Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE SALUT DE DIEU

FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION

VOL. II
DEUXIÈME ANNÉE 1875

LA PARABOLE DES DEUX FILS
V.
CELUI QUI OBÉIT ( « LE PREMIER » )

Quel est donc celui qui obéit ? Notre parabole nous le dit aussi. L'enfant au coeur rebelle, et qui avait manifesté sa propre volonté d'une manière si arrogante, rentre en lui-même. Le remords l'a saisi : que fera-t-il ? Se retourner et revenir dans le sentier de la soumission ; c'est ce que les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple eux-mêmes ont jugé être la vraie obéissance, quelle qu'eût été sa conduite précédente.

Le Seigneur avait sans doute d'abord en vue ces publicains et ces pécheurs qui s'approchaient pour entendre ses paroles (Luc XV, 1), - paroles, non de jugement (Jean III, 17), mais de grâce. Il était venu chercher et sauver ce qui était perdu ; il appelait à la repentance, non les justes, mais les pécheurs. Ce n'était pas qu'il pactisât avec le mal, ni qu'il excusât le péché, Lui le Saint de Dieu. Mais sa présence, tout en dévoilant ce qu'était la vraie sainteté, montrait aussi l'amour de Dieu envers le pécheur ; cet amour du Père qui voit de loin son fils revenir, et qui, ému de compassion, court à lui, se jette à son cou et le couvre de baisers, malgré ses haillons (Luc XV, 20) ; cet amour qui a fait descendre le Fils de Dieu du sein de la gloire (Jean III, 16 ; I, 14) au milieu du mal, de la douleur et de la mort, pour sauver, consoler et donner la vie. Voilà ce qui touchait les pécheurs et les amenait à Lui.

Voilà pourquoi une misérable pécheresse, rebut de tous ces pharisiens, orgueilleux de leur propre justice, osait venir aux pieds de Jésus verser les larmes de son coeur brisé par la honte, le remords, le sentiment de ses péchés, de ses « grands » péchés, sans doute, mais brisé aussi en même temps qu'attiré par la vue de l'amour et de la grâce parfaite qu'elle découvrait en Lui (Luc VII, 36, 50). Voilà un coeur tel que les aime Celui qui a dit : « J'habiterai dans le lieu haut et saint, et avec celui qui a le coeur brisé. » « À qui regarderai-je ? à celui qui est affligé et qui a l'esprit brisé. » (Esaïe LVII, 15 ; LXVI, 2.) O parole délicieuse, parole pleine de charmes pour ce coeur si longtemps courbé sous le joug du péché : « Tes péchés te sont pardonnés. Ta foi t'a sauvée, va-t'en en paix ! » Celle-là est un de ces enfants qui, secouant tout frein, avait dit : « Je ne veux pas, » mais qui, ayant du remords, est allé faire la volonté de Dieu, car elle a cru en Celui que Dieu a envoyé.

Le publicain Zachée, qui reçoit avec joie le Seigneur dans sa maison, entend aussi cette parole non moins ravissante pour l'âme altérée de pardon, qui a reconnu l'erreur de ses voies et a laissé son chemin d'iniquité : « Aujourd'hui le salut est venu à cette maison, vu que lui aussi est fils d'Abraham, car le fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc XIX, 9, 10). Abraham, le père de ceux qui croient, avait tressailli de joie de voir le jour de Christ ; le pauvre publicain Zachée, ce pécheur chez qui était entré le Seigneur, excitant ainsi les murmures de ceux qui se confiaient en eux-mêmes comme s'ils étaient justes, Zachée jouit de la même joie qu'Abraham, parce que comme lui, il croit en Christ, et c'est là « l'oeuvre de Dieu. »

Tels sont ceux qui après avoir ouvertement « marché selon la dureté de leur mauvais coeur » (Jérémie XI, 8) ont entendu la voix qui leur disait : « Retourne à moi, car je t'ai racheté » (Ésaïe XLIV, 22), ont délaissé leur voie de méchanceté, ont « rebroussé chemin vers les témoignages de l'Éternel » et ont éprouvé qu'il a eu pitié d'eux et qu' « II pardonne abondamment » (Ésaïe LV, 7).

Mais est-ce pour ceux-là seulement qu'il y a grâce ? Non ; où « le péché abondait, la grâce a surabondé » (Romains V, 20). Pour ceux-là même qui avaient crié : « Crucifie, crucifie-le, » Jésus a dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font » (Luc XXIII, 21, 34). Et en réponse à cette prière du Sauveur, le Saint-Esprit, par la bouche de Pierre, leur annonce « la, rémission des péchés » (Actes II, 38 ; III, 19, 26). À tous, à ceux qui ont dit : « Je ne veux pas, » comme à ceux qui ont couvert leur rébellion du voile d'une feinte obéissance ou qui ont cru obéir tout en suivant leur propre volonté, à tous un même salut est offert. Le chemin du retour est ouvert à tous, mais ce chemin est unique ; pour tous, c'est le brisement de la volonté rebelle, l'anéantissement de toute prétention et justice propre, la soumission à la volonté du Père, qui est maintenant : « que quiconque discerne le Fils et croit en Lui, ait la vie éternelle » (Jean VI, 40) : « car aussi il n'y a point d'autre nom sous le ciel qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (Actes IV, 12).

Saul de Tarse avec tous ses avantages religieux, tout son zèle et sa bonne conscience, n'était qu'un « outrageux, un persécuteur et un blasphémateur, » le premier des pécheurs, nous dit-il (1 Timothée I, 13, 15). N'y a-t-il donc point d'espoir pour lui ? Au contraire, en lui, le premier, Jésus-Christ a montré toute sa patience, afin qu'il fût un exemple de ceux qui viendront à croire en lui pour la vie éternelle (vers. 16). Mais pour cela il faut que dans son estime il descende au niveau de ces publicains et prostituées qu'il avait sans doute méprisés. Il faut qu'il reconnaisse que « toutes ses justices sont comme le linge le plus souillé » (Ésaïe LXIV, 6) ; que, « depuis la plante du pied jusqu'au sommet de la tète, il n'y a rien d'entier en lui ; qu'il n'y a que blessure, meurtrissure et plaie pourrie » (Ésaïe I, 6), et comme lui-même le dit : qu'en lui, « il n'habite point de bien » (Romains VII, 18). Il faut qu'il en vienne à estimer comme des « ordures » tout ce en quoi il se glorifiait pour ne plus savoir que « Christ crucifié » fait « pour nous de la part de Dieu sagesse et justice, et sainteté et rédemption » (1 Corinthiens I, 30 ; II, 2) ; et, qu'à son tour, à la suite de son Maître, « portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus, » il devienne « comme les balayures du monde et le rebut de tous » (2 Corinthiens IV, 10 ; 1 Corinthiens IV, 13). Voilà comment il retourne, lui aussi, dans la voie de l'obéissance, la seule et la même pour tous, publicains ou pharisiens : « Car il n'y a point de différence, car tous ont péché et n'atteignent pas à la gloire de Dieu » (Romains III, 22-23). « Ne se plus glorifier que dans un Christ crucifié, comme puissance, comme sagesse et comme justice de Dieu pour le salut ; ce que l'on vit encore, le vivre dans la foi au Fils de Dieu qui nous aime et nous a lavés de nos péchés dans son sang ; » là, dans cette foi, cet amour et cette vie se rencontrent, et la pécheresse, et Zachée le publicain, et le pharisien Saul.

Et vous, cher lecteur, où en êtes-vous ? Couvrez-vous encore votre coeur rebelle du voile d'une obéissance extérieure ? Vous abritez-vous derrière les « feuilles de figuier » de votre honorabilité, de vos bonnes oeuvres, de votre propre justice, de vos habitudes religieuses ou de votre foi traditionnelle ? Déchirez tout cela, qui vous laisse aux yeux de Dieu dans toute la laideur que le péché a imprimée sur vous et sous la juste condamnation qu'il entraîne. Dites : « Que je sois trouvé en Lui, n'ayant pas ma justice qui est de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ, la justice qui est de Dieu, moyennant la foi » (Philippiens III, 9). C'est alors seulement qu'après vous être si longtemps détourné de ce qui est le commandement de Dieu, vous y rentrerez pour votre paix et votre joie éternelles.
Ou bien êtes-vous de ceux qui jusqu'à présent ont résolument tourné le dos à Dieu, soit par une incrédulité déclarée, soit par l'indifférence ou une vie en opposition flagrante avec la loi de Dieu ? Avez-vous jusqu'ici vécu sans Dieu, sans autre espérance que celle qui se rapporte à la terre, ne cherchant la satisfaction des besoins de vos âmes que dans ce qui va périr et n'est que vanité ? Laissez-moi vous adresser une seule question. Avez-vous trouvé la paix dans cette voie ? Ne soupirez-vous jamais sous ce fardeau de jours qui reviennent toujours les mêmes avec leurs occupations monotones et au fond sans profit, leurs plaisirs qui ne peuvent remplir le vide du coeur, et leurs douleurs et leurs deuils, hélas ! sans espérance réelle ? N'avez-vous jamais fait la même douloureuse expérience que cet homme qui avait goûté tout ce que la terre peut offrir en fait de science, de richesses et de jouissances, et qui après tout disait : « Ayant considéré toutes mes oeuvres que mes mains avaient faites, et tout le travail auquel je m'étais occupé en les faisant, voilà, tout était vanité et rongement d'esprit, tellement que l'homme n'a aucun avantage de ce qui est sous le soleil » (Ecclésiaste II, 11). Voilà tout ce que l'on trouve dans le chemin de la volonté propre, en dehors de celle de Dieu.

Et au bout de ce labeur, de cette vanité et de ce rongement d'esprit ; au bout de ces jours dont « le plus beau n'est que travail et tourment » (Psaume XC, 10), après toutes ces « douleurs, et cette occupation qui n'est que chagrin, de sorte que même la nuit le coeur ne repose point » (Ecclésiaste II, 23), que trouve-t-on ? Au terme de ce chemin, c'est la mort ; et « après cela, le jugement » (Hébreux IX, 27). Chemin douloureux où, même en riant, le coeur est triste (Proverbes XIV, 13), quel que soit l'étourdissement auquel on se livre ; issue redoutable, voilà votre lot. Ah ! retournez au « chemin de la paix, » qui est celui de la volonté de Dieu. Sortez de ces ténèbres et de l'ombre de la mort pour venir à Celui qui est la lumière et la vie. Lui qui, à une pauvre pécheresse samaritaine, annonça et offrit le don d'une eau vive qui la désaltérerait à jamais et apaiserait tous les besoins et les désirs de son coeur, II est toujours le même, prêt aussi à faire jaillir en vous les pures eaux de cette fontaine de vie éternelle. « Holà, vous tous qui êtes altérés, venez aux eaux ! » (Ésaïe, LV, I.) « Que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne gratuitement de l'eau de la vie » (Jean IV, 10, 13, 14; Apocalypse XXII, 17).

A. L.


LE ROYAUME DES CIEUX
IX
LES CLEFS DU ROYAUME. CEUX QUI Y ENTRENT.
LA VENUE DU FILS DE L'HOMME.

Avant de considérer la parabole des « dix vierges, » qui met sous nos yeux la dernière scène des mystères du Royaume des cieux, alors que tout ce qui représente le Royaume dans son aspect mystérieux ou caché va se perdre dans la gloire du Fils de l'homme qui vient, - il sera utile et même nécessaire de passer en revue quelques parties de notre évangile qui renferment des enseignements importants du Seigneur touchant le sujet qui nous occupe.
Nous avons vu comment, dans le chap. XIII de Matthieu, Jésus donne connaissance à ses disciples des « mystères » du Royaume à la suite de sa réjection. La fin du chapitre fait ressortir l'incrédulité étonnante du peuple : ceux qui auraient dû le mieux connaître Jésus sont scandalisés en Lui ; ils méprisent celui qu'ils appellent « le fils du charpentier, » et cette incrédulité empêche le Seigneur de faire beaucoup de miracles parmi eux.

Le chapitre XIV, après avoir présenté dans l'histoire de la fête du roi Hérode un tableau saisissant de la dépravation de l'homme envisagé sous tous les rapports, - montre que malgré le refus du peuple de croire en Lui, la puissance divine du Seigneur restait au service de son amour en faveur de tous ceux qui le recherchaient. Il rassasie dans le désert ceux qui ont faim. Il communique à Pierre le pouvoir de marcher sur les eaux (1), et si celui-ci n'en profite que pour un instant, c'est à cause de son manque de foi ; finalement, tous ceux qui touchent seulement le bord de sa robe sont complètement guéris.
Dans le chapitre XV, le Seigneur expose et juge les traditions juives par lesquelles les conducteurs du peuple avaient anéanti la Parole de Dieu ; et II ajoute : « Toute plante que mon Père céleste n'a pas plantée sera déracinée. » Tout ce qui doit subsister est l'ouvrage du Père qui est dans les cieux, tout est mis en rapport avec Lui. Les Juifs et leur religion de lèvres sont mis de côté ; puis la grâce du Seigneur trouve, dans la personne d'une pauvre Cananéenne, sans droit de cité en Israël, un objet envers lequel elle peut s'exercer. Le Seigneur donne à manger aux foules en multipliant les pains pour la seconde fois ; puis, au commencement du chapitre XVI, II rappelle ces deux effets de sa puissance en mettant les disciples en garde contre la doctrine des Pharisiens et des Sadducéens qui lui demandaient un signe, pour l'éprouver.

Ces chapitres mettent en évidence la puissance divine et la gloire morale qui caractérisent le Royaume que Jésus annonçait. La puissance de la grâce de Dieu est présentée en contraste avec la doctrine corruptrice des hommes.
S'en étant allé ensuite, avec ses disciples, jusqu'à un endroit reculé, à l'extrême nord du pays, Jésus commence à leur parler de sa propre personne. « II les interrogea, disant : Qui disent les hommes que je suis, moi le FILS DE L'HOMME ? Et ils dirent : Les uns disent : Jean le baptiseur, les autres : Élie, et d'autres : Jérémie ou l'un des prophètes. Il leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Et Simon Pierre, répondant, dit : Tu es le Christ, le FILS DU DIEU VIVANT. Et Jésus, répondant, lui dit : Tu es bienheureux, Simon Barjonas, car la chair et le sang ne t'ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux » (chap. XVI, 13-17).

Cette confession merveilleuse, fruit de la révélation du Père, établit nettement le fond de la vérité touchant la personne de Jésus. Le Seigneur se nomme habituellement « Fils de l'homme, » précieux nom de Celui qui, étant Dieu, s'est fait homme ! « La Parole devint chair et habita au milieu de nous pleine de grâce de vérité. » C'est aussi au « Fils de l'homme » que toutes choses doivent être assujetties (Ps. VIII) ; c'est à Lui que, selon la prophétie de Daniel, le Royaume est donné dans les cieux (2). - La confession de Pierre complète l'enchaînement de la vérité au sujet du Sauveur. Il était « le Christ » ou « le Messie, » - celui qui était l'objet des prophéties de l'ancienne alliance, l'héritier de toutes les promesses faites à David et à Abraham ; II était aussi le « Fils du Dieu vivant, » l'expression de la vie qui est en Dieu, - celui qui était descendu du ciel pour communiquer la vie éternelle et pour révéler le nom du Père et faire entrer ses rachetés dans l'intimité de cette relation avec le Père, dont II jouissait Lui-même dans la pleine connaissance de son amour.
Pierre était en effet « bienheureux » de posséder cette révélation. La confession faisait ressortir le fondement, « le roc, » sur lequel la « maison de Dieu » pouvait être édifiée par le « FILS. » Aussitôt que ce fondement est posé, Jésus présente l'accomplissement actuel, quoique spirituel, des « gratuités immuables » promises à David ; II montre comment II va bâtir « la maison » et inaugurer « le Royaume » selon la prophétie que nous avons déjà examinée (1 Chroniques XVII, 12). Il dit : « Et moi aussi, je te dis que tu es Pierre ; et sur ce roc je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle ; et je te donnerai les clefs du royaume des cieux, et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. Alors il enjoignit expressément à ses disciples de ne dire à personne qu'il fut le Christ » (vers. 18-20). Le nom de « Christ » devint dorénavant un secret caché à la nation d'Israël qui l'avait rejeté, et révélé seulement à ceux qui croyaient en Lui.

L'Église, ou « l'assemblée, » n'étant pas le sujet qui nous occupe, nous ne nous arrêterons pas sur la première partie de ces paroles de notre Seigneur, excepté pour relever, en passant, quatre choses qui distinguent nettement l'Église du Royaume des cieux.

1° « L'Église » est envisagée comme un édifice spirituel (3).
2° Jésus conserve entre ses propres mains la construction de son « assemblée » ; l'oeuvre de l'édification, étant celle du Seigneur, est donc nécessairement parfaite.
3° C'est une oeuvre éternelle que Satan et la mort ne peuvent détruire aucunement. « Les portes du hadès, » - la puissance de la mort, - n'y peuvent rien, car c'est la personne du Fils du Dieu VIVANT, reconnu comme tel, qui est le fondement. C'est pourquoi le fondement est inébranlable. La résurrection de Jésus en est la preuve (comparez Romains I, 4 ; VI, 4).
4° Enfin les pierres dans l'édifice sont, ici, les véritables croyants. Celui qui possédait la révélation touchant le Fils, qui croyait en Lui, était une « pierre » prête à poser sur le fondement ; car Jésus dit : « Je te dis que tu es Pierre (ou : une pierre). » Rappelons-nous que Christ est envisagé ici comme déjà rejeté de la terre. (Comparez aussi 1 Pierre II, 4-5). Le Seigneur connaît ceux qui "sont à Lui ; et II ne peut se tromper au sujet des « pierres vivantes » qu'il pose sur le « roc. »
« L'Église » est en rapport avec la personne et la gloire essentielle du Fils de Dieu, tandis que « le Royaume des cieux » se rapporte plutôt à sa position et à son autorité.
Ici aussi, il est question de la profession que' chacun fait, de la position extérieure qu'il prend. Or, la profession peut être vraie ou fausse. Les clefs du Royaume sont confiées à Pierre, et Jésus lui confère une autorité administrative, celle de lier et délier (4).

Les clefs sont évidemment pour ouvrir les portes du Royaume. Il les ouvrit en effet par la prédication de la Parole, soit aux Juifs, le jour de la Pentecôte (Actes II), soit aux Gentils, dans la maison de Corneille (Actes X). Dans les deux cas, ceux qui entraient étaient, sans doute, réellement convertis ; mais les faux professants ne tardèrent pas à se mêler avec les fidèles, comme le Seigneur l'avait prédit dans la parabole de « l'ivraie. » Dans la suite, beaucoup de gens y sont entrés, dont le coeur n'a pas été touché par la grâce ; beaucoup se glorifient dans ce baptême qui, selon la commission de Jésus aux onze (chap. XXVIII, 19), est le droit et les insignes d'un « disciple » ; mais beaucoup de ceux-ci, hélas ! seront trouvés n'être que de l'ivraie lorsque le temps du jugement arrivera.
Quelle qu'ait été, cependant, la confusion résultant de l'infidélité et de la faiblesse humaines, le caractère moral du Royaume des cieux dans son côté céleste n'est nullement changé. Le Seigneur a indiqué à quel titre l'on entre dans le Royaume des cieux et l'on en fait réellement partie ; et tout ce qu'il a dit dans ce sens conserve son actualité pour nous et nous donne la mesure de notre responsabilité à cet égard, - responsabilité qui n'est pas diminuée par suite des scandales qui sont entrés pour un temps.

Voici quelques passages qui traitent de ce sujet :
Dans le chap. VII, vers. 21, Jésus dit : « Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux ; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » Or, on ne peut pas faire la volonté du Père sans le connaître (1 Jean II, 3, 13). Pour le connaître il faut d'abord croire la parole par laquelle II se révèle. Cette parole nous humilie beaucoup parce qu'elle nous dit ce que nous sommes sans Dieu. Il faut donc être converti et devenir comme un petit enfant, car Jésus dit (chap. XVIII, 3) : « En vérité je vous dis : Sivous ne vous convertissez et ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux. » Et encore (XIX, 14) : « Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car à de tels est le royaume des cieux. »

Un homme riche y entre difficilement (XIX, 23) ; car son coeur est préoccupé des biens de cette terre dont il jouit en abondance. Cependant toutes choses sont possibles pour Dieu, et la grâce, que Dieu en soit béni, est capable de briser le coeur même d'un homme riche !

Le Seigneur ne promet pas les biens de ce monde à ceux qui entrent dans le Royaume des cieux. Au contraire II dit : « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce soi-même, et qu'il prenne sa croix, et me suive : car quiconque voudra sauver sa vie la perdra, et quiconque perdra sa vie pour l'amour de moi la trouvera. Car que profitera-t-il à un homme s'il gagne le monde entier et qu'il fasse la perte de son âme ; ou que donnera un homme en échange de son âme ? » (chap. XVI, 24-26.) La position de ceux qui sont dans le Royaume, doit être celle de la souffrance jusqu'à ce que le Fils de l'homme vienne. Le Royaume est « en mystère » aussi longtemps qu'il est absent, et ceux qui l'aiment doivent rester dans l'attente de sa prochaine venue. En attendant, leurs coeurs sont nécessairement liés à Lui là où II est, et leurs espérances, leurs joies, leurs affections, leur trésor sont devenus célestes. L'avenir glorieux qui leur est préparé est certain et proche pour l'oeil de la foi ; car « encore très-peu de temps et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas » (Hébreux X, 37).

Lorsqu'il viendra, comment le rencontrera-t-on ? La dernière similitude répond à cette question (chap. XXV, 1-13) : « Alors le royaume des cieux sera fait semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, sortirent à la rencontre de l'époux. Et cinq d'entre elles étaient prudentes, et cinq folles. Celles qui étaient folles, en prenant leurs lampes, ne prirent pas d'huile avec elles ; mais les prudentes prirent de l'huile dans leurs vaisseaux avec leurs lampes  »

« Les lampes » représentent la « profession » dont nous avons parlé. « L'huile, » est le type du Saint-Esprit qui peut seul alimenter la vie et montrer que la profession est vraie selon Dieu.

C'est la possession du Saint-Esprit qui distinguait les vierges prudentes. Quant à leur conduite, la perfection ne se trouve nulle part : toutes ont dormi. Mais lorsqu'à minuit le cri : « Voici l'Époux, » se fait entendre, les prudentes peuvent apprêter leurs lampes et aller à sa rencontre. D'un autre côté, ce moment critique révèle la condition véritable des vierges folles : leurs lampes s'éteignent. N'ayant pas d'huile, il faut qu'elles aillent en chercher, car les autres ne peuvent pas leur en donner. Dans l'intervalle, celles qui sont prêtes entrent avec l'Époux aux noces ; et la porte est fermée. Les vierges folles en sont à jamais exclues ; et elles ne reçoivent pour toute réponse à leurs prières que ces paroles écrasantes : « En vérité je vous dis : Je ne vous connais pas. »

La venue du Seigneur est la véritable pierre de touche pour tous ceux qui font partie du Royaume des cieux. Les doctrines s'adressent à l'intelligence ; mais lorsqu'il s'agit de rencontrer une personne, et que cette personne est le Fils de Dieu, le coeur et la conscience sont émus jusque dans leurs profondeurs, et les pensées secrètes sont mises à découvert : ou bien l'on peut aller joyeusement à sa rencontre parce qu'on possède le Saint-Esprit, ou bien l'on sent que la belle profession qu'on a soutenue avec hypocrisie ne peut plus se justifier : la lampe s'éteint, et l'on se trouve exclu des noces. - Terrible partage pour ceux qui ne sont chrétiens que de nom !

« Veillez donc, dit le Seigneur, car vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur vient. » Celui qui veille ne sera pas surpris par la venue du Seigneur. Il se reposera et entrera dans la joie de son maître. (Comparez 1 Thessaloniciens V, 4-7.) Celui, au contraire, qui dort sera surpris comme par un voleur dans la nuit ; il perdra dans un instant toutes les choses auxquelles son coeur s'est attaché (chap. XXIV, 42-51).

Les versets 14-30 du chap. XXV, nous présentent la responsabilité vis-à-vis du Seigneur qu'ont ses serviteurs auxquels II Ont remis ses biens pour qu'ils les fassent valoir pendant son absence. Lorsqu'il reviendra, II rendra à chacun selon sa conduite : II fera entrer dans sa joie les esclaves qui auront été fidèles selon les talents qu'il leur a confiés ; mais II fera « jeter l'esclave inutile dans les ténèbres de dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents. »
Alors les mystères du Royaume des cieux prendront fin, et les coeurs de tous ceux qui aiment le Seigneur seront rassasiés de joie en voyant le Fils de l'homme « assis sur le trône de sa gloire. » Mais pour ses ennemis, quel moment terrible, quand, selon l'avertissement solennel de Jésus au souverain sacrificateur, ils verront le Fils de l'homme assis à la droite de la puissance et venant sur les nuées du ciel ! (chap. XXVI, 64).

La fin du chapitre XXV met devant nos yeux un tableau du jugement des « vivants, » de toutes les nations de la terre, lorsque le Fils de l'homme viendra dans sa gloire et tous ses anges avec Lui.

Cher lecteur, y a-t-il dans votre coeur une corde qui vibre avec allégresse lorsque vous entendez parler de la gloire du Fils de l'homme ? Êtes-vous de ceux qui, comme le bienheureux apôtre, peuvent contempler la gloire céleste, avec la calme assurance de la foi, à travers les persécutions et même la mort, en disant : « Désormais m'est réservée la couronne de justice que le Seigneur juste juge me donnera dans ce jour-là, et non-seulement à moi, mais aussi à tous ceux
qui aiment son apparition Le Seigneur me délivrera de toute mauvaise oeuvre, et me conservera pour son royaume céleste » ? À lui soit la gloire aux siècles des siècles ! Amen. (2 Timothée IV, 8, 18).

Disons, en résumé, que nous pensons avoir démontré que l'expression « Royaume des cieux désigne, pendant l'absence de Jésus, la dispensation actuelle, et présente la position sur la terre de ceux qui sont maintenant associés avec Christ, ainsi que l'avenir glorieux qui attend tous ceux qui croient en Lui.
Pour comprendre cette position et cet avenir, nous devons attacher nos regards sur le Seigneur Jésus-Christ qui a été établi par Dieu, « Roi » dans son Royaume et « Fils » sur sa Maison ; nous devons, dis-je, contempler le chemin de Jésus ici-bas et sa place actuelle dans le ciel. Ceux qui Lui sont fidèles sont nécessairement exposés à souffrir là où II a souffert, et ils régneront avec Lui lorsqu'il régnera. Toutefois ils sont appelés à connaître dès à présent la relation bénie d'enfant de Dieu, et à jouir par la foi des bénédictions spirituelles qui se rattachent à la place actuelle de Jésus dans les cieux.

Que chacun se pose cette question : As-tu bien saisi ce que c'est que d'avoir part avec Christ ? Ton coeur recherche-t-il comme son lieu de refuge et de repos et comme sa sphère d'activité, la connaissance des pensées du Seigneur, la communion avec Lui dans tout ce qui le regarde, et une occupation continuelle avec ses intérêts ?

Ce n'est pas assurément peu de chose que de nous trouver associés d'une manière si intime avec Celui qui seul est le centre de toutes les voies de Dieu, l'Homme de ses conseils, Celui à qui se rapportent réellement toutes les communications que Dieu a faites à ses serviteurs sur la terre. Rappelons-nous sans cesse que, pour nous donner part avec Lui, Jésus a dû être abandonné de Dieu à cause de nos péchés qu'il a portés dans son propre corps sur le bois. Par sa mort et sa résurrection, II nous a amenés sur un terrain nouveau où nous faisons partie de la « nouvelle création. » Quel amour infini ! Que Dieu nous accorde d'en jouir et de marcher ici-bas comme des personnes célestes, portant beaucoup de fruit, - « des enfants de Dieu irréprochables, au milieu d'une génération tortue et perverse, reluisant au milieu d'elle comme des luminaires dans le monde. »
Que nous soyons comme les vierges prudentes, ayant de l'huile dans nos vaisseaux, déjà réveillés par le cri de minuit, et marchant à la rencontre de l'Époux qui vient.

L'ATTENTE DE JÉSUS (POUR LE CHRÉTIEN).

La vraie attente de Jésus se caractérise par une vie et un service relatifs à ce que cette attente sera pour nous.
« Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté ; mais nous savons que quand II sera manifesté, nous Lui serons semblables, car nous le verrons comme II est. Et quiconque a cette espérance en Lui se purifie comme Lui est pur » (1 Jean III, 2-3).

À l'enlèvement des saints, ceux-ci verront Christ avant de voir le ciel. L'Esprit nous attache à la personne de Christ avant tout.


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CROIRE, NON SENTIR
LE ROYAUME DES CIEUX - VIII - LES MYSTÈRES DU ROYAUME. LES SIMILITUDES.

(1) Cet incident n'est raconté que par Matthieu. - Marcher sur les eaux en étant soutenu par la puissance de l'ordre du Seigneur d'ALLER A LUI, présente le vrai secret de la marche chrétienne. Jésus est actuellement dans le ciel ; le chrétien est en route pour aller vers Lui, et il est soutenu par la puissance du Seigneur à travers toutes les difficultés de la vie présente. Que les eaux soient calmes ou agitées, il est impossible de marcher dessus, si l'on ne serre pas dans son coeur cette parole du Seigneur : « VIENS ! » Lorsqu'on le l'ait, on abonde en espérance, « on tient ferme comme voyant Celui qui est invisible. » - « Celui qui dit demeurer en Lui doit lui-même aussi marcher comme Lui a marché. » Hélas ! nous faisons souvent comme Pierre, qui, voyant que le vent était fort, enfonça. Le Seigneur, dans sa fidélité, le délivra ; mais II eut la douleur d'avoir à reprendre son peu de foi.

(2) Jésus montre dans la suite de ce chapitre que c'est comme Fils de l'homme qu'il devait souffrir de la part des hommes jusqu'à être mis à mort ; et plus tard revenir dans la gloire de son Père pour juger.

(3) Dans ce passage, « l'assemblée » est regardée comme une oeuvre divine, parfaite à tous égards, identique (sauf le point de vue) avec ce qui est appelé plus tard « le corps de Christ » (Éphésiens I, 23). L'édifice n'est pas considéré ici au point de vue de la responsabilité des hommes comme dans 1 Corinthiens III, 10-15, etc.
(4) Il est à remarquer qu'au moment où le Seigneur parlait, tout ce qui concernait soit le Royaume, soit l'Église était futur. Il dit : « Je bâtirai... je te donnerai... » II faut chercher le premier accomplissement de cette parole, lors de la descente du Saint-Esprit, au jour de la Pentecôte (Actes II), après la résurrection de Jésus et son ascension dans le ciel.

 

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