Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU

FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION

VOL. I
PREMIÈRE ANNÉE 1873-4

UNE PRIÈRE MONTÉE DE L'ENFER

« Et s'écriant, il dit : Père Abraham, aie pitié de moi et envoie Lazare, afin qu'il trempe dans l'eau le bout de son doigt, et qu'il rafraîchit ma langue, car je suis tourmenté dans cette flamme. » (Évangile de Luc XVI, 24.)

Quatre choses seulement nous sont communiquées quant à l'histoire terrestre de l'homme riche qui prononce ces paroles : il se vêtait de pourpre et de fin lin ; il faisait joyeuse chère, tous les jours, splendidement ; il mourut ; et enfin, il fut enseveli. Puis le rideau se baisse. Mais le Seigneur nous conduit derrière la scène et nous fait assister à ce qui se passe après l'ensevelissement. Du sein de cette vie luxueuse l'homme riche est précipité dans, les flammes de feu. Il nous est dit de lui : « Et étant en hadès, il voit de loin Abraham, et Lazare dans son sein ; » et c'est alors qu'il formule la demande que nous avons citée.
Les degrés se suivent rapidement : la vie, la mort, le sépulcre, les flammes, les tourments !

Lecteur, considérons un instant la chute effrayante de cet homme. De l'opulence, il tombe dans la misère ; des honneurs, dans la honte ; d'une vie facile, dans les tourments ; des jouissances de la terre, dans les chaînes pesantes d'un remords et d'une douleur sans fin. Et comme il était dans les tourments, il éleva les yeux ; et que voit-il ? Abraham, de loin. Oui, de loin, bien loin du lieu où il souffre, de cette région d'éternel désespoir ; et dans le sein d'Abraham il voit Lazare, qui est consolé après sa vie terrestre de peine et de misère. Il s'adresse donc à Abraham et lui dit : « Envoie Lazare, afin qu'il trempe dans l'eau le bout de son doigt et qu'il rafraîchisse ma langue. » II demande peu de chose en effet ; mais il sait que le temps des exigences est passé, et qu'il ne peut plus s'attendre à rencontrer de la grâce ou de la pitié. Il sent que la miséricorde n'est plus là pour permettre de grandes requêtes. Sa prière est mesurée non par un sentiment d'espoir, mais par celui du besoin ; elle est circonscrite par la position dans laquelle il se trouve. Pendant sa vie il n'aurait guère daigné abaisser un regard sur le pauvre Lazare gisant dans la misère à sa porte ; maintenant il s'efforce de dire : « Envoie Lazare. » II ne demande pas une cruche d'eau pour étancher sa soif, mais que Lazare « trempe dans l'eau le bout de son doigt, et qu'il rafraîchisse ma langue. » II ne sollicite qu'une chétive goutte d'eau, afin que sa langue soit rafraîchie pour un seul instant, — rien que cela.

En enfer, a dit quelqu'un, il y a de la soif, mais il n'y a pas d'eau. La source jaillissante des eaux de la vie n'y fait pas couler ses riches ondes. La foi n'y remplit pas sa coupe à cette eau vivifiante, là pas une goutte n'en peut être savourée. Rien ne vient calmer, alléger, adoucir l'éternelle tristesse de cette sombre demeure, dans laquelle ne peut jamais briller une lueur d'espérance ou de joie. Rien n'y arrête l'impitoyable écho de la réponse d'Abraham à la prière du malheureux. « Mon enfant, SOUVIENS-TOI. » Oh ! qui dira cette désolation au souvenir de tant de miséricordes rejetées, de résolutions que l'on n'a pas tenues, d'intentions non accomplies, d'occasions négligées ! La mémoire règne là, rappelant avec une exactitude sans pitié chacun des appels, des avertissements et des invitations de la grâce auxquels on a volontairement fermé l'oreille. Qu'elle est terrible la mémoire dans l'enfer ! « Mon enfant, souviens-toi, » dit Abraham.

« Parce que j'ai crié, et que vous avez refusé d'ouïr ; parce que j'ai étendu ma main, et qu'il n'y a eu personne qui y prît garde ; et parce que vous avez rejeté tout mon conseil, et que vous n'avez point agréé que je vous reprisse ; aussi je me rirai de votre calamité, et je me moquerai quand votre effroi surviendra. Quand votre effroi surviendra comme une ruine, et que votre calamité viendra comme un tourbillon ; quand la détresse et l'angoisse viendront sur vous ; alors on criera vers moi, mais je ne répondrai point ; on me cherchera de grand matin, mais on ne me trouvera point. » (Proverbes I, 24-28.)

Lecteur, as-tu reçu le pardon de tes péchés ? L'eau de la vie est-elle là pour toi y Dis-moi, as-tu soif de cette eau ? Écoute : « Que celui qui veut prenne gratuitement de l'eau de la vie. » Ah ! bois de cette eau précieuse, pour que ta soif soit pour toujours étanchée. Le Seigneur Jésus-Christ a dit : « Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai, moi, n'aura plus soif à jamais. » (Jean IV, 14.) Si tu négliges cet appel, je t'avertis que le moment viendra où dans les tourments, comme l'homme riche, tu élèveras les yeux et tu demanderas en vain une goutte d'eau. Tes larmes et tes prières demeureront sans effet, car il n'y a pas de réponse pour les prières qui montent de l'enfer.

J.-W. S.


LES TROIS QUESTIONS

La Parole de Dieu, semblable à un miroir, montre l'homme déchu dans toutes les phases diverses de sa condition de péché et d'incrédulité. Le caractère d'un homme se déclare souvent par la manière dont il se met à la recherche de la vérité ; car sans s'en douter, on donne expression aux sentiments qui remplissent le coeur. Il peut être de quelque profit, avec la bénédiction du Seigneur, de passer en revue trois classes de personnes qui se manifestent par les questions qu'elles posent. On n'aura pas de peine à reconnaître les caractères dépeints par l'Écriture, et souvent reproduits de nos jours.


I. Voyons d'abord Ésaïe XXI, 11, 12, où nous trouvons le questionneur sceptique ou moqueur : « La charge contre Duma. On me crie de Séhir : Sentinelle, qu'en est-il de la nuit ? Sentinelle, qu'en est-il de la nuit ? La sentinelle dit : Le matin vient et aussi la nuit ; si vous voulez interroger, interrogez ; retournez, venez. » Duma, à ce qu'il paraît, était le fils d'Ismaël (1 Chroniques I, 30), l'enfant selon la chair, le fils de la servante, celui qui persécutait le fils né selon l'Esprit. (Voyez l'épître aux Galates IV, 29.) Il habitait le pays de Séhir, la patrie de l'homme profane, d'Ésaü, qui pour un seul mets vendit son droit de premier-né. (Épître aux Hébreux XII, 16.) Il crie à la sentinelle et dit : « Sentinelle, qu'en est-il de la nuit ? » La réponse qu'il reçoit est solennelle, car ce qui fait l'espoir de la sentinelle, c'est que la nuit est fort avancée, et que le jour s'est approché (Romains XIII, 12), « le matin sans nuages ; » tandis que pour le pauvre moqueur la nuit vient, une nuit de tourments éternels, à laquelle ne doit jamais succéder le jour.

Savez-vous, cher lecteur, quel est ce « matin sans nuages » ? C'est le jour où le Seigneur Jésus-Christ reviendra pour prendre à Lui tous ses rachetés, selon ses propres paroles : « Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures ;... je vais vous préparer une place ; et si je m'en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi. » (Jean XIV, 2-3.) Quel matin radieux, quel beau jour ! Le Seigneur Jésus est venu ici, la première fois, souffrir pour les péchés ; il apparaîtra une seconde fois à salut à ceux qui l'attendent. (Hébreux IX, 28.) Mais quant à ceux qui ne croient pas en Lui, il est dit qu'il viendra pour rendre à chacun selon ses oeuvres. (Romains II, 6 ; Matthieu XVI, 27.)

Il me semble que la venue du Seigneur est en quelque sorte comme la sortie des enfants d'Israël du pays d'Égypte, lorsque la nuée de l'Éternel prenait place entre les Israélites, et les Égyptiens qui les poursuivaient. Vous trouverez le récit dans le chapitre XIV de l'Exode. L'ange de Dieu était dans cette nuée ; il allait d'habitude devant le peuple pour le conduire. Mais à cette occasion, il est dit que « l'ange de Dieu, qui allait devant le camp d'Israël, partit et s'en alla derrière eux, et la colonne de nuée partit de devant eux ; et elle vint entre le camp des Égyptiens et le camp d'Israël ; et elle était aux uns une nuée et une obscurité, et pour les autres, elle les éclairait la nuit. » (Exode XIV, 19-20.)
Les Égyptiens poursuivaient les enfants d'Israël avec tant de fureur qu'ils ne prenaient pas garde à l'obscurité dans laquelle ils étaient, jusqu'au moment qu'ils s'aperçurent qu'ils combattaient contre Dieu lui-même. C'était alors trop tard pour reculer ; le jugement de Dieu tomba sur eux et ils furent engloutis dans la mer Rouge. Pendant tout ce temps les enfants d'Israël jouissaient de la clarté de la nuée, — qui, pour eux, dissipait les ténèbres de cette terrible nuit de jugement. Ils étaient à l'abri de tout danger, les objets bénis de la faveur et de la grâce de Dieu. Ainsi en sera-t-il à la venue du Seigneur. Aux vrais croyants ce sera un matin sans nuages. Aux incrédules ce sera une nuit éternelle de jugements et de tourments : « là seront des pleurs et des grincements de dents. » Souvenons-nous des paroles de la sentinelle : « Le matin vient, et aussi - LA NUIT. » Hélas ! que de personnes ne croient pas que le SeigneurJésus-Christ est le Fils de Dieu, et qu'il est ressuscité d'entre les morts ! À plus forte raison ils se moquent de « sa venue. »
Semblables aux enfants d'Ismaël et d'Ésaü, du temps d'Ésaïe, — les moqueurs de nos jours sont ainsi décrits par l'apôtre Pierre dans sa seconde épître, chapitre III, vers. 3-6 : « Aux derniers jours des moqueurs viendront, marchant dans la moquerie, selon leurs propres convoitises, et disant : Où est la promesse de sa venue ? car depuis que les pères se sont endormis, toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création. Car ils ignorent volontairement ceci, que par la parole de Dieu les cieux subsistaient jadis, et une terre tirée des eaux et subsistant au milieu des eaux, par lesquelles le monde d'alors fut détruit, étant submergé par de l'eau. » C'était dans les jours de Noé, que l'ancien monde fut détruit par le déluge. Les moqueurs des derniers jours ne veulent plus croire à cet insigne jugement de Dieu. Leur marche selon leurs propres convoitises nous apprend pourquoi ils sont volontairement ignorants, car ces convoitises ne supporteraient pas la lumière de la venue du Seigneur ; ils savent qu'à cause de ces choses, Dieu les appellera en jugement. Aussi cherchent-ils à se persuader que la moitié seulement du 27e verset de l'épître aux Hébreux, chapitre IX, est vraie : « Et comme il est réservé aux hommes de mourir une fois... » Ils voudraient s'arrêter là, forcés, comme ils le sont du reste par ce qui passe devant leurs yeux chaque jour, de croire ce qu'ils ne peuvent nier ; mais ils oublient volontairement que le même verset, qui parle de la mort, annonce aussi un jugement à venir. Pareils à la pauvre autruche du désert, qui se cache la tête dans le sable, croyant échapper ainsi à ceux qui la poursuivent, ces pauvres aveugles ajoutent foi au mensonge de Satan, et pensent se dérober au sûr jugement de Dieu en se disant que ces choses ne sont pas véritables. Mais ils trouveront que le lit sera trop court, et qu'on ne pourra pas s'y étendre ; et la couverture trop étroite, quand on se voudra envelopper. (Ésaïe XXVIII, 20.)


II. - En Luc XIII, 23, nous avons la deuxième classe, le questionneur curieux : « Seigneur, ceux qui doivent être sauvés, sont-ils en petit nombre ? » À cette classe appartiennent les individus qui s'enorgueillissent de ce qu'ils peuvent mettre en avant leurs points de doctrine favoris ; pour eux l'Évangile de Dieu est trop élevé ou trop bas ; ils veulent raisonner et discuter sur les conseils de Dieu, sur sa souveraineté, et sur la responsabilité de l'homme ; tandis que l'apôtre Paul les dépeint comme étant privés de la vérité, enflés d'orgueil, ne sachant rien, mais ayant la maladie des questions et des disputes de mots, d'où naissent l'envie, les querelles, les paroles injurieuses, etc., au lieu de se ranger à de saines paroles, qui sont celles de notre Seigneur Jésus-Christ. (1 ère épître à Timothée VI, 3-5.) La réponse, que le Seigneur fait à la question, n'est pas moins solennelle que celle de la sentinelle d'Israël ; il dit que l'on doit s'occuper des intérêts éternels de son âme, avant de s'informer du sort des autres dans un sujet si grave ; qu'il faut s'efforcer d'être parmi « ceux qui doivent être sauvés, » avant que ne se fermes la porte de la grâce : « Luttez, dit-Il, pour entrer par la porte étroite ; car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne pourront pas. Dès que le maître de la maison se sera levé, et aura fermé la porte, et que vous vous serez mis à vous tenir dehors et à heurter à la porte, en disant : Seigneur, ouvre-nous ; et que, répondant, il vous dira : Je ne vous connais pas, ni ne sais d'où vous êtes ; alors vous vous mettrez à dire : Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné dans nos rues. Et il dira : Je vous dis, je ne vous connais pas, ni ne sais d'où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d'iniquité : là seront des pleurs et des grincements de dents. » (Luc XIII, 24-28.)

Celui qui répondit de cette manière au questionneur est maintenant assis à la droite de Dieu. Ayant souffert une fois, sur la croix, pour les péchés, il est vivant pour ne plus mourir, et il va revenir. Aussi longtemps qu'il est assis sur le trône de Dieu, la porte de la grâce demeure ouverte ; mais lorsqu'il se lèvera, cette porte sera fermée pour toujours. Alors plus d'un questionneur curieux, plus d'un raisonneur inconverti, plusieurs de ceux qui ont mangé et bu en la présence du Seigneur, qui l'ont entendu prêcher dans leurs rues, qui se sont assis à sa table et qui l'ont entendu parler par le moyen de ses serviteurs et dans sa Parole, plusieurs de ceux-là même qui ont prophétisé en son nom et qui ont accompli des oeuvres merveilleuses — se tiendront au dehors de la porte fermée, disant : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ; » et, le Seigneur leur répondra : « Je ne vous connais pas, ni ne sais d'où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d'iniquité. »
L'homme attaché aux choses de cette vie, dit à Dieu : Retire de moi ; mais Dieu dit : Viens, viens à moi. « Demande, retourne, viens. » « Viens » est la parole de l'Évangile. « Venez aux eaux... Venez, achetez, sans argent et sans aucun prix, du vin et du lait. » (Ésaïe LV, 1.) « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi je vous donnerai du repos. » (Matthieu XI, 28.) Mais à celui qui refuse la grâce qui lui est offerte, le Seigneur lui dira en ce jour-là : « Retirez-vous de moi, je ne vous connais pas. »


III. Actes XVI, 30, nous présente la troisième classe, celle du questionneur sérieux. Qu'il est doux d'ouïr ce cri sortant du plus profond d'un coeur brisé : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » Quel soulagement que de se détourner du discuteur, de celui qui raisonne, pour se trouver en face du pécheur angoissé, et répondre à sa demande pressante, par cette parole si simple et si précieuse : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé. » Qu'y a-t-il, en effet, de plus simple que l'injonction : « CROIS AU SEIGNEUR JÉSUS ? » Quoi de plus certain que son action : « TU SERAS ? » quoi de plus heureux que le résultat : « SAUVÉ ? »
Oui, SAUVÉ de l'étang de feu et de soufre qui est préparé pour le diable et ses anges, sauvé pour être avec Jésus, et lui être semblable. Le Sauveur expirant a dit : « C'est accompli. » Rien ne peut être ajouté à son oeuvre ; rien n'en doit être ôté. Lui-même a satisfait à toutes les exigences d'un Dieu saint, — exigences infinies, éternelles, et à tous les besoins de l'âme du pauvre pécheur. Le message de grâce a été publié de la part de Dieu ; et celui qui croit au Fils de Dieu a le témoignage au dedans de lui-même. C'est ici le témoignage que Dieu a rendu au sujet de son Fils : « que Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est dans son Fils : celui qui a le Fils a la vie, celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie. » (1e épître de Jean V, 9-12.)

Cher lecteur, il nie reste à te demander une chose ; le bonheur éternel de ton âme dépend de ta réponse : « Que te semble-t-il du Christ ? »


FRAGMENT

CHRIST, ayant fait par Lui-même la purification des péchés, s'est assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux. Il n'y a point de crainte pour celui qui voit Christ dans la gloire d'en haut ; parce que chaque rayon de cette gloire lui dit : Plus de condamnation. - C'est parce que le péché est ôté que Christ est là-haut.


LETTRE À UNE PERSONNE QUI CHERCHE SÉRIEUSEMENT LE SEIGNEUR

Vous dites que vous ne savez pas si vous irez jamais au ciel. — Si vous étiez un incrédule., je comprendrais vos doutes à cet égard. — Mais vous dites que vous croyez au Seigneur Jésus-Christ, comme au seul Sauveur. — Or il dit lui-même : « Je ne mettrai point dehors celui qui viendra à moi. » Eh bien, si cela est vrai, vous devez être sauvé et, par conséquent, vous devez aller au ciel.

Vous dites encore que vous n'irez pas au ciel, parce que vous ne sentez pas que vous aimez le Seigneur comme vous le devriez. — Je crois que vous avez raison quant à ces derniers mots. Mais espérez-vous être jamais ici-bas en état de dire : « Maintenant j'aime Jésus comme je le dois. » Ah ! je douterais que vous l'aimassiez du tout, si vous pouviez vous montrer satisfait de votre degré d'amour pour lui.

Vous demandez encore avec angoisse : Comment serai-je donc sauvé ? Que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle ? — Écoutez la voix de Jésus qui vous dit : « Venez à moi, et je vous donnerai du repos. » Demandez-moi, et je vous donnerai « la vie éternelle. » Qu'avez-vous donc à faire quand le Sauveur parle ainsi, sinon à tressaillir de joie et à vous écrier comme Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » J'étais perdu, mais tu m'as sauvé !
Ne comprenez-vous donc pas que c'est Jésus qui a déjà achevé toute l'oeuvre ; et que votre « oeuvre » n'est que de CROIRE ?

Mais vous dites : « Je ne sens pas que je sois sauvé. » —Ah ! je vois que vous voulez être sauvé par le sentiment ; mais cela ne se fera jamais. Il est écrit : « Le juste vivra par la foi, » et non pas par le sentiment. Vous ne pouvez changer cela ; il faut vous y soumettre. Il faut que vous soyez sauvé par Christ, par la foi, — et cela ne vient point de vous : c'est le don de Dieu.

Vous dites encore que vous ne sentez pas suffisamment vos péchés, que vous ne vous repentez pas assez. — Quand donc pensez-vous pouvoir dire : « Maintenant je me repens assez ? »
N'allez pas vous imaginer que votre Sauveur est une chose, un sentiment ou une disposition en vous. Votre Sauveur est une personne en dehors de vous.

Allez à Lui, je vous en supplie, et saisissez avec empressement tout ce que Lui vous donne si cordialement et si gratuitement. Il faut que vous ayez affaire avec Lui. — Est-ce qu'un médecin compatissant dira à son malade : « Je ne veux pas vous traiter, parce que vous ne sentez pas assez la gravité de votre maladie ? » Non ; au contraire, plus cette maladie sera grave, plus il mettra de sollicitude à la combattre ; il lui administrera son remède infaillible, il la guérira ; — alors seulement, le patient comprendra que son mal était tout autre chose qu'une légère indisposition, comme il se le figurait peut-être au commencement.
« Je vous ai écrit ces choses, à vous qui croyez au nom du Fils de Dieu, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle. »


LE COMPATISSANT SAMARITAIN

LECTEUR ! si vous désirez retirer du profit pour votre âme de cette lecture, commencez par lire avec soin la portion de l'Évangile dont nous allons nous occuper. — Luc X, 25-37.

Le Seigneur Jésus, dans l'allégresse de son esprit, venait de célébrer la souveraine Grâce du Père et de rappeler à ses disciples le bonheur, le privilège qu'ils avaient de voir ce qu'ils voyaient et d'entendre ce qu'ils entendaient, lorsque ses pensées furent brusquement ramenées vers la terre par la question indiscrète d'un de ces intelligents du monde, auxquels le Père a caché les choses du ciel.

Et voici un légiste se leva, non point pour apprendre de Celui qui était doux et humble de coeur, non point pour se laisser enseigner par le Docteur venu de Dieu, mais pour le tenter ; c'est-à-dire avec la maligne intention de trouver dans sa réponse quelque motif d'accusation contre Lui.
Cet homme de loi, esclave de la Loi, rempli de sa propre justice, persuadé dans son vain orgueil qu'il peut, par lui-même et par ses oeuvres, faire de Dieu son débiteur, acheter, obtenir, mériter le salut, adresse à Jésus cette question : « Docteur, que faut-il que j'aie fait pour hériter de la vie éternelle ? » — Jésus, voyant que le légiste veut faire et avoir fait quelque chose pour vivre devant Dieu, le renvoie à la Loi qui veut que l'homme fasse pour avoir la vie.

Le légiste résume la Loi, de la même manière que Jésus lui-même. (Matthieu XXII, 37-40 ; Marc XII, 29-31.) Aussi Jésus lui dit : « Tu as exactement répondu, fais cela et tu vivras. » C'est toujours là le langage de la Loi.

En effet il est écrit dans la Loi : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton coeur, et de toute ton âme, et de toute ta force, et de toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même. » Mais quel est l'homme, fils d'Adam, qui ait accompli ce commandement, et qui ait, par exemple, aimé Dieu de tout son coeur ?
Moïse avait apporté la Loi qui dit : « Fais cela et tu vivras. Si tu fais ces choses, tu vivras par elles. » Mais cette même Loi du Dieu saint et juste dit aussi : « Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses écrites dans le livre de la Loi, pour les faire » II est encore écrit : « Quiconque gardera toute la Loi, mais faillira en ton seul point est coupable sur tous. » « Et le salaire du péché, c'est la mort. »

Voilà comment la Loi sainte, juste et bonne est devenue un ministère de mort et de condamnation pour toute chair à laquelle sa voix s'est fait entendre, pour toute âme qui la considère sérieusement comme le chemin du coeur de Dieu. Et si même, par impossible, un pauvre pécheur pouvait faire tout ce qui lui est commandé, s'il pouvait aimer Dieu, sans un instant de relâche, de tout son coeur, et de toute son âme, et de toute sa force, et de toute sa pensée, et son prochain comme soi-même, la Parole lui enseignerait à dire : « Je suis un esclave inutile ; car j'ai fait ce que j'étais obligé de faire, » et rien de plus. Il ne serait qu'un esclave, ayant acquis le droit de vivre, tandis que la Grâce qui est en Jésus-Christ donne gratuitement au pécheur le droit d'être fait enfant de Dieu. « Vous êtes tous fils de Dieu par le moyen de la foi en Jésus-Christ. »
« Tu as répondu exactement ; fais cela et tu vivras. » Ces paroles, sortant de la bouche du Seigneur, ont servi à pénétrer la conscience du légiste pour lui démontrer son état de ruine. Si sa conscience n'avait pas été atteinte, il se serait retiré tout joyeux, comme s'il eût emporté la possession certaine de la vie éternelle. Mais la voix du Saint de Dieu a convaincu de péché et de condamnation cet homme qui était venu là pour tenter le Seigneur. Le regard de Jésus est devenu pour lui comme un miroir dans lequel il a aperçu la difformité de son âme ". il ne pourra plus ignorer ni « oublier quel il est. » (Jacques I, 23-24.)

Le légiste reste là debout, étonné, confus peut-être. Il cache son embarras sous cette question : « Et qui est mon prochain ? » Cette demande le condamne évidemment. Comment aurait-il pu, jusqu'à ce moment, aimer son prochain comme lui-même, puisqu'il ignorait qui était son prochain ? Ainsi la réponse de Jésus : « Fais cela et tu vivras, » aurait dû anéantir d'un seul coup toute prétention quelconque de l'homme de loi à la vie éternelle. Et si même, dans son aveuglement, il eût encore osé répondre au Seigneur : « J'ai gardé toutes ces choses-là dès ma jeunesse, » le Seigneur lui aurait montré, comme il le fit plus tard dans une occasion semblable, qu'il lui manquait encore une chose, savoir de quitter le monde et de suivre Jésus. (Luc XVII, 22.) Or il est impossible de suivre quelqu'un qu'on n'a jamais connu, tandis que, dès qu'on a connu Jésus, on est attiré par Lui. Et ce n'est certes pas peu de chose que d'être privé de la connaissance du seul Nom qui ait été donné aux hommes, par lequel il nous faille être sauvé.

La Loi, avons-nous dit avec la Bible, est un ministère de mort et de condamnation. À moins qu'elle n'amène à Jésus l'âme qui s'est placée sous elle, la Loi doit la conduire au désespoir. Elle manifeste aux hommes pécheurs et aveuglés la sainteté de Dieu et les inévitables et justes exigences de cette sainteté ; mais, tout en rendant le péché plus odieux et plus vivant, elle ne donne au pécheur ni la liberté, ni la force, ni la volonté de sortir de son état, ni la vie, ni le moyen défaire le bien. La Loi laisse l'homme là où elle le trouve, et elle passe outre.

Le bien et le mal partent du coeur ; or la Loi peut bien réveiller une conscience endormie et la mettre en état de condamner le coeur naturel, source de corruption, de laquelle il ne peut rien sortir de bon. Mais la lumière de la grâce peut seule humilier réellement une âme et produire en elle des fruits à salut. Or Dieu regarde au coeur, et sans la foi nul ne peut être agréé de Dieu ni lui être agréable. Sa grâce seule, en agissant dans les croyants par le Saint-Esprit, peut porter dans leur coeur et la vie et l'amour.
Jésus, « le second Homme, » descendu du ciel, Jésus né de femme, né sous la Loi, le vrai serviteur de Dieu dans l'amour, est celui qui a accompli la Loi et toute justice. Lui seul pouvait nous faire connaître la grâce, parler de paix à nos âmes, manifester aux pauvres pécheurs ce que c'est que l'amour, leur faire savourer l'ineffable douceur d'avoir, pour Père, Dieu qui nous a pleinement réconciliés avec Lui.

Atteint dans sa conscience par le langage de la Loi, l'homme de loi entreprit de « se justifier lui-même, » en posant au Seigneur cette question : « Et qui est mon prochain ? » Jésus lui répond par l'histoire ou la parabole du Samaritain, dont le but était de montrer au légiste, qui était le prochain qu'il devait aimer ; savoir : non pas seulement ses amis, ses proches, ses compatriotes ou ses coreligionnaires, mais aussi les hommes qu'il regardait comme les plus méprisables et les plus indignes de son estime. Selon sa coutume, le Seigneur enveloppe sous cette image des doctrines plus élevées et plus étendues, en sorte qu'ici nous n'avons pas seulement une réponse à la question du docteur de la Loi, mais encore d'autres grands principes, d'autres vérités précieuses. Le commandement de l'amour du prochain est enseigné et expliqué par une admirable exposition de l'Évangile de la grâce du Fils de Dieu, venant suppléer à la complète insuffisance de tout autre moyen pour répondre aux besoins du pécheur.

Oui, Jésus présente la Grâce à celui qui l'interroge, et il remplit ainsi en réalité, envers lui d'abord, l'office du bon Samaritain dont il lui raconte l'histoire :
« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, » de Jérusalem, la ville sainte, le lieu que Dieu avait choisi pour y faire habiter son nom et en faire le siège de sa gloire sur la terre, — à Jéricho, la ville maudite (Josué VI, 17, 26) ; il représente l'homme privé de la gloire de Dieu, séparé de Dieu dont il s'éloigne toujours plus, parce que, de sa nature, cet homme fait partie d'un monde déjà jugé et condamné. L'homme tomba entre les mains des brigands qui, après l'avoir dépouillé et couvert de plaies, le laissèrent demi-mort. C'est bien là encore l'homme naturel, mis à nu, dépouillé par Satan de l'image de son Dieu et de toute gloire, gisant dans son sang, sans force, couvert des blessures du serpent ancien et de la lèpre du péché ; c'est l'homme mort dans ses fautes et dans ses péchés, sans espérance et sans Dieu dans ce monde, allant à la seconde mort éternelle.

Ce malheureux voit à deux reprises passer à côté de lui un représentant de la Loi. Mais la Loi ne relève personne. Son culte, ses sacrifices, représentés par le sacrificateur, ne purifient ni ne guérissent ; le sang des taureaux et des boucs ne peut expier les péchés. Le service qu'elle requiert, figuré par le lévite, ne peut pas davantage sauver le pécheur. La Loi ne sait que maudire quiconque est des oeuvres de la Loi. (Galates III, 10.) Elle dit en passant outre : « Lève-toi et marche ; fais cela et tu vivras : » et l'homme réveillé, mais à demi-mort, continue à se rouler dans son sang. Son agonie devient de plus en plus douloureuse ; s'il ne trouve pas un Sauveur et si ce Sauveur ne vient pas à lui le premier, c'en sera bientôt fait de lui.

Mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. Le Samaritain, l'étranger dans la Judée, l'objet de la haine et du mépris des Juifs, nous représente bien Jésus, l'étranger céleste sur la terre, le méprisé du peuple, haï sans cause, appelé par les Juifs de ce nom injurieux de « Samaritain » (Jean VIII, 48), lui qui avait quitté le ciel et la lumière de la gloire pour venir chercher et sauver ce qui était perdu. Lui seul s'approche du pauvre blessé avec des entrailles émues de compassion. Jésus, le Dieu véritable, s'est abaissé jusqu'à nous, parce que, misérables, souillés, sans force et morts, nous étions incapables même de désirer d'aller à Lui. Il s'est approché de nous pour nous guérir, pour nous sauver. Tout l'Évangile est là, et c'est bien là, en effet, grâces à Dieu, une bonne nouvelle. Jésus est descendu sur la terre pour nous amener à Dieu parfaitement lavés dans son sang, justifiés, sanctifiés, ressuscités. Pour nous introduire au ciel, il a fallu qu'il fût élevé sur la croix. Il a porté nos péchés en son corps sur le bois. Il a pris sur Lui nos langueurs, nos maladies, nos infirmités. Il a aboli le péché par le sacrifice de lui-même.
Jésus avait mesuré l'abîme dans lequel il est venu s'anéantir volontairement, soit pour faire la volonté de Dieu, soit à cause du grand amour dont il nous a aimés. Il a été meurtri et froissé pour nous et par ses meurtrissures nous avons la guérison. Il est Jéhovah qui nous guérit ; l'amende qui nous apporte la paix a été sur Lui. En Lui et par Lui, nous avons la justice, le salut éternel, la vie et la gloire de Dieu.

Le Samaritain banda les blessures de l'homme, en y versant de l'huile et du vin. Jésus console ceux qui l'écoutent, car son Esprit leur parle d'adoption et de joie ; il leur donne une bonne espérance par grâce et une consolation éternelle. La Loi disait : « Fais cela et tu vivras. » La Grâce dit : « Le juste par la foi, vivra. » « Celui qui croit en Jésus à la vie éternelle. Celui qui croit en moi, encore qu'il soit mort, vivra. Celui qui croit en Lui ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » « Parce que vous êtes fils. Dieu a envoyé l'Esprit de son Fils dans vos coeurs. » Voilà l'huile et le vin de la foi. Voilà ce que dit Jésus à l'oreille de celui qui ne trouve plus aucune force en lui-même. Bienheureux donc l'homme qui n'a pas seulement l'idée qu'il soit capable de se justifier lui-même.

Quelle position bénie que celle de cet homme abandonné, méprisé, dépouillé, blessé, demi-mort !
S'il eût été, je suppose, à la place du sacrificateur ou du lévite plein d'orgueil et de santé, le compatissant Samaritain eût passé à côté de lui, comme il l'avait fait probablement en rencontrant ces deux hommes, qui n'avaient d'ailleurs pour lui que de l'indifférence et du mépris. Et qui sait si notre homme en bonne santé, voyant le Samaritain sur sa route, n'eût pas comme les deux autres passé du côté opposé, à l'aspect de celui qui était sans forme et sans apparence, et en qui il n'y avait rien à le voir, qui le fît désirer.

Oh ! combien elle est précieuse cette conviction de notre misère, de notre incapacité, de notre état de péché, lorsqu'elle produit en nos âmes une salutaire conviction de condamnation ; lorsqu'en faisant naître en nous le besoin d'être réconciliés avec Dieu, elle nous fait sentir l'impossibilité dans laquelle nous sommes de subsister devant Lui, couverts de nos souillures. Elle est salutaire la crainte de mourir dans nos péchés, car Jésus a dit : « Si vous ne croyez pas [ce] que je suis, vous mourrez dans vos péchés ! » Si dans un tel état, notre âme s'ouvre à la voix du bon Berger, nos blessures seront promptement cicatrisées et nous pourrons aussitôt le suivre, en tournant le dos à nos anciennes idoles et à nos propres pensées qui n'étaient que mal en tout temps.

Le Samaritain étant descendu de sa monture, s'approcha du misérable dont l'état l'avait ému d'une si grande compassion, puis il le mit sur cette monture. C'est ainsi que Jésus a pris notre place et nous a donné la sienne : Lui qui était riche s'est fait pauvre pour nous, afin que par sa pauvreté nous fussions enrichis ; Lui qui n'a pas connu le péché a été fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui. Merveilleux et miséricordieux échange ! Jésus est descendu du trône de Dieu pour nous y placer. Devant la Loi, nous étions sous la malédiction, mais Jésus a été fait malédiction pour nous. Il a été pendu au bois maudit, et cela afin de nous rendre participants de la bénédiction de Dieu. Il était la Parole qui était Dieu de toute éternité, et il s'est anéanti en revêtant notre nature, en prenant la forme d'un serviteur, — et grâces à son abaissement nous avons été élevés, et sommes devenus participants de la nature divine. Par sa mort, nous avons la vie, nous qui étions morts. En Lui nous sommes assis dans les lieux célestes.

Vous tous qui avez entendu sa voix, écoutez-la. N'endurcissez pas vos coeurs pendant qu'il est dit : « Aujourd'hui. » 0 vous qui ne savez pas ce qu'il en sera du lendemain (« car qu'est-ce que votre vie ? Car elle n'est qu'une vapeur paraissant pour un peu de temps, et puis disparaissant »), vous qui pensez à vous établir, à vous reposer, à boire, à manger, à vous réjouir, à vivre sur la terre, à y habiter, en un mot ; écoutez donc cette parole : Aujourd'hui « est un temps très-favorable ; voici maintenant un jour de salut. » Vous tous qui ne connaissez pas encore le Seigneur, réfléchissez sérieusement pendant qu'il est dit : « Aujourd'hui, ? » et avant que Dieu vous dise : " « Insensé, cette nuit même ton âme te sera redemandée !... » Recevez, acceptez gratuitement le salut gratuit, un salut tout fait et parfait... « recevant la fin de votre foi, le salut de vos âmes. » Acceptez les soins de Jésus qui s'est donné lui-même, afin de nous arracher hors du présent siècle mauvais, afin de nous racheter de toute iniquité et de nous purifier.

Le misérable, sauvé si gratuitement, si miséricordieusement par le Samaritain, n'essaya pas même de faire un pas pour être guéri. S'il eût dû seulement lever la main, il en aurait été incapable. Il était demi-mort, et son sauveur dut le porter lui-même sur sa propre monture.
Et vous, chers amis, qui avez goûté combien le Seigneur est bon, vous qui avez entendu et écouté Jésus, considérez en quelle compagnie vous accomplissez votre pèlerinage. Car s'il est vrai que Jésus, repoussé par les siens, fut constamment étranger dans ce monde, et qu'il doive l'être encore jusqu'à ce qu'il revienne y régner, il est tout aussi vrai, et cela en vertu de votre union à Christ rejeté et méprisé, que vous êtes devenus ici-bas des étrangers, des voyageurs, en votre qualité de concitoyens des saints et de gens de la maison de Dieu.
L'homme de notre parabole était un étranger pour le Samaritain, mais dès qu'ils eurent fait connaissance sous les auspices de la Grâce, ils commencèrent à cheminer ensemble. Jésus vous accompagne, il vous soutient : vous êtes portés par sa puissante grâce, qui ne vous fera jamais défaut.

Vous êtes les brebis de Jésus, qu'il est venu chercher dans leur égarement et qu'il a chargées avec joie sur ses épaules pour les ramener dans sa bergerie. Il vous garde sur son coeur ; qui peut vous ravir de la main de Celui qui a dit : Moi et le Père nous sommes un ? Celui qui est pour nous et avec nous, nous a préparé, sur la route du désert, tous les lieux de repos et de rafraîchissement qui nous sont nécessaires. Ses yeux sont toujours en grâce sur nous jusqu'à la fin ; soit présent soit absent, II pense à nous, II s'occupe de nous, comme l'étranger qui, à son départ, donna deux deniers à l'hôtelier, le chargeant d'avoir soin du pauvre convalescent, en l'assurant que, lorsqu'il reviendrait ( et il reviendra certainement), il lui rembourserait toutes les dépenses de son protégé. De même Jésus tient compte de tout ce qui est fait en son nom au plus petit de ses frères. Il le regarde comme fait à lui-même, soit bien, soit mal. Un verre d'eau froide, donné à un homme quelconque, parce qu'il est à Christ, ne perdra pas son salaire. Et d'un autre côté aussi, quiconque maltraite ou persécute un disciple de Jésus, persécute et maltraite Jésus lui-même. (Actes IX, 5.)

Jésus a tout payé d'avance. Le pauvre pécheur, qui a reçu de telles preuves de son amour, ne craindra point de se prévaloir de la grâce de Dieu, comme s'il lui était possible d'en user au delà de ce que Jésus peu., et veut lui en fournir. Nous pécherions par incrédulité, si nous voulions économiser les deux deniers qui sont les arrhes de notre éternel héritage et le gage du retour de Jésus. Le Seigneur revient bientôt pour ceux qui l'attendent à salut ; et alors tout ce que nous aurons dépensé à l'avance par nos traités sur la grâce de Dieu, nous tournera à louange, à honneur et à gloire, en la révélation de notre Seigneur Jésus-Christ.

Jésus seul a pu accomplir la Loi de l'amour du prochain. Lui qui était en forme de Dieu, égal à Dieu, son compagnon, il est devenu semblable à nous, notre prochain — et il nous a aimés au delà de la mesure prescrite par la Loi ; il nous a aimés plus que lui-même, plus que sa propre vie qu'il a laissée pour nous sur la croix. Maintenant qu'il a souffert pour nous, nous laissant un modèle, afin que nous suivions ses traces, maintenant qu'il a mis en nous sa vie et son Esprit d'amour, il a le droit de nous dire : « Allez, et faites de même... » « Aimez-vous les uns les autres COMME je vous ai aimés. » En ceci nous avons connu l'amour, c'est qu'il a laissé sa vie pour nous ; nous aussi nous devons laisser nos vies pour nos frères, et non pas nous détourner de leurs misères, passer outre comme la Loi, et leur fermer nos entrailles.

« Seigneur, augmente-nous la foi ! » Celui qui sait ce qu'est la Grâce sait aussi ce que signifie cette parole : « Je veux miséricorde et non pas sacrifice. » Le bienheureux racheté est un pensionnaire de Dieu dans le monde ; tout faible qu'il soit encore ici-bas, il a connu ce que c'est que l'amour, et il peut exercer l'amour envers tous les hommes. Mais aussi longtemps que l'homme veut se justifier lui-même, il est légal, il est égoïste, il se croit juste, il est abusé ; il a horreur de la Grâce. Dans de telles dispositions, il vous sera toujours impossible d'imiter le Samaritain et d'obéir aux dernières paroles que Jésus adressait à l'homme de loi qui s'était levé pour le tenter. Si le coeur de ce dernier n'a pas été amolli par l'exhortation du Seigneur, il a pu croire que c'était encore la Loi qui lui parlait par cette bouche divine, en disant : « Va, et toi fais de même. »

Quant à nous qui, par la grâce de Dieu, savons que le Seigneur est amour, nous accomplirons, par la même grâce, notre course ici-bas en la chair, comptant sur Celui qui a dit en s'en allant : « Je ne vous laisserai point orphelins, je viens à vous. » « Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures ; s'il en était autrement je vous l'eusse dit. Je vais vous préparer une place, Et si je m'en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi-même, afin que là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi. »

Dans la marche pénible du désert, comme dans les précieuses haltes que la Grâce nous y fournit, Jésus est toujours là avec nous ; la foi et l'expérience font de cette vérité une précieuse réalité. Nous l'avons connu, nous le possédons, nous sommes à Lui et nous l'attendons pour lui être rendus semblables en le voyant tel qu'il est : « Car encore un peu, très-peu de temps et CELUI QUI VIENT viendra, et il ne tardera pas. »
« Et s'il tarde attends-le, car il ne tardera pas. » Cher lecteur, qui réfléchissez sur la parabole du Samaritain ! voulez-vous demeurer dans le triste état de ceux dont l'Écriture dit : « Ils sont morts en vivant ? Ils apprennent toujours sans jamais parvenir à la connaissance de la vérité. Sentez vos misères, pécheurs. Que votre joie se change en deuil et vos rires en larmes. » Quand donc serez-vous demi-morts à vos propres yeux ? Prenez-y garde ! C'est en demeurant dans cet état de révolte et d'insensibilité, qu'on parvient, en peu de temps, à ressembler aux pécheurs que Jude dépeint ainsi : « Nuées sans eau, emportées çà et là par les vents ; arbres qui pourrissent sans fruits, deux fois morts, déracinés... »

Quand serez-vous réveillés du sommeil dans lequel l'ennemi vous entraîne, après vous avoir pris vivants dans son filet ? quand ouvrirez-vous les yeux, pour voir que vous êtes demi-morts, nus et dépouillés, couverts des morsures du péché et perdant votre sang sur la grande route de ce monde ? Tout dépend delà. Le compatissant Samaritain ne s'arrête point auprès des hommes forts et vigoureux qui ne manquent de rien. Ceux-là n'entendent pas sa douce voix, ou bien, s'ils l'entendent, ils ne l'écoutent pas. Le Samaritain est un étranger pour les sacrificateurs, les lévites et les gens de loi qui se justifient eux-mêmes. Mais il est un frère, un hôte, un conducteur, un berger, il est Jésus, le Sauveur, pour tous ceux qui ont besoin de lui.

C'est le salut pour nous, de connaître Jésus comme l'étranger, venu du ciel ici-bas à la rencontre de nos misères, et qui guérit toutes nos blessures avec l'huile et le vin de sa grâce. Puisses-tu, cher lecteur, par la bonté de Dieu, connaître Jésus comme tel ! Alors, il y aura de la joie à ton sujet devant les anges de Dieu, et quoi qu'il en soit, tu seras heureux déjà sur cette terre ; tu deviendras l'objet des soins et de l'affection du Seigneur Jésus, qui te guidera, te nourrira, te paîtra et te gardera jusqu'à la fin. Une fois dans la nacelle avec Lui, on est en sûreté. À ses disciples qui s'écrient : « Nous allons périr ! ce Jésus dit : Gens de petite foi ! pourquoi avez-vous douté ? »
Que le Seigneur lui-même incline vos coeurs à l'amour de Dieu et à la patience du Christ ! Amen.

J.-B. R.



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