Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE VRAI BONHEUR



JANE RATCLIFFE.

Jane Ratcliffe naquit en 1638. La grandeur de sa foi et de sa piété la rend digne d'attirer notre attention.
Dans sa jeunesse, elle se livra aux folies et aux vanités de son âge ; mais, réveillée par le sentiment de leurs fâcheuses tendances, elle les abandonna, pour s'attacher à ce qui peut seul procurer des jouissances solides et durables. Nous ne raconterons ici que ses derniers moments, et nous rapporterons seulement ses dernières paroles. Remarquons toutefois que, lorsqu'elle manifestait son désir d'être délivrée des soucis et des dangers de la vie terrestre, ce désir était sûrement limité par une humble soumission à la volonté de Dieu.

« Je désire de mourir, disait-elle, parce que je ne puis jouir ici-bas de la présence glorieuse de Dieu après laquelle mon coeur soupire, ni de la douce compagnie des anges qui seraient aussi contents de me voir avec eux que je le serais de les voir autour de moi.

» Je désire de mourir, parce qu'ici-bas je ne suis pas dans l'élément qui convient à ma nature - je suis comme un enfant éloigné de la maison paternelle.

» Je désire de mourir, parce que je ne voudrais plus offenser un Dieu si miséricordieux et contrister son Saint-Esprit ; car son amour est meilleur que la vie, et sa main est pleine de grâces pour moi. La crainte de l'offenser pèse souvent sur mon coeur comme un lourd fardeau.

» Je désire, de mourir, parce que ce monde tout entier est souillé de la lèpre du péché et que je suis moi-même atteinte du même mal de sorte que, pendant cette vie, je suis en danger d'être infectée et d'infecter les autres. Et si le monde me hait, parce que je désire suivre le bon chemin, combien ne se réjouirait-il pas si je venais à tomber ! combien ma vie serait malheureuse si je lui donnais l'occasion de blasphémer ! Il y a chez moi, tant d'imperfections, de fautes et de péchés, que je puis dire avec David : Des maux sans nombre m'ont environnée ; mes iniquités m'ont atteinte, et je ne les ai pu voir, elles surpassent en nombre les cheveux de ma tête (Ps. XL, 13). Aussi je désire d'aller au ciel, afin de ne plus pécher et d'avoir part à la sainteté parfaite des esprits glorifiés.

» Je désire de mourir, parce que rien dans ce monde ne peut donner une jouissance solide et durable.

» Si je pense à mes enfants, je ne suis pas inquiète ; car ce Dieu, qui leur a donné pendant ma vie tout ce qu'ils ont, peut bien prendre soin d'eux après ma mort. Mon Dieu sera leur Dieu, s'ils se donnent à lui ; et s'ils ne le cherchaient pas, quelle consolation y aurait-il pour moi de vivre pour en être témoin ? La vie me serait amère, si je les voyais abandonner ce Dieu que j'ai tant aimé.

» Je ne crains pas la mort, parce qu'elle n'est que la séparation du corps et de l'âme La véritable mort est celle qui sépare l'âme de Dieu par le péché.

» Je ne crains pas la mort, car elle a été souvent vaincue, et je suis armée pour la combattre. Dieu donne la force à mes armes et m'assure la victoire.

» Je ne crains pas les souffrances qui accompagnent la mort, car certainement j'ai enduré dans ma vie des souffrances aussi grandes que celles-là, et la mort me guérira de toutes sortes de maux. D'ailleurs, Christ a souffert une mort terrible, afin que toute espèce de mort soit une bénédiction pour moi. Certainement ce Dieu, qui m'a tant aimée pendant ma vie, ne m'abandonnera pas à cette heure ; mais par son Esprit il me soutiendra et me renforcera pendant le combat.

» Comment louerais-je Dieu, s'écriait-elle, pour tous les bienfaits dont il m'a comblée ? Il m'a convertie à lui, il m'a fait aimer sa Parole, et m'a procuré par elle de merveilleuses consolations. Il a exaucé mes prières ; il m'a placée au milieu de ses fidèles enfants ; il m'a réjouie par son Saint-Esprit ; il m'a donné de désirer la mort et de mépriser le monde ; par son secours puissant, j'ai pu combattre avec persévérance contre mes péchés et contre les tentations extérieures, et j'ai été préservée de tomber dans des péchés grossiers, même avant ma conversion. »

Pendant sa dernière maladie, Jane Ratcliffe ressentait si profondément combien il y a de dangers et de misères attachés à une longue vie, qu'elle priait souvent Dieu de la retirer dans un monde meilleur. Elle disait avec David : Hâte-toi de venir à mon secours, Seigneur, qui es ma délivrance ! Éternel, veuille me délivrer ! Éternel, hâte-toi de venir à mon secours (Ps. XL, 14). Sa mort fut si paisible, que l'on crut la voir s'endormir.



JOHN OWEN (1633).

Voici ce qu'on rapporte sur les derniers moments de cet éminent théologien :
Il avait livré depuis peu son dernier ouvrage à l'imprimeur. Celui-ci entra dans sa chambre le jour de sa mort, et lui dit : « Je viens de mettre sous presse votre livre sur la gloire de Christ. » John Owen répondit - « Je suis charmé d'apprendre cette nouvelle ; mais, ajouta-t-il enlevant au ciel les mains et les yeux comme dans une espèce de ravissement, le jour que j'ai longtemps attendu est enfin arrivé : ce jour où je verrai la gloire de Christ bien mieux que je n'ai pu le faire ici-bas. »


JOHN ELLIOT (1690).

Parmi ceux qui, dans l'Eglise de Christ, ont brillé d'un éclat presque apostolique, l'on doit compter au premier rang John Elliot, l'apôtre des Indiens de l'Amérique. Il vécut aimé, il mourut pleuré, et il vit maintenant d'une vie bien plus excellente, entouré des multitudes à qui Dieu l'envoya annoncer la bonne nouvelle du pardon et de la vie éternelle.

Né en Angleterre, en 1604, il chercha Dieu de bonne heure, et, après avoir trouvé le chemin de la paix, il se consacra au ministère évangélique. Il fut chassé d'Angleterre par la persécution qui a marqué d'une tache indélébile le règne de Charles 1er et il émigra en 1631 dans les affreux déserts de l'Amérique, choisissant plutôt, comme Moïse, d'être affligé avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché (Hébr., XI, 25). Il y demeura jusqu'à sa mort, qui arriva en 1690.

Sa piété avait commencé dès sa jeunesse ; aussi devint-il une lampe ardente et brillante comme chrétien, comme ministre et comme missionnaire. Il faisait ses délices de la prière, et passa sa vie dans une communion intime avec Dieu. Non-seulement il priait journellement son Père en secret, mais encore il consacrait souvent des journées entières à des exercices de dévotion. Il pensait que, lorsqu'on a de grandes choses à accomplir, la meilleure politique est d'employer des moyens cachés au monde. S'il apprenait quelque nouvelle importante, il disait : « Frères, prions pour cela. » S'il visitait un ami, il avait coutume de dire : « Allons, que nous ne nous visitions pas sans prier ; implorons la bénédiction du ciel sur votre famille, avant de nous séparer. » S'il se trouvait avec d'autres ministres, il leur rappelait que le Sauveur prend garde à ce que font et à ce que disent ses serviteurs, et il les invitait à prier ensemble avec lui.

Dans les circonstances les plus ordinaires de la vie, il montrait combien son coeur était tourné vers les choses d'en-haut. Un jour, comme il arrachait quelques mauvaises herbes, tout en se promenant dans son jardin, un de ses amis lui dit :

« Monsieur, vous nous dites qu'il faut s'affectionner aux choses célestes. - Sans doute, répliqua Elliot, et ce que je fais maintenant n'est point un obstacle à ma vocation spirituelle ; car, si j'étais sûr d'aller demain au ciel, je ne laisserais pas de me livrer à la même occupation. » Une autre fois, en présence d'un de ses amis qui écrivait pendant qu'il parlait, il fit la paraphrase suivante de ces paroles Notre conversation est dans les cieux (Phil., III, 20) (1).

« Contemplez, dit-il, l'excellent caractère du vrai chrétien, ce que saint Pierre appelle de saintes conversations (2 Pierre, III, 11). Un fidèle disciple de Jésus doit être toujours disposé à s'entretenir des choses du ciel.

D'abord, la septième partie de notre temps est toute consacrée à Dieu, quand nous sommes fidèles à observer le jour du Seigneur. De plus, Dieu a écrit dans la loi, au sujet du sabbat : Souviens-toi, ce qui nous reporte avant et après, de sorte qu'une partie de la semaine y est employée. - C'est bien, dira-t-on ; mais pour le reste du temps ? Vous allez reconnaître que nous le passons aussi dans les cieux ; car nous consacrons plusieurs jours au jeûne ou aux actions de grâces, et ce sont autant de sabbats.
Nous avons de plus nos réunions de la semaine, et les personnes pieuses ne les négligeront pas puisqu'elles y trouvent du profit.
Nous avons encore les occasions particulières où nous pouvons prier, chanter et parler ensemble des choses de Dieu, de sorte que nous sommes presque tous les jours dans le ciel.
Mais il nous reste encore à parler de notre culte du matin et du soir, où, après avoir lu les Écritures à nos familles, nous invoquons avec elles le nom de Dieu.
Nous avons encore nos dévotions particulières dans notre cabinet, où nous devons joindre à la prière quelque méditation sérieuse de la Parole de Dieu ; David ne le faisait pas moins de trois fois par jour.
De plus, nous trouvons, partout où nous allons, l'occasion de donner quelques moments au Seigneur.
Nous pouvons ajouter à tout cela, nos entretiens sur des sujets spirituels, et nos oeuvres de charité par lesquelles nous agissons comme des habitants du ciel.
Jusque dans l'exercice de notre profession, nous pouvons conserver un esprit tourné vers les choses d'en-Haut, même quand nous mangeons et que nous buvons, en sorte que tout en nous se fasse à la gloire de Dieu.

En employant ainsi notre temps, il n'en reste plus pour la chair, puisqu'il est tout entier consacré à Dieu. Et, pourtant, nous n'avons pas parlé de la guerre continuelle que nous avons à soutenir contre les ennemis de notre âme, ce qui élève sans cesse notre coeur vers Celui qui nous soutient et qui nous dirige du haut des cieux.

Que l'on ne dise pas qu'une telle vie est impossible, car nous avons connu des hommes qui l'ont réalisée et qui même ont écrit sur ce sujet, en ne parlant que d'après leurs propres expériences. Mais, hélas ! chez un grand nombre de chrétiens, les distractions de ce monde obscurcissent la beauté de cette sainte conversation. Bref, notre place est au ciel ; si nous nous demandons le matin : Où serai-je aujourd'hui ? notre âme doit répondre : Au ciel. Si nous nous demandons le soir : Où ai-je été aujourd'hui ? notre âme doit répondre encore : Au ciel. Si vous croyez, vous n'êtes pas étrangers au ciel pendant votre vie, et après votre mort le ciel ne sera pas pour vous un lieu étranger ; non, car vous y êtes allé des milliers de fois auparavant. »

Là où le jour du Seigneur est aimé et observé, la religion fleurit ; là où il est négligé, la religion ne tarde pas à languir. Elliot aimait beaucoup ce jour-là et cherchait à le sanctifier par ses paroles et par ses pensées. Il le mettait à profit, non seulement pour lui-même, mais encore pour les autres.

Avant de quitter l'Angleterre, il avait promis à quelques chrétiens de leur servir de pasteur, s'ils émigraient en Amérique, avant qu'il se fût chargé d'une autre congrégation. Ils vinrent en effet s'établir à Roxbury, où ils formèrent une église que M. Elliot desservit avec fidélité pendant près de soixante ans. Pendant la durée de ce long ministère, il se montra plein de sollicitude pour le sort des enfants, et prit des peines incroyables pour les instruire ; le succès de ses efforts fut proportionné à ses travaux. Il montrait en toutes choses l'esprit qui l'animait ; ainsi il dit un jour à un ministre qu'il consacrait : « Mon frère, aimes-tu le Seigneur Jésus ? alors, je te prie, pais ses brebis. »

Mais il ne borna pas aux membres de son troupeau les soins de son ministère : sa sollicitude s'étendit aux tribus d'Indiens idolâtres qui errent dans les déserts du Nouveau-Monde. Il travailla avec activité à leur évangélisation de la même manière que les missionnaires de nos jours. Il leur prêchait la Parole, faisait imprimer des livres pour eux, établissait des écoles parmi eux, et traduisait les saintes Écritures dans leur langue.

Elliot était même plus remarquable comme missionnaire que comme pasteur. Vivement préoccupé du bien éternel des malheureux Indiens de son voisinage, il commença en 1616 à leur prêcher l'Évangile Il rencontra beaucoup d'obstacles décourageants, il endura beaucoup de fatigues, il s'exposa à beaucoup de dangers. Mais il poursuivit son oeuvre jusqu'à ce que le désert se réjouit, et que la solitude s'égaya (Esaïe. XXXV, 1) En parlant d'un voyage qu'il avait fait parmi les Indiens, il dit dans une lettre : « Je suis resté trois jours sans pouvoir sécher mes vêtements, même pendant la nuit ; car j'ai beaucoup voyagé. Chaque soir je tirais mes bottes et je tordais mes bas, puis je les remettais et je continuais ma route ; mais Dieu me soutient et me garde. J'ai médité sur ces paroles : Supporte les travaux comme un bon soldat de Jésus-Christ (2 Tim., II, 2). »

Il traduisit dans la langue des Indiens la Bible et plusieurs ouvrages de piété, entre autres la Voix de Dieu aux pécheurs inconvertis, de Baxter. Un jeune chef indien, sur son lit de mort, se mit à lire ce dernier ouvrage aussi longtemps qu'il en eut la force et en versant un torrent de larmes. Mais tous ne se montrèrent pas aussi bien disposés : plusieurs chefs indiens devinrent les ennemis déclarés de l'Évangile, et dans le désert, loin des Européens, Elliot fut plusieurs fois menacé, et même traité d'une manière barbare par quelques-uns d'entre eux. Mais Celui qui le protégeait, lui inspira la pensée de leur dire : « Je travaille à l'oeuvre de mon grand Dieu, et mon Dieu est avec moi ; aussi je ne crains ni vous ni tous les autres sachems du pays. Je continuerai ; touchez-moi si vous l'osez. » En entendant cela, les Indiens se retiraient toujours.

La conversion d'un grand nombre d'Indiens fut la récompense que Dieu accorda à tant de persévérance. Ils apprirent à prier et renoncèrent à leurs vices ; les méchants devinrent pieux, les sauvages furent civilisés. Le philosophe incrédule regarde de tels travaux comme le fruit de l'enthousiasme : il oublie que les vérités qu'il méprise ont civilisé ses propres ancêtres et des millions d'autres sauvages, tandis que la philosophie dont il se glorifie n'en a jamais tiré un seul de la barbarie. Enflé par l'orgueil de sa fausse sagesse, il se rit de l'Évangile et de ceux qui y croient ; mais les anges contemplent dans le sauvage converti un futur habitant de ces régions éternelles, où la doctrine de la croix peut seule conduire les âmes.

La Parole de Dieu dit, dans un passage que l'on peut appliquer à tous les fidèles : qu'ils apprennent avant toutes choses à exercer leur piété envers leur propre famille ( I Tim., V, 4 ). C'est ce que fit le pieux apôtre des Indiens : il épousa, en 1632, une jeune anglaise, et marcha avec elle devant le Seigneur pendant plus de cinquante ans. Madame Elliot était remarquable par sa piété et par ses qualités domestiques ; aussi fut-elle en grande bénédiction à sa famille et à ses voisins. Elliot prenait beaucoup de soin de l'instruction religieuse de ses enfants : il lisait avec eux l'Écriture sainte en attirant leur attention sur les vérités qui y sont révélées, surtout afin de les faire tourner au profit de leur coeur. Dieu bénit ses efforts, car plusieurs de ses fils devinrent des ministres fidèles de l'Évangile, et ses autres enfants donnèrent des marques si évidentes de la réalité de leur piété, que leur vieux père disait après la mort de plusieurs d'entre eux. « J'ai eu six enfants, et je bénis Dieu de la grâce qu'il m'a faite : ils sont tous avec Christ ou en Christ. Mon esprit est maintenant en repos à leur égard. » Comme on lui parlait de ceux qu'il avait perdus, il répondit : « Mon désir était qu'ils servissent Dieu sur la terre ; mais si Dieu veut qu'ils le servent dans le ciel, je n'ai rien à y opposer : que sa volonté soit faite ! »

Animé d'une ardente charité, il sympathisait aux souffrances des malheureux, et cherchait à les soulager par toutes sortes de moyens ; il donnait même des sommes considérables aux pauvres, quoiqu'il eût peu de fortune. Si ses voisins étaient affligés, il allait les voir et cherchait à les consoler avec affection. Quelquefois, il engageait plusieurs personnes à passer plusieurs jours avec lui dans le jeûne, pour prier en faveur de ceux dont les malheurs avaient touché son coeur compatissant. Il avait peu d'ennemis, et une personne, qui avait été du nombre de ses auditeurs, l'étant devenue, il la ramena par sa bonté. S'il entendait des ministres se plaindre de quelques membres de leurs troupeaux, il leur disait : « Frères, pesez bien ces paroles ; apprenez la signification de ces trois mots : Supporte, patiente, pardonne. » Un jour, dans une assemblée de ministres, il jeta dans le feu une liasse de papiers relatifs à quelques disputes, et dit ensuite : « Frères, ne soyez pas surpris de ce que je viens de faire ; je l'ai fait à genoux ce matin, avant de venir parmi vous. »

Il employa, de cette manière, sa longue vie à l'avancement du règne de Dieu et au bien temporel et spirituel de ses frères. Il marcha tous les jours à la clarté de la face de Dieu et jouit sans doute longtemps de l'assurance de l'amour divin ; aussi n'avait-il aucune crainte de la mort. Une personne, qui vint le voir un jour qu'il souffrait de la fièvre, lui dit : « Ne craignez point. » Elliot lui répliqua aussitôt « Craindre ! non, non, je ne crains point ; je rends grâces à Dieu de ce que je n'ai pas peur de la mort. »

L'âge affaiblit enfin ses facultés. À ceux qui lui demandaient comment il allait, il répondait quelquefois : « Hélas ! j'ai tout perdu, mon intelligence m'abandonne, ma mémoire me manque, j'ai de la peine a parler ; mais je remercie Dieu de ce que ma charité tient encore : je trouve même qu'elle augmente plutôt que de diminuer. » Quand il sentit que la vieillesse le rendait incapable de travailler au bien de son église, il tourna son attention vers quelques nègres du voisinage, et quand il ne put plus sortir, il se mit à enseigner un pauvre enfant aveugle.

Quelques mois avant de mourir, il disait souvent, avec l'accent de la joie, qu'il irait bientôt au ciel et qu'il y porterait beaucoup de bonnes nouvelles, faisant allusion à l'état alors prospère des églises de la Nouvelle-Angleterre. Mais ce qui occupait le plus ses pensées, c'était la venue du Seigneur : il en faisait le sujet de ses entretiens, de ses prières, de ses méditations, et quelle que fût, la tournure de la conversation, on pouvait être assuré qu'il la dirigerait vers ce glorieux avènement. Il disait au sujet des progrès de l'Évangile parmi les Indiens. « Que le Seigneur fasse prospérer cette oeuvre et qu'il lui donne de vivre après ma mort. C'est une oeuvre que j'ai faite longtemps ; mais, hélas ! comme je le disais dernièrement, mes oeuvres ont été bien pauvres et bien petites, et je serai celui qui jettera la première pierre contre elles. » À sa dernière heure, il s'écria - « Oh ! quelle douce joie. » Et il expira en disant : « Priez, priez, priez. »

Cher lecteur, prenez garde à l'homme intègre, et considérez l'homme droit, car la fin d'un tel homme est la paix (Ps. XXXVII, 37). Comparez à cette sainte vie et à cette mort paisible, la vie et la mort d'un Hobbs, d'un Hume, d'un Rousseau, d'un Voltaire ou d'un Payne - sûrement un esprit impartial trouvera que, si la vie de l'un ressemble à la vie d'un ange, la vie des autres ressemble à celle des démons.


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(1) Traduction anglaise, (Note du traducteur.)

 

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