Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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UN ROYAUME INÉBRANLABLE
Sermon prêche à l'Oratoire du Louvre,
le 23 Février 1938,
par le pasteur WILFRED MONOD.


« Possédant un Royaume inébranlable, rendons grâces ». Hébreux XII, 28.

MES FRÈRES

Devant la splendeur d'un pareil message, le prédicateur éprouve le poids de sa responsabilité. En ce premier dimanche où je remonte en chaire, depuis que j'ai cessé d'être pasteur titulaire, j'entends l'appel à la vigilance personnelle : « Le temps est court désormais. » Toutefois, j'ai le coeur si rempli de vérités évangéliques - (non pas neuves, mais rajeunies) - que je plie sous un trop-plein de richesses, impossibles à transmettre. De plus, les circonstances extérieures, dans le monde et dans notre France aimée, revêtent sans conteste une teinte sévère, au point que nous comprenons l'auteur sacré quand il s'écrie avec le prophète : « C'est plus qu'un tremblement de terre : un tremblement de ciel ! » Dans ce tragique désarroi, quelle nostalgie s'empare de nos âmes, tendues vers la vision d'un « Royaume inébranlable » !

Oh ! sortir de l'incertitude pour l'avenir lointain et de la perplexité pour le lendemain, voilà vraiment la dévorante braise qui rougeoie sous la cendre grise des paroles banales, des occupations vulgaires, et qui parfois allume une flamme pathétique dans le rayon d'un sourire ou la lueur d'un regard de tendresse. Le souci rouge : que faire pour protéger le berceau ou la chevelure blanche, pour garder le gagne-pain on obtenir des remèdes ? La sourde terreur de l'inconnu, la crainte noire de l'imprévu, voilà le torrent qui fait tourner l'immense roue des précautions multipliées contre l'accident, la maladie, la ruine, la pauvreté, la vieillesse, la mort, - par le régime des assurances, du secours mutuel, de l'épargne, de la rente ou de la retraite, bref par le concours de ces multiples contrats qui protègent nos chétives existences, comme les canons hérissent les flancs d'un cuirassé toujours vulnérable.

Si le dessinateur au fusain ou au pastel jette du fixatif sur son esquisse délicate, si l'ingénieur agronome enracine des arbres sur un terrain en mouvement pour empêcher le glissement d'une falaise vers un précipice, à plus forte raison l'humble créature humaine est-elle hantée par l'obsession de la stabilité. Quel écho dans notre âme inquiète, lorsque l'écrivain anonyme s'écrie : « Dieu nous promet un Royaume inébranlable ! »

Quelqu'un objectera que le monde actuel présente, au contraire, un aspect différent, puisque c'est l'âge des traités violés, en politique ; des stipulations piétinées, en affaire ; des signatures officielles et officieuses évanouies comme beurre an soleil. Mais je réponds qu'une pareille attitude est inspirée, souvent, par un besoin criant de stabilité ; on imite les pêcheurs qui agitent l'eau en hiver, car, avec la glace, ils ne pourraient plus atteindre le poisson nécessaire à la nourriture de la femme et des enfants.

Ce ne sont pas d'ordinaire les nations victorieuses, ou les classes privilégiées, ou les races dominatrices, qui menacent les conventions ; ce sont bien plutôt les insatisfaits qui déchirent les pactes ; et cela précisément parce qu'ils ont soif d'un régime plus acceptable, soif d'une situation qu'il vaille la peine de stabiliser, soif d'un idéal plus conforme à celui du « Royaume inébranlable ». Celui-ci reste suprême devant l'imagination ou la pensée ; alors l'effort passionné, farouche, pour s'en rapprocher, explique peut-être, par une infernale ironie, le déchaînement des troubles guerriers et révolutionnaires d'un pôle à l'autre pôle.

Des centaines de millions d'hommes aigris, sur le globe actuel, se ruent vers un état de choses dont ils espèrent vaguement la sécurité matérielle et la stabilité morale... Hélas ! dans l'incertitude universelle, toutes les classes de la société, éblouies par un mirage aveuglant, saisies de vertige, se précipitent vers les horizons prestigieux de quelque Royaume réputé inébranlable, en recourant aux combinaisons fantastiques et folles du Hasard.

Oui, vous entendez bien : on se livre à la chance, au sort, à l'accident, à l'aventure, au coup de dés, au pari sur les jarrets d'un cheval, au tirage d'un numéro dans la nuit, à l'aubaine d'une rencontre de chiffres, bref, on s'abandonne au hasard le plus échevelé, le Hasard au crâne vide et aux yeux crevés, le Hasard gouffre, le Hasard néant ; au lieu d'adorer le seul Dieu, on se prosterne devant le jeu, devant une roue qui tourne sans âme et s'arrête sans intelligence. 0 ma France, ô peuple infortuné ! Après la dépopulation par l'alcool national, voici la démoralisation par la « loterie nationale » !

Telles sont les circonstances où le prédicateur élève la voix... « Cieux écoutez ! Terre prête l'oreille ! car l'Éternel parle. » Ces paroles majestueuses ouvrent le recueil des prophéties d'Esaïe, à l'époque où la Palestine tremblait sous la cruauté du puissant monarque de Ninive. Et l'auteur de notre épître ne vivait pas non, plus à une époque de tout repos. Il écrivait à des persécutés ; ils avaient non seulement subi insultes, afflictions, souffrances, mais - pesez un tel témoignage ! - ils avaient « accepté avec joie la confiscation de leurs biens ». Pourquoi ? Parce que, écrit l'anonyme : « Vous saviez posséder ailleurs une propriété meilleure et à perpétuité. » Voilà le Royaume inébranlable. Notre texte est une fenêtre taillée dans la muraille d'une prison, celle du monde visible ; on aperçoit les réalités éternelles. Telle était la simple et robuste conviction de nos frères chrétiens dans l'Eglise primitive.

L'heure a sonné, aujourd'hui, de revenir plus nettement à ce credo élémentaire. N'avez-vous pas l'impression que notre témoignage, en ce qui regarde la victoire sur la mort, manque d'audace et même d'originalité ?

Les incrédules nous observent ; et surtout les incroyants, les chercheurs ; ils nous regardent, nous écoutent. « Nous allons voir, pensent-ils, comment se comportent des gens qui affirment officiellement la vie future - (dans leurs catéchismes, leurs prêches, leurs cantiques), - lorsque l'ombre de la mort se glisse à leur foyer. »

Or, voici un malade, un croyant, autour duquel se joue une pièce assez compliquée ; des personnages variés : le parent, le médecin, le visiteur doivent, sans répétitions préalables, se donner mutuellement la réplique, sans jamais se couper ; c'est-à-dire que l'idée de la mort possible, ou peut-être imminente, ou la notion de l'au-delà, ou la révélation de la vie éternelle, ne doivent jamais traverser le dialogue ou effleurer le colloque.

Nous serons tous d'accord pour admettre qu'une pareille attitude, considérée sous l'angle de la foi, n'est pas normale. D'autre part, permettez-moi d'ajouter que les douteurs, les athées, ceux qui errent « sans Dieu et sans espérance dans le monde », peuvent parfois s'étonner que nos rites funèbres se distinguent si peu, extérieurement, des symboles convenus et communs à la multitude : la couleur noire envahit tout, les faire-part, les vêtements, les voitures... On souhaiterait que les croyants, tout en exprimant leur chagrin légitime, trouvassent le moyen d'affirmer leur foi, en ajoutant quelque chose aux fleurs et aux couronnes que tout le monde emploie ; ou souhaiterait quelque signe peut-être inattendu d'avertissement et de consolation, un vibrant et solennel témoignage rendu aux réalités surnaturelles.. L'Administration des pompes funèbres n'est cependant point chargée d'envelopper nos douleurs chrétiennes dans des cadres artificiels, préparés d'avance. Le véritable ordonnateur, ou inspirateur, des enterrements évangéliques doit rester saint Jean. Que l'apôtre donne le ton en ces termes : « Dieu est lumière et il n'y a point en lui de ténèbres ; si nous disons que nous sommes en communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous ne pratiquons pas la vérité ; telle est la nouvelle que nous tenons de Jésus. »

Assurément, l'Évangile est prêché devant les cercueils dans l'Eglise de la Réforme ; mais les matérialistes, les sceptiques, les désespérés, qui voient défiler par hasard nos cortèges funèbres, en reçoivent-ils toujours cette impression éclatante que la cérémonie est cristallisée autour de la vie éternelle ?

Si notre conduite quotidienne, dans le détail, s'inspirait avec sérénité, avec fermeté, du « Royaume inébranlable », nos existences éphémères seraient imbibées d'éternité ; le merveilleux Évangile, jour et nuit, les imprégnerait d'un tel parfum, qu'elles répandraient auprès et au loin le surnaturel arôme des promesses divines.

Donc, exerçons-nous à discerner en chaque homme les énigmatiques linéaments de sa personnalité prodigieuse ; dès ici-bas, nulle créature humaine n'appartient entièrement à la terre. Elle dévoile sa véritable grandeur, quand nous savons la contempler comme on examine un pont en construction ; la simple courbure d'une arche qui s'élève dans le vide esquisse déjà son futur élan, prophétise le victorieux passage au-dessus du torrent ou du précipice. Ainsi en est-il de chaque destinée particulière. Nos pieds semblent collés au sol ; mais en réalité nous sommes orientés vers le ciel ; nous tendons vers le Royaume inébranlable. Et les épreuves elles-mêmes, que nous subissons ici-bas, restent comparables aux essais de résistance que les ingénieurs peuvent imposer à un pont inachevé, pour savoir dans quelle mesure il supporte ses charges sans fléchir.

Cette dernière image, mes frères, nous oblige à compléter notre vision du Royaume inébranlable. Cette formule magnifique s'adapte dans notre texte au monde futur. Mais il est permis d'affirmer que nous possédons, ici-bas, un Royaume inébranlable, puisque le Dieu de la révélation biblique n'est pas une Divinité inaccessible, enfermée dans l'au-delà, mais une Divinité pitoyable, miséricordieuse, un « Père » manifesté dans le « Fils », un Verbe devenu chair, la Parole incarnée, le ciel s'abaissant vers la terre : « Dieu a tant aimé le monde. »

Le Royaume Inébranlable n'est donc pas là-haut, seulement ; le Messie nous enseigna une prière concrète et rédemptrice : « Ta volonté soit faite sur la terre ! »

Pour demeurer dans l'atmosphère de la Bible, et dans l'ambiance évangélique, il ne faut pas outrer l'opposition entre l'au-delà et le présent. On risquerait de créer ainsi, dans l'âme chrétienne, une vie en partie double, un déchirement continuel, une contradiction insupportable dépourvue d'unité intime, de paix véritable et de saveur victorieuse, où l'on ne retrouve plus cette vibration glorieuse de l'âme apostolique : « Nous sommes vainqueurs, et plus que vainqueurs, grâce à Celui qui nous a aimés. »

En vérité, la doctrine de l'incarnation du Père dans le Fils, ici-bas, ne nous permet plus d'insister sur une antithèse un peu facile, et parfois stérile, entre la terre et le ciel. Le Royaume inébranlable des chrétiens est inséparable pratiquement de l'Eglise. Non pas l'Eglise que nous voyons, mais l'Eglise que nous savons ; non l'Eglise visible que nous touchons, mais l'Eglise invisible dont nous vivons.

On interpréterait d'une manière malencontreuse la Fête de l'Ascension, si l'on y discernait un départ définitif du Christ, abandonnant les hommes à leur planète, comme des naufragés sur un radeau. Un vrai capitaine, en pleine tempête, ne quitte point la passerelle du commandement. Le Christ a-t-il réellement dit adieu à l'humanité ? Non pas. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là. » C'est l'affirmation d'une Présence perpétuelle. Et c'est la doctrine des Apôtres ; d'après eux, l'Eglise est un Corps mystique animé de l'Esprit du Sauveur, celui qui reste le chef. - Mais quelqu'un dira : L'Eglise n'est pas infaillible ! En effet, elle est seulement invincible ; elle est un Royaume inébranlable, conformément à la promesse du Christ.

On dira encore : L'Eglise n'est pas impeccable ! En effet, si elle peut commettre des erreurs, elle peut commettre aussi des fautes. Mais cela ne l'empêche point d'être un Royaume inébranlable. On objectera encore : L'Eglise n'est pas invulnérable ! C'est vrai ; elle est tentée, elle souffre, on la persécute ; elle n'en reste pas moins un Royaume inébranlable.

Ainsi donc, elle n'est ni omnisciente, ni parfaite, ni impassible ; mais elle est un Royaume où peuvent toujours se réfugier les âmes. Songez que l'apôtre Paul, écrivant aux Romains, envoya un message spécial aux disciples du Christ qui servaient dans le palais de Narcisse, un monstre. le complice crapuleux de l'infâme Néron dans ses débauches et ses crimes. Eh bien ! dans ce cloaque vivaient des employés ou des esclaves chrétiens ; ils se maintenaient courageusement purs, humbles, charitables. Comment ? Par quel miracle ? Ils formaient entre eux un groupe de baptisés, une famille, une réunion de prière, bref une Église ; ils communiaient en secret ; ils appartenaient au corps du Christ ; ils possédaient un royaume inébranlable.

À leur exemple, mes frères, dans les temps difficiles que nous traversons, dans une atmosphère de sang et de roussi, de puanteur et de sauvagerie, à la fois méphitique et démoniaque, réfugions-nous dans l'Eglise, dans le saint et glorieux mystère de l'Eglise, qui est spirituelle et sociale indissolublement, qui ne sépare jamais l'adoration du Père et le service des frères ; l'Eglise universelle ici-bas, l'Eglise qui unit les vivants et les morts, l'Eglise qui raye à jamais de notre vocabulaire le mot glacé de solitude, et l'expérience meurtrière de l'isolement au désert de l'abandon. Au contraire, l'Eglise est un abri prédestiné, un asile providentiel, une école surnaturelle et une miséricordieuse pépinière, où le Saint-Esprit élève, prépare, purifie, inspire et forme pour l'éternité des enfants de Dieu, des disciples de Jésus, des apprentis de la vie future, des initiés à l'immortalité.

Votre coeur se réchauffe. Vous comprenez mieux la plénitude insoupçonnée de notre passage : « Possédant un Royaume inébranlable, rendons grâces. » Mais avant de conclure, mon devoir est d'appeler votre attention sur un dernier aspect de la formule insondable. Le Royaume promis, nous l'avons contemplé d'abord dans l'au-delà. Puis nous l'avons saisi, dans la réalité de l'Eglise ici-bas. Mais ne faut-il point le reconnaître et le saluer en nous-mêmes ?

J'aborde le mystère central du christianisme, celui que l'apôtre exprimait en ces termes : « Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi », formule toute morale et religieuse qu'il ne liait pas à la célébration d'un rite ou à la réception d'un sacrement. On peut croire à un Royaume inébranlable dans le ciel, et n'être pas chrétien par le coeur. On peut croire aussi à un Royaume inébranlable dans l'Eglise, et n'être pas un chrétien d'une manière intime.

La qualité chrétienne reste liée essentiellement à une réalité profonde que l'apôtre appelait « la vie cachée avec le Christ en Dieu » ; c'est un don, une grâce, une bénédiction ; elle transfigure, mais elle humilie, le pécheur ainsi transformé ; dans la mesure même où il prend conscience de son privilège et d'une réalité supérieure, il perd tout sentiment absurde et mauvais de supériorité ; il ne s'agit point d'une illusion ; le régénéré suit une orientation imprévue et subit une direction notoire pour ses actes les plus banals et ses sentiments les plus secrets.

Oh ! combien tout cela est solide, concret. Dans l'exercice du ministère pastoral, mainte fois j'ai assisté avec une sainte surprise, je dirai presque avec une stupeur sacrée, à l'apparition du Royaume inébranlable dans l'âme humaine, faible, souillée, incrédule, endurcie, apeurée, désespérée parfois, et trouvant dans le vieil Évangile un moyen de rajeunissement, de guérison, de résurrection. Je viens de méditer le témoignage d'un octogénaire, encore libre-penseur il y a une quinzaine d'années, et qui rend un hommage réfléchi, avec la précision de son vocabulaire de médecin, à la puissance libératrice de l'Esprit qui sauve.

On parle aujourd'hui, dans les hôpitaux, du « donneur de sang » ; il offre le sien pour sauver un malade. Or c'est une opération analogue (sur le plan spirituel) qui s'opéra au Calvaire en faveur de l'humanité ; le sang de Christ n'était que l'expression de son amour total, de sa pitié rédemptrice, de sa consécration illimitée ; et le sang versé à Golgotha fut vraiment une transfusion de l'esprit du Crucifié au genre humain. Quiconque est placé au bénéfice d'un pareil et ineffable bienfait reçoit la bénédiction d'une vie nouvelle, au sein du Royaume inébranlable qu'il porte désormais en soi-même.

Cette révélation inexprimable est offerte à chacun de nous, au moyen de la foi ; celle-ci correspond à une certitude personnelle, à un acte de confiance ; elle n'est pas liée avant tout à des formules, mais à la contemplation du Sauveur. Et si, maintenant même, dans l'instant où je parle encore, une âme chercheuse, anxieuse, empoisonnée par le venin de l'a quoi bon ? ou du remords, veut tenter l'expérience décisive, aux répercussions infinies, pourquoi donc attendrait-elle davantage ? Le Royaume inébranlable est à sa portée ; disons davantage, elle peut y entrer ; disons mieux, il peut s'installer en elle à jamais.

Songez-y. Nous ne vivons pas dans le passé, puisqu'il n'existe plus ; le début de la phrase que je prononce encore appartient aux réalités révolues, aussi bien que les fossiles de la préhistoire ; et d'autre part, nous ne vivons pas dans l'avenir, puisqu'il n'existe pas ; la fin de la phrase que je n'ai pas terminée, existe aussi peu en cet instant même que l'extinction future de l'astre solaire, ou le retour du Seigneur sur les nuées. Donc nous ne vivons, littéralement, que dans le présent. Or celui-ci, échappant toujours par définition au passé comme à l'avenir - à l'avenir comme au passé - demeure hors du temps ; il est éternel : les minutes qui fuient sont en réalité des grains d'éternité, enfilés comme les perles d'un collier immortel. Mes frères qui cherchez sincèrement (sans pactiser avec le péché), apprenez qu'entre vous et le Royaume inébranlable que vous portez en vous-mêmes à votre insu, il n'y a rien, - sinon les obstacles intérieurs que nous opposons nous-mêmes à la venue du Saint-Esprit, de l'Esprit sauveur, en notre âme.

Cet Esprit vous appelle : « je me tiens à la porte et je heurte ; si quelqu'un m'entend et m'ouvre la porte, j'entrerai. » Et il va de soi que l'Esprit de Dieu, quand il pénètre en nous pour nous régénérer, nous pardonner, nous inspirer, nous consoler, nous immortaliser, le fait toujours dans le présent, jamais dans le passé ou dans l'avenir. Osez donc affirmer : « je crois ! je sais ! je consens ! je reçois ! Oui je possède en moi le Royaume inébranlable... »

Et l'action de grâces jaillira ineffable, transformant de plus en plus notre Église, malgré son épreuve, en un véritable Oratoire, un sanctuaire de prières et de louanges, où le Te Deum catholique et le Laus Deo calviniste sont dominés par l'Hymne chrétien lui-même, le « Cantique à la joie » de l'Eglise primitive : « Recevant un Royaume inébranlable, soyons pleins de reconnaissance, rendant ainsi à Dieu, avec vénération et respect, un culte qui lui soit agréable. »
Amen.


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