Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU

FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION

VOL. I
PREMIÈRE ANNÉE 1873-4

« TOUS » ET « QUICONQUE »

TOUS ont péché.
« Tous ont péché et n'atteignent pas à la gloire de Dieu, ... selon qu'il est écrit : II n'y a point de juste, non pas même un seul. » (Rom. III, 23.) La mort a passé à TOUS les hommes.

« Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort ; et ainsi la mort a passé à TOUS les hommes, en ce que TOUS ont péché. » (Romains V, 12.)
Dieu ordonne que TOUS se repentent.

« Dieu ordonne maintenant aux hommes que TOUS, en tous lieux, se repentent ; parce qu'il a établi un jour auquel il doit juger en justice TOUTE LA TERRE HABITÉE par l'Homme qu'il a destiné à cela, de quoi il a donné une preuve certaine à TOUS, l'ayant ressuscité d'entre les morts. » (Actes des Apôtres XVII, 30, 31.) Une rançon pour TOUS.

« II y a un seul Dieu et un seul Médiateur entre Dieu et les hommes, l'Homme Christ-Jésus, qui s'est donné lui-même en rançon POUR TOUS. » (1e épître à Timothée II, 5, 6.)

« Maintenant est manifestée la justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ envers TOUS, et sur TOUS CEUX QUI CROIENT. » (Romains III, 22.) QUICONQUE croit est justifié.

« Sachez donc que, par Jésus, vous êtes annoncée la rémission des péchés, et que, de tout ce dont vous n'avez pu être justifiés par la loi de Moïse, QUICONQUE croit est justifié par Lui. » (Actes des Apôtres XIII, 38, 39.)

« En qui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés, selon les richesses de sa grâce. » (Éphésiens I, 7.)

« Le sang de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout péché. » (1e épître de Jean I, 7.)

« Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que QUICONQUE croit en Lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé son Fils au monde, afin qu'il jugeât le monde, mais afin que le monde fut sauvé par Lui. CELUI QUI CROIT en Lui n'est pas jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. » (Év. de Jean III, 16-18.)

La volonté de Dieu le Père, en faveur de QUICONQUE croit.
Jésus a dit : « C'est ici la volonté de Celui qui m'a envoyé : que je ne perde rien de ce qu'il m'a donné ; mais que je le ressuscite au dernier jour. Car c'est ici la volonté de mon Père : que QUICONQUE discerne le Fils et croit en Lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Ev. de Jean VI, 39, 40.)

Où êtes-vous, cher lecteur, dans ce moment ? Êtes-vous encore du nombre de ceux : « TOUS, » qui sont dans le péché et loin de Dieu ? Ou bien, êtes-vous : « en Christ, » avec ces milliers de bienheureux qui, ainsi que vous, ont saisi Jésus, l'Espérance infaillible de « QUICONQUE » croit ?


LA CRUCIFIXION AVEC CHRIST

Lors de la dernière guerre franco-prussienne, un jeune homme marié et père de famille fut appelé au service, et un de ses compatriotes, qui était célibataire, se présenta pour le remplacer, alléguant que n'ayant ni femme ni enfants, sa vie avait moins de valeur que celle de son ami. Cette offre, faite en de telles circonstances, ne fut pas rejetée ; il prit donc la place de substitut pour son ami, suivit l'armée, et tomba sur le champ de bataille.

Il y eut ensuite une seconde conscription, et par une méprise du gouvernement, le survivant fut de nouveau appelé au service. Cette fois-ci, il avait une réclamation à faire valoir, qu'il n'avait pas la première fois.
Que répondit-il, pensez-vous, à cette sommation ? « JE SUIS MORT, » dit-il, « J'AI PERDU LA VIE EN SERVANT MA PATRIE,ELLE N'A DONC PLUS AUCUN DROIT SUR MOI. »
Ainsi en était-il effectivement. Il était mort dans la personne de son substitut. Quoique vivant, il pouvait donc se considérer comme mort, et, par conséquent, exempté du service qui exposait sa vie sur le champ de bataille.

Il en est ainsi de ceux dont l'espérance est en Christ. Nous nous tenons pour morts. Et pourquoi ? Parce que Lui, le Fils de Dieu est mort à notre place, — parce que la peine de notre iniquité a été portée par Lui, notre Substitut. (Voir Rom. VI, 11.) Sur la croix, II a été fait péché, II y a été abandonné de Dieu — et tout cela, tout cela, pour satisfaire à la justice de Celui qui a les yeux trop purs pour voir le mal, — la justice qui exige que le péché reçoive le châtiment qui lui est dû. Telle est la seule raison que nous puissions faire valoir. Par la foi, nous nous identifions avec Celui qui, le premier, s'est identifié avec nous ; en sorte que nous nous tenons pour morts, — morts au péché de deux manières, judiciairement et moralement ; par la simple raison que, dans la personne de notre substitut, nous avons été crucifiés. Nous pouvons dire avec l'Apôtre : « Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé, et qui s'est livré Lui-même pour moi. » (Gal. II, 20.)

Et maintenant, qu'en est-il ? Chacun a-t-il le droit de parler ainsi quant à lui-même ? Aucunement. Personne ne le peut, sinon le vrai croyant, celui qui par l'Esprit est uni à Christ, celui qui vit parce qu'il vit, celui qui est vivant à Dieu par Jésus-Christ notre Sauveur : celui-là seul peut parler de lui-même comme étant mort, comme étant — quant au vieil homme — « crucifié avec Christ, afin que le corps du péché soit annulé, pour qu'il ne serve plus le péché. » (Romains VI, 6.)

Telle est la position du croyant, quoique souvent, par malheur, la faiblesse de sa foi l'empêche de parler de son état avec cette pleine confiance, comme il aurait droit de le faire. Mais que seulement il cesse de regarder à lui-même ; qu'il fixe son regard sur Christ ; alors tout sera changé pour lui. Puisse-t-il, comme notre jeune homme, qui fit cette remarquable réponse, croire simplement le fait qu'un autre est mort a sa place, et que, par conséquent, lui aussi est mort ; alors toute crainte disparaîtra, et il sentira qu'aucun jugement, aucune colère ne peuvent l'atteindre. Identifié, comme il l'est en résurrection, avec Celui en qui le Père trouve son bon plaisir, les souffrances de Celui dont l'excellence est infinie, lui sont imputées, aussi lien que Son excellence. C'est là le fondement de sa confiance ; voilà ce qui lui fait savoir non-seulement sa délivrance de la mort, mais son droit à un bonheur parfait, infini, dans « LE JOUR » où Christ recueillera les fruits de son oeuvre, le fruit du dévouement qui l'a poussé à descendre de Sa propre demeure, pour venir (« en ressemblance de chair de péché ») au milieu des ténèbres et de la désolation de ce. pauvre monde, afin de donner Sa vie en rançon pour des pécheurs indigènes et perdus. (Romains VIII, 1-4.)


MÉPHIBOSETH BOITEUX DES DEUX PIEDS
ou LA BONTÉ DE DIEU
(Suite)

Remarquez maintenant le contraste que présentent ces deux hommes : Tsiba, le serviteur ou l'esclave, et Méphiboseth le fils. David appelle Tsiba, et lui donne des ordres, auxquels il promet de se conformer : « Ton serviteur fera tout ce que le roi, mon seigneur, a commandé à son serviteur. » C'est précisément là ce qu'Israël s'engagea présomptueusement de faire à Sinaï, — c'est précisément là encore ce que s'engagent de faire de nos jours des milliers de personnes qui tournent ainsi le dos au christianisme et retournent au judaïsme. Hélas ! oui, et il serait bien possible que, sur dix lecteurs de ces lignes, il y en ait neuf qui soient de la religion du serviteur et non de celle du fils.

Quel contraste on découvre dans ces paroles de David au fils de Jonathan, si pleines de pure grâce : « J'ai donné... ; Méphiboseth mangera toujours du pain à ma table. — Quant à Méphiboseth, il mangera à ma table comme un des fils du roi. »
« Et Méphiboseth demeurait à Jérusalem, parce qu'il mangeait toujours à la table du roi ; et il était boiteux des deux pieds. » Pas un mot de grâce à l'esclave, et pas un commandement au fils. Pour l'un c'est le service de la servitude légale, pour l'autre c'est le service de l'affection la plus profonde du coeur.

Qu'elle est heureuse ta position, enfant de la grâce ! Dieu t'a donné la vie éternelle. Tu n'es plus un serviteur, mais un fils royal, à la table de ton Seigneur. Ce n'est pas là un sacrement qui t'aide à te sauver, mais tu es toujours assis à la table du Seigneur, rompant et mangeant ce pain, et buvant de cette coupe, qui te rappellent le corps rompu et le sang répandu du Christ, par lequel tu es sauvé. Oui, Dieu t'a donné le pain de vie, dont tu seras toujours nourri. Comment se fait-il donc que tu puisses te nourrir continuellement de Jésus ? C'est Dieu qui l'a voulu. C'est Dieu qui l'a dit, et il en sera ainsi. Si tu es un croyant, ta condition et ta position ne peuvent absolument pas être celles d'un esclave ; car, « à tous ceux qui l'ont reçu [Jésus], il leur a donné le droit d'être enfants de Dieu ; savoir à ceux qui croient en son nom. » « Et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ. » (Jean I, 12 ; Rom. VIII, 17.)

De quelle immense importance n'est-il pas de comprendre cette miséricordieuse et merveilleuse relation. Vous devez bien voir qu'il y a une grande différence entre la relation d'esclave et celle de fils. Un esclave ne demeure pas dans la maison pour toujours, le fils y demeure pour toujours. Ainsi la grâce tire Méphiboseth de s'a retraite de peur et d'inimitié, et lui donne soudain tous les privilèges de l'adoption, et cela sans une seule condition. Nous avons vu l'effet que cette grâce produisit sur lui : une humiliation profonde, un changement total de pensées et de dispositions ; nous verrons bientôt que dès lors son coeur fut donné à David pour toujours.

La froide incrédulité pourrait dire : « Sans doute, Méphiboseth était un pauvre être boiteux quand il fut amené à David et traité comme un fils du roi ; mais certainement il ne put jamais jouir du privilège de s'asseoir à la table royale, s'il continua d'être un pauvre boiteux. » Car il y a beaucoup de gens qui admettent bien que c'est la grâce seule qui amène à Christ un pauvre pécheur, boiteux et perdu, et qui néanmoins s'imaginent qu'une fois amené à Christ, sa persévérance et son salut final dépendent, en quelque manière, de sa propre marche et de son obéissance. C'est là une erreur des plus propres à troubler et à angoisser les âmes. S'il en était ainsi, hélas ! qui pourrait être sauvé ? Tout croyant qui connaît son propre coeur dira : Pas moi, du moins ! Si, ne fût-ce que pour une heure, mon salut final dépendait de moi, je n'oserais pas même espérer d'être sauvé. L'osez-vous, lecteur ? Mais que voyons-nous dans l'histoire de Méphiboseth, dans ce tableau divinement inspiré de l'amour de Dieu ? « Méphiboseth mangeait toujours à la table du roi ; et il était boiteux des deux pieds. » Précieuse grâce qui nous a cherchés, qui nous a trouvés, et qui seule peut nous garder dans la position de faveur où elle nous a placés.

Le croyant est souvent et cruellement angoissé, quand il s'aperçoit que, s'il s'agit de force en lui-même pour demeurer debout à l'heure de la tentation, il est aussi faible maintenant qu'il l'était autrefois. Et si, un seul instant, il perdait de vue sa position sous la grâce comme un fils, et qu'il se naît à essayer de marcher comme un esclave, il serait aussitôt tout préoccupé de ses misérables pieds boiteux. Trouvant ainsi que, comme un esclave sous la loi, il ne peut plaire à Dieu, il serait tout prêt à s'abandonner au désespoir et à renoncer à la foi. Plus d'un de mes lecteurs peut avoir été rudement souffleté par l'ennemi, de cette manière. Vous pouvez avoir regardé à votre pauvre marche boiteuse jusqu'à en venir à dire dans votre coeur : Je ne suis certainement pas un enfant de Dieu ! Ah ! vous ne trouverez jamais la paix en regardant à vos pieds boiteux. Tournez vos yeux ailleurs, et regardez à ce dont Dieu, dans sa grâce infinie, a couvert sa table. Il place devant nous le mémorial de Christ. Tout ce que nous sommes en nous-mêmes, pauvres, misérables, boiteux, morts, a été jugé et mis à mort sur la croix ; Dieu tient notre vieil homme comme mort et enseveli loin de ses yeux : II nous voit maintenant ressuscités avec Christ, et même assis en Lui dans les lieux célestes.

Il est parfaitement vrai qu'en lui-même, - le croyant est aussi boiteux après sa conversion qu'avant. Il a, sans doute, une nouvelle vie, une nouvelle nature, qu'il n'avait pas auparavant ; il a le Saint-Esprit habitant en lui. Mais quant à sa vieille nature, appelée la chair, elle est encore ce qu'elle a toujours été. Que doit-il donc faire ? N'avoir aucune confiance quelconque en la chair, niais reconnaître la grâce par laquelle il est devenu enfant de Dieu et qui le garde pour toujours dans cette relation. Tenons donc nos pieds sous la table, là où est leur place, et rassasions-nous des richesses de la grâce divine, placées devant nous. Quand nous en avons fini avec toute confiance en nous-mêmes, avec tous nos voeux, avec toutes nos résolutions -— quand nous reconnaissons réellement que le vieil homme est totalement perdu — alors notre coeur s'abandonne à Christ, en qui nous commençons à réaliser la puissance de la résurrection dans une vie sainte ! Mais la chair, remplie de propre justice, résistera à outrance avant qu'elle cède, étant tenue pour morte.

Le sujet du chapitre suivant (2 Sam. X) est : la bonté manifestée et rejetée, avec le jugement qui en est la conséquence. C'est le péché amenant la condamnation. La bonté de Dieu envers un monde coupable a été manifestée. « Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle. » Quelle bonté ! Mais écoutez ces sérieuses paroles : « Celui qui ne croit pas est déjà jugé. »

Si, cher lecteur, vous étiez du nombre de ceux qui rejettent encore la bonté de Dieu constatée par le don de son Fils, pensez, oh ! pensez à la condamnation éternelle qui doit être la conséquence de ce rejet.

Je voudrais maintenant poursuivre, en peu de mots, l'histoire de ces deux hommes — considérés comme des types de tous ceux qui, de nos jours, ou bien ont trouvé grâce et salut en Dieu, ou bien s'efforcent de se sauver en gardant les commandements du Seigneur.

Dans le chapitre XV, nous avons le récit de la révolte d'Absalom. David, le vrai roi, est rejeté ; il sort de Jérusalem et, détail à remarquer, il traverse le même torrent que Jésus, rejeté aussi, traversera plus tard. « Et tout le pays pleurait à grands cris, et tout le peuple passait plus avant ; puis le roi passa le torrent de Cédron. » (Comp. Jean XVIII, 1.) Quand Jésus le traversa, la nuit de sa réjection, les deux ou trois qui l'accompagnaient ne surent pas même veiller une heure avec lui. — Dans le 30e verset, il est dit : « Et David montait par la montée des Oliviers, et, en montant, il pleurait. » C'est aussi sur cette montagne que Jésus conduisit ses disciples quand, après avoir été mis à mort par ce monde et ressuscité d'entre les morts par la puissance de Dieu, il monta au ciel — rejeté parle monde, mais reçu dans la gloire.

Or, c'est quand David, ainsi rejeté, a passé ce mont des Oliviers, que le caractère de Tsiba, l'esclave, se dévoile. (Lisez chap. XVI, 1-4.) La première chose que nous voyons dans ce passage, c'est un grand étalage de dévouement au roi : des ânes chargés de pain, de fruits et de vin. « Que veux-tu faire de cela ? » demande le roi, « Où est Méphiboseth ? » Tsiba répond qu'il est demeuré à Jérusalem, en insinuant qu'il cherche à monter sur le trône. Vraiment il semble, d'après tout cela, que la meilleure religion est bien celle de Tsiba, le propre juste. En effet, quant à l'extérieur seulement, il a toujours semblé être juste. Mais Dieu connaît les secrets de tous les coeurs. Selon toutes les apparences extérieures, Tsiba paraissait avoir un grand zèle et beaucoup de dévouement ; puis il avait un si beau formulaire de prières. Mais, au fond, tout cela n'était qu'hypocrisie. Le jour du retour de David rejeté vint à la fin (chap. XIX, 24-30), et Méphiboseth sort pour aller au-devant de lui. Oui, et le jour du retour de Jésus rejeté viendra promptement ; et tout enfant de la grâce, qu'il soit endormi dans la poussière, ou vivant, quand le Seigneur arrivera, sortira pour être ravi à sa rencontre en l'air. (1 Thess. IV, 15-18.)

Maintenant se manifeste le vrai caractère des deux hommes. Méphiboseth « n'a point lavé ses pieds, ni fait sa barbe, ni lavé ses habits, depuis que le roi s'en était allé, jusqu'au jour qu'il revint en paix. » La bonté de David avait gagné son coeur. Ce coeur était rempli d'affection pour le roi rejeté ; et cette affection était trop profonde pour qu'il pût, sur la terre, être autre chose qu'un homme menant deuil et attendant, dans la tristesse, le retour de celui qu'il aimait.
Et le Seigneur Jésus ne comptait-il pas sur une semblable affection, lorsqu'il disait dans la nuit de sa réjection : « Un peu de temps et vous ne me verrez pas, et encore un peu de temps et vous me verrez... En vérité, en vérité, je vous dis que vous pleurerez et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira ; et vous serez dans la tristesse ; mais votre tristesse sera changée en joie. » Hélas ! combien peu nous avons répondu au coeur de notre Seigneur rejeté ! Si notre attitude morale n'est pas la même que celle de Méphiboseth, celle d'hommes affligés et dans le deuil, en attendant le retour de Celui qu'ils aiment, cela ne peut venir que de l'oubli de Jésus.

Mais qu'en était-il des fruits, du pain et du vin ? « Pourquoi n'es-tu pas venu avec moi, Méphiboseth ? » Maintenant la vérité vient au jour ; c'était de lui que venaient les provisions dont les ânes étaient chargés. Mais il était boiteux, ce qui avait permis à son serviteur de le supplanter ; Tsiba avait calomnié Méphiboseth en prenant un masque hypocrite. Or remarquez ce que peut produire la grâce. Méphiboseth dit : « Fais donc ce qu'il te semblera bon ; car, quoique tous ceux de la maison de mon père ne soient que des gens dignes de mort envers le roi, mon seigneur, cependant tu as mis ton serviteur entre ceux qui mangeaient à ta table. » Qu'elle est douce la confiance que donne la grâce ! Avez-vous, mon lecteur, l'assurance fondée que Dieu vous a donné, par pure grâce, une place à sa table ? Si vous l'avez, vous pouvez, avec une parfaite joie, regarder en avant vers l'arrivée de Jésus.
« Et le roi lui dit : Pourquoi me parlerais-tu encore de tes affaires ? Je l'ai dit : Toi et Tsiba, partagez les terres. » Qu'elle est belle la réponse du fils de Jonathan : « Qu'il prenne même le tout, puisque le roi, mon seigneur, est revenu en paix dans sa maison. » Ce n'étaient pas les terres qu'il lui fallait", non, son plus ardent désir était maintenant réalisé, puisqu'il revoyait celui qui lui avait témoigné tant de bonté.

Et n'en est-il pas de même chez ceux dont la grâce a réellement gagné le coeur à Christ ? Ce ne sont plus les choses de la terre qu'ils désirent. « Certes, dit l'apôtre, je regarde toutes choses comme étant une perte à cause de l'excellence de la connaissance de Christ Jésus, mon Seigneur. » Oh ! plût à Dieu que nous ressemblassions davantage à Méphiboseth, davantage aux saints de Thessalonique qui attendaient « des cieux le Fils de Dieu. » Méphiboseth avait reçu le témoignage de la bonté de David avec une entière confiance ; malgré ses pieds boiteux, il n'avait jamais douté de la réalité de l'amour de David, et il avait attendu patiemment le retour de David, supportant toute espèce d'opprobre, jusqu'à ce que le temps fût venu. Les Thessaloniciens avaient aussi reçu la bonne nouvelle de la grâce de Dieu en puissance et dans la vertu de l'Esprit-Saint, et en pleine certitude, — aussi enduraient-ils avec patience, et même avec joie, les injures et les tribulations de la part de leurs adversaires. Et quelle était la puissance secrète qui les mettait en état de le faire ? Ils attendaient Jésus des cieux. Les vrais enfants de Dieu ont toujours été haïs et calomniés, — et même souvent mis à mort sur les échafauds et sur les bûchers — par les orgueilleux, cherchant le salut dans l'observation de la loi.
Mais le jour s'approche ! Qui peut dire avec quelle rapidité peut arriver le Seigneur que nous attendons ? Les tout derniers mots qu'il nous a adressés sont ceux-ci : « Oui, je viens bientôt ; », à quoi, par l'Esprit, l'Église répond : « Amen ! viens, Seigneur Jésus ! » David a-t-il pu revenir, et le Seigneur de David ne reviendra-t-il pas ? Oui, nos yeux le contempleront bientôt. Oh ! glorieuse et bienheureuse espérance ! Ce n'est pas le millénium, ce n'est pas l'accomplissement des prophéties, que nous attendons proprement, quelque bénis que soient ces événements ; c'est Jésus lui-même, que le croyant qui a été lavé dans son sang désire de voir.

Ce magnifique type va plus loin encore ; dans le chapitre XXI, il nous montre le jour du jugement sur la maison de Saül. « Or le roi épargna Méphiboseth, fils de Jonathan, fils de Saül, à cause du serment que David et Jonathan, fils de Saül, avaient fait entre eux au nom de l'Éternel. » Cela termine l'histoire de cet enfant de la grâce. Et longtemps après que Jésus sera revenu, et que son royaume aura été établi ; quand l'Église de Dieu jouira depuis longtemps déjà de la gloire céleste de Christ, et Israël, de la gloire du royaume sur la terre ; oui, même lorsque le grand trône blanc sera dressé et que les enfants déchus d'Adam se tiendront devant ce trône, alors même, pas un de ceux qui, selon les conseils éternels de Dieu, aura pu faire partie de la famille de la grâce, non, pas même un seul ne sera perdu. Mais où paraîtront en ce jour-là les pécheurs insouciants, ou même ceux qui font des oeuvres pour être sauvés ? Trouvez-moi un homme faisant profession d'être un observateur de la loi, qui ne soit pas un transgresseur de la loi. Pouvez-vous, mon cher lecteur, ou puis-je, moi, subsister devant ce trône de jugement sur le fondement de ce que nous avons fait ? Impossible. Assurément, l'homme qui prétend être meilleur que son prochain doit être un hypocrite ; car Dieu déclare qu'il n'y a point de différence — que tous ont péché. Non, non, ce n'est pas par des oeuvres qu'un pécheur quelconque peut être sauvé. Si vous pouvez trouver un homme qui ne soit pas un pécheur, à la bonne heure, qu'il essaye de ce moyen. Mais un pécheur a besoin de pardon, et : « sans effusion de sang il n'y a point de rémission. » Seigneur Jésus, tu as porté le poids de la colère, de la malédiction, du jugement qui étaient dus aux péchés de ton peuple, et maintenant une bonté souveraine et sans bornes, et une éternelle paix, sont l'heureux partage de toute âme qui se confie en toi !

Regarde à Jésus, ô mon lecteur, et prête l'oreille. Du haut de sa croix, Dieu ne te dit-il pas : « Certainement j'userai de bonté envers toi ? »
Mais ne doit-il point y avoir d'oeuvres en retour de cette bonté ? Oh ! oui, le dévouement du coeur, un service sincère, réel, fruit de la foi qui sauve. Combien d'oeuvres, qui apparaissent comme de bonnes oeuvres aux yeux des hommes, ne sont que néant devant Dieu ! Les hommes s'imposent de pesants fardeaux d'actes de propre justice ; et pourtant, que sont au fond tous ces actes, sinon le rejet de la bonté toute gratuite de Dieu ?

Plus sera profondément enracinée ton assurance de la souveraine, libre et immuable bonté de Dieu envers toi, indigne pécheur, plus profonde aussi sera ta haine du péché, plus entière ta joie à servir Christ d'un coeur dévoué, et plus ardente, quoique patiente, ton attente de son retour des cieux.

C. S.


AU MILIEU DU TRÔNE ET DEVANT LE TRÔNE
Lisez Apocalypse V, 6, et VII, 9, 13, 14, 15.

Quel tableau saisissant et plein d'instruction que ces visions célestes du Rédempteur et des rachetés ! Quel contraste entre les deux !
Dans Apoc. V, toute l'attention est concentrée sur la personne de « L'AGNEAU » — le seul, au milieu de cette scène céleste, qui porte sur lui les marques et les souvenirs de la terre ; — non-seulement de la terre, mais aussi de la mort. L'Agneau se tient là « comme immolé ; » II est le sujet de ce nouveau cantique de triomphe et de gloire qui monte sans cesse avec le parfum des fioles d'or, devant le trône de Dieu. « L'Agneau, » c'est le caractère terrestre de Jésus, comme étant celui qui a enduré de la part des hommes et pour les hommes toutes sortes de souffrances, et qui a subi la mort pour ôter le péché du monde. C'est à cause de sa mort accomplie sur la terre que les vingt-quatre anciens sont là, devant le trône de Dieu, pour chanter le « nouveau cantique. » Ah ! quel souvenir de la terre dans l'Agneau immolé, — souvenir humiliant rappelant toute l'inimitié du coeur de l'homme contre Dieu, — mais, pour le croyant, souvenir plein de consolation !

Dans Apoc. VII, notre attention est dirigée vers ceux qui ont été rachetés de la terre par le sang de l'Agneau. Rien de terrestre ne se voit en eux. Les robes blanches qu'ils portent, semblables à celle dont Jésus fut une fois revêtu lorsqu'il était sur la terre (Marc IX, Luc IX), sont telles qu'aucun foulon sur la terre ne les pourrait ainsi blanchir. Les rachetés, leur attitude, leur allure, leurs robes, tout est céleste. Ou ne voit en eux que la justice de Dieu, que la gloire de Christ. C'est le sang de l'Agneau qui les a constitués ce qu'ils sont. L'Agneau s'est chargé d'acquitter tout le prix de leur rachat ; aussi s'écrient-ils sans cesse : « Le salut est à notre Dieu, qui est assis sur le trône, et à l'Agneau. »

Rachetés du Seigneur, c'est à vous que je m'adresse ici ; vous pouvez voir dans les vingt-quatre anciens la position que vous aurez bientôt devant le trône de Dieu ; mais Dieu vous a déjà donné le caractère céleste, tel que Jésus l'a montré sur la montagne de la Transfiguration ; souvenez-vous que c'est là le caractère que vous avez à manifester aussi longtemps que vous serez dans ce monde. (Lisez 2 Pierre, I.) « Nous porterons l'image du Céleste. » Celui donc qui dit demeurer en Christ doit marcher aussi comme Lui-même a marché. (1 Jean II, 6.) À proportion que nous vivrons dans la communion de celui qui a fait voir ici-bas (sur la montagne) la gloire céleste, notre coeur, plein de reconnaissance, trouvera sans peine des expressions convenables pour célébrer Celui qui seul a accompli l'oeuvre de la rédemption et porte encore dans le ciel les stigmates de ses souffrances.


LA PAIX AVEC DIEU

Ayant donc été justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ. Rom. v, 1.
C'est le partage de tout croyant de dire de soi-même : « Ayant été justifié par la foi, j'ai la paix avec Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ. » S'il ne le peut dire, il n'en est pas moins vrai que Dieu le voit justifié ; mais la paix de son âme dépend de ce qu'il soit capable de le dire lui-même en goûtant tout le bonheur qui en découle. Ce langage est celui de la foi opposé à celui de l'incrédulité ; il exprime ce que la foi seule peut saisir. Celui qui croit en Jésus et qui ne peut tenir ce langage, offre un triste exemple de la ruse et du méchant coeur d'incrédulité que nous portons encore au dedans de nous.

Quant à la foi, je ferai cette remarque : La foi justifiante regarde toujours vers un oh jet qui nous est extérieur. C'est là ce qui doit servir de pierre de touche pour distinguer ce qu'est la foi de 'ce qui ne l'est pas : tout ce qui cherche, au dedans de nous, un fondement pour notre paix avec Dieu, n'est point la Foi. Je dois ajouter que la foi s'arrête toujours sur la personne et sur l'oeuvre du Seigneur Jésus-Christ., comme fondement de la paix avec Dieu. Il résulte de là, que pour trouver des preuves que la paix est faite avec Dieu, la foi ne regarde jamais au dedans, à ce qu'est l'homme en lui-même, mais au dehors, à Jésus. L'incrédulité cherche toujours la paix du côté opposé : jamais elle ne regarde à Jésus, mais toujours à l'homme ! L'incrédulité ne peut jamais dire : Je n'ai aucune confiance dans la chair, car elle y met toute sa confiance ; la foi le dit toujours, et elle ajoute : Je me réjouis en Jésus-Christ. La foi ne fait aucun cas du moi, elle ne s'occupe que de Christ. La foi est donc toujours humble et toujours sainte.

Qu'il est ineffable le privilège de pouvoir par la foi fixer mon âme sur Jésus ; de le contempler et de "voir toute son excellence comme mienne ! d'avoir la foi vivante et agissante ; la foi qui se détourne du moi, et de tout ce qui en procède, et qui voit que tout ce qu'il me faut pour me recommander devant Bien, se trouve, pour moi, en Christ ! Me faut-il le pardon des péchés ? Son sang purifie de tout péché. (1 Jean I, 7.) Me faut-il la vie ? « En Lui est la vie. » (Jean I, 4.) « Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est en son Fils. » (1 Jean, V, 11.) Me faut-il la justice ? « Jésus-Christ nous a été fait justice, de la part de Dieu. » (1 Cor. I, 30.) On en peut dire de même de toute autre perfection : tout ce qui est excellent et précieux devant Dieu, se trouve en Lui ! Le croyant est « accepté dans le Bien aimé. » C'est ainsi que la foi trouve la paix, « une joie ineffable et glorieuse ; » en effet, la foi sait la valeur infinie du sang de Jésus, et l'excellence infinie de Jésus lui-même, et elle s'approprie ces choses à elle-même.

Remarquez encore que la foi ne regarde pas à Jésus ou à son sang, comme si elle n'y était point intéressée, ainsi que ferait un homme qui regarderait les richesses d'un autre. La foi regarde toutes les richesses et l'excellence de Christ comme siennes ; or, c'est ainsi que nous avons la paix et la joie par la foi. Jamais je ne trouverai de paix en contemplant Christ et ses richesses dans la gloire, si je ne puis dire : tout est à moi. Ce me serait au contraire un tourment continuel. La foi s'approprie toujours Christ, car c'est ainsi qu'un croyant le contemple. — Quel droit y a-t-il et comment peut-il faire cela ? me demanderez-vous. Je réponds : par l'autorité de Dieu Lui-même ; car Dieu ne présente jamais Christ à une âme dans un but autre que celui-ci, savoir : que, par la foi, cette âme s'approprie Christ à elle-même. Le but de Dieu, en faisant prêcher Jésus, n'est donc pas de tourmenter les âmes en leur montrant un bien qu'elles ne peuvent pas avoir, mais de leur déclarer cette « bonne nouvelle » : que Christ, avec toute sa perfection et toute sa gloire excellente, appartient à toute âme qui croit en Lui. Veillons donc soigneusement contre ce coeur d'incrédulité qui dit, d'après les suggestions de Satan : « Je crois bien en Jésus-Christ, ainsi que Dieu l'a annoncé dans l'Évangile, mais est-Il à moi ? » Déplorable incrédulité ! qui n'est qu'un mensonge de Satan, puisque Dieu a déclaré que : « Par Lui tous ceux qui croient sont justifiés de toutes choses.... » (Actes XIII, 39.) Ici, Dieu nous présente comme une seule et même chose, la foi en Jésus et notre justification ; « que ce que Dieu a joint, l'homme ne le sépare donc point. »

Je ferai encore une remarque : Quoique la foi soit toujours occupée de Jésus comme fondement de la paix, elle le connaît aussi comme le chemin qui conduit à DIEU. « Nous avons la paix avec DIEU, par notre Seigneur Jésus-Christ. » N'oublions jamais que DIEU, en donnant son Fils, a eu en vue de nous amener à Lui. Christ est mort, Lui juste pour des injustes, afin de nous amener à DIEU. Découvrir cette vérité et jouir de ce qui en découle, c'est la grande joie de la foi. S'arrêter en Christ comme fondement de la paix, sans le saisir comme le moyen établi pour nous amener à Dieu, c'est connaître très-imparfaitement ce que Jésus est Lui-même. C'est dans la présence de Dieu que nous devons apprendre ce que c'est que le bonheur de Christ, c'est là aussi que nous devons en jouir. Dieu lui-même, comme Dieu, est le repos suprême de la foi. « Afin que votre foi et votre espérance fussent en DIEU. » Ici l'âme se repose, car elle a atteint la source même et la plénitude de tout bonheur. Ici Jésus lui-même se repose ; II se repose en Dieu avec tous ceux qui, par Lui, ont été amenés à Dieu. Quelle demeure que celle-là ! quel asile ! quel saint repos ! Il ne fallait rien moins que la grâce pour nous y placer, nous pécheurs ! Pour nous rendre propres pour cette demeure, il ne fallait rien moins que toute l'excellence de Christ, mise sur nous de la part de Dieu. Or, c'est par cela que nous avons la paix : « la paix avec Dieu. »

Le partage de la foi, c'est l'excellence de Christ ; ainsi, tout croyant est, comme Christ Lui-même : propre pour la présence et pour le sein de Dieu : « Vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu. » Celui qui croit en Jésus-Christ, tel qu'il est annoncé dans l'Évangile, possède toute la valeur de Celui en qui il a cru. Ce que sa foi a saisi, lui appartient pour toujours ; dans ce sens-là il ne peut jamais obtenir plus qu'il n'a obtenu au moment où sa foi a embrassé Christ. Il doit avancer, il est vrai, dans la connaissance de ce qu'il a obtenu ; mais apprendre quelle est la 'valeur d'un don, ou le recevoir, sont deux choses bien différentes. Quand une âme croit en Jésus, Jésus est à elle ; Dieu l'a donnée à Christ, et Christ à elle. Cependant, elle apprendra de plus en plus à connaître la valeur ineffable de ce merveilleux don. Mais quelle différence n'y a-t-il pas entre croître dans la connaissance de Jésus, sachant qu'il est à moi, ou être encore dans l'incertitude à cet égard ? Que ce dernier état est misérable ; combien le premier est heureux !
Qu'il est malheureux, l'homme mourant de faim qui aperçoit, au travers d'une grille, un festin dont il ne peut se rassasier !
Qu'il est malheureux, l'homme dépouillé d'habits qui voit une abondance de vêtements qui ne sont ni à lui, ni pour lui ? Mais combien il est heureux celui qui, assis à cette table, participe à tout ces mets et peut admirer le beau tissu et la substance éternelle de la robe de justice, dont l'amour l'a déjà revêtu ! Telle est la joie paisible de la foi qui remplit le coeur de reconnaissance, et la bouche de louanges. Nul ne peut bénir Dieu, sinon ceux qui savent, comme une chose certaine, que Dieu les a dénis et enrichis. (Lisez 1 Pierre I, 3-9.) Satan le sait bien ; aussi travaille-t-il constamment à pousser les croyants vers le doute, afin de les priver de la paix, de les empêcher de louer Dieu et de glorifier Jésus. Néanmoins, tandis que Satan cherche à pousser l'âme du croyant vers le doute, il y en a un autre, plus grand que lui, qui cherche toujours à conduire cette âme dans une parfaite paix : l'Esprit bienheureux de Dieu « prend les choses de Jésus et nous les révèle. » Ainsi II conduit toujours à Christ ; ainsi seulement, II conduit à la paix.
Le Saint-Esprit est donné au croyant, dans ce but même. Son oeuvre bénie consiste à rendre témoignage, au croyant, de ce que Jésus est, et de ce qu'il est pour lui. (Jean IV.) Le croyant n'a donc rien moins que Dieu Lui-même, le Saint-Esprit, toujours prêt à guider sa foi à la source et au réservoir de toutes les bénédictions. Dans cette oeuvre, l'Esprit est non-seulement Celui qui révèle ces bénédictions à l'âme, mais II est aussi, pour ceux qui les discernent, le Témoin que tout, oui que tout est à eux. (Rom. VIII, 16 ; Éph. V, 1, 13, 14.) L'incrédulité détourne la tête ; portant ses regards au dedans, elle dit : « Regardons à nous. » Ainsi elle se détourne de toute la plénitude de bénédiction qui est en Christ (là où l'Esprit veut conduire l'âme), pour contempler la pauvreté et la misère en elle-même. Peut-on s'étonner alors si, entre tous ceux qui agissent ainsi, nul ne trouve la paix. Ils ne peuvent avoir la paix, car Dieu a dit que la paix vient par la foi en Jésus. Si donc nous dirigeons nos regards sur nous-mêmes pour avoir la paix, nous ne la trouverons jamais.

J'ai dit que Jésus, saisi par la foi, donne paix et joie, confiance et louange ; mais II donne encore plus : II donne le pouvoir de marcher dans la sainteté, de résister au péché, à Satan, à la chair et au monde. Souvenons-nous que jamais nous n'obtiendrons un pouvoir procédant vraiment de Dieu, pour résister au mal ou pour faire le bien, autrement que par la foi, conduite elle-même par le Saint-Esprit. Ceux-là seuls donc qui ont une pleine et parfaite paix par la foi en Christ, seront vraiment saints dans toute leur conduite.


HANUN, LE ROI, OU LA BONTÉ MÉPRISÉE
(Faisant suite à « MÉPHIBOSETH. »)

« Or il arriva, après cela, que le roi des enfants de Hammon mourut ; et Hanun, son fils, régna en sa place. Et David dit : J'userai de gratuité envers Hanun, fils de Nachash, comme son père a usé de gratuité envers moi. Ainsi David lui envoya ses serviteurs pour le consoler de la mort de son père. Et les serviteurs de David vinrent au pays des enfants de Hammon. Mais les principaux d'entre les enfants de Hammon dirent à Hanun, leur seigneur : Penses-tu que ce soit pour honorer ton père que David t'a envoyé des consolateurs ? N'est-ce pas pour reconnaître exactement la ville et pour l'épier, afin de la détruire, que David a envoyé ses serviteurs vers toi ? Hanun donc prit les serviteurs de David et fit raser la moitié de leur barbe et couper la moitié de leurs habits jusqu'aux hanches ; puis il les renvoya Or les enfants de Hammon, voyant qu'ils s'étaient mis en mauvaise odeur auprès de David, envoyèrent pour lever à leurs dépens vingt mille fantassins des Syriens de Beth-Réhob et des Syriens de Tsoba, et mille hommes du roi de Mahaca, et douze mille hommes de ceux de Tob. Ce que David ayant appris, il envoya Joab et toute l'armée, savoir les plus vaillants Alors Joab et le peuple qui était avec lui s'approchèrent pour donner bataille aux Syriens ; et les Syriens s'enfuirent de devant lui. Et les enfants de Hammon, voyant que les Syriens avaient pris la fuite, s'enfuirent aussi de devant Abisal, et rentrèrent dans la ville. Et Joab s'en retourna de la guerre contre les enfants de Hammon, et vint à Jérusalem ... »

« Or Joab avait combattu contre Rabba, qui appartenait aux enfants de Hammon, et avait pris la ville royale. Et Joab avait envoyé des messagers vers David pour lui dire ; J'ai battu Rabba, et j'ai pris la ville des eaux. C'est pourquoi maintenant, assemble le reste du peuple et campe contre la ville, et la prends ; de peur que si je la prenais, on ne réclamât mon nom sur elle. David donc assembla tout le peuple, et marcha contre Rabba ; il la battit, et la prit. Et il prit la couronne de dessus la tête de leur roi, laquelle pesait un talent d'or, et il y avait des pierres précieuses ; et on la mit sur la tête de David, qui emmena un fort grand butin de la ville... » (2 Samuel X, 1-14 ; XII, 26-30.)

Dieu veut que nous soyons pénétrés de la réalité de nos rapports avec Lui. Nous sommes ses créatures, et chacun sera appelé à comparaître devant Lui. Le péché nous a éloignés de Dieu ; aussi avons-nous peur de Lui, parce que notre conscience nous le présente, et avec raison, comme un juge. Dieu étant juste et saint, II ne peut, ni ne veut passer par-dessus nos péchés ; II ne peut pas non plus les oublier, à moins qu'ils ne soient ? justement effacés ; — c'est-à-dire qu'il faut qu'une pleine satisfaction lui soit donnée, afin qu'il soit juste tout en justifiant le pécheur. Mais Dieu prend plaisir à faire grâce ; il veut nous attirer à Lui, et nous montrer qu'il est non-seulement Un Dieu juste, mais en même temps, un Dieu Sauveur. C'est pour cela qu'il a envoyé son Fils. « Dieu était en Christ réconciliant le monde avec Lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes. » (2 Cor. V, 19.) Comment Dieu peut-il ne pas imputer à une âme les péchés qu'elle a commis ? Comment peut-il oublier les péchés de celui qui vient à Lui ? C'est par le moyen de Jésus-Christ, lequel « a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, AFIN QU'IL NOUS AMENÂT À DIEU. » (1 Pierre III, 18.) Et maintenant, Dieu fait publier partout le message de la réconciliation.

En entendant ce message de la réconciliation, comment l'avons-nous reçu ?
Le Seigneur Jésus, quand il était ici-bas, n'a pas manqué de déclarer aux foules qui le suivaient, qu'il y avait deux classes d'auditeurs parmi ceux qui l'écoutaient. Les uns se confiaient en eux-mêmes, dans leur propre justice : ils ne recevaient pas la doctrine de Christ, car ils ne ressentaient aucun besoin de la grâce. Les autres confessaient qu'ils étaient pécheurs, et se réjouissaient d'apprendre que Dieu leur avait envoyé un Sauveur.

S'adressant un jour aux pharisiens qui se moquaient de Lui, Jésus leur dit : « Vous êtes de ceux qui se justifient eux-mêmes devant les hommes, mais Dieu connaît vos coeurs ; car ce qui est haut estimé parmi les hommes est une abomination devant Dieu. » (Luc XVI, 15.) Quelle est donc cette chose si abominable devant Dieu ? N'est-ce pas de rechercher la justice chez nous-mêmes ou chez les hommes, lesquels vivent dans la désobéissance envers Dieu, dans le mépris de Sa grâce.
Or Jésus a dit aussi, qu'il y a de la joie au ciel pour un seul pécheur qui se repent. Il est évident que pour se repentir, il faut se reconnaître pécheur ; de plus, un pécheur ne peut pas se trouver réellement dans la présence de Dieu sans comprendre qu'il est aussi perdu. La bonté de Dieu vient alors nous révéler que c'est pour de tels pécheurs que le Sauveur est venu. Jésus lui-même l'a dit : « Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui est perdu. »

Ces deux classes de personnes, les pharisiens et les pécheurs, — ceux qui s'appuient sur leurs mérites, et ceux qui confessent leurs fautes, — se manifestent partout où l'Évangile est prêché. La Parole de Dieu, dans toutes ses parties, nous montre aussi ces deux catégories de gens. Nous avons déjà parcouru l'histoire de Méphiboseth, et nous avons vu dans ce récit comment l'enfant de la grâce est agréé. En passant, nous avons fait allusion à l'histoire qui, dans la Parole, fait suite à celle-là, et qui fera maintenant le sujet de notre méditation. C'est l'histoire d'Hanun, orgueilleux pharisien, qui ne voulait rien de la grâce. Dans la première, le Saint-Esprit nous fait voir la bonté de Dieu présentée et reçue ; dans la seconde, cette même bonté méprisée.
La Parole de Dieu abonde en contrastes de ce genre. Elle nous invite, elle nous avertit de la part de Dieu. Puissent votre coeur, cher lecteur, et le mien, être rendus attentifs au fait que c'est DIEU qui nous parle dans sa Parole.

Dans les positions respectives de Méphiboseth et de Hanun, il y a quelques analogies qui font d'autant mieux ressortir le contraste dans leur différente manière de répondre à la grâce, lorsque celle-ci leur est présentée. Tous deux étaient issus de sang royal ; leurs pères respectifs avaient été amis de David ; enfin c'était aussi le même David qui voulait user de gratuité envers l'un comme envers l'autre, pour l'amour de leurs pères.
Cependant les circonstances de chacun d'eux, au moment où le roi David leur envoya le message de sa bienveillance, étaient bien différentes. Méphiboseth, pauvre, méprisé et boiteux, vivait dans l'obscurité ; tandis que Hanun était assis sur le trône de son père, jouissant de tout ce qui, selon le monde, pouvait rendre la vie agréable.
De là découle, probablement, en grande partie, la différence que nous voyons dans l'accueil que chacun d'eux fait au message de David. — Méphiboseth, qui sentait péniblement sa triste condition, se rend aussitôt à l'appel du roi ; et tombant sur son visage, il se prosterne devant lui. Hanun, au contraire, prêtant l'oreille aux mauvais conseils des flatteurs qui l'entouraient, traite avec le dernier mépris les messagers de David, et fait de grands préparatifs de guerre contre lui.

Tout cela n'est-il pas d'une saisissante actualité pour nous ! Celui qui sent sa misère, qui se croit véritablement perdu, est rempli de joie en apprenant delà part de Dieu qu'il y a un salut pour les pécheurs, un salut tout fait, déjà accompli par le Seigneur Jésus-Christ. Celui-là, au contraire, qui s'appuie sur ses propres mérites, rejette la grâce de Dieu ; se confiant dans sa propre justice, il prétend follement pouvoir se justifier devant Dieu ; il ne peut donc, en effet, nullement ressentir le besoin qu'il a de sa grâce.

Supposons un homme, se débattant dans l'eau : on lui jette une corde ; s'il est là pour son plaisir, il la repoussera en disant : Retirez votre corde, elle m'embarrasse ; moi, je puis nager. Mais celui qui se noie se cramponne à la corde, sans se donner le temps de réfléchir si c'est pour lui que la corde est là. Il se noie ; le salut est à sa portée dans la corde : aussi il se hâte d'en profiter. Et pourtant, combien d'âmes n'y a-t-il pas, qui, tout en croyant qu'il n'y pas de salut en dehors de Christ, perdent néanmoins leur temps à considérer si ce salut est vraiment pour elles. Sont-elles sincères, ces âmes ? Se croient-elles réellement perdues ? Ou bien se plaisent-elles dans les eaux de la mort, et craignent-elles qu'on ne les en retire, quoiqu'elles sachent qu'une destruction certaine les y attend ?

Le serpent d'airain dans le désert, pour qui était-il élevé, si ce n'est pour tous ceux des enfants d'Israël qui avaient été mordus par les serpents brûlants ? Le Seigneur Jésus, en Golgotha, pour qui fut-il cloué à la croix, si ce n'est pour les pécheurs séduits par le diable, et qui, comme tous les captifs de Satan, sont passibles du jugement de Dieu ? Que chacun se demande : Est-ce que tel est mon cas ? Si votre conscience répond : Oui, je mérite le jugement, — alors écoutez une parole certaine et digne de toute acceptation : « Le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs. » Bienheureux celui qui, d'un coeur droit et sincère devant Dieu, s'estime et croit être du nombre de ces « pécheurs. »

Remarquez ensuite que Hanun ne se contenta pas de refuser les consolations qui lui étaient offertes. La conséquence naturelle de son indigne conduite à l'égard des messagers du roi, fut de lui faire sentir qu'il s'était mis en mauvaise odeur auprès de David •, aussi se prépare-t-il, ainsi que son peuple, ouvertement à la guerre. Sa conscience parlait ; de là provenait son irritation. Il agit en ennemi déclaré, et court à sa propre ruine. Il fait lever, à grands frais, une armée de Syriens qui viennent lui prêter main-forte ; puis les deux armées se rangent en bataille. Mais elles sont défaites devant celle de David. Peu de temps après, Hanun se voit attaqué dans sa capitale, qui est prise et mise au pillage ; sa belle couronne d'or et de pierres précieuses, qui faisait sa gloire et son orgueil, est mise sur la tête de David ; son peuple aussi subit un terrible châtiment.

Hanun et son peuple sont là, comme un avertissement solennel, propre à démontrer à chacun de nous la vérité de cette parole, que : « ceux qui s'adonnent aux vanités fausses abandonnent leur gratuité. » (Jonas II, 9.) « L'orgueil de l'homme l'abaisse ; mais celui qui est humble d'esprit obtient la gloire. » (Prov. XXIX, 23.)

La grâce de Dieu est là pour tout pécheur ; mais si quelqu'un méprise cette grâce, et injurie les messagers de Dieu qui la proclament, il agit en ennemi de Dieu, devant qui il doit bientôt comparaître en jugement. C'est ainsi que l'homme a agi de tout temps. Lorsque Dieu envoya des prophètes auprès de son peuple d'Israël, on les persécutait, on les lapidait. Enfin, quand Dieu leur envoya son propre Fils, qui allait de lieu en lieu faisant le bien, on le crucifia entre deux brigands. Quels étaient donc ceux qui, plus que tous les autres, cherchaient sa vie et lui dressaient continuellement des pièges ? C'étaient précisément les orgueilleux de ce monde, les pharisiens, qui ne voulaient pas de la grâce. Ils rejetèrent, contre eux-mêmes, le conseil de Dieu, ne voulant pas se reconnaître pécheurs ; puis, lorsqu'ils demandèrent à grands cris qu'on crucifiât Jésus, ils n'ont pas craint de dire : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » On sait combien fut terrible le jugement qui tomba sur eux peu d'années plus tard, lorsque Jérusalem fut prise par les Romains. Mais quelque terrible que fût ce jugement-là, il n'est qu'un pâle tableau de celui qui attend encore ce monde impie, et qui atteindra ceux qui sont rebelles à Christ. L'apôtre Pierre nous dit : « Si le juste est difficilement sauvé, où paraîtra l'impie et le pécheur ? » Quelle sera la fin de ceux qui n'obéissent pas à l'Évangile de Dieu !

Chers amis, écoutez l'avertissement pendant qu'il en est temps. La lamentable histoire d'Hanun nous apprend que c'est l'orgueil du coeur naturel qui enlace l'âme dès le début ; on prête l'oreille aux séductions de l'adversaire, et l'on est bientôt engagé dans le mauvais chemin. Pourquoi mettez-vous votre confiance dans les biens de cette terre, qui ne font que tromper, et dont les délices ne peuvent point durer ? Le Seigneur Jésus n'a-t-il pas dit : « Combien il est difficile à ceux qui se confient aux richesses d'entrer dans le royaume de Dieu ? » Tenez-vous pour avertis, je vous en supplie. Détournez vos regards de ce monde, de vous-mêmes ; considérez ce que Dieu, dans sa grâce infinie, vous offre, en vertu de l'oeuvre accomplie de son bien-aimé Fils, notre Seigneur Jésus-Christ. Il y a un salut, à présent même, pour celui qui croit en Jésus.
Enfants de Dieu, qui avez l'occasion de lire ces lignes, écoutez aussi une parole d'exhortation : Y en a-t-il parmi vous, dont le coeur recherche de l'aise, du repos, des richesses, sur cette terre ? Pourquoi vous donnez-vous des soucis pour l'avenir, quand votre Père céleste s'est engagé à prendre soin de vous jusqu'au bout ? Pourquoi vous tendez-vous à vous-mêmes des pièges du côté où vous êtes le moins munis contre le danger, et contre le pouvoir de l'adversaire ? Ne voyez-vous pas que, si les biens de cette terre sont le lien le plus puissant pour empêcher les âmes de venir à Christ, ils sont aussi l'arme la plus puissante entre les mains du diable pour affaiblir la foi, abattre le courage et relâcher la vigueur de l'enfant de Dieu ? « Ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans un piège. » (1 Timothée VI, 9.)

Souvenez-vous aussi des paroles de notre Seigneur Jésus-Christ : « Là où est votre trésor, là sera aussi votre coeur. » Inutile à vous de dire que votre trésor est dans les cieux parce que vous croyez au Seigneur, si vous avez en même temps un trésor ici-bas ! Dans ce cas votre coeur est divisé, partagée ; rien n'est plus triste qu'un tel état : c'est celui de l'homme incertain dans ses pensées, inconstant dans toutes ses voies. (Voyez Jacques i, 2-12.)

Que Dieu nous accorde d'être dévoués en entier à notre Seigneur, qui s'est donné lui-même pour nous ; de savoir, en communion avec Lui, faire la perte de toutes choses ici-bas, afin de gagner Christ et d'être trouvés EN LUI !



 

- haut de page -