TITLE>KANAMORI - 2

Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



AUTOBIOGRAPHIE D' UN JAPONAIS
LE PASTEUR PAUL KANAMORI



CHAPITRE II

Je ne crois pas que ces quarante camarades aient beaucoup souffert d'avoir été persécutés. Ils en ont triomphé tous, et, vainqueurs, nous fûmes tous admis au premier collège chrétien fondé dans notre capitale de Kyoto par un homme de Dieu de grande réputation, Joseph Neesima, le plus éminent chrétien japonais moderne.. Il était parti pour l'Amérique en 1864. En ce temps-là, c'était, de la part d'un Japonais, commettre presque un crime de lèse patrie que de s'expatrier. Il osa cependant partir pour l'Amérique, où il étudia dix ans en vue du ministère, puis revint au Japon en 1874, et fonda l'année suivante ce premier collège chrétien. Ainsi c'était environ une année avant notre service de consécration du Mont des Fleurs, de sorte que ces quarante jeunes garçons (je me souviens d'une bonne trentaine d'entre eux) - purent y entrer aussitôt, et une quinzaine, d'entre eux y firent des études complètes, j'étais de leur nombre. Après avoir pris leurs grades, ils allèrent prêcher dans toutes les parties du Japon. Je puis affirmer que c'est par ces prédicateurs que furent fondées un bon nombre d'Eglises japonaises. Les « garçons du capitaine Janes », comme on les appelait, étaient de vrais évangélistes. J'étais l'un d'eux aussi ; mais, au bout de quelques années, fus rappelé par le président du collège de Doshisha, qui avait besoin d'un aide, et j'y enseignai pendant plusieurs années.

C'est pendant que j'étais là comme professeur de théologie, que je fus mis pour la première fois en contact avec la nouvelle théologie et la haute critique. Il me fallait naturellement lire des ouvrages de théologie, entre autres des ouvrages de la théologie allemande. J'y trouvai d'abord un vif intérêt.

J'avais été formé et façonné par la doctrine et la pratique puritaine la plus stricte, si bien qu'à la lecture de ces livres modernistes j'eus l'impression de passer d'une zone glacée dans la douce chaleur des tropiques. À première vue, leur manière indépendante et commode de manipuler le contenu des livres sacrés me parut très raisonnable. J'en jouissais tellement que je me laissai complètement dominer par leur habile argumentation, et je finis par me convertir au modernisme, et par adopter les vues de la haute critique. Puis je me mis à les répandre, à les prêcher, à lire et à traduire en japonais certains ouvrages modernistes. En un mot, je devins un zélé propagandiste de cette foi nouvelle... Il y a de cela environ trente-cinq ans. J'étais le premier è introduire dans les Églises japonaises les vues modernistes. Mais quel trouble elles y ont apporté, et quel mal elles y font encore ! Croyez bien que je sens poser sur moi la responsabilité d'avoir introduit ce poison dans les Églises de ma patrie !

Les Églises protestantes japonaises d'alors étaient tout orthodoxes. Il n'y avait qu'une Église unitarienne, et, je crois, une Église rationaliste. Mais toutes les autres étaient orthodoxes, et pasteurs et troupeaux étaient tous d'ardents défenseurs de la foi orthodoxe. Je faisais seul exception ; en sorte que mes amis me regardaient comme un homme très dangereux, comme un loup au milieu des brebis ; et c'est bien ce que j'étais ! D'ailleurs, en embrassant ces vues nouvelles, je sentis bien que je ne pouvais rester plus longtemps dans l'Eglise orthodoxe : sa théologie était trop différente de la mienne ; sa façon de considérer la Bible était tout l'opposé de la mienne. Je dis donc à mes amis : « Je vais quitter l'Eglise et me séparer de vous. » Et j'agis en conséquence. Or vous savez que c'est douloureux de se séparer d'amis très chers en raison d'une divergence de vues. J'avais travaillé pendant environ vingt ans avec ces amis à l'avancement du règne de Dieu au Japon. Et voilà que mes vues théologiques devenaient si différentes des leurs qu'il me fallait les quitter et me séparer d'eux !... Quelques-uns de mes amis me dirent : « Il n'est pas nécessaire de quitter l'Eglise à cause de vos vues nouvelles. Vous pouvez garder votre théologie pour votre cabinet de travail, et ne porter en chaire que les doctrines acceptées par les Églises en général. » Tel est l'excellent conseil de la sagesse mondaine. Mais je répondis : « Je ne puis agir ainsi, Je suis un homme droit. Comment pourrais-je être en chaire un homme différent de celui que je suis dans mon cabinet ? Je dois prêcher en chaire ce que j'ai appris dans mon cabinet. Je parle parce que je crois ; agir autrement serait pure déloyauté. Je ne puis pratiquer en chaire de la déloyauté. je préfère quitter l'Eglise et me séparer de vous. - Ce que je fis .

Mais, vous savez : en quittant l'Eglise, je quittais aussi le ministère, le ministère chrétien. C'est le point sur lequel je désire attirer votre attention. Pourquoi quitter le ministère en quittant l'Eglise ? Pourquoi ne pas aller prêcher les doctrines modernistes dans une chaire moderniste ? Je vais vous le dire. C'est qu'en embrassant ce modernisme et cette haute critique, j'avais entièrement perdu mon message chrétien. Tout d'abord, ma théologie moderniste et ma haute critique avaient détruit ma foi à l'autorité divine de la Bible. Converti par la lecture de la Bible, j'aimais la Bible ; je l'aimais parce que je la regardais comme la Parole infaillible de mon Père céleste, parce que je croyais qu'elle ne contenait absolument rien d'autre que la vérité entre ses deux couvertures. Je vous ai raconté comme je m'en régalais. Mais maintenant la haute critique et les modernistes venaient me dire : « Non, ta Bible n'est pas la Parole infaillible de Dieu, elle n'est que la parole faillible de l'homme. Elle ne contient pas rien que la vérité ; elle contient aussi des erreurs ; elle en est pleine, pleine d'erreurs et de superstitions, de légendes, de mythes, de fables et d'histoires fabriquées. » Telle est, mes amis, la Bible des modernistes et de la haute critique. Mais si cette Bible est pareille aux soi-disant livres sacrés des païens, des brahmanes, des bouddhistes ou du confucianisme, tout au plus un peu supérieure, peut-être, comment peut-on s'en servir pour prêcher ? Je ne pourrais pas prêcher avec un livre aussi superstitieux !

Ensuite, le modernisme avait détruit ma foi en la divinité, essentielle et parfaite de Jésus-Christ. Tandis que j'avais cru que Jésus-Christ était Dieu, la haute critique était venue me dire : « Non, Jésus-Christ n'est pas Dieu ; c'était un homme ; il n'est pas né de la vierge Marie, il est né de Marie, femme de Joseph. Il est mort et il a été enseveli, mais il n'est pas ressuscité. Il ne saurait être question ni de résurrection ni de naissance surnaturelle. Il était comme tout le monde. Il est mort depuis dix-neuf siècles. Il n'est pas le Sauveur, bien qu'il puisse avoir été un grand homme et un sage. » Ainsi, vous le voyez, en perdant ma foi en la divinité réelle de Jésus et en croyant ce qu'enseignent les modernistes, j'avais perdu ma foi en un Sauveur personnel. Je ne pouvais plus prêcher le Sauveur divin dont le sang nous sauve ! En perdant ma foi en l'autorité divine absolue de la Bible, et ma foi en la déité de Jésus-Christ, j'avais tout perdu. J'aurais bien pu encore prêcher les préceptes moraux de la Bible, dans la pensée que je pourrais peut-être les appliquer à quelques-unes des questions sociales du jour. Mais je ne pouvais plus prêcher la doctrine fondamentale du christianisme, le salut par le sang de Jésus répandu sur la croix. Quand je m'aperçus que je ne pouvais plus prêcher cette doctrine centrale, je me dis : « À quoi bon rester dans le ministère un jour de plus ? Si la Bible n'est bonne à rendre au monde que des services sociaux, j'en puis rendre aussi sans être ministre, peut-être même mieux encore. »

Je quittai donc le ministère, et je m'enrôlai dans les réformes sociales gouvernementales du Japon ; et j'y ai passé plus de vingt ans. Il va sans dire que je ne restais pas sans rien faire. Je parcourais le pays en donnant des conférences sur des sujets économiques et sociaux. J'en ai donné plus de trois mille, et maintenant encore je suis connu dans ma patrie plutôt comme conférencier social que comme prédicateur de l'Évangile. J'ai ainsi gaspillé la meilleure partie de ma vie, de ma trente-cinquième à ma cinquante-cinquième année. Ma vie chrétienne a fait naufrage, au milieu de la traversée, sur les récifs du modernisme et de la haute critique ! Le voeu que j'avais prononcé il y a cinquante ans au sommet du Mont des Fleurs, de prêcher l'Évangile de Jésus-Christ dans tout l'empire, ce voeu a été finalement brisé. Vous voyez la perfidie du diable ! Ce à quoi il n'avait pu parvenir au début de ma vie chrétienne au moyen d'une âpre persécution, il y est parvenu à l'aide du modernisme et de la haute critique. Quelle terrible chose que le modernisme et la haute critique entre les mains du diable !

Voilà comment je suis devenu un fils prodigue de mon Père céleste, comment j'ai erré pendant plus de vingt ans loin de la maison paternelle ! Mais vous savez comment, après avoir quitté la maison paternelle et avoir tout oublié, - père, frère, serviteurs, foyer et tout, - en jouissant de la vie à sa façon jusqu'à ce que survînt la famine, l'enfant prodigue de la parabole en vint à sentir le vide... Cependant son père ne l'avait point oublié ; il attendait le retour de son fils perdu. C'est ainsi que, pendant ces vingt années d'égarement, j'oubliai tout, mon Père céleste, mon divin Sauveur, mon foyer spirituel. Mais mon Père ne m'oubliait pas, Lui. Il veillait sur moi, attendant une occasion favorable pour intervenir, comme je vais vous le raconter.


Table des matières

Page précédente:
Page suivante:
 

- haut de page -