Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



AUTOBIOGRAPHIE D' UN JAPONAIS
LE PASTEUR PAUL KANAMORI



CHAPITRE III

 Au milieu de la prospérité dont je jouissais comme réformateur social de ma patrie, mon Père céleste vint soudain me ravir ma chère femme, qui me laissait neuf orphelins, dont le plus jeune n'avait que quatre ans. J'étais submergé par la douleur, et la douleur de mes enfants faisaient peine à voir ; ils pleuraient jour et nuit, se cramponnant à leur mère disparue. Mes amis venaient essayer de les consoler ; mais ils refusaient toute consolation : leur mère n'était plus là... Leur chagrin était si intense que je crus un jour que quelques-uns d'entre eux allaient perdre la raison. S'ils aimaient tant leur mère, c'est qu'elle avait vécu une vie toute d'amour et de dévouement ; elle avait fait de la maison un intérieur doux et heureux, le ciel sur la terre ; de sorte que sans elle tout leur paraissait sombre et désolé, inondé de larmes et de gémissements, l'enfer sur la terre...

Au sein de ces ténèbres, une clarté vint du ciel, voici comment. Les enfants pleuraient le départ de leur mère ; ils pleuraient de ne plus la voir ; mais tout à coup ils se mirent à dire :
« Non, elle n'est pas vraiment partie. Ce n'est pas elle que nous avons mise au tombeau, ce n'est que son corps. Elle-même est allée au ciel auprès de Dieu. Et si elle est avec Dieu, puisque Dieu est partout, notre mère peut aussi être avec nous ici en esprit. Quand même nous ne pouvons pas la voir, il se peut bien qu'elle voie de là-haut ces neuf pauvres orphelins qui la pleurent nuit et jour. »

Alors, afin de rendre en quelque sorte visible la présence spirituelle de leur mère dans la maison, ils se mirent à décorée de son portrait toutes les parois des chambres. Ils en mirent au salon, à la chambre à manger, à la chambre à coucher, dans toutes les pièces. Il n'y eut plus une chambre dans toute la maison où l'on ne vît pas son portrait à la paroi. Et ils le mirent aussi sur leurs pupitres. Et alors ils recommencèrent à dire : « Mama, Mama ». Ce n'est pas un mot japonais : c'est un mot anglais mais comme il a quelque chose de très doux au coeur, mes enfants avaient tous pris l'habitude de l'appeler de ce nom. Vous savez combien les enfants aiment à dire : « Maman ». En rentrant de l'école, leur premier mot, c'est à Maman ». Ils ne sauraient être heureux s'ils ne pouvaient plus prononcer ce mot. C'est ce qui faisait tant pleurer mes enfants. Mais maintenant ils se remettaient à le prononcer... Ils disaient, en montrant les portraits : ça. c'est Maman de la chambre à manger ; celle-ci, c'est celle du salon ; et ça c'est la tienne, et celle-ci, sur mon pupitre, c'est la mienne. » Il y avait un portrait qui la représentait tenant son cadet dans ses bras et couvrant ses joues de baisers. Le petit cadet l'appelait toujours sa Maman à lui. Ainsi, vous voyez, dès que ce nom bien-aimé de « Maman » fut revenu sur les lèvres des enfants, toute la maison en fut comme éclairée, et il fit de nouveau bon s'y retrouvé. Ces portraits furent pour mes enfants, dans ces temps douloureux, une bien douce consolation. Et dans les temps d'épreuve et de difficultés ils devinrent même une source d'inspiration et d'encouragement.

Un de mes garçons alla subir, peu après la mort de sa mère, son examen d'admission dans une école de médecine. Auparavant il se rendit à la ville où est cette école, afin de s'y préparer. Un jour que j'y allais voir comment il s'en tirait, je trouvais trois garçons qui étudiaient dans la même chambre. Sur les pupitres des deux autres garçons je remarquai les portraits de Gladstone et de Bismarck. C'étaient sans doute leurs héros adorés ; mais sur le pupitre de mon garçon je vis, comme d'habitude, le portrait de sa mère, bien en évidence. Il pensait que ce portrait était tout aussi bon pour lui, sinon meilleur, que celui d'un grand homme.

Un jour ma fille cadette vint à moi avec une singulière question : « Papa », dit-elle, « quand tu t'en vas quelque part bien loin, tu reviens toujours, n'est-ce pas ? »
- Oui, répondis-je ; c'est ici le chez-soi de papa ; il revient toujours à son chez-lui, tu comprends.
- Alors, reprit-elle, vous dites tous que Maman s'en est allée d'ici au ciel mais si elle y est réellement allée, et qu'elle y habite à présent, pourquoi ne peut-elle pas en revenir, comme toi quand tu t'en vas bien loin ? Pourquoi est-ce qu'elle ne peut pas revenir à la maison ?

Je ne savais que répondre. Mais, simplement pour la consoler, je lui dis :
- Eh bien, peut-être que Dieu a quelque ouvrage à faire pour ta Maman au ciel ; de sorte qu'il la garde là-haut, et qu'elle ne peut pas revenir. Tu sais bien que Maman doit obéir à Dieu ; quoi que Dieu lui dise, il faut qu'elle le fasse. Dieu ne désire pas qu'elle revienne en ce monde, ce qui fait qu'elle ne peut pas revenir.

Je ne disais tout cela que pour tranquilliser sa raison enfantine, qui s'étonnait et se demandait pourquoi, si sa Maman demeurait au ciel avec Dieu, elle ne pouvait plus revenir dans son ancienne demeure.
- Alors, fit-elle aussitôt, pourquoi ne pourrais-tu pas aller maintenant au ciel à ton tour pour faire l'ouvrage de Maman et servir Dieu à sa place, pour que Maman revienne ici pour un mois ? Et puis, quand tu serais fatigué du ciel, Papa, tu reviendrais, et nous renverrions alors Maman au ciel. C'est très bien d'avoir toujours Papa avec nous, mais nous aimerions avoir aussi Maman.

Vous le voyez, pour son imagination enfantine, il n'y avait nullement un abîme entre le ciel et la terre. La présence au ciel de sa chère mère rapprochait le ciel de la terre. Son regard s'en allait à travers tous les voiles jusqu'au trône de Dieu et y apercevait sa mère bien-aimée. Mes enfants passaient alors par des expériences spirituelles variées, et cela d'une façon merveilleuse.
Leur cantique favori de chaque soir était celui dont le refrain dit :

« À l'autre bord l'ami nous attend. »

En japonais, « ami » se dit « tomo », et mes enfants changeaient « tomo » en « Mama », et chantaient :

« À l'autre bord Maman nous attend. »

Le monde invisible leur semblait si réel et si près qu'ils avaient le sentiment de vivre dans le même monde spirituel que leur mère.
Dans cette atmosphère-là, comment résister à l'influence qui, de l'autre monde, se faisait sentir et agissait sur moi ? Pendant un temps, vous vous le rappelez, j'avais été pasteur, aussi bien que professeur de théologie, de sorte que j'avais nécessairement connu, intellectuellement du moins, les choses du monde spirituel. Je ne les avais pas oubliées, seulement le doute les voilait à mes regards. Ainsi, tandis que je suivais des yeux les expériences spirituelles de mes enfants, les brouillards du doute et de l'incrédulité commençaient à se dissiper, le ciel s'entrouvrait à nouveau, et mes regards spirituels retrouvaient Jésus-Christ, mon Sauveur, et mon Seigneur, Celui que m'avait enlevé la nouvelle théologie, et je le revoyais assis à la droite de Dieu : « Jésus-Christ, le même hier, aujourd'hui, et éternellement. »

Enfin je pus m'écrier avec Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus est bien mon Dieu, vraiment mon Dieu. « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. » Ce passage de l'Écriture que j'avais confié à ma mémoire, il y a quarante ans, dans la classe biblique du capitaine Janes, vint resplendir dans mon esprit comme un éclair venant du ciel, et le monde spirituel tout entier en fut illuminé comme en plein jour. Je fus ainsi ramené à l'ancienne et simple foi par les paroles de mon enfant. C'est bien « de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle que Tu tires ta louange. » Ainsi commença mon retour.

Une autre fois, je fus ramené à mon ancienne manière de voir de la façon suivante. Quelques instants avant sa mort, ma femme s'entretenait avec moi, le sourire aux lèvres. Elle était très affaiblie, ayant gardé le lit déjà plusieurs semaines ; mais elle avait sa pleine connaissance. Jusqu'au moment même de sa mort, je n'ai pas aperçu un signe d'affaiblissement mental. Mais soudain elle fut saisie d'un spasme, et en peu d'instants ce fut fini ; ce que le médecin me confirma plus tard. Elle était donc là il n'y a qu'un instant ; et maintenant elle n'y est plus. Où donc est-elle ? Qu'est-elle devenue ? Son corps est là comme avant, peut-être un peu froid déjà, mais où donc est sa personnalité dont le rayonnement illuminait ses yeux maintenant clos ? A-t-elle disparu, anéantie P Impossible de le croire...

Mis en face de l'éternité par la mort soudaine de ma bien-aimée, je me trouvai sous l'impression solennelle et redoutable du sort futur éternel de l'homme. Elle avait dormi dans mon coeur bien longtemps, cette impression : mais maintenant, elle se réveillait et me subjuguait avec une puissance toute nouvelle, et tous les brouillards du doute et de l'incrédulité amassés par ma pensée trop spéculative et intellectualiste, et toutes les brumes provoquées par l'ambition mondaine et les jouissances terrestres s'évanouirent instantanément, et je me trouvai soulevé jusqu'au troisième ciel. (1)

La mort est chose douloureuse, surtout la mort de ce que nous avons de plus cher ; c'est une des plus douloureuses expériences de la vie. Mais, éclairée d'une clarté céleste, la mort d'un être bien-aimé est le don le plus précieux que Dieu puisse jamais nous donner en ce monde. J'avoue que c'est la mort de ma femme qui m'a rendu la vie. On peut certainement dire qu'elle est morte afin de me réveiller du sommeil d'une vie de rétrograde et d'enfant prodigue. Oh ! les voies merveilleuses de Dieu ! Comme elles surpassent toujours toute intelligence !

Cette expérience de mort eut pour effet naturel de me ramener une fois de plus à la scène glorieuse du Calvaire. Je vis clairement pourquoi le saint et juste Fils de Dieu, qui n'avait point connu le péché et en qui il ne s'était point trouvé de fraude, avait dû envisager cette mort terrible de la croix ; pourquoi Jésus, l'Agneau de Dieu, avait dû être blessé pour nos péchés et brisé pour nos iniquités : pourquoi le châtiment qui nous apporte la paix avait du tomber sur Lui, et pourquoi nous, pécheurs, nous devions être guéris par ses meurtrissures.

Une fois de plus, je trouvai la joie du salut dans la croix de Christ. Et je résolus alors de ne plus savoir autre chose parmi les hommes que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié, et je devins un prédicateur de la grâce de Dieu.

Je suis connu dans ma patrie comme « l'homme d'un seul sermon », parce que ces dix dernières années je n'ai plus prêché qu'un unique sermon dans tout le pays. C'est un sermon très long : il dure trois heures. Depuis dix ans, je le prêche soir après soir. Je l'ai ainsi prêché un millier de fois à environ un million d'auditeurs, et Dieu a béni cette prédication de la croix de son Fils bien-aimé en m'accordant de voir plus de 75 000 décisions pour Christ.

Je ne suis pas digne d'être appelé un ministre de Christ, puisque j'ai rétrogradé pendant plus de vingt ans : il faut que je m'humilie devant ceux qui sont restés de fidèles ministres de Christ. Mais depuis que j'ai été ramené à Jésus-Christ et que j'ai cru en Lui et en sa Parole, et depuis que j'ai résolu de ne plus prêcher que Christ et Christ crucifié, Dieu m'a donné la plus magnifique occasion de prêcher Son Évangile dans ma patrie.

Je puis dire que personne n'a eu pareils auditoires dans ma patrie. Je ne prêchais pas dans les églises. Elles sont trop petites, chez nous "en sorte que j'allais parler dans les théâtres et les salles publiques. Nos grands théâtres peuvent contenir de trois à quatre mille personnes, et j'ai prêché exactement le même sermon soir après soir, mon sermon de trois heures, et soir après soir les théâtres se sont trouvés bondés, et partout Dieu a béni la prédication de la croix de Christ.

Puis-je vous en donner un exemple ? Je ne me vanterai pas, mais il faut que je vous expose le fait que Dieu a béni la prédication de Christ uniquement, sans l'aide de la science, ni de la philosophie, ni d'oeuvres sociales, ni de la révolution. Il y a cinq ans, je faisais une campagne de six soirs dans la capitale de notre province. Les réunions avaient lieu dans le local de l'Union chrétienne de jeunes gens, qui compte 1800 places. Soir après soir, je prêchai exactement le même sermon, mon sermon de trois heures, et j'en avisais mon public à la fin de chaque réunion : « Demain soir », disais-je, « je répéterai exactement la même prédication. Vous m'avez entendu une fois, cela peut vous suffire. Mais il y a dans cette ville beaucoup de gens qui n'ont jamais entendu l'Évangile de Jésus-Christ, peut-être parmi vos voisins ou vos amis. Pourquoi ne pas les envoyer ici demain soir ? » Je renouvelais ainsi mon auditoire sans renouveler ma prédication...

Au cours de cette série de six réunions, il y eut 3 000 conversions, toutes nouvelles. Je distribuais des cartes de décision portant ces mots :

Je crois en un seul Dieu vivant et vrai.
Je me repens de mes péchés.
J'accepte Jésus-Christ pour mon Sauveur,
Et je veux le suivre jusqu'à la mort.

Et l'on inscrivait son nom, son adresse et son âge. Je distribuai donc ces cartes de décision en invitant les gens à les remplir, et il m'en revint 3061. Pourquoi ? Parce que je n'avais prêché que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. L'année passée, au moment de quitter ma patrie pour aller en Australie et en Nouvelle-Zélande, nous avons formé une branche japonaise de la Ligue biblique, et l'on me nomma président, pour la forme seulement. Le vrai président a le titre de vice-président : c'est l'évêque Nakadi, qui a la direction de 130 Églises, et qui est le plus éminent prédicateur évangélique de ma patrie. Cette Ligue biblique est naturellement formée de Japonais ; mais nous en ouvrîmes les rangs à tous les missionnaires qui voudraient se joindre à nous. Nous nous efforçons de renforcer l'élément évangélique, ceux qui admettent toute la Bible et qui essayent de faire oeuvre - « agressive » pour le Seigneur. Nous ne nous bornons pas à combattre le modernisme et la haute critique. Voici comment nous voyons la situation. Sur 60 000 000 d'habitants, il n'y a au Japon que 200 000 protestants et 59 800 000 païens. Ne nous inquiétons pas des 200 000, et évangélisons les autres.

L'évangélisation du Japon est entre les mains de ces prédicateurs évangéliques. Les modernistes et les partisans de la haute critique ne peuvent pas évangéliser le Japon. Allons à ceux qui ont besoin de l'Évangile, et évangélisons tout le Japon au moyen de cette Ligue. Voilà notre grand objectif. C'est bien là que se trouve la puissance de l'évangélisation.

Vous voyez donc qu'après mes vingt années d'égarement j'ai été ramené à mon Sauveur divin, non par la sagesse humaine, ni par un pouvoir charnel, mais par la grâce de Dieu.
« Ni par la puissance, ni par la force, mais par mon Esprit, dit l'Éternel. » (Zach. 4 : 6.)


Table des matières

Page précédente:

1. Madame Kanamori ne partagea jamais les doutes de son mari, mais resta fidèle à l'évangile intégral. Elle instruisit ses enfants dans la foi aux Saintes Écritures tout entières et leur enseigna que le pardon des péchés ne s'obtient que grâce à la mort de Jésus-Christ le Fils de Dieu et les conduisit à croire à la résurrection des morts parce que le Seigneur Jésus-Christ est Lui-même ressuscité. Dieu se servit de la foi de ses enfants pour exaucer les prières de Madame Kanamori.

 

- haut de page -