Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Sermons et Méditations




Nous l'aimons parce qu'Il nous a aimés le premier.
1 Jean, IV, 19.

SERMON PRONONCÉ A L'OCCASION D'UNE RÉCEPTION DE CATÉCHUMÈNES

Mes chers frères et soeurs,
Vous avez accompagné dans ce lieu de culte quatre enfants de l'Eglise chrétienne qui, après avoir été baptisées à l'entrée de leur carrière terrestre, se présentent aujourd'hui devant leur Dieu pour faire une confession volontaire et publique de leur foi, pour être admises à la table sacrée de Christ et pour recevoir la bénédiction du Seigneur. En leur nom, et au nom des familles auxquelles elles appartiennent, je vous remercie de vouloir leur servir de témoins, de les environner d'une affection qu'il serait impossible de ne pas sentir et de les soutenir par vos voeux chrétiens et par vos prières. Nul doute que cette journée ne soit belle, grande pour elles. Plaise à Dieu d'en faire pour nous tous une journée de bénédictions et de grâces !

Lorsque j'ai cherché dans nos Saintes-Écritures, lorsque j'ai demandé à Dieu une parole propre à nous fournir, dans la solennelle circonstance qui nous réunit, le sujet de notre méditation religieuse, mes regards ont été attirés et fixés sur cette ligne qu'écrivait, à la dernière époque du siècle apostolique, sous la couronne de ses cheveux blanchis au service du Maître, Jean, le disciple que Jésus aimait et qui, mieux que personne, s'était pénétré des enseignements et de la pensée du Christ : Nous, nous l'aimons parce qu'il nous a aimés le premier. Il y a là, dans des termes d'une extrême simplicité, tout l'Évangile ; l'Évangile avec toutes ses divines gratuités : Il nous a aimés le premier ; l'Évangile, aussi, avec les résultats que, par sa vertu régénératrice, il est appelé à produire dans nos coeurs, de nature si pleins d'indifférence à l'égard de Dieu et de Jésus-Christ, si peu enclins à se donner, si égoïstes : Nous l'aimons. Ah ! les miracles d'amour qui se pressent ici sous mon regard étonné ! Aimé de Dieu, du Dieu puissant en sainteté ; aimé, moi, enfant de la poussière, pauvre pécheur, homme au vêtement et au coeur souillés ; aimé, avant que j'eusse fait au-devant de lui le plus petit pas ; aimé, avant que mon soupir, mon cri de détresse l'eussent cherché ; aimé, si bien que la flamme de cet amour merveilleux allume en moi - foyer éteint - une autre flamme, la flamme de l'amour pour Celui qui m'a aimé le premier ! Mes frères, venez, groupez-vous autour de ces choses divines ; apprenez, une fois de plus, avec ces catéchumènes, ce que Dieu a fait, ce qu'il a été pour nous et ce qu'il veut faire en nous. Et Toi, divin Maître de la Parole, verse sur cette assemblée ton Esprit de lumière et de grâce ! Fais-nous marcher à la clarté de ta face et bénis-nous, chacun de la bénédiction qui lui est propre !

Mes frères, si l'on me demandait de formuler, en peu de mots, la différence qui sépare la religion du Dieu révélé en Jésus-Christ, la religion chrétienne que nous professons, d'avec n'importe quel autre système religieux qu'a vu surgir le monde, je répondrais : Ici, en dehors du domaine de la foi chrétienne, on demande à l'homme de s'élever le premier jusqu'à Dieu, de faire toutes les avances, de donner avant d'avoir reçu ; là, au contraire, où est proclamé le saint nom qui a été prononcé sur nous à l'heure de notre baptême déjà, on dit, sur la foi des Saintes-Ecritures, que Dieu nous prévient, que Dieu est descendu vers notre misère, qu'il a mille fois parlé, béni, donné, avant d'exiger de ceux dont il s'occupait, le premier mot d'amour, le plus petit don. Il nous a aimés le premier.

Si l'on me demandait encore de résumer dans un seul mot ce dont la Bible est pleine, de dire la vérité qui rayonne partout mais qui, dans plus d'une des pages du volume sacré, resplendit comme le soleil dans tout son éclat, si bien que, semblable à Moïse, se tenant dans la fente du rocher et voyant passer la gloire de l'Éternel, je m'incline aussitôt vers la terre pour adorer ; si l'on me demandait ce qu'il y a dans la Bible, je ferais cette réponse : Ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu les premiers ; c'est lui qui nous a aimés et a donné son Fils en expiation de nos péchés. Que fait la Bible, en effet ? Elle nous prend tels que nous sommes, elle nous dit avec la plus grande franchise que le bien n'habite point en nous, que nous sommes des créatures misérables qui, si Dieu voulait plaider avec elles, ne lui répondraient pas une fois sur mille ; elle fait naître, devant nos yeux effrayés, des sujets de condamnation qui ne font qu'augmenter dans la mesure où nous apprenons à la lire plus soigneusement ; elle ne nous laisse plus aucun lambeau de justice qui nous soit propre ; elle va jusqu'à nier que nous puissions nous relever nous-mêmes de la poussière ; elle nous dit incapables de tout bien ; elle nous humilie aussi profondément que cela est possible, afin de nous faire voir par là jusqu'au fond de l'abîme que le péché a creusé entre Dieu et nous. Et puis, cette oeuvre de destruction accomplie, cette effroyable révélation bien établie, elle nous annonce, quoi ? Que c'en est fait de nous ? Que Dieu nous repousse, nous condamne ? Ou bien qu'il attend notre retour à Lui ? - Non, mes frères, ce qu'elle nous apprend, c'est que Dieu nous a aimés le premier, aimés avant la création du monde, aimés, avant même que l'aspect de notre misère provoquât sa pitié ; aimés, tout en prévoyant à quel point nous serions indignes de lui et de sa bonté ; aimés, toi et moi qui, les uns et les autres, avons connu des journées où la pensée même de l'amour divin ne nous abordait pas. Il nous a aimés le premier, oui, toute la Bible me dit, me répète cela.

Et puisque le vrai amour, l'amour digne de ce nom, ne se déclare pas seulement, mais qu'il se montre, agit, intervient et se sacrifie, le livre divin, à ses affirmations positives, ajoute le récit de faits non moins assurés. Il nous raconte ce que Dieu a fait pour que nous voyions, nous qui voulons voir, qu'il nous a aimés le premier. Où trouverai-je le temps de reprendre tous ces détails ? Il faudrait ici faire un long pèlerinage, partir du jardin d'Eden et aboutir au rocher de Patmos, où Jean traçait les pages de son Apocalypse. En route, et en présence de ce que Dieu a fait pour de pauvres pécheurs semblables à nous, il faudrait mille et mille fois nous arrêter pour bénir cette main si puissante et si fidèle. Mais laissons cela. Il est un point de l'histoire des générations humaines qui, comme nul autre, fait éclater cet amour de Dieu qui nous a prévenus, nous, les perdus. Il est un sommet de miséricorde gratuite et abondante où l'Évangile conduit mes pas tremblants. C'est ici une terre sainte, c'est ici dans toute sa divine splendeur, avec ses inépuisables richesses, l'amour dont Dieu, le premier nous a aimés. Quand les temps furent accomplis, Dieu a donné son Fils, son unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. L'amour de Dieu a paru en ceci, c'est qu'il nous a fait don du Sauveur.

Un jour, en effet, les cieux se sont ouverts sur cette terre de péché et les multitudes qui y erraient, victimes immensément malheureuses de leurs erreurs. Un jour, ô jour de salut qu'avaient attendu les siècles ! est descendu, au milieu de nous et afin de se faire immoler pour nous sur la croix, ce Jésus dont la mort seule a pu nous sauver. Un jour, Dieu a livré pour nous tous le Fils de ses entrailles. Qu'avais-tu fait, mon frère, qu'avions-nous fait pour nous rendre dignes de tant de compassion, que dis-je ? de ce miracle d'amour où se perdent et ma raison et mon coeur ? Abraham avant de sacrifier Isaac sur Morija avait été comblé de bénédictions par Dieu. Il rendait à Dieu ses bienfaits. Mais nous, par quel témoignage d'affection, par quelle parole, par quelle pensée aurions-nous mérité que Dieu nous fit don de son Fils ? Il n'y a eu en nous rien pour lui plaire, et cependant, Christ, envoyé du Père, est venu mourir pour nous. C'est ainsi que nous avons été aimés premiers, et c'est d'un tel amour de Dieu pour nous que nous parle la Bible. Prends et lis, toi qui voudrais le savoir.

Et si, après m'avoir consulté sur la Bible, l'on me priait enfin de dire, en un seul mot, les expériences de ma vie qui sont aussi celles de la vôtre, mes frères; si on nous appelait, les uns et les autres, nous, ici présents, à nous tenir sur les chemins, à regarder, à nous enquérir touchant ces dix, vingt, trente, quarante, cinquante ans et au delà que nous avons parcourus ; si l'on nous pressait de bien considérer les choses, à la lumière de Dieu, et de nous prononcer ensuite sur les impressions que nous a laissées tout ce passé, que répondrions-nous ? Nous nous écrierions, n'est-il pas vrai, comme Jean le fit, en songeant à sa vie à lui, et à celle de ses frères : Il nous a aimés le premier !

En disant cela, je réclame d'abord le témoignage de ceux qui, mûris à l'école du Seigneur, ont derrière eux un grand bout, le plus long, peut-être, de leur carrière d'ici-bas.

Mes frères, je vous sais d'accord avec moi pour affirmer que ce qu'il y a eu de plus constant, de plus frappant, de plus touchant dans nos vies, c'est l'amour par lequel notre Dieu Sauveur nous a prévenus. Ce n'est pas nous qui l'avons aimé le premier ; jamais il n'a attendu cela, non plus, pour nous faire du bien, nous aider, nous relever, nous consoler et nous sauver. Ah ! que serions-nous devenus, s'il s'était borné à nous rendre ce que nous lui aurions donné ? Au lieu de cela, il a été pour nous un Dieu plein de patience et de grâce toute gratuite. Confondus à la pensée de ses bontés et de ses miséricordes qui, jour après jour, sont allées au-devant des besoins de notre âme et de notre corps, humiliés par le souvenir de nos infidélités qui ont pu l'attrister, mais non pas arrêter son amour, nous disons : Qui suis-je, Seigneur Éternel, et quelle est ma maison que tu m'aies fait venir jusqu'au point où je suis ? Est-ce là la manière d'agir des hommes, Seigneur Éternel ? Voici, Je suis trop petit au prix de toutes les faveurs et de la vérité que tu as gardée dans toutes tes promesses envers ton serviteur. Du premier jour de ma vie jusqu'à ce moment, en toute occasion, en mille détails, c'est toi qui m'as aimé le premier, moi, toujours indigne de toi, indigne du moindre même des innombrables témoignages de ton amour !

J'ai parlé au nom de ceux dans les rangs desquels je me trouve. Je m'adresse maintenant à vous, mes bien-aimées catéchumènes que le Maître a confiées à mes directions. Lorsque je me reporte à quelque seize ou dix-sept années en arrière, à ce moment ou nous, vos parents, dans ce même lieu, nous vous avons présentées au Seigneur et où, une première fois dans cette chapelle, j'ai posé les mains sur vos têtes pour vous bénir ; lorsque je songe à l'heure solennelle de votre baptême, alors apparaît à mes yeux l'éclatant témoignage d'amour que vous a donné votre Dieu Sauveur. Vous n'aviez pas eu pour lui la plus petite pensée, quand déjà il est venu vous environner des promesses de sa grâce et vous dire, vous prouver que c'est lui qui vous a aimés le premier. Et lorsque je songe à ces années pendant lesquelles je vous ai vues grandir ; lorsque j'évoque les souvenirs sans nombre qui sommeillent dans mon coeur, ce qui s'en détache comme une voix puissante, c'est cette parole : C'est toi, Seigneur. qui les a aimées le premier. Qu'avez-vous fait pour attirer sur votre jeunesse cet amour qui vous a portées, gardées, enveloppées, bénies ? Où sont les avances que vous ayez faites à Dieu et à Jésus-Christ ? Je n'en découvre aucune. Ah ! que ne puis-je graver dans vos coeurs, en lettres de feu, cet Évangile qui vous dit que le Seigneur a tout fait pour vous qu'il a été pour vous, un père, un Sauveur, un ami sans égal. 0 mon Dieu, dis-le leur toi-même par ton Esprit. Prêche à ces enfants ton nom ! Passe devant elles et leur dis : Je suis l'Éternel, l'Éternel, le Dieu miséricordieux, compatissant, lent à la colère, abondant en grâce et en fidélité, Celui qui aime le premier !

Et vous, que répondrez-vous ? Et nous, mes frères, qui connaissons Dieu et son Christ mieux encore que ne peut le connaître cette jeunesse, que répondrons-nous à ce message divin ? Quel fruit cet amour que nous a témoigné notre Dieu doit-il et peut-il faire mûrir dans nos coeurs ? Quel est le résultat qu'est appelé à produire cet Évangile si plein de douceur et de puissance ? Nous l'aimons, écrit saint Jean. Nous l'aimons : voilà ce que Dieu cherche en nous, voilà la seule et unique chose qu'il nous demande en retour de sa grande et inépuisable charité.

Nous l'aimons ! Serait-ce trop exiger ? Oui, si mon Dieu ne m'avait pressé le premier sur son coeur plein d'amour. Oui, s'il n'était venu réchauffer mon coeur si froid de nature. Oui, s'il me demandait mon amour avant de m'avoir donné le sien. Mais aimé comme je l'ai été, pourrais-je me refuser ? Ce serait m'arracher aux étreintes des compassions divines, repousser la main la plus tendre et la plus puissante qui existe dans l'univers ; ce serait défaire une oeuvre à laquelle Dieu a travaillé sans relâche, et qu'à ce moment encore et plus que jamais, il poursuit en nous.

Nous l'aimons. Serait-ce étonnant que Dieu tînt à notre amour ? Peut-il, puisqu'il est l'amour même, ne pas vouloir notre bonheur ? Or, l'aimer, ce sera notre bonheur, seul vrai bonheur, puisque l'aimer, ce sera suivre Jésus-Christ et le servir, ce sera obéir à ses commandements, ce sera rechercher sa communion, ce sera nous en remettre journellement pour toutes choses à lui seul, ce sera croire en la sagesse de ses directions et reposer avec assurance entre ses bras. Emportés ci et là, flottant entre la crainte et l'espérance, malheureux jusqu'au milieu de leur rire, sans paix, tels sont ceux qui n'aiment pas Dieu. Mais heureux ceux qui s'écrient : Nous l'aimons parce qu'il nous a aimés le premier !

Nous l'aimons ! O miracle de l'Évangile ! 0 fruit précieux de l'amour dont nous avons été aimés ! Qui ne te désirerait ? Qui serait assez ingrat et assez aveugle pour te refuser ? Qui ferait à son Dieu l'impardonnable affront de te repousser ? - Aimez-le, mes chers frères et soeurs, qui que vous soyez, puisque l'amour de votre Dieu vous a, de tout temps, appartenu à tous. Aimez-le, mes chères catéchumènes. Nous, vos parents, dont vous êtes le plus cher joyau, nous cédons, dans vos coeurs, la première et la grande place à Dieu et à Jésus-Christ. Ce n'est pas nous qui pourrons vous rendre heureuses à toujours ; le pourrions-nous, bien volontiers nous le ferions au prix de n'importe quel sacrifice. Mais aimer Dieu, Jésus-Christ, aimer Celui qui vous a aimées le premier, voilà ce qui vous garantira de tout mal et vous fera vivre jusqu'en éternité. Dites-lui, je vous en supplie, que vous l'aimez, et, en pleine confiance, je vous laisse poursuivre votre chemin.

En parlant de la sorte, serais-je infidèle à cet enseignement de la Bible qui nous dit que, pour prospérer spirituellement, il nous faut une seule chose : la foi ? Ne le croyons pas. La vraie foi, telle que Dieu la cherche dans nos coeurs, elle n'est autre chose que cet amour qu'en son nom, je vous demande à tous, à cette heure. Aimer Celui qui nous a aimés le premier : ce sera croire et ce sera, en même temps, porter les fruits de l'Esprit, les fruits de la foi. 0 Dieu de notre salut, Dieu d'amour ! fais naître dans nos coeurs à tous ce cri de reconnaissance et de bonheur, cette preuve que nous te connaissons, toi, le seul vrai Dieu et Jésus-Christ que tu as envoyé, ce témoignage de ton travail en nous, ce signe de vie nouvelle et éternelle : Nous, nous l'aimons, parce qu'il nous a aimés le premier ! Amen.

 



Le coeur rempli de sagesse.
(FIN D'ANNÉE.)

Enseigne-nous à compter nos jours tellement que nous puissions en avoir un coeur rempli de sagesse.
Ps. XC, 12.

Toute fin d'année nous apporte une leçon pleine de sérieux, leçon que nous avons mille fois apprise et mille fois oubliée : c'est que nous sommes ici-bas pour un peu de temps seulement, que nous sommes à l'école pour apprendre à vivre de la vie de l'éternité, et qu'une heure de suprême décision nous attend pour faire de nous ou bien des héritiers du ciel et de son bonheur, ou bien de pauvres perdus plongés dans un éternel malheur. En face de ces grandes réalités, laissez-moi évoquer le souvenir de la figure austère de celui que la Bible appelle l'homme de Dieu, la figure de Moïse, traversant à la tête du peuple de Dieu de l'ancienne alliance le désert qui le séparait, lui avec les siens, du pays de Canaan. Il s'est trouvé sur ses lèvres une parole bien propre à nous enseigner. Cet homme qui voyait les milliers d'Israël succomber à ses côtés et devant lequel disparaissait toute une génération, s'est écrié dans cet admirable cantique qu'il a laissé aux enfants de Dieu de tous les temps et que nous nommons le psaume XC : Enseigne-nous à compter nos jours, tellement que nous puissions en avoir un coeur rempli de sagesse ! À l'exemple du héros d'Israël et humbles comme lui, nous demanderons que Dieu fasse de nous des élèves dociles à apprendre la leçon qui nous dit que la fin approche et qu'il nous faut, à nous aussi, un coeur rempli de sagesse.

Mes frères, si haut que l'on remonte dans l'histoire des générations humaines qui se sont succédé sur la terre, Dieu subsiste et l'homme périt. Les siècles qui s'envolent rendent à Dieu de leur voix puissante cet éternel témoignage : Mille ans à tes yeux sont comme le jour d'hier quand il est passé et comme une veille de la nuit. Tu as jadis formé Ici terre, et les cieux sont l'ouvrage de tes mains. Ils périront, mais tu subsisteras ; ils vieilliront tous comme un vêtement ; tu les changeras comme un habit et ils seront changés ; mais toi, tu es toujours le même et tes années ne finiront point. Quant à l'homme, quel qu'il soit, puissant ou faible, connu ou ignoré, utile ou inutile, aimé ou haï, bon ou mauvais, son histoire se termine invariablement par ce seul et même refrain : puis il mourut.

Puis il mourut ! Le spectacle s'est si souvent répété sous nos yeux, il a pris place parmi les événements journaliers à tel point qu'il ne nous frappe plus. On s'habitue à tout, on s'habitue aussi à contempler la fragilité de la vie humaine, quelque humiliante et quelque douloureuse qu'elle soit. L'homme du monde et le chrétien se disent que la fin vient, et ni l'un ni l'autre ne s'en étonne. La Parole de Dieu ne leur dit rien de nouveau, lorsque, dans plus d'une page elle répète, avec un accent d'un grand sérieux, que toute chair est comme l'herbe et toute sa grâce comme la fleur de l'herbe. Mais les choses les mieux connues ne sont-elles pas, fait étrange, tout à la fois celles que nous reléguons au dernier plan de notre raisonnement et celles auxquelles nous refusons le plus obstinément une place dans nos vies ? Il faut mourir !

Qu'ils sont rares ceux qui vivent avec cette pensée, et qu'ils sont nombreux ces autres qui ont l'air de se bercer de cette illusion que la fin ne vient pas ! Nombreux, jusqu'au milieu de la chrétienté, les imitateurs de cet insensé sur les lèvres duquel nous surprenons cette parole : Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années, repose-toi mange, bois et te réjouis.

Nombreux, toujours nombreux dans tous les âges de la société humaine, les escompteurs de l'avenir. Nombreux, bien nombreux ceux auxquels une vie toute remplie d'obligations imposées par la terre, de labeurs et de tourments ne permet pas de se replacer, dans un salutaire recueillement, devant ce fait qu'il sera dit de chacun d'eux aussi, dans quelque jour rapproché ou lointain : puis il mourut. Si donc il en a été ainsi de tout temps, convenez que Moïse a bien compris ce qu'il lui fallait à lui-même, ce qu'il fallait à ce peuple qu'il était appelé à diriger et à l'humanité tout entière, lorsqu'il s'est écrié : Enseigne-nous à compter nos jours tellement que nous puissions en avoir au coeur rempli de sagesse ! Eh quoi ? ceux qui vivent avec la pensée qu'ils sont des étrangers sur la terre, des pécheurs en route pour la cité qui est à venir, ne trouveront-ils pas plus facile de se conformer à ce précepte de l'apôtre : Ce que je dis, mes frères, c'est que le temps est court désormais. Que ceux qui pleurent soient comme s'ils ne pleuraient pas ; qui sont dans la joie, comme s'ils n'étaient pas dans la joie ; ceux qui achètent comme s'ils ne possédaient rien et ceux qui jouissent de ce monde comme s'ils n'en usaient point, car la figure de ce monde passe ? Et quand ils se rappelleront que le Maître peut être à leur porte pour les chercher, jugeront-ils encore impossible de pardonner, d'oublier et d'aimer ? Et lorsqu'ils auront compris que la nuit vient où personne ne pourra travailler, ne mettront-ils pas plus de zèle et de ferveur à servir Jésus-Christ, chacun avec le talent qu'il a reçu, chacun dans son cercle d'activité, aussi longtemps que dure encore le jour ? Oh ! la chose utile et bonne que de savoir et de nous répéter que nos jours sont comptés !

Mais il est un second ordre d'idées auquel j'ai hâte d'arriver. La fin vient. Que sera-t-elle ?
Mes frères, je ne pense pas, tout bien considéré, qu'il y en ait, parmi les incrédules et les moqueurs même, un grand nombre qui soient bien persuadés que la fin sera la fin, une fin après laquelle on ne trouve plus rien. Je pense, d'autre part, qu'il ne serait pas impossible de rencontrer, parmi ceux-là mêmes qui se montrent chrétiens, plus d'un homme auquel la vérité vraie, à ce sujet, reste cachée.

Quant à ceux pour lesquels il ne peut plus exister à ce sujet d'obscurité ni de doute, il leur sera utile, néanmoins. de se laisser redire, par la parole du Seigneur, ce qu'elle leur a déjà dit toutes les fois qu'ils lui ont demandé ses lumières. La fin qui nous attend, à laquelle nous n'échapperons point et qui pourra nous surprendre à l'heure où nous nous en doutons le moins ; la fin sera pour nous de deux choses l'une : elle sera ou bonne ou mauvaise. Elle sera une fin dans la lumière ou bien une fin dans les ténèbres : elle sera le ciel ou l'enfer.

En vain chercherait-on quelque entre-deux. En vain demanderait-on à l'Écriture de nous trahir le secret de quelque lieu dans lequel il serait permis à l'homme de refaire la vie perdue, de revenir sur ses erreurs et de réparer ses fautes. La fin - mais écoutez donc le témoin infaillible ; il ne nous restera, quand il aura parlé, aucune incertitude, aucune question ouverte. L'un sera pris et l'autre laissé. L'un sera porté par les anges dans le sein d'Abraham ; l'autre sera jeté dans les tourments. À l'un le Maître dira : Cela va bien, bon et fidèle serviteur tu as été fidèle en peu de choses, entre dans la joie de ton Seigneur ! Pour l'autre retentira. cet ordre plein de sévérité : Jetez le serviteur inutile dans les ténèbres de dehors ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.

Pour les uns, ce sera cette parole pleine de bonheur : Heureux les serviteurs que le Maître trouvera veillant quand il arrivera ! Quant aux autres, leur portion leur sera donnée avec les infidèles.

Aux uns sera fait cet accueil qui les fera tressaillir de joie : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; possédez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la création du monde. Aux autres sera réservée cette inexorable sentence : Retirez-vous de moi, maudits ! et allez dans le feu éternel qui est préparé au diable et à ses anges.

Vierges sages, les uns seront admis aux noces de l'Agneau ; vierges folles, les autres trouveront la porte fermée. Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! - Je vous dis en vérité que je ne vous connais pas. Est-ce assez clair, mes frères ?

Le Maître aurait-il pu nous dire avec plus de précision ce que sera pour nous la fin ? Aurait-il pu nous mettre en garde plus fidèlement et plus consciencieusement contre les écarts d'une imagination qui se joue des plus graves questions, et nous placer plus près de la vérité ? La fin, oui, elle sera ou bien un éternel bonheur, ou bien un éternel malheur ! Et puisqu'il en sera ainsi, elle est toujours actuelle, et nécessaire à tous, cette parole de Moïse : Enseigne-nous à compter nos jours, tellement que nous puissions en avoir un coeur rempli de sagesse ! Ce qu'il nous faut, à nous qui consumons nos années comme une pensée, ce qu'il nous faut dans le tourbillon qui nous entraîne et dans l'agitation croissante du siècle présent, c'est cette sagesse qui porte sa pensée sur la fin et qui dit : Que faut-il que je fasse pour être sauvé ?

Et ceci me conduit à un dernier point. Ce sera celui sur lequel je voudrais fixer toute votre attention. Puisque la fin, au-devant de laquelle nous allons, sera ou bonne ou mauvaise, que ferons-nous pour qu'elle soit bonne ?
N'auriez-vous jamais été frappés, mes frères, de rencontrer, auprès de quelque tombe ouverte, une confiance irréfléchie et des espérances bien vagues ? N'avez-vous pas vu les hommes asseoir leur tranquillité sur un fondement branlant, alors qu'il aurait fallu un fondement assez sûr pour résister à la tempête et au feu du jugement divin ? Le fondement branlant dont plusieurs se sont contentés. c'était une vie toute faite de travail et d'honnêteté, une vie qui n'avait ignoré ni les oeuvres, ni les exercices de piété, une vie sans tache selon le monde. Le fondement branlant qu'on a déclaré suffisant pour porter l'édifice de l'éternité, c'était, tout bien compté et d'une manière plus ou moins avouée, le mérite de l'homme, l'utilité de l'homme, l'excellence de l'homme.

Mais l'Écriture vient renverser ces calculs. Elle déclare que si la justice du pauvre pêcheur ne dépasse celle des pharisiens et des scribes, il n'entrera point dans le royaume des cieux. Elle déclare qu'il n'y a sous le soleil qu'un seul nom qui ail été donné aux hommes pour être sauvé savoir le nom de Jésus de Nazareth, le Crucifié et le Ressuscité. Elle déclare que la condamnation qui pèse sur nos vies coupables ne sera ôtée qu'à une seule condition, c'est que nous soyons en Jésus-Christ.

Elle rattache toutes les espérances qu'elle nous laisse à la seule personne de ce Sauveur, à la seule oeuvre de salut qu'est venu accomplir sur cette terre le Fils du Dieu vivant, à la seule grâce gratuite que nous offre, pour l'amour du sacrifice de son Bien-aimé, le Saint et le Juste, l'Éternel des armées. Elle n'ouvre devant nous, pauvres naufragés sur la mer tourmentée de ce monde de péché et de misère, qu'un unique port de refuge et de salut - Jésus ! C'est dans ces eaux-là qu'il nous faudra jeter notre ancre ; partout ailleurs, les vents et les vagues en fureur l'arracheront et nous livreront à une perdition certaine.

Jésus, Jésus ! là est la paix, là est la vie dans la mort même, là est le ciel, là est le revoir avec ceux qui sont morts dans la foi ; là est la joie éternelle rayonnant sur la tête des rachetés ; là est cette éternité pleine de lumière et de bonheur que nous demandons.

Et si ces choses que je dis sont vraies, - et je prends à témoin qu'elles le sont Jésus-Christ lui-même, ses apôtres et les hommes de Dieu de tous les temps, - si cet Évangile-là est la vérité, que sera, en dernier lieu, la sagesse que nous demanderons à Dieu de nous donner ? La sagesse, ce sera un humble et journalier recours à Jésus-Christ. L'homme sage, ce sera celui qui, par la foi, regarde à ce seul Sauveur, s'appuie sur ce seul Sauveur et dont la foi se résume dans cette parole de St-Paul : Celle parole est certaine et digne d'une entière confiance, c'est que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs dont je suis le premier. Mais j'ai obtenu miséricorde, afin que Jésus-Christ fit voir en moi une parfaite clémence pour servir de modèle à ceux qui croient en lui pour avoir la vie éternelle. 0 Dieu, Dieu de notre salut, donne-nous des coeurs pleins de cette divine sagesse ! Amen.


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