LE
SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. II
DEUXIÈME
ANNÉE 1875
LA PARABOLE DES DEUX FILS
V.
CELUI QUI OBÉIT ( « LE
PREMIER » )
Quel est donc celui qui obéit ?
Notre parabole nous le dit aussi. L'enfant au coeur
rebelle, et qui avait manifesté sa propre
volonté d'une manière si arrogante,
rentre en lui-même. Le remords l'a
saisi : que fera-t-il ? Se retourner et
revenir dans le sentier de la soumission ;
c'est ce que les principaux sacrificateurs et les
anciens du peuple eux-mêmes ont jugé
être la vraie obéissance, quelle
qu'eût été sa conduite
précédente.
Le Seigneur avait sans doute d'abord en vue ces
publicains et ces pécheurs qui
s'approchaient pour entendre ses paroles
(Luc XV, 1), - paroles, non de
jugement
(Jean III, 17), mais de grâce.
Il était venu chercher et sauver ce qui
était perdu ; il appelait à la
repentance, non les justes, mais les
pécheurs. Ce n'était pas qu'il
pactisât avec le mal, ni qu'il excusât
le péché, Lui le Saint de Dieu. Mais
sa présence, tout en dévoilant ce
qu'était la vraie sainteté, montrait
aussi l'amour de Dieu envers le
pécheur ; cet amour du Père qui
voit de loin son fils revenir, et qui, ému
de compassion, court à lui, se jette
à son cou et le couvre de baisers,
malgré ses haillons
(Luc XV, 20) ; cet amour qui a
fait descendre le Fils de Dieu du sein de la gloire
(Jean III, 16 ;
I, 14) au milieu du mal, de la
douleur et de la mort, pour sauver, consoler et
donner la vie. Voilà ce qui touchait les
pécheurs et les amenait à Lui.
Voilà pourquoi une misérable
pécheresse, rebut de tous ces pharisiens,
orgueilleux de leur propre justice, osait venir aux
pieds de Jésus verser les larmes de son
coeur brisé par la honte, le remords, le
sentiment de ses péchés, de ses
« grands »
péchés, sans doute, mais brisé
aussi en même temps qu'attiré par la
vue de l'amour et de la grâce parfaite
qu'elle découvrait en Lui
(Luc VII, 36,
50). Voilà un coeur tel que
les aime Celui qui a dit :
« J'habiterai dans le lieu haut et saint,
et avec celui qui a le coeur
brisé. » « À qui
regarderai-je ? à celui qui est
affligé et qui a l'esprit
brisé. »
(Esaïe LVII, 15 ;
LXVI, 2.) O parole
délicieuse, parole pleine de charmes pour ce
coeur si longtemps courbé sous le joug du
péché : « Tes
péchés te sont pardonnés. Ta
foi t'a sauvée, va-t'en en
paix ! » Celle-là est un de
ces enfants qui, secouant tout frein, avait
dit : « Je ne veux pas, »
mais qui, ayant du remords, est allé faire
la volonté de Dieu, car elle a cru en Celui
que Dieu a envoyé.
Le publicain Zachée, qui reçoit avec
joie le Seigneur dans sa maison, entend aussi cette
parole non moins ravissante pour l'âme
altérée de pardon, qui a reconnu
l'erreur de ses voies et a laissé son chemin
d'iniquité : « Aujourd'hui le
salut est venu à cette maison, vu que lui
aussi est fils d'Abraham, car le fils de l'homme
est venu chercher et sauver ce qui était
perdu »
(Luc XIX, 9, 10). Abraham, le
père de ceux qui croient, avait tressailli
de joie de voir le jour de Christ ; le pauvre
publicain Zachée, ce pécheur chez qui
était entré le
Seigneur, excitant ainsi les murmures de ceux qui
se confiaient en eux-mêmes comme s'ils
étaient justes, Zachée jouit de la
même joie qu'Abraham, parce que comme lui, il
croit en Christ, et c'est là
« l'oeuvre de Dieu. »
Tels sont ceux qui après avoir ouvertement
« marché selon la dureté de
leur mauvais coeur »
(Jérémie XI, 8) ont
entendu la voix qui leur disait :
« Retourne à moi, car je t'ai
racheté »
(Ésaïe XLIV, 22), ont
délaissé leur voie de
méchanceté, ont
« rebroussé chemin vers les
témoignages de
l'Éternel » et ont
éprouvé qu'il a eu pitié d'eux
et qu' « II pardonne
abondamment »
(Ésaïe LV, 7).
Mais est-ce pour ceux-là seulement qu'il y a
grâce ? Non ; où
« le péché abondait, la
grâce a surabondé »
(Romains V, 20). Pour ceux-là
même qui avaient crié :
« Crucifie, crucifie-le, »
Jésus a dit :
« Père, pardonne-leur, car ils ne
savent ce qu'ils font »
(Luc XXIII, 21,
34). Et en réponse à
cette prière du Sauveur, le Saint-Esprit,
par la bouche de Pierre, leur annonce
« la, rémission des
péchés »
(Actes II, 38 ;
III, 19,
26). À tous, à ceux
qui ont dit : « Je ne veux
pas, » comme à ceux qui ont
couvert leur rébellion du voile d'une feinte
obéissance ou qui ont cru obéir tout
en suivant leur propre volonté, à
tous un même salut est offert. Le chemin du
retour est ouvert à tous, mais ce chemin est
unique ; pour tous, c'est le brisement de la
volonté rebelle, l'anéantissement de
toute prétention et justice propre, la
soumission à la volonté du
Père, qui est
maintenant :
« que quiconque discerne le Fils et croit
en Lui, ait la vie éternelle »
(Jean VI, 40) : « car
aussi il n'y a point d'autre nom sous le ciel qui
soit donné parmi les hommes, par lequel il
nous faille être sauvés »
(Actes IV, 12).
Saul de Tarse avec tous ses avantages religieux,
tout son zèle et sa bonne conscience,
n'était qu'un « outrageux, un
persécuteur et un
blasphémateur, » le premier des
pécheurs, nous dit-il
(1 Timothée I, 13, 15). N'y
a-t-il donc point d'espoir pour lui ? Au
contraire, en lui, le premier, Jésus-Christ
a montré toute sa patience, afin qu'il
fût un exemple de ceux qui viendront à
croire en lui pour la vie éternelle
(vers. 16). Mais pour cela il faut
que dans son estime il descende au niveau de ces
publicains et prostituées qu'il avait sans
doute méprisés. Il faut qu'il
reconnaisse que « toutes ses justices
sont comme le linge le plus
souillé »
(Ésaïe LXIV, 6) ;
que, « depuis la plante du pied jusqu'au
sommet de la tète, il n'y a rien d'entier en
lui ; qu'il n'y a que blessure, meurtrissure
et plaie pourrie »
(Ésaïe I, 6), et comme
lui-même le dit : qu'en lui,
« il n'habite point de bien »
(Romains VII, 18). Il faut qu'il en vienne à
estimer comme des « ordures »
tout ce en quoi il se glorifiait pour ne plus
savoir que « Christ
crucifié » fait « pour
nous de la part de Dieu sagesse et justice, et
sainteté et rédemption »
(1 Corinthiens I, 30 ;
II, 2) ; et, qu'à son
tour, à la suite de son Maître,
« portant toujours partout dans le corps
la mort de Jésus, » il
devienne « comme les balayures du monde
et le rebut de tous »
(2 Corinthiens IV, 10 ;
1 Corinthiens IV, 13). Voilà
comment il retourne, lui aussi, dans la voie de
l'obéissance, la seule et la même pour
tous, publicains ou pharisiens :
« Car il n'y a point de
différence, car tous ont péché
et n'atteignent pas à la gloire de
Dieu »
(Romains III, 22-23). « Ne
se plus glorifier que dans un Christ
crucifié, comme puissance, comme sagesse et
comme justice de Dieu pour le salut ; ce que
l'on vit encore, le vivre dans la foi au Fils de
Dieu qui nous aime et nous a lavés de nos
péchés dans son
sang ; » là, dans cette foi,
cet amour et cette vie se rencontrent, et la
pécheresse, et Zachée le publicain,
et le pharisien Saul.
Et vous, cher lecteur, où en
êtes-vous ? Couvrez-vous encore votre
coeur rebelle du voile d'une obéissance
extérieure ? Vous abritez-vous
derrière les « feuilles de
figuier » de votre honorabilité,
de vos bonnes oeuvres, de votre propre justice, de
vos habitudes religieuses ou de votre foi
traditionnelle ? Déchirez tout cela,
qui vous laisse aux yeux de Dieu dans toute la
laideur que le péché a
imprimée sur vous et sous la juste
condamnation qu'il entraîne. Dites :
« Que je sois trouvé en Lui,
n'ayant pas ma justice qui est de la loi, mais
celle qui est par la foi en Christ, la justice qui
est de Dieu, moyennant la foi »
(Philippiens III, 9). C'est alors seulement
qu'après vous être si longtemps
détourné de ce qui est le
commandement de Dieu, vous y rentrerez pour votre
paix et votre joie éternelles.
Ou bien êtes-vous de ceux qui jusqu'à
présent ont
résolument tourné le dos à
Dieu, soit par une incrédulité
déclarée, soit par
l'indifférence ou une vie en opposition
flagrante avec la loi de Dieu ? Avez-vous
jusqu'ici vécu sans Dieu, sans autre
espérance que celle qui se rapporte à
la terre, ne cherchant la satisfaction des besoins
de vos âmes que dans ce qui va périr
et n'est que vanité ? Laissez-moi vous
adresser une seule question. Avez-vous
trouvé la paix dans cette voie ? Ne
soupirez-vous jamais sous ce fardeau de jours qui
reviennent toujours les mêmes avec leurs
occupations monotones et au fond sans profit, leurs
plaisirs qui ne peuvent remplir le vide du coeur,
et leurs douleurs et leurs deuils,
hélas ! sans espérance
réelle ? N'avez-vous jamais fait la
même douloureuse expérience que cet
homme qui avait goûté tout ce que la
terre peut offrir en fait de science, de richesses
et de jouissances, et qui après tout
disait : « Ayant
considéré toutes mes oeuvres que mes
mains avaient faites, et tout le travail auquel je
m'étais occupé en les faisant,
voilà, tout était vanité et
rongement d'esprit, tellement que l'homme n'a aucun
avantage de ce qui est sous le soleil »
(Ecclésiaste II, 11).
Voilà tout ce que l'on trouve dans le chemin
de la volonté propre, en dehors de celle de
Dieu.
Et au bout de ce labeur, de cette vanité et
de ce rongement d'esprit ; au bout de ces
jours dont « le plus beau n'est que
travail et tourment »
(Psaume XC, 10), après toutes
ces « douleurs, et cette occupation qui
n'est que chagrin, de sorte que même la nuit
le coeur ne repose
point »
(Ecclésiaste II, 23), que
trouve-t-on ? Au terme de ce chemin, c'est la
mort ; et « après cela, le
jugement »
(Hébreux IX, 27). Chemin
douloureux où, même en riant, le coeur
est triste
(Proverbes XIV, 13), quel que soit
l'étourdissement auquel on se livre ;
issue redoutable, voilà votre lot. Ah !
retournez au « chemin de la
paix, » qui est celui de la
volonté de Dieu. Sortez de ces
ténèbres et de l'ombre de la mort
pour venir à Celui qui est la lumière
et la vie. Lui qui, à une pauvre
pécheresse samaritaine, annonça et
offrit le don d'une eau vive qui la
désaltérerait à jamais et
apaiserait tous les besoins et les désirs de
son coeur, II est toujours le même,
prêt aussi à faire jaillir en vous les
pures eaux de cette fontaine de vie
éternelle. « Holà, vous
tous qui êtes altérés, venez
aux eaux ! »
(Ésaïe, LV, I.)
« Que celui qui a soif vienne ; que
celui qui veut prenne gratuitement de l'eau de la
vie »
(Jean IV, 10,
13, 14;
Apocalypse XXII, 17).
A. L.
LE ROYAUME DES CIEUX
IX
LES CLEFS DU ROYAUME. CEUX QUI Y ENTRENT.
LA VENUE DU FILS DE L'HOMME.
Avant de considérer la parabole des
« dix vierges, » qui met sous
nos yeux la dernière scène des
mystères du Royaume des cieux, alors
que tout ce qui
représente le Royaume dans son aspect
mystérieux ou caché va se perdre dans
la gloire du Fils de l'homme qui vient, - il sera
utile et même nécessaire de passer en
revue quelques parties de notre évangile qui
renferment des enseignements importants du Seigneur
touchant le sujet qui nous occupe.
Nous avons vu comment, dans le
chap. XIII de Matthieu, Jésus
donne connaissance à ses disciples des
« mystères » du Royaume
à la suite de sa réjection. La fin du
chapitre fait ressortir l'incrédulité
étonnante du peuple : ceux qui auraient
dû le mieux connaître Jésus sont
scandalisés en Lui ; ils
méprisent celui qu'ils appellent
« le fils du charpentier, » et
cette incrédulité empêche le
Seigneur de faire beaucoup de miracles parmi
eux.
Le chapitre
XIV, après avoir
présenté dans l'histoire de la
fête du roi Hérode un tableau
saisissant de la dépravation de l'homme
envisagé sous tous les rapports, - montre
que malgré le refus du peuple de croire en
Lui, la puissance divine du Seigneur restait au
service de son amour en faveur de tous ceux qui le
recherchaient. Il rassasie dans le désert
ceux qui ont faim. Il communique à Pierre le
pouvoir de marcher sur les eaux
(1), et si
celui-ci n'en profite que pour
un instant, c'est à cause de son manque de
foi ; finalement, tous ceux qui touchent
seulement le bord de sa robe sont
complètement guéris.
Dans le chapitre
XV, le Seigneur expose et juge les
traditions juives par lesquelles les conducteurs du
peuple avaient anéanti la Parole de
Dieu ; et II ajoute : « Toute
plante que mon Père céleste n'a pas
plantée sera
déracinée. » Tout ce qui
doit subsister est l'ouvrage du Père qui est
dans les cieux, tout est mis en rapport avec Lui.
Les Juifs et leur religion de lèvres sont
mis de côté ; puis la grâce
du Seigneur trouve, dans la personne d'une pauvre
Cananéenne, sans droit de cité en
Israël, un objet envers lequel elle peut
s'exercer. Le Seigneur donne à manger aux
foules en multipliant les pains pour la seconde
fois ; puis, au commencement du chapitre
XVI, II rappelle ces deux effets de
sa puissance en mettant les disciples en garde
contre la doctrine des Pharisiens et des
Sadducéens qui lui demandaient un signe,
pour l'éprouver.
Ces chapitres mettent en évidence la
puissance divine et la gloire morale qui
caractérisent le Royaume
que Jésus annonçait. La puissance de
la grâce de Dieu est présentée
en contraste avec la doctrine corruptrice des
hommes.
S'en étant allé ensuite, avec ses
disciples, jusqu'à un endroit reculé,
à l'extrême nord du pays, Jésus
commence à leur parler de sa propre
personne. « II les interrogea,
disant : Qui disent les hommes que je suis,
moi le FILS DE L'HOMME ? Et ils dirent :
Les uns disent : Jean le baptiseur, les
autres : Élie, et d'autres :
Jérémie ou l'un des prophètes.
Il leur dit : Et vous, qui dites-vous que je
suis ? Et Simon Pierre, répondant,
dit : Tu es le Christ, le FILS DU DIEU VIVANT.
Et Jésus, répondant, lui dit :
Tu es bienheureux, Simon Barjonas, car la chair et
le sang ne t'ont pas révélé
cela, mais mon Père qui est dans les
cieux »
(chap. XVI, 13-17).
Cette confession merveilleuse, fruit de la
révélation du Père,
établit nettement le fond de la
vérité touchant la personne de
Jésus. Le Seigneur se nomme habituellement
« Fils de l'homme, »
précieux nom de Celui qui, étant
Dieu, s'est fait homme ! « La Parole
devint chair et habita au milieu de nous pleine de
grâce de vérité. »
C'est aussi au « Fils de
l'homme » que toutes choses doivent
être assujetties
(Ps. VIII) ; c'est à Lui
que, selon la prophétie de Daniel, le
Royaume est donné dans les cieux
(2). - La
confession de Pierre
complète l'enchaînement de la
vérité au sujet du Sauveur. Il
était « le Christ » ou
« le Messie, » - celui qui
était l'objet des prophéties de
l'ancienne alliance, l'héritier de toutes
les promesses faites à David et à
Abraham ; II était aussi le
« Fils du Dieu vivant, »
l'expression de la vie qui est en Dieu, - celui qui
était descendu du ciel pour communiquer la
vie éternelle et pour révéler
le nom du Père et faire entrer ses
rachetés dans l'intimité de cette
relation avec le Père, dont II jouissait
Lui-même dans la pleine connaissance de son
amour.
Pierre était en effet
« bienheureux » de
posséder cette révélation. La
confession faisait ressortir le fondement,
« le roc, » sur lequel la
« maison de Dieu » pouvait
être édifiée par le
« FILS. » Aussitôt que ce
fondement est posé, Jésus
présente l'accomplissement actuel, quoique
spirituel, des « gratuités
immuables » promises à
David ; II montre comment II va bâtir
« la maison » et inaugurer
« le Royaume » selon la
prophétie que nous avons déjà
examinée
(1 Chroniques XVII, 12). Il
dit : « Et moi aussi, je te dis que
tu es Pierre ; et sur ce roc je bâtirai
mon assemblée, et les portes du hadès
ne prévaudront pas contre elle ; et je
te donnerai les clefs du royaume des cieux, et tout
ce que tu lieras sur la terre sera lié dans
les cieux, et tout ce que tu délieras sur la
terre sera délié dans les cieux.
Alors il enjoignit expressément à ses
disciples de ne dire à personne qu'il fut le
Christ »
(vers. 18-20). Le nom de
« Christ » devint
dorénavant un secret
caché à la nation d'Israël qui
l'avait rejeté, et
révélé seulement à ceux
qui croyaient en Lui.
L'Église, ou
« l'assemblée, »
n'étant pas le sujet qui nous occupe, nous
ne nous arrêterons pas sur la première
partie de ces paroles de notre Seigneur,
excepté pour relever, en passant, quatre
choses qui distinguent nettement l'Église du
Royaume des cieux.
1° « L'Église » est
envisagée comme un édifice
spirituel
(3).
2° Jésus conserve entre ses propres
mains la construction de son
« assemblée » ;
l'oeuvre de l'édification, étant
celle du Seigneur, est donc nécessairement
parfaite.
3° C'est une oeuvre éternelle que Satan
et la mort ne peuvent détruire aucunement.
« Les portes du hadès, »
- la puissance de la mort, - n'y peuvent rien, car
c'est la personne du Fils du Dieu VIVANT,
reconnu comme tel, qui est le fondement. C'est
pourquoi le fondement est inébranlable. La
résurrection de Jésus en est la
preuve (comparez
Romains I, 4 ;
VI, 4).
4° Enfin les pierres dans l'édifice
sont, ici, les véritables croyants. Celui
qui possédait la révélation
touchant le Fils, qui croyait en Lui, était
une « pierre » prête
à poser sur le fondement ;
car Jésus dit :
« Je te dis que tu es Pierre
(ou : une pierre). »
Rappelons-nous que Christ est envisagé ici
comme déjà rejeté de la terre.
(Comparez aussi
1 Pierre II, 4-5). Le Seigneur
connaît ceux qui "sont à Lui ; et
II ne peut se tromper au sujet des
« pierres vivantes » qu'il pose
sur le « roc. »
« L'Église » est en
rapport avec la personne et la gloire
essentielle du Fils de Dieu, tandis que
« le Royaume des cieux » se
rapporte plutôt à sa position et
à son autorité.
Ici aussi, il est question de la profession
que' chacun fait, de la position
extérieure qu'il prend. Or, la profession
peut être vraie ou fausse. Les clefs du
Royaume sont confiées à Pierre, et
Jésus lui confère une autorité
administrative, celle de lier et délier
(4).
Les clefs sont évidemment pour ouvrir les
portes du Royaume. Il les ouvrit en effet par la
prédication de la Parole, soit aux Juifs, le
jour de la Pentecôte
(Actes II), soit aux Gentils, dans la
maison de Corneille
(Actes X). Dans les deux cas, ceux
qui entraient étaient, sans doute,
réellement convertis ; mais les faux
professants ne tardèrent pas à se
mêler avec les fidèles, comme le
Seigneur l'avait prédit dans la parabole de
« l'ivraie. » Dans la suite,
beaucoup de gens y sont
entrés, dont le coeur n'a pas
été touché par la
grâce ; beaucoup se glorifient dans ce
baptême qui, selon la commission de
Jésus aux onze
(chap. XXVIII, 19), est le droit et
les insignes d'un
« disciple » ; mais
beaucoup de ceux-ci, hélas ! seront
trouvés n'être que de l'ivraie lorsque
le temps du jugement arrivera.
Quelle qu'ait été, cependant, la
confusion résultant de
l'infidélité et de la faiblesse
humaines, le caractère moral du Royaume des
cieux dans son côté céleste
n'est nullement changé. Le Seigneur a
indiqué à quel titre l'on entre dans
le Royaume des cieux et l'on en fait
réellement partie ; et tout ce qu'il a
dit dans ce sens conserve son actualité pour
nous et nous donne la mesure de notre
responsabilité à cet égard, -
responsabilité qui n'est pas diminuée
par suite des scandales qui sont entrés pour
un temps.
Voici quelques passages qui traitent de ce
sujet :
Dans le chap.
VII, vers. 21, Jésus
dit : « Ce ne sont pas tous ceux qui
me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront
dans le royaume des cieux ; mais celui qui
fait la volonté de mon Père qui est
dans les cieux. » Or, on ne peut pas
faire la volonté du Père sans le
connaître
(1 Jean II, 3,
13). Pour le connaître il faut
d'abord croire la parole par laquelle II se
révèle. Cette parole nous humilie
beaucoup parce qu'elle nous dit ce que nous sommes
sans Dieu. Il faut donc être converti et
devenir comme un petit enfant, car
Jésus dit
(chap. XVIII, 3) :
« En vérité je vous
dis : Sivous ne vous
convertissez et ne devenez comme les petits
enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des
cieux. » Et encore
(XIX, 14) : « Laissez
venir à moi les petits enfants, et ne les en
empêchez pas ; car à de tels est
le royaume des cieux. »
Un homme riche y entre difficilement
(XIX, 23) ; car son coeur est
préoccupé des biens de cette terre
dont il jouit en abondance. Cependant toutes choses
sont possibles pour Dieu, et la grâce, que
Dieu en soit béni, est capable de briser le
coeur même d'un homme riche !
Le Seigneur ne promet pas les biens de ce monde
à ceux qui entrent dans le Royaume des
cieux. Au contraire II dit : « Si
quelqu'un veut venir après moi, qu'il se
renonce soi-même, et qu'il prenne sa croix,
et me suive : car quiconque voudra sauver sa
vie la perdra, et quiconque perdra sa vie pour
l'amour de moi la trouvera. Car que profitera-t-il
à un homme s'il gagne le monde entier et
qu'il fasse la perte de son âme ; ou que
donnera un homme en échange de son
âme ? »
(chap. XVI, 24-26.) La position de
ceux qui sont dans le Royaume, doit être
celle de la souffrance jusqu'à ce que le
Fils de l'homme vienne. Le Royaume est
« en mystère » aussi
longtemps qu'il est absent, et ceux qui l'aiment
doivent rester dans l'attente de sa prochaine
venue. En attendant, leurs coeurs sont
nécessairement liés à Lui
là où II est, et leurs
espérances, leurs joies, leurs affections,
leur trésor sont devenus célestes.
L'avenir glorieux qui leur est
préparé est certain
et proche pour l'oeil de la
foi ; car « encore très-peu
de temps et celui qui vient viendra, et il ne
tardera pas »
(Hébreux X, 37).
Lorsqu'il viendra, comment le
rencontrera-t-on ? La dernière
similitude répond à cette question
(chap. XXV, 1-13) :
« Alors le royaume des cieux sera fait
semblable à dix vierges qui, ayant pris
leurs lampes, sortirent à la rencontre de
l'époux. Et cinq d'entre elles
étaient prudentes, et cinq folles. Celles
qui étaient folles, en prenant leurs lampes,
ne prirent pas d'huile avec elles ; mais les
prudentes prirent de l'huile dans leurs vaisseaux
avec leurs lampes »
« Les lampes »
représentent la
« profession » dont nous avons
parlé. « L'huile, » est
le type du Saint-Esprit qui peut seul alimenter la
vie et montrer que la profession est vraie selon
Dieu.
C'est la possession du Saint-Esprit qui distinguait
les vierges prudentes. Quant à leur
conduite, la perfection ne se trouve nulle
part : toutes ont dormi. Mais lorsqu'à
minuit le cri : « Voici
l'Époux, » se fait entendre, les
prudentes peuvent apprêter leurs lampes et
aller à sa rencontre. D'un autre
côté, ce moment critique
révèle la condition véritable
des vierges folles : leurs lampes
s'éteignent. N'ayant pas d'huile, il faut
qu'elles aillent en chercher, car les autres ne
peuvent pas leur en donner. Dans l'intervalle,
celles qui sont prêtes entrent avec
l'Époux aux noces ; et la porte est
fermée. Les vierges folles en sont à
jamais exclues ; et elles ne reçoivent
pour toute réponse à leurs
prières que ces paroles
écrasantes :
« En vérité je vous
dis : Je ne vous connais
pas. »
La venue du Seigneur est la véritable
pierre de touche pour tous ceux qui font partie du
Royaume des cieux. Les doctrines s'adressent
à l'intelligence ; mais lorsqu'il
s'agit de rencontrer une personne, et que cette
personne est le Fils de Dieu, le coeur et la
conscience sont émus jusque dans leurs
profondeurs, et les pensées secrètes
sont mises à découvert : ou bien
l'on peut aller joyeusement à sa rencontre
parce qu'on possède le Saint-Esprit, ou bien
l'on sent que la belle profession qu'on a soutenue
avec hypocrisie ne peut plus se justifier : la
lampe s'éteint, et l'on se trouve exclu des
noces. - Terrible partage pour ceux qui ne sont
chrétiens que de nom !
« Veillez donc, dit le Seigneur, car vous
ne savez pas à quelle heure votre Seigneur
vient. » Celui qui veille ne sera pas
surpris par la venue du Seigneur. Il se reposera et
entrera dans la joie de son maître. (Comparez
1 Thessaloniciens V, 4-7.) Celui, au
contraire, qui dort sera surpris comme par un
voleur dans la nuit ; il perdra dans un
instant toutes les choses auxquelles son coeur
s'est attaché
(chap. XXIV, 42-51).
Les versets
14-30 du chap. XXV, nous
présentent la responsabilité
vis-à-vis du Seigneur qu'ont ses serviteurs
auxquels II Ont remis ses biens pour qu'ils les
fassent valoir pendant son absence. Lorsqu'il
reviendra, II rendra à chacun selon sa
conduite : II fera entrer dans sa joie les
esclaves qui auront été
fidèles selon les talents
qu'il leur a
confiés ; mais II fera
« jeter l'esclave inutile dans les
ténèbres de dehors : là
seront les pleurs et les grincements de
dents. »
Alors les mystères du Royaume des cieux
prendront fin, et les coeurs de tous ceux qui
aiment le Seigneur seront rassasiés de joie
en voyant le Fils de l'homme « assis sur
le trône de sa gloire. » Mais pour
ses ennemis, quel moment terrible, quand, selon
l'avertissement solennel de Jésus au
souverain sacrificateur, ils verront le Fils de
l'homme assis à la droite de la puissance et
venant sur les nuées du ciel !
(chap. XXVI, 64).
La fin du chapitre
XXV met devant nos yeux un tableau
du jugement des « vivants, » de
toutes les nations de la terre, lorsque le Fils de
l'homme viendra dans sa gloire et tous ses anges
avec Lui.
Cher lecteur, y a-t-il dans votre coeur une corde
qui vibre avec allégresse lorsque vous
entendez parler de la gloire du Fils de
l'homme ? Êtes-vous de ceux qui, comme
le bienheureux apôtre, peuvent contempler la
gloire céleste, avec la calme assurance de
la foi, à travers les persécutions et
même la mort, en disant :
« Désormais m'est
réservée la couronne de justice que
le Seigneur juste juge me donnera dans ce
jour-là, et non-seulement à moi, mais
aussi à tous ceux
qui aiment son apparition Le Seigneur me
délivrera de toute mauvaise oeuvre, et me
conservera pour son royaume
céleste » ? À lui soit
la gloire aux siècles des
siècles ! Amen.
(2 Timothée IV, 8,
18).
Disons, en résumé, que nous pensons
avoir démontré que l'expression
« Royaume des cieux désigne,
pendant l'absence de Jésus, la dispensation
actuelle, et présente la position sur la
terre de ceux qui sont maintenant associés
avec Christ, ainsi que l'avenir glorieux qui attend
tous ceux qui croient en Lui.
Pour comprendre cette position et cet avenir, nous
devons attacher nos regards sur le Seigneur
Jésus-Christ qui a été
établi par Dieu,
« Roi » dans son Royaume
et « Fils » sur sa
Maison ; nous devons, dis-je, contempler le
chemin de Jésus ici-bas et sa place actuelle
dans le ciel. Ceux qui Lui sont fidèles sont
nécessairement exposés à
souffrir là où II a souffert, et ils
régneront avec Lui lorsqu'il régnera.
Toutefois ils sont appelés à
connaître dès à présent
la relation bénie d'enfant de Dieu, et
à jouir par la foi des
bénédictions spirituelles qui se
rattachent à la place actuelle de
Jésus dans les cieux.
Que chacun se pose cette question : As-tu bien
saisi ce que c'est que d'avoir part avec
Christ ? Ton coeur recherche-t-il comme son
lieu de refuge et de repos et comme sa
sphère d'activité, la connaissance
des pensées du Seigneur, la communion avec
Lui dans tout ce qui le regarde, et une occupation
continuelle avec ses
intérêts ?
Ce n'est pas assurément peu de chose que de
nous trouver associés d'une manière
si intime avec Celui qui seul est le centre de
toutes les voies de Dieu, l'Homme de ses conseils,
Celui à qui se rapportent réellement
toutes les communications que
Dieu a faites à ses serviteurs sur la terre.
Rappelons-nous sans cesse que, pour nous donner
part avec Lui, Jésus a dû être
abandonné de Dieu à cause de nos
péchés qu'il a portés dans son
propre corps sur le bois. Par sa mort et sa
résurrection, II nous a amenés sur un
terrain nouveau où nous faisons partie de la
« nouvelle création. »
Quel amour infini ! Que Dieu nous accorde d'en
jouir et de marcher ici-bas comme des personnes
célestes, portant beaucoup de fruit, -
« des enfants de Dieu
irréprochables, au milieu d'une
génération tortue et perverse,
reluisant au milieu d'elle comme des luminaires
dans le monde. »
Que nous soyons comme les vierges prudentes, ayant
de l'huile dans nos vaisseaux, déjà
réveillés par le cri de minuit, et
marchant à la rencontre de l'Époux
qui vient.
L'ATTENTE DE JÉSUS (POUR LE
CHRÉTIEN).
La vraie attente de Jésus se
caractérise par une vie et un service
relatifs à ce que cette attente sera pour
nous.
« Bien-aimés, nous sommes maintenant
enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas
encore été manifesté ;
mais nous savons que quand II sera
manifesté, nous Lui serons semblables, car
nous le verrons comme II est. Et quiconque a cette
espérance en Lui se purifie comme Lui est
pur »
(1 Jean III, 2-3).
À l'enlèvement des saints, ceux-ci
verront Christ avant de voir le ciel. L'Esprit nous
attache à la personne de Christ avant tout.
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