Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Contes du Dimanche
Récits allégoriques

Le plus grand peuple du monde.

uel est le plus grand peuple du monde ?
Cela dépend, évidemment, de la nationalité de votre interlocuteur. S'il est Français, il ne manquera pas de faire valoir les justes titres de sa patrie à ce titre glorieux. Elle est la plus ancienne des nations modernes ; sa naissance remonte aux premiers siècles de l'ère chrétienne, au temps de Clovis et de Dagobert. C'est d'elle que sont sortis quelques-uns des plus illustres fils de l'humanité et quelques-uns des plus beaux mouvements de l'histoire : les Croisades, la Renaissance, la Révolution de 1789. Quelle pléiade de poètes, d'écrivains, d'inventeurs, de philanthropes forment l'auréole de la France ! Malgré ses revers, sa décadence passagère, la patrie de Pascal, de Bossuet, de Voltaire, de Victor Hugo, de Pasteur, est certainement le plus grand peuple du monde. Vive la République française !

Ici l'Anglais vous arrête :
Stop ! Le soleil ne se couche point sur l'empire britannique ; ignorez-vous cela ? Un peuple comme le nôtre, un peuple qui a su englober sous son drapeau un bon quart de la population du monde : les Indes, le Canada, le Cap, l'Australie, etc., etc. ; un peuple qui, à lui seul, possède plus de navires et plus de machines que tous les autres ensemble ; un peuple où tout le monde sait lire, écrire, compter, et jouit d'une liberté à peu près illimitée, voyons, n'est-ce pas lui le premier de tous ? Rule, Britannia !

Mais Jonathan, de l'autre côté de l'Atlantique, se dresse de toute la hauteur des Montagnes Rocheuses, et nous crie à travers les mers :
Vieilles nations radoteuses, taisez-vous et faites place aux Stars and stripes (1). C'est nous qui sommes désormais la grande nation : grande par le territoire, grande par la mission providentielle que nous accomplissons, grande par nos destinées. Dans quelques années, nous aurons dépassé en population l'Europe entière ; nous recevons chaque jour un nouveau contingent de misérables qui nous arrivent de chez vous, et nous les transformons en citoyens de la libre Amérique, c'est-à-dire du monde, car nous n'aurons bientôt plus d'autres frontières que les pôles et les Océans. Westward oh ! Vive l'Amérique !

Mais voici les armées imposantes du tsar de toutes les Russies : quel empire égale celui-là ? Voici les compatriotes de Bismarck entourant la colossale statue de la Germanie et tout fiers de leurs victoires si chèrement achetées. Voici enfin le Japon, le pays du soleil levant, tout resplendissant de sa gloire récente ; voici les masses sombres, mystérieuses, énigmatiques, de l'immense Empire chinois, peuple innombrable, sobre, patient, calme, cruel, redoutable et menaçant comme la Fatalité ....
Qui tranchera la question ? Quel est le plus grand peuple du monde ?

J'étonnerai mon lecteur en disant que ce n'est aucun de ceux que je viens d'énumérer. Ce n'est ni l'Autriche, ni l'Espagne, si grandes jadis ; ni l'Italie, terre des arts ; ni la Grèce, ni la Rome antique. Ce n'est pas non plus la Perse, l'Assyrie, l'Égypte, grandes gloires passées....
Car tous ces peuples-là sont morts ou mourront un jour pour faire place à d'autres, lesquels, à leur tour, passeront pour laisser place....
Au plus grand peuple du monde, LE PEUPLE DE DIEU.

Je vois d'ici, lecteur incrédule, votre sourire de mépris :
« Le peuple de Dieu ? Qui est-ce qui connaît ça ? Quelle langue parle-t-il ? Dans quelle partie du monde est son territoire ? Quelles sont ses armées, ses chefs, ses représentants ? Quel est son revenu ? »

Le peuple de Dieu, le plus grand peuple du monde, n'a pas un pouce de territoire, pas une pierre de forteresse. Il n'a ni casernes, ni prisons, ni gendarmes, ni échafauds ; il n'a ni Chambre, ni Sénat, ni empereur, ni pape ; pas même un Ministère des finances ! Il se compose en majorité de pauvres gens, rebut et gloire de toutes les patries. Il ne parle pas une langue, mais toutes les langues.

Ses citoyens sont dispersés, comme les juifs, avec lesquels, d'ailleurs, ils ont bien des choses communes, y compris le dédain dont on les enveloppe et la haine dont on les poursuit.... Mais ce peuple étrange est le plus grand de tous, car sans lui aucun des autres ne subsisterait ; il est le mortier qui lie ensemble les nations civilisées ; il est le sel qui neutralise dans leur sein les progrès de la corruption ; il est, en un mot, le peuple unique, providentiel, destiné à hériter de tous les autres et à réaliser un jour, sur la terre même, l'idéal de république universelle rêvé par tant de généreux esprits.

Ce qui constitue ce peuple, c'est la communauté d'origine. Non pas qu'il soit nécessairement composé, comme le peuple juif, des membres d'une seule famille ; car il n'est aucune nation moderne qui ne soit le produit d'un mélange de races. Mais il y a toujours eu un moment dans l'histoire où ce mélange s'est consommé ; où des hommes qui n'avaient pas encore conscience de former entre eux cette personnalité vivante qu'on nomme la patrie, sont nés à cette vie nouvelle sous l'influence de quelque grand événement, de quelque acte héroïque : ainsi, la France doit son existence à l'épopée de Jeanne d'Arc qui donna, pour ainsi dire, une âme aux masses populaires. La Suisse fait remonter ses origines aux guerres qu'elle livra contre l'oppression des Habsbourg ; les États-Unis doivent tout à l'héroïsme des Puritains qui débarquèrent du Mayflower sur le roc de Plymouth il y a deux cent cinquante ans.

Le peuple de Dieu, qui se recrute dans toutes les races du monde, doit aussi son existence corporative à un acte, un événement unique, un sacrifice héroïque plus que tout autre. Si l'on peut juger de la grandeur d'un peuple par la pureté, la grandeur d'âme, le dévouement de ses fondateurs, quel peuple est comparable à celui qui tire son origine de la vie, de la mort, de la résurrection de Jésus-Christ ? Quel sacrifice peut être mis en parallèle avec celui qui, commençant à la crèche, finit sur la croix du Calvaire ? Et quelle victoire que celle de Jésus sur les puissances coalisées de l'enfer et de la mort ?

Gloire à la patrie éternelle,
Gloire au Christ qui mourut pour elle !

Il ne suffit pas, cependant, qu'un peuple ait un glorieux passé pour être glorieux lui-même, ou seulement pour être un peuple. Si l'héroïsme n'était chez nous qu'à l'état de souvenir, la décadence nationale ne tarderait pas à se produire. Il faut, pour qu'un peuple vive, qu'il y ait communauté d'esprit entre ceux qui le composent et ceux qui l'ont composé ; il faut, malgré les différences inévitables que le temps et la distance établissent entre les citoyens de toutes les époques et de toutes les provinces, qu'on reconnaisse en chacun d'eux l'âme commune ; il faut qu'une même flamme les anime, il faut qu'ils aient enfin un même esprit.

Or, le peuple de Dieu de tous les temps et de tous les pays, a présenté, présente encore de grandes variétés, de grandes différences, mais c'est à ceci qu'il est toujours reconnaissable : il a le même Esprit. Cet Esprit qui descendit à la Pentecôte sur les disciples rassemblés, anime encore, animera toujours leurs descendants spirituels : Esprit de courage, de force, de vérité, de liberté, de charité. C'est ce dernier trait surtout qui est la marque distinctive du Peuple de Dieu, parce que c'est celui-là qui manque totalement aux sociétés humaines. Bâties par la force, sur l'intérêt individuel ou collectif, les sociétés humaines s'écroulent pour se reformer sans cesse, sans donner jamais satisfaction à ce besoin impérieux de l'homme : l'amour fraternel. Seule, la société divine, le peuple de Dieu, répond à ce besoin, et c'est pour cela que ce peuple est impérissable.

Mais voici le dernier point et le plus important de tous : Comment devient-on membre du peuple de Dieu ?
On naît Français, Suisse ou Belge ; on ne naît pas chrétien. Ce titre ne s'hérite pas par la filiation naturelle. Le peuple de Dieu est un peuple en esprit ; ses frontières sont spirituelles, ses lois aussi ; son Chef est invisible, et son royaume n'est pas de ce monde. Il ne peut donc se recruter par les moyens ordinaires ; et Jésus-Christ lui-même a proclamé le principe fondamental sur lequel repose le monde nouveau, quand il a dit : « Il faut que vous naissiez de nouveau.... Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. »

L'erreur la plus fatale qui ait jamais été commise, ç'a été de vouloir incorporer au peuple de Dieu des âmes humaines par la force ou par la contrainte morale.
On devient enfant de Dieu par la foi, c'est-à-dire par la reconnaissance absolue de son indignité morale, par la repentance, le changement de vie, le don complet de soi-même à Jésus-Christ, chef de l'humanité nouvelle.

Lecteur, appartenez-vous au peuple de Dieu ? Sinon, hâtez-vous de vous faire naturaliser ! « À tous ceux qui l'ont reçu, il a donné le droit d'être faits enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom ; qui ne sont point nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais qui sont nés de Dieu. » (Jean 1, 12- 13.)


Le souffle de Dieu.

NE chose me frappe en lisant l'histoire, me disait un jour mon ami Philippe ; c'est que certaines époques semblent particulièrement fécondes en génies d'une seule espèce. Ainsi, le XVIe siècle nous a donné des réformateurs ; le XVIIe des littérateurs ; le XVIIIe des philosophes et des révolutionnaires ; le XIXe des inventeurs.... Qui sait ce que nous réserve le XXe ?
- Le XXe siècle, lui répondis-je, sera, comme tous les autres, riche en toutes sortes de génies divers. C'est une erreur de croire qu'il y a des époques stériles et des époques fécondes. Rien n'est commun comme le génie. Tu coudoies chaque jour des Voltaire, des Mirabeau, des Bonaparte à qui il ne manque rien....
- Ah ! bah !
- Laisse-moi achever.... Rien que l'occasion de se révéler au monde et à eux-mêmes. Pour le moment, ils sont cordonniers, clercs de notaire ou pêcheurs à la ligne. Où étaient, je te le demande, tous les hommes illustres de la Révolution avant 89 ? Ils étaient perdus dans la foule. Sans le souffle mystérieux qui passa sur la France à cette époque, Mirabeau n'eût été qu'un méchant seigneur de village, Robespierre qu'un avocat retors, Bonaparte qu'un officier de fortune. Sans la guerre de 1792, les Hoche, les Kléber et les Marceau seraient restés dans le rang.

Tout homme porte en soi la possibilité d'un développement infini. Le plus vulgaire de nos voisins a peut-être l'étoffe d'un héros. Mais tous les germes, pour éclore, ont besoin d'une atmosphère favorable ; il faut les souffles tièdes du printemps pour réveiller la semence dans les sillons ; il en est de même des facultés de l'homme. Il leur faut, pour s'épanouir, le souffle de Dieu.

Je ne puis m'empêcher de penser, quand j'erre dans Paris, au milieu de la foule : « Il y a là des trésors inestimables de sagesse, de pensée, de volonté, de force, qui s'ignorent eux-mêmes. Ce colporteur, qui va portant sa balle à travers les rues, est capable d'actions sublimes. Ce jeune homme qui aligne des chiffres derrière un grillage, dans une banque, est fait pour les oeuvres d'audace et de courage. Cette jeune fille qui traverse la place accompagnée de sa gouvernante, aurait été en d'autres temps, une autre Jeanne d'Arc.... Est-il possible que tout cela soit perdu, que tous ces dons, inutiles ici-bas, ne soient employés nulle part ? Voilà une raison de plus pour croire à l'immortalité de l'âme.

Philippe m'interrompit :
- Alors, dit-il avec un peu d'ironie (car c'est un homme pratique et qui ne se laisse pas emporter par l'imagination), il y aurait, selon toi, un vent qui fait éclore les génies comme la brise d'avril fait naître les fleurs ?
- Je le crois, lui répondis-je, et l'histoire le prouve.
Regarde ces hommes qui s'appelaient Pierre, Jacques, Jean, Matthieu, etc. : les disciples du Christ. Qu'étaient-ils ? Des prolétaires d'intelligence moyenne, sans grande élévation. Que seraient-ils devenus si le Christ ne les avait pas rencontrés ? Des vieillards comme tous les autres ; ils auraient vécu, ils seraient morts dans l'oubli. Et même après avoir suivi Jésus pendant trois ans, vois comme ils sont encore vulgaires, grossiers, bornés, au point de lasser la patience de leur Maître !
Sa mort, loin de les stimuler, d'exalter leurs sentiments, les plonge dans la stupeur. Et voici que, tout à coup, ils se transforment : des facultés qui dormaient en eux s'éveillent. Ils parlent, ils montrent du courage, de l'intelligence et même du génie. Qu'est-il donc arrivé ? Un souffle a passé sur eux : le vent enflammé du Saint-Esprit. Dire qu'ils sont les auteurs de la religion qu'ils ont prêchée est un non-sens ; c'est elle qui les a faits. Ils sont nés du Verbe et de l'Esprit ; ce sont les fils de la Pentecôte.
- Alors on ne peut devenir un vrai chrétien que par le Saint-Esprit ?
- Sans aucun doute. Mais le Saint-Esprit lui-même ne suffirait pas sans un autre agent divin : la Parole de Dieu. Le Saint-Esprit ne peut faire éclore que les germes que nous portons en nous ; or nous n'avons pas, naturellement, le germe de la repentance, de la foi, de l'amour, de la vie éternelle enfin : il faut qu'ils soient déposés dans nos coeurs, et c'est la Parole de Dieu qui fait cet office. Les apôtres ne sont devenus les héros de la Pentecôte que parce qu'ils avaient entendu Jésus auparavant. Aujourd'hui, Jésus ne parle que dans son Livre : la Bible, et c'est ce Livre, reçu avec foi et fécondé par le Saint-Esprit, qui produit en nous l'homme nouveau.


Table des matières


(1) Description du drapeau américain : des bandes blanches et rouges avec, dans un angle, sur fond bleu, autant d'étoiles qu'il y a d'États dans l'Union.

 

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