Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Contes du Dimanche
Récits allégoriques

Fleur d'Hiver.

E jour le plus court de l'année, c'est le 24 décembre, et souvent c'est le plus froid aussi. Ce jour-là, le soleil ne semble se montrer que pour disparaître ; un immense linceul de neige ou de brume s'étend sur toutes choses ; la nature est morte ou va mourir.... Demain sera la nuit, la longue nuit des funérailles.
Erreur ! Demain sera le jour de la résurrection.

Résurrection à peine perceptible, car le 25 décembre est plus long que le jour précédent d'une minute seulement. Minute précieuse ! Ne la méprisons pas, car elle contient un radieux avenir.

Cette minute, c'est la promesse du gai printemps, du renouveau, des champs couverts de verdure, des longs jours d'été avec leurs frais crépuscules. Cette minute, si péniblement gagnée par le soleil moribond, c'est le triomphe de la vie sur la mort.

C'est sans doute à cause de cet admirable symbolisme que les premiers chrétiens choisirent le 25 décembre pour commémorer la naissance du Christ. Nulle tradition certaine ne nous permet de croire qu'il soit né ce jour-là (1; mais dans l'ignorance où nous sommes de la date véritable de ce grand événement, nul autre jour n'eût été préférable.

De même que Noël, au seuil de l'hiver, nous laisse déjà entrevoir le printemps, et tandis que tout meurt, entretient au dedans de nous l'espoir que tout va revivre, - ainsi Jésus naquit dans un monde froid et mort, y faisant luire le premier rayon d'espérance, y apportant la première fleur qu'on eût vue depuis bien longtemps. Sa naissance, pourtant, ne fut pas plus remarquée que ne l'est, le 25 décembre, la minute qui s'ajoute à la durée du jour. Il naquit, il vécut, il mourut dans un long hiver.... Mais c'est de lui que date l'ère nouvelle ; c'est à partir du moment, inaperçu par les historiens de son temps, où il entra dans l'humanité, que la marche ascendante de notre pauvre monde commence ; la crèche où il fut en hâte emmailloté fut le berceau d'une race régénérée.

Au bord des glaciers où règne un froid perpétuel, où il semble que rien ne puisse vivre, j'ai cueilli la gentiane et le doux myosotis, d'un bleu si pur que son congénère des plaines semble terne et fané à côté de lui....
Et j'ai vu fleurir sous la neige, dans le plus pauvre jardin, la fleur pâle et sans parfum qu'on nomme rose de Noël, toujours bienvenue en cette saison funèbre....

Le Christ fut tout cela en même temps : humble fleur du pauvre jardin, pure fleur des hautes cimes ; il fut sans éclat, et cependant beau de vertu et sublime d'amour ; il vécut dans la plaine avec les fils des hommes et rayonna sur les sommets dans la compagnie de Dieu, jusqu'au moment où un orage - et quel orage ! - s'abattit sur lui et le déracina de la terre....
Mais seulement pour le transplanter au ciel, où, fleur immortelle, il resplendit maintenant devant Dieu.

L'hiver n'est pas fini : depuis dix-huit siècles l'Eglise sous la croix - la seule véritable - attend l'accomplissement des promesses qui furent faites par les anges lors de la naissance du Sauveur ; promesses qu'il renouvela lui-même après sa résurrection.

L'hiver n'est pas fini. Finira-t-il jamais ? L'égoïsme, la haine, tous les vices, toutes les plaies qui désolent la terre - les verra-t-on jamais disparaître ?

Nous perdrions courage, nous désespérerions si le Seigneur ne faisait naître, au fond de nos propres coeurs, une suave fleur d'hiver. 0 miracle ! chaque âme chrétienne donne asile à la plante céleste. - Il vit, il vit en moi, Celui par qui toutes choses seront bientôt renouvelées ! Qu'importe le froid du dehors, qu'importent les ténèbres ? Mon coeur, comme jadis la crèche, est devenu un jardin royal, tout plein de parfums et de lumière, car là vit et rayonne et grandit sans cesse Jésus, la Fleur du ciel.


Vieux habits, vieux galons !

E marché qui s'élève sur l'emplacement de la tour du Temple, à Paris, est un des coins les plus pittoresques de la capitale. Au rez-de-chaussée, une nuée de marchandes, dont les étalages sont presque aussi coquets que ceux des magasins de nouveautés, environnent, assaillent, tiraillent en tous sens le malheureux, visiteur. Les vêtements qui se vendent là sont propres, et même élégants ; et l'on prétend que beaucoup de petits bourgeois aisés ne vont pas ailleurs pour remonter leur garde-robe.

Mais au premier étage, l'aspect est bien différent. Les marchandises sont étalées sur le carreau : vêtements sordides, passés de mode depuis longtemps, usés jusqu'à la corde.... Et cependant, il se fait là aussi des affaires considérables, et tel de ces marchands de « vieux habits, vieux galons, » a su mettre de côté une fortune rondelette.

Celui que le crayon de notre excellent ami M. Eugène Burnand a saisi sur le vif (2), est bien le type de la corporation. Il est vieux et vend des vieilleries : c'est dans l'ordre des choses ; son expression narquoise, l'air dont il étale la redingote fripée qu'il tient en mains, montrent qu'il est revenu de tout et qu'il connaît tous les envers de la société. D'un coup d'oeil il juge de la valeur d'un habit.... et de l'homme qui le porte ; il sait distinguer la vraie richesse de la fausse, comme un galon d'or d'un galon de cuivre. Et que d'histoires il raconterait, le bonhomme, si on le faisait parler ! Il en a une pour chaque costume qu'il offre à vendre : grandeurs et décadences, folie et misère, drame et comédie, tout cela est entassé pêle-mêle à ses pieds sur le carreau du Temple....

Voici, par exemple, la défroque du dernier mardi gras ; c'est une robe de Colombine, froissée, défraîchie, lamentable. Il y a deux mois à peine, cette robe eut beaucoup de succès dans les bals masqués. Mais, dès les premiers jours de carême, Colombine, grelottante, est venue la vendre : elle était malade, elle toussait ! Aujourd'hui, où est-elle ? Le bonhomme vous répondra avec un haussement d'épaules : « Où voulez-vous qu'elle soit, sinon à l'hôpital ? Neuf fois sur dix, c'est là qu'elles finissent ! »

Voici un uniforme complet d'officier. Un sous-lieutenant en détresse est venu le vendre ici, non sans avoir arraché du collet le numéro du régiment. « Que voulez-vous ? C'était un joueur ; il avait perdu la forte somme ; il lui fallait de l'argent à tout prix ; j'ai eu pitié de lui, monsieur, et je lui ai payé ses galons plus qu'ils ne valent, ajoute le vieux philosophe. Il faut bien faire quelque chose pour l'armée française ! »

Un vieil habit de soirée attire nos regards. Il est râpé ; il a été noirci sur les coutures avec de l'encre, et pourtant, celui qui l'a porté fut un homme d'honneur. Pauvre écrivain, qui n'a jamais voulu prostituer sa plume et a payé son courage de sa vie ; car il est mort, usé par le travail, et sa veuve n'a pu payer ses funérailles qu'en vendant sa défroque !

Quiconque veut prendre une leçon de choses, quiconque veut avoir de l'existence humaine une opinion véritable, doit aller faire un tour au carreau du Temple. Les gloires et les vanités du passé viennent toutes échouer là. Et qu'elles paraissent misérables ! Vaut-il la peine de commettre tant de lâchetés pour paraître quelque chose, et ne vaut-il pas mieux s'efforcer d'être quelqu'un ?

À Londres, il existe un colossal musée de figures de cire, fondé par une femme de la Suisse française, Mme Tussaud, il y a plus de cinquante ans. Ce musée est devenu, pour les Anglais, presque une institution nationale. Il ne se produit aucune illustration en aucun genre qui ne soit reproduite là : M. Gladstone y coudoie M. Disraeli, et tous les deux, dans leur impassibilité de statues, font bon ménage avec M. Bradlaugh. Tous les partis politiques et religieux y sont représentés. On y voit nombre de grands personnages : la reine Victoria et sa cour, puis tous les rois et toutes les reines d'Europe.

Une salle basse éclairée par des lampes funèbres, porte le nom de « Chambre des Horreurs ». Il faut payer un supplément pour entrer là. On y voit la longue et répugnante galerie des criminels anglais : empoisonneurs, brigands, assassins de toute espèce. Dans un coin, une potence laquelle, dit-on, a servi, ce qui ajoute à l'intérêt avec lequel ses naïfs visiteurs la regardent....

Mais quel est-ce cadavre, étendu sur ce lit de camp, au milieu de la chambre ? je ne m'y trompe pas : c'est Napoléon, le grand Napoléon, tel qu'il était à Sainte-Hélène ! Et voici une relique d'un prix inestimable : la redingote grise, celle qu'il porta, authentique, réelle!
O vanité des vanités !
Soyez un conquérant ; cueillez des lauriers sous tous les cieux ; faites trembler peuples et rois pour qu'il ne reste de vous qu'un vieil habit, couvrant votre effigie de cire, dans la « Chambre des Horreurs » de Mme Tussaud !

Ah ! combien différente est la gloire que Jésus-Christ a conquise pour Lui et pour les siens !
C'est une gloire pure ; elle n'est souillée d'aucun mauvais souvenir ; elle n'est ternie d'aucune ombre. C'est la gloire d'un Agneau immolé, et qui n'a jamais versé d'autre sang que le sien. C'est la gloire de l'Innocence qui, s'est volontairement offerte en expiation pour le Crime.
Et c'est une gloire éternelle. Le vêtement du Christ, celui avec lequel il est sorti vainqueur de la tombe et qu'il porte depuis dix-huit cents ans, est fait de lumière et de sainteté ; il est indestructible. Jamais non plus elles ne s'useront, les robes blanches dont il revêtira les siens, à leur entrée dans la salle des noces !

Venez donc, vous tous qui êtes dégoûtés des vaines joies de la terre ; vous tous qui redoutez l'instant où il vous faudra sortir de ce monde comme vous y êtes entrés !
Achetez à Jésus-Christ, qui donne à quiconque demande, sans autre payement que la repentance et la foi, « des vêtements blancs, afin que vous en soyez vêtus, et que la honte de votre nudité ne paraisse point. » (Apocalypse III, 18.)

Voici des paroles qui ont pour celui qui écrit ces lignes une valeur infinie, car c'est d'elles que Dieu s'est servi pour le convertir. Puissent-elles avoir le même résultat pour quelques-uns de ses lecteurs !
« Puis l'Éternel me fit voir Jéhosçuah, le grand Sacrificateur, qui était debout devant l'ange de l'Éternel, et Satan qui était debout à sa droite pour s'opposer à lui.
« Et l'Éternel dit à Satan : Que l'Éternel te réprime rudement, Satan ! oui, que l'Éternel, qui a élu Jérusalem, te réprime durement ! Celui-ci n'est-il pas un tison retiré du feu ?
« Et Jéhosçuah était vêtu d'habits sales, et se tenait debout devant l'ange ; et l'ange prit la parole et parla à ceux qui étaient devant lui en disant : Ôtez-lui ces habits sales. Puis il lui dit : Voici, j'ai ôté de dessus toi ton péché, et je t'ai vêtu d'habits magnifiques. » (Zacharie III, 1 - 4.)


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(1) « Les bergers gardaient leurs troupeaux aux champs pendant la nuit, » dit l'Évangile. Ce détail est suffisant pour nous prouver que le Sauveur n'est pas né en hiver. Même en Orient, les nuits de décembre sont trop froides pour que les troupeaux puissent les passer dehors.

(2) Ce dessin a été reproduit dans L'Ami de la Maison.

 

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