Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Sermons et Méditations




Mon secours.

POUR LE JOUR DE L'AN.

J'élève mes yeux vers les montagnes d'où me viendra le secours. Mon secours vient de l'Éternel qui a fait les cieux et la terre. Il ne permettra pas que ton pied chancelle ; voici, Celui qui te garde ne sommeillera point.
Ps. 121, 1. 2. 3.

Au début de toute nouvelle journée qui lui est accordée, le chrétien cherche la face de son Dieu. Il ne voudrait pas se remettre au travail, reprendre son fardeau et sa place au milieu de ses compagnons de route et de labeur, sans s'être approché de Celui qui seul lui donnera force, sagesse, patience et amour, et dirigera ses pas dans un chemin sûr. À combien plus forte raison n'éprouvera-t-il pas un besoin impérieux de se remettre, avec tout ce qui le concerne, sous le regard tutélaire du Seigneur, son Maître, à une heure semblable à celle que nous traversons ? Dans cette matinée qui est celle de la longue journée qui s'appelle une année, nous sommes pressés de demander à la Parole du Seigneur l'instruction qu'il nous faut et d'implorer, sur notre faiblesse et notre insuffisance, la bénédiction de Dieu. Alors seulement que le seul Puissant et le seul Bon nous aura dit : Va, avec la force que je le donne, nous descendrons encouragés et joyeux dans la lice où nous aurons à courir. Si c'est son oeil qui nous guide, tout ira bien ; si c'est son bras qui nous soutient, nous pourrons faire notre oeuvre.

I

On voudrait savoir dans quelles circonstances se trouvait l'auteur du psaume 121, lorsqu'il s'est écrié : J'élève mes yeux vers les montagnes d'où me viendra le secours.
Était-il dans une situation difficile, pleine d'incertitudes, de complications et de peines ? Était-il en voyage, menacé par quelque ennemi, courait-il quelque danger ? Était-il en exil, sur quelque terre étrangère, où il avait besoin de toute sa foi pour demeurer ferme et ne pas douter du Dieu d'Israël ? Qui le dira ? Le fait est qu'au lieu d'arrêter son regard sur les choses et les hommes, sur tout ce monde qui voudrait le troubler ou l'intimider, ou sur quelque détail assez puissant pour appeler son attention, il élève les yeux vers les montagnes d'où lui viendra le, secours. Et ces collines qu'il cherche du regard, ce sont celles de la Ville sainte, ce sont celles où se trouve le temple de l'Éternel, ce sont celles sur lesquelles, tant de fois, on avait vu descendre la gloire du Seigneur et où, tant de fois, le pauvre, le misérable et le perdu avaient trouvé le salut. C'est vers Jérusalem, la cité de Dieu, c'est vers le Dieu vivant lui-même que le Psalmiste élève les yeux.

Bel et bon exemple que celui qu'il nous donne ! Le coeur de l'homme est disposé à interroger la terre sur son avenir. Il voudrait savoir ce que sera pour lui le lendemain rempli de mystère au-devant duquel il marche, et lui arracher ses secrets, ses promesses et ses garanties. Il voudrait pouvoir se dire qu'il échappera à ce qu'il redoute et que sa main réussira dans ce qu'il entreprend. Il voudrait prendre des mesures et des précautions, bien établir son calcul, planter les jalons de sa route. Hélas ! plus il fixe les yeux sur cette terre où il va poursuivre sa course, plus aussi il se trouble, plus il doit se dire qu'il demande et qu'il tente l'impossible et que, dans la voie choisie par lui, tout est peine perdue. Qui donc ne le saurait ? Il n'y a dans les choses d'ici-bas rien qui soit de nature à nous rassurer ; tout, dans ce domaine-là, est incertitude ; il n'y a que du sable mouvant. Oh ! qu'il a été bien inspiré, qu'il a été sage, cet homme de l'ancienne alliance, qui, au milieu d'une vie semblable à la nôtre, a dit cette parole : J'élève mes yeux vers les montagnes d'où me viendra le secours. Élever nos yeux, ne plus leur permettre de planer, effort inutile, sur le long chemin qui est ouvert devant nous ; leur interdire de chercher la terre qui, pour les attirer, exerce un étrange pouvoir - élever les porter notre regard vers les montagnes inébranlables, arrêter notre âme sur le rocher, c'est là ce qu'il faut dans ce jour. Et le rocher, pour nous, enfants de la nouvelle alliance, rachetés de Jésus-Christ, ce n'est plus celui qui portait le sanctuaire d'Israël, image et figure seulement de ce qui nous était réservé à nous. Le rocher vers lequel nous regardons, C'est ce Dieu, qui, par le sacrifice du Calvaire, est devenu un Père pour ceux qui croient ; c'est ce Dieu Sauveur dont l'Eglise de Christ connaît la puissance et l'amour et dont elle bénit le saint et grand nom. Plein de bonté, il demande que notre oeil le cherche et que notre main, faible et impuissante, se pose dans la sienne pour trouver du secours.

II

Mon secours vient de l'Éternel qui a fait les cieux et la terre, s'écrie le croyant d'autrefois. Au nom de Jésus-Christ et dans la foi que donne ce Sauveur, répétons cette parole ; gravons-la sur les linteaux de nos portes. On a dit non sans raison que le chrétien est tout à la fois l'homme le plus craintif et l'homme le plus courageux. Bien mieux que l'enfant de ce monde, l'enfant de Dieu sait que le secours ne lui viendra pas de la terre. Pour lui, les illusions sont détruites. Il connaît la vérité, puisque, à la lumière de ses expériences, de la Parole de son Dieu et du Saint-Esprit, la vanité et l'inconstance des chosesd'ici-bas se sont pleinement dévoilées à ses yeux. Il se connaît avant tout lui-même ; il sait que ce serait faire preuve de témérité et de folie que de se fier à un coeur semblable à celui qui bat dans sa poitrine et qui tant de fois déjà, n'a pu suivre le droit chemin. Non, ce ne sont ni les hommes, ni les circonstances, ni sa prudence, ni son expérience, ni l'excellence de ses intentions qui lui feront trouver la voie du bonheur et de la paix. Rien de tout cela ne le maintiendra debout dans l'épreuve et dans la détresse. Rien de tout cela surtout ne lui donnera d'échapper à son ennemi redoutable, le péché. Que de fois n'a-t-il pas déjà été surpris, terrassé, dépouillé de son dernier reste de gloire, en un clin d'oeil, au moment où il s'y attendait le moins ! 0 heures de défaillance spirituelle et morale, heures de suprême humiliation, c'est vous qui avez achevé de faire de celui qui, de nature, portait le front haut et se flattait de tenir tête aux événements, un homme faible et craintif ! C'est vous qui, après avoir anéanti l'orgueilleuse présomption d'un St-Pierre, avez accompli le même ministère de dépouillement pour tant d'autres ! C'est vous qui avez appris à un St-Paul à tenir ce langage d'une grande humilité : Ce n'est pas que nous soyons capables de penser quelque chose comme de nous-mêmes. Vraiment, je ne puis m'étonner qu'un chrétien, aussi longtemps qu'il songe à ce qu'il est, lui, et à ce que sont les hommes et la terre, soit envahi de crainte et se demande comment tout cela se terminera.

Mais ce même homme, ce même chrétien sera-t-il vaincu par le découragement, continuera-t-il à craindre, lorsque, en suivant l'exemple du Psalmiste, et en élevant son regard vers les montagnes, il se sera écrié par la foi : Mon secours vient de l'Éternel qui a fait les cieux et la terre ?
Il serait difficile de l'admettre, et l'histoire de plus d'un d'entre ceux qui ont cru m'apprend qu'il n'en sera pas ainsi. Convaincu de sa faiblesse et de son manque de savoir-faire, craignant une tâche trop lourde pour ses épaules, Moïse laisse échapper de son coeur oppressé ce soupir : Si ta face ne vient, ne nous fais point monter d'ici. Mais ce même Moïse, comprenant que le secours de son Dieu lui est assuré, marche, indomptable héros, à la tête des tribus d'Israël. Écoutez l'auteur du psaume 93: Les fleuves ont élevé, ô Éternel ! les fleuves ont élevé leur voix ; les fleuves élèvent leurs flots bruyants.

C'est le cri de l'homme qui sait qu'il suffirait d'un rien pour le faire périr. Mais toi, ô Éternel, tu es puissant dans les hauts lieux : plus que la voix des grandes eaux, des flots puissants de la mer, tes témoignages sont la fermeté même ; tu es de toute éternité.

C'est l'homme rassuré, l'homme fort, puisqu'il connaît et qu'il aime le Tout-Puissant. Voyez St-Paul. Ses confessions vont au-delà de ces aveux d'impuissance que je citais tout à l'heure. Il se nomme le premier des pécheurs et toutefois, saisissant par la foi la main de son Dieu Sauveur, il s'écrie : Je puis tout par Celui qui me fortifie.

Demandez-lui ce qu'il entend par là et vous apprendrez que ce croyant, humilié par son passé et son présent, ne redoute plus ni la pauvreté ni l'abondance et qu'il a appris cette grande chose, introuvable chez l'enfant du siècle présent, qui se nomme le contentement d'esprit.

Mes frères, nous ne pouvons penser que cette paix du coeur, cette vaillance chrétienne ne doivent être le privilège que de quelques-uns. À tout homme qui croit, il sera fait selon sa foi ; sa foi, ne fût-elle pas plus grosse qu'un grain de sénevé trouvera la récompense qui lui est promise. Dieu lui-même n'a-t-il pas donné un signe aux hommes ? N'a-t-il pas marqué ce jour de l'an d'un nom qui est le salut même ? Huit jours après la naissance de l'enfant de Bethléem, on lui donna le nom de Jésus, ce qui signifie secours et Sauveur.

Toutes les fois donc que l'année se renouvelle et que nous sommes appelés à reprendre notre bâton de pèlerinage, le nom qui se présente à nous le premier, c'est le nom de Jésus. Nous ne ferons pas un pas de plus sans avoir appris que nous avons un Sauveur, dans la personne duquel le Tout-Puissant est venu et vient encore s'associer à notre vie. Heureux croyants de la nouvelle alliance ! Vous serait-il difficile de répéter, vous qui connaissez Jésus et auxquels Jésus se donne : Mon secours rient de l'Éternel qui a fait les cieux et la terre ? Difficile d'aller de l'avant et de mettre le pied dans le vide ? Difficile, d'avoir confiance ?

III

Mes frères, sur les lèvres du Psalmiste qui ne savait pas tout ce que nous savons, pour lequel le crépuscule n'avait pas encore fait place au grand jour, nous trouvons cette belle parole qui respire le repos et la paix : Il ne permettra pas que ton pied chancelle ; voici, celui qui le garde ne sommeillera point.

Cet homme voit la vie telle qu'elle est. Il ne se cache pas qu'il trouvera sur sa route des pierres d'achoppement et de chute ; mais il sait aussi par la foi que son Dieu, au moment du danger, se tiendra à ses côtés et l'empêchera de tomber. Il ne se fait point illusion quant à sa propre faiblesse ; le sommeil le surprendra : l'ennemi s'approchera de lui sans être vu, mais son Dieu ne sommeillera jamais et saura le garder. C'est ainsi que cet être fait de poussière, ce roseau qu'un rien pourrait briser, ce pécheur au coeur inconstant, repose avec assurance entre les bras de son Dieu. Il aime son Dieu et son Dieu l'aime, cela lui suffit.

Croyons-le, mes frères ! Notre Dieu et Père en Jésus-Christ veut, cette année encore, se charger de nos affaires, de la direction de nos vies, être notre garant, notre protecteur, notre chemin, notre lumière. Imposons silence, une bonne fois, à la voix du doute qui voudrait faire entendre ses mais et ses comment. Il ne permettra pas que ton pied chancelle ; voici, celui qui le garde ne sommeillera point : c'est à cela que nous en resterons. C'est cette parole de confiance absolue que nous prierons le St-Esprit de graver dans nos coeurs, d'expliquer à notre esprit, d'appliquer à nos circonstances individuelles, d'illuminer du rayon d'en haut qui nous est personnellement nécessaire. Qu'elle apporte, de la part du Maître du ciel et de la terre, aux uns ceci, aux autres cela, suivant leurs besoins, et qu'elle nous laisse, nous tous, sous cette impression que cette nouvelle année sera encore, pour nous qui croyons, une année de grâce et de bienveillance. Or, à Celui qui peut faire et qui fera bien plus que nous ne demandons et que nous ne pensons ; à Celui qui peut nous préserver de toute chute et nous faire paraître sans tache et comblés de joie en sa glorieuse présence, à lui, le Roi des siècles, immortel, invisible, tout-puissant, seul sage et notre Sauveur, soient hommage, louange et gloire. Amen.


 
Jésus-Christ à la
porte de l'homme.

Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez lui et je souperai avec lui et lui avec moi.
Apoc. III, 20.

La marche spirituelle des chrétiens de Laodicée, l'une des sept Églises d'Asie Mineure du premier siècle, était loin d'être satisfaisante. Il y avait là de grandes faiblesses et des défaillances effrayantes. Cette Église, envahie par la tiédeur, était sous la menace de cette parole sévère entre toutes : Je te vomirai de ma bouche. Mais, ô patience, ô bonté, ô miséricorde divines ! c'est à elle aussi qu'est adressée cette parole presque sans égale pour mon coeur, tant elle respire l'amour de Dieu pour les égarés et sa grâce offerte au pécheur : Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez lui et je souperai avec lui et lui avec moi.

L'appel, aujourd'hui, s'adresse à nous. Il nous cherche, nous qui, peut-être, sommes spirituellement timides comme les chrétiens de Laodicée. Que Celui qui ne veut pas la mort du pécheur, mais qui n'aspire qu'à sauver ce qui est perdu, nous donne aussi d'écouter.

I

Dans une belle page de l'Évangile, Jésus, désireux d'encourager à la prière ceux qui l'entouraient, place l'homme faible et indigent à la porte de Dieu : Frappez, dit-il, et l'on vous ouvrira. Il n'y a là rien qui étonne, si ce n'est la permission qui nous est donnée, à nous, pauvres pécheurs, de nous approcher du Seigneur des cieux et de la terre, d'avancer notre main, de faire signe que nous sommes là, que nous attendons et que nous demandons à être reçus. Mais après tout, la situation, ici, est normale. Le petit à la porte du grand, l'indigent à la porte du riche, la créature à la porte du Créateur, dont elle dépend pour toutes choses : cela ne surprend personne.

Mais intervertissez les rôles, mettez le riche à la place du pauvre, le maître à la place du serviteur, le saint à la place du pécheur, Dieu à la place de l'homme, dites que c'est vous qui êtes dans la maison, et que celui qui frappe, c'est Dieu en Jésus-Christ, et il y aura de quoi vous étonner. Qui donc, si le Témoin fidèle et véritable ne l'avait ordonné, aurait osé écrire cette ligne, employer ces termes destinés à nous dire la manière d'agir de Jésus-Christ venant à nous au nom de Dieu : Voici, je me tiens à la porte et je frappe ! Comment ? Ce Jésus auquel toute puissance a été donnée dans les cieux et sur la terre, qui ouvre et personne ne ferme, qui ferme et personne n'ouvre ; ce Jésus, devant lequel, un jour, tout ce qui est dans le ciel et sur la terre et sous la terre fléchira le genou et que toutes les langues, avec les accents d'une humble et fervente adoration, appelleront le Seigneur ; ce Jésus qui a laissé sa vie pour nous, afin de nous racheter à Dieu par son sang et auquel seul nous devons notre salut ; ce Jésus auquel nous nous devons nous-mêmes en retour de son sacrifice et auquel nous ne saurions nous refuser, sans nous rendre coupables de la plus impardonnable ingratitude, ce Jésus, ce Sauveur se tiendrait à notre porte comme un suppliant, l'oreille tendue, se demandant à lui-même si celui qu'il est venu chercher et honorer de sa visite, voudra bien lui permettre d'entrer, daignera lui accorder au foyer la place qu'il désire, ou bien lui répondra par un refus ? Comment ?

Quoique assis avec son Père sur le trône il serait encore aujourd'hui doux et humble de coeur à tel point qu'il viendrait à nous plein de condescendance, à nous, la race orgueilleuse, satisfaite d'elle-même, fière de ses vertus jusqu'au milieu de ses misères qui éclatent de toutes parts ? Eh bien ! oui ; cette humiliation devant laquelle nous reculerions, Jésus l'accepte ; cette douceur, cette patience que nous refuserions si elles nous étaient demandées, Jésus les pratique, non point ici et là seulement, mais partout, mais toujours, mais aujourd'hui et pour chacun. Mon frère, quelque nom que tu portes, Jésus se tient à la porte et il frappe.

As-tu compris ? Jésus, ton invisible et céleste Ami auquel, peut-être, tu as peu pensé, que tu as peut-être renié par ta conduite, oublié, attristé et couvert d'opprobre, Jésus auquel tu as préféré les hommes et les objets de ton choix, Jésus se tient à la porte et il frappe. Sais-tu qu'il lui serait facile d'en forcer l'entrée et de pénétrer dans ce coeur qui a l'air de vouloir lui demeurer fermé, par la voie de ses jugements, dans le chemin de l'épreuve, laissant à droite et à gauche les débris de ce que tu appelles ton bonheur, semant la désolation et répandant les frayeurs de son nom redoutable ?

Quelquefois, par amour, se trouvant privé de tout autre moyen, il a recours, pour vaincre la résistance d'un pauvre coeur humain, à cette extrémité qu'il redoute. Mais, le plus souvent, n'abandonnant pas la confiance dont il nous juge encore dignes, nous dont il connaît pourtant le péché ; se convainquant lui-même que nous finirons par écouter, - le plus souvent, dis-je, il frappe avec douceur, il frappe avec la persévérance de la charité, il frappe comme quelqu'un qui espère tout et qui croit tout. Ces appels qui te parviennent par le moyen de sa parole, par l'étude de la Bible, par la prédication chrétienne, comme aussi par la voix des événements de ta vie, des choses que tu apprends et qui attirent tes regards, ou bien par celle d'un ami, d'un voisin, d'un parent ; ces appels que le Saint-Esprit t'a adressés sans intermédiaire humain ; ces appels dont tu te souviens, mais auxquels, peut-être, tu n'as point pris garde, c'est la main de Jésus-Christ, frappant à la porte, c'était ton Seigneur et ton Dieu te demandant de le recevoir. Ces appels qui retentiront encore à ton oreille, qui se multiplieront, qui revêtiront des formes toujours nouvelles, ce sera encore lui, Jésus, te priant d'ouvrir. Cet appel, qu'à ce moment, au nom de mon divin Maître, je t'adresse, je n'hésite pas à le dire : c'est lui, s'approchant de toi.

II

Et la suite ? Tout appel demande sa réponse. La réponse, l'avons-nous donnée, la donnerons-nous aujourd'hui ? Et notre réponse, qu'a-t-elle été, ou que sera-t-elle ? Ah ! si c'était nous qui eussions frappé à la porte de Dieu, je ne serais pas embarrassé pour vous dire comment nous aurions été reçus : Cherchez et vous trouverez, demandez ; et il vous sera donné, frappez et l'on vous ouvrira. Jésus l'a affirmé au nom de son Père, et l'expérience chrétienne de tous les siècles vient à l'appui de sa parole. Dieu ouvre quand la main souillée du pécheur touche à la porte de son palais ; le mendiant est admis, écouté, nourri, vêtu, fortifié d'âme et de coeur ; il est accueilli comme un enfant bien-aimé ; il est pardonné, justifié, sanctifié et tous les trésors du ciel sont à lui. Mais souvenons nous que le cas qui nous occupe est autre. Ce n'est pas nous qui sommes à la porte de Dieu ; c'est Jésus qui se tient à la nôtre. Hélas ! l'accueil que lui fait l'homme diffère fort souvent, d'une manière étrange, de l'accueil que Dieu réserve au pécheur venant à lui.

Laissez-moi, mes frères, examiner ici de près la conduite de ceux par lesquels Jésus voudrait être reçu. Elle ne sera pas toujours identique, là même où elle a ceci de commun qu'elle équivaut à un refus. Je remarque, d'abord, dans nos rangs des hommes qui trouvent sa visite gênante, qui se demandent ce qu'il peut bien leur vouloir, qui s'effraient et qui s'irritent à la pensée qu'il puisse venir réveiller leur conscience endormie, leur ordonner de couper la main qui les fait tomber dans le péché, d'arracher l'oeil qui les fait broncher. Ils feront savoir à ce Sauveur qui frappe, qu'ils ne sont pas chez eux. Chez eux, ils le seraient pour leurs amis, leurs compagnons de plaisir, les hommes de leur parti, n'importe qui, mais pour ce Sauveur qui les jugera au dernier jour et qui vient les presser d'être réconciliés avec Dieu, non, quand il vient, lui, ils sont absents ! - Je remarque, en second lieu, les affairés, les hommes, les femmes, j'allais dire les enfants même, pour lesquels la vie quotidienne se remplit, chaque jour de nouveau, de tâches qu'il faut accomplir. Toujours plus difficile, parce qu'elle s'éloigne de plus en plus de la salutaire simplicité d'autrefois, toujours plus laborieuse et plus envahie par les inquiétudes et les soucis, se compliquant d'année en année, l'existence humaine a l'air de dégénérer en une lutte qui ne connaît pas de repos. Seriez-vous surpris, dès lors, que plusieurs d'entre ceux à la porte desquels Jésus vient heurter, lui répondent, avec regret, je le veux bien, avec une parole d'excuse, ou bien une promesse pour l'avenir : Je n'ai pas de temps à te donner !

Pas de temps ! pour le grand réparateur des forces de l'âme et du corps ?
Pas de temps ! pour ce Jésus qui répondit au tentateur : L'homme ne vit pas de pain seulement ?

Du temps pour le travail, les champs, l'établi, les soins de la maison, l'instruction de l'école, la lecture, les mille devoirs qui se pressent sur le chemin de la vie, mais pas de temps pour Jésus-Christ et ses divines leçons ! Ne vous êtes-vous jamais dit ce qu'il y a là d'affligeant pour le visiteur céleste, et de dangereux pour ceux qui l'éconduisent de la sorte ? Une seule chose est nécessaire ; à quoi donc servirait tout le reste à ceux qui l'oublieraient ? - Je remarque encore d'autres portes qui ne s'ouvrent pas. Jésus frappe et demande à entrer, parce qu'il voudrait enfin s'approcher du coeur avec les directions spirituelles qu'il a à lui donner, lui parler, dans le silence, de ceci et de cela, le rendre attentif à tel devoir de la vie chrétienne qu'il a négligé, l'instruire par son Saint-Esprit, le fortifier pour le combat, le remplir de plus de patience, d'humilité, de foi, de charité et d'espérance. Il y a là toute une éducation spirituelle qui n'est pas faite et qui doit se faire. Sinon, cet homme, cette femme ne seront pas propres pour le royaume de Dieu.

Mais voici qu'aucune voix ne répond à Celui qui frappe. Pas à la maison ? Mais où donc ? Absents au service de quelque bonne oeuvre, en tournée de visites chrétiennes, à quelque réunion intéressante, à quelque comité, à quelque vente de bienfaisance ! Absents pour travailler à l'avancement du règne de Dieu, pour remplir le devoir de témoins, pour en gagner d'autres à une vie nouvelle et pour les amener à la foi ! Absents ! oh ! pour quelque ministère excellent, pour quelque cause digne d'efforts et de sacrifices, mais absents, absents à l'heure où Jésus aurait voulu nous trouver seuls, absents pour parler, nous, à l'heure où il nous aurait voulus silencieux et recueillis, à ses pieds, occupés de notre salut personnel et remplis d'une seule préoccupation : gagner Christ pour nous-mêmes et être trouvés, nous, eu lui. Il est des choses, - et ce ne sont pas les moins importantes de la vie chrétienne, - que l'on n'apprend que seul à seul avec Jésus-Christ. Et n'être pas là quand il vient nous les enseigner, oh ! quelle erreur !

III

Mes frères, qui n'aurait jamais vu, qui ne connaîtrait pour s'en être rendu coupable lui-même, quelqu'un de ces refus ? Hâtons-nous de mettre en regard de ces souvenirs qui devraient nous couvrir de confusion, le devoir dont l'accomplissement sera pour nous une suprême bénédiction. Que nous dit le Seigneur, à nous qui ne méritons pas qu'il s'occupe dé nous ? Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez lui et je souperai avec lui et lui avec moi.

Ouvrir, comme l'on ouvre à un hôte de distinction ; ouvrir, en acceptant l'honneur qui nous est fait ; ouvrir, avec l'empressement du perdu qui voit entrer son salut ; ouvrir, en disant à Celui qui vient : Parle, Seigneur, car ton serviteur écoute ; ouvrir, en permettant à ce Sauveur de disposer à son gré de la demeure de notre coeur, d'y apporter ce qui lui semble y faire défaut, d'en faire disparaître ce qui lui déplaît ; ouvrir, en le suppliant de répandre sa lumière sur notre être tout entier et de faire de nous des créatures nouvelles ; ouvrir résolument et pleins de joie : oui, voilà pour nous le devoir. Être attentifs pour que les bruits de la terre ne couvrent pas la voix de Jésus-Christ qui nous cherche ; ne pas laisser passer le moment béni où sa fidèle et tendre main fera entendre le signe de sa visite, voilà encore et toujours pour nous le devoir, et ce devoir, voilà le bonheur, le grand bonheur, le seul bonheur que ni le temps, ni la terre, ni aucune puissance ne pourront ravir à celui qui le possède, le bonheur du ciel, descendu sur ce monde de misère. Chez cet homme que le péché et la terre avaient rendu aveugle, misérable, pauvre et nu, chez cet homme qui ignorait la paix et le repos de l'âme, entrera Jésus-Christ, Celui dont on disait, dans les jours de sa chair : Il mange et il boit avec les gens de mauvaise vie. Il s'installera à la table de celui qui l'a reçu, non point comme un intrus qui serait venu prendre le bien d'autrui, mais comme un ami apportant avec sa personne de quoi répondre à n'importe quel besoin. Je souperai avec lui et lui avec moi : me demanderez-vous l'interprétation de ces images ?

Le repas pris en commun, en Orient, c'est la communion établie entre les convives ; ce sont des relations d'amitié nouées aux yeux de tous ; ce sont des promesses de confiance et de protection mutuelles. Je ne puis douter, après cela, que Jésus, dans l'emblème qu'il a choisi, n'ait voulu signaler à l'homme qui lui aura ouvert la porte, une grâce grande entre toutes, la grâce de vivre dans sa communion, de l'avoir pour ami de tous les jours, pour Sauveur dans toutes les détresses, pour rédempteur miséricordieux et tout-puissant.

Pourvu que je gagne Christ, s'est écrié un apôtre, en dévoilant par là le dernier désir de son coeur et la suprême ambition de son âme. Et Jésus-Christ, avant même que nous ayons répété cette parole de St-Paul, se montre pour nous d'une infinie bonté. Il est là, mon frère, Celui dont ton coeur a soif plus que tu ne le penses. Il est là, à la porte, ce Sauveur qu'il te faut à tout prix, parce que, sans lui, il n'y aura pour toi ni paix ici-bas, ni bonheur dans la vie à venir. Il est là, il frappe, il attend, il s'offre, il te demande de lui ouvrir la porte, il te rend ton salut bien facile. Et tu pourrais lui refuser ce coeur où il cherche sa place, donner ce coeur, - puisqu'il faut qu'il se donne, - à quelque maître qui le tyrannisera et le plongera dans le malheur ?

Non, mon frère, cela ne se doit pas ! Cela ne se peut pas ! Sans retard, dis à Jésus, dis-lui aujourd'hui, dis-lui tous les jours : Entre, béni de l'Éternel, pourquoi te tiendrais-tu dehors ? Amen.


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