Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE SALUT DE DIEU

FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION

VOL. I
PREMIÈRE ANNÉE 1873-4

 QUELQUES MOTS SUR LA MISÉRICORDE DE DIEU

II est de nos jours une fausse idée très-répandue sur la miséricorde de Dieu.
On dit que Dieu n'a jamais créé les hommes pour les jeter en enfer. On admet bien que l'on a manqué à plusieurs égards, mais on se console en pensant que, pourvu que l'on fasse son possible pour se conduire honnêtement vis-à-vis de Dieu et des hommes, Dieu ne sera pas trop sévère à l'égard de nos petits manquements et nous laissera enfin passer dans le ciel quand même. Il y a là du vrai et du faux. Il est vrai que Dieu ne créa pas l'homme pour le punir, mais au contraire pour jouir avec lui-même du repos parfait qu'il inaugura le septième jour.
Mais l'homme se laissa prendre dans le piège du diable ; il désobéit à Dieu, il se vendit corps et âme à Satan pour la satisfaction momentanée de ses propres désirs. Dès lors tous ses liens avec le Dieu vivant sont rompus. Plus de confiance mutuelle, plus de communion. L'homme s'est fait le captif de Satan, de telle façon qu'à moins que Dieu n'intervienne en grâce, il faut que l'homme aille où ses péchés l'entraînent. Il a écouté le diable, il se l'est choisi pour maître, « aussi le juste jugement de Dieu le relègue dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. » (Matthieu XXV, 41 ; Apocalypse XX, 10, 15.)

Dieu est intervenu en grâce ; au moment même de la chute, il annonce la victoire que la postérité de la femme, Son propre fils Jésus, notre Seigneur, devait remporter sur le « serpent. » L'ennemi est venu comme un fleuve ; mais l'esprit de l'Éternel a levé l'enseigne contre lui. (Ésaïe LIX, 19).
Mais il faut encore qu'une oeuvre individuelle soit produite dans chaque pécheur, pour le débarrasser de ses péchés et lui donner une libre entrée dans le royaume de Dieu.

Supposons un instant que Dieu ne soit pas « trop sévère, » et qu'il laisse entrer dans le ciel celui qui aura fait tout son possible pour se bien conduire. Le ciel est la demeure éternelle du Dieu souverain, où règnent la lumière éclatante et la sainteté absolue. Que pourrait donc y faire celui qui, de son propre aveu, tout en s'efforçant de bien faire, aurait, pour le moins, plusieurs fautes à se reprocher ?
Je vous le demande, cher lecteur, comment supporterait-il le regard scrutateur du Dieu éternel dans une telle lumière ? Si Adam et Eve se hâtèrent, en Éden, de se cacher de devant Dieu, alors qu'un seul péché de désobéissance pesait sur leurs consciences, comment nous, avec nos manquements innombrables, pourrions-nous supporter la gloire et la sainteté de cette demeure, où se fera entendre de tous côtés ce cri éternel : « SAINT, SAINT, SAINT, SEIGNEUR DIEU TOUT-PUISSANT. » (Apoc. IV, 8.) Serait-ce de la miséricorde de laisser entrer un pécheur dans le ciel, à moins qu'il ne soit purifié de ses souillures aussi complètement que Dieu lui même est pur ? Non, certes ! Mais cette purification parfaite, nous l'avons par la foi dans le sang de Jésus-Christ notre Seigneur.

L'idée que nous combattons n'est qu'une tromperie de l'ennemi qui fait espérer aux pécheurs que Dieu sera aussi indifférent à leurs péchés qu'ils le sont eux-mêmes. Il n'en est point ainsi ; mais Dieu nous fait grâce tout en satisfaisant à sa justice absolue. Il est juste, tout en JUSTIFIANT L'IMPIE qui croit en Jésus-Christ (Rom. III, 4) ; car le sang de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout péché.
C'est là sa MISÉRICORDE.


LES DEUX « IL FAUT»
(Évangile de Jean, III, 7, 14.)

Dans l'entretien du Seigneur Jésus avec Nicodème, par deux fois, il se sert de ces deux mots : « II FAUT. » Dans les deux cas, il y a dans ces paroles une profondeur et une puissance morale immenses. Réfléchissons un moment sur leur importance ; car, bien qu'ils ne forment qu'un petit membre de phrase, ils n'en renferment pas moins tout un volume de vérités évangéliques des plus précieuses, sous quelque côté que nous les considérions.

Premièrement nous lisons : « Ne t'étonne pas de ce que je t'ai dit : II vous faut être nés de nouveau. » Ici, nous avons l'homme mis de côté d'une manière complète, et cela dans son meilleur état. Le : « II faut » de ce chapitre III de l'évangile de Jean, est semblable à l'épée flamboyante du chapitre III de la Genèse, « qui se tournait çà et là pour garder le chemin de l'arbre de vie ; » — il montre que l'homme avec sa postérité tout entière, est exclu de l'arbre de vie. S'il me faut être né de nouveau, — s'il me faut une nouvelle vie, une nouvelle nature, alors, peu importe ce que je suis, ou ce que j'ai ; de quelque manière que ce soit, je me trouve exclu.

L'homme né de femme entre dans ce monde portant l'image de ses parents : or ses parents sont en chute ! En sortant des mains de son Créateur, l'homme portait l'image de Dieu ; issu du sein de sa mère, il porte l'image et la ressemblance de créatures déchues. De là, la force de l'expression employée par notre Seigneur : « II vous faut être né de nouveau. » II n'est pas dit : il faut vous améliorer, — il vous faut tâcher de faire mieux, — il vous faut changer de manière de vivre, — commencer une nouvelle carrière. S'il en eût été ainsi, Nicodème n'aurait jamais demandé : « Comment se peuvent faire ces choses ? » Un pharisien n'aurait pas manqué de comprendre cela. Un changement de conduite ou de moeurs ; une réforme morale, un perfectionnement quelconque de soi-même ; tout cela est parfaitement intelligible pour les pharisiens de tous les âges ; mais ces paroles : « II vous faut être nés de nouveau, » ne peuvent être comprises que de celui qui eu a fini avec lui-même et avec ses oeuvres ; — qui est arrivé à cette conviction-ci : « qu'en lui, c'est-à-dire en sa chair, il n'habite aucun bien ; » et qui se considère comme un homme entièrement ruiné ; comme un failli sans excuse et incapable d'établir ses comptes. Il faut à un tel homme une nouvelle vie, un nouveau titre contre lequel ses créanciers n'auront pas de recours ; en un mot, il faut qu'il reprenne les affaires avec les fonds d'un tiers contre lequel ses créanciers ne puissent rien.

Il y a dans ces mots : « II FAUT, » une force immense ; de plus ils s'appliquent indifféremment à tous. Aux ivrognes, ils disent : « II faut. » Aux plus stricts adhérents des sociétés de tempérance, ils disent aussi : « II faut. » Ils s'adressent, en un mot, à toutes les classes ; à toutes les conditions ; à tous les grades et à tous les caractères, de quelque nuance qu'ils soient ; — à l'homme de tout rang, de tout climat ; de quelque croyance et dénomination qu'il soit. Dans leur style clair, emphatique, tranchant ; ils disent : « II faut. » Us atteignent la conscience plus fortement qu'aucun appel qu'on aurait pu faire, en s'occupant de la conduite ou de la moralité des individus. Ces mots sont parfaitement distincts de la question de réforme morale, sous quelque aspect qu'elle se présente. Le : « II faut, » laisse une marge aussi grande que le philanthrope et le moraliste puissent la désirer. Il ne renverse en rien les distinctions variées que la société, l'opinion publique, les lois ou l'équité ont établies ; il laisse toutes ces choses intactes, mais il élève sa voix claire et forte au-dessus de tout, et il dit aux pécheurs, — à l'homme né de femme, — au pire comme au meilleur des hommes : « Il vous faut être nés de nouveau. » Ce n'est nullement une réforme que ces paroles demandent ; c'est un réengendrement ; — non une amélioration, mais l'expiation.

Alors, que faire ? De quel côté se tourner ? Comment se procurer cette nouvelle vie ? Le second : « II faut, » de notre Seigneur, nous fournit la réponse : « Comme Moïse éleva le serpent au désert, ainsi il faut que le Fils de l'homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui, ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. » (Vers. 14.) Ceci explique tout. Un second homme est entré en scène. Il y a deux hommes, comme il y a deux « II faut. » — Quant au premier homme, il faut qu'il soit né de nouveau. Quant au second, qui est Christ, il faut qu'il soit élevé ! — En un mot, la croix est la grande solution du problème, la réponse divine au : « Comment » de Nicodème. Suis-je complètement renversé, convaincu par le premier : « II faut ? » Suis-je écrasé par l'insurmontable difficulté qu'il place devant moi ? Suis-je près du désespoir, en contemplant l'apparente impossibilité de devenir ce qu'il me faut pourtant être ? Oh ! alors, avec quelle grande puissance le second : « II faut, » agira sur mon coeur. « II faut que le Fils de l'homme soit élevé ! » Pourquoi faut-il qu'il soit élevé ? Parce qu'il faut que j'aie une nouvelle vie ; et que cette vie « qui est dans le Fils » ne pouvait devenir mienne que par sa mort. La mort du second Homme (qui est Christ), est le seul fondement de la vie pour le premier homme. Un seul regard porté sur Christ, comme ayant été élevé pour satisfaire à toutes les exigences de la justice de Dieu, quant au péché, est pour moi l'entrée dans la vie éternelle.
Ainsi, saisir par l'oeil de la foi Christ crucifié, c'est naître de nouveau. Tout homme donc, qui croit en simplicité de coeur au Fils de Dieu, comme mort et ressuscité, est « né d'eau et de l'Esprit ; » il a la vie éternelle ; il est passé de la mort à la vie ; de la vieille création dans la nouvelle ; du premier homme dans le second ; du péché à la justice ; de la condamnation à la faveur divine ; des ténèbres à la lumière ; de Satan à Dieu.

Que Dieu, le Saint-Esprit, révèle au coeur du lecteur la beauté et la puissance, la profondeur, l'étendue et la gloire morale des deux : « II faut. »

C.-H. M.


« LA PREMIÈRE RÉSURRECTION »
ET
« LA SECONDE MORT »

Notre Seigneur Jésus-Christ nous a parlé de deux résurrections, qu'il a nommées respectivement : « résurrection de vie » et « résurrection de jugement, » disant : « Car comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils aussi d'avoir la vie en lui-même ; et il lui a donné autorité de juger aussi, parce qu'il est Fils de l'homme. Ne vous étonnez pas de cela ; car l'heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement. » (Jean V, 25-29.)

Chacun donc sera, ou vivifié par le Fils de Dieu, ou jugé par Lui. Maints passages de l'Écriture nous déclarent que CEUX QUI CROIENT en Jésus-Christ ONT la vie éternelle. Ceux-là ne viendront pas en jugement (Jean V, 24) ; au contraire, le Seigneur lui-même nous dit que « ceux qui seront jugés dignes d'avoir part à ce siècle-là et à la résurrection d'entre les morts ne peuvent plus mourir, car ils sont semblables aux anges et ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection. » (Luc XX, 35, 36.)

La parole de la prophétie dit, en outre, que tous ceux qui auront été fidèles au témoignage de Jésus ressusciteront par Jésus, et qu'ils vivront et régneront avec Lui pendant mille ans : « c'est la PREMIÈRE RÉSURRECTION. » Le reste des morts ne ressuscitera pas jusqu'à ce que les mille ans soient accomplis. BIENHEUREUX et SAINTS sont ceux qui ont part à la première résurrection ; « sur eux la seconde mort n'a point de pouvoir ; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils régneront avec Lui mille ans. » (Apoc. XX, 4-6.)

Il y aura donc, entre les deux résurrections, un intervalle d'au moins mille ans. Pendant le Millénium, Satan sera lié, afin qu'il ne séduise plus les nations ; puis, il sera délié pour un peu de temps pour accomplir les derniers desseins de Dieu et pour manifester les coeurs qui n'auront pas été touchés par la gloire de Dieu, manifestée à toute la terre sous ce règne de Dieu et de son Christ. Satan sortira de sa prison pour égarer les nations qui sont aux quatre coins de la terre ; il les assemblera pour le combat contre Dieu et contre ses saints. Mais le feu descendra du ciel et les dévorera ; et le diable qui les aura séduits sera jeté dans l'enfer — « l'étang de feu » — où il sera tourmenté jour et nuit aux siècles des siècles.

Ensuite aura lieu le dernier jugement qui est ainsi décrit dans la Parole de Dieu : « Et je vis un grand trône blanc, et celui qui était assis dessus, de devant la face duquel la terre s'enfuit et le ciel ; et il ne fut pas trouvé de lieu pour eux. Et je vis LES MORTS, les grands et les petits, se tenant devant le trône ; et des livres furent ouverts ; et un autre livre fut ouvert qui est celui de la vie. Et les morts furent jugés d'après les choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs oeuvres. Et la mer rendit les morts qui étaient en elle ; et la mort et le hadès rendirent les morts qui étaient en eux, et ils furent jugés chacun selon leurs oeuvres. Et la mort et le hadès furent jetés dans l'étang de feu ; c'est la SECONDE MORT, l'étang de feu. Et si quelqu'un n'était pas trouvé écrit dans le livre de vie, il était jeté dans l'étang de feu. » (Apocalypse XX, 11-15.)

Qui que vous soyez, cher lecteur, vous n'avez qu'une alternative : ou bien vous vous déterminez à rester sous le pouvoir de celui qui est menteur et meurtrier dès le commencement, parce que vous mettez le comble à votre état de péché en méprisant la grâce gratuite de Dieu ; ou bien cette grâce a brisé votre propre volonté, en touchant votre coeur, et ainsi vous êtes à Celui qui est « la résurrection et la vie, » parce que vous avez fait le bien en croyant en Lui.

Oh ! pensez-y pendant qu'il est dit : aujourd'hui est un jour de salut. Réfléchissez-y sérieusement. Dieu lui-même vous exhorte par notre moyen. Les conséquences de chacune des deux résurrections sont éternelles et immuables. La résurrection de jugement vous introduirait infailliblement dans une ruine éternelle loin de devant la face du Seigneur et de la gloire de sa force, dans l'étang de feu, dans la compagnie de « celui qui avait la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable, » et avec ses anges. « C'est la SECONDE MORT, l'étang de feu. »

Pendant qu'il est dit : « aujourd'hui, » n'endurcissez pas votre coeur. Maintenant est le temps favorable, maintenant est le jour du salut. Croyez maintenant au Seigneur Jésus, et vous serez sauvé maintenant pour les siècles des siècles ; à vous la première résurrection, — « la meilleure, » — celle « d'entre les morts, » « LA RÉSURRECTION DE VIE. » En venant à Jésus, en croyant en Lui, en vous attachant à Lui, vous posséderez la vie éternelle, un bonheur parfait et éternel. Jésus lui-même vous introduira dans la gloire de Dieu. Là vous serez TOUJOURS avec Lui, le Seigneur, votre Sauveur, jouissant avec Lui de l'héritage éternel des saints dans la lumière.

•Optez pendant que cette alternative vous est encore offerte. Croyez au Seigneur Jésus, si vous désirez fuir la colère à venir. Croyez maintenant, et vous serez sauvé. Ce Jésus qui a été crucifié par le inonde et dans le monde, y reviendra avec les nuées, « et TOUT OEIL LE VERRA. » (Apoc. I, 7.) Fléchissez maintenant vos genoux devant Lui, avec joie et gratitude, avant que vous soyez forcé et obligé de le faire dans la terreur du désespoir ; car tout genou sera forcé de se ployer devant Lui, toute langue sera obligée de confesser que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. (Philippiens II, 10, 11.)


ILS ÉTAIENT DEUX

II est des personnes qui admettent pleinement la nécessité de se convertir, mais qui néanmoins ne s'inquiètent nullement de leur salut. Elles s'imaginent qu'on peut le renvoyer jusqu'à son lit de mort, et elles tranquillisent leur conscience par la pensée que le brigand, crucifié à côté du Seigneur Jésus-Christ, fut sauvé à la onzième heure. ?

Si vous êtes du nombre de ceux qui négligent ainsi le salut de leur âme, cher lecteur, et que vous vouliez vous faire un oreiller de sécurité de ce qui est écrit dans l'Évangile de Dieu, — songez, je vous prie, à ce fait que le diable cherche à vous cacher la moitié de la vérité, afin de vous aveugler et de vous faire demeurer dans le chemin des ténèbres et de la mort.
Lisez le solennel récit de Luc XXIII. On y voit que le brigand, qui fut converti, n'était pas seul ; ils étaient deux. Oui, en effet ; et celui qui était à côté du Seigneur Jésus s'en alla dans le paradis de Dieu, tandis que celui qui était de l'autre côté s'en alla à la perdition éternelle.

La pensée de l'homme est inimitié contre Dieu, et dans son inimitié il a préféré un meurtrier au Fils de Dieu ; il a relâché le meurtrier, et cloué sur une croix Celui qui donne la vie. « Ôte celui-ci, » s'écriaient-ils, « et relâche-nous Barabbas  » Pilate donc s'adressa de nouveau à eux, désirant relâcher Jésus. Mais ils s'écriaient, disant : « Crucifie-le, crucifie-le. » Deux choses sont mises en évidence à la croix, savoir la haine de l'homme contre Dieu et l'amour de Dieu pour l'homme. Le coeur de l'homme s'est montré là dans toute sa malignité et sa haine ; et c'est également là que le coeur de Dieu fut manifesté dans sa merveilleuse miséricorde envers l'homme coupable et perdu. Oui, cher lecteur, votre coeur, mon coeur, a été mis à nu à la croix ; car comme le visage réfléchi par l'eau répond au visage, ainsi le coeur de l'homme répond à l'homme. (Proverbes XXVII, 19.)

Les sacrificateurs mêmes et les anciens du peuple d'Israël se moquaient de Jésus sur la croix, en disant : « II s'est confié en Dieu ; qu'il le délivre maintenant s'il tient à lui ; car il se dit Fils de Dieu. » « II a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même. »

L'un des malfaiteurs qui étaient pendus, l'injuriait de même, en disant : « Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même et nous aussi. » L'autre répondant le reprit, disant : « Et tu ne crains pas Dieu, toi ? car tu es sous le même jugement. » Puis il reconnaît la justice de sa propre condamnation, en rendant témoignage à l'humanité sans tache du Seigneur Jésus : « Et pour nous, nous y sommes justement ; car nous recevons ce que méritent les choses que nous avons commises, mais celui-ci n'a rien fait qui ne se dût faire. » II confesse Jésus qui est crucifié en faiblesse à côté de lui, comme Seigneur et Roi, en lui disant : « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume ; ce royaume d'où toute chose vile, souillée et injuste doit être bannie.
Que lui répond le Seigneur ? « En vérité, je te dis : aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. » Quelle transformation ! Un brigand était « rendu propre à être participant de l'héritage des saints dans la lumière. » II passait subitement d'une croix d'ignominie et de honte au paradis de Dieu. Et, remarquez-le bien ; non-seulement Jésus dit : Tu seras « dans le paradis, » et « aujourd'hui, » mais encore « avec moi. » Voilà le ciel, pour le croyant : être semblable à Jésus, et pour toujours avec lui.

Si l'homme était juste en retranchant de ce monde un criminel tel que le brigand, Dieu ne l'était pas moins, en justice aussi bien qu'en miséricorde, en le prenant à Lui dans son paradis, et cela en vertu du précieux sang de Celui qui était suspendu à côté de ce malheureux. Dieu demeure juste, en étant le justificateur de celui qui croit en Jésus.

L'autre malfaiteur mourut en rejetant Christ, et par conséquent la miséricorde de Dieu ; car, bien qu'il soit vrai que Dieu est riche en miséricorde, ce n'est toutefois qu'en Jésus et par Jésus que cette miséricorde peut atteindre les pécheurs. Comment Dieu pourrait-il accepter quelqu'un qui repousse son Fils bien-aimé ?

Cher lecteur, ILS ÉTAIENT DEUX ! Avec lequel de ces deux passerez-vous votre éternité ? Ah ! pesez sérieusement la chose : ou une éternité de bénédiction ; ou l'obscurité des ténèbres pour toujours. « Soyez réconciliés avec Dieu. » Le coeur de Jésus, le Sauveur parfait, est le même aujourd'hui. Il dit : « Venez à moi ; » ne rejetez pas cette offre de grâce, la dernière peut-être qui vous sera adressée. Maintenant c'est le temps agréable, maintenant c'est le jour du salut.
Qui est-ce qui pourrait parler de ses mérites, de ses bonnes oeuvres, en présence d'une pareille scène ? Personne. Jésus, le seul digne, en tant qu'Homme, de vivre sur cette terre, est mis à mort, et un vil brigand trouve entrée dans le paradis de Dieu. Il ne fallait rien de moins que la mort expiatoire, le précieux sang du Fils de Dieu, pour régler le compte de ce pauvre pécheur ; et rien de moins que cette mort, que ce sang précieux, ne saurait suffire pour vous, cher lecteur. Béni soit Dieu, il n'est besoin de rien de plus que cette mort pour répondre au cas le plus désespéré et régler la dette du pécheur le plus coupable ; cette mort est pleinement, parfaitement et éternellement suffisante pour satisfaire à toutes les exigences de la justice de Dieu. Toute vanterie est exclue, et le pécheur le plus misérable trouve une réponse à ses besoins ; car « le sang de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, purifie de tout péché. »

Qu'attendez-vous, lecteur ? Le jour vient, où il sera trop tard pour profiter de la miséricorde de Dieu. Alors c'est en vain qu'on frappera à la porte : on n'obtiendra pour toute réponse que ce qui est écrit en Matth. VII, 23 ; XXV, 12 : « Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi, vous qui pratiquez l'iniquité. » Maintenant c'est le jour de grâce, le temps favorable. Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas votre coeur. »
Bientôt ce même Jésus, qui a été crucifié, reviendra du ciel, avec les anges de sa puissance, pour juger le monde habitable. Le Seigneur nous déclare qu'en cette nuit-là, deux seront sur un même lit : l'un sera pris et l'autre laissé. Le jugement de Dieu ne manquera pas d'atteindre chacun selon son état actuel. Il ne sera plus temps alors de se repentir ; ce sera trop tard.
Ah ! cher lecteur, ne soyez pas du nombre de ces moqueurs qui disent : Où est la promesse de sa venue !


FRAGMENTS

Si vous connaissez Christ, sa lumière vous montrera ce que vous êtes : vous aurez horreur de vous-même, vous vous détesterez. Mais dans la connaissance de Christ, vous jouirez d'une conscience purifiée par le sang de l'Agneau immolé.

Dieu donne cours à sa grâce envers nous, en vertu du sang versé ; et lui seul peut apprécier dans son étendue quelle en est la valeur, comme Christ aussi, qui a livré sa vie pour donner cours à la grâce, peut seul mesurer quelle est l'étendue et la richesse de cette grâce.

La grâce présente la vérité, la foi la saisit, le coeur en jouit, la marche la manifeste.


BÉTHESDA (N° 3)
ou
« VOICI, TU ES GUÉRI ; NE PÈCHE PLUS. »

« Après ces choses, Jésus le trouva dans le temple, et lui dit : Voici, tu es guéri, ne pèche plus, de peur que pis ne t'arrive. L'homme s'en alla et annonça aux Juifs que c'était Jésus qui l'avait guéri. Et a cause de cela les Juifs persécutaient Jésus et cherchaient à le faire mourir, parce qu'il avait fait ces choses en un jour de sabbat. Mais Jésus leur répondit : Mon Père travaille jusqu'à maintenant, et moi je travaille. À cause de cela donc, les Juifs cherchaient d'autant plus à le faire mourir, parce que non-seulement il violait le sabbat, mais aussi parce qu'il disait que Dieu était son propre Père, se faisant égal à Dieu. » (Jean V, 14-18.).

L'oeuvre de la grâce dans une âme n'est jamais limitée à une seule manifestation de la puissance de la Parole divine. Mais cette parole de grâce qui, pour la première fois, rencontra l'âme dans sa misère, et qui lui rendit la vie, fournit la clef de toutes les voies subséquentes de Dieu h son égard. Toutes ces voies, s'harmonisant avec la première, ont pour effet de mettre l'âme en état de bien comprendre ce que c'est que de rencontrer le Dieu vivant sur le terrain de la grâce.

Lorsqu'on compare, au point de vue humain, l'état de l'homme impotent de Béthesda avec la parole que le Seigneur lui adressa, on se trouve, pour ainsi dire, en présence de l'impossible. Il est bon de réaliser cela. Commander de se lever à un homme qui pouvait à peine se traîner ; dire de porter son lit à celui qui y avait été couché pendant trente-huit ans lui dire enfin de marcher, à lui qui s'était vu devancé dans ses misérables efforts par les impotents qui l'entouraient, — cela paraissait, en effet, complètement impossible. Mais la grâce ne laisse pas le temps de réfléchir ainsi. La parole du Seigneur est une parole créatrice ; ce qui, en elle, paraît une impossibilité au point de vue humain, en fait la beauté pour la foi et donne à l'âme sauvée une assurance inébranlable. La parole a la puissance de sauver nos âmes. (Comparez Jacques I, 21.)
Or, éprouver la puissance du Seigneur, c'est autre chose que de le connaître personnellement ; et pour lui plaire à tous égards, il faut le connaître. L'homme impotent, quoiqu'il fût guéri, ne connaissait pas encore Jésus. C'est pourquoi Jésus ne veut pas le laisser là. Continuez la lecture de notre récit, et voyez de quelle manière Jésus poursuit l'objet de sa grâce.

Jésus le trouva dans le temple ; et, lui rappelant sa guérison, il lui adresse une parole aussi impossible à réaliser, selon la chair, que la première : « Voici, tu es guéri ; ne pèche plus, de peur que pis ne t'arrive. » Quel commandement dans un monde où le péché règne ! Toutefois, il n'y avait assurément pas moins de puissance dans cette parole que dans celle qui s'était déjà miraculeusement accomplie chez l'homme impotent. Il en est ainsi de l'âme sauvée. Celui qui l'a délivrée est là pour la garder par sa puissance, afin que Dieu soit glorifié dans celui que le Fils de Dieu a affranchi. « Le juste vivra de sa foi. »

Cher lecteur, êtes-vous sauvé ? Pouvez-vous dire sans, hésitation que, par la grâce de Dieu, vous êtes son enfant ? La même parole qui vous a révélé cela, dit aussi : « Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché. » (1 Jean III, 9.) Comparez 1 Jean II, 1 : « Mes petits enfants, je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas. » Vous avez à marcher dans ce monde comme un enfant du Dieu vivant ; en le faisant, vous éprouverez que sa puissance s'accomplit dans votre faiblesse, et que vous êtes gardé par la puissance de Dieu pour et jusqu'à l'accomplissement de tous ses desseins de grâce en gloire dans la journée de Jésus-Christ. En effet, Dieu nous réjouit maintenant par l'espérance de sa gloire, pendant que nous apprenons, dans ce monde, la leçon de sa patience, afin que la gloire morale de Christ se reflète dans ses rachetés.

Pesez ces trois paroles de notre Seigneur Jésus-Christ.
La première : « Veux-tu être guéri ? » touche le coeur, le met à l'aise dans la présence du Sauveur, tout en éveillant la conscience, en sorte que le pécheur constate son état désespéré.
La seconde parole communique une vie nouvelle et la puissance divine de cette vie, pour marcher dans le sentier de l'obéissance, — obéissance sans réserve et sans bornes, qui élève l'âme au-dessus de tous les règlements, de toutes les religions de la chair.
Tout cela prépare le coeur à recevoir la troisième parole qui donne la grande règle de cette vie nouvelle ; l'âme connaît alors Jésus ; elle est consciente de sa relation avec lui ; elle peut aussitôt proclamer hardiment devant le monde que c'est Jésus qui l'a guérie.

Quel effet ces nouvelles produisent-elles sur ceux qui se confient en leur propre justice ? ILS PERSÉCUTENT JÉSUS. Certes, il faut la grâce pour mettre complètement à nu la méchanceté invétérée du coeur de l'homme. La loi a fait ressortir la rébellion du coeur naturel ; l'homme a violé la loi dès qu'elle a été donnée. La grâce met en évidence le triste fait que les pensées de l'homme naturel sont inimitié contre Dieu. Un bienfaiteur est estimé dans le monde, on l'honore ; mais lorsque Dieu prend la forme d'un homme et vient dans ce monde agir en grâce infinie, faisant du bien partout et à tous les misérables, on veut le faire mourir ! Tel est l'homme ! Plus Jésus insiste sur le fait que Dieu était là, — Dieu travaillant en puissance et en amour, — plus les Juifs cherchaient à le faire mourir. Celui qui se confie dans sa propre justice ne peut pas supporter la grâce de Dieu.

Cher lecteur, en relisant cette histoire si instructive, y reconnaissez-vous votre propre portrait ? Votre cas est-il bien, à vos yeux, celui de l'homme impotent ? Le même Jésus, assis à la droite de Dieu dans le ciel, vous appelle encore à Lui par sa parole, afin de vous guérir en grâce. Ou bien, pensez-vous que votre cas n'est pourtant pas désespéré ? Vous observez les formes d'une religion ; vous prétendez honorer le nom de Jésus ; votre vie extérieure est peut-être irréprochable, et vous vous confiez dans vos propres mérites pour comparaître devant Dieu ; ne vous sentant point malade, vous n'avez pas besoin du bon médecin. Prenez garde alors de ne pas vous trouver à la fin au nombre de ces orgueilleux pharisiens qui voulaient faire mourir Jésus, parmi ceux « qui crucifient pour eux-mêmes le Fils de Dieu et l'exposent à l'opprobre. » Écoutez l'avertissement, pendant qu'il est dit : « MAINTENANT est le jour du salut. » Si vous n'êtes pas vivifiés par le Fils de Dieu, certainement vous serez jugés par Lui. Lorsqu'il viendra avec les nuées, TOUT oeil LE TERRA. Avec quels sentiments le rencontrerez-vous ?


MÉPHIBOSETH BOITEUX DES DEUX PIEDS
LA BONTÉ DE DIEU

« Alors David dit : Mais n'y a-t-il plus personne qui soit demeuré de reste de la maison de Saül, et je lui ferai du bien pour l'amour de Jonathan ?
« Or il y avait dans la maison de Saül un serviteur nommé Tsiba, lequel on appela pour le faire venir vers David. Et le roi lui dit : Es-tu Tsiba ? — il répondit : [Je suis] ton serviteur : — Et le roi dit : N'y a-t-il plus personne de la maison de Saül ? et j'userai envers lui d'une grande gratuité. — Et Tsiba répondit au roi : II y a encore un des fils de Jonathan, qui est blessé aux pieds. — Et le roi lui dit : Où est-il ? — Et Tsiba répondit au roi : Voilà, il est en la maison de Makir, fils de Hammiel, à Lodébar. Alors le roi David envoya, et le fit amener de la maison de Makir, fils de Hammiel, de Lodébar.

« Et quand Méphiboseth, le fils de Jonathan, fils de Saül, fut venu vers David, il tomba sur son visage, et se prosterna. Et David dit : Méphiboseth. — Et il répondit : Voici ton serviteur. — Et David lui dit : Ne crains point, car certainement je te ferai du bien pour l'amour de Jonathan, ton père, et tu mangeras toujours du pain à ma table. — Et Méphiboseth se prosterna et dit : Qui suis-je moi, ton serviteur, que tu aies regardé un chien mort, tel que je suis ?

« Et le roi appela Tsiba, serviteur de Saül, et lui dit : J'ai donné au fils de ton maître tout ce qui appartenait à Saül et toute sa maison. C'est pourquoi laboure pour lui ces terres-là, toi et tes fils, et tes serviteurs, et recueilles-en les fruits, afin que le fils de ton maître ait du pain à manger ; mais quant à Méphiboseth, fils de ton maître, il mangera toujours du pain à ma table. — Or Tsiba avait quinze fils et vingt serviteurs. — Et Tsiba dit au roi : Ton serviteur fera tout ce que le roi, mon Seigneur, a commandé à son serviteur. — Mais quant à Méphiboseth, dit le roi, il mangera à ma table, comme un des fils du roi.

« Or Méphiboseth avait un petit-fils nommé Mica ; et tous ceux qui demeuraient dans la maison de Tsiba étaient des serviteurs de Méphiboseth. Et Méphiboseth demeurait à Jérusalem, parce qu'il mangeait toujours à la table du roi ; et il était boiteux des deux pieds. » (2 Samuel IX, 1-13.)

Un matin, il y a bien des années de cela, je lisais le neuvième chapitre du second livre de Samuel. Après une première lecture je me dis : « Quel singulier chapitre qui ne parle que d'un jeune homme boiteux des deux pieds ! » Je le lus de nouveau, sans pouvoir encore y trouver rien d'édifiant. L'ayant parcouru une troisième fois, mes yeux s'arrêtèrent sur ces paroles : « Certainement je te ferai du bien pour l'amour de Jonathan, ton père. » Soudain cette pensée se présenta à mon esprit : « Ah ! c'est là aussi un tableau delà bonté de Dieu par Jésus-Christ. » Ce tableau s'offrit alors à mes regards comme un beau paysage au point du jour. Plusieurs années se sont écoulées dès lors, mais la beauté de ce tableau n'a fait que croître aux yeux de mon âme. Maintes fois j'ai été conduit à prendre ce chapitre pour texte en prêchant le salut par Christ, et je puis dire, à la gloire de mon Dieu, que beaucoup d'âmes ont été converties par le moyen de ces prédications. C'est ce qui m'encourage à publier quelques pensées sur cette intéressante portion de la Parole de Dieu, espérant que le Seigneur voudra bien s'en servir pour la bénédiction de quelques âmes.

Dans cette description typique de la bonté de Dieu, nous trouvons deux personnages de caractère différent : Méphiboseth, l'enfant de la grâce, et Tsiba, l'homme à propre justice. La condition de Méphiboseth est une figure de l'état d'un pécheur quand il est amené à Dieu.
Si vous lisez le quatrième verset du quatrième chapitre de ce livre de Samuel, vous y verrez que Méphiboseth était fils de Jonathan, fils de Saül, morts l'un et l'autre ; qu'il était tombé à l'âge de cinq ans, et qu'il en était resté boiteux. Depuis cet accident, il s'était tenu caché, boiteux des deux pieds, à Lodébar. Étant de la maison de Saul qui avait été l'ennemi de David, il en concluait, sans doute, que David devait être son ennemi ; c'est pourquoi il se dérobait aux yeux du roi.

Comme tout cela représente bien l'état de l'homme déchu ! À peine le péché eut-il aveuglé l'entendement du premier homme que, comme il est écrit, « il se cacha de devant l'Éternel Dieu parmi les arbres du jardin. » Et n'est-ce pas là encore de nos jours l'état réel de l'homme ? Pourquoi les uns vont-ils en foule chercher des distractions au théâtre et d'autres à la taverne ? Ah ! c'est qu'ils ne connaissent pas Dieu. Étant dans un état d'inimitié contre Dieu, ils en concluent que Dieu est leur ennemi, et ils redoutent sa présence. La pensée de comparaître aujourd'hui même en la présence de Dieu serait pour eux terrifiante. Si cette pensée vous alarme, vous aussi, mon cher lecteur, cela vient de ce que vous ne connaissez pas Dieu. Vous dites peut-être : « J'ai péché, et c'est ce qui me fait avoir peur de Dieu. » II est vrai, vous avez péché ; moi aussi j'ai péché, tous ont péché. Mais si vous connaissiez le don de Dieu, si vous saviez qu'il n'a point épargné pour nous son Fils bien-aimé, alors vous comprendriez qu'il n'y a que Dieu auquel, en tant que pécheur, vous puissiez aller, — alors vous croiriez que « le sang de Jésus-Christ, son Fils, purifie de tout péché. »

Entrons maintenant dans l'examen plus détaillé de notre chapitre. « David dit : N'y a-t-il plus personne de la maison de Saül, afin que j'exerce à son égard la bonté de Dieu ? » (Traduction littérale.) N'est-ce pas là, encore à présent, ce que fait l'Esprit du Seigneur ? N'agit-il pas comme s'il disait en quelque sorte : N'y a-t-il pas encore quelques enfants déchus d'Adam, auxquels je puisse faire connaître la bonté de Dieu ? Peu importe qu'ils soient tombés au plus bas degré de la misère, qu'ils soient complètement boiteux, boiteux des deux pieds, loin du Roi et de sa table ; car, pauvre pécheur, en quelque endroit que tu cherches à te cacher loin de Dieu, tu ne trouveras, dans ce monde de péché et de misère, rien qui puisse te rendre heureux. Ne l'as-tu pas éprouvé ?

As-tu poursuivi les fantômes avec lesquels Satan sait fasciner les regards ? As-tu mis ta confiance dans les séduisantes promesses du monde, jusqu'à ce que d'amers désappointements soient venus briser ton coeur, en n'y laissant qu'un vide affreux ? Alors, écoute, je veux te parler de Celui qui ne te traitera jamais ainsi.

Tsiba, l'homme à propre justice, dont nous aurons amplement l'occasion de connaître le vrai caractère, apprend au roi que Jonathan avait encore un fils, blessé aux pieds, dans la maison de Makir, fils de Hammiel, à Lodébar. « Alors le roi David envoya, et le fit amener. » Eh bien ! cet acte de David nous offre une image frappante de la grâce de Dieu. L'homme témoigne de la bonté à ceux qui, à son jugement, méritent cette bonté ; ou bien, il fait ainsi espérant qu'on lui donnera quelque chose en retour ; mais il n'en est pas ainsi de Dieu. Méphiboseth n'avait rien fait pour mériter la bonté du roi. Il n'avait pas fait les premiers pas, comme on dit. NON, la GRÂCE vint le chercher à Lodébar, au lieu même où il se trouvait. Et n'est-ce pas précisément là où étaient les pauvres pécheurs, que le Fils de Dieu est venu ? Il est venu les chercher, et il les a trouvés morts dans leurs fautes et dans leurs péchés. Ne s'est-il pas mis volontairement dans leur position ? n'est-il pas mort, lui juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu ? Honte et malheur à tout orgueilleux pharisien qui, après cela, pourrait dire encore : « C'est à l'homme de faire les premiers pas ! »

Méphiboseth était trop boiteux pour faire les premiers pas. Il fallait bien qu'on vînt le chercher. Or celui qui connaît à la fois la complète infirmité de l'homme, et cette grâce qui nous prévient, a dit : « Nul ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m'a envoyé ne le tire ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » Et encore : « Tout ce que le Père me donne viendra à moi ; et je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi. » (Jean VI, 37, 44.) Ah ! n'eût été cette grâce qui nous a cherchés, nous aurions tous péri dans nos misérables efforts pour nous cacher loin de Dieu. « Et quand Méphiboseth... fut venu vers David, il tomba sur son visage et se prosterna. » Comme cela peint le respect et la frayeur ! Qu'est-ce que le petit-fils de Saül, de cet homme qui avait poursuivi la vie de David, pouvait attendre de celui-ci ? Si la voix de la stricte justice se faisait seule entendre, ne pourrait-elle pas demander la vie de Méphiboseth ? — Nous avons là une image d'un pécheur tremblant, amené dans la présence de Dieu, avec un terrible fardeau de transgressions et de péchés ; il ne connaît pas Dieu, il ne sait pas ce qu'il doit attendre de lui.

Avant d'en venir aux paroles de David, retournons un peu en arrière à l'alliance d'amour, mentionnée dans 1 Sam. XX, 14-17. Jonathan, le père de ce jeune homme prosterné aux pieds de David, parle ainsi dans ce passage : « N'est-il pas ainsi que, si je suis encore vivant, tu useras envers moi de la bonté de l'Éternel, en sorte que je ne meure point ; et que tu ne retireras point ta bonté de ma maison à jamais ? Jonathan fît encore jurer David par l'amour qu'il lui portait ; car il l'aimait autant que son âme. »

Avez-vous jamais visité les lieux où s'est passée votre enfance ? Vous souvient-il d'avoir rencontré pour la première fois l'enfant d'un ami bien cher et décédé ? — Alors vous pouvez vous former une idée de ce que David éprouva quand il vit Méphiboseth, le fils de Jonathan, prosterné devant lui. Qui pourrait dire avec quelle tendresse et quelle douceur le roi, du fond de son coeur, dit ce seul mot : « Méphiboseth ! » — « Voici ton serviteur, » répond celui-ci en tremblant. Il prévoyait peu la faveur toute gratuite qui allait lui être accordée.

Écoutons maintenant les paroles de David. Comme le père, dans la parabole du fils prodigue (Luc XV), le roi ne laisse pas Méphiboseth aller plus loin ; il l'interrompt en disant : « Ne crains point, car certainement je te ferai du bien pour l'amour de Jonathan, ton père, et je te restituerai toutes les terres de Saül, ton père, et tu mangeras toujours du pain à ma table. » Voilà qui est selon Dieu ; point de conditions, point de reproches, point de débats. Ce n'est pas : Si tu fais ceci, si tu ne fais pas cela. Oh ! non ; ici tout est pure grâce. C'est la bonté de Dieu ! « Certainement je te ferai du bien, » et cela entièrement à cause ou pour l'amour d'un autre que toi. « Et tu mangeras toujours du pain à ma table. » Dans l'histoire du prodigue, à laquelle nous venons de faire allusion, qu'est-ce que Jésus veut montrer sinon la grâce inconnue ou méconnue, et pourtant illimitée, du coeur du Père ? Le père adresse-t-il un seul reproche à son indigne enfant ? Met-il une seule condition à la bonté qu'il va lui témoigner ? Non, il se jeta à son cou et le baisa. N'est-ce pas là la bonté de Dieu ? Est-ce que je m'abuserais en voyant là, avec Jésus, une révélation du vrai caractère de Dieu ? N'est-ce pas ainsi que Dieu reçoit le pécheur perdu ? Ne sont-ce pas là, je le demande, les paroles qu'il adresse au pécheur misérable, tremblant, méritant l'enfer ? N'est-ce pas Dieu qui, montrant la croix du Christ, peut dire : « Ne crains point, certainement j'userai de bonté envers toi, » pour l'amour de Jésus ? Et tout cela, de même, sans une seule condition : tout est pure grâce, découlant de son coeur qui déborde d'amour.

O mon cher lecteur, connaissez-vous Dieu de cette manière ; ou tel que sa Parole nous le dépeint en disant : « Dieu qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés avec le Christ (vous êtes sauvés par grâce), et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus ; afin qu'il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, par SA BONTÉ envers nous dans le Christ Jésus ? » (Éphés. II, 4-7.) Pouvez-vous dire que cette bonté est votre portion ? Les hommes auraient envoyé un volume de directions au pauvre boiteux, pour lui apprendre comment il devait se repentir, comment il devait soigner et guérir ses pieds avant d'oser se présenter devant le roi ; comment il devait faire encore je ne sais quoi. Mais ici nous n'avons pas un mot sur toutes ces prétendues exigences préalables. Non, Méphiboseth vient tel qu'il est, il ne lui est rien demandé de plus ; et comment n'en serait-il pas ainsi, puisque le coeur de David était déjà rempli d'amour pour lui ? Mais Satan s'efforcera toujours, par-dessus tout, de cacher ou de voiler au pécheur cette bonté de Dieu. —

Si je connais vraiment Dieu, je n'ai pas besoin d'un prêtre sur la terre ou d'un saint dans le ciel, pour apaiser son coeur envers moi : ce coeur est déjà rempli d'un amour ineffable. Sentez-vous, mon cher lecteur, le fardeau du péché ? Avez-vous été jeté dans la perplexité ou l'angoisse par les livres d'hommes qui donnent de longues directions sur la manière dont vous devez vous repentir, sur ce que vous avez à faire pour plaire à Dieu et pour obtenir qu'il vous sauve ? Peut-être l'un vous recommande une voie aussi opposée que possible à Col. II, 20 ; il vous dit que c'est en observant les ordonnances et les sacrements que vous pouvez espérer d'être sauvé. Un autre, dont les conseils n'auraient pas au fond un effet moins pernicieux, vous exhortera à être profondément affligé de vos péchés (ces hommes ne disent jamais jusqu'à quel degré de profondeur), à les abandonner tous, et à aimer Dieu de tout votre coeur, etc., etc. ; et qu'après avoir fait tout cela, vous pourrez vous juger capable de venir à Christ. Tout cela, au fond, revient à dire, et c'est ce qu'on voudrait vous persuader, que vous n'êtes pas si complètement déchu que la Bible le déclare, que vous êtes seulement un peu boiteux, et boiteux d'un seul pied, et que si vous avez besoin du Christ, ce n'est que pour vous en faire une sorte de béquille avec l'aide de laquelle vous irez très-bien ; autrement dit, en fin de compte, vous pouvez mériter le ciel !

Or, si vous avez été ainsi égaré et angoissé, permettez-moi de vous inviter à fermer tous vos livres d'hommes et à laisser de côté toutes leurs directions. Que votre esprit s'attache à Dieu seul, tel qu'il s'est révélé en la croix de Christ. Peut-être, tout alarmé, allez-vous vous écrier : Mais est-ce que vous reniez et rejetez la repentance, la considérant comme inutile ? — Non, je suis loin, bien loin d'une telle pensée. Il n'est peut-être pas beaucoup de passages de la Parole de Dieu qui exposent plus clairement que notre chapitre, ce qu'est la repentance et quelle en est la vraie place, ou qui montrent, d'une manière plus frappante, ce qui produit la repentance.

Aussitôt que le courant de la grâce inconditionnelle eut été répandu dans le coeur tremblant de Méphiboseth, « il se prosterna, et dit : Qui suis-je, moi, ton serviteur, que tu aies regardé un chien mort, tel que je suis ? » C'est ainsi que la bonté de Dieu conduit à la repentance. Le pécheur est amené en la présence de la grâce infinie et aussi de l'infinie sainteté. Le vrai caractère de Dieu lui est révélé dans le Christ Jésus. Il entend ces douces paroles de l'amour divin : « Ne crains point, car certainement fuserai de honte envers toi. » Et l'effet en est qu'il s'humilie lui-même dans la poussière, tout pénétré de cette surabondante grâce. C'est ce jugement de soi-même devant la grâce révélée de Dieu, qui s'appelle la repentance. Dois-je donc, mon cher lecteur, vous engager à vous repentir ainsi avant d'aller à Christ ? Non, pas plus que je n'aurais l'idée de vous demander de commencer à sentir la chaleur avant de vous approcher du feu, si je vous voyais mourant de froid au milieu d'une tourmente.

Mais, si je ne me trompe, ce que plusieurs entendent par la repentance, c'est un effort orgueilleux du moi, une réforme extérieure, par le moyen desquels les pécheurs s'imaginent de changer les dispositions de Dieu à leur égard, comme si Dieu était irrité et avait besoin de nos oeuvres pour que son coeur puisse se tourner vers nous. Est-ce qu'il était besoin d'un changement de dispositions en David ? Non, son coeur était plein d'amour. Comment donc pourrait-il être besoin d'un changement de dispositions en Dieu ? Qu'est-ce que la croix, sinon l'expression de l'amour de Dieu pour des pécheurs perdus ? Or, mon cher lecteur, si vous connaissiez la bonté de Dieu envers vous, — si vous saviez que rien ne pourrait vous séparer de sa bonté et de son amour en Jésus-Christ, — est-ce que cela ne produirait pas à l'instant un changement complet de pensées et de dispositions en vous ? Et plus vous connaîtriez la gratuité de ce précieux amour, plus aussi vous seriez humilié jusque dans la poussière devant lui.
Ce que vous tentez vainement d'opérer en vous-même comme un préliminaire ou comme un titre au salut, serait produit au moment même où vous croiriez au merveilleux amour de Dieu.

(À suivre, D. V.)



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