Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Sermons et Méditations




Trois conseils.

Soyez joyeux dans l'espérance, patients dans l'affliction, persévérants dans la prière.
Rom. XII, 12.

Chez l'auteur sacré qui s'est exprimé de la sorte se sont évidemment trouvées réunies une connaissance parfaite des circonstances de la vie humaine et la sagesse qui sait donner de bons conseils. D'autres se sont mépris au sujet de la nature et du caractère de la vie chrétienne s'écoulant sur la terre. Les uns l'ont rêvée trop facile ; les autres n'en ont vu que les épreuves et les combats. Saint Paul la voit telle qu'elle est, difficile, sans doute, puisqu'elle suit le chemin étroit et passe par la porte resserrée, mais embellie aussi par les promesses qui rayonnent sur elle et le secours qui lui est offert. D'autres encore ont été bien intentionnés en parlant à leurs frères qu'ils voyaient soutenir la lutte, porter la croix ; mais ils n'ont pas su trouver le mot qu'il fallait, et leurs encouragements, plus humains que divins, sont restés sans effet. Tel n'est pas le cas de l'apôtre. À lui, le Saint-Esprit a donné la parole bonne, heureuse, que réclament nos circonstances et nos coeurs et dans laquelle, vraiment, il y a une vertu de relèvement et de consolation intime. Que de chrétiens auxquels elle a déjà fait du bien ! Que d'enfants de Dieu pour lesquels, aujourd'hui, elle sera une bénédiction !

I

Soyez Joyeux dans l'espérance ! - Joyeux ; saint Paul aurait-il écrit ce mot, donné ce conseil, s'il n'avait pas su qu'il arrive au chrétien d'être abattu à la vue de la marche des événements, de la tournure que prennent les choses et des dispositions de son propre coeur ? Il nous prend tels que nous sommes, il nous suit dans les profondeurs de notre découragement et il nous apporte le remède qui guérit nos maux. Soyeux joyeux dans l'espérance, dit-il.

Le conseil, de prime abord, pourrait ne paraître ni bien nouveau, ni essentiellement chrétien. Qu'est-ce qui soutient l'enfant du siècle présent même, si ce n'est l'espérance ? Peut-être n'est-il personne qui n'ait jamais espéré et auquel l'espérance n'ait donné comme des ailes pour s'élever au-dessus des réalités d'une vie accablante et dure. L'homme semble fait pour espérer. Il espère la réalisation de ses désirs et de ses ambitions. Il espère je ne sais quoi de nouveau, de plus beau, de plus heureux. Il espère, en créant, pour l'édifice de ses espérances, des appuis qui lui paraissent solides. Son ouvrage, que d'autres ne contempleront pas sans crainte lui plaît, l'encourage, le réjouit, le porte, jusqu'à l'heure où il comprendra son illusion et s'en ira grossir les rangs des déçus. Ah ! que de pauvres vies, soutenues pendant un temps par les décevants mirages qu'une espérance trompeuse faisait flotter devant les regards de l'homme, et qui se brisent ensuite sur quelque rocher prenant une voix pour lui crier : « Ce ne sera pas pour toi ! »

Malgré tout cependant, il faut en convenir, il y a dans l'espérance quelque chose de bienfaisant, un élément de force et de joie qu'il serait difficile de retrouver ailleurs. L'apôtre s'en souvient, non point pour en rester là, mais pour conduire ses frères plus loin et plus haut. C'est qu'il connaît, lui, une espérance meilleure que celle que fait naître le monde, meilleure que celle du coeur naturel, meilleure que celle qui est innée à la créature humaine et qu'on peut nommer la propriété universelle de l'humanité. Il connaît, dis-je, une espérance qui ne porte pas en elle-même les germes de faiblesse et d'inconstance propres à l'espérance terrestre ; une espérance qui n'est pas d'ici-bas, une espérance qui demeure et qui ne confond pas ; une espérance vive, échappant à n'importe quelle force de destruction, la vraie espérance, en un mot, l'espérance digne de ce nom parce qu'elle est fidèle, et fidèle parce qu'elle vient de Dieu, l'espérance chrétienne, enfin. Est-il besoin de vous en présenter les traits ! C'est elle qui compte, non pas sur les choses et les hommes, sur je ne sais quelle bonne fortune et quelle chance, quelle réussite des opérations et des calculs humains, quelle réalisation des désirs du coeur naturel, mais sur ce que Dieu a promis en Jésus-Christ, lui dont la fidélité est immuable et dont la bonté égale la puissance. C'est elle qui dit que ce Dieu Sauveur fera tout pour le mieux, que toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui l'aiment et qu'aucun bien ne manquera à qui se confie en lui. C'est elle qui, attendant avec assurance le bonheur qu'elle ne voit pas, croit au soleil de grâce prêt à percer les sombres nuages accumulés sur la tête de l'homme. C'est elle qui ne doute pas qu'il y a pour l'enfant de Dieu, quelle que soit sa situation de l'heure présente, un avenir et, dans cet avenir, des surprises préparées à la foi et, dans ces surprises, une révélation de sollicitude et de tendresse paternelles, de sagesse et de force divines dépassant tout ce que le coeur de l'homme avait eu le courage d'attendre et de demander.

Mes frères, telle est l'espérance chrétienne. Au delà des déserts brûlants, des sombres et profondes vallées où cheminent nos pieds, elle nous porte jusqu'à ces montagnes aux cimes radieuses d'où nous viendra un secours certain. Et parce que tels sont sa nature, son ministère et sa patience, c'est en elle aussi qu'apparaît, purifiée, grande, parfaite, la vertu dont les premiers vestiges se retrouvent jusque dans l'espérance d'ici-bas. À elle, il est donné de rendre le coeur joyeux ; à elle, de bannir le découragement ; à elle, de nous faire lever la tête et de ramener un cantique sur nos lèvres. Soyez joyeux dans ce que Dieu donne en Jésus-Christ, le Sauveur : Oui, nous comprenons l'appel, nous nous en souviendrons à l'heure sombre, nous laisserons cette espérance-là illuminer notre route et notre coeur d'un grand rayon de lumière céleste, et nous bénirons Dieu de nous l'avoir fait connaître !

II

J'en viens, mes frères, à la seconde des paroles apostoliques. Soyez patients dans l'affliction, dit saint Paul. Une chose me frappe ici ; elle vous aura surpris vous-mêmes. C'est que ce même apôtre, qui vient d'ouvrir devant nous les beaux et vastes horizons de l'espérance chrétienne et qui nous appelle à la joie, laisse cependant subsister l'épreuve avec ses amertumes et ses souffrances. Ah ! je vous disais bien que saint Paul a connu les réalités humiliantes de la vie du croyant ! Ses souvenirs personnels, les expériences qu'il a vu faire à ses compagnons de route, toutes ces larmes, toutes ces douleurs, il les résume dans ce seul mot trop bien connu dans les rangs des hommes ! C'est ainsi que le Maître, avant de quitter ses disciples, avait parlé dans la chambre haute. Vous aurez des afflictions, avait-il dit. Son serviteur, docile à son enseignement, choisit le même terme : Soyez patients dans l'affliction écrit-il.

Cette parole, avant de nous mettre en présence d'un devoir chrétien et d'une des vertus les plus excellentes que crée l'Évangile, est de celles qui font du bien au coeur. L'apôtre, évidemment, ne nous conteste pas nos peines et nos chagrins, nos infirmités et nos maladies. Non seulement il ne demande pas, comme cela est venu à l'esprit de plusieurs, que tout ce désordre disparaisse par un acte de foi de notre part, et soit effacé du programme de la vie de tout vrai disciple de Jésus-Christ, mais il en admet aussi silencieusement tout le poids pesant sur le corps, l'âme et le coeur. Il semble comprendre surtout qu'à mesure que l'épreuve se prolonge et que les cris de détresse, partant du coeur de l'affligé, restent plus longtemps sans réponse, la situation faite à l'homme se complique de plus d'un danger et de plus d'une tentation. Ce n'est pas saint Paul qui dira : « Vaut-il la peine de s'arrêter à si peu de chose ? Passez outre, oubliez, regardez au glorieux héritage qui vous attend ! » Non, l'écharde qu'il portait lui-même en sa chair et au sujet de laquelle, à trois reprises, mais en vain toujours, il avait appelé une intervention du Seigneur ; cette souffrance pleine d'humiliation qui l'accompagnait de lieu en lieu et d'année en année ; cette entrave d'un ministère qui, sans elle je parle selon les hommes - aurait pu être plus vigoureux et plus imposant, toute cette affliction était pour l'apôtre une épreuve voulue de Dieu, une école nécessaire, mais pénible, difficile, dure à accepter, un appel constant à la soumission, une de ces réalités, enfin, avec lesquelles la foi doit compter ! Et puisque telle était sa manière de voir les choses, il ne vient pas admonester ses frères qui souffrent, ni augmenter leur affliction en la traitant avec indifférence et légèreté. Il s'approche plutôt, le coeur plein de compassion ; il a l'air de comprendre et d'apporter le conseil d'un ami qui a passé par où passent les autres. Serait-il possible dès lors qu'il ne fit pas de bien et ne fût pas accueilli et écouté, lorsqu'il dit : Soyez patients dans l'affliction !

Patients ! De la part de ce conseiller plein de sympathie qui vient de se pencher sur nous, nous acceptons cette parole. Patients ! Nous permettons à ce mot de nous juger, nous qui, si souvent, avons été pris d'impatience, alors que l'affliction ne s'arrêtait pas au terme que notre sagesse et notre volonté auraient voulu lui fixer. Ah ! que nous avons été loin d'être cet homme accompli dont saint Jacques trace le portrait en disant : Il faut que l'ouvrage de la patience soit parfait, afin que vous soyez parfaits et accomplis, en sorte qu'il ne vous manque rien. Sachez donc que l'épreuve de votre foi produit la patience. Patients ! ce sont ces quelques syllabes encore qui nous dévoileront quelle est, pour notre avenir, la volonté de Dieu. Quelle que soit l'affliction qui nous ait atteints ou qui nous attende, nous avons à nous exercer à une vertu, la patience ; nous aurons à demander une grâce, c'est de pouvoir être patients. N'est-il pas dit que le Père des croyants, ayant attendu avec patience obtint ce qui lui avait été promis ? Et nous, apprenons à tenir, à notre tour, ce langage : J'ai patiemment attendu l'Éternel. Nul doute alors que nous ne voyions venir aussi le jour dans lequel, exaucés, délivrés, bénis, nous joindrons à cette confession cette parole de victoire, cet hommage rendu à la bonté de Dieu : Il s'est tourné vers moi et il a entendu mon cri.

III

Il nous reste, dans le message apostolique, un dernier mot : Soyez persévérants dans la prière, dit saint Paul.
Après les instructions reçues, ne sentez-vous pas, mes frères, combien l'appel à la prière est ici à sa place ? La prière, c'est l'homme pénétré du sentiment de son insuffisance, mais cherchant en Dieu ce qui lui fait défaut. C'est le pauvre à la porte du riche, l'infirme à la porte du fort, le pécheur à la porte du Saint. Que ferai-je donc, lorsque je sens que je ne réussis pas à entretenir dans mon coeur l'élan joyeux de l'espérance ? Que ferai-je pour qu'il y ait en moi la patience qui tient bon dans l'adversité ? Prier ; il n'y a que ce seul moyen pour faire naître en moi ces dispositions admirables ! Et tout n'est-il pas promis à la prière ? Si vous, qui êtes méchants, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux, donnera-t-il des biens à ceux qui les lui demandent ! Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit accomplie. En vérité, en vérité, je vous dis que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. C'est ainsi que le ciel avec ses trésors et ses grâces s'ouvre devant celui qui prie, et que Jésus lui-même nous invite à prendre ce qui, pour l'amour de lui, doit être à tout pauvre pécheur qui croit. À nous d'apporter nos besoins afin qu'il y soit pourvu, à nous de persévérer dans la Prière.

Mais en y réfléchissant, mes frères, ne sommes-nous pas contraints de convenir d'une chose, c'est que la persévérance dans la prière nous est difficile ! Il faudrait avouer, peut-être, à notre confusion, que c'est à former des projets, à chercher quelque issue, à nous agiter, à nous tourmenter, à lutter que nous nous entendons bien mieux qu'à prier. Alors surtout que, pour une raison ou pour une autre, et selon un dessein de Dieu, qui doit nous rester caché, les difficultés tardent à s'aplanir, nous nous lassons de demander, de chercher et de heurter. Ah! les situations pénibles qui se prolongent, qui ne changent pas, auxquelles l'homme s'habitue en soupirant et qu'il finit par accepter, non point avec l'humble soumission de l'enfant qui s'en remet pour toutes choses à la sagesse et à la puissance de son Père, mais en se courbant sous un destin inexorable ! À combien de prières n'ont-elles pas imposé un trop hâtif, un fatal et coupable silence ! De combien de miracles de délivrance n'ont-elles pas appauvri l'expérience chrétienne ! Combien aussi nous avons été loin de suivre l'exemple de la veuve assiégeant, pour obtenir justice de sa partie adverse, le tribunal du juge inique !

Ne faut-il pas faire encore un autre aveu, c'est que nous renonçons quelquefois étonnamment vite à telle grâce, telle vertu que Dieu nous avait destinée, à telle oeuvre qu'il aurait voulu accomplir par notre main, au témoignage qui aurait dû être rendu devant le monde, par notre patience et notre foi ? Pour mûrir spirituellement, pour glorifier Dieu, pour avancer le règne de Jésus-Christ, il nous aurait fallu persévérer dans la prière. Mais nous nous sommes relâchés et le succès nous a échappé. Nous n'avons pas prié sans cesse et Dieu n'a pu nous faire selon sa bonne volonté à notre égard. Nous avons perdu du temps, nous avons manqué les occasions.

Persévérants dans la prière. Mes frères. si nous ne l'avons pas été jusqu'ici. il faut le devenir. Ce ne sera qu'à cette condition-là que notre vie chrétienne sera prospère, que notre sentier s'éclairera, que nous pourrons faire ce que Dieu nous ordonne et être, dans notre faiblesse, quelque chose à la louange de la gloire de sa grâce. 0 Dieu, vivifie donc en nous l'esprit de prière et de supplication ! Seigneur Jésus, enseigne-nous à prier, afin qu'on nous voit joyeux dans l'espérance et patients dans l'affliction ! Et lorsque nous ne saurons pas ce que nous devons demander pour prier comme il faut, soulage-nous dans nos faiblesses, Dieu Saint-Esprit, et intercède toi-même pour nous par des soupirs qui ne peuvent s'exprimer. Amen.



Toujours avec nous.

Voici, je suis toujours avec vous jusqu'à la fin du monde.
Matth. XXVIII, 20.

Connaîtriez-vous quelque parole d'adieu plus belle, plus consolante, plus surprenante que celle-ci : Voici, je suis toujours avec vous jusqu'à la fin du monde ? Plus belle et plus consolante, parce qu'elle efface jusqu'au dernier nuage de tristesse que la séparation aurait voulu laisser dans les coeurs. Plus surprenante, parce qu'elle fait de la séparation même le moyen d'une constante union. Arraché à ces conditions humaines qu'il avait voulu accepter pour un temps, élevé dans la gloire, vivant de la vie des cieux, revêtu de la toute-puissance, Jésus pourra se tenir et se tiendra à côté de tous ceux qui ont cru en son nom et qui l'aiment. Il sera pour eux ce compagnon de route que réclament leur inexpérience et leur faiblesse. Il guidera lui-même leurs pas, il les conduira sûrement au-devant de la maison du Père qui les attend. Il sera présent dans leurs demeures qui seront transformées par là en autant de maisons de Dieu. En toute occasion, ils pourront compter sur lui et retrouver sa puissante main près de la leur.

Qu'il fait bon nous redire tout cela ! Qu'il fait bon rencontrer une fois de plus, sur les pages de la Bible, cette ligne mille fois lue déjà et à laquelle nous aimons cependant à revenir : Voici, je suis toujours avec vous jusqu'à la fin du monde ! Il est des messages que le chrétien n'aura jamais entendus trop souvent et qu'il ne se lassera jamais d'écouter. Parmi eux, je compte le mot d'adieu du Sauveur. Je sais que vos coeurs l'attendent. Je sais qu'ils accueilleront avec joie et comme une bonne nouvelle cet Évangile aussi ancien que le christianisme lui-même qui leur parle de la présence constante de Jésus auprès des siens. Oh ! laissez-moi vous le redire : Ce Sauveur qui vous est plus indispensable que vos oeuvres, vos dévouements, vos cultes, vos Bibles même, ce Sauveur dont vous ne pourriez absolument pas vous passer, puisqu'il est, lui, le chemin, la vérité et la vie, et qu'en dehors de lui, il n'y aurait que des impasses, des erreurs et la mort, ce Sauveur est tout près de vous qui l'avez choisi pour votre Maître. Il n'attend, pour se donner à vous, aucun effort qui vous élève dans le ciel où il vit, où il règne, où il est adoré et béni ; les ailes de votre foi ne vous porteraient peut-être pas si haut. Non. Il est auprès de vous, aujourd'hui, et il le sera demain, comme il l'a été hier. Je suis avec vous jusqu'à la fin du monde, voilà sa promesse, son engagement, son don. Emparons-nous-en selon sa bonne volonté.

I

La pensée de la toute-présence de Dieu n'est pas une révélation propre au Nouveau Testament seulement. Dans un cantique d'une haute élévation, David proclame que Celui qu'il sert et qu'il révère est partout. Où irai-je loin de ton Esprit, s'écrie-t-il, où fuirai-je loin de la face ? Si je monte aux cieux, tu y es si je me couche dans le sépulcre, t'y voilà ! Si je prends les ailes de l'aube du jour et que j'aille demeurer à l'extrémité de la mer, là même ta main me conduira et la droite me saisira. Et cependant, qui ne le saurait, qui ne le sentirait, le pieux roi était loin de pouvoir éprouver ce qu'éprouve le croyant d'aujourd'hui, qui se dit que Jésus est toujours à ses côtés. David ne connaissait que ce Dieu dont la gloire remplissait le tabernacle et le faisait trembler. David s'écriait, tout aussi bien qu'Esaïe : Malheur à moi, car je suis un homme souillé de lèvres ! David craignait la présence de Dieu et il ne pouvait pas ne pas la craindre. La crainte, pour un pauvre pécheur, n'est changée en joie, en confiance et en assurance que lorsque cet Être divin qui s'approche de lui, qui demeure avec lui, qui le suit de près, qui l'environne de toutes parts, est le Sauveur, le Rédempteur, Celui qui a fait la paix de l'âme avec Dieu, en effaçant le péché.
Ah ! si je ne pouvais voir en ce Jésus qui me dit qu'il est avec moi tous les jours, que le Saint et le Juste, issu de Dieu, l'image de Dieu, le représentant de Dieu ; s'il n'y avait en lui que le ciel s'abaissant vers ma souillure et ma faiblesse, je tremblerais à mon tour et j'attendrais avec angoisse le moment où, lassé de contempler une vie telle que la mienne, un coeur désespérément malin comme le mien, un pauvre et misérable pécheur comme moi, le Fils du Dieu vivant se détournerait avec dégoût et s'en irait chercher quelque autre créature plus digne de son amour et de sa sollicitude. Mais voici que Celui qui nous promet sa toute-présence est non seulement le Bien-aimé du Père, mais aussi le Sauveur, le grand, le divin Ami des pécheurs, l'Agneau de Dieu ayant expié le péché du monde. Il connaissait à fond toute l'imperfection morale et spirituelle, le péché, la misère de ce groupe de chrétiens auxquels il promit de ne plus jamais les quitter. Il avait vu de près leurs défaillances ; il avait souffert de leur manque de foi et de charité ; il n'avait pas réussi à faire d'eux ce qu'il aurait voulu ; il s'était attristé de leur peu de docilité. Et cependant, puisqu'il était venu pour chercher et pour sauver ce qui était perdu ; puisque Dieu, dans sa personne, faisait grâce au pécheur, il n'y avait pour lui dans ces pauvres disciples rien qui l'empêchât d'associer sa vie sainte et divine à celle de ces hommes qui avaient cru en son nom.
Or, s'il en était ainsi, dans ce jour où, sur la montagne de la Galilée, Jésus parlait aux siens accourus pour le voir une dernière fois, il en est toujours de même. Je ne dis pas que le péché, à ses yeux, ne soit rien, que le péché ne nous rende pas coupables et indignes de ce Sauveur - oh ! que Dieu me garde d'une telle erreur ! Le péché, ce sera toujours ma honte, ma perdition, ma ruine. Mais ce qu'au nom de l'Évangile et de l'expérience chrétienne je soutiens, c'est que ce n'est pas ma souillure morale qui empêchera Jésus de se donner à moi, ni d'être avec moi. Pourvu qu'attristé d'être tel que je suis, je lui dise : « Sauve-moi, moi qui suis perdu sans toi ! » il réalisera pour moi aussi sa bonne parole. Il sera avec moi, lui, le Fils du Dieu béni, le Puissant auquel ont été remises les clefs de l'enfer et de la mort, lui, le grand Intercesseur pour les coupables. Il sera avec moi, lui, aussi juste que je suis injuste, aussi bon que je suis mauvais. Il sera avec moi, sans que je doive redouter la présence de ce Saint ; avec moi, pour recevoir journellement les aveux de ma culpabilité et de ma misère ; avec moi, pour écouter avec patience la confession de mes fautes et pour me purifier de mon péché ; avec moi, pour me dire qu'il me sauvera, moi qui le lui demande avec humilité.

II

J'ai envisagé la promesse de Jésus au point de vue des personnes qu'elle met en relation l'une avec l'autre : le Fils de Dieu d'une part, l'homme pécheur de l'autre. Laissez-moi ajouter qu'elle répand sur toute l'existence de ce dernier des flots de bénédictions. Vous connaissez la vie des premiers disciples, la vie aussi de Saint Paul qui ne tarda pas à se joindre à eux en bénissant le nom de ce Jésus qu'il avait persécuté. Ils ne sont qu'une poignée d'hommes sujets à des infirmités de toute sorte, dépourvus, pour la plupart, de ce que le monde appelle moyens et capacités, et dont la richesse ne consiste qu'en trésors invisibles et spirituels. Le nom de Jésus gravé dans leurs coeurs, voilà leur bien ! Il avait dit : Je serai avec vous, et se souvenant de cette parole, se confiant en la fidélité de Celui qui avait fait cette promesse, ils travaillent, ils parcourent la terre, ils prêchent l'Évangile et ils rendent leur témoignage devant les rois et les nations. Et les voilà qui non seulement échappent à mille dangers, mais aussi qui sont écoutés et frappent les grands de la terre par leur sagesse. L'un de ceux-ci, le roi Agrippa, s'écrie : Il s'en faut peu que tu ne me persuades d'être chrétien ! et le prisonnier qui se tient devant ce puissant, lui fait cette réponse pleine de courage : Plût à Dieu qu'il n'en fallût rien du tout que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m'écoutent aujourd'hui, ne devinssiez tels que je suis, à la réserve de ces liens ! On jette les apôtres en prison, et leur geôlier, converti à Christ, demande : Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? On les fait mourir et ils confessent que c'est avec joie qu'ils servent d'aspersion sur l'offrande et le sacrifice de la foi des troupeaux chrétiens. Ils n'ont rien, et ils en enrichissent plusieurs. Ils succombent, et les voici qui chantent la victoire. Où donc est le secret de ces miracles ? Où donc est la force qui agit dans ces quelques-uns qui se tiennent en face du monde entier ? Ces péagers, ces pêcheurs, ces faiseurs de tentes, ces hommes sans culture d'esprit les uns, sans force physique les autres, ces puissants, ces vainqueurs, ce sont ceux auxquels Jésus a dit : Je suis avec vous !

Un enfant de Dieu en Jésus-Christ, un serviteur, une servante du Sauveur, un disciple du Crucifié peut manquer de tout ce que le monde déclare être indispensable à la vie présente : fortune, science, parents, amis, et cependant être un homme heureux et utile. S'il est vrai qu'il se soit approprié par la foi cette promesse que Jésus a fait rayonner sur la vie des premiers chrétiens ; s'il est vrai qu'il croie à la présence invisible de son Maître et que, tous les jours, il saisisse la bonne et fidèle main que Jésus lui tend ; s'il est vrai que, chaque matin, il ouvre la porte de sa maison et de son coeur au divin Ami qui demande à y être admis et qu'il l'accueille par ce mot Entre, béni de l'Éternel, pourquoi te tiens-tu dehors - s'il permet, de la sorte, à Jésus de réaliser cette parole : Je suis avec vous, il sera, lui qu'on dit malheureux, pauvre et faible, un homme riche, heureux et fort. Heureux, puisque le bonheur n'est pas dans les biens de ce monde, ni même, en dernier lieu, dans les liens de la famille et de l'amitié, mais dans la possession de la paix que Jésus seul peut donner et conserver au coeur. Riche, parce que, auprès du bon Maître, il trouvera en abondance ce qu'il faut pour satisfaire les besoins de son âme. Fort, parce que Jésus sera son appui, sa force et sa sagesse. Supprimez, effacez pour le chrétien ces quelques mots : Je suis avec vous, et il sera livré au découragement, à l'ennemi qui l'assaille sous la forme de l'épreuve ou de la tentation, à mille puissances toutes prêtes à se jeter sur lui pour le perdre !

Ôtez de ses côtés son grand et divin allié, et il ne pourra plus combattre le bon combat, il ne pourra plus, dans son travail de tous les jours, faire l'oeuvre que Dieu lui a confiée, il ne pourra plus confesser, par son silence aujourd'hui, par son courageux témoignage demain, le saint nom en qui seul il y a du salut ; il ne saura plus dompter sa langue ni son coeur, pardonner, aimer, supporter, espérer, attendre la délivrance, croire en l'amour invariable de Dieu. Non, il ne pourra plus rien faire, il ne sera plus rien, celui qui aura perdu Jésus. Mais il sera quelque chose, il sera un homme soutenu, béni et répandant la bénédiction, il sera pour plusieurs comme un miracle et il achèvera sa course avec joie, celui qui possède cette promesse et pour lequel elle s'accomplit : Voici, je suis toujours avec vous jusqu'à la fin du monde. Oui, mes frères, elle donne tout, elle apporte tout à la faiblesse humaine, elle est une source inépuisable de consolation, de force et de bonheur intime, cette parole d'adieu du Sauveur à l'adresse des siens.

III

Il me reste à mettre le doigt sur un dernier point : c'est que ce bon Maître dont la présence sera la vie pour les siens, s'engage à être avec eux toujours, jusqu'à la fin du monde. Toujours, vous l'avez entendu ! Toujours ! Dites-moi l'heure, le moment qui ne seraient pas compris dans ce toujours, prononcé par les lèvres les plus autorisées. À moins que notre petite foi ne crée je ne sais quelles interruptions, quelles suspensions, toujours. Dites-moi encore à quel croyant Jésus n'aurait pas pensé en s'écriant : Jusqu'à la fin, du monde ! Sa parole n'embrasse-t-elle pas toutes ces générations chrétiennes qui se sont déjà succédé et qui se succéderont encore ici-bas ! N'a-t-elle pas été dite pour toi et pour moi, tout aussi bien que pour les disciples de la première heure ? À moins donc que nous ne nous séparions nous-mêmes, par un acte de volonté, d'avec tous ces heureux qui peuvent se dire qu'elle leur appartient, elle est à nous. Oh ! ne doutons donc plus, ne doutons plus jamais de la présence de Jésus-Christ,

Ne disons plus, dans telle circonstance douloureuse, dans tel jour obscur, en face de telle dispensation mystérieuse : Il n'est plus là ! Ne l'accusons pas d'avoir rompu son engagement. Il n'est pas homme pour mentir, ni fils d'homme pour se repentir. Sa parole ne souffre pas non plus plusieurs interprétations. Elle est simple, elle est claire, elle est vraie, et rien au monde ne la fera disparaître du souvenir chrétien.

Toujours avec vous jusqu'à la fin du monde ! Mes frères, en possession de ces promesses et de ces grâces, nous continuerons notre course avec joie. Quoi qu'il arrive, nous ne serons pas seuls. Et toi, divin Sauveur, augmente et fortifie en nous la foi qui sait compter sur toi, d'heure en heure et pour toutes choses. Amen.


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