Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE VRAI BONHEUR



MARIE BUCHANAN (1801).

Marie Buchanan alla dans l'Inde avec une proche parente, à l'âge de dix-huit ans. C'est là qu'elle se maria et qu'elle devint mère. D'un caractère naturellement doux et docile, aimant la vie retirée, elle se tint éloignée par goût des habitudes de dissipation communes aux habitants des Indes orientales. Cependant elle ne paraît pas avoir eu des idées claires sur l'Évangile avant d'avoir connu son mari ; aussi regardait-elle son mariage comme une grande bénédiction. Voici ce qu'elle écrivait à une amie : « Vous avez raison de me féliciter ; la plus heureuse circonstance de ma vie, c'est d'être venue dans l'Inde, où j'ai été unie à un homme dont les efforts ont été bénis de Dieu pour me conduire à la connaissance du salut. C'est pour moi un nouvel Évangile ; il me semble vivre dans un monde nouveau, qui diffère beaucoup plus de l'ancien monde que l'Inde ne diffère de l'Angleterre. »

Quel témoignage frappant du changement qui s'opère dans les vues et dans les sentiments d'une personne, quand elle est amenée à la vérité telle qu'elle est en Jésus, même lorsque cette personne a vécu d'une manière irréprochable et a déjà une connaissance générale du christianisme. C'est bien là une nouvelle création !

En 1804, des symptômes alarmants de consomption se montrèrent chez Mme Buchanan ; elle s'embarqua alors pour l'Angleterre, comptant peu toutefois sur le résultat de ce voyage. Il est plus aisé de concevoir que de décrire les sentiments qui remplissaient son âme dans ce moment solennel. Elle quittait, probablement pour ne plus le revoir dans ce monde, celui qui avait été pour elle, non-seulement un époux affectionné, mais encore l'instrument dont Dieu s'était servi pour lui faire connaître son glorieux Évangile. Elle avait devant elle le vaste océan qui sépare l'Inde de l'Angleterre et sans doute l'océan plus vaste encore de l'éternité. Oui, le moment était solennel, mais la religion réjouissait son âme.

La mort vint réaliser les pressentiments qu'elle avait éprouvés à son départ ; pendant la traversée, elle rendit le dernier soupir. Les passages suivants tirés des lettres de son mari affligé disent quelque chose de sa fin. « Je fus atteint d'une fièvre qui dura deux mois, et pendant un jour ou deux, je crus ne pouvoir plus me relever ; mais les prières des justes furent adressées à Dieu pour moi, et mes jours furent prolongés. Ce fut avec une espèce de répugnance que je me sentis ramené vers les orages de la vie, lorsque j'avais cru le combat terminé. Quoique ma vie eût été bien inutile et mes efforts bien faibles, je craignais plus de vivre encore au milieu des épreuves que de partir pour mon repos, si c'était la volonté de Dieu. Quelques jours après, je reçus la nouvelle de la mort de ma chère Marie.

» Vous vous réjouirez d'apprendre qu'en se préparant à quitter l'Inde, elle se regardait comme allant dans un meilleur pays que l'Angleterre. Avant son départ, je m'aperçus que ses affections étaient presque détachées de ce monde ; elle disait souvent : « Je crois que Dieu me prépare à paraître devant lui dans la gloire. » Elle jouissait d'une grande communion avec Dieu dans la prière, et souvent quand elle sortait de son cabinet, son visage rayonnait de paix et de bonheur ; aussi aimait-elle beaucoup à se retirer dans la solitude pour se livrer à la méditation. Elle avait souvent sur les lèvres des versets de cantiques à l'honneur de son Rédempteur. Dans les derniers temps surtout, elle était mécontente d'elle-même toutes les fois qu'elle formait des projets de bonheur terrestre, et elle s'efforçait d'en détourner ses pensées.

» Ses souffrances étaient grandes, mais elle reconnaissait que ses consolations étaient plus grandes encore, admirant la bonté du Seigneur qui l'avait éclairée si jeune de sa merveilleuse lumière ; elle remarquait que le temps de ses souffrances avait été bien court (il n'a duré, disait-elle, que trois ou quatre ans), et elle rendait grâces à Dieu de ce que, dans sa bonté, il l'appelait sitôt dans ses tabernacles éternels. Elle s'attristait de ce que la souffrance ne pouvait la rendre parfaite : aussi pensait-elle au terme de ses épreuves avec beaucoup de paix et même avec joie.

» Quand elle sentit approcher son heure dernière, elle consacra solennellement à Dieu ses deux petites filles. Elle le supplia d'être leur père, de les élever dans sa crainte et de les préserver des vanités de ce monde. Elle dit qu'elle donnerait volontiers sa vie pour leurs âmes, et le Seigneur lui donna l'espérance qu'elle les retrouverait dans la gloire.
» Elle est morte à l'âge de vingt-cinq ans.
Dans votre dernière lettre, vous lui rappeliez cette promesse : Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie (Apoc., Il, 10). Ces paroles étaient prophétiques pour elle ; car vous les écriviez le 18 mars, et le 18 juin, trois mois après, elle a reçu sa couronne. »

Sainte religion ! que tu parais aimable, quand des personnes jeunes changent ainsi avec joie le temps pour l'éternité, et regardent la mort elle-même, non comme un adversaire, mais comme un ami ! Que l'Évangile est précieux ! À côté des plus petites bénédictions qui découlent de la croix de Christ, les honneurs et les trésors des empires sont plus légers que la vanité, et les biens de ce monde ne sont que la pauvreté même.



HEUREUSE PAUVRETÉ

Celui dont nous allons parler fut, quant à ce monde, un enfant de douleur et de pauvreté ; mais il reçut de Dieu des consolations ineffables. Le récit suivant peut-on donner une légère idée :
« Il y a plus d'un an que je visitai, pour la première fois, un homme plongé dans l'indigence et dans une profonde affliction. En entrant dans la chaumière, je le trouvai seul, parce que sa femme était sortie pour aller chercher du lait. Je fus effrayé à sa vue : figurez-vous un homme pâle et maigre, vivante image de la mort, qui était maintenu droit sur sa chaise par un grossier assemblage de cordes et de ceintures attachées au plafond. Il était tout-à-fait incapable de remuer les mains et les pieds, étant depuis plus de quatre ans privé de l'usage de ses membres, et, de plus, il souffrait d'extrêmes douleurs dans ses jointures toutes enflées. Quand je fus un peu remis de la surprise que m'avait causée la vue de tant de maux, je lui demandai : « Restez-vous seul, mon ami, dans un état si déplorable ? - Non, monsieur, je ne suis pas seul, car Dieu est avec moi, » répondit-il avec le son de voix faible et touchant d'une douce résignation (il ne remuait en parlant que les lèvres et les yeux ).

Je découvris bientôt, en m'approchant de lui d'où lui venait cette confiance, car je vis sur ses genoux une Bible ouverte aux Psaumes de David. Je m'assis près de lui, et j'engageai la conversation. Ayant reconnu qu'il n'avait que bien peu de ressources assurées, Je lui demandai comment il pouvait fournir à ses besoins : « Il est vrai, monsieur, me répondit-il, que sept shillings par semaine ne pourraient jamais nous suffire ; mais quand ils sont achevés, je me repose sur la promesse contenue dans ce livre - Son pain lui sera donné, et ses eaux ne lui manqueront point (Esaïe, XXXIII, 16) ; et comme Dieu est fidèle, je n'ai pas encore été trompé, et je ne le serai jamais, car il sera fidèle à toujours. »

Je lui demandai s'il n'était pas tenté de se plaindre, sous le poids de sa longue et douloureuse affliction. « Non, depuis trois ans, Dieu soit béni ! dit-il, et ses yeux rayonnaient de foi et d'amour, car j'ai appris dans ce saint livre en qui je devais croire, et malgré ma faiblesse et mon indignité, je suis sûr qu'il ne me laissera pas, qu'il ne m'abandonnera pas. Quand je ne puis louer Dieu à haute voix, il me rend capable de chanter ses louanges dans mon coeur. »

» J'entendis ces paroles et beaucoup d'autres semblables dans ma première visite. Depuis, je le trouvai ordinairement avec sa Bible sur ses genoux, toujours humble et résigné, toujours calme et, serein ; car le Seigneur répandait sa bénédiction sur la lecture constante qu'il faisait de sa sainte Parole.

» Il mourut réjoui par l'espérance de l'immortalité, et maintenant il est entré dans son repos. Je consentirais volontiers à demeurer dans cette pauvre et obscure chaumière, et à souffrir sur la même chaise les mêmes douleurs, pourvu que je pusse jouir de la même, communion avec Dieu, être rempli des mêmes consolations, et contempler toujours comme lui, avec un sentiment également vif, la même couronne immortelle. »



RICHARD CECIL (1810).

femme d'une piété réelle, était d'une famille attachée aux principes non conformistes, famille qui, depuis plusieurs générations, avait eu dans son sein des membres pleins de piété. Elle s'efforça d'inspirer à son fils des sentiments religieux, et elle eut la joie de le voir occupé à la recherche du salut. Mais, plus tard, il secoua l'influence de cette pieuse éducation et devint presque incrédule. Pourtant, les paroles de sa mère, qu'il affectait de mépriser, ne furent pas perdues ; elles restèrent fixées dans son coeur, au point de lui arracher quelquefois des larmes, même au milieu de la rue (1). Un soir, ne pouvant s'endormir, il se mit à penser à sa mère Je remarque en elle, se disait-il, deux faits incontestables : premièrement, elle souffre des maux dans son corps et des afflictions dans son âme, et je vois qu'elle supporte tout cela avec le courage qu'elle puise dans la prière et dans la lecture de la Bible. Secondement, elle doit avoir une source secrète de consolation que je ne connais pas ; tandis que moi, je ne puis parvenir au bonheur, en me livrant sans retenue à mes passions, et en cherchant des jouissances par toutes sortes de moyens. S'il y a dans la religion un secret si précieux, pourquoi n'en profiterais-je pas aussi bien que ma mère ? Je veux le chercher sans retard auprès de Dieu. » Il se leva et se mit à prier ; mais il fut bientôt effrayé en pensant combien il avait tourné le Sauveur en ridicule. Il persévéra néanmoins à chercher le chemin de la vie, et il finit par le trouver.

Nous avons lieu de croire que l'éducation pieuse, dont M. Cecil décrit si bien les effets, fut le principal instrument dont Dieu se servit pour produire un changement aussi important dans son coeur et dans sa vie. La semence sembla quelque temps perdue ; mais elle finit par germer et par produire des fruits avec abondance. Son père, le voyant se tourner vers la piété, le menaça de le rejeter s'il se joignait aux dissidents ; mais il lui offrit de fournir à ses besoins, s'il voulait devenir ministre de l'église anglicane. Après quelque réflexions, Richard y consentit.

À vingt-huit ans, il devint ministre de l'Évangile. Il travailla dans plusieurs lieux, mais surtout à Londres, où il prêcha pendant plusieurs années la Parole de vie : « La foi, disait-il, est le principal mobile d'un ministre. L'enfer est devant lui, et des milliers d'âmes y souffrent des tourments sans fin. Jésus-Christ est là pour empêcher les hommes de se précipiter dans cet abîme. Il m'envoie proclamer sa puissance et son amour. Qu'ai-je besoin d'une autre idée ? Elle serait tout-à-fait hors de saison. »

À la fin de l'année 1798, il fut attaqué d'une cruelle maladie. Pendant ce temps, il ne trouvait de consolation qu'en Jésus-Christ. Il disait - « Si Dieu me rend la santé, je suis décidé à ne plus étudier que la Bible ; c'est là que se trouve toute vérité importante, et je sens que sur un lit de maladie la consolation ne peut venir que de là. Je me suis trop occupé à me préparer à vivre, et j'ai trop peu pensé à vivre réellement. J'ai trop lu par curiosité et pour les jouissances de l'esprit ; mon activité était littéraire au lieu d'être chrétienne ; nous nous occupons trop de choses frivoles, faisons quelque chose pour Dieu. Le serviteur de Dieu doit être à la fois un homme d'activité et de sentiment ; j'ai la conviction intime, et je voudrais l'inspirer aux autres, que Jésus-Christ est pour nous tout en tous. »

Une fois il disait à un ami - « Cette nuit a été très-pénible pour moi ; cependant elle m'était dispensée par le Seigneur, et certainement tout ce qu'il me donne est pour mon bien ; si j'avais exposé ma vie pour vous, je m'intéresserais sans aucun doute au repos de vos nuits. »

Une autre fois il disait - « Je jouis d'une grande paix : je n'éprouve aucune agitation dans mon âme ni le jour ni la nuit, et tout cela est fondé sur l'Évangile de Christ. Sans cet Évangile il n'y aurait aucun repos pour moi ; car sans lui tout est profondément obscur comme la doctrine d'un socinien ou d'un moraliste : il n'y a de lumière qu'en Jésus-Christ. »

« Ne semble-t-il pas étonnant, disait-il un jour à sa femme, que Dieu qui m'aime beaucoup plus que tu ne peux m'aimer, ne me soulage pas cependant ? Mais comme membre de Christ, il faut que je participe à ses souffrances. Il a plu à Dieu de le navrer pour le bien de l'homme, et il afflige l'homme pour son propre bien. Maintenant, je suis souvent reconnaissant pour un repos de cinq minutes, et je suis étonné de ce que je ne l'étais pas beaucoup plus pour un repos de cinquante années. »

Quelqu'un le questionnant sur son état, il lui répondit : « Tout cela vient de Christ ; je ne perds pas la mort de vue. S'il ne plaît pas au Seigneur que je me relève d'ici, il me préparé assurément quelque chose de meilleur. Je sais en qui j'ai cru ; tout me parait vanité, excepté la religion. Je suis disposé à prêcher de ce lit aux prédicateurs eux-mêmes. Je me demande quel est mon appui. Que me restera-t-il, quand tous les biens terrestres m'auront été enlevés ? Les promesses de la Bible, voilà la vérité. Rien ne peut remplacer la Bible. »

Prévoyant les épreuves qui l'attendaient, ce fidèle chrétien écrivait à l'un de ses amis quelques réflexions sur les voies de Dieu. Il ajoutait : « Que peut-il m'ôter qu'il ne puisse me rendre ? Souffrances, privations, solitude, qu'êtes-vous ? Vous êtes le sentier qui conduit à la céleste patrie ; ce sentier, le Seigneur le connaît, il a promis d'y être avec moi : n'est-ce pas plus que suffisant. Il peut faire de ce chemin de douleurs et de mort, un chemin de vie, de consolations et de joies ? Il l'a déjà fait mille fois ; ne l'ai-je pas éprouve moi-même ? Quel est l'enfant que son père ne châtie pas ? »

Quand il fut plus près de la mort, il ne parlait que de Jésus. Ses vues sur l'oeuvre et la gloire de Christ, sur l'importance inexprimable d'une union spirituelle avec lui, devinrent encore plus distinctes. Il parlait de son Sauveur avec le sentiment et le sérieux d'un chrétien mourant.

Il répéta plusieurs fois ces paroles du martyr Lambert : Rien que Christ, rien que Christ ! et très-peu de temps avant sa mort, il pria une personne de sa famille d'écrire pour lui dans un livre les paroles suivantes - « Lambert mourant sur un échafaud a dit : Rien que Christ ! rien que Christ ! Richard Cecil, près de mourir, dit la même chose de tout son coeur. » Il ajouta son nom à cette déclaration, en l'écrivant d'une manière presque illisible à cause de sa faiblesse.

Son affection pour sa famille et son espérance d'un bonheur à venir sont bien exprimées dans les ligues suivantes qu'il écrivit dans un livre de remarques :
« Dieu tout bon ! combien l'âme s'attache à la famille que tu lui as donnée ! Je laisse ces chers objets de mon affection dans la faiblesse, dans le péché, et dans le monde ; mais que ton nom soit béni ! Tu as ôté à la mort son aiguillon, tu as ouvert le ciel à tous les croyants. C'est là que je trouverai bientôt tout ce que désire mon âme. Ma femme, si elle t'appartient, sera unie à toi ainsi que moi par un amour inséparable ; mes enfants, s'ils t'appartiennent, je les retrouverai sans avoir a éprouver pour eux des mécomptes et des chagrins. Nos vues, nos joies, nos louanges, nos occupations seront les mêmes pendant toute l'éternité ; le pêché, la douleur, les plaintes seront à toujours bannis du lieu que nous habiterons »

Dans ses derniers moments, il dicta une lettre pour son fils qui se trouvait alors dans les Indes orientales. En voici quelques lignes : « Tout ce que je puis faire maintenant que je suis près de la mort, c'est de vous envoyer ma bénédiction et de prier Dieu pour vous. Je désire que Christ soit votre tout pour le temps et pour l'éternité. Une attaque de paralysie m'a réduit à un triste état ; mais Christ peut nous suffire à vous et a moi, à présent comme toujours. Un volume entier ne pourrait exprimer davantage ni même autant que ces paroles. Oh ! priez nuit et jour, afin d'avoir part à son alliance de grâce ; c'est tout ce que je puis dire ; cette part est plus à désirer que la possession des Indes. »

C'est ainsi que, les yeux fixés sur le Seigneur Jésus-Christ, il vécut et il mourut.
Madame Cecil faisait remarquer après sa mort qu'on pouvait dire de lui, ce qu'il écrivait à un ami, après le service funèbre d'une personne pieuse de sa congrégation « Lorsqu'elle eut été placée dans son tombeau ceux qui l'avaient accompagnée se retirèrent. Je restai seul les yeux fixés sur ce monument. Les autres avaient dit : « Que cela est triste ! » mais moi, qui verse encore des larmes en vous écrivant, je m'écriai : « Que cela est bien ! »


Table des matières


(1) M. Cecil, faisant allusion au temps qui précéda sa conversion, a écrit quelques remarques tirées de sa propre expérience. Ces remarques montrent si bien l'effet d'une éducation pieuse, qu'elles méritent la plus sérieuse attention de la part de tous les parents chrétiens :
« L'esprit qui règne dans votre maison aura une grande influence sur vos enfants. S'il est ce qu'il doit être, il produira sur leurs esprits une conviction qui restera attachée à eux, même dans les plus grands égarements. J'en ai fait l'expérience ; je disais : « Mon père est bon, et moi je suis mauvais ! Oh ! que je meure de la mort des justes, et que ma fin soit semblable à la leur ! » Les conversations particulières sont à cet égard d'une importance inappréciables. Mais les paroles adressées au coeur touchent plus que celles qui frappent l'esprit. Dans mon enfance, quand je me montrais méchant, une hymne du docteur Watts suffisait pour me faire pleurer. Les biographies chrétiennes m'arrachaient souvent des larmes ; je sentais alors l'influence de la foi sur les chrétiens souffrants.

» Il est impossible de dire combien il est important de fixer des principes dans le coeur des enfants, surtout quand ces principes sont tirés directement de la Bible. - Un homme peut bien rarement s'en défaire : il les retrouve partout sur sa route, et, quoi qu'il fasse pour les repousser, ils demeurent là, dans sa conscience.

» Quand l'influence des parents ne convertit pas, elle retient le pécheur et l'empêche de se livrer au mal avec autant de sécurité. J'avais une mère pieuse qui cherchait à m'arrêter dans ma voie ; je ne pouvais m'endurcir contre elle. J'étais un incrédule déclaré, mais j'aimais mieux l'être en compagnie que seul. J'étais malheureux quand je pensais à moi. Mes principes et mes maximes m'enlevaient toute ma gaîté ; je ne pouvais la ranimer que dans la société de mes amis ; alors, comme des charbons, nous nous réchauffions mutuellement. D'ailleurs j'étais pour eux un personnage d'une certaine importance ; j'en avais séduit plusieurs, et j'avais un caractère à soutenir vis-à-vis d'eux ; mais je ne pouvais entièrement me dépouiller des bons principes que mes parents m'avaient inculqués. Ainsi j'allai un jour, avec un de mes amis, voir jouer une comédie dans laquelle la piété était tournée en ridicule : tandis que mon compagnon riait de bon coeur à tous les traits satiriques que nous entendions, ma conscience me reprochais au-dedans de moi, d'y prendre part ; car je savais bien que la vraie piété était bien différente de ce que représentaient les acteurs ; j'étais effrayé et honteux d'en rire. Ainsi, l'influence des parents s'attache à un homme, le fatigue et le rejette sans cesse dans la voie du bien.

» Un jour ma mère voulait me parler et se mit à pleurer. Je m'enfuis de la maison en jurant ; mais je pleurai quand je fus dans la rue. C'est sur le coeur qu'une mère a le plus d'empire.

» Il est d'une importance inappréciable d'avoir prise sur la conscience. Les enfants ont une conscience, et cette conscience n'est pas desséchée quoiqu'elle soit mauvaise. Mettez l'éternité devant leurs yeux, pensez et agissez vous-même sous cette influence, et vous obtiendrez sur eux un tel pouvoir, que peu d'entre eux pourront s'en affranchir, quand ils seront seuls ou dans des moments critiques de leur vie, quelle que soit d'ailleurs leur incrédulité. Ils se souviendront de l'ÉTERNITÉ qui se tient sur leur route, - qui les aiguillonne, - qui retentit à leurs oreilles. Enfin, s'ils ne peuvent se décider à retourner à Dieu sans délais, ils seront obligés de composer avec leur conscience : « Il FAUT que je finisse par devenir pieux, se diront-ils ; cela est clair, je ne puis faire autrement. Oui, je commencerai à telle époque. Je finirai ceci, et puis... »

» Il semble quelquefois, qu'un père pieux a travaillé en vain, mais il a jeté son pain sur la surface des eaux, et peut-être vingt ans après sa mort, son fils se souviendra de ses paroles. »

 

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