Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU

FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION

VOL. I
PREMIÈRE ANNÉE 1873-4

Correspondance

LA LOI ET LA GRÂCE

Monsieur le rédacteur,
Je viens vous prier de donner dans votre journal quelques explications sur Romains VI, VII, et Galates III, IV. La doctrine touchant la loi et la grâce est une des parties de l'Écriture que j'ai le plus de peine à saisir d'une manière nette ; et la confusion des deux alliances est un des plus grands obstacles à l'affranchissement des âmes ; elle jette de la confusion dans le coeur, et entrave le service et le témoignage.

Nous sommes heureux de pouvoir communiquer à nos lecteurs la réponse suivante :
Premièrement, aucune alliance n'est faite avec les chrétiens. La nouvelle alliance sera faite avec Israël comme l'a été l'ancienne. Mais nous en avons spirituellement toute la bénédiction et bien davantage. Le fondement de la nouvelle alliance a été posé dans le sang de Christ, mais les Juifs n'en ont rien voulu. En esprit nous y participons, c'est-à-dire au pardon de nos péchés et à la connaissance directe de Dieu. Cependant les privilèges de l'Église dépassent cela de beaucoup ; ainsi, par exemple, l'union avec Christ et la vocation céleste qui l'accompagne.

Quant à la loi, la chose est très-simple. La loi est une parfaite règle pour l'homme, enfant d'Adam, selon la chair. Les devoirs que constate la loi étaient toujours là ; ils découlaient des relations dans lesquelles l'homme se trouve vis-à-vis des hommes, et vis-à-vis de Dieu Lui-même ; mais dans la loi nous avons une règle parfaite de ces devoirs, imposée par l'autorité de Dieu et sous menace de malédiction si l'on y manque. La loi exigeait, de la part de Dieu ; la justice chez les hommes, — justice que l'homme n'avait pas ; — elle est donc très-utile pour convaincre de péché et pour produire (non pas le péché, — il y était, — mais) la transgression * : « La loi est intervenue afin que l'offense abondât. » Or Christ en a pris sur Lui la malédiction, de sorte qu'il ne s'agit plus de cela pour le croyant, ni de ses péchés, car Christ les a portés.

Mais il y a plus que cela, et c'est à quoi Rom. VI s'applique, savoir la nature qui produit les péchés et qui est mise à découvert par l'opération de la loi, là où Dieu agit. (Rom. VII.) Cette épître, jusqu'à la fin du 11e verset du chapitre V, parle de nos offenses, de notre culpabilité et de la propitiation. Depuis le 12e verset, elle traite la question de la nature pécheresse. « Je sais qu'en moi, c'est-à-dire en ma chair, il n'habite point de bien. » Or, le remède a cela, c'est la mort ; toutefois, si la mort était venue sur nous, c'aurait été aussi la condamnation ; mais nous mourûmes en Christ. Le péché « dans la chair » a été condamné ; mais puisque c'est sur et par la croix que cela a été accompli, la mort m'appartient. Je suis à cet égard au bénéfice de la mort de Christ. Je fais mon compte que je suis mort, mort au péché ; — la condamnation, Christ l'a prise sur lui. (Rom. VI ; VIII, 3.)

Maintenant la loi n'a d'autorité sur un homme qu'aussi longtemps qu'il vit, — mais je suis mort ; par conséquent, la loi n'a plus d'autorité sur moi, non qu'elle ait perdu en soi son autorité ; — aucune preuve de celle-ci n'est semblable au fait que Christ en a porté la malédiction ; aussi ceux qui ont péché sous la loi seront-ils jugés par la loi ; — mais je suis soustrait à son empire par le fait que je suis mort ; elle ne peut plus m'atteindre ; et je vis pour Dieu, non dans la chair à laquelle la loi s'adressait, mais en Christ. C'est le second mari du chap. vu.
Gai. II résume le même enseignement. Par la foi, je suis mort à la loi afin que je vive à Dieu. Je suis crucifié avec Christ, néanmoins je vis, — non plus moi, mais Christ vit en moi.

Gal. III fait voir qu'un contrat confirmé ne saurait être annulé, et ne permet pas qu'on y ajoute. On ne pouvait donc ajouter la loi à la promesse de la semence (Christ) faite à Abraham. Il montre que la loi avait été introduite en attendant la venue de la semence, pour qu'il y eût des transgressions ; mais une fois la semence venue, il ne s'agissait plus de la loi.

Un médiateur dans la loi montrait que Dieu n'était pas seul dans l'affaire ; là donc tout devait manquer. Dans la promesse faite à Abraham et confirmée à Christ, Dieu était seul ; ici, donc, rien ne pouvait manquer.

Gal. IV montre qu'il y avait des héritiers au temps de la loi ; mais c'étaient des enfants encore en bas âge, et dans un état d'esclavage, jusqu'à ce que le Fils de Dieu et la rédemption plaçassent ceux qui avaient été ainsi sous la loi, dans la position de fils, — le Saint-Esprit étant donné afin qu'ils en eussent la conscience. C'est là notre état à nous. Ensuite l'apôtre montre qu'on ne peut pas lier les deux choses, ni concilier les deux états : les enfants d'Agar et l'enfant de Sara ne peuvent pas hériter ensemble. L'un chasse l'autre. L'Évangile a bien confirmé l'autorité de la loi ; mais les deux ne peuvent se concilier, ni pour exercer autorité ensemble, ni quant à l'état d'âme produit sous cette autorité. On ne peut (Rom. VII) avoir deux maris à la fois : l'enfant d'Agar ne peut hériter avec l'enfant de Sara.

La loi et la grâce sont toutes les deux parfaitement justes et ont Dieu Lui-même pour auteur ; mais elles sont inconciliables dans leurs principes, dans leur raison d'être. L'une exige la justice de l'homme, l'autre révèle en grâce celle de Dieu quand l'homme est pécheur et perdu. Bien d'autres vérités précieuses et importantes s'y rattachent ; mais je me borne ici à répondre à ce qu'on demande.
J. N. D.


* C'est le seul vrai sens des mots. Le péché y était. Dieu ne peut rien faire pour produire du péché ; de toutes manières cela est impossible ; mais la loi tourne le péché en transgression, et le péché devient « excessivement pécheur. »

 

LA BRANCHE D'IF

« En ces jours-là, et en ce temps-là, je ferai germer à David la Branche de Justice. » (Jérémie XXXIII, 15.)

Près de vingt ans se sont écoulés depuis mon entrevue avec le vieux François — et cependant son récit est resté gravé dans ma mémoire avec autant de fraîcheur que s'il ne datait que d'hier. Je vais vous en faire part, cher lecteur ; souvenez-vous que ce que vous allez lire est réellement arrivé. Je n'y change absolument rien, à la seule exception du nom de celui que je vais mettre en scène, que je ne me crois pas autorisé à faire connaître.
Un jour donc, le vieux François vint chez moi, dans le but de me remettre quelques sous pour les chrétiens pauvres d'une ville éloignée. On avait exposé leur état de dénûment dans une réunion religieuse, à laquelle le vieux François assistait depuis quelque temps. Pauvre agriculteur lui-même, il avait été touché des souffrances de ses frères et il donnait avec joie et de bon coeur tout ce qu'il pouvait donner pour les soulager. Je reçus avec émotion et reconnaissance la pite de ce vieillard déjà courbé par l'âge et par les infirmités. Je le fis asseoir et nous nous entretînmes des choses de Dieu. Bientôt je vis de grosses larmes sillonner ses joues ridées. — « Ah ! Monsieur, me dit-il, je sais bien que je dois et que je puis me confier en Dieu. Personne, peut-être, n'a plus que moi sujet de le faire.

Si vous saviez combien de fois ce Dieu de bonté m'a fait échapper à des dangers imminents, combien de délivrances signalées il m'a accordées ! Dans les campagnes que j'ai faites, je me suis trouvé plus d'une fois seul entouré d'ennemis qui ne faisaient point de quartier, et je m'en suis toujours tiré. Oh ! je serais bien malheureux si, après tant de preuves de la puissance et de la bonté du Seigneur, je n'avais pas appris à me confier en lui. Il est une de ces délivrances dont j'ai surtout été frappé, je veux vous la raconter :

« II y a dix ou douze ans, j'avais, de concert avec mon beau-frère, acheté quelques toises d'un terrain communal, couvert de broussailles et de ronces. Ce terrain fort incliné était situé entre une route et un précipice formé par des rochers, au pied desquels, à quarante ou cinquante pieds de profondeur, coule un torrent. À force de peines et de sueurs, nous parvînmes à défricher ce sol ingrat. En y travaillant, j'avais découvert une belle plante d'if, qui sortait d'une fissure du rocher à un ou deux pieds en dessous du sol et s'étendait horizontalement au-dessus de l'abîme. Je me mis à la couper pour en faire des fagots ; mais, soit à cause du danger de cette opération, soit en raison de la dureté particulière de ce bois, je dus à mon grand regret, après beaucoup d'efforts inutiles, renoncer à détacher la plus grande branche qui resta seule à sa place. Je dois rappeler aussi que, pour empêcher la terre de glisser dans la rivière, j'avais construit au bas du champ, directement au sommet du rocher, une petite élévation de gazon en guise de mur. Tout cela fait, nous semâmes du blé dans nos sillons, et au bout de quelques mois nous pûmes dire, avec le cantique que ma fille a appris à la salle d'asile :
« Ces blés, Dieu les a bénis,
« Son soleil les a jaunis. »

« Par une belle matinée de l'été suivant, nous vînmes donc tout joyeux pour moissonner notre beau froment. Or, en commençant par le bas de ce champ fort en pente, j'avais un pied appuyé contre mon parapet de gazon, qui avec le temps avait pris toutes les apparences de la solidité et ressemblait à un mur véritable. Comme je me baissais pour me mettre à ma besogne, mon faux appui, trop fortement pressé, cède... je glisse et je tombe en m'écriant : « Mon Dieu ! aie pitié de « moi, je suis un homme perdu. » Mon beau-frère accourt tout effrayé, croyant me voir meurtri et brisé sur les grosses pierres qui obstruaient le lit du torrent. Quelle ne fut pas sa surprise et sa joie de me trouver retenu, comme à cheval, sur la branche d'if, que j'avais en vain essayé de couper l'année précédente et que Dieu avait mise là pour être l'instrument de mon salut ! Mon compagnon n'eut qu'à me tendre la main pour me remettre sur pied et hors de danger. C'est ainsi que le Seigneur m'a délivré d'une mort inévitable, moi qui alors ne le connaissais pas. »

Tel fut le récit du vieux François que, par suite de diverses circonstances, je perdis de vue plus tard. Il est mort dès lors, et j'aime à croire qu'il s'est endormi dans la paix de Jésus, en se confiant au Dieu de toute délivrance, du reste, tout en espérant que ce qui précède pourra, avec la bénédiction d'en haut, intéresser, édifier quelqu'un de mes lecteurs et l'exciter à la confiance en Dieu, —je n'ai point l'intention de les entretenir plus longuement de ce pauvre vieillard ; ce n'est point l'histoire de sa conversion qui m'occupe : mon dessein est plutôt de considérer le fait remarquable qu'il me raconta, comme une espèce de parabole, dont les divers détails peuvent donner lieu à des applications intéressantes, que j'adresserai à la conscience de ceux de mes lecteurs qui ne connaissent pas encore le Seigneur et sa précieuse grâce.

Ce monde est aussi un « champ » (Matth. XIII, 38), champ aride, rocailleux, couvert de ronces et d'épines. Le Seigneur a pris beaucoup de peines pour défricher ce sol ingrat, ou pour amollir, convertir et purifier le coeur de l'homme. Jésus, qui est lui-même le grain de froment, tombé du ciel sur la terre (Jean XII, 24), a dû mourir pour s'acquérir une famille et devenir le premier-né entre beaucoup de frères. C'est au prix du travail de son âme, qu'il peut, avec espoir de quelque succès, répandre de bonne semence dans le champ qui est le monde. C'est lui qui a commencé ces semailles (Matth. XIII, 37), et maintenant encore il veille soigneusement à leur continuation, en poussant des ouvriers fidèles et dévoués dans le vaste champ de sa moisson. Partout où parvient la Parole de Dieu ; partout où l'Évangile est annoncé ; partout où un chrétien parle, selon la vérité, du Seigneur Jésus à un de ses semblables ; partout où un petit livre, comme celui-ci, rendant témoignage à la grâce salutaire, est lu par quelqu'un : c'est, au fond, le Seigneur qui sème dans le champ, la bonne semence, à laquelle, seul, il peut donner l'accroissement. — Mais autant Jésus est fidèle dans l'accomplissement de cette oeuvre d'amour, autant l'ennemi, Satan, est infatigable à semer, de son côté et dans le même champ, de l'ivraie qui a une fausse ressemblance avec le froment et qui pourtant n'est bonne qu'à être brûlée.

Ce mélange d'ivraie et de blé doit demeurer dans le monde jusqu'à la moisson. La moisson, c'est l'achèvement du siècle, la fin de cette économie de grâce, de ce jour du salut, pendant lequel la bonne nouvelle est prêchée aux pauvres pécheurs. Alors aura lieu le triage solennel de la bonne semence et de l'ivraie, la séparation éternelle des fils du royaume et des fils du méchant. « Comme donc on recueille l'ivraie et qu'on la brûle entièrement au feu, il en sera de même à l'achèvement de ce siècle. Le Fils de l'homme enverra ses anges, et ils recueilleront hors de son royaume tous les scandales et ceux qui pratiquent l'iniquité, et ils les jetteront dans la fournaise de feu ; là seront les pleurs et les grincements de dents. Alors les justes brilleront comme le soleil, dans le royaume de leur Père. » C'est alors aussi que Jésus, qui « a son van à la main, nettoiera parfaitement son aire, qu'il amassera son blé dans le grenier, et brûlera la paille au feu qui ne s'éteint point. » (Matth. XIII, 40-43 ; III, 12.)

Dans un sens restreint, on peut dire que la moisson arrive pour tout homme au moment de la mort, en tant que la mort est aussi pour lui l'achèvement du siècle et que, d'un autre côté, elle décide de son sort pour l'éternité. L'arbre reste à jamais du côté où il est tombé. L'âme de celui qui s'est endormi au Seigneur, est introduite dans le paradis de Jésus, pour y attendre, dans le repos, le matin de la résurrection de vie, qui la réunira à un corps glorifié, portant l'image du second Adam ou de l'homme céleste. Alors aussi l'âme de l'incrédule et du pécheur va attendre en son lieu, loin de la face du Seigneur, le jour de la redoutable résurrection de jugement, où elle ne sera réunie à un corps que pour être précipitée avec lui dans le lac ardent de feu et de soufre. Ainsi, à l'heure de la mort déjà, commencent les séparations éternelles entre les enfants de Dieu et les ouvriers d'iniquité.

Eh bien ! mon cher lecteur, de quelque manière que vienne pour toi le jour infaillible de la moisson, qui, dans tous les cas, est bien rapproché, — es-tu prêt pour ce grand jour ? Peux-tu le saluer d'avance avec bonheur, ou du moins le voir venir sans crainte et y penser souvent sans inquiétude et sans trouble ? En d'autres termes, sur quoi reposent tes espérances pour ce grand jour ? Sur quoi t'appuies-tu pour paraître devant Dieu, et pour pouvoir subsister devant Celui qui a les yeux trop purs pour voir le mal et avec lequel tu vas avoir affaire ? — Ne crains point d'examiner sérieusement cette question que je t'adresse de la part de Dieu, et d'y répondre comme étant en la présence de ce Dieu trois fois saint qui sonde les reins et les coeurs ?
La plupart des hommes ont la prétention de bâtir eux-mêmes l'édifice de leur salut éternel ; d'autres, en bien petit nombre, acceptent, par la foi, le salut parfaitement accompli par Jésus-Christ. Les premiers posent le fondement de leur maison sur le sable mouvant des idées, des opinions, des traditions, des principes et de la religion du présent siècle ; les autres le font reposer sur le rocher inébranlable, qui est Christ crucifié et ressuscité. (Ps. XVIII, 2 ; XIX, 14 ; 1 Cor. X, 4.)
Tant que la moisson est encore éloignée ou qu'on la suppose telle (car, en réalité, elle est toujours proche), tant que le soleil brille sur l'horizon, que le ciel est serein, que tout chemine paisiblement, que la vie est douce et prospère, un observateur superficiel peut ne pas voir grande différence entre les deux édifices. Et même parfois celui qui repose sur le sable peut lui paraître, à certains égards, plus beau, mieux bâti et plus confortable. Mais attendons la fin... voici venir la pluie qui tombe, les torrents qui se débordent, les vents impétueux qui soufflent contre ces deux maisons ; — ou, en d'autres termes, les tentations, les épreuves, les tribulations, les persécutions, la mort qui surviennent et atteignent ces deux hommes. Puis, quand la tourmente a cessé, quand on a pu en contempler les effets, qu'a-t-on vu ? La maison sur le roc est demeurée intacte et ferme ; l'autre est tombée et la ruine en a été grande.
Aussi l'un des bâtisseurs est, par Jésus lui-même, appelé un homme prudent, tandis que l'autre est déclaré fou et insensé.

Le vieux François avait aussi élevé avec soin un rempart de gazon, qui avait fini par présenter l'aspect d'un bon mur et pouvait passer pour bien solide, tant qu'on n'avait pas occasion de s'y appuyer. Mais quand mon vieil ami voulut y arrêter fermement son pied, le prétendu mur dévoila sa faiblesse ; il glissa dans le gouffre en y entraînant l'imprudent qui avait osé compter sur cet appui trompeur. — Eh bien ! chers amis, c'est une imprudence toute semblable qui, aujourd'hui comme toujours, est cause de la ruine éternelle d'une multitude d'âmes. C'est pourquoi je répète ma question et je l'adresse à celui qui lit ces lignes : Sur quoi vous appuyez-vous ? sur quoi faites-vous reposer vos espérances pour l'éternité ? Est-ce sur quelque chose que vous ayez construit de vos mains, c'est-à-dire sur quelque chose qui vienne de vous, qui soit le produit de votre volonté, de vos efforts, de vos pensées ou de vos oeuvres ? Prenez garde, ce soi-disant mur n'est que du gazon superposé et fragile. « Nulle chair, en effet, ne sera justifiée devant Dieu par des oeuvres de loi. Tous ceux qui sont des oeuvres de loi, sont sous la malédiction ; car nous sommes sauvés par la grâce, ... non point par des oeuvres, afin que personne ne se glorifie. » (Rom. III, 20 ; Gal. II, 16 ; Éphés. II, 8.)

Comment pourriez-vous croire que ce qui provient de vous puisse garantir vos âmes devant Dieu, après que Dieu lui-même a porté ce jugement sur la nature humaine ou sur votre nature et votre coeur, tels que le péché les a faits : « Toute l'imagination des pensées du coeur de l'homme n'est que mal en tout temps ? » (Comp. Gen. VI, 5, et VIII, 21.) Et ailleurs : « II n'y a point de juste, non pas même un seul. Il n'y a personne qui ait de l'intelligence ; il n'y a personne qui recherche Dieu. Ils se sont tous égarés, ils se sont tous ensemble rendus inutiles ; il n'y en a aucun qui fasse le bien, non pas même un seul... Il n'y a nulle différence, vu que tous ont péché, et qu'ils sont entièrement privés de la gloire de Dieu. » Et encore : « L'affection de la chair (c'est-à-dire la nature humaine ou l'état naturel de l'homme) est inimitié contre Dieu ; car elle ne s'assujettit point à la loi de Dieu, et aussi ne le peut-elle point. C'est pourquoi ceux qui sont en la chair ne peuvent point plaire à Dieu. » Et enfin, pour ne pas multiplier davantage ces déclarations, Jésus a dit : « Du coeur viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les larcins, les faux témoignages, les blasphèmes. Ce sont ces choses qui souillent l'homme. » (Rom. III, 9-12, 22 ; VIII, 7, 8 ; Matth. XV, 19,20.)

Mais, direz-vous peut-être, ce n'est point sur mes oeuvres mauvaises, sur mes péchés que je m'appuie ; au contraire, je les reconnais et je m'en repens. Cette repentance n'est-elle donc rien devant Dieu ? Et mes bonnes intentions, et mes prières, et mes aumônes, et mes lectures de la Bible, et mon attention à ne faire tort à personne, à remplir exactement mes devoirs religieux ; et mon baptême, et l'instruction chrétienne que j'ai reçue, et ma confirmation, et ma participation à la Cène, et ma profession de christianisme : tout cela n'aurait-il aucune valeur ? Voilà sur quoi je m'appuie. — Prenez garde, vous répondrai-je, ce n'est là qu'un mur de gazon. Ce n'est là non plus qu'un roseau brisé, qui perce la main de l'imprudent qui veut s'en faire un appui. Ces avantages ou privilèges purement extérieurs, pour la plupart, peuvent être de bonnes choses quand on les laisse à leur place, quand on en use comme de moyens que Dieu peut bénir ; et sous ce rapport je suis loin de les méconnaître ou de les déprécier. Mais si vous en faites le but, mais si vous les mettez à la place du Christ, tous ces privilèges deviennent pour vous une véritable perte. En effet, votre repentance peut-elle effacer vos péchés précédents ? Autant vaudrait dire qu'en me repentant d'une dernière dette que je contracte, je paye par là même toutes mes dettes anciennes et celle-là. De bonnes intentions ! ah ! ne savez-vous donc pas encore que, comme on l'a dit souvent, la route de l'enfer en est pavée ? Vous priez ! dites-vous, mais pouvez-vous réellement invoquer Celui en qui vous n'avez pas cru ? Des aumônes peuvent-elles justifier le pécheur ? Où est-il écrit : Donne aux pauvres et tes iniquités seront pardonnées ? Vous lisez la Bible ! tant mieux si cette lecture vous amène à Jésus, en vous faisant comprendre que « ces choses sont écrites, AFIN QUE VOUS croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie par son nom. » (Jean XX, 31.)

Tant pis, si la Bible vous laisse dans votre incrédulité, puisqu'elle ne serait, dans ce cas, qu'un nouveau témoin à charge contre vous. Vous ne faites tort à personne ! Je veux bien l'admettre, tout invraisemblable que soit cette assertion ; mais ne faites-vous pas tort à Dieu en lui dérobant votre coeur ? et à vous-même en refusant de croire pour le salut de votre âme ? Quant à votre baptême, à votre confirmation, à votre nom de chrétien et à vos communions, écoutez ce que le Seigneur Jésus disait aux Juifs qui, comme vous et plus que vous, jouissaient aussi d'avantages correspondants ; qui, comme vous, avaient aussi des formes de piété, tout en en reniant la puissance : « Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite ; car il y en a beaucoup, je vous le dis, qui chercheront à entrer, et qui ne le pourront. Après que le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, et qu'étant dehors, vous commencerez à heurter à la porte, en disant : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous, et que répondant, il vous dira : Je ne sais d'où vous êtes ; alors vous vous mettrez à dire : Nous avons mangé et bu avec toi, et tu as enseigné dans nos rues. Et il dira : Je vous le dis, je ne sais d'où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous ouvriers d'injustice. » (Luc XIII, 24-27.) Prenez donc garde que ces paroles ne se réalisent pour vous.

Si vous continuez à juger selon /'apparence et selon la chair, votre rempart de bonnes oeuvres, de pratiques religieuses et de propre justice pourra, avec le temps, vous paraître aussi ferme que le fondement de Dieu. Mais quand le cri de minuit se fera entendre : « Voici, l'Époux vient, sortez à sa rencontre » (Matth. XXV, 6) ; quand viendra le moment où vous sentirez avec effroi que le terrain manque sous vos pieds, quand vous verrez avec terreur l'abîme prêt à vous engloutir, alors vous expérimenterez trop tard toute la fragilité des appuis que vous vous étiez faits à vous-même. Dès l'instant que vous voudrez sérieusement vous en servir, vous les sentirez glisser, crouler sous vos pas et tomber avec vous dans le gouffre sans fond.

Ah ! que Dieu veuille qu'il n'en soit pas ainsi de vous, cher lecteur ! Dieu veuille, pendant qu'il en est temps encore, vous faire connaître et comprendre que vos péchés vous placent sous la condamnation, et que toutes vos oeuvres et vos actes de dévotion sont complètement incapables de vous en garantir ! Dieu veuille réveiller votre conscience par sa Parole et vous donner une conviction sincère de péché et de perdition ! Alors, bienheureux serez-vous si, à la vue de l'abîme éternel au bord duquel vous êtes, et sentant le néant de tous vos précédents appuis, vous vous écriez comme le vieux François : « 0 mon Dieu ! aie pitié de moi, je suis un homme perdu ! » ou comme les disciples, au milieu de la tempête, alors que leur nacelle commençait à s'emplir :
« Seigneur ! sauve-nous, car nous périssons. » Oui, heureux êtes-vous si, du fond d'un coeur angoissé par le sentiment de vos péchés et par la crainte de tomber entre les mains d'un Dieu saint et juste, s'échappe ce cri de détresse et d'invocation à Celui qui seul peut secourir, délivrer, sauver une âme dans cet état ! Heureux êtes-vous, si vous invoquez le nom du Seigneur, car voici une des bonnes paroles de notre Dieu : « Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. Oui, heureux, mille fois heureux, éternellement heureux est celui qui croit ; car toutes les choses qui lui sont dites, toutes les promesses qui lui sont faites auront leur accomplissement. Au moment où il voit crouler tout ce sur quoi il s'appuyait précédemment, tout ce qui faisait sa confiance, la croix de Christ est là, au-dessus du précipice, comme la branche d'if du vieux François, pour le retenir, le soutenir, le délivrer, le sauver. Jésus est le chemin, la vérité et la vie : nul ne va au Père que par lui ; il est le seul pont placé sur l'abîme creusé par le péché entre l'homme et Dieu ; c'est lui qui, à la fois vrai Dieu et vrai homme, réalise admirablement l'échelle mystérieuse que Jacob vit en songe, dont l'une des extrémités reposait sur la, terre, tandis que l'autre s'élevait jusqu'au ciel. Jésus est la BRANCHE, ou le surgeon sorti du tronc d'Isaï. (Ésaïe XI, 1.) Il est la BRANCHE de l'Éternel, pleine de noblesse et de gloire. » (Ésaïe IV, 2.)

" Nous croyons pouvoir traduire par Branche, avec la version anglaise, le mot que nos versions ont rendu par Germe.
Cette Branche de Dieu, de tout temps on s'est efforcé de la détruire. Quand Jésus apparut sur la terre, Satan, les Juifs et les Gentils, Hérode et Ponce Pilate se liguèrent et réunirent leurs efforts contre lui. « Ôte, ôte, crucifie-le, » criait un malheureux peuple excité par ses chefs, instruments du Diable. Mais dans leur aveuglement et dans leur haine, ils ne faisaient, au fond, qu'accomplir les conseils de Dieu qui, voulant amener beaucoup de fils à la gloire, devait consommer le Prince de leur salut par les souffrances. (Hébr. II, 10.)

Aussi Pierre pouvait dire aux Juifs, quelques semaines après leur crime : « Ce Jésus, livré par le conseil déterminé et par la préconnaissance de Dieu, vous l'avez pris, vous l'avez tué, l'ayant cloué par des mains iniques. Mais Dieu l'a ressuscité.... Que toute la maison d'Israël sache donc avec certitude, que Dieu l'a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié. » Et ailleurs : « Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus que vous avez tué de vos mains en le pendant au bois ; c'est Lui que Dieu a élevé par sa droite Prince et Sauveur, pour donner à Israël la repentance et le pardon des péchés. » (Act. II, 23, 36 ; V, 30, 31.) Ce Jésus qu'ils avaient rejeté et mis à mort leur est prêché comme Sauveur, et devient le Sauveur de milliers d'entre eux. Cette Branche qu'ils avaient voulu et cru retrancher, est demeurée, par la puissance de Dieu, toujours, verte et toujours ferme, au-dessus de l'abîme, pour empêcher de périr tous ceux qui se confient en elle. C'est ce qu'elle sera encore pour Israël dans les derniers jours, selon qu'il est écrit : « Voici, les jours viennent, dit l'Éternel, que je ferai lever à David une Branche juste, qui régnera comme roi ; il prospérera et exercera le jugement et la justice sur la terre. En ces jours, Juda sera sauvé, et Israël habitera en assurance ; et c'est ici le nom duquel on l'appellera : L'Éternel notre Justice. » (Jérémie XXIII, 5 ; XXXIII, 15.)

Et dès lors combien de malheureux incrédules se sont efforcés de couper cette Branche, ou d'exterminer tous ceux qui, par la foi, étaient devenus une même plante avec elle, — et qui plus tard ont trouvé aussi un appui pour leur âme en cette plante que le Père a plantée et qui, par conséquent, ne peut être déracinée ! Voyez ce jeune homme ardent qui consentait à la mort du premier des martyrs de Jésus, croyant ainsi rendre service à Dieu. Il ne respirait que menaces et que meurtres contre les disciples du Seigneur ; il ravageait l'Église, entrant dans les maisons et traînant hommes et femmes en prison ; dans son zèle sans connaissance, il croyait devoir tout faire contre le nom de Jésus le Nazaréen, dont il persécutait la doctrine jusqu'à la mort. Eh bien ! peu de temps après, ce même jeune homme, nommé Saul, renversé par le Seigneur dans sa carrière de haine féroce contre Jésus, trouvait dans ce Jésus son Sauveur et son Dieu, la Branche du salut pour son âme. L'ardent persécuteur devint non-seulement un disciple heureux et béni, un serviteur dévoué de Celui de la part duquel il désirait naguère être anathème, mais encore le grand docteur des nations, l'Apôtre zélé et infatigable, une lumière brillante dans l'Église, et un témoin jusqu'à la mort de cette vérité qu'il avait voulu extirper de la terre. « Cette parole est certaine, disait-il, et digne d'être entièrement reçue, que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs dont je suis le premier. » (1 Tim. I, 15.) Combien d'autres après lui ont fait les mêmes expériences !

Encore une fois, cher lecteur, que tu sois du nombre de ceux qui ont persécuté Jésus en haïssant ou persécutant ses disciples (Act. IX, 4, 5), ou que tu n'aies jusqu'à présent éprouvé que de l'indifférence pour le Sauveur et pour son Évangile, heureux seras-tu désormais si tu t'appuies sur cette Branche de l'Éternel, si tu te confies au Seigneur, si tu lui remets ton dépôt, c'est-à-dire ton âme, si tu crois en Jésus. Oui, pour certain, dit la Parole de Dieu, car elle déclare que celui qui croit en lui ne sera point confus ; qu'il ne périra jamais ; qu'il n'y a plus de condamnation, plus d'abîme, plus d'enfer pour lui ; qu'il a la vie éternelle !

C.-F. E.


ISAAC

« ISAAC » veut dire : « II rit. » Au chapitre XXI de la Genèse, verset 6, on voit les pensées de Sara au sujet de ce fils si longtemps attendu et si bienvenu, — l'objet de tant de promesses de la part de Dieu et de tant d'exercices de coeur pour ses parents. Sara dit : « Dieu m'a donné de quoi rire ; tous ceux qui l'apprendront riront avec moi. » Elle fait allusion à la première impression produite sur elle par une promesse divine que repoussait son coeur incrédule. (Voyez chapitre XVIII, 12.)

Peu de temps auparavant, Abraham lui-même n'avait guère mieux agi (chap. XVII, 17) ; considérant leur état de vieillesse il lui semblait impossible que Dieu pût leur accorder une telle faveur ; il rit disant en son coeur : « Naîtrait-il un fils à un homme âgé de cent ans ? Et Sara, âgée de quatre-vingt-dix ans, aurait-elle un enfant ? » — Mais Dieu dit : Certainement, Sara ta femme t'enfantera un fils et tu appelleras son nom « ISAAC. » Dieu voulait que le nom de l'enfant fût pour ses parents un souvenir continuel, soit de leur propre faiblesse et de l'incrédulité de leurs coeurs, soit de la grâce souveraine de Dieu qui poursuit son but sans interruption, quels que soient les empêchements que la faiblesse humaine voudrait y opposer.

Le nom même d'ISAAC est donc un type frappant de ceux qui sont « sauvés par la grâce, par la foi, non pas sur le principe des oeuvres, afin que personne ne se glorifie » (Éphésiens II, 8, 9) ; mais qu'au contraire, celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur. (1 Cor. I, 21.) Le pécheur, sauvé par grâce, peut dire comme Sara : « DIEU M'A DONNÉ de quoi rire ; tous ceux qui l'apprendront riront avec moi. » (Comparez Psaume XL, 1-4.)


LE PÉCHEUR PERDU
L'OBJET DE LA GRÂCE DE DIEU

Et il arriva que comme il était à table dans la maison, voici beaucoup de publicain et de pécheurs vinrent et se mirent à table avec Jésus et ses disciples. ce que les pharisiens ayant vu, ils dirent à ses disciples : Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ?
Et Jésus, l'ayant entendu, leur dit : Ceux qui sont en bonne santé n'ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal. Mais allez et apprenez ce que c'est que : « Je veux miséricorde et non pas sacrifice ; car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » (Matthieu IX, 10-13.)

C'est une chose terrible qu'un homme ose prétendre qu'il est juste par lui-même, ou qu'il pourra se présenter devant le Juge suprême, appuyé sur ses propres oeuvres, pour être justifié devant Lui ; car Celui que Dieu a envoyé comme un Sauveur dans le monde, Dieu l'a envoyé pour chercher et sauver des pêcheurs. Si quelqu'un n'est pas un pécheur, le Sauveur ne peut avoir aucune relation avec lui, il n'est rien pour lui. En effet, comment le pourrait-il ? — De quelle utilité serait un bateau de sauvetage pour un homme sur la terre ferme ? Comme donc un bateau de sauvetage n'est utile que sur mer, pour des gens qui ont besoin d'être sauvés des eaux, de même en est-il du Sauveur : il ne profite qu'à des pécheurs. Quand donc un homme prétend être juste, c'est comme s'il disait qu'il n'a pas besoin d'être sauvé ; il se place en dehors du salut, car le salut est pour des pêcheurs et non pour des justes.

C'est donc une chose très-précieuse pour un homme, lorsqu'il est amené à se reconnaître pécheur ; car alors il est de ceux pour lesquels Dieu a envoyé le Sauveur, et il peut le réclamer comme son Sauveur ; et, de son côté, Jésus peut abaisser son regard sur un tel homme et lui ouvrir ses bras, le réclamant comme sien. Celui-là au contraire, qui prétend se justifier par ses oeuvres, lecteur, faites-y attention, doit s'attendre à être examiné par Celui devant qui tout est à découvert et qui juge avec justice. Il est saint, il a horreur du mal, et il ne peut tolérer ni admettre dans sa présence rien qui soit souillé ou qui ne soit pas pur comme Lui est pur. Pouvez-vous supporter le regard saint et pénétrant de ce juste Juge ? Il sonde les reins et les coeurs ; —pouvez-vous, voulez-vous le rencontrer comme Juge, pour qu'il vous rende ce qui vous est du, là où il ne s'agira pas de miséricorde, mais de justice et de jugement ? Ou plutôt, ne vous reconnaîtrez-vous pas pécheur, ayant besoin d'un Sauveur, afin que le Sauveur soit pour vous celui qui cherche des pécheurs. Ce qu'il faut au Sauveur, ce qu'il cherche, ce sont des pécheurs ; et ce dont le pécheur a besoin, c'est d'un Sauveur. Quand ils se rencontrent l'un et l'autre, que cette rencontre est bénie ! Quelle joie d'un côté et de l'autre ! Le Sauveur se réjouit d'avoir trouvé un pécheur, et le pécheur se réjouit d'avoir trouvé un Sauveur !

Cher lecteur, reconnaissez donc que vous êtes un pécheur, et que si Dieu entrait en jugement avec vous, c'en serait fait de vous, vous ne pourriez pas subsister devant Lui, parce que, depuis la plante des pieds jusqu'au sommet de la tête, tout en vous est corrompu et souillé par le péché devant Lui ; et puis, tournez vos yeux vers Jésus, regardez la face du Fils de Dieu, et lui dites : « Je suis à toi, car tu es venu pour chercher et sauver ce qui était perdu. Dieu veut miséricorde, et non pas sacrifice ; et il veut que vous sachiez qu'il y a de la joie dans le ciel pour un pécheur qui vient à la repentance.


UN MOT SUR ROMAINS IX, 16-18

Une âme qui est réellement enracinée dans la grâce de Dieu est inébranlable. Elle marchera bien aussi, —dans la sainteté, — cherchant à plaire à Dieu en toutes choses ; car l'amour de Dieu est sa force. Cet amour est toujours actif ; il remplit d'abord l'âme de joie et de bonheur dans la communion avec le Père et avec le Fils ; ensuite il se fait sentir dans son entourage, dans tous les détails de la vie. Il est écrit : « Le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n'êtes pas sous la loi, mais sous la grâce. » (Romains VI, 14.)
Comparez aussi 1 Thessaloniciens III, 12, 13,où l'affermissement du coeur en sainteté est présenté comme suite de l'activité de l'amour chrétien.

Or le principe de la grâce, c'est que Dieu agit d'après ce qu'il est en Lui-même, envers des créatures qui ne méritent que son jugement. Tout est de Dieu ,QUI FAIT MISÉRICORDE, parce QU'IL EST AMOUR. Toutes les voies de Dieu ont pour effet de faire ressortir ce qu'il est. S'il endurcit quelqu'un, comme Pharaon, c'est pour donner un exemple de sa puissance et de son long support,afin d'encourager ceux qui se confient en Lui. Il est patient envers les méchant s; et il délivre son peuple malgré toute la perversité de ceux qui l'oppriment.
Selon la stricte justice, nous sommes tous passibles du jugement divin. Mais Dieu veut une famille. Il en prend les membres d'entre les enfants d'Adam déchu. Il agit d'après ce qu'il est, selon les immenses richesses de sa grâce, afin que toutes ses voies deviennent, pour le croyant, une source d'affermissement.   Ainsi donc, ce n'est pas de celui qui veut ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde  »
Comparez aussi, dans l'Exode, chap. XXXIII, verset 19 avec verset 5.


BÉTHESDA (N° 2)
ou  
LÈVE-TOI, PRENDS TON PETIT LIT ET MARCHE  »

Et Jésus le voyant couché là, et sachant qu'il était dans cet état déjà depuis longtemps, lui dit  : Veux-tu être guéri? Le malade lui dit  : Seigneur, je n'ai personne qui, lorsque l'eau a été agitée, me jette dans le réservoir; et pendant que moi je viens, un autre descend avant moi. Jésus lui dit  : Lève-toi, prends ton petit lit et marche. Et aussitôt l'homme fut guéri, et il prit son petit lit et marcha. Or, c'était sabbat ce jour-là. Les Juifs donc dirent à celui qui avait été guéri : C'est un jour de sabbat; il ne t'est pas permis de prendre ton petit lit. Il leur dit  : Celui qui m'a guéri, celui-là m'a dit  : Prends ton petit lit, et marche. Ils lui demandèrent don  : Qui est l'homme qui t'a dit  : Prends ton petit lit et marche ? Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c'était, car Jésus s'était retiré de là, une foule se trouvant dans ce lieu. (Jean V, 6-13.)

La première parole pleine de compassion qu'adressa le Seigneur Jésus au pauvre infirme de Béthesda, avait pour but d'encourager celui-ci à ouvrir son coeur à quelqu'un qui lui était alors inconnu. Mais le coeur du malade était touché par la grâce et la condescendance de l'étranger. Il ne craignit pas de lui exposer toute la vérité de sa position désespérée. L'effort que cela dut lui coûter lui faisait sentir d'une manière plus profonde et plus pénible que jamais, combien sa situation était sans espoir. Trente-huit années s'étaient déjà lentement écoulées, sans apporter au malade la moindre espérance d'un changement  ; trente-huit années de souffrances avaient déjà exténué son corps, épuisé ses forces et aggravé sa maladie. L'avenir devenait toujours plus sombre pour lui. Étant forcé, par la tendresse même du Seigneur, de rendre raison de son état, le simple acte de le constater a dû, pour ainsi dire, refouler le malade sur lui-même et plonger son âme dans le désespoir. C'était une occasion favorable pour que le Fils de Dieu y déployât les richesses de sa grâce et de sa puissance. Lui-même a dit : « Le fils de l'homme est venu chercher et sauver CE QUI ÉTAIT PERDU. » Le désespoir de l'homme est une occasion pour manifester les ressources qui sont en Dieu. Dieu ressuscite les morts. Le Fils de Dieu vivifie ceux qui sont morts dans leurs fautes et dans leurs péchés. (Comparez Jean V, 21-25, avec Éphésiens II, 1-10, et 2 Corinthiens V, 14-18.)

L'oeuvre du salut est en effet « une nouvelle création. » C'est lorsque l'homme reconnaît qu'il ne peut rien, qu'il est « sans force, » lorsqu'il se reconnaît coupable devant Dieu, sujet à être condamné selon les exigences de sa sainteté et séparé éternellement de sa présence bienheureuse, destiné aux peines éternelles avec le diable et ses anges, — c'est, dis-je, lorsqu'un homme reconnaît ces vérités, comme le fit selon ses circonstances, l'infirme de Béthesda, — c'est alors l'occasion pour Dieu d'intervenir en grâce et de lui donner connaissance de l'oeuvre de la rédemption, une fois et parfaitement accomplie. Personne ne peut avoir la conscience d'être sauvé, qu'il n'ait auparavant la conscience d'être perdu, en lui-même, et perdu au delà de toute espérance d'être délivré.

Cher lecteur, vous êtes-vous appliqué ce récit en le lisant ? Vous êtes-vous senti devant Dieu dans la position de l'homme infirme, languissant depuis trente-huit ans sous le portique de Béthesda ? Tous vos efforts jusqu'ici ont-ils amélioré votre position ? Votre vie tout entière consacrée à faire votre salut ne vous avancerait pas plus que ne l'était le pauvre paralytique. Ne voyez-vous pas que, pour vous comme pour lui, l'avenir devient toujours plus noir à mesure que les années s'écoulent et que le poids de vos péchés augmente, à mesure que vos forces diminuent ? Adressez-vous à Jésus. Il vous appelle : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés ; et, moi, je vous donnerai du repos. » Jésus seul peut vous soulager. Une seule parole de Jésus a suffi pour dissiper toutes les craintes du pauvre paralytique, pour le guérir complètement de sa maladie, pour lui donner la force d'emporter le lit sur lequel il avait été si longtemps couché. « La foi vient de l'ouïe, et l'ouïe de la Parole de Dieu. » Quand le coeur brisé se tourne vers le Seigneur, Sa parole puissante fait naître dans l'âme la foi qui sauve. Dieu fait tout ; l'homme, ses efforts, sa propre justice, n'y sont pour rien du tout.
La foi au Sauveur, qui est un effet produit dans l'âme par sa parole à Lui, donne la force nécessaire pour marcher devant Lui. « Jésus lui dit : Lève-toi, prends ton petit lit et marche. »

Rien de plus simple. Oh oui, cher lecteur, soyez-en convaincu ; tout est simple lorsqu'on s'en rapporte à la parole même de Dieu. Loin de Lui, on s'enfonce toujours davantage dans les ténèbres du désespoir ; à moins que le coeur ne soit tellement endurci et rendu insensible par la puissance de l'adversaire, que l'on marche dans une complète insouciance sur le chemin large qui mène à la perdition. Que Dieu vous en garde ! Remarquez, ensuite, comme la parole de Jésus place l'homme guéri au-dessus de toutes les ordonnances et de toutes les formes de la religion humaine. Il emporte son lit le jour du sabbat. Les Juifs, qui ne pensaient qu'aux convenances extérieures, aux formes de leur religion, voulaient aussitôt l'en empêcher, se mettant ainsi, sans le savoir, en opposition directe à l'ordre de Jésus. La réponse de l'homme guéri est aussi simple que convaincante : « Celui qui m'a guéri, c'est lui qui m'a dit : Prends ton petit lit et marche. » Cette réponse agit immédiatement sur la conscience des Juifs. Ils sentaient qu'ils avaient affaire à une puissance supérieure à la leur et avec laquelle ils étaient en contradiction ; mais leur réponse montrait aussi combien ils étaient loin de s'occuper de cette grâce qui s'était librement déployée en guérissant le malade. Ils ne demandent pas : « Qui est celui qui t'a guéri ? » mais bien : « Qui est celui qui t'a dit : Prends ton petit lit et marche ? »

La pure grâce de Dieu affranchit l'âme de toute manière : or, cet affranchissement provoque l'hostilité de ceux qui s'attachent aux formes extérieures, lesquelles ne peuvent jamais produire un effet réel et utile, — formes dont l'affranchi n'a plus besoin. Nous espérons considérer dans un prochain article jusqu'où cette hostilité peut aller, ainsi que la conduite que doit tenir l'âme affranchie en face de l'opposition de la religion humaine. Remarquons seulement ici, que l'homme guéri entre tout de suite au service du Seigneur qui l'a délivré. Sa réponse aux Juifs (verset 11) montre qu'il en avait la conscience. Il porte son petit lit le jour du sabbat ; mais il le porte pour Jésus, PARCE QUE JÉSUS LE LUI AVAIT COMMANDÉ.
Il ne connaissait pas encore Jésus personnellement ; mais le fait de sa guérison l'attachait à son libérateur.



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