Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Sermons et Méditations




L'Éternel est mon berger.

Lire le psaume XXIII.

Qui n'aimerait le psaume 23 ?
C'est, parmi les cantiques de nos livres sacrés, celui que nos enfants apprennent le premier et dont les doux accents les touchent le plus. C'est celui vers lequel le chrétien mûri à l'école du Seigneur retournera souvent, parce qu'il y respire la paix, la confiance, la sainte assurance de l'enfant de Dieu. C'est un de ceux sur lesquels, pour les croyants de la nouvelle alliance, les paroles de Jésus-Christ, le bon Berger, répandent une grande et vive lumière et dans lesquels ils rencontrent et la sollicitude et la puissance de ce Sauveur qui a promis à ses brebis la vie, et la vie avec abondance. Ne dirait-on pas aussi que, dans nos temps remplis d'agitation, à cette époque d'activité fiévreuse où le repos de l'âme et du coeur semblent de plus en plus introuvables ici-bas, c'est ce cantique de David qui s'offre à nous comme une terre de refuge, une oasis où l'on renaît, où l'on retrouve le calme et, avec lui, de nouvelles forces pour la lutte de la vie ? Écoutez : L'Éternel est mon berger, je n'aurai point de disette. Il me fait reposer dans de verts pâturages, il me dirige vers des eaux paisibles. Il restaure mon âme, il me conduit dans les sentiers de la justice, à cause de son nom. Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi. Ta houlette et ton bâton me rassurent. Tu dresses devant moi une table, en face de mes adversaires ; tu oins d'huile ma fête et ma coupe déborde. Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront tous les jours de ma vie, et j'habiterai dans la maison de l'Éternel jusqu'à la fin de mes jours.

Ah ! qu'il fait bon entendre cela et qu'heureux sont ceux dont le coeur, riche de plus d'une expérience belle, salutaire, précieuse, sait répéter ces paroles avec conviction, au nom de Jésus-Christ !

Ce sont quatre images que David emploie successivement, pour décrire le bonheur dont son Dieu l'avait fait jouir. Il nous dit avoir trouvé dans l'Éternel un berger, un conducteur, un gardien et un hôte. C'est ainsi qu'il développe sa pensée et que celle-ci, sans être modifiée quant au fond. revêt des nuances toujours nouvelles. Le sujet dont il s'occupe est si grand et lui tient tant à coeur, qu'il aime à y revenir, cherchant à se compléter et n'arrivant cependant pas à tout dire.

Et d'abord : l'Éternel est mon Berger, s'écrie-t-il. Mon Berger hier, aujourd'hui, toujours, dans n'importe quelle situation de ma vie. Mon Berger ! Image touchante qui rappelle tout à la fois la faiblesse de l'homme, l'urgent besoin qu'il a d'un appui, l'impossibilité dans laquelle il se trouve de traverser seul la vie, et toute la condescendance, toute la tendresse et toute la sollicitude de Dieu à son égard. Que deviendra la brebis qui n'a pas de berger ? elle n'échappera pas aux ennemis qui lui disputent la nourriture et la vie ; égarée, elle ne retrouvera pas le chemin du bercail ; fatiguée, blessée, elle succombera dans le désert. Il lui faut les soins entendus, la sagesse et l'appui du berger. La condition de son existence est là. Qui le savait mieux que David, lui que l'Éternel avait fait chercher du milieu des troupeaux qu'il paissait dans les campagnes de Bethléem ? Ce furent les souvenirs de sa jeunesse. ce fut le souvenir de ce qu'un jour il avait été appelé à être et à faire pour de faibles créatures confiées à ses soins et dont tout l'espoir reposait sur lui seul, qui lui suggéra et qui lui rendit chère à jamais l'image d'un berger sous laquelle apparaissait à son âme le Tout-Puissant auprès duquel il était à l'abri. L'Éternel est mon Berger, Je ne manquerai de rien ; il me fait reposer dans de verts pâturages, il me dirige près des eaux paisibles ; il restaure mon âme. C'était dire : moi, faible, dépourvu de tout, incapable de me procurer ce qui m'est nécessaire, moi qui ai faim et soif de bonheur et de vie et dont l'âme ne saurait se contenter de ce que lui offre la terre, je possède en mon Dieu Celui qui pourvoit à tout. Pas d'heure où il ne me suive du regard, où il ne s'occupe de moi, où il n'ait pour moi une pensée d'affection, où il ne soit prêt à venir à mon secours. Pas de besoin en moi auquel il ne puisse répondre. Pas de grâce qui me soit nécessaire et qu'il me refuse. L'Éternel est mon Berger ! oh ! le repos du coeur que doit avoir éprouvé celui qui le disait ! - Et des lèvres du roi de l'ancienne alliance, cette confession doit passer sur celles des rachetés de Jésus-Christ. C'est à eux que le divin Berger de David se donne sous la forme du Sauveur, descendu dans le désert de ce monde afin d'en ramener et d'abriter sous sa houlette la brebis égarée et perdue. À vous et à moi, également misérables sans lui, il vient journellement offrir la vie, les frais pâturages et les clairs ruisseaux. À vous et à moi, il demande une seule chose, c'est que tournant le dos à tous les mercenaires qui nous entourent, réclamant nos coeurs, s'imposant avec leurs promesses fallacieuses, nous le choisissions, lui, pour notre Berger. Puissants sont les attraits qu'exercent sur nous les choses d'ici-bas.

Nombreux sont les systèmes et les maîtres qui se présentent avec la prétention de satisfaire les besoins de l'âme. Ici et là, des centaines et des milliers d'hommes se laissent séduire, cèdent, obéissent et attendent sur cette voie le repos et la paix. Vaine espérance ! Il n'y en a qu'un seul auprès duquel on apprenne à dire : Il me fait reposer dans des parcs herbeux, il me dirige près des eaux paisibles, il restaure mon âme. C'est ce Jésus qui s'est écrié un jour : Venez à moi, vous tous qui elles travaillés et chargés, et je vous soulagerai ; à moi, et vous trouverez ; le repos de vos âmes, à moi, qui suis le bon Berger. Et nous, avons-nous écouté ces appels, cru à cette parole ? Confessons-nous : Il est mon Berger ?

S'il en est ainsi, nous poursuivrons avec le Psalmiste : Il me conduit dans les sentiers de la justice, à cause de son nom. Le premier devoir qui incombe au berger vis-à-vis de son troupeau et de chaque brebis en particulier, c'est de les guider. Le berger, c'est le conducteur qui mène la brebis où il veut et dans la conduite duquel la brebis a une pleine et entière confiance. Qui ne connaîtrait les chemins étranges par lesquels il a plu à Dieu de faire passer David ? Difficiles, compliqués, tortueux, souvent inexplicables pour la raison humaine, ils font traverser à l'élu de Dieu les vallées profondes de l'humiliation, de la douleur et de l'affliction. Il y a là ce que David appelle la vallée de l'ombre de la mort. Il y a là aussi des détours qui paraissent inutiles ; il y a du temps qu'on dirait perdu. Il y a des jours où le serviteur de Dieu a été près de perdre courage et dans lesquels on eût pu lui adresser cette parole dite par Esaïe au peuple d'Israël : Pourquoi dis-tu, Jacob, pourquoi dis-tu, Israël : Ma destinée est cachée devant l'Éternel, mon droit passe inaperçu devant mon Dieu ? Il y a eu ce que nous nommerions des heures mauvaises, des journées mauvaises, des années mauvaises. Néanmoins, parce que l'Éternel était son Berger, le pieux roi en est toujours revenu à se dire : Il me conduit dans les sentiers de la Justice à cause de son nom. Je ne crains aucun mal ; sa houlette et son bâton me rassurent.

Comprenons-nous toute la portée de ces paroles ? Elles formulent cette assurance que les chemins de l'Éternel sont bons, qu'il ne se trompe jamais, qu'il conduit sûrement et droit au but ceux qui se sont abandonnés à lui. Elles affirment que c'est l'homme qui voit mal, qui ignore, qui s'égare dans ses appréciations et dans ses jugements. Elles sont, de la sorte, l'expression de la foi qui ne voit rien, mais qui suit, sans douter, d'étape en étape, Celui qui, la houlette du Berger à la main, ouvre la route et indique le bon chemin.
Elles nous font voir un homme qui, là même où l'horizon est chargé de nuages, où la lumière s'éteint, où il ne sait plus où il va ni comment il faut avancer, marche, marche toujours, en se confiant aveuglément au guide qui le précède. - Et voilà pour nous un exemple à imiter. Après tant de siècles, les écoles de foi qui furent réservées à David, se renouvellent encore pour n'importe quel enfant de Dieu. Plus les uns, moins les autres, ils sont tous appelés à s'engager dans des sentiers qu'ils n'auraient pas choisis, à attendre, à patienter, à accepter ce qui paraît difficile, désagréable, fâcheux. Quelquefois, il leur faut descendre tout en bas, perdre toute clarté, tâtonner dans l'obscurité. Presque toujours, avec les difficultés, se présentera la tentation. S'il leur avait été permis de se guider eux-mêmes, n'auraient-ils pas mieux fait, su éviter la complication et la douleur, alléger le fardeau ? Ou bien, Dieu, après tout, les aurait-il peut-être oubliés, se serait-il trompé de route à leur égard ? Ou bien son oreille serait-elle devenue trop pesante pour entendre ? Ou bien sa main serait-elle trop courte pour racheter ? C'est en face de ces pensées de doute ou de subtile révolte, c'est en présence des mystères qu'offre la vie du croyant, que la foi se souviendra de cette parole de David et qu'elle la répétera : Il me conduit dans les sentiers de la justice pour l'amour de son nom. Oublier cela, c'est être emporté par les flots, c'est sombrer, c'est périr, c'est, de plus, couvrir d'opprobre le nom de Celui qui s'appelle le bon Berger et auquel le coeur accorde ce titre. Infidèle ou impuissant, le berger qui laisse sa brebis sera nécessairement l'un ou l'autre. Mais Jésus est fidèle et puissant. Toujours fidèle et revêtu de toute-puissance, il conduit, malgré les apparences contraires et pour l'amour de son nom, chacun des siens dans les sentiers de la justice.

Le berger encore, sera le gardien de sa brebis. Elle est menacée, elle est en danger, elle peut être exposée à mille malheurs. Son séjour dans le monde amène cela nécessairement. Qui l'a su mieux que David ? Qui a connu plus d'adversaires que lui ? Qu'on lise ses cantiques composés pendant qu'il s'enfuyait persécuté, proscrit. Quels cris de détresse dans ces jours terribles où, haï sans cesse, il eut l'insigne honneur d'être le type du grand et divin martyr de la nouvelle alliance ! Et cependant, c'est dans cette extrémité même qu'éclate pour lui toute la grâce de son Dieu. La houlette du Berger se transforme en bouclier qui le couvre, en épée qui le défend. Il y a plus. À l'heure où les adversaires auraient voulu lui ravir son dernier morceau de pain, il se sent bien gardé, soutenu, nourri, rassasié de bonté à tel point qu'il choisit, pour dépeindre sa position, ces termes frappants : Tu dresses devant moi une table, en face de mes ennemis, tu oins ma tête d'huile et ma coupe déborde. Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront tous les jours de ma vie. Les délices d'un festin, c'est l'image de la parfaite sécurité et de la joie dont Dieu remplit l'âme de son serviteur opprimé, chassé et spolié. Les biens et la miséricorde s'attachant à ses pas, et prenant, pour le suivre, la place de ses ennemis mortels, c'est l'image du salut le plus complet que Dieu accorde à celui qu'on avait voué à la mort.

Que vous en semble ? Le Dieu qui s'est montré si jaloux de sauver David et de retirer de la fosse cet homme qui l'aimait, n'agira-t-il pas de même à notre égard ? Le bon Berger de la nouvelle alliance n'a-t-il pas laissé aux siens cette promesse : Ils ne périront jamais et nul ne les ravira de ma main ? Ne s'est-il s'est-il pas jeté au-devant du loup pour sauver ses brebis ? Chacun de nous n'a-t-il pas déjà vu son bras levé pour la défense de son racheté ? Ah ! mes frères, si Jésus-Christ est notre Berger, nous possédons en lui un gardien qui n'a jamais fait défaut et qui sera toujours là. Quel que soit l'ennemi qui vous effraie, votre cause est entre de bonnes et fortes mains. Garder la foi, compter sur Christ, tout est là. Les miracles de délivrance se préparent : La table dressée, la coupe qui déborde, la tête ointe d'huile. Y a-t-il une chose qui soit impossible à Dieu, impossible à Jésus-Christ qui a dit : les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre mon Église ? Oh ! le bonheur de marcher et de lutter sous la houlette d'un tel Berger !

Et cependant, il est une grâce plus grande encore. David la connaissait, l'entrevoyait. J'habiterai, dit-il. dans la maison de l'Éternel jusqu'à la fin, de mes jours. C'est le repos après la marche et la lutte. C'est l'homme accueilli dans la demeure de Dieu, c'est le Berger devenu l'hôte de sa brebis, après l'avoir guidée et gardée dans les sentiers d'un long et fatigant pèlerinage ! David n'a-t-il pensé qu'au repos qu'après des années de luttes et de troubles il trouverait à Jérusalem, ou bien ses pensées se sont-elles élevées plus haut que la terre ? Qui le dira ? Quoi qu'il en soit, les ailes de l'espérance le transportent au delà de ce qu'il voit et le placent en face de la plénitude de la délivrance : Habiter dans la maison de l'Éternel. - Et voilà où doivent aboutir, pour nous aussi, ces chemins parfois étranges où nous met, nous précède et nous garde le divin Berger. Habiter dans la maison de l'Éternel pour longtemps, c'est le but au-devant duquel il conduit les siens. C'est ce que prépare pour nous sa grâce qui nous prévient, nous accompagne et nous suit. Habiter dans la maison de l'Éternel pourlongtemps, être toujours avec le Seigneur, Dieu en Jésus Christ nous a destinés à cela et c'est par ces paroles qu'un apôtre nous exhorte à nous consoler les uns les autres.

Mes frères, est-ce assez beau ? est-ce assez grand ? Ne vous semble-t-il pas que ce cantique de David sur lequel se sont arrêtés nos regards, est comme une corne d'abondance d'où s'échappent des grâces plus précieuses les unes que les autres ? Quelles offres de la part de Dieu ! Quelles promesses ! Quelles perspectives ouvertes ! sachons nous en souvenir, jusque dans ces heures difficiles où le sentiment de la fidélité de Dieu nous fait défaut et où sa face se cache devant nous. Au milieu des hauts et des bas qu'il y a dans notre esprit et dans notre coeur, rappelons-nous que le céleste Berger est plus près de nous que nous ne pensons. Ramenons le regard sur cette page de notre Bible qui nous parle de lui, de sa sollicitude et de sa puissance. Disons nous que tout cela est écrit pour nous aussi et que le Dieu de David est aussi notre Dieu, en Jésus-Christ. Amen.


La  force du Seigneur.

C'est lui qui donne de la force à celui qui est lassé, et qui multiplie la vigueur de celui qui est affaibli. Les jeunes gens se lassent et se travaillent ; même les jeunes gens choisis tombent lourdement. Mais ceux qui s'attendent à l'Éternel reprennent de nouvelles forces. Les ailes leur reviennent comme aux aigles ; ils courront et ne se fatigueront point ; ils marcheront et ne se lasseront point.
Es. XL, 29-31.

Elle est humiliante, mais elle est surtout souverainement consolante, la parole sur laquelle se sont arrêtés nos regards. Humiliante, parce qu'elle nous rappelle nos pauvres conditions humaines, nos faiblesses, nos défaillances, nos découragements, nos chutes. Consolante, parce qu'elle ouvre devant nous des trésors de force dans lesquels elle nous invite à puiser ; consolante, parce qu'elle promet la victoire à ceux qui marchent de défaite en défaite ; consolante, parce qu'elle nous montre le ver de terre transformé en aigle, la puissance de Dieu substituée à l'infirmité de l'homme. Que tout soit pour nous, à cette heure : l'humiliation et la consolation. Que Dieu rende nouveaux, pour nous, ces appels qu'il a fait retentir, il y a de longs siècles, par la bouche de son saint prophète, à l'adresse de son peuple, captif à Babylone.
Qu'il nous attire puissamment à lui, nous apprenant à nous confier en son saint et grand nom auquel, d'éternité en éternité, appartiennent l'honneur, la louange et la force. Amen.

I

Les jeunes gens se lassent et se travaillent, même les jeunes gens choisis tombent lourdement ; triste et humiliant aveu ! C'est dire que la fleur même de l'humanité avec tout ce qu'elle a de forces naturelles, succombe au combat de la vie. Qu'en sera-ce donc des moins vigoureux et des plus petits ?

Israël avait fait à cet égard les expériences les plus tristes. En possession du bon pays que Dieu lui avait donné, enrichi, puissant, victorieux de beaucoup d'ennemis, il avait fièrement dressé la tête. Oubliant, méprisant Dieu, estimant pouvoir se diriger seul, il avait fait la guerre à ses voisins, ambitionné de jouer un rôle dans la politique de l'Orient, cherché une gloire autre que celle d'être le peuple de Dieu et l'instrument que l'Éternel s'était choisi. Hélas ! sa conduite avait eu les conséquences les plus graves et les plus douloureuses ! Il était tombé, tombé lourdement, pour en arriver, de chute en chute, d'humiliation en humiliation, de détresse en détresse, à cette terre d'exil, sur les rives des fleuves de Babylone, où il pleurait sa liberté, sa patrie, son sanctuaire et soupirait dans les chaînes de la captivité.

Qu'ils ont été nombreux, dès lors, ceux qui, remplis du sentiment de leur force, de leur savoir-faire, de leur excellence, ont été appelés à des humiliations, à des déceptions et à des douleurs ! Quelles sérieuses leçons que celles que Dieu donne à ce sujet, année après année, à la jeunesse qui grandit à nos côtés ! Quelles leçons, plus sérieuses encore, que celles qu'il nous prépare à nous, qui, à l'école de son Esprit, aurions dû dès longtemps apprendre à nous méfier de nous-mêmes et à compter sur lui seul ! Qui n'aurait jamais arrêté un regard effrayé sur Simon Pierre, si sûr de lui-même, si prompt à faire les plus belles promesses, si disposé à suivre Jésus, si vaillant à ses propres yeux et, quelques heures plus tard, si coupable, si couvert de confusion, si indigne de l'amour de son Sauveur et n'ayant plus rien à lui offrir que les larmes du repentir ? Mais le pauvre disciple n'a-t-il pas eu des centaines et des milliers d'imitateurs ? Son péché ne s'est-il pas retrouvé chez chacun de nous, sous la forme de la confiance en nous-mêmes ? Et Dieu n'a-t-il pas été obligé de nous montrer que notre force n'est que faiblesse et notre sagesse que folie ? Nous avons cru bien parler, bien faire, et voici que nous nous sommes trompés et que nous sommes arrivés à des fins contraires à celles que nous avions rêvées ! Nous avons voulu glorifier Dieu, et voici que nous avons été en opprobre à son saint nom ! Nous nous sommes dits maîtres de la situation, et voici que les embarras et les complications se multiplient et ne laissent plus d'issue ! Pourquoi ? C'est parce que, sans nous l'avouer peut-être, nous avons compté sur nous-mêmes ou bien sur nos semblables, sur la faiblesse humaine, en un mot, plutôt que sur le Seigneur !

Sur nous-mêmes ! Le dirait-on possible après tout ce que Dieu nous a fait voir de l'inconstance de nos pauvres coeurs, des illusions dont nous nous berçons sur nos qualités et nos mérites, des misères qui nous remplissent et nous ont déjà préparé tant de salutaires humiliations ! - Sur nous-mêmes, qui, si nous avions quelque peu appris la vérité, dirions journellement avec le sage et puissant Salomon : Voici je ne suis qu'un jeune garçon, qui ne sait point comment il faut se conduire ; donne donc à ton serviteur un coeur intelligent pour juger ton peuple et pour discerner entre le bien et le mal. - Sur nous-mêmes, si promptement à bout de sagesse et de forces, si vite abattus, si facilement entraînés et placés dans des situations où nous en sommes réduits à crier au secours.

Et sur les autres, nos semblables, nos appuis terrestres, nos amis ! S'ils nous aiment et nous veulent du bien, s'ils savent nous entourer de conseils et d'affection, s'ils sont prêts à faire pour nous des sacrifices, ne sont-ce pas toujours cependant des hommes, des créatures faibles et en définitive impuissantes, des roseaux comme nous ? Et tel allié, sur lequel nous nous étions assurés, ne nous a-t-il pas laissés, ne s'est-il pas fatigué de nous, ne s'est-il pas montré indifférent, sourd à nos désirs ? Ah ! qu'il a dit vrai, ce prophète qui s'est écrié : Maudit soit l'homme qui se confie en l'homme ! Et encore : Malheur à ceux qui descendent en Égypte pour avoir du secours, qui s'appuient sur les chevaux et mettent leur confiance en leurs chariots, quand ils sont en nombre, et dans leurs gens de cheval quand ils sont forts, qui n'ont point regardé au Saint d'Israël et qui n'ont point recherché l'Éternel des armées !

Jamais, non, jamais, elle ne cessera d'être vraie, pour notre humiliation, cette parole autour de laquelle nous nous groupons dans ce jour : Les jeunes gens se lassent et se travaillent, même les jeunes gens choisis tombent lourdement. Souvenons-nous-en. Confessons que quand nous sommes forts, forts de notre force, c'est alors que nous sommes faibles. Apprenons à regarder ailleurs qu'à nous-mêmes, à chercher pour le combat de la vie un allié meilleur que ceux de la terre, à nous réfugier sur le rocher.

II

Le rocher, tout enfant saurait nous le dire, c'est le Seigneur, notre Dieu en Jésus-Christ, c'est le Sauveur, notre divin Ami. Quand Israël, aux eaux de Babylone, eut vu s'évanouir ses rêves de grandeur et de gloire humaines, quand la fille de Sion, appauvrie, ne posséda plus que son sac et ses cendres, le prophète la remit en présence de ce Dieu puissant et fidèle, qu'elle avait méprisé aux jours de son bonheur, et lui cria : C'est lui qui donne de la force à celui qui est lassé, et qui multiplie la vigueur à celui qui est affaibli. Ceux qui s'attendent à l'Éternel reprennent de nouvelles forces, les ailes leur reviennent comme aux aigles ; ils courront et ne se fatigueront point ; ils marcheront et ne se lasseront point. Puis, déroulant devant le peuple, devenu misérable, une suite de tableaux prophétiques plus beaux les uns que les autres, il lui montre, jusque dans les détails, ce que pourra opérer en sa faveur la main toute-puissante de Dieu. Elle ramènera les captifs qu'elle soutiendra pendant la marche si bien que, sans se fatiguer, ils atteindront la patrie ; elle les revêtira de force et de grâce, elle les bénira, elle dirigera, avec sagesse et amour, les destinées de tout le peuple de Dieu à travers les siècles jusqu'au moment où, sous son regard étonné, naîtront de nouveaux cieux et une nouvelle terre. Des eaux de Babylone au fleuve de vie de la Jérusalem céleste, voilà le vol que prendront ceux auxquels l'Éternel aura donné sa force.

Et Dieu, dès les temps anciens, où furent prononcées ces choses, jusqu'à aujourd'hui, n'a-t-il pas toujours été Celui qui soutient, qui fortifie, qui fait triompher les siens ? Point de variation, ni aucune ombre de changement dans ce Père des lumières qui fait descendre sur ce pauvre monde les grâces excellentes et les dons parfaits. Aucune difficulté, aucune complication, aucune détresse, où sa main se soit trouvée trop courte pour pouvoir délivrer et ou son oreille n'ait plus entendu le soupir de sa créature. Admirable en conseils, magnifique en moyens, c'est ainsi que le caractérise Esaïe, et c'est ainsi qu'aujourd'hui encore nous le connaissons. Aucune bonne cause qu'il n'ait fait triompher, à travers les afflictions, les défaites même, au delà de tout ce qu'avait osé espérer la foi. Aucun mal dont sa sagesse n'ait su tirer le bien ! Pas un seul membre de la grande famille des affaiblis auquel, en retour d'un cri de grâce, il n'ait rendu la force, autant de force qu'il fallait pour la peine de chaque jour. L'Eglise, tout aussi bien que ceux dont elle se compose, le plus petit des croyants tout aussi bien que l'assemblée du peuple de Dieu, n'ont jamais cessé de se renouveler, de retrouver leur vigueur et leurs ailes d'aigle au contact de Celui dont il est dit : Tu as été la force du pauvre, la force du misérable.

Et nous, mes frères, nous n'avons point été exclus de ces privilèges. Que de fois Dieu n'a-t-il pas su nous rendre, à nous aussi, les forces perdues sous le fardeau du jour et sous le faix, plus lourd encore, de nos fautes et de nos erreurs ! Aussi sûrement que nous avons succombé toutes les fois que nous avons voulu courir tout seuls, aussi sûrement notre Dieu nous a soutenus quand nous avons regardé à lui. Le Seigneur m'a aidé ! dans combien de circonstances de nos vies n'avons-nous pas été obligés de le dire ! Que de chemins, barrés hier, qui se sont ouverts aujourd'hui ! Que de montagnes infranchissables à vues humaines et qui sont franchies maintenant ! Que de déserts arides où de plus forts, de plus vaillants que nous auraient succombé, et au travers desquels nous avons été comme portés, si bien que nous nous écrions avec le patriarche : Qui suis-je, Seigneur Éternel ! et quelle est ma maison que tu m'aies fait parvenir jusqu'à ce point où je suis ? Est-ce là la manière d'agir des hommes, Seigneur Éternel ? Voici, je suis trop petit auprès de toutes tes faveurs et de la vérité que tu as gardée dans les promesses envers ton serviteur !

III

De tout cela se détache pour nous un devoir, le grand devoir de notre vie : Nous attendre à l'Éternel ; voilà ce que nous avons à faire. Cela aussi, on nous l'a dit plus d'une fois, mais jamais on ne nous le dira assez.
Ceux qui s'attendent à l'Éternel, s'écrie le prophète, reprennent de nouvelles forces. Par là, il presse le peuple de regarder plus haut que la terre d'exil qui le portait, plus haut que le passé qui l'accusait et qui semblait un irréparable malheur, plus haut que le tombeau qui avait englouti sa richesse et son indépendance nationale, plus haut que la puissance de Babylone qui le tenait enchaîné. À l'Éternel ! regardez ; à l'Éternel, confiez-vous en l'Éternel ! voilà le salut.

O leçon si douce, si facile et que cependant nous sommes si lents à apprendre ! C'est aux circonstances que nous regardons, c'est avec les choses et les hommes que nous comptons, c'est sur les vagues et le vent que s'arrêtent nos yeux. Et comme les disciples ballottés sur le lac de Tibériade, comme Pierre allant au-devant du Seigneur, nous poussons des cris de détresse, parce que nous sentons le terrain céder sous nos pas. Nous attendre à l'Éternel, nous attendre à Jésus-Christ, nous confier en cette puissance, cet amour divin qui ne se sont jamais démentis, compter sur la sagesse du Maître qui, à travers et contre tout, a su amener ce que son conseil avait déterminé, et ce qui était pour nous la bonne part, le vrai bonheur : voilà notre sécurité.
- Exposer tous nos besoins avec des prières et des supplications et des actions de grâce à Celui qui, avant que la parole soit sur notre langue, sait déjà tout, mais qui demande que nous lui disions toute notre pensée ; croire qu'il nous entend, qu'il s'occupe de nous, qu'il dirige, qu'il aidera, qu'il sauvera, là se résoudront les questions difficiles, là disparaîtront les lassitudes et les faiblesses, là les ailes nous reviendront comme aux aigles, là s'accomplira cette promesse : Ta force durera autant que tes jours ; là ce qui était impossible ne le sera plus. L'exemple de tous les hommes de Dieu ne nous le prouve-t-il pas ? Pierre, fort de sa force, renie le Maître ! Pierre, s'attendant à la grâce de Dieu en Jésus-Christ, marche victorieusement et sait glorifier le Seigneur dans sa vie et dans sa mort. Paul s'égare et tombe aussitôt qu'il croit être quelque chose par lui-même, mais Paul prend son vol d'aigle, quand il apprend à dire : Ta grâce me suffit. Ah ! si nous savions mieux les imiter, mieux espérer en Dieu seul pour toutes choses, nous confier plus complètement à la direction de son amour, accepter notre faiblesse et sa force, notre indignité et sa grâce, diminuer et laisser toute la gloire au Seigneur, ne pensez-vous pas que, comme eux, nous saurions marcher et courir et vaincre, soutenus et portés par le Seigneur ? Et si, dans ce jour, Dieu a fait revivre devant nos yeux, une fois de plus, ces paroles des temps anciens, la sagesse et la consolation de l'exil : C'est lui qui donne la force à celui qui est lassée et qui multiplie la vigueur de celui qui est affaibli. Les jeunes gens se lassent ; même les jeunes gens choisis tombent lourdement. Ceux qui s'attendent à l'Éternel reprennent de nouvelles forces, - si nous savons ces choses, soyons instruits à salut, comprenons enfin et pratiquons la volonté de notre Dieu pour notre bonheur. Amen.


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