Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE VRAI BONHEUR



ÉLISA CUNNINGHAM (1785).

La piété ne paraît jamais plus aimable que chez les plus jeunes disciples du Sauveur. C'est, chez eux surtout que l'oeuvre de Dieu est merveilleuse ; c'est surtout dans ces faibles plantes, moissonnées à la fleur de l'âge, que se manifestent admirablement la fidélité de Dieu et le triomphe de ses bien-aimés. La mort est, de sa nature, un terrible ennemi mais celui qui a vaincu la mort, l'a dépouillée de toutes ses terreurs pour un grand nombre de ses fidèles disciples, afin de la faire apparaître comme une messagère de paix. Et ces grandes choses n'ont pas été accordées seulement au pèlerin qui pliait sous le poids de quatre-vingts années, mais encore à ceux qui commençaient à peine le voyage de la vie.

Nous avons beaucoup d'exemples de chrétiens qui ont dit adieu avec joie aux choses de la terre, quoiqu'ils fussent encore jeunes. Au milieu d'un monde de séductions, à l'âge où le coeur est le plus accessible à ses brillants attraits, ils n'ont rien trouvé ici-bas qui pût leur faire désirer d'y rester. Ils avaient fini leur oeuvre pour l'éternité, avant que d'autres eussent commencé la leur pour la terre. Pour eux, ces années qui sont d'ordinaire une époque de légèreté et de dissipation, avaient été le temps favorable, le jour de la grâce et du salut, A peine entrés dans cette vallée de larmes, ils l'ont quittée, et à l'âge de seize, dix-huit, vingt ans, ils étaient mûrs pour le ciel.

Elisa Cunningham naquit le 6 février 1771. Dès qu'elle eut accompli sa douzième année, elle fat confiée aux soins de son oncle, M. John Newton, le vénérable pasteur de l'église de Saint-Mary-Woolnoth, à Londres.

M. Newton nous a laissé les détails suivants sur la mort de sa nièce - « Les excellents parents d'Elisa s'étaient efforcés, dès son enfance, de l'amener au Seigneur et de nourrir son âme des principes de la piété. Ils furent tellement bénis dans leurs efforts, que leur enfant devint un modèle de soumission, d'obligeance et de douceur. Cependant quand elle vint chez nous, je ne pus découvrir en elle aucun sentiment réel des choses de Dieu. Si je voulais lui parler des intérêts de son âme, elle ne me répondait que par des pleurs ; mais j'eus bientôt l'espérance que le Seigneur avait éclairé son esprit et attiré son coeur par des cordages d'amour. Son attention pendant le culte divin était exemplaire ; elle s'appliquait avec soin à observer la loi de Dieu ; elle y mettait tout son bonheur ; aussi toute sa conduite devint-elle conforme à l'Évangile de Christ, de sorte que mon espoir fut pleinement confirmé.

» Ou ne pouvait que rarement décider Elisa à parler d'elle-même ; cependant, lors de la maladie que le Seigneur lui envoya pour terminer son séjour ici-bas, nous désirions vivement apprendre de sa bouche quelles étaient ses convictions et quelle était son attente au-delà du tombeau. Le samedi 1er octobre 1787, sa tante profita d'une occasion favorable pour lui annoncer que l'heure de son délogement était probablement peu éloignée. Dans ce moment, elle paraissait beaucoup mieux, ses souffrances avaient presque cessé, et elle avait recouvré sa liberté d'esprit habituelle - « Chère amie, commença Mme N..., n'étiez-vous pas bien mal la nuit dernière ? - Oui, j'étais bien mal. - Si cela n'avait pas cessé, je crois que vous n'auriez pas vécu longtemps ! - Je le crois aussi. - J'ai été, dans une grande inquiétude pour votre vie. - Mais je pense, ma chère tante, que vous n'éprouverez plus la même inquiétude. » Et continuant, elle ouvrit son coeur par un aveu plein de liberté, dont voici la substance :

« J'ai bien changé depuis quelque temps, je vois tout sous un jour nouveau ; j'ai senti la vanité, de l'enfance et de la jeunesse. » Sa tante lui dit : « Je crois que vous avez depuis longtemps l'habitude de prier en secret. - Oui, j'ai longtemps et sérieusement cherché le Seigneur, depuis que j'ai pressenti le changement solennel qui va s'opérer en moi. Je n'ai pas encore, il est vrai, cette assistance parfaite qui est si désirable ; mais j'ai dans mon âme un espoir, un espoir fondé ; c'est que le Seigneur me donnera, avant de me retirer de la terre, tout ce qu'il. sait m'être nécessaire. Je lui ai demandé de me préparer pour aller vers lui, et alors, que ce soit tôt ou tard, peu importe. »

» Ce mieux apparent fut de courte durée ; le soir du même jour elle se plaignit d'un mal de gorge qui empira avec une telle rapidité, qu'avant le dimanche à midi il menaça de dégénérer en une suffocation complète. Le docteur Benamor, étant venu la voir, lui dit : « Vous n'êtes pas aussi bien que samedi. - Bientôt tout ira bien, » répondit l'intéressante malade. Le docteur lui répliqua que, soit qu'elle vécût soit qu'elle mourût, tout irait bien et pour la gloire de Dieu.

» Le lundi 3 octobre, elle éprouva de grandes douleurs et des moments d'une angoisse extrême ; il lui était impossible de rester à la même place pendant quelques minutes, mais son âme était calme et portée au recueillement. Vers onze heures, une grande quantité de mucus coagulé qu'elle n'eut pas la force d'expectorer la fit râler avec violence, ce que nous regardâmes comme le symptôme d'une mort prochaine. Comme elle semblait ne vouloir rien prendre, nous eûmes le regret de la troubler, en la pressant dans ce moment solennel. Elle avait toute sa raison, mais ne pouvant parler, elle exprimait par des gestes très-énergiques son refus de prendre quelque chose ; toutefois elle finit par céder à nos supplications, et une ou deux cuillerées d'un liquide rendirent le passage libre et la ranimèrent bientôt. Cela lui fit une peine extrême, et je ne l'ai jamais vue si près d'être impatiente que dans cette occasion : « Oh ! il est cruel, s'écria-t-elle dès qu'elle put parler, de me rappeler quand j'étais si heureuse et si près de partir ! Je voudrais que vous ne fussiez pas venus, car il me tarde d'être dans ma patrie. » Mais au bout de quelques minutes, elle se calma et reconnut la vérité de ce que lui disait le docteur sur son devoir d'attendre patiemment le temps que Dieu avait fixé. Depuis ce moment, quoique son désir de déloger pour être avec Christ fût de plus en plus ardent, elle prit avec joie ce qu'on lui donna, et même plusieurs fois elle demanda quelque chose de son propre mouvement.

» Le docteur étant venu le mercredi, elle le supplia de lui dire, combien de temps elle pouvait vivre encore : « Me parlez-vous bien sérieusement, ma chère ? demanda celui-ci. - Certainement, » répondit-elle. La mort paraissait alors s'approcher à grands pas ; le docteur dit à Elisa qu'elle pouvait tenir jusqu'à huit heures du soir, mais qu'il ne pensait pas qu'elle pût jusqu'à minuit. À ces mots, les yeux abattus de la malade reprirent de leur ancienne vivacité, et se fixèrent sur le docteur avec une expression de contentement ineffable : « Oh ! quelle bonne nouvelle ! » lui dit-elle avec transport. Une personne étant entrée dans sa chambre bientôt après, Elisa lui dit avec émotion : « Le docteur dit que dans quelques heures je ne serai plus ici. » Dans l'après-midi, elle compta les heures chaque fois que l'horloge sonnait, et quand il fut sept heures, elle s'écria : « Encore une heure, et alors.... » Mais il plut au Seigneur de nous la conserver un autre jour.

» Le jeudi matin, je fus surpris de la trouver, non-seulement en vie, mais encore mieux à quelques égards. Ce jour, qui fut celui de sa mort, fut bien mémorable pour nous. M. Benamor lui demanda comment elle se trouvait - « Vraiment heureuse, répondit-elle, et si c'est là mourir, c'est une chose agréable que la mort. » Vers dix heures, elle me dit : « Mon cher oncle, je ne voudrais pas changer mon sort contre celui de qui que ce soit au monde. Combien sont grandes les gratuités du Seigneur envers moi ! combien est glorieux le changement qui m'attend ! » Plusieurs fois on lui demanda si elle ne désirait pas de vivre, pourvu que le Seigneur lui rendît une parfaite santé ; elle répondit : « Pas pour tout au monde, pas pour mille mondes. Ne pleurez pas sur moi, ma chère tante, réjouissez-vous plutôt, et priez Dieu pour votre nièce. J'aurai maintenant l'avantage de ma chère Patty Barham, car j'irai avant elle (c'était une de ses amies qui avait été longtemps dans un état maladif). » Nous lui demandâmes quel texte elle voulait choisir pour le sermon qui serait prononcé à l'occasion de ses funérailles. Elle répondit aussitôt : « Le Seigneur châtie celui qu'il aime (Héb. XII, 6). C'est là mon expérience : mes afflictions ont été nombreuses, mais le Seigneur les a fait tourner en bien ; je le loue pour toutes ces choses. » Elle s'arrêta un moment, et dit : « Attendez, je pense qu'il vaut mieux cet autre texte : Heureux sont les morts qui meurent au Seigneur (Apoc., XIV, 13). C'est là mon expérience maintenant. »

» Elle s'entretenait beaucoup avec une amie intime qui était tous les jours avec elle : « Voyez, lui disait-elle, combien le Seigneur peut rendre agréable un lit de mort. Pensez-vous avoir une telle assurance dans un pareil moment ? - Je l'espère, répondit son amie. - Mais priez-vous le Seigneur à ce sujet, sérieusement et de tout votre coeur ? Si vous le cherchez, vous le trouverez certainement. » Elle se mit alors à prier avec ferveur pour son amie et pour d'autres personnes, de sa famille.

» Vers sept heures, je me promenais dans le jardin, en priant pour elle, quand une servante vint me dire - Elle est partie ! O Seigneur ! que ta puissance est étendue, que ta bonté est immense ! Quelques jours auparavant, j'aurais fait tout ce qui eût été possible et permis pour la conserver ; et, cependant mon coeur a été rarement ému d'une aussi grande joie que lorsque j'entendis ces paroles : Elle est partie ! Je courus dans sa chambre, et toute notre petite famille fut bientôt réunie autour de son lit. Elle était partie si doucement, que sa tante, qui avait les yeux fixés sur elle, ne s'en aperçut pas tout de suite. Elle était couchée sur le côté gauche, la joue doucement appuyée sur sa main, dans l'attitude d'un véritable sommeil. Je crus voir un sourire sur son visage. Certainement la mort ne parut jamais sous une forme plus belle et plus attrayante. Nous tombâmes à genoux, et je rendis les actions de grâces les plus sincères (je crois pouvoir le dire) à notre Dieu et Sauveur, pour toute la bonté dont il avait usé envers elle à l'heure du départ. Oui, je suis content, je suis réjoui, et si une des larmes involontaires que j'ai versées sur elle avait pu la rappeler à la vie, à la santé et à tout ce qui contribue au bonheur dans ce monde, j'aurais fait tous mes efforts pour la retenir. Maintenant mes plus ardents désirs pour elle sont accomplis. Les jours de son deuil sont finis ; elle a abordé à ces rivages paisibles où les orages du mal n'ont aucun accès ; elle est pour toujours à l'abri du péché, de la tentation et des chutes ; elle est maintenant devant le trône de Celui qu'elle a aimé sans l'avoir vu ; elle s'abreuve aux sources d'eaux vives qui découlent de lui, et elle n'aura jamais soif. Le Seigneur en soit loué et glorifié ! »

Elisa Cunningham remit son esprit entre les mains de son Rédempteur, le 6 octobre 1785, à l'âge de quatorze ans et huit mois.



ELISA M...

 

C'est une gloire particulière au christianisme de s'approprier à toutes les positions : il remplit la chaumière du plus humble villageois de joie et de félicité, et le maître d'un palais ne peut sans lui goûter un bonheur réel. Il enseigne à l'enfant à bégayer la louange de son bien-aimé Rédempteur, et il soutient dans la vieillesse la tête blanchie par les soucis et par les années. Il rend sage le plus ignorant, et, comparée avec la connaissance qu'on trouve en lui seul, la sagesse du plus sage n'est que folie. Partout où il a pénétré, il a apporté un bonheur que le monde ne connaît point, excepté ceux qui l'ont reçu. Le riche et le pauvre, l'enfant et le vieillard, le savant et l'ignorant, ont trouvé en lui leur sagesse, leur consolation, leur joie et leur espérance. Il adoucit le sentier de la vie, il éclaire la sombre vallée de la mort, et revêt d'une gloire impérissable les joies de l'éternité. Le récit qui précède à montré la douce influence que la religion exerce sur l'esprit des plus jeunes personnes : nous allons en présenter un autre exemple également édifiant.

La jeune fille dont nous allons raconter les derniers moments était dans cette position sociale où l'on a tant d'occasions de se livrer aux joies du monde. Aussi était-il à craindre qu'elle ne se laissât trop captiver par la vie de frivolité et par les manières agréables de la société mondaine qui l'entourait. Mais le Seigneur l'arracha à ce danger. il se servit de la mort d'un de ses parents pour l'amener à reconnaître la vanité des choses terrestres. Cet événement fit sur son esprit une impression profonde, et excita en elle des réflexions qui eurent la plus salutaire influence. De plus elle commença à craindre, à cause de sa santé qui était très-délicate, de n'avoir pas longtemps à demeurer ici-bas. La mort lui apparut alors sous un aspect effrayant, parce qu'elle sentait qu'elle était pécheresse et qu'elle n'était pas réconciliée avec Dieu.

Pleinement convaincue qu'elle ne pouvait obtenir la vie éternelle, sans le pardon des péchés, la sanctification et un esprit convenablement disposé pour le ciel, elle se condamnait pour toutes les folies de son enfance et de sa jeunesse, et bien qu'elle ne fit connaître à personne ses inquiétudes intérieures, elle avait quelquefois de pénibles combats a soutenir. Elle ne chercha du soulagement qu'auprès de Dieu, répandant ses requêtes devant son trône pour obtenir cette miséricorde, ce pardon gratuit qui n'est jamais refusé à ceux qui le demandent sincèrement au nom de Jésus-Christ.

Celui qui a dit : J'aime ceux qui m'aiment, et ceux qui me cherchent soigneusement me trouveront (Prov., VIII, 17), se manifesta avec tant de bonté à son âme, qu'il la délivra de toutes ses craintes, et lui donna en même temps l'espérance et la paix. Elle put enfin dire : « Je suis faible, il est vrai, mais Christ est fort ; je suis pauvre, mais il est riche ; je suis malade, mais il est le médecin ; je suis pécheresse, mais il est le Sauveur des pécheurs. En lui j'ai trouvé tout ce qui peut satisfaire à mes besoins. »

Le sacrifice expiatoire de Christ guérit les blessures de sa conscience et rendit la paix à son mur angoissé.
Dès-lors, renonçant à toute confiance en la chair, elle regarda pour son salut tout entier à la croix du Rédempteur.

Lorsque sa maladie prit un caractère alarmant, elle pria M. Fawcett, un pasteur du voisinage, de la visiter aussi souvent que ses occupations le lui permettraient. Celui-ci ne tarda pas à reconnaître en elle une intelligence des choses spirituelles plus étendue qu'il ne l'avait espéré. Sa foi était ferme et éclairée, son espérance vive et profonde.

Lorsqu'un ministre est appelé auprès des malades, il se trouve souvent dans un grand embarras. Parler de la mort et de la préparation à ce grand événement, semble à beaucoup de personnes une chose dure et cruelle. Celui qui veut se conduire à cet égard avec franchise et fidélité ne doit pas s'attendre à être souvent appelé dans la maison des affligés ; mais ici la malade était dans une disposition bien différente. Elle savait que sa maladie était mortelle, et elle ne voulait pas entendre parler d'une guérison incertaine et même impossible. Elle quittait même avec joie les biens temporels qui devaient être son partage ; car depuis qu'elle avait trouvé Christ elle était non-seulement indifférente, mais encore morte à l'égard des choses de la terre.

Sa mère versait d'abondantes larmes sur leur prochaine et douloureuse séparation - « Maman, disait alors la jeune fille, ne pleurez pas sur moi ; je suis tout-à-fait heureuse, je ne désire pas de vivre. Si même mes souhaits pouvaient prolonger ma vie, j'aimerais mieux mourir et aller à mon Rédempteur. »

Quoiqu'elle fût bien chère à ses amis, ils ne pouvaient que souhaiter de voir le moment de sa délivrance. Ses souffrances étaient grandes et prolongées, mais elle les supportait avec une patience rare et un entier détachement des choses d'ici-bas. Son coeur et ses espérances étaient dans le ciel. La mort n'était plus pour elle un objet de crainte, mais de désir ; aussi considérait-elle même les plus petites choses en vue de sa fin. Elle parlait de mourir comme on parle de faire un voyage agréable « Quoi ! ma chère demoiselle, lui disait une de ses servantes, ne, redoutez-vous point les souffrances de la mort ? » Elle répondit qu'elle n'avait aucune crainte à cet égard, parce que son miséricordieux Sauveur était capable de la soutenir au milieu des tourments les plus terribles. En proie à des douleurs très-aiguës, elle disait souvent . « Je suis très-heureuse, je ne changerais ma position pour aucune autre. » Elle partagea en plusieurs portions une petite somme d'argent dont elle pouvait disposer, et les envoya aux personnes qu'elle savait en avoir le plus besoin et le mériter le mieux.

M. Fawcett a raconté de la manière suivante la dernière visite qu'il lui fit :
« Je la trouvai extrêmement malade, mais soutenue par la vive espérance de posséder la gloire éternelle. Je lui pris la main que je trouvai glacée. « Vos combats finiront bientôt, lui dis-je. - Je l'espère, » me répondit-elle avec une paisible assurance. Elle me demanda de prier avec elle et en particulier pour sa délivrance. Je m'efforçai de le faire, en remettant son âme entre les mains de son Rédempteur qu'elle aimait si sincèrement. Elle parut s'unir avec ferveur à cette requête. Je lui adressai encore quelques paroles pour raffermir sa foi dans le dernier combat, et je partis n'espérant plus la revoir ici-bas. Sa toux était inquiétante, ses souffrances très-grandes et sa faiblesse impossible à décrire. Après que je l'eus quittée, elle voulut changer de place, et sentant se détendre en elle les ressorts de la vie, elle dit à ses servantes : « C'est fini. » Elle conserva parfaitement sa connaissance et sa sérénité jusqu'à la fin, s'écriant souvent : Viens, Seigneur Jésus. À neuf heures et demie, elle rendit son âme à Celui qui l'avait depuis longtemps marquée de son sceau. À l'âge de quinze ans, elle entra dans le repos réservé au peuple de Dieu. »



DERNIER TÉMOIGNAGE D'UNE JEUNE FEMME.

Le récit suivant est tiré d'une lettre adressée par le vénérable J. Newton à un homme d'un rang distingué (1) :
« Permettez-moi, Milord, de vous raconter à cette occasion des choses qui m'ont vivement frappé, dans une conversation que j'ai eue avec une jeune femme que j'ai visitée dans sa dernière maladie. C'était une personne sage et prudente, qui avait beaucoup de bon sens, et qui avait lu sa Bible, mais qui n'avait guère lu autre chose. La connaissance qu'elle avait du monde était aussi presque entièrement bornée à sa paroisse ; car je ne pense pas que, dans toute sa vie, elle se fût éloignée de chez elle de plus de cinq ou six lieues. Il y avait environ sept ans qu'elle connaissait l'Évangile, lorsque le Seigneur la visita par une maladie de langueur qui finit par la transporter dans un monde meilleur.

» Quelques jours avant sa mort, j'avais prié à côté de son lit, et dans ma prière, j'avais remercié le Seigneur de ce qu'il lui avait donné de voir qu'elle n'avait pas suivi des fables « artificieusement composées, » Quand j'eus fini de prier, elle répéta ces mots : « Non, dit-elle, non, ce ne sont pas des fables artificieusement composées, ce sont vraiment des réalités ; j'en sens la vérité, je sens la consolation qui en découle. Oh ! dites à mes amis, dites à mes connaissances, dites aux âmes qui cherchent la paix, dites aux pauvres pécheurs, dites à toutes les filles de Jérusalem (faisant allusion au verset 16 du Ve chapitre du Cantique de Salomon, qu'elle venait de me prier de prendre pour texte le jour de ses funérailles) ; dites-leur ce que Jésus a fait pour mon âme. Dites-leur que maintenant, à l'heure du besoin, je trouve en lui mon bien-aimé et mon ami, et que c'est pour cela que je leur recommande de le chercher. »

» Elle me regarda fixement, et, autant que je puis m'en souvenir, elle continua en ces termes :
« Monsieur, le Seigneur vous a accordé une grande faveur en vous appelant à prêcher l'Évangile. Je vous ai souvent écouté avec plaisir ; mais, permettez-moi de vous le dire, je vois maintenant que tout ce que vous avez dit ou tout ce que vous pourrez dire n'est que bien peu de chose en comparaison de la réalité. Jusqu'à ce que vous vous trouviez dans la même situation que moi et que vous ayez la mort et l'éternité en face, il ne vous sera pas possible de concevoir toute la gravité et toute l'importance des vérités que vous annoncez. Oh ! monsieur, c'est une chose sérieuse que de mourir ; il n'est point de paroles qui puissent exprimer tout ce qui est nécessaire pour soutenir l'âme dans la solennité de l'heure de la mort. »

» Quand je la visitai de nouveau, elle me dit :
« Je sens que mon espérance repose sur le Rocher des siècles ; je sais en qui j'ai cru ; mais l'approche de la mort présente une perspective qui nous est cachée jusque-là, et qu'il est impossible de décrire. » Elle parla encore dans le même sens ; et dans ce qu'elle disait, il y avait une dignité, un poids et une évidence que les professeurs de théologie parlant du haut de la chaire ont rarement égalé.
Nous pouvons bien dire avec Élihu : Qui est-ce qui enseigne comme le Dieu fort (Job, XXXVI, 22) ? »


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(1) Cette lettre se trouve dans un recueil intitulé Cardiphonia, correspondance de Jean Newton. Paris, 1831, tome 1, page 96. (Note du Traducteur).

 

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