Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE VRAI BONHEUR



MARTYRE DE PERPÉTUA. ET DE SES COMPAGNONS (202)

Ceux qui savent combien sont précieuses les bénédictions de la religion, voient avec plaisir les triomphes du courage chrétien sur la malice et l'inimitié de la terre et de l'enfer. Tandis que l'oeil des sens ne voit rien au-delà du nuage de maux suspendus sur la fin d'un martyr, l'oeil de la foi contemple déjà dans le chrétien souffrant l'habitant victorieux de ce monde plus brillant que le soleil du midi ; il le voit jouir dans l'éternité de toute la plénitude de bonheur que la présence de Dieu peut procurer.

À cet égard, un des récits les plus intéressant de l'antiquité est celui du martyre de Perpétua et de Félicité qui paraît avoir eu lieu à Carthage, vers l'an 202. La substance de cette histoire a été donnée par un écrivain moderne de la manière suivante :

« On arrêta, comme chrétiens, trois jeunes gens nommés Saturninus, Secundus et Revocatus (le bruit public qu'ils allaient être baptisés et ajoutés à l'Eglise y avait sans doute donné lieu) et deux femmes, Félicité et Perpétua. Celle-ci était une jeune veuve de vingt-deux ans, également distinguée par sa naissance et son éducation. Sa famille se composait de son père, de sa mère, de deux frères et d'un enfant qu'elle allaitait. Son père était le seul de sa famille qui fût encore païen ; aussi, dès qu'il eut appris que sa fille avait été arrêtée, s'empressa-t-il d'aller vers elle et eut-il recours à tous les genres de supplications et même à la rigueur, pour la presser d'abandonner sa foi et pour l'empêcher de s'exposer au martyre. Ses efforts furent vains, et quelques jours après sa fille fut baptisée avec tous les autres. On les mit ensuite dans une sombre prison. Ce changement de scène ne parut pas bien terrible aux autres chrétiens qui avaient été accoutumés à une vie pénible ; mais il éprouva davantage Perpétua qui avait joui de toutes les douceurs de l'opulence.
Elle ressentit beaucoup d'inquiétude sur le sort de son enfant. Tertius et Pomponius, deux diacres de l'Eglise, obtinrent à prix d'argent que les prisonniers pussent sortir de leur cachot obscur et se reposer pendant quelques heures dans un lieu plus commode ; là, Perpétua donnait le sein à son enfant et le recommandait ensuite aux soins de sa mère. Dans cette triste situation, elle encourageait encore sa mère et son frère ; et, selon sa propre expression, sa prison était pour elle un palais. Elle eut à cette époque un songe remarquable qui lui fit penser qu'elle souffrirait certainement le martyre, mais qui l'encouragea beaucoup à persévérer dans sa résolution.

» Quelque temps après, son père vint à la prison accablé d'une profonde douleur, qu'augmentaient probablement encore les réflexions qu'il avait faites sur la dureté de sa conduite envers Perpétua. Dans leur dernière entrevue ; « Ma fille, lui dit-il, aie pitié de mes cheveux blancs ; aie pitié de ton père, si je fus jamais digne de ce nom ; si je t'ai élevée jusqu'à l'âge où tu es parvenue, si je l'ai préférée à tes frères, ne me rends pas l'opprobre de l'humanité ; montre du respect pour ton père ; aie compassion de ton fils qui ne peut te survivre. En lui parlant ainsi, le malheureux vieillard lui baisait les mains, se jetait à ses pieds. le visage inondé de larmes, et ne l'appelait plus sa fille mais la maîtresse de son sort. Perpétua, dont le coeur était déchiré, ne pouvait que l'engager à acquiescer à la volonté divine.

» Le jour suivant, les prisonniers furent amenés devant le tribunal et interrogés en présence d'une grande multitude. Ils confessèrent tous qu'ils étaient chrétiens ; mais avant que Perpétua eût pu le faire, son père vint, tenant son petit-fils entre ses bras, et la suppliant d'avoir pitié de cet enfant. Le procurateur Hilaire se joignit à ses sollicitations, et la conjura de songer à son père et à son fils, et de sacrifier aux dieux pour la conservation de l'empereur. Elle répondit simplement qu'elle était chrétienne, et qu'elle ne pouvait y consentir.

» On ordonna alors à son père de se retirer ; mais comme il résistait, un licteur lui donna un coup de verge. Cela perça le coeur de Perpétua, comme si elle l'avait reçu elle-même. Quand ils eurent tous confessé leur foi, ils furent condamnés à être exposés aux bêtes féroces ; cependant ils retournèrent dans leur prison remplis de joie. Perpétua envoya le diacre Pompone demander son enfant à son père, afin qu'elle pût l'allaiter comme auparavant ; mais cette faveur lui fut refusée. Elle supporta cette épreuve avec plus de courage qu'elle ne l'espérait.

» Quelques jours après, Pudens, le geôlier, se trouvant bien disposé en leur faveur, permit à leurs amis de venir les voir, et le père de Perpétua a aussi ses visites. Il se traîna à terre, arracha sa barbe, et n'oublia aucune démonstration, aucune parole propre à l'émouvoir ; mais tout cela ne put produire d'autre effet que d'exciter la profonde compassion de sa fille. »

L'auteur de ce récit raconte aussi quelques détails sur plusieurs autres prisonniers. Ce qu'il dit de Félicité est très intéressant. Cette femme était enceinte de huit mois, et voyant approcher le jour des spectacles publics, elle craignait que son exécution n'eût lieu avant la naissance de son enfant. Trois jours avant les spectacles, ses compagnons se joignirent à elle pour adresser à Dieu d'ardentes prières, et elle accoucha avec de grandes souffrances. Un des geôliers, qui s'attendait peut-être à lui voir une insensibilité stoïque, et qui entendit ses cris, lui dit : « Vous vous plaignez de ces douleurs-là : que ferez-vous quand vous serez exposée aux bêtes ? » Félicité répondit : « C'est moi qui souffre maintenant ; mais alors un autre sera avec moi et souffrira pour moi, parce que je souffrirai pour l'amour de lui. » La fille qu'elle venait de mettre au monde fut confiée à une chrétienne qui se chargea de l'élever comme si elle eût été son propre enfant. Secundulus mourut en prison ; un autre de leurs amis, nommé Saturus, s'était livré lui-même en apprenant l'emprisonnement de ses frères et de ses soeurs La veille des fêtes, on leur porta leur dernier repas, et les martyrs cherchèrent à le transformer en une agape (repas de charité). Ils mangeaient en public, on permettait alors à leurs amis chrétiens de les visiter, et beaucoup d'étrangers y vinrent par curiosité. Ils s'adressèrent à ceux-ci, les avertirent de fuir la colère a venir, et leur manifestèrent la grande joie qu'ils éprouvaient dans leurs souffrances. Saturus les invita à bien remarquer leurs visages afin de pouvoir les reconnaître le lendemain. Les étrangers se retirèrent saisis d'étonnement à la vue d'un spectacle aussi extraordinaire, et plusieurs se convertirent plus tard.

Quand le jour de leurs souffrances fut arrivé, ils sortirent tous de la prison, le visage serein et joyeux ; ils tremblaient, dit l'auteur qui nous fournit, ces détails, plutôt de joie que de crainte. Perpétua, soutenue par l'esprit de Christ, s'avançait d'un air calme, baissant les yeux de peur que les spectateurs ne se méprissent sur la cause qui leur donnait de la vivacité. Félicité se réjouissait de ce que, délivrée de son enfant, elle pouvait accompagner ses amis à ce glorieux combat,

Quand ils furent à la porte de l'amphithéâtre, on voulut, selon la coutume, habiller les hommes en prêtres de Saturne et les femmes en prêtresses de Cérès ; mais ils s'y refusèrent tous obstinément, disant que c'était pour éviter ces choses qu'ils sacrifiaient leurs vies, et le tribun leur accorda le privilège de mourir dans leurs propres vêtements.
Ils entrèrent dans l'amphithéâtre ; Perpétua chantait des cantiques, et Revocatus, Saturninus et Saturus exhortaient le peuple a la repentance et parlaient de la colère à venir. Arrivés en présence du procurateur, ils lui dirent : « Tu nous juges, et Dieu te jugera. » La populace furieuse demanda alors à grands cris qu'il fussent fouettés tous les trois. On céda à leurs instances, et les martyrs se réjouirent de cette conformité avec les souffrances de leur Sauveur.

Dès qu'on eut lâché les bêtes, Saturninus fut bientôt mis à mort par quelques-unes qui se précipitèrent à la fois sur lui, et Révocatus fut tué par un léopard et un ours. Saturus fut d'abord exposé à un taureau sauvage qui se contenta de le traîner sans lui faire aucun mal, mais il blessa grièvement l'officier qui se tenait auprès du martyr. On mit celui-ci près d'un ours, et cet animal ne voulut pas sortir de sa retraite. Vers la fin du spectacle, on le jeta au-devant d'un léopard ; et comme il ruisselait beaucoup de sang, des morsures dont il était couvert, le peuple le raillait et lui disait qu'il était baptisé de sang. Quand on eut emmené l'animal, Saturus s'adressant au geôlier Pudens, qui était converti, l'exhorta à se tenir ferme dans la foi et à ne pas se laisser abattre par les souffrances des martyrs. Il prit même un anneau de son doigt, le plongea dans une de ses blessures, et le lui donna comme un gage de ses paroles.

On dépouilla Perpétua et Félicité de leurs vêtements, on les mit dans un filet et on les exposa ainsi à une vache sauvage. Les cruels spectateurs eux-mêmes en furent choqués ; alors un des officiers les retira et les couvrit de vêtements très-amples. Perpétua fût attaquée la première, et tombant sur le dos, elle resta étendue. Voyant sa robe déchirée et ouverte sur le côté, elle la tira pour s'en couvrir, rassembla ses cheveux épars, et se leva. Elle tendit ensuite la main à Félicité, qui ne pouvait remuer à cause de ses meurtrissures, et l'aida à se relever. Elles allèrent ensuite vers la porte, où Perpétua fit appeler son frère pour l'exhorter à vivre, dans la foi, à demeurer uni avec tous les chrétiens, et à ne pas se laisser effrayer par ses souffrances.

Le peuple insista pour que les martyrs fussent amenés au milieu de l'amphithéâtre, afin d'avoir le plaisir de les voir mourir. Quelques-uns se levèrent et s'avancèrent volontairement, après s'être donné un saint baiser de charité, d'autres reçurent le dernier coup sans parler et sans faire un seul mouvement. Perpétua tomba entre les mains d'un gladiateur maladroit, qui la perça entre les côtes et lui causa ainsi beaucoup de souffrances ; elle poussa un cri, guida elle-même vers sa gorge la main tremblante de son meurtrier, et s'endormit en Jésus avec ses frères.

Qui pourrait voir une femme, jeune et délicate, endurci avec fermeté tant de souffrances, sans s'écrier : Les héros dont le monde exalte la bravoure sont des lâches à côté de ces patients vainqueurs ? Oui, Perpétua a remporté la victoire et conquis le royaume de la lumière ; mais si toute cette armée de martyrs pouvait descendre des célestes régions, ils nous affirmeraient que toutes leurs tortures ne sont rien en comparaison de la gloire dont ils jouissent. Oh ! combien nous devons estimer cette religion qui fut leur soutien et cette vie de bonheur qui est leur éternelle récompense ! Implorez donc la grâce de Dieu, afin que vous obteniez la foi de Perpétua, et que vous ayez le même Sauveur et le même Dieu !


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