Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Sermons et Méditations




Sommes-nous à l'abri ?

POUR LE JOUR DU JEUNE.

Quoi donc ? Sommes-nous à l'abri ? (1) Nullement.
Rom. 3, 9.

Dans ce jour du Jeûne, où notre peuple tout entier est pressé de rentrer en lui-même et de s'humilier, deux pensées domineront en nous, si nous prenons au sérieux l'appel qui nous est adressé : la pensée que nous sommes de pauvres et misérables pécheurs, et la pensée que Dieu est juste. Peut-être chacune d'elles, prise séparément, pourrait-elle nous laisser indifférents. Nous sommes si habitués à convenir que nous sommes coupables, si habitués aussi à parler de la justice de Dieu. Mais nous serait-il bien possible de nous placer, avec le péché qui habite jusque dans les plus excellents d'entre nous, en présence de Celui dont les yeux sont trop purs pour voir le mal ; nous serait-il possible de nous dire que nous comparaîtrons un jour, et que, en quelque sorte, nous comparaissons aujourd'hui déjà, tels que le péché nous a faits, devant le tribunal de Christ ; nous serait-il possible d'unir ainsi dans une seule et même réflexion ces deux choses qui s'appellent notre péché et la justice de Dieu ; nous serait-il possible de faire cela sans éprouver toute la gravité de notre situation ? Faites abstraction, pour un moment, des consolations que l'Évangile de Jésus-Christ apporte à tout pécheur qui se repent : restez-en à ce fait brutal que le péché bannit nécessairement du ciel tout homme et le sépare d'avec Celui en qui seul existent le bonheur, la paix et la vie.
N'y a-t-il pas là de quoi troubler et faire réfléchir toute âme sincère et droite ? Et tout cela ne ramènera-t-il pas sur nos lèvres la question que pose St-Paul au chapitre III de son épître aux Romains ? L'apôtre, après avoir dévoilé, dans une page saisissante de vérité, l'effroyable corruption du monde païen, se tourne vers Israël, le peuple élu, instruit selon Dieu, aimé et béni par Dieu. Préoccupé du sort de ces privilégiés, examinant leurs conditions morales et spirituelles, se demandant ce que deviendra Israël et ce qu'il deviendra lui-même, lui, membre du corps d'Israël, devant la justice du Saint des saints, il s'écrie : Quoi donc ? Sommes-nous à l'abri ? À quoi il se voit obligé de répondre : Absolument pas ! Tous les hommes, tant Juifs que Grecs sont sous le péché !

Sommes-nous à l'abri ? Je relève dans ce jour la question de St-Paul, je vous la pose, mes bien-aimés. Sommes-nous à l'abri de la colère de Dieu qui frappe le péché ? Il nous faut le savoir.

I

Sommes-nous à l'abri ? Mettez le monde d'aujourd'hui en face de ces quelques mots et ils ne tarderont pas à recevoir, de la part de plusieurs, une réponse bien propre à nous tranquilliser. Le péché, diront-ils, n'est autre chose qu'une faiblesse innée à la nature humaine ; comment donc pourrait-il nous condamner ? Le péché, s'il est un mal, est un mal inévitable ; comment donc nous chargerait-il de responsabilité ? Le péché, mais ne voyez-vous pas qu'il constitue un élément utile, nécessaire dans le développement moral de l'homme ; comment donc s'inquiéter à son sujet ? Et la foule, non seulement la foule irréligieuse opposée à l'Évangile, mais aussi la foule chrétienne de nom, la foule, sans formuler de réponse, déclarera par sa conduite, son indifférence spirituelle, son laisser-aller, son contentement d'elle-même, qu'elle ne croit pas au péché et bien moins encore à la culpabilité dont le péché charge celui qui le commet. D'ailleurs, on le lui a dit tant de fois : Dieu est si bon ! Et elle en conclut qu'il ferme les yeux.

Mais l'Écriture est loin de partager avec nous ces vues étranges. Elle proteste, en élevant puissamment sa voix contre ces erreurs. Elle affirme que le péché existe, qu'il est un vice et qu'il est une puissance. Un vice qui se retrouve dans toute vie humaine, sans exception aucune, un vice dont la gravité est grande et qui doit être pardonné et effacé. Une redoutable puissance encore, à laquelle nul n'échappe. Qu'il est noir en effet, qu'il est effrayant, ce tableau dans lequel St-Paul décrit, en traits généraux, la corruption humaine : Il n'y a point de juste, non pas même un seul. Il n'y a personne qui ait de l'intelligence ; il n'y en a point qui cherche Dieu. Ils se sont tous égarés, ils se sont tous corrompus ; il n'y en a point qui fasse le bien, non pas même an seul ! Dans cette humanité, qui lève orgueilleusement la tête, il n'y a donc rien qui puisse trouver grâce devant la justice divine ! Notre parole, l'Écriture le dit, est souillée et porte malheur. Leur gosier, déclare-t-elle, est un sépulcre ouvert ; ils se sont servis de leur langue pour tromper ; il y a un venin d'aspic sur leurs lèvres ; leur bouche est pleine de malédiction et d'amertume. Nos actes, l'Écriture en fait le procès. Ils ont, dit-elle, les pieds légers pour répandre le sang. La désolation et la ruine sont dans leurs voies. Ils n'ont point connu le chemin de la paix. Et si vous demandez encore quelle est la cause de ces désordres universels et effroyables, la Bible répondra que la source du péché n'est pas dans je ne sais quelles circonstances accidentelles, mais dans le coeur même de l'homme.

C'est ainsi, mes frères, que l'Écriture ferme la bouche à toute l'humanité souillée par le péché : Tout le monde, dit-elle, sera reconnu coupable devant Dieu.
Et si c'est tout le monde, sommes-nous à l'abri, nous, notre patrie, notre canton, notre village, nos magistrats, nos Églises, nos familles, toi, mon frère, et moi ? Au milieu même de la paix dont nous jouissons et des grandes bontés dont Dieu nous comble, ne voyons-nous pas comme une épée suspendue sur nos têtes ? Serait-il impossible que le Juste et le Saint vint nous frapper un jour ? Pas un juste, non pas même un Qui donc serait à l'abri ?

II

Peut-être cependant, tout en entendant l'Écriture proclamer la grandeur et l'universalité du mal, avons-nous fait, par devers nous-mêmes, une réflexion qui nous a quelque peu tranquillisés. Nous sommes si habiles à nous soustraire aux sentences de la Parole, à découvrir quelque porte dérobée pour nous sauver hors de l'édifice en feu ! Dans le cas qui nous occupe, en particulier, il ne peut nous avoir été difficile de trouver que, malgré tout, les déclarations de l'apôtre ne peuvent s'appliquer à nous. Tout bien considéré, serait-il vrai, en effet, que nul ne cherche Dieu, ne fasse le bien ? S'il y a des gosiers qui peuvent être nommés des sépulcres ouverts, n'y en a-t-il pas aussi d'où sortent la louange de Dieu et la bénédiction ? S'il est des pieds légers pour répandre le sang, ne s'en trouve-t-il pas aussi desquels il est dit : Qu'ils sont beaux sur les montagnes les pieds du messager de bonnes nouvelles ? S'il est des coeurs dans lesquels la crainte de Dieu ne règne pas, n'en connaissons-nous pas également qui aiment et qui servent le Seigneur avec fidélité ? L'Écriture, en parlant comme elle parle, n'aurait-elle donc pas généralisé des accusations qui ne seraient justifiées que pour le grand nombre ? Ses jugements se rapporteraient-ils vraiment à nous aussi, à nous, chrétiens, faibles, sans doute, mais désireux de faire le bien ? Ignorerait-elle en tenant un langage si sévère, ce que sont nos institutions et nos vies, et aurait-elle le tort de nous associer sans distinction aux incrédules, aux moqueurs, aux péagers et aux gens de mauvaise vie ?

Non, l'Écriture sait tout ce que nous savons ; elle sait qu'il y a des degrés dans le mal qui règne ici-bas ; elle sait que la grâce de Dieu a préservé les uns de tomber aussi bas que les autres ; elle sait qu'il s'en trouve dans le nombre, dont le coeur veut le bien et dont la conscience proteste contre le mal. Mais elle se place, dans la page qui est ouverte devant nous, au point de vue absolu de Dieu. Elle ne s'arrête pas, pour le moment, à ce que le Saint-Esprit peut avoir opéré, ici ou là, dans quelque pauvre pécheur. Elle constate le caractère du coeur naturel de tout homme. Elle soutient que tout ce péché, dont elle révèle l'existence et l'empire, existe en germe dans l'orgueil et dans l'égoïsme de notre moi, elle nous rend attentifs à ce fait humiliant entre tous, que la moindre circonstance pourra suffire pour faire sortir de cette mauvaise racine la plante et le fruit mauvais qui nous condamnent. Aurions-nous le courage de la contredire, sur ce point encore, de l'accuser d'irréflexion dans ses jugements, d'exagération et d'erreur ?
L'histoire de notre passé ne vient-elle pas plutôt à l'appui de ce qu'elle avance ? Et l'heure actuelle, avec ses appels à l'humiliation, n'est-elle pas faite pour réveiller en nous plus d'un souvenir douloureux ? Qu'il a fallu peu de chose, parfois, pour nous faire oublier nos devoirs et nos engagements chrétiens ! L'occasion donnée, la chute nous a surpris, comme elle a surpris Pierre dans la cour du sacrificateur. Qu'en pensez-vous ? Si, dans ce jour, ce Dieu dont il est dit qu'il nous environne soit que nous marchions. soit que nous soyons couchés, qu'il découvre de loin nos pensées et qu'il connaît parfaitement, toutes nos voies, si le céleste Scrutateur des coeurs mettait dans un des plateaux de la balance toute notre bonne volonté, nos promesses de fidélité, nos vertus même, et dans l'autre tout le péché que nous avons commis à l'heure favorable pour le mal, à l'heure où quelque voix du dehors appelait ou réveillait le péché sommeillant en nous, à l'heure où un manque de vigilance nous rendait moralement faibles, - si le Dieu vivant faisait ainsi le compte de nos voies, mes frères, qui pourrait subsister ? Et tout cela ne suffirait-il pas pour nous ramener, malgré tout, à cette question de l'apôtre : Sommes-nous à l'abri ?

À l'abri de la colère de Dieu, moi, qui, tant de fois et en dépit de mes convictions chrétiennes, ai manqué, à l'égard de mon frère, d'amour, de patience et de support ? Moi, qui souvent ai vécu pour moi-même et non pour Celui qui est mort et ressuscité pour nous ? Moi, dont le coeur accueille encore si facilement tant d'hôtes mauvais et impurs que Jésus-Christ aurait voulu en chasser ? Moi, qui, au service du Seigneur, ai manqué de courage moral et qui n'ai été ni le sel de la terre, ni la lumière luisant devant les hommes ? À l'abri, moi, qui en suis réduit à avouer que si le Maître voulait plaider avec moi, je ne lui répondrais pas une fois sur mille ? Moi, qu'il a comblé de tant de témoignages de sa faveur et qui en tant de circonstances, lui ai refusé la preuve de mon amour ? Suis-je à l'abri ? Sommes-nous à l'abri ? nous dont les responsabilités se sont accrues d'année en année et dans la même proportion où s'est augmenté notre trésor de connaissances et d'expériences chrétiennes ? Que nous a-t-il manqué pour pouvoir être des chrétiens dignes, de toute façon, de porter le beau nom de Christ ? Quelle lumière, quelle grâce, quelle preuve de la bonté de Dieu, quels soins du souverain pasteur et évêque de nos âmes ? Les cinq talents que le Maître nous a confiés, qu'ont-ils rapporté pour sa gloire et pour son règne ? Sommes-nous à l'abri ?

III

Et si, puisque tous nos mérites sont anéantis, nous recevions pour réponse le terrible : Absolument pas ! que ferions-nous ? Si l'Écriture, parlant au nom de la justice et de la sainteté de Dieu, nous affirmait que nous ne sommes pas à l'abri et que nous ne le serions pas alors même que nous aurions moins de reproches à nous faire, que ferions-nous ? Si nous sommes obligés de nous dire que, tels que nous sommes, nous tombons, avec le monde entier, entre les mains de la justice divine, et que c'est par la maison de Dieu que le jugement doit commencer, que ferons-nous ?

Mes frères, il n'y a ici qu'un seul conseil à donner ; il sera le même sans distinction pour les grands et pour les petits de ce monde, les princes et leurs sujets, les savants et les ignorants, les jeunes et les vieux, toutes les classes de la société et tous les degrés de l'intelligence. Vous voulez être à l'abri de la colère de Dieu et de sa justice ? L'abri que vous cherchez, vous le trouverez à une seule et unique place, et cette terre de refuge, ce lieu de salut, c'est la colline où, il y a dix-neuf siècles, les pécheurs ont traîné le seul juste que le monde ait vu, c'est la croix de Christ. Partout ailleurs, vous rencontrerez un Dieu qu'aucune vertu humaine ne saurait satisfaire. Seule, la croix du Rédempteur vous jette dans les bras d'un Dieu qui fait grâce pour l'amour du sang expiatoire de son Fils bien-aimé. Les oeuvres les plus parfaites ne changeraient rien à votre situation désespérée, mais la croix de Christ sauve parfaitement le pécheur qui y apporte sa misère. C'est ici son abri, c'est ici qu'il trouvera la paix. Frères, ce jour de jeûne, sans cet Évangile-là, serait un jour sans issue. Mais puisque Dieu nous le donne illuminé des rayons de son salut, allons à Jésus pour être pardonnés et lavés de nos fautes, et bénissons Celui qui nous attend pour nous faire grâce ! Amen.



La  
vision du ciel.

Après cela, je regardai et voici, il y avait une grande foule que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l'Agneau, revêtus de robes blanches, et des palmes dans leurs mains. Et ils criaient d'une voix forte, en disant : Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône et à l'Agneau. Et tous les anges se tenaient autour du trône et des vieillards et des quatre animaux ; et ils se prosternèrent sur leurs faces devant le trône, et ils adorèrent Dieu, en disant : Amen ! la louange, la gloire, la sagesse, l'action de grâce, l'honneur, la puissance et la force soient à notre Dieu, aux siècles des siècles ! Et l'un des vieillards prit la parole et me dit : Ceux qui sont revêtus de robes blanches, qui sont-ils et d'où sont-ils venus ? Je lui dis : Mon Seigneur, tu le sais. Et il me dit : Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation ; ils ont lavé leurs robes et ils les ont blanchies dans le sang de l'agneau. C'est pour cela qu'ils sont devant le trône de Dieu et ils le servent jour et nuit dans son temple. Celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux ; ils n'auront plus faim, ils n'auront plus soif, et le soleil ne les frappera plus, ni aucune chaleur. Car l'Agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. (Apoc. VII, 9-17.)

Mes frères ! Si jamais, dans un de ces jours sombres et tristes où le brouillard se traîne, lourd et froid, sur nos campagnes, vous vous êtes tenus sur quelque sommet de notre Jura, un spectacle d'une grande beauté s'est présenté à vous. Au-dessus de cette mer de nuages, dans laquelle étaient ensevelis la ville et les villages, vous avez contemplé la chaîne de nos Alpes, étincelante de lumière sous un ciel radieux. À la vue de ces splendeurs, vous vous êtes sentis revivre. Ah ! qu'il faisait beau là-haut !

Peut-être y a-t-il là comme une image de l'expérience que fit, sur le rocher de l'île de Patmos, l'évangéliste St-Jean, lorsque la cité du ciel, émergeant soudain des brouillards terrestres, apparut à ses yeux étonnés. Travail et peine, angoisse et douleur, séparation et deuil, tout ce que la terre où nous vivons a de triste et d'humiliant, tout ce qui nous trouble et nous indigne, avait disparu pour le serviteur de Christ. Dans cet instant, le monde avec ses bruits, ses cris et ses détresses était mis sous ses pieds. Il était en face du grand au delà, du royaume de Dieu, venu plein de justice, de lumière et de gloire.

Or, ce qu'il lui fut donné de contempler dans une inoubliable journée, il l'a légué, dans une page de son livre de l'Apocalypse, aux générations chrétiennes de tous les temps. Après tant d'autres qui, du sein de leurs tribulations ont levé le regard vers le tableau déroulé par l'apôtre, contemplons-le à notre tour. À l'aspect des choses que vit, dans un lointain passé, le disciple de Jésus-Christ, apprenons quelles sont nos espérances chrétiennes et quel est le chemin qui conduit au ciel.

Nos espérances chrétiennes : ce sont elles qui se présentent à nous sous la plume de Jean, non pas comme autant de promesses dont nous attendrions encore la réalisation, mais comme autant de faits accomplis. Ce qui sera un jour pour ceux qui auront gardé la foi, ce qui est aujourd'hui déjà la part de ceux qui ont vaincu, nous le touchons ici du doigt. Nous mettons le pied sur la terre promise. Nous en possédons les avant-goûts et notre âme renaît sous le souffle d'en-haut. Voyez : dans la scène pleine de grandeur qui se passe devant nous, dans le ciel, plusieurs traits nous frappent, et dans chacun d'eux, quel rassasiement de joie ! Quelle réponse aux aspirations les plus intimes de nos âmes et aux cris de nos coeurs ! Quel exaucement dépassant de beaucoup ce que nous avions eu le courage de demander ! Quelle manifestation de la puissance et de l'amour de Dieu ! Quelle révélation sur le ciel !

Remarquons d'abord que ce ne sont pas quelques rares élus seulement qui entourent le trône de Dieu et de l'Agneau. Une grande multitude, une foule que personne ne peut compter, s'est réunie dans le sanctuaire céleste. Toutes les tribus, tous les peuples et toutes les langues y comptent des représentants. C'est l'accomplissement de la promesse faite à l'Homme de douleur : Il jouira du travail de son âme, dit le prophète, et il en sera rassasié. Mon serviteur juste en justifiera plusieurs par la connaissance qu'ils auront de lui, et le bon plaisir de l'Éternel prospérera entre ses mains. C'est la réponse aussi que Dieu donne à nos craintes, à nos doutes, à ce cri de ses serviteurs découragés : Qui a cru à notre prédication et à qui le bras de l'Éternel a-t-il été révélé ? C'est le dernier, c'est le plus éclatant témoignage rendu à la puissance de l'Évangile de Jésus-Christ. Que de résistances n'a-t-il pas rencontrées dans tout ce peuple qu'il a fini par vaincre ! Pas une de ces existences, pas un de ces coeurs, où il n'ait fallu des miracles de la grâce divine pour accomplir l'oeuvre du salut ! Pas une de ces âmes sauvées, dont l'histoire ne proclame la fidélité, la patience, la miséricorde, l'amour à toute épreuve du Seigneur. Le petit troupeau d'ici-bas devenu la multitude des cieux, quelle victoire, quelle chose étonnante, quel encouragement pour la foi ! Il vaut la peine, dès lors, de travailler, de semer, de se fatiguer au service de Jésus-Christ ! Il n'est plus permis de désespérer du salut de personne. Église du Seigneur, mon frère, ma soeur, retenez l'espérance qui nous est proposée. Celui qui a fait la promesse est fidèle !

Et la grande multitude est à l'abri de tout mal. Tous les chemins qu'a parcourus ce peuple, chemins infiniment variés, étranges, obscurs, étroits, difficiles, douloureux, ont abouti à un seul et même bonheur, commun à tous. Ils n'auront plus faim, ils n'auront plus soif, le soleil ne frappera plus sur eux, ni aucune chaleur, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux ! Pour eux, plus de souffrances ; plus de désir inassouvi ; plus de question ouverte, manquant de réponse, tourmentant l'esprit ou le coeur ; plus de combat à soutenir, plus de péché qui fasse pleurer. plus de défaite humiliante. Ces mains qui, jadis, portaient une croix, tiennent la palme, emblème de la victoire. Et sur ces corps, que couvrait naguère le vêtement de la terre, déchiré aux épines de la route, souillé au contact du mal, resplendit le vêtement blanc de la salle des noces de l'Agneau. Pour ces heureux, le temps de l'attente a pris fin. La foi et l'espérance se sont changées pour eux en vue. Jésus a accompli pour eux cette promesse qu'à la veille de la journée de Golgotha, il avait faite aux siens : Je reviendrai, je vous verrai de nouveau ; votre coeur se réjouira et personne ne vous ravira votre joie. Là où je suis, vous y serez aussi avec moi ! Église du Seigneur, aujourd'hui haïe du monde et appelée au combat, frères courbés sous le fardeau de la vie, assaillis par les ennemis du dedans et les ennemis du dehors, vous qui, portant la semence pour la répandre, allez en pleurant, levez la tête, regardez : Dieu, ramène les captifs de Sion !

Et ce troupeau que la main du Tout-puissant a fait sortir des déserts brûlants, qu'elle a sauvé des grandes vagues prêtes à l'engloutir, ce troupeau, c'est le troupeau de Jésus-Christ. Dans la gloire du ciel, elle se réalise, à la vue de tous, cette parole du souverain Pasteur : Il n'y aura qu'un seul troupeau et un seul berger. L'Agneau qui est au, milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie. Un seul troupeau ! Au prix de ses douleurs, de ses souffrances, de sa croix, Jésus s'est acquis le droit de grouper, sous sa houlette, l'Eglise qu'il a rachetée par son sang. Disparus à jamais les noms et les titres des Églises de la terre ; elles ont eu chacune son ministère, chacune sa place marquée dans le monde ; mais leur tâche est achevée et ce qu'elles ont compté, chacune, dans son sein, d'âmes humbles, attachées à Jésus-Christ, se trouve recueilli dans l'Eglise de l'Éternité. La main du Fils de l'homme a séparé le froment d'avec la paille, et le froment a été porté dans les greniers célestes. Disparu à toujours aussi, ce qui divisait, jadis, les membres du peuple de Jésus-Christ. Ici, plus de différences de race, plus de malentendus, plus de rivalités honteuses, plus d'autel dressé contre autel. Les taches ont été effacées sur la robe de l'Eglise. L'Eglise est une en Jésus-Christ et, de la plénitude de son Chef, elle reçoit les biens du monde nouveau. Le Berger conduit son troupeau aux sources des eaux de la vie. À longs traits, ses brebis s'y désaltèrent et y boivent la vie. Que sera-ce pour ceux dont le pied, sur cette terre de péché, avait constamment heurté la mort! Vivre ! Vivre ! Notre âme a faim et soif de vivre ; elle est faite pour vivre ! Un jour, si Dieu l'admet dans son Royaume, elle connaîtra le rassasiement, dans la communion visible de Jésus-Christ.

Et dans les lieux qui la réunissent, l'assemblée des rachetés de Christ célèbre le culte de l'éternité. À l'humanité sauvée se joint, pour bénir Dieu, le ciel tout entier. Le sacrifice de Golgotha a rapproché l'une de l'autre la famille des hommes arrachés à la perdition et la famille des saints anges. Tout ce qui aime Dieu, tout ce qui a compris les immenses miséricordes du Seigneur, tout ce qui a goûté son amour infini, est là pour chanter sa gloire. Ils se tenaient devant le trône et devant l'Agneau, et ils criaient à haute et disaient : Le salut vient de notre Dieu qui est assis sur le trône et de l'Agneau. Et tous les anges se tenaient autour du trône et des vieillards et des quatre animaux ; et ils se prosternaient devant le trône sur le visage et ils adoraient Dieu en disant : Amen, louange, gloire, sagesse, actions de grâce honneur, puissance et force à notre Dieu, aux siècles des siècles. Amen. C'est ainsi que le but de Dieu, en créant l'homme, est enfin atteint. Notre destinée s'accomplit. L'être sorti de ses mains sert à la louange de sa gloire. C'est le jour de la création nouvelle où Christ est tout en tous. Ce sont ces choses que l'oeil n'a pas vues, que l'oreille n'a pas entendues, qui ne sont venues à l'esprit de personne, mais que Dieu a préparées à ceux qui l'aiment. Telles sont, mes frères, nos espérances chrétiennes !

Oui, voilà ce que Dieu promet, ce que Dieu a déjà donné à ceux qui, d'entre les rangs des croyants, s'en sont allés de ce monde, et ce que Dieu veut nous donner à nous aussi, dans un jour qu'il connaît lui seul. Sera-ce demain ou dans un avenir lointain ? Qui le dira ? C'est le secret du Seigneur. À nous d'être prêts pour l'heure où sa voix qui appelle prononcera le nom que nous portons. Être propres pour le Royaume des cieux, être dignes d'hériter /a grâce de la vie, c'est là ce qui importe !

En effet, mes frères, quelque généreuses que soient les compassions de Dieu et quelque ferme que soit sa volonté de nous sauver dans son royaume céleste, il n'est, pour monter au ciel, qu'un seul et unique chemin. À l'heure même où Jean tenait le regard fixé sur la vision divine, un des vieillards du sanctuaire céleste, se tournant vers lui, lui dit : Ceux qui sont vêtus de robes blanches, qui sont-ils et d'où sont-ils venus ? Et l'apôtre : Seigneur, tu le sais. Et le vieillard : Ce sont ceux qui sont venus de la grande tribulation et qui ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau. C'est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu et ils le servent jour et nuit dans son temple.

C'est cette voix grave et solennelle qui nous instruira à salut. Elle est le témoignage de l'un de ceux qui ont franchi le seuil des demeures éternelles. Par elle, l'expérience nous éclaire, ouvre devant nous la route. Ce vieillard nous rappelle que nous passerons par l'épreuve. La grande tribulation, c'était et c'est encore pour plusieurs, la persécution pour l'amour de Christ, le sacrifice de ses biens et de sa vie que le chrétien peut être appelé à faire. Mais la grande tribulation, c'est non moins certainement la mesure de renoncement, de souffrance, de luttes, que la vie réserve, sur les traces du Maître, à tout homme qui a cru en son nom. C'est la croix, dont sa volonté nous ordonne de nous charger chaque jour en le suivant. Ce sont les écoles de patience, de soumission et de foi qui se multiplient avec nos années. C'est le chemin se rétrécissant devant nos pas, toujours plus ardu et toujours plus solitaire. Accepterons-nous ou n'accepterons-nous pas ces dispensations divines ? Saurons-nous obéir, nous courber, attendre avec patience des jours meilleurs, persévérer dans la foi sans douter ? Attristés pour un, peu de temps par diverses épreuves, afin que l'épreuve de la foi, beaucoup plus précieuse que l'or périssable éprouvé par le feu, nous tourne à louange, honneur et gloire, lorsque Jésus paraîtra : consentirons-nous à un sort pareil ? Serons-nous, un jour, du nombre de ceux qui sont venus de la grande tribulation, patiemment et constamment supportée, parce que Dieu l'a voulu ?

Mais à côté de cette première parole, vous en avez surpris une seconde sur les lèvres du vieillard. Elle vous a frappés par la hardiesse de l'image qu'elle choisit et par le saisissant sérieux de la pensée qu'elle exprime. Ce qu'il faut faire pour être admis là-haut, dans l'éternelle gloire ? Ce qu'ils ont fait, tous ceux devant lesquels les portes d'or du ciel se sont ouvertes ? Ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau ! Étranges figures contre lesquelles proteste ma raison, mais que mon coeur admet ! Pensée contre laquelle mon orgueil, ma propre justice, ma complaisance pour moi-même se révoltent, mais que ma conscience appelle et que mon coeur approuve ! Laver ma robe, souillée par le péché, la blanchir dans le sang de l'Agneau, ce sera implorer sur ma misère, ma culpabilité, ma corruption, les vertus du sang de Jésus-Christ, versé sur la croix en rémission de mes fautes. Ce sera renoncer à vouloir me sauver moi-même, et accepter avec l'empressement et l'humilité qui conviennent au coupable et au perdu, la grâce offerte au pécheur pour l'amour du seul juste. Ce sera croire à la nécessité comme à la réalité de l'expiation accomplie pour les pécheurs sur Golgotha. Laver ma robe et la blanchir dans le sang de l'Agneau, ce sera retourner, tous les jours, à la source ouverte pour le pêché et la souillure, ce sera accomplir le grand acte de la vie chrétienne sans lequel celle-ci n'est rien et n'aboutira qu'à un irréparable malheur. Vous voulez être sauvé, avoir pour l'éternité une place dans les tabernacles de Dieu, hériter des promesses faites au peuple de Jésus-Christ ? Sachez qu'à la lumière du monde nouveau, on ne tolérera pas de taches sur vos vêtements et que, pour les purifier aujourd'hui qu'il en est encore temps, il n'y a qu'un seul et unique moyen : le sang de Jésus-Christ. Pas de tache, quelque petite et insignifiante qu'elle nous paraisse, qui puisse échapper au jugement ; pas une non plus qui disparaisse par l'effort de nos mains.

C'est ainsi que sombrera la gloire humaine pour celui qui a compris l'Évangile, et qu'il ne lui restera que ces deux choses : un chemin étroit et un sang qui sauve. Mais au prix de ce dépouillement, accepté avec soumission, le ciel même est assuré au pauvre pécheur. Après l'anéantissement de toute gloire qui lui était propre, se lèvera sur sa vie, sur son coeur, sur son âme, la gloire de Dieu. Heureux qui vient de la grande tribulation et qui a lavé sa robe et l'a blanchie dans le sang de l'Agneau ! Il verra la face de Dieu et le nom de Dieu sera écrit sur son front ! Amen.


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1 Comp. Godet, ép. aux Romains, tome I. p. 297.

 

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