TITLE>LE VRAI BONHEUR - JOSEPH ALLEINE

Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE VRAI BONHEUR



JOSEPH ALLEINE (1668).

L'Écriture déclare que les voies de la sagesse sont des voies agréables, et que tous ses sentiers ne sont que prospérité. La vérité de cette assertion ne s'est peut-être jamais montrée d'une manière aussi frappante que chez les disciples de Jésus, qui ont marché vers le ciel, par une route épineuse ou même sanglante, mais pourtant pleine de paix et de bonheur. Ceux qui ont beaucoup souffert pour la piété ont eu aussi de grandes consolations. Le récit que nous allons faire vient à l'appui de ces réflexions.

Joseph Alleine, bien connu comme l'auteur de l'excellent ouvrage intitulé « Appel aux inconvertis » naquit à Devizes, en 1633. Nous avons quelques détails sur la mort de son père qui était un chrétien humble et plein d'expérience. Le matin de son dernier jour il se leva à quatre heures ; vers onze heures il sortit de son cabinet et demanda quelque nourriture ; quand elle fut prête, il rendit grâces, mais il ne put rien manger. Mme Alleine, remarquant en lui un changement soudain, l'engagea à se coucher. Il répondit : « Non, je veux mourir sur ma chaise ; je ne crains point la mort. » Il s'assit et dit : « Ma vie est cachée avec Christ en Dieu. » Alors il ferma les yeux et rendit le dernier soupir.

Son fils montra de bonne heure un esprit particulièrement doux et pieux ; il n'avait pas plus de onze ans lorsqu'on s'aperçut qu'il priait en particulier avec beaucoup de régularité et de ferveur. Dès-lors, toute sa vie manifesta l'influence de la religion, que sa conduite douce et polie rendait encore plus aimable. L'amour et la joie habitaient dans son coeur, et de ses lèvres découlaient la prière, la louange et des actions de grâces rendues à la miséricorde divine ; mais il aimait surtout à parler des bénédictions les plus précieuses de Dieu, c'est-à-dire du Sauveur, du Saint-Esprit et de la vie à venir. Il tirait du ciel ses plus douces consolations, et il aimait à contempler le bonheur éternel réservé aux élus. Il regardait avec délices à la maison de son Père, dans la douce persuasion qu'il y serait bientôt.

Son amour pour la prière continua pendant le reste de sa vie ; il avait un grand attachement pour ce saint privilège. Il demeurait souvent plein d'admiration et de ravissement à la vue du pouvoir et de la sagesse que Dieu manifeste dans les oeuvres de la création ; mais il aimait surtout à méditer sur le merveilleux amour du Rédempteur. Quand il voulait élever son âme à Dieu, il se plaisait à le faire dans les champs ou dans les bois, afin que son coeur pût être plus impressionné par tout ce qui s'offrait à ses yeux. Il ressentait vivement sa misère spirituelle, et confessait ses péchés avec une véritable douleur ; il paraît cependant que la louange et les actions de grâces étaient plus en harmonie avec l'état de son âme ! Dans quelques-unes de ses lettres, après avoir parlé de la grâce de Dieu, il continue à peu près ainsi : « Le Seigneur me comble de ses miséricordes. Oh ! louez-le à cause de moi ! oh ! bénissez-le ! oh ! aidez-moi, aidez-moi à le louer ! »

Jésus faisait tout son bonheur ; aussi écrivait-il à des amis chrétiens : « Ma communion avec Christ est au-dessus de tous les autres biens : Christ est ma vie et ma paix, ma richesse et ma justice ; il est mon espoir et ma force, mon héritage et ma joie. Je prendrai mon plaisir en lui, je me glorifierai en lui à toujours. En lui, je m'estime le plus heureux, le plus riche, bien que par moi-même je ne sois rien ; en lui je puis me vanter sans orgueil et me glorifier sans vanité. Il n'y a pas ici à craindre d'être trop joyeux, et le chrétien ne peut pas trop exalter son bonheur et sa richesse en Christ. » Il célébrait souvent l'amour du Sauveur, et excitait ainsi en lui-même et chez les autres une sainte obéissance.

Le sentiment qu'il avait de cet amour était si élevé, qu'il s'écriait : « Quand aurai-je fini ? Si je laissais mon âme sortir du sa sphère et s'élever dans ce champ sans bornes de l'amour divin ; si toutes les plumes qu'il y a sur la terre étaient occupées à écrire des volumes d'amour ; si les langues de tous les êtres vivants ne faisaient que parler de cet amour, si tous les coeurs en étaient embrasés, et si toutes les facultés et tous les sentiments de l'âme étaient fondus dans ce seul sentiment : tout cela serait encore infiniment trop petit pour concevoir ou pour exprimer la grandeur de l'amour de Christ. »

Nous ne voulons pas dans ce petit volume nous étendre sur tous les traits de son caractère, il suffira d'ajouter les suivants : sa piété portait un caractère très-remarquable ; c'était un abandon sincère et absolu de lui-même à Dieu par Jésus-Christ. Dès sa jeunesse, il se destina au ministère évangélique, et il se mit à étudier avec ardeur pour s'y préparer. Dès-lors il considéra le temps comme très précieux : il se levait le matin à quatre heures, et jusqu'à l'heure du déjeuner il vaquait à la prière, à la méditation et au chant des psaumes ; s'il entendait des artisans travailler avant qu'il eût commencé ses exercices religieux il disait : « Oh ! comme ce bruit me couvre de honte ! mon Maître ne mérite-t-il pas d'être servi mieux que le leur ? » Il répétait souvent cette prière : « Donne-moi cet esprit chrétien qui regarde le temps comme plus précieux que l'or. » Il manifestait le même esprit dans plusieurs autres de ses expressions favorites ; ainsi il disait en commençant la semaine : « Voici une nouvelle semaine, consacrons-la à Dieu ; » et en commençant une journée :

« Allons, que ce jour soit consacré à Dieu, vivons bien aujourd'hui ; si nous pouvions nous résoudre à nous surveiller pendant un jour plus qu'à l'ordinaire, nous vivrions beaucoup mieux. » Il disait à un ami : « Attachez-vous à reconnaître la valeur du temps pendant qu'il s'écoule, et non quand il est irrévocablement perdu. Cherchez à connaître le prix des choses à venir avant qu'elles soient présentes, et le prix des choses présentes avant qu'elles soient passées. N'estimez que les grâces qui peuvent servir à la gloire de Dieu et à notre bonheur éternel. »

D'autres fois il disait : « Oh ! allons, hâtons-nous ; notre Seigneur viendra bientôt, préparons-nous à le recevoir. S'il nous tarde d'être dans le ciel, hâtons-nous d'accomplir notre oeuvre, car lorsqu'elle sera faite Dieu nous appellera. Oh ! combien ce monde est vain et insensé ! je m'étonne que des créatures raisonnables puissent l'aimer : que trouvons-nous en lui qui soit digne d'attirer nos regards ? Je n'ai pas envie d'y rester plus que le temps nécessaire pour exécuter ce que mon Maître m'a donné à faire. Après quoi adieu à la terre ! »

En 1655, à l'âge de 21 ans M. Alleine devint suffragant du pasteur de Taunton. Il s'acquitta de cette oeuvre avec beaucoup d'assiduité et de succès. En dehors des services publics, il se montrait infatigable dans ses efforts particuliers pour travailler au bien de son troupeau. Il allait pour cela de maison en maison, et ainsi cinq fois par semaine il passait toute l'après-midi à visiter les différentes familles de son église. Il leur faisait savoir à l'avance quel jour il devait venir, et, par des conversations religieuses, appropriées a leur état, il s'efforçait d'instruire les ignorants, de réveiller les indifférents, de raffermir ceux qui étaient découragés, et d'exciter ceux qui étaient pieux ; il pensait que ses travaux particuliers faisaient autant de bien que son ministère public. Mme Alleine voyant qu'il travaillait au-delà de ses forces, le conjura de se ménager ; il lui répondit : « Pourquoi Dieu m'a-t-il donné de la force, si ce n'est pour le servir ? à quoi sert une chandelle, si ce n'est à être brûlée ? » Comme elle le suppliait de passer plus de temps avec elle, il répondit que s'il avait dix corps et dix âmes, il les dépenserait tous à Taunton ; et il ajoutait : « Ah ! ma chère, je sais que ton âme est en sûreté ; mais combien n'y en a-t-il pas qui périssent et qui sont confiées à mes soins ! Oh ! que ne puis-je faire davantage pour elles. »

Mais bientôt un nuage noir et terrible menaça les intérêts religieux de l'Angleterre. La faction tyrannique de Laud, qui sous Charles 1er, s'était efforcée de bannir la véritable piété, pour mettre à sa place les pratiques superstitieuses du papisme, cette faction, dis-je, triompha sous le règne de Charles Il. Au mois d'août 1662, le bill d'uniformité chassa de leurs chaires plus de 2,000 consciencieux ministres de l'Évangile. M. Wilberforce fait observer qu'ils furent honteusement expulsés, malgré la parole du roi, par la plus criante injustice. Ces hommes fidèles auraient sans doute supporté patiemment cette persécution, s'ils avaient pu continuer de travailler à leur oeuvre sainte. Ceux qui voulaient le faire étaient exposés à l'amende, à l'emprisonnement et à être chassés du lieu de leur résidence ; mais ils furent soutenus par un Ami, qui les garda jusqu'à la fin, et qui les retira loin de tout ennemi. L'un d'eux, pour qui le roi avait une antipathie particulière, était dangereusement malade à Newgate où il était étroitement enfermé. Charles, à qui l'on présenta une pétition pour obtenir son relâchement, répondit : « Jenkyn sera prisonnier tant qu'il vivra. » Cet homme mourut bientôt après ; un seigneur l'ayant appris, dit au roi : « N'en déplaise à Votre Majesté, Jenkyn est en liberté. - Ah ! et qui l'a délivré ? - Un roi plus grand que vous, le Roi des rois. » Charles parut très-affecté et garda le silence. Ce roi hypocrite professait le protestantisme ; mais il était probablement un papiste, s'il n'était pas un incrédule. Esclave du libertinage et de la débauche, il était aussi dominé par des hommes méchants, élevés en rang ou en puissance. L'un d'eux, lord Clarendon, reçut dans ce monde la punition de ses cruautés : un juste jugement le dépouilla de la faveur royale et l'envoya en exil.

Joseph Alleine fut une des nombreuses victimes de cette persécution. Chassé, de la chaire qu'il occupait, il résolut de continuer son oeuvre chérie jusqu'à ce que l'emprisonnement ou l'exil l'arrêtât dans ses travaux : il ne cessa pas de prêcher et d'aller de maison en maison, et il vendit ses biens pour être prêt à tout événement. Il exprimait souvent le désir de jouir de sa liberté pendant trois mois, et Dieu l'exauça si bien, que ce fidèle serviteur de Christ, quoique souvent menacé, travailla sans interruption à son oeuvre depuis le mois d'août jusqu'au mois de mai de l'année suivante. Il fut alors arrêté un samedi au soir, et accusé devant les juges d'avoir tenu une assemblée séditieuse, où il n'avait pourtant rien fait que prier et prêcher. Mais l'innocence est une faible garantie, quand la piété est un crime ; aussi, après lui avoir fait subir quelques mauvais traitements, les juges l'envoyèrent à la prison d'Ilchester. Alleine passa le dimanche à Taunton, gardé par un officier qui avait reçu l'ordre de l'empêcher de prêcher. Il reçu la visite de plusieurs de ses amis, s'entretint et pria avec eux et les exhorta à la persévérance, assurant qu'il allait en prison avec joie, le coeur consolé par la confiance que Dieu tirerait sa gloire de toutes ses épreuves.

Comme on l'avait empêché de prêcher pendant le jour, il invita ses amis à venir le trouver pendant la nuit. Il réunit ainsi plusieurs centaines de personnes, et passa avec elles environ trois heures dans des exercices religieux.

Le lundi matin il partit pour Ilchester, accompagné de deux où trois amis, après avoir donné sa parole qu'il se rendrait en prison. Les rues de Taunton étaient pleines de gens dont plusieurs le suivirent pendant quelques milles en faisant entendre d'amères lamentations. Cette scène émut tellement Alleine, qu'il eut de la peine à la supporter. Quand il arriva à Ilchester, il ne trouva pas le geôlier chez lui ; aussi saisit-il cette occasion de prêcher encore une fois avant d'entrer en prison.
Là, il fut enfermé avec six autres ministres et cinquante quakers. Ces ministres et lui prêchaient une ou deux fois par jour ; et il y avait des gens qui faisaient jusqu'à huit ou dix milles pour venir les entendre.

Au mois de juillet, Alleine fut conduit devant le tribunal ; le grand jury rejeta l'accusation, cependant il ne fut pas relâché. Au mois d'août, on le remit en accusation pour le même motif.

Cette fois, le jury porta un bill contre lui et instruisit le procès. L'acte d'accusation portait que le « 17 mai 1663, lui et vingt autres personnes inconnues aux jurés s'étaient réunis d'une manières tumultueuse, bruyante, séditieuse et contraire à la paix du roi. » Alleine répondit qu'il était coupable d'avoir prié et prêché, et qu'il regardait cela comme son devoir, mais qu'il abhorrait les assemblées séditieuses et qu'il n'en avait point tenu.
Cependant, le jury le condamna à payer une amende de cent marcs ( 1,663 fr.) et à rester en prison jusqu'à ce qu'il l'eût payée. Il répondit qu'il était content d'avoir comparu devant ses concitoyens; que, malgré toutes les accusations portées contre lui, il n'était coupable que d'avoir fait son devoir; et qu'au fond, tout ce qui résultait clairement des débats, c'est qu'il avait chanté un psaume et instruit sa famille dans sa propre maison, en présence de quelques autres personnes. Il ajouta que, pour une si bonne cause, il recevrait avec joie toutes les sentences de condamnation que l'on pourrait prononcer contre lui. Il fut renvoyé dans sa prison.

L'hiver suivant, ses compagnons de souffrances et lui furent transportés dans un lieu plus convenable, et le peuple y vint par centaines pour entendre la parole de Dieu. Les juges furieux menacèrent Alleine de l'exil, mais leurs menaces ne furent pas mises à exécution. Il fut à la fin relâché ; mais il tomba bientôt malade. Quand sa santé fut en quelque sorte rétablie, il se remit à travailler à l'avancement du règne de Dieu. Aussitôt il fut arrêté dans son oeuvre par un second emprisonnement qui acheva de ruiner son tempérament. Quand on le relâcha pour la seconde fois, il n'était plus capable de travailler avec activité : ses forces étaient épuisées, sa santé détruite et son corps brisé par tant de souffrances et de travaux. Pendant ce temps d'épreuves, il disait quelquefois à Mme Alleine : « Si nous n'avons pas autant de domestiques que les grands de la terre, nous avons les anges de Dieu pour nous servir et pour veiller sur nous en tout temps, afin de nous garantir de la fureur des hommes et des démons. » Il languit plus d'une année après son élargissement; pendant ce temps il dut glorifier son Maître, en montrant aux hommes comment il faut marcher à la rencontre de la mort. Au milieu de toutes ses souffrances, il jouissait de la paix intérieure ; il disait qu'une seule chose était pour lui une épreuve, c'était de ne pouvoir travailler à son oeuvre et d'être cependant retenu loin du ciel. Il ne ressentait pas ces joies ravissantes qui sont le partage de quelques-uns, mais son coeur et son âme goûtaient une douce sérénité. Sa confiance en Dieu, fondée sur l'Évangile, lui donnait la certitude qu'il serait heureux pendant toute l'éternité.

Alleine avait entièrement perdu, pendant sa maladie, l'usage de ses membres ; il ne pouvait pas même remuer le doigt. On lui demandait un jour comment il pouvait se trouver heureux dans cet état ; il répondit : « Quoi ! Dieu est mon père, Jésus-Christ est mon sauveur, le Saint-Esprit est mon ami, mon consolateur et mon soutien, le ciel est mon héritage, et je ne serais pas content, bien que je sois privé de la santé et de l'usage de mes membres ! Par la grâce de Dieu, je suis pleinement satisfait du bon plaisir de mon Père. »

Il dit à une autre personne qui lui faisait la même question : « J'ai choisi Dieu pour mon partage, et il m'appartient ; je sais en qui je me suis confié. Je serais déraisonnable et méchant si je n'étais pas satisfait d'avoir Dieu pour moi, quand même je n'aurais rien de plus. Mon amour pour lui fait toute ma joie. »

Il disait un jour à quelques amis chrétiens qui le visitaient : « Voyez combien je suis faible, et il y a plusieurs semaines que je suis dans cet état ; mais Dieu a été avec moi, et j'espère qu'il a été aussi avec vous. Je vous ai fait demander plusieurs fois le secours de vos prières : que le Seigneur les fasse retomber sur vous ! Mes chers amis, la vie est à moi, la mort est à moi ; cet Évangile que je vous ai prêché contient tout mon salut, tout ce que je désire. Ses promesses m'ont rendu la vie douce, et j'espère que, par la grâce de Dieu, elles me soutiendront au moment de la mort. Les promesses de Dieu sont éternelles ; Dieu nous fortifiera par elles au jour de l'affliction. Je sens le pouvoir des doctrines que je vous ai prêchées. C'est une honte pour un fidèle de se laisse abattre par les épreuves, lui qui possède tant de glorieux privilèges : la justification, l'adoption, la sanctification et la gloire éternelle. Oh ! vivez comme de vrais chrétiens. Foulez le monde sous vos pieds, ne vous laissez pas surprendre par ses séductions ni troubler par sa haine ; vous en serez bientôt délivrés. » Il pria avec eux et leur dit ensuite : « Adieu, adieu, mes chers amis, rappelez-moi à tous les habitants de Taunton. Je vous en conjure, gardez ce que je vous ai prêché, et que le Seigneur ait soin de vous après mon départ. Oh ! faites en sorte que mes travaux et mes souffrances, ma santé ruinée, mon corps brisé, ne s'élèvent pas contre vous au grand jour du Seigneur ! »

Une autre fois il dit à quelques membres de son ancien troupeau qui étaient venus le voir - « Conduisez-vous d'une manière conforme à l'esprit de l'Évangile ; vivez comme je vous y ai exhortés. - Regardez-moi, je ne puis remuer un seul doigt, et c'est pour Christ et pour vous que je me suis ainsi dépensé. - Nous trouverons au dernier jour, à la gauche de Christ, beaucoup de chrétiens de nom qui savent bien prier et bien parler. - Chacun de vous a un état, un rang, une famille : que ces choses ne vous dominent pas, mais donnez-vous à Dieu. Pour l'amour de Dieu, méfiez-vous du monde, des soucis du monde, des plaisirs du monde, des amis du monde. »

Ayant appris qu'on voulait le mettre encore en prison, il leva les yeux au ciel, et, d'un air joyeux, il rendit grâces à Pieu en disant : « Béni soit le Seigneur ! Je donnerai maintenant deux vies pour Christ : l'une en travaillant, l'autre en souffrant pour lui. Mon corps a été détruit par mes travaux, et maintenant que je ne puis plus rien faire, je souffrirai pour l'amour de lui. Je bénis le Seigneur de ce que je ne regarde pas au bonheur de ce monde. Je pardonne à mes ennemis de tout mon coeur. »

Il demeura quelque temps dans l'attente continuelle de la mort. Chaque soir, il prenait congé de sa famille, observant qu'il pouvait mourir dans la nuit. Le matin, il avait coutume de dire : « Nous avons encore un jour, un jour de plus à consacrer à Dieu ; vivons bien aujourd'hui, car nous n'avons que peu de temps à vivre. »

Un jour que, le voyant plus mal, quelques-uns de ses amis pleuraient autour de lui, il leur dit : « Ne pleurez pas sur moi, mon oeuvre est finie. » Sa maladie parut céder un peu ; il alla à Bath ; et là, malgré sa faiblesse, il s'efforça de travailler à l'avancement du règne de Dieu, en instruisant des enfants, en distribuant des écrits religieux, et en allant lui-même dans les maisons des gens pauvres et pieux, pour les secourir, s'entretenir et prier avec eux.

Mais bientôt sa maladie reprit un caractère alarmant. Il avertit ses amis qu'il ne lui restait que peu de temps à vivre. Quelques jours avant sa mort, il pria avec beaucoup d'affection pour sa femme qui était présente, et il lui dit ensuite ; « Maintenant, ma chère amie, ma compagne dans toutes mes épreuves et dans toutes mes tribulations, je te remercie de toutes les peines que tu as prises pour moi. » Après avoir parlé des lieux où ils s'étaient trouvés dans leurs jours d'affliction, il pria pour elle avec beaucoup de ferveur, suppliant le Très-Haut de la récompenser, de la remplir de toutes sortes de consolations et de grâces, et de la soutenir à travers toutes les épreuves de la vie.

L'heure de son délogement approchait. Il fut saisi de terribles convulsions qui durèrent presque continuellement pendant deux jours et deux nuits ; mais les prières qui furent adressées à Dieu pour l'adoucissement de ses souffrances furent exaucées, et il put encore s'entretenir avec ses amis affligés : « Oh ! leur dit-il, comme le ciel doit être doux ! » Il regarda ses mains, et dit : « Cela sera changé ; ce corps vil sera rendu semblable au corps glorieux de Christ. Oh ! quel beau jour que le jour de la résurrection ! il me semble que je le vois par la foi. Oh ! comme les saints lèveront la tête et se réjouiront ! »

Sa course était terminée, et son Maître l'appela dans son repos. Ce fidèle chrétien est allé dans le lieu où son soleil ne se couchera plus et où Dieu lui sera une lumière perpétuelle (Esaïe, LX, 20).


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