LE SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. I
PREMIÈRE ANNÉE 1873-4
QUELQUES MOTS SUR LA MISÉRICORDE DE DIEU
II est de nos jours une fausse idée très-répandue sur la
miséricorde de Dieu.
On dit que Dieu n'a jamais créé les hommes pour les jeter en
enfer. On admet bien que l'on a manqué à plusieurs égards,
mais on se console en pensant que, pourvu que l'on fasse son
possible pour se conduire honnêtement vis-à-vis de Dieu et
des hommes, Dieu ne sera pas trop sévère à l'égard de nos
petits manquements et nous laissera enfin passer dans le
ciel quand même. Il y a là du vrai et du faux. Il est vrai
que Dieu ne créa pas l'homme pour le punir, mais au
contraire pour jouir avec lui-même du repos parfait qu'il
inaugura le septième jour.
Mais l'homme se laissa prendre dans le piège du
diable ; il désobéit à Dieu, il se vendit corps et âme
à Satan pour la satisfaction momentanée de ses propres
désirs. Dès lors tous ses liens avec le Dieu vivant sont
rompus. Plus de confiance mutuelle, plus de communion.
L'homme s'est fait le captif de Satan, de telle façon qu'à
moins que Dieu n'intervienne en grâce, il faut que l'homme
aille où ses péchés l'entraînent. Il a écouté le diable, il
se l'est choisi pour maître, « aussi le juste jugement
de Dieu le relègue dans le feu éternel préparé pour le
diable et ses anges. » (Matthieu
XXV, 41 ; Apocalypse
XX, 10, 15.)
Dieu est intervenu en grâce ; au moment même de la
chute, il annonce la victoire que la postérité de la femme,
Son propre fils Jésus, notre Seigneur, devait remporter sur
le « serpent. » L'ennemi est venu comme un
fleuve ; mais l'esprit de l'Éternel a levé l'enseigne
contre lui. (Ésaïe
LIX, 19).
Mais il faut encore qu'une oeuvre individuelle soit produite
dans chaque pécheur, pour le débarrasser de ses péchés et
lui donner une libre entrée dans le royaume de Dieu.
Supposons un instant que Dieu ne soit pas « trop
sévère, » et qu'il laisse entrer dans le ciel celui qui
aura fait tout son possible pour se bien conduire. Le ciel
est la demeure éternelle du Dieu souverain, où règnent la
lumière éclatante et la sainteté absolue. Que pourrait donc
y faire celui qui, de son propre aveu, tout en s'efforçant de
bien faire, aurait, pour le moins, plusieurs fautes à se
reprocher ?
Je vous le demande, cher lecteur, comment supporterait-il le
regard scrutateur du Dieu éternel dans une telle
lumière ? Si Adam et Eve se hâtèrent, en Éden, de se
cacher de devant Dieu, alors qu'un seul péché de
désobéissance pesait sur leurs consciences, comment nous,
avec nos manquements innombrables, pourrions-nous supporter
la gloire et la sainteté de cette demeure, où se fera
entendre de tous côtés ce cri éternel : « SAINT,
SAINT, SAINT, SEIGNEUR DIEU TOUT-PUISSANT. » (Apoc.
IV, 8.) Serait-ce de la miséricorde de laisser entrer
un pécheur dans le ciel, à moins qu'il ne soit purifié de
ses souillures aussi complètement que Dieu lui même est
pur ? Non, certes ! Mais cette purification
parfaite, nous l'avons par la foi dans le sang de
Jésus-Christ notre Seigneur.
L'idée que nous combattons n'est qu'une tromperie de
l'ennemi qui fait espérer aux pécheurs que Dieu sera aussi
indifférent à leurs péchés qu'ils le sont eux-mêmes. Il n'en
est point ainsi ; mais Dieu nous fait grâce tout en
satisfaisant à sa justice absolue. Il est juste, tout en
JUSTIFIANT L'IMPIE qui croit en Jésus-Christ (Rom.
III, 4) ; car le sang de Jésus-Christ, son Fils,
nous purifie de tout péché.
C'est là sa MISÉRICORDE.
LES DEUX « IL FAUT»
(Évangile
de Jean, III, 7, 14.)
Dans l'entretien du Seigneur Jésus avec Nicodème, par deux
fois, il se sert de ces deux mots : « II
FAUT. » Dans les deux cas, il y a dans ces paroles une
profondeur et une puissance morale immenses. Réfléchissons
un moment sur leur importance ; car, bien qu'ils ne
forment qu'un petit membre de phrase, ils n'en renferment
pas moins tout un volume de vérités évangéliques des plus
précieuses, sous quelque côté que nous les considérions.
Premièrement nous lisons : « Ne t'étonne pas de ce
que je t'ai dit : II vous faut être nés de
nouveau. » Ici, nous avons l'homme mis de côté d'une
manière complète, et cela dans son meilleur état. Le :
« II faut » de ce chapitre III de
l'évangile de Jean, est semblable à l'épée flamboyante du
chapitre III de la Genèse, « qui se tournait çà et là
pour garder le chemin de l'arbre de vie ; » — il montre
que l'homme avec sa postérité tout entière, est exclu de
l'arbre de vie. S'il me faut être né de nouveau, — s'il me
faut une nouvelle vie, une nouvelle nature, alors, peu
importe ce que je suis, ou ce que j'ai ; de quelque
manière que ce soit, je me trouve exclu.
L'homme né de femme entre dans ce monde portant l'image de
ses parents : or ses parents sont en chute ! En
sortant des mains de son Créateur, l'homme portait l'image
de Dieu ; issu du sein de sa mère,
il porte l'image et la ressemblance de créatures déchues. De
là, la force de l'expression employée par notre
Seigneur : « II vous faut être né de
nouveau. » II n'est pas dit : il faut vous
améliorer, — il vous faut tâcher de faire mieux, — il vous
faut changer de manière de vivre, — commencer une nouvelle
carrière. S'il en eût été ainsi, Nicodème n'aurait jamais
demandé : « Comment se peuvent faire ces
choses ? » Un pharisien n'aurait pas manqué de
comprendre cela. Un changement de conduite ou de
moeurs ; une réforme morale, un perfectionnement
quelconque de soi-même ; tout cela est parfaitement
intelligible pour les pharisiens de tous les âges ;
mais ces paroles : « II vous faut être nés de
nouveau, » ne peuvent être comprises que de celui qui
eu a fini avec lui-même et avec ses oeuvres ; — qui est
arrivé à cette conviction-ci : « qu'en lui,
c'est-à-dire en sa chair, il n'habite aucun
bien ; » et qui se considère comme un homme
entièrement ruiné ; comme un failli sans excuse et
incapable d'établir ses comptes. Il faut à un tel homme une
nouvelle vie, un nouveau titre contre lequel ses créanciers
n'auront pas de recours ; en un mot, il faut qu'il
reprenne les affaires avec les fonds d'un tiers contre
lequel ses créanciers ne puissent rien.
Il y a dans ces mots : « II FAUT, » une force
immense ; de plus ils s'appliquent indifféremment à
tous. Aux ivrognes, ils disent : « II faut. »
Aux plus stricts adhérents des sociétés de tempérance, ils
disent aussi : « II faut. » Ils s'adressent,
en un mot, à toutes les classes ; à toutes les
conditions ; à tous les grades et à tous les
caractères, de quelque nuance qu'ils soient ; — à
l'homme de tout rang, de tout climat ; de quelque
croyance et dénomination qu'il soit. Dans leur style clair,
emphatique, tranchant ; ils disent : « II
faut. » Us atteignent la conscience plus fortement
qu'aucun appel qu'on aurait pu faire, en s'occupant de la
conduite ou de la moralité des individus. Ces mots sont
parfaitement distincts de la question de réforme morale,
sous quelque aspect qu'elle se présente. Le : « II
faut, » laisse une marge aussi grande que le
philanthrope et le moraliste puissent la désirer. Il ne
renverse en rien les distinctions variées que la société,
l'opinion publique, les lois ou l'équité ont établies ;
il laisse toutes ces choses intactes, mais il élève sa voix
claire et forte au-dessus de tout, et il dit aux pécheurs, —
à l'homme né de femme, — au pire comme au meilleur des
hommes : « Il vous faut être nés de
nouveau. » Ce n'est nullement une réforme que ces
paroles demandent ; c'est un réengendrement ;
— non une amélioration, mais l'expiation.
Alors, que faire ? De quel côté se tourner ?
Comment se procurer cette nouvelle vie ? Le
second : « II faut, » de notre Seigneur, nous
fournit la réponse : « Comme Moïse éleva le
serpent au désert, ainsi il faut que le Fils de
l'homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui, ne
périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. » (Vers.
14.) Ceci explique tout. Un second homme est
entré en scène. Il y a deux hommes, comme il y a deux
« II faut. » — Quant au premier homme, il faut
qu'il soit né de nouveau. Quant au second, qui est Christ,
il faut qu'il soit élevé ! — En un mot, la croix est la
grande solution du problème, la réponse divine au :
« Comment » de Nicodème. Suis-je
complètement renversé, convaincu par le premier :
« II faut ? » Suis-je écrasé par
l'insurmontable difficulté qu'il place devant moi ?
Suis-je près du désespoir, en contemplant l'apparente
impossibilité de devenir ce qu'il me faut pourtant
être ? Oh ! alors, avec quelle grande puissance le
second : « II faut, » agira sur mon
coeur. « II faut que le Fils de l'homme soit
élevé ! » Pourquoi faut-il qu'il soit
élevé ? Parce qu'il faut que j'aie une nouvelle
vie ; et que cette vie « qui est dans le
Fils » ne pouvait devenir mienne que par sa mort.
La mort du second Homme (qui est Christ), est le seul
fondement de la vie pour le premier homme. Un seul regard
porté sur Christ, comme ayant été élevé pour satisfaire à
toutes les exigences de la justice de Dieu, quant au péché,
est pour moi l'entrée dans la vie éternelle.
Ainsi, saisir par l'oeil de la foi Christ crucifié, c'est
naître de nouveau. Tout homme donc, qui croit en simplicité
de coeur au Fils de Dieu, comme mort et ressuscité, est
« né d'eau et de l'Esprit ; » il a la vie
éternelle ; il est passé de la mort à la
vie ; de la vieille création dans la nouvelle ; du
premier homme dans le second ; du péché à la
justice ; de la condamnation à la faveur divine ;
des ténèbres à la lumière ; de Satan à Dieu.
Que Dieu, le Saint-Esprit, révèle au coeur du lecteur la
beauté et la puissance, la profondeur, l'étendue et la
gloire morale des deux : « II faut. »
C.-H. M.
« LA PREMIÈRE RÉSURRECTION »
ET
« LA SECONDE MORT »
Notre Seigneur Jésus-Christ nous a parlé de deux
résurrections, qu'il a nommées respectivement :
« résurrection de vie » et « résurrection de
jugement, » disant : « Car comme le Père a la
vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils aussi d'avoir la
vie en lui-même ; et il lui a donné autorité de juger
aussi, parce qu'il est Fils de l'homme. Ne vous étonnez pas
de cela ; car l'heure vient en laquelle tous ceux qui
sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ils
sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection
de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en
résurrection de jugement. » (Jean
V, 25-29.)
Chacun donc sera, ou vivifié par le Fils de Dieu, ou jugé
par Lui. Maints passages de l'Écriture nous déclarent que
CEUX QUI CROIENT en Jésus-Christ ONT la vie éternelle.
Ceux-là ne viendront pas en jugement (Jean
V, 24) ; au contraire, le Seigneur lui-même nous
dit que « ceux qui seront jugés dignes d'avoir part à
ce siècle-là et à la résurrection d'entre les morts ne
peuvent plus mourir, car ils sont semblables aux anges et
ils sont fils de Dieu, étant fils de la
résurrection. » (Luc
XX, 35, 36.)
La parole de la prophétie dit, en outre, que tous ceux qui
auront été fidèles au témoignage de Jésus ressusciteront par
Jésus, et qu'ils vivront et régneront avec Lui pendant mille
ans : « c'est la PREMIÈRE RÉSURRECTION. » Le
reste des morts ne ressuscitera pas jusqu'à ce que les mille
ans soient accomplis. BIENHEUREUX et SAINTS sont ceux qui
ont part à la première résurrection ; « sur eux la
seconde mort n'a point de pouvoir ; mais ils seront
sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils régneront avec
Lui mille ans. » (Apoc.
XX, 4-6.)
Il y aura donc, entre les deux résurrections, un intervalle
d'au moins mille ans. Pendant le Millénium, Satan sera lié,
afin qu'il ne séduise plus les nations ; puis, il sera
délié pour un peu de temps pour accomplir les derniers
desseins de Dieu et pour manifester les coeurs qui n'auront
pas été touchés par la gloire de Dieu, manifestée à toute la
terre sous ce règne de Dieu et de son Christ. Satan sortira
de sa prison pour égarer les nations qui sont aux quatre
coins de la terre ; il les assemblera pour le combat
contre Dieu et contre ses saints. Mais le feu descendra du
ciel et les dévorera ; et le diable qui les aura
séduits sera jeté dans l'enfer — « l'étang de
feu » — où il sera tourmenté jour et nuit aux siècles
des siècles.
Ensuite aura lieu le dernier jugement qui est ainsi décrit
dans la Parole de Dieu : « Et je vis un grand
trône blanc, et celui qui était assis dessus, de
devant la face duquel la terre s'enfuit et le ciel ; et
il ne fut pas trouvé de lieu pour eux. Et je vis LES MORTS,
les grands et les petits, se tenant devant le trône ;
et des livres furent ouverts ; et un autre livre fut
ouvert qui est celui de la vie. Et les morts furent jugés
d'après les choses qui étaient écrites dans les livres,
selon leurs oeuvres. Et la mer rendit les morts qui étaient
en elle ; et la mort et le hadès rendirent les morts
qui étaient en eux, et ils furent jugés chacun selon leurs
oeuvres. Et la mort et le hadès furent jetés dans l'étang de
feu ; c'est la SECONDE MORT, l'étang de feu. Et si
quelqu'un n'était pas trouvé écrit dans le livre de vie, il
était jeté dans l'étang de feu. » (Apocalypse
XX, 11-15.)
Qui que vous soyez, cher lecteur, vous n'avez qu'une
alternative : ou bien vous vous déterminez à rester
sous le pouvoir de celui qui est menteur et meurtrier dès le
commencement, parce que vous mettez le comble à votre état
de péché en méprisant la grâce gratuite de Dieu ; ou
bien cette grâce a brisé votre propre volonté, en touchant
votre coeur, et ainsi vous êtes à Celui qui est « la
résurrection et la vie, » parce que vous avez
fait le bien en croyant en Lui.
Oh ! pensez-y pendant qu'il est dit : aujourd'hui
est un jour de salut. Réfléchissez-y sérieusement. Dieu
lui-même vous exhorte par notre moyen. Les conséquences de
chacune des deux résurrections sont éternelles et immuables.
La résurrection de jugement vous introduirait
infailliblement dans une ruine éternelle loin de devant la
face du Seigneur et de la gloire de sa
force, dans l'étang de feu, dans la compagnie de
« celui qui avait la puissance de la mort,
c'est-à-dire le diable, » et avec ses anges.
« C'est la SECONDE MORT, l'étang de feu. »
Pendant qu'il est dit : « aujourd'hui, »
n'endurcissez pas votre coeur. Maintenant est le
temps favorable, maintenant est le jour du salut. Croyez maintenant
au Seigneur Jésus, et vous serez sauvé maintenant
pour les siècles des siècles ; à vous la première
résurrection, — « la meilleure, » — celle « d'entre
les morts, » « LA RÉSURRECTION DE
VIE. » En venant à Jésus, en croyant en Lui, en vous
attachant à Lui, vous posséderez la vie éternelle, un
bonheur parfait et éternel. Jésus lui-même vous introduira
dans la gloire de Dieu. Là vous serez TOUJOURS avec Lui, le
Seigneur, votre Sauveur, jouissant avec Lui de l'héritage éternel
des saints dans la lumière.
•Optez pendant que cette alternative vous est encore
offerte. Croyez au Seigneur Jésus, si vous désirez fuir la
colère à venir. Croyez maintenant, et vous serez
sauvé. Ce Jésus qui a été crucifié par le inonde et dans le
monde, y reviendra avec les nuées, « et TOUT OEIL LE
VERRA. » (Apoc.
I, 7.) Fléchissez maintenant vos genoux
devant Lui, avec joie et gratitude, avant que vous soyez
forcé et obligé de le faire dans la terreur du
désespoir ; car tout genou sera forcé de se ployer
devant Lui, toute langue sera obligée de confesser que
Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. (Philippiens
II, 10, 11.)
ILS ÉTAIENT DEUX
II est des personnes qui admettent pleinement la nécessité
de se convertir, mais qui néanmoins ne s'inquiètent
nullement de leur salut. Elles s'imaginent qu'on peut le
renvoyer jusqu'à son lit de mort, et elles tranquillisent
leur conscience par la pensée que le brigand, crucifié à
côté du Seigneur Jésus-Christ, fut sauvé à la onzième
heure. ?
Si vous êtes du nombre de ceux qui négligent ainsi le salut
de leur âme, cher lecteur, et que vous vouliez vous faire un
oreiller de sécurité de ce qui est écrit dans l'Évangile de
Dieu, — songez, je vous prie, à ce fait que le diable
cherche à vous cacher la moitié de la vérité, afin de vous
aveugler et de vous faire demeurer dans le chemin des
ténèbres et de la mort.
Lisez le solennel récit de Luc
XXIII. On y voit que le brigand, qui fut converti,
n'était pas seul ; ils étaient deux. Oui, en
effet ; et celui qui était à côté du Seigneur Jésus
s'en alla dans le paradis de Dieu, tandis que celui qui
était de l'autre côté s'en alla à la perdition éternelle.
La pensée de l'homme est inimitié contre Dieu, et dans son
inimitié il a préféré un meurtrier au Fils de Dieu ; il
a relâché le meurtrier, et cloué sur une croix Celui qui
donne la vie. « Ôte celui-ci, » s'écriaient-ils,
« et relâche-nous Barabbas » Pilate donc
s'adressa de nouveau à eux, désirant relâcher Jésus. Mais
ils s'écriaient, disant :
« Crucifie-le, crucifie-le. » Deux choses sont
mises en évidence à la croix, savoir la haine de l'homme
contre Dieu et l'amour de Dieu pour l'homme. Le coeur de
l'homme s'est montré là dans toute sa malignité et sa
haine ; et c'est également là que le coeur de Dieu fut
manifesté dans sa merveilleuse miséricorde envers l'homme
coupable et perdu. Oui, cher lecteur, votre coeur, mon
coeur, a été mis à nu à la croix ; car comme le visage
réfléchi par l'eau répond au visage, ainsi le coeur de
l'homme répond à l'homme. (Proverbes
XXVII, 19.)
Les sacrificateurs mêmes et les anciens du peuple d'Israël
se moquaient de Jésus sur la croix, en disant :
« II s'est confié en Dieu ; qu'il le délivre
maintenant s'il tient à lui ; car il se dit Fils de
Dieu. » « II a sauvé les autres, il ne peut se
sauver lui-même. »
L'un des malfaiteurs qui étaient pendus, l'injuriait de
même, en disant : « Si tu es le Christ, sauve-toi
toi-même et nous aussi. » L'autre répondant le reprit,
disant : « Et tu ne crains pas Dieu, toi ?
car tu es sous le même jugement. » Puis il reconnaît la
justice de sa propre condamnation, en rendant témoignage à
l'humanité sans tache du Seigneur Jésus : « Et
pour nous, nous y sommes justement ; car nous recevons
ce que méritent les choses que nous avons commises, mais
celui-ci n'a rien fait qui ne se dût faire. » II
confesse Jésus qui est crucifié en faiblesse à côté de lui,
comme Seigneur et Roi, en lui disant :
« Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume ;
ce royaume d'où toute chose vile, souillée et injuste doit
être bannie.
Que lui répond le Seigneur ? « En vérité, je te
dis : aujourd'hui tu seras avec moi dans le
paradis. » Quelle transformation ! Un brigand
était « rendu propre à être participant de l'héritage
des saints dans la lumière. » II passait subitement
d'une croix d'ignominie et de honte au paradis de Dieu. Et,
remarquez-le bien ; non-seulement Jésus dit : Tu
seras « dans le paradis, » et
« aujourd'hui, » mais encore « avec
moi. » Voilà le ciel, pour le croyant : être
semblable à Jésus, et pour toujours avec lui.
Si l'homme était juste en retranchant de ce monde un
criminel tel que le brigand, Dieu ne l'était pas moins, en
justice aussi bien qu'en miséricorde, en le prenant à Lui
dans son paradis, et cela en vertu du précieux sang de Celui
qui était suspendu à côté de ce malheureux. Dieu demeure
juste, en étant le justificateur de celui qui croit en
Jésus.
L'autre malfaiteur mourut en rejetant Christ, et par
conséquent la miséricorde de Dieu ; car, bien qu'il
soit vrai que Dieu est riche en miséricorde, ce n'est
toutefois qu'en Jésus et par Jésus que cette miséricorde
peut atteindre les pécheurs. Comment Dieu pourrait-il
accepter quelqu'un qui repousse son Fils bien-aimé ?
Cher lecteur, ILS ÉTAIENT DEUX ! Avec lequel de ces
deux passerez-vous votre éternité ? Ah ! pesez
sérieusement la chose : ou une éternité de
bénédiction ; ou l'obscurité des ténèbres pour toujours.
« Soyez réconciliés avec Dieu. » Le coeur de
Jésus, le Sauveur parfait, est le même aujourd'hui. Il
dit : « Venez à moi ; » ne rejetez pas
cette offre de grâce, la dernière peut-être qui vous sera
adressée. Maintenant c'est le temps agréable, maintenant
c'est le jour du salut.
Qui est-ce qui pourrait parler de ses mérites, de ses bonnes
oeuvres, en présence d'une pareille scène ? Personne.
Jésus, le seul digne, en tant qu'Homme, de vivre sur cette
terre, est mis à mort, et un vil brigand trouve entrée dans
le paradis de Dieu. Il ne fallait rien de moins que la mort
expiatoire, le précieux sang du Fils de Dieu, pour régler le
compte de ce pauvre pécheur ; et rien de moins que
cette mort, que ce sang précieux, ne saurait suffire pour
vous, cher lecteur. Béni soit Dieu, il n'est besoin de rien
de plus que cette mort pour répondre au cas le plus
désespéré et régler la dette du pécheur le plus
coupable ; cette mort est pleinement, parfaitement et
éternellement suffisante pour satisfaire à toutes les
exigences de la justice de Dieu. Toute vanterie est exclue,
et le pécheur le plus misérable trouve une réponse à ses
besoins ; car « le sang de Jésus-Christ, le Fils
de Dieu, purifie de tout péché. »
Qu'attendez-vous, lecteur ? Le jour vient, où il sera
trop tard pour profiter de la miséricorde de Dieu. Alors
c'est en vain qu'on frappera à la porte : on
n'obtiendra pour toute réponse que ce qui est écrit en Matth.
VII, 23 ; XXV,
12 : « Je ne vous ai jamais connus ;
retirez-vous de moi, vous qui pratiquez l'iniquité. » Maintenant
c'est le jour de grâce, le temps
favorable. Aujourd'hui, si vous entendez sa voix,
n'endurcissez pas votre coeur. »
Bientôt ce même Jésus, qui a été crucifié, reviendra du
ciel, avec les anges de sa puissance, pour juger le monde
habitable. Le Seigneur nous déclare qu'en cette nuit-là,
deux seront sur un même lit : l'un sera pris et l'autre
laissé. Le jugement de Dieu ne manquera pas d'atteindre
chacun selon son état actuel. Il ne sera plus temps alors de
se repentir ; ce sera trop tard.
Ah ! cher lecteur, ne soyez pas du nombre de ces
moqueurs qui disent : Où est la promesse de sa venue !
FRAGMENTS
Si vous connaissez Christ, sa lumière vous montrera ce que
vous êtes : vous aurez horreur de vous-même, vous vous
détesterez. Mais dans la connaissance de Christ, vous
jouirez d'une conscience purifiée par le sang de l'Agneau
immolé.
Dieu donne cours à sa grâce envers nous, en vertu du sang
versé ; et lui seul peut apprécier dans son étendue
quelle en est la valeur, comme Christ aussi, qui a livré sa
vie pour donner cours à la grâce, peut seul mesurer quelle
est l'étendue et la richesse de cette grâce.
La grâce présente la vérité, la foi la saisit, le coeur en
jouit, la marche la manifeste.
BÉTHESDA (N° 3)
ou
« VOICI, TU ES GUÉRI ; NE PÈCHE PLUS. »
« Après ces choses, Jésus le trouva dans le temple,
et lui dit : Voici, tu es guéri, ne pèche plus, de
peur que pis ne t'arrive. L'homme s'en alla et annonça aux
Juifs que c'était Jésus qui l'avait guéri. Et a cause de
cela les Juifs persécutaient Jésus et cherchaient à le
faire mourir, parce qu'il avait fait ces choses en un jour
de sabbat. Mais Jésus leur répondit : Mon Père
travaille jusqu'à maintenant, et moi je travaille. À cause
de cela donc, les Juifs cherchaient d'autant plus à le
faire mourir, parce que non-seulement il violait le
sabbat, mais aussi parce qu'il disait que Dieu était son
propre Père, se faisant égal à Dieu. » (Jean
V, 14-18.).
L'oeuvre de la grâce dans une âme n'est jamais limitée à
une seule manifestation de la puissance de la Parole divine.
Mais cette parole de grâce qui, pour la première fois,
rencontra l'âme dans sa misère, et qui lui rendit la vie,
fournit la clef de toutes les voies subséquentes de Dieu h
son égard. Toutes ces voies, s'harmonisant avec la
première, ont pour effet de mettre l'âme en état de bien
comprendre ce que c'est que de rencontrer le Dieu vivant sur
le terrain de la grâce.
Lorsqu'on compare, au point de vue humain, l'état de l'homme
impotent de Béthesda avec la parole que le Seigneur lui
adressa, on se trouve, pour ainsi dire, en présence de
l'impossible. Il est bon de réaliser cela. Commander de se
lever à un homme qui pouvait à peine se traîner ; dire
de porter son lit à celui qui y avait été couché pendant
trente-huit ans lui dire enfin de marcher, à lui qui s'était
vu devancé dans ses misérables efforts
par les impotents qui l'entouraient, — cela paraissait, en
effet, complètement impossible. Mais la grâce ne laisse pas
le temps de réfléchir ainsi. La parole du Seigneur est une
parole créatrice ; ce qui, en elle, paraît une
impossibilité au point de vue humain, en fait la beauté pour
la foi et donne à l'âme sauvée une assurance inébranlable.
La parole a la puissance de sauver nos âmes. (Comparez Jacques
I, 21.)
Or, éprouver la puissance du Seigneur, c'est autre chose que
de le connaître personnellement ; et pour lui plaire à
tous égards, il faut le connaître. L'homme impotent,
quoiqu'il fût guéri, ne connaissait pas encore Jésus. C'est
pourquoi Jésus ne veut pas le laisser là. Continuez la
lecture de notre récit, et voyez de quelle manière Jésus
poursuit l'objet de sa grâce.
Jésus le trouva dans le temple ; et, lui rappelant sa
guérison, il lui adresse une parole aussi impossible à
réaliser, selon la chair, que la première :
« Voici, tu es guéri ; ne pèche plus, de peur que
pis ne t'arrive. » Quel commandement dans un monde où
le péché règne ! Toutefois, il n'y avait assurément pas
moins de puissance dans cette parole que dans celle qui
s'était déjà miraculeusement accomplie chez l'homme
impotent. Il en est ainsi de l'âme sauvée. Celui qui l'a
délivrée est là pour la garder par sa puissance, afin que
Dieu soit glorifié dans celui que le Fils de Dieu a
affranchi. « Le juste vivra de sa foi. »
Cher lecteur, êtes-vous sauvé ? Pouvez-vous dire sans,
hésitation que, par la grâce de Dieu, vous
êtes son enfant ? La même parole qui vous a révélé
cela, dit aussi : « Quiconque est né de Dieu ne
pratique pas le péché. » (1
Jean III, 9.) Comparez 1
Jean II, 1 : « Mes petits enfants, je vous
écris ces choses afin que vous ne péchiez pas. » Vous
avez à marcher dans ce monde comme un enfant du Dieu
vivant ; en le faisant, vous éprouverez que sa
puissance s'accomplit dans votre faiblesse, et que vous êtes
gardé par la puissance de Dieu pour et jusqu'à
l'accomplissement de tous ses desseins de grâce en gloire
dans la journée de Jésus-Christ. En effet, Dieu nous réjouit
maintenant par l'espérance de sa gloire, pendant que nous
apprenons, dans ce monde, la leçon de sa patience, afin que
la gloire morale de Christ se reflète dans ses rachetés.
Pesez ces trois paroles de notre Seigneur Jésus-Christ.
La première : « Veux-tu être guéri ? »
touche le coeur, le met à l'aise dans la présence du
Sauveur, tout en éveillant la conscience, en sorte que le
pécheur constate son état désespéré.
La seconde parole communique une vie nouvelle et la
puissance divine de cette vie, pour marcher dans le sentier
de l'obéissance, — obéissance sans réserve et sans bornes,
qui élève l'âme au-dessus de tous les règlements, de toutes
les religions de la chair.
Tout cela prépare le coeur à recevoir la troisième parole
qui donne la grande règle de cette vie nouvelle ; l'âme
connaît alors Jésus ; elle est consciente de sa
relation avec lui ; elle peut aussitôt proclamer
hardiment devant le monde que c'est Jésus qui l'a guérie.
Quel effet ces nouvelles produisent-elles sur ceux qui se
confient en leur propre justice ? ILS PERSÉCUTENT
JÉSUS. Certes, il faut la grâce pour mettre
complètement à nu la méchanceté invétérée du coeur de
l'homme. La loi a fait ressortir la rébellion du coeur
naturel ; l'homme a violé la loi dès qu'elle a été
donnée. La grâce met en évidence le triste fait que les
pensées de l'homme naturel sont inimitié contre
Dieu. Un bienfaiteur est estimé dans le monde, on
l'honore ; mais lorsque Dieu prend la forme d'un homme
et vient dans ce monde agir en grâce infinie, faisant du
bien partout et à tous les misérables, on veut le faire
mourir ! Tel est l'homme ! Plus Jésus insiste sur
le fait que Dieu était là, — Dieu travaillant en
puissance et en amour, — plus les Juifs cherchaient à le
faire mourir. Celui qui se confie dans sa propre justice ne
peut pas supporter la grâce de Dieu.
Cher lecteur, en relisant cette histoire si instructive, y
reconnaissez-vous votre propre portrait ? Votre cas
est-il bien, à vos yeux, celui de l'homme impotent ? Le
même Jésus, assis à la droite de Dieu dans le ciel, vous
appelle encore à Lui par sa parole, afin de vous guérir en
grâce. Ou bien, pensez-vous que votre cas n'est pourtant pas
désespéré ? Vous observez les formes d'une
religion ; vous prétendez honorer le nom de
Jésus ; votre vie extérieure est peut-être
irréprochable, et vous vous confiez dans vos propres mérites
pour comparaître devant Dieu ; ne vous sentant point
malade, vous n'avez pas besoin du bon
médecin. Prenez garde alors de ne pas vous trouver à la fin
au nombre de ces orgueilleux pharisiens qui voulaient faire
mourir Jésus, parmi ceux « qui crucifient pour
eux-mêmes le Fils de Dieu et l'exposent à l'opprobre. »
Écoutez l'avertissement, pendant qu'il est dit :
« MAINTENANT est le jour du salut. » Si vous
n'êtes pas vivifiés par le Fils de Dieu, certainement vous
serez jugés par Lui. Lorsqu'il viendra avec les nuées, TOUT
oeil LE TERRA. Avec quels sentiments le
rencontrerez-vous ?
MÉPHIBOSETH BOITEUX DES DEUX PIEDS
LA BONTÉ DE DIEU
« Alors David dit : Mais n'y a-t-il plus
personne qui soit demeuré de reste de la maison de Saül,
et je lui ferai du bien pour l'amour de Jonathan ?
« Or il y avait dans la maison de Saül un serviteur
nommé Tsiba, lequel on appela pour le faire venir vers
David. Et le roi lui dit : Es-tu Tsiba ? — il
répondit : [Je suis] ton serviteur : — Et le roi
dit : N'y a-t-il plus personne de la maison de
Saül ? et j'userai envers lui d'une grande gratuité.
— Et Tsiba répondit au roi : II y a encore un des
fils de Jonathan, qui est blessé aux pieds. — Et le roi
lui dit : Où est-il ? — Et Tsiba répondit au
roi : Voilà, il est en la maison de Makir, fils de
Hammiel, à Lodébar. Alors le roi David envoya, et le fit
amener de la maison de Makir, fils de Hammiel, de Lodébar.
« Et quand Méphiboseth, le fils de Jonathan, fils de
Saül, fut venu vers David, il tomba sur son visage, et se
prosterna. Et David dit : Méphiboseth. — Et il
répondit : Voici ton serviteur. — Et David lui
dit : Ne crains point, car certainement je te ferai
du bien pour l'amour de Jonathan, ton père, et tu mangeras
toujours du pain à ma table. — Et Méphiboseth se prosterna
et dit : Qui suis-je moi, ton serviteur, que tu aies
regardé un chien mort, tel que je suis ?
« Et le roi appela Tsiba, serviteur de Saül, et lui
dit : J'ai donné au fils de ton maître tout ce qui
appartenait à Saül et toute sa maison. C'est pourquoi
laboure pour lui ces terres-là, toi et tes fils, et tes
serviteurs, et recueilles-en les fruits, afin que le fils
de ton maître ait du pain à manger ; mais quant à
Méphiboseth, fils de ton maître, il mangera toujours du
pain à ma table. — Or Tsiba avait quinze fils et vingt
serviteurs. — Et Tsiba dit au roi : Ton serviteur
fera tout ce que le roi, mon Seigneur, a commandé à son
serviteur. — Mais quant à Méphiboseth, dit le roi, il
mangera à ma table, comme un des fils du roi.
« Or Méphiboseth avait un petit-fils nommé
Mica ; et tous ceux qui demeuraient dans la maison de
Tsiba étaient des serviteurs de Méphiboseth. Et
Méphiboseth demeurait à Jérusalem, parce qu'il mangeait
toujours à la table du roi ; et il était boiteux des
deux pieds. » (2
Samuel IX, 1-13.)
Un matin, il y a bien des années de cela, je lisais le
neuvième chapitre du second livre de Samuel. Après une
première lecture je me dis : « Quel singulier
chapitre qui ne parle que d'un jeune homme boiteux des deux
pieds ! » Je le lus de nouveau, sans pouvoir
encore y trouver rien d'édifiant. L'ayant parcouru une
troisième fois, mes yeux s'arrêtèrent sur ces paroles :
« Certainement je te ferai du bien pour l'amour de
Jonathan, ton père. » Soudain cette pensée se présenta
à mon esprit : « Ah ! c'est là aussi un
tableau delà bonté de Dieu par Jésus-Christ. » Ce
tableau s'offrit alors à mes regards comme un beau paysage
au point du jour. Plusieurs années se sont écoulées dès
lors, mais la beauté de ce tableau n'a fait que croître aux
yeux de mon âme. Maintes fois j'ai été conduit à prendre ce
chapitre pour texte en prêchant le salut par Christ, et je
puis dire, à la gloire de mon Dieu, que beaucoup d'âmes
ont été converties par le moyen de ces prédications. C'est
ce qui m'encourage à publier quelques pensées sur cette
intéressante portion de la Parole de Dieu, espérant que le
Seigneur voudra bien s'en servir pour la bénédiction de
quelques âmes.
Dans cette description typique de la bonté de Dieu, nous
trouvons deux personnages de caractère différent :
Méphiboseth, l'enfant de la grâce, et Tsiba, l'homme à
propre justice. La condition de Méphiboseth est une
figure de l'état d'un pécheur quand il est amené à Dieu.
Si vous lisez le quatrième verset du quatrième chapitre de
ce livre de Samuel, vous y verrez que Méphiboseth était fils
de Jonathan, fils de Saül, morts l'un et l'autre ;
qu'il était tombé à l'âge de cinq ans, et qu'il en était
resté boiteux. Depuis cet accident, il s'était tenu caché,
boiteux des deux pieds, à Lodébar. Étant de la maison de
Saul qui avait été l'ennemi de David, il en concluait, sans
doute, que David devait être son ennemi ; c'est
pourquoi il se dérobait aux yeux du roi.
Comme tout cela représente bien l'état de l'homme
déchu ! À peine le péché eut-il aveuglé l'entendement
du premier homme que, comme il est écrit, « il
se cacha de devant l'Éternel Dieu parmi les arbres du
jardin. » Et n'est-ce pas là encore de nos jours l'état
réel de l'homme ? Pourquoi les uns vont-ils en foule
chercher des distractions au théâtre et d'autres à la
taverne ? Ah ! c'est qu'ils ne connaissent pas
Dieu. Étant dans un état d'inimitié
contre Dieu, ils en concluent que Dieu est leur ennemi, et
ils redoutent sa présence. La pensée de comparaître
aujourd'hui même en la présence de Dieu serait pour eux
terrifiante. Si cette pensée vous alarme, vous aussi, mon
cher lecteur, cela vient de ce que vous ne connaissez pas
Dieu. Vous dites peut-être : « J'ai péché, et
c'est ce qui me fait avoir peur de Dieu. » II est vrai,
vous avez péché ; moi aussi j'ai péché, tous ont péché.
Mais si vous connaissiez le don de Dieu, si vous saviez
qu'il n'a point épargné pour nous son Fils bien-aimé, alors
vous comprendriez qu'il n'y a que Dieu auquel, en tant que
pécheur, vous puissiez aller, — alors vous croiriez que
« le sang de Jésus-Christ, son Fils, purifie de tout
péché. »
Entrons maintenant dans l'examen plus détaillé de notre
chapitre. « David dit : N'y a-t-il plus personne
de la maison de Saül, afin que j'exerce à son égard la bonté
de Dieu ? » (Traduction littérale.) N'est-ce pas
là, encore à présent, ce que fait l'Esprit du
Seigneur ? N'agit-il pas comme s'il disait en quelque
sorte : N'y a-t-il pas encore quelques enfants déchus
d'Adam, auxquels je puisse faire connaître la bonté de
Dieu ? Peu importe qu'ils soient tombés au plus bas
degré de la misère, qu'ils soient complètement boiteux,
boiteux des deux pieds, loin du Roi et de sa table ;
car, pauvre pécheur, en quelque endroit que tu cherches à te
cacher loin de Dieu, tu ne trouveras, dans ce monde de péché
et de misère, rien qui puisse te rendre heureux. Ne l'as-tu
pas éprouvé ?
As-tu poursuivi les fantômes avec lesquels Satan sait
fasciner les regards ? As-tu mis ta confiance dans les
séduisantes promesses du monde, jusqu'à ce que d'amers
désappointements soient venus briser ton coeur, en n'y
laissant qu'un vide affreux ? Alors, écoute, je veux te
parler de Celui qui ne te traitera jamais ainsi.
Tsiba, l'homme à propre justice, dont nous aurons
amplement l'occasion de connaître le vrai caractère, apprend
au roi que Jonathan avait encore un fils, blessé aux pieds,
dans la maison de Makir, fils de Hammiel, à Lodébar.
« Alors le roi David envoya, et le fit amener. »
Eh bien ! cet acte de David nous offre une image
frappante de la grâce de Dieu. L'homme témoigne de la bonté
à ceux qui, à son jugement, méritent cette bonté ; ou
bien, il fait ainsi espérant qu'on lui donnera quelque chose
en retour ; mais il n'en est pas ainsi de Dieu.
Méphiboseth n'avait rien fait pour mériter la bonté du roi.
Il n'avait pas fait les premiers pas, comme on dit. NON, la
GRÂCE vint le chercher à Lodébar, au lieu même où il se
trouvait. Et n'est-ce pas précisément là où étaient
les pauvres pécheurs, que le Fils de Dieu est venu ? Il
est venu les chercher, et il les a trouvés morts dans leurs
fautes et dans leurs péchés. Ne s'est-il pas mis
volontairement dans leur position ? n'est-il pas mort,
lui juste pour les injustes, afin de nous amener à
Dieu ? Honte et malheur à tout orgueilleux pharisien
qui, après cela, pourrait dire encore : « C'est à
l'homme de faire les premiers pas ! »
Méphiboseth était trop boiteux pour faire les premiers pas.
Il fallait bien qu'on vînt le chercher. Or celui qui connaît
à la fois la complète infirmité de l'homme, et cette grâce
qui nous prévient, a dit : « Nul ne peut venir à
moi, à moins que le Père qui m'a envoyé ne le tire ; et
moi, je le ressusciterai au dernier jour. » Et
encore : « Tout ce que le Père me donne viendra à
moi ; et je ne mettrai point dehors celui qui vient à
moi. » (Jean
VI, 37, 44.)
Ah ! n'eût été cette grâce qui nous a cherchés, nous
aurions tous péri dans nos misérables efforts pour nous
cacher loin de Dieu. « Et quand Méphiboseth... fut venu
vers David, il tomba sur son visage et se prosterna. »
Comme cela peint le respect et la frayeur ! Qu'est-ce
que le petit-fils de Saül, de cet homme qui avait poursuivi
la vie de David, pouvait attendre de celui-ci ? Si la
voix de la stricte justice se faisait seule entendre, ne
pourrait-elle pas demander la vie de Méphiboseth ? —
Nous avons là une image d'un pécheur tremblant, amené dans
la présence de Dieu, avec un terrible fardeau de
transgressions et de péchés ; il ne connaît pas Dieu,
il ne sait pas ce qu'il doit attendre de lui.
Avant d'en venir aux paroles de David, retournons un peu en
arrière à l'alliance d'amour, mentionnée dans 1
Sam. XX, 14-17. Jonathan, le père de ce jeune homme
prosterné aux pieds de David, parle ainsi dans ce
passage : « N'est-il pas ainsi que, si je suis
encore vivant, tu useras envers moi de la bonté de
l'Éternel, en sorte que je ne meure point ; et que tu
ne retireras point ta bonté de ma maison
à jamais ? Jonathan fît encore jurer David par l'amour
qu'il lui portait ; car il l'aimait autant que son
âme. »
Avez-vous jamais visité les lieux où s'est passée votre
enfance ? Vous souvient-il d'avoir rencontré pour la
première fois l'enfant d'un ami bien cher et décédé ? —
Alors vous pouvez vous former une idée de ce que David
éprouva quand il vit Méphiboseth, le fils de Jonathan,
prosterné devant lui. Qui pourrait dire avec quelle
tendresse et quelle douceur le roi, du fond de son coeur,
dit ce seul mot : « Méphiboseth ! » —
« Voici ton serviteur, » répond celui-ci en
tremblant. Il prévoyait peu la faveur toute gratuite qui
allait lui être accordée.
Écoutons maintenant les paroles de David. Comme le père,
dans la parabole du fils prodigue (Luc
XV), le roi ne laisse pas Méphiboseth aller plus
loin ; il l'interrompt en disant : « Ne
crains point, car certainement je te ferai du bien pour
l'amour de Jonathan, ton père, et je te restituerai toutes
les terres de Saül, ton père, et tu mangeras toujours du
pain à ma table. » Voilà qui est selon Dieu ;
point de conditions, point de reproches, point de débats. Ce
n'est pas : Si tu fais ceci, si tu ne
fais pas cela. Oh ! non ; ici tout est pure grâce.
C'est la bonté de Dieu ! « Certainement je te
ferai du bien, » et cela entièrement à cause ou
pour l'amour d'un autre que toi. « Et tu mangeras
toujours du pain à ma table. » Dans l'histoire du
prodigue, à laquelle nous venons de faire allusion,
qu'est-ce que Jésus veut montrer sinon la grâce
inconnue ou méconnue, et pourtant illimitée, du coeur du
Père ? Le père adresse-t-il un seul reproche à son
indigne enfant ? Met-il une seule condition à la bonté
qu'il va lui témoigner ? Non, il se jeta à son cou et
le baisa. N'est-ce pas là la bonté de Dieu ? Est-ce que
je m'abuserais en voyant là, avec Jésus, une révélation du
vrai caractère de Dieu ? N'est-ce pas ainsi que Dieu
reçoit le pécheur perdu ? Ne sont-ce pas là, je le
demande, les paroles qu'il adresse au pécheur misérable,
tremblant, méritant l'enfer ? N'est-ce pas Dieu qui,
montrant la croix du Christ, peut dire : « Ne
crains point, certainement j'userai de bonté envers
toi, » pour l'amour de Jésus ? Et tout cela, de
même, sans une seule condition : tout est pure grâce,
découlant de son coeur qui déborde d'amour.
O mon cher lecteur, connaissez-vous Dieu de cette
manière ; ou tel que sa Parole nous le dépeint en
disant : « Dieu qui est riche en miséricorde, à
cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même
que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés avec
le Christ (vous êtes sauvés par grâce), et nous a
ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans
les lieux célestes dans le Christ Jésus ; afin qu'il
montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de
sa grâce, par SA BONTÉ envers nous dans le Christ
Jésus ? » (Éphés.
II, 4-7.) Pouvez-vous dire que cette bonté est
votre portion ? Les hommes auraient envoyé un volume de
directions au pauvre boiteux, pour lui apprendre comment il
devait se repentir, comment il devait
soigner et guérir ses pieds avant d'oser se présenter devant
le roi ; comment il devait faire encore je ne sais
quoi. Mais ici nous n'avons pas un mot sur toutes ces
prétendues exigences préalables. Non, Méphiboseth vient tel
qu'il est, il ne lui est rien demandé de plus ; et
comment n'en serait-il pas ainsi, puisque le coeur de David
était déjà rempli d'amour pour lui ? Mais Satan
s'efforcera toujours, par-dessus tout, de cacher ou de
voiler au pécheur cette bonté de Dieu. —
Si je connais vraiment Dieu, je n'ai pas besoin d'un prêtre
sur la terre ou d'un saint dans le ciel, pour apaiser son
coeur envers moi : ce coeur est déjà rempli d'un amour
ineffable. Sentez-vous, mon cher lecteur, le fardeau du
péché ? Avez-vous été jeté dans la perplexité ou
l'angoisse par les livres d'hommes qui donnent de longues
directions sur la manière dont vous devez vous repentir, sur
ce que vous avez à faire pour plaire à Dieu et pour obtenir
qu'il vous sauve ? Peut-être l'un vous recommande une
voie aussi opposée que possible à Col.
II, 20 ; il vous dit que c'est en observant les
ordonnances et les sacrements que vous pouvez espérer d'être
sauvé. Un autre, dont les conseils n'auraient pas au fond un
effet moins pernicieux, vous exhortera à être profondément
affligé de vos péchés (ces hommes ne disent jamais jusqu'à
quel degré de profondeur), à les abandonner tous, et à aimer
Dieu de tout votre coeur, etc., etc. ; et qu'après
avoir fait tout cela, vous pourrez vous juger capable de
venir à Christ. Tout cela, au fond, revient à dire, et c'est
ce qu'on voudrait vous persuader, que
vous n'êtes pas si complètement déchu que la Bible le
déclare, que vous êtes seulement un peu boiteux, et boiteux
d'un seul pied, et que si vous avez besoin du Christ, ce
n'est que pour vous en faire une sorte de béquille avec
l'aide de laquelle vous irez très-bien ; autrement dit,
en fin de compte, vous pouvez mériter le ciel !
Or, si vous avez été ainsi égaré et angoissé, permettez-moi
de vous inviter à fermer tous vos livres d'hommes et à
laisser de côté toutes leurs directions. Que votre esprit
s'attache à Dieu seul, tel qu'il s'est révélé en la croix de
Christ. Peut-être, tout alarmé, allez-vous vous
écrier : Mais est-ce que vous reniez et rejetez la
repentance, la considérant comme inutile ? — Non, je
suis loin, bien loin d'une telle pensée. Il n'est peut-être
pas beaucoup de passages de la Parole de Dieu qui exposent
plus clairement que notre chapitre, ce qu'est la repentance
et quelle en est la vraie place, ou qui montrent, d'une
manière plus frappante, ce qui produit la repentance.
Aussitôt que le courant de la grâce inconditionnelle eut été
répandu dans le coeur tremblant de Méphiboseth, « il se
prosterna, et dit : Qui suis-je, moi, ton serviteur,
que tu aies regardé un chien mort, tel que je
suis ? » C'est ainsi que la bonté de Dieu conduit
à la repentance. Le pécheur est amené en la présence de la
grâce infinie et aussi de l'infinie sainteté. Le vrai
caractère de Dieu lui est révélé dans le Christ Jésus. Il
entend ces douces paroles de l'amour divin : « Ne
crains point, car certainement fuserai
de honte envers toi. » Et l'effet en est qu'il s'humilie
lui-même dans la poussière, tout pénétré de cette
surabondante grâce. C'est ce jugement de soi-même devant la
grâce révélée de Dieu, qui s'appelle la repentance. Dois-je
donc, mon cher lecteur, vous engager à vous repentir ainsi
avant d'aller à Christ ? Non, pas plus que je n'aurais
l'idée de vous demander de commencer à sentir la chaleur
avant de vous approcher du feu, si je vous voyais mourant de
froid au milieu d'une tourmente.
Mais, si je ne me trompe, ce que plusieurs entendent par la
repentance, c'est un effort orgueilleux du moi, une réforme
extérieure, par le moyen desquels les pécheurs s'imaginent
de changer les dispositions de Dieu à leur égard, comme si
Dieu était irrité et avait besoin de nos oeuvres pour que
son coeur puisse se tourner vers nous. Est-ce qu'il était
besoin d'un changement de dispositions en David ? Non,
son coeur était plein d'amour. Comment donc pourrait-il être
besoin d'un changement de dispositions en Dieu ?
Qu'est-ce que la croix, sinon l'expression de l'amour de
Dieu pour des pécheurs perdus ? Or, mon cher lecteur,
si vous connaissiez la bonté de Dieu envers vous, — si vous
saviez que rien ne pourrait vous séparer de sa bonté et de
son amour en Jésus-Christ, — est-ce que cela ne produirait
pas à l'instant un changement complet de pensées et de
dispositions en vous ? Et plus vous connaîtriez la
gratuité de ce précieux amour, plus aussi vous seriez
humilié jusque dans la poussière devant lui.
Ce que vous tentez vainement d'opérer en vous-même comme un
préliminaire ou comme un titre au salut, serait produit au
moment même où vous croiriez au merveilleux amour de Dieu.
(À suivre, D. V.)
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