchiel (chap. XXXI), dans le même sens.
« L'arbre » représente donc une grande puissance sur la terre, à laquelle les hommes se soumettent. Dans la parabole, on voit que la puissance extérieure n'est pas formellement établie comme telle ; mais ce qui au commencement était très-petit croît graduellement jusqu'à devenir une puissance très-grande.

Qu'y a-t-il de plus modeste, en apparence, que le travail des apôtres et des premiers chrétiens « qui allaient çà et là annonçant la parole, » étant souvent chassés de lieu en lieu par la persécution ? L'apôtre Paul dit qu'il a plu à Dieu par la « folie » de la prédication de sauver ceux qui croient. Dès le début, les Juifs et les Gentils se sont également opposés à l'Évangile. Il a fini toutefois par subjuguer les esprits, de sorte que le monde civilisé en reconnaît ostensiblement l'autorité.

Remarquez bien qu'il s'agit du résultat extérieur de la prédication de l'Évangile, et non pas de l'état du coeur des soi-disant chrétiens. Les professants vrais ou faux qui font extérieurement partie de l'une des diverses « Églises », copte, nestorienne, grecque, romaine, protestante ou autre, - tous sont également jaloux du nom de « chrétien ; » ils sont d'accord pour cela, quelle que soit d'ailleurs la différence dans les détails de leur croyance ou dans l'exercice de leur culte. Us reconnaissent donc de cette façon l'autorité de Christ. Le jour viendra où Dieu jugera par Jésus-Christ les secrets des hommes, selon cet évangile que beaucoup d'entre eux ont ignoré ou méprisé tout en prétendant le recevoir (Romains II, 16). Leur jugement sera d'autant plus terrible que leur responsabilité est plus grande. La lumière divine est à la porte : la Parole, est « près » de nous. Elle nous apporte la vie ; mais si on la rejette, c'est par elle que l'on sera jugé (Jean XII, 48). Quoi qu'il en soit de l'état véritable des coeurs dont Dieu connaît les secrets dès à présent, le fait est que la petite semence du christianisme est devenue un grand « arbre. »

Un autre détail est ajouté par le Seigneur : « Les oiseaux du ciel viennent et demeurent dans ses branches. » On n'a qu'à comparer les nombreux passages" de l'Ancien Testament, où se trouve cette expression : « Oiseaux des cieux, » pour comprendre qu'il est toujours question d'oiseaux de proie, c'est-à-dire d'oiseaux impurs. L'application morale en est présentée d'une manière très-nette dans Jérémie V, 27 ; Apocalypse XVIII, 2. Les oiseaux sont une figure des esprits malins qui sont « dans les airs » et qui agissent dans les hommes (Comparez Éphésiens II, 2, et VI, 12 ; 1 Timothée IV, 1). Dans notre chapitre même, les « oiseaux, » dans la première parabole sont les émissaires du diable, qui dévorent et ravissent la bonne semence. Or, ces oiseaux impurs et méchants, nichent dans le grand arbre, - emblème frappant de ce qui est arrivé dans la chrétienté. Y a-t-il une fausse doctrine qui n'ait pas été promulguée au nom de Christ ? Y a-t-il une énormité qui n'ait pas été commise par ceux qui se sont dits « chrétiens, » même par ceux qui prétendaient être à la tête de la chrétienté ?

La troisième similitude du Seigneur nous présente un autre aspect du progrès du mal. « II leur dit une autre parabole : « Le royaume des cieux est semblable à du levain qu'une femme prit et qu'elle cacha parmi trois mesures de farine jusqu'à ce que tout fut levé » (verset 33).
Le levain nous est toujours présenté dans la Parole de Dieu comme un principe mauvais. On ne pouvait mettre du pain levé sur l'autel de Dieu (Lévitique II, 11). Dans notre Évangile (chap. XVI, 11), le Seigneur met en garde ses disciples contre le « levain » des pharisiens et des sadducéens ; et, dans le verset suivant, il est dit que le « levain » signifie « leurs doctrines. » Dans un passage de Luc (chap. XII, 1), le Seigneur résume ce même « levain » par le terme général de « l'hypocrisie. »
Si l'hypocrisie caractérisait la doctrine des pharisiens et des sadducéens qui renversaient la loi de Dieu par leurs traditions en les introduisant dans leurs enseignements, nous savons que c'est aussi ce qui a caractérisé l'enseignement dans la chrétienté depuis le commencement. Les apôtres même nous en avertissent. Ils ont signalé dans leurs épîtres trois choses qui ont eu pour effet de corrompre l'enseignement : ce sont la tradition judaïque, la philosophie et l'esprit mondain et charnel de l'homme, - ce qui correspond dans les évangiles aux trois sectes qui s'opposaient au Seigneur, savoir : les pharisiens, les sadducéens et les hérodiens.

C'est par la corruption de la pure doctrine que la face du monde a été changée au nom du christianisme. Au lieu de travailler pour Dieu en cherchant le salut des âmes, on s'est attaché à formuler et à répandre dans le monde des doctrines où la vérité de Dieu a été altérée par des additions et des explications humaines. C'est ainsi que ce qui était le christianisme a pris extérieurement devant les hommes la forme de la chrétienté. Les trois mesures de farine ont levé à la longue, et les hommes du monde s'en vantent, ne songeant guère au jugement terrible qui attend ceux qui n'ont pas cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à l'injustice ( 2 Thessaloniciens II, 12).

Après avoir montré par ces trois paraboles la forme sous laquelle le Royaume des cieux se présenterait aux hommes, Jésus congédia les foules et, étant entré dans la maison, expliqua aux disciples seuls la similitude du bon grain et de l'ivraie. Il ajouta ensuite trois similitudes, pour leur montrer les choses intérieures du Royaume, ce qui y était la pensée et l'objet de Dieu.

Les deux premières similitudes se ressemblent quant à l'idée générale.
« Encore le royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ, qu'un homme, après l'avoir trouvé, a caché ; et de la joie qu'il en a, il s'en va, et vend tout ce qu'il a, et achète ce champ-là. - Encore, le royaume des cieux est semblable à un marchand qui cherche de belles perles ; et ayant trouvé une perle de très-grand prix, il s'en alla et vendit tout ce qu'il avait, et l'acheta » (vers. 44-46).
« L'homme » et « le marchand » sont le Seigneur lui-même. Le « champ, » comme auparavant, c'est le monde.

La différence entre les deux paraboles c'est que la première présente le Royaume comme le « trésor » que le Seigneur a trouvé dans ce monde, tandis que la seconde met en évidence l'activité du Seigneur qui cherche ce à quoi II attache du prix et qui est beau à ses yeux, comme le marchand cherchait de belles perles.
Il est dit du Seigneur que ses plaisirs étaient avec les enfants des hommes (Proverbes VIII, 3) ; mais pour avoir son Royaume parmi les hommes, il fallait vendre tout ce qu'il avait, tout abandonner, laisser même sa propre vie : « A cause de la joie qui était devant Lui, il a enduré la croix » (Hébreux XII, 2).
Il y a plus. Jésus ne voulait pas seulement acheter le monde pour avoir le trésor caché (et le trésor y est encore « caché, » jusqu'à ce qu'il soit manifesté en gloire), - mais il était comme un marchand qui cherchait de belles perles. Il en a trouvé une, une seule, « une perle de très-grand prix, et il s'en alla et vendit tout ce qu'il avait et l'acheta. » Quelle porte le Seigneur nous ouvre ici pour sonder les profondeurs de son amour pour l'Église ! « Christ a aimé l'assemblée et s'est livré lui-même pour elle, afin qu'il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d'eau par la parole ; afin que lui se présentât l'assemblée à lui-même glorieuse, n'ayant ni tache ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu'elle fût sainte et irréprochable » (Éphésiens V, 25-27).

La sixième similitude, la dernière de notre chapitre (vers. 47-50), présente la part qu'ont à prendre dans le royaume des deux les vrais serviteurs de Dieu. La parabole a dû être comprise par les disciples lorsqu'ils se rappelaient les premières paroles que le Seigneur avait adressées à quelques-uns d'entre eux : « Venez après moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes » (Matthieu IV, 19).
« Encore le royaume des cieux est semblable à une seine jetée dans la mer et rassemblant [des poissons] de toute sorte ; et quand elle fut pleine, ils la tirèrent sur le rivage, et s'asseyant, ils mirent ensemble les bons dans les vaisseaux, et jetèrent dehors les mauvais. Il en sera de même à la consommation du siècle : les anges sortiront et sépareront les méchants du milieu des justes, et les jetteront dans la fournaise de feu : là seront les pleurs et les grincements de dents (vers. 47-50).

La « mer » représente les nations en général ; c'est une figure assez commune dans les Écritures ; l'expression « pêcheurs d'hommes », rapprochée de « toutes les nations » (Matthieu XXVIII, 19) où il est question de l'oeuvre de l'évangélisation, suffit pour établir la portée de la parabole.

Cette similitude nous fait voir l'oeuvre et la responsabilité des serviteurs du Seigneur dans la dispensation actuelle. Cette oeuvre consiste non-seulement à ramasser toute sorte de gens par la prédication de la Parole, en les tirant sur le rivage, là où sont les pêcheurs, - mais aussi à mettre ensemble les bons dans des vaisseaux, et à jeter dehors les mauvais. Cela indique évidemment le service qui amène les âmes à comprendre que Dieu ne veut pas laisser mélangé ensemble tout ce que le filet a ramassé, mais qu'il a préparé un lieu pour les siens, afin que « les bons » soient là à part.
Lors de la consommation de ce siècle, il y aura une oeuvre de triage inverse ; mais c'est l'oeuvre des anges, non pas des pêcheurs. Les anges sortiront et sépareront les méchants du milieu des justes, et les jetteront dans la fournaise de feu. C'est ce qui inaugure « le royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ » (Apocalypse XI, 15), comme nous l'avons vu en considérant la parabole de « l'ivraie. »

II nous reste quatre « similitudes » à examiner. Elles se trouvent dispersées dans le courant de notre Évangile, et sont proposées par le Seigneur en rapport avec les divers sujets qui y sont traités, savoir : le pardon (chap. XVIII, 23), la volonté souveraine et l'élection de Dieu (chap. XXI, 1), la grâce qui s'adresse d'abord au Juif ensuite au Gentil (chap. XXII, 1) et, finalement, le retour du Fils de l'homme (chap. XXV, 1).

De ces quatre paraboles, la première et la troisième commencent par les mots : « Le royaume des cieux a été fait semblable à un roi... ; » elles nous occupent plus spécialement de l'histoire du Royaume au point de vue de l'autorité qui y est exercée par le Roi. La seconde (chap. XX, 1) expose le principe de la souveraineté divine en choisissant les objets de sa bonté parmi ceux qui ne la méritent pas.

La parabole du « serviteur qui ne pardonne pas » (chap. XVIII, 21-35), nous démontre d'un côté le caractère moral du Royaume des cieux, en vue duquel les hommes étaient appelés à se repentir, et de l'autre côté la responsabilité de ceux qui, par la bonté du Roi, jouissent d'un pardon complet de toute dette envers Lui. Le Roi voulait compter avec ses esclaves. On lui en amena un qui lui devait 10,000 talents (5), somme énorme qui montre l'impossibilité chez le débiteur de l'acquitter, et qui, selon la justice, exigeait que lui, sa femme, ses enfants et tout ce qu'il avait fussent vendus. La prière de l'esclave : « Seigneur, use de patience envers moi et je te payerai tout, » sert à faire voir le peu de cas qu'il faisait de sa dette et, par conséquent, de la grâce indicible qui néanmoins la lui remettait. Sa conduite subséquente justifie son appréciation de sa dette. Il saisit à la gorge un de ses camarades, esclave avec lui, et le jette en prison jusqu'à ce qu'il lui ait payé sa petite dette de cent deniers, somme misérable, qui ne valait guère la peine qu'on en parlât. Cette conduite du serviteur attire sur lui un jugement inexorable : « Et son seigneur, étant en colère, le livra aux bourreaux, jusqu'à ce qu'il lui eût payé tout ce qui lui était dû. »

Il n'est pas difficile de voir comment cette parabole s'applique à nous. La grande dette est envers le Roi lui-même. Ce sont nos péchés innombrables contre Dieu ; la petite dette est ce que nos frères peuvent nous devoir d'une manière ou d'une autre. Nous sommes appelés à nous pardonner les uns aux autres comme Dieu en Christ nous a pardonné, car Dieu a effacé tous nos péchés par le sang de Jésus Christ son Fils (Comparez Éphésiens IV, 32 ; 1 Jean I, 7). Quant au jugement qui atteint celui qui ne veut pas pardonner (6), le Seigneur ajoute : « Ainsi aussi mon Père céleste vous fera, si vous ne pardonnez pas de tout votre coeur chacun à son frère. » Quel avertissement solennel !

Passons à la parabole « des ouvriers dans la vigne. » À la fin du chap. XIX, Jésus avait dit à ses disciples que celui qui aurait quitté parents ou biens pour l'amour de Lui en recevrait cent fois autant et hériterait de la vie éternelle, « mais, dit-Il, plusieurs qui sont les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers. Car le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui sortit dès le point du jour, afin de louer des ouvriers pour la vigne... » (chap. XX, 1-16.)
La journée est arrêtée avec les premiers qui sont loués, à « un denier. » Le maître de la maison trouve d'autres ouvriers sur la place du marché vers la troisième, sixième et neuvième heures ; même jusqu'à la onzième heure, il ne cesse pas de les engager dans son service. Il dit à chacun qu'il recevrait ce qui serait juste. Le soir venu, le moment du payement arrivé, il dit à son intendant d'appeler les ouvriers et de leur donner à chacun un denier en commençant depuis les derniers jusqu'aux premiers. Le salaire, toujours le même, dépend de la bonne volonté du maître, et non du travail plus ou moins grand de l'ouvrier. En effet, si le salaire dépendait de notre travail, il faudrait que nous fussions vendus avec tout ce qui est à nous, comme la dernière parabole nous l'a montré : car « les gages du péché, c'est la mort ; » en vain donnerions-nous le fruit de notre corps pour le péché de notre âme ! (Michée VI, 7, 8).

L'opposition toujours croissante des conducteurs des Juifs contre le Seigneur, tira de Lui l'avertissement solennel que le Royaume de Dieu leur serait ôté et donné à une nation qui en rapporterait les fruits... Puis, leur parlant encore en paraboles, II dit : « Le royaume des cieux a été fait semblable à un roi qui fît des noces pour son fils et envoya ses esclaves pour convier ceux qui étaient invités aux noces ; et ils ne voulurent pas venir... » (chap. XXII, 1-14).

Ceux qui étaient invités, les Juifs, - « fils du Royaume, » comme Jésus les appelle (chap. VIII, 12), - ne tinrent pas compte de l'invitation aux noces, mais outragèrent les messagers du roi, et périrent en conséquence. Leur refus de profiter delà grâce devint alors l'occasion de la présenter aux Gentils (Comparez Actes XIII, 46-48), à ceux qui sont « étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance, et sans Dieu dans le monde » (Éphésiens II, 12). Mais il est de première nécessité que chacun de ceux qui se trouvent aux noces soit revêtu d'une robe de noces, robe que, selon la coutume, l'hôte fournissait. « Ce n'est pas de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde (Romains IX, 16). - Voilà le principe de la grâce. Si quelqu'un prétend jouir du bonheur et de la gloire du festin, sans y entrer d'une manière qui fasse honneur au Roi qui a fait les noces pour son Fils, il se trouvera exclu par le jugement solennel qui ordonne aux serviteurs de le lier pieds et mains et de le jeter dans les ténèbres de dehors, là où il y aura des pleurs et des grincements de dents ; « car, ajoute le Seigneur, il y a beaucoup d'appelés mais peu d'élus. »

Cette parabole fait pendant à la précédente, en montrant la manière dont on est appelé à profiter de la grâce. Il y a aussi une certaine liaison avec la dixième similitude, par l'idée même des noces. Dans cette dernière parabole, il est question de la venue personnelle du Fils de l'homme comme « L'ÉPOUX. »
Nous en parlerons plus tard, si Dieu le permet.


Table des matières par ordre chronologique

Table des matières par ordre alphabétique


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LA VILLE DE REFUGE - (UN MOT D'AVERTISSEMENT)
LE ROYAUME DES CIEUX - VI - LA RÉJECTION DE JÉSUS. ? - LES PARABOLES
Question. Comment doit-on entendre le passage I Jean II, 6 
FRAGMENT
LA PARABOLE DES DEUX FILS - III. - « MOI, J'Y VAIS, SEIGNEUR. »
« POURQUOI NE LE FAIS-TU PAS ? »
QUELQUES QUESTIONS SÉRIEUSES
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LA PARABOLE DES DEUX FILS - V. - CELUI QUI OBÉIT ( « LE PREMIER » )


(1) L'envoi du Saint-Esprit et la prédication de « la justice de Dieu, » caractérisent nécessairement cet intervalle, comme le Seigneur nous le dit dans le chapitre XVI de Jean ; car c'est Jésus glorifié qui a envoyé le Saint-Esprit (Jean VII, 39 ; XVI, 7). Les chapitres XIII-XVII de l'évangile de Jean nous font voir les résultats pour nous de la gloire actuelle de Jésus, en rapport avec la mission du Saint-Esprit et le témoignage rendu sur la terre qui a rejeté le Seigneur. En Matthieu, nous trouvons l'effet produit sur la terre par la prédication de la Parole du Royaume par le Fils de l'homme (le Messie rejeté qui a pris ce caractère) et par ses envoyés, l'ennemi faisant tous ses efforts pour rendre la prédication infructueuse.

(2) Nous apprenons de 1 Jean III, 10, que le terme peut s'appliquer à « celui qui ne pratique pas la. justice, » et « à celui qui n'aime pas son frère, » - deux expressions qui se rattachent au christianisme, à la pleine révélation de Dieu le Père. La « justice est celle de Dieu (chap. II, 29 ; III, 7) ; le mot « frère » suppose la relation de la famille, qui découle de la révélation du Père. L'apôtre Jean, parlant de la manifestation des enfants du diable, ne s'occupe pas de leur apparence, ou de leur caractère extérieur ; il dit que l'on ne trouve pas en eux le seul fruit auquel on peut reconnaître un enfant de Dieu. Premièrement : « Quiconque ne pratique pas la justice n'est pas de Dieu ; » et, en second lieu, « celui qui n'aime pas son frère. »

(3) II n'est pas dit ici : « II enverra les anges ; » c'est pour une oeuvre subséquente à celle dont il est question au vers. 30 qu'il les envoie (Comp. XIII, 49 ; XXIV, 30, 31 ; XXV, 31).

(4) Plus tard (chap. XVI, 20), Jésus défend à ses disciples de dire à personne qu'il fût le Christ. « Christ » ou « Oint, » est le nom qui se rattache à sa gloire royale (Voyez Psaume II).

(5) Selon la moindre évaluation, le talent, s'il était d'argent, valait plus de 8,000 francs. Le talent d'or valait quinze ibis autant. 100 deniers pouvaient valoir environ 80 francs.
(6) 1 Thessaloniciens II, 15, 16, semble montrer qu'il peut y avoir une application de cette parabole, au point de vue dispensationnel, au Juif et au Gentil. Il est évident, d'après Romains IX, 4, 5, que, dans ce sens, le Juif devait infiniment plus au Seigneur que le Gentil ne devait au Juif.

 

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