TITLE>Sermons et Méditations 05

Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Sermons et Méditations




Le Tout-Puissant.

POUR LE JOUR DE L'ASCENSION

Toute puissance m'est donnée dans le ciel et sur la terre.
Matth. 28, 18.

Précieux encouragement, grande consolation pour le chrétien, que cette parole : Toute puissance m'est donnée dans le ciel et sur la terre. Le Maître qu'il est appelé à suivre, à confesser, celui qui réclame son obéissance, sa soumission, son coeur, n'est pas le premier venu ou quelqu'un qui n'ait rien à offrir en retour de ce qu'il exige de l'homme. Bien au contraire, ce Maître occupe la place la plus élevée, il dispose de tout, et tout doit se soumettre à ses lois. Insigne honneur que celui d'être le messager, le témoin d'un tel Seigneur, dont la gloire fait pâlir l'éclat de toutes les couronnes de ce monde ! Et que pourraient craindre ceux auxquels il ordonne de s'associer à son oeuvre ? Se trouverait-il sur leur chemin quelque embarras, quelque complication, quelque affliction, quelque douleur où le Tout-puissant ne pût leur tendre une main secourable ? Y aurait-il en eux quelque faiblesse qui ne pût par un effet de sa parole et de son Esprit, se transformer en force ? Le serviteur du Tout-puissant possède un protecteur sans égal, un appui tel que le monde n'en connaît pas, un Maître merveilleux en moyens, admirable en conseil, un Dieu auquel rien ne résiste et qui, pour le monde, pour l'Eglise, ou pour n'importe lequel de ses rachetés, saura achever ce qu'il s'est proposé de faire ? Mes frères, rappelons-nous à cette heure que Jésus-Christ nous place sur ses traces et que son premier comme son dernier ordre n'est autre que celui-ci : Suis-moi ! Fortifions nos coeurs en regardant à Celui qui a dit : Toute puissance m'est donnée dans le ciel et sur la terre.

I

Le monde, nous le savons tous, ne voit aujourd'hui encore en Jésus que le Rabbi de Nazareth qui mourut sur la croix. Ce qu'il ne veut pas savoir, ce qu'il nie, c'est que le Crucifié, à peine rendu à la vie et avant même de remonter dans les cieux qui l'avaient donné à la terre, a été revêtu de la toute-puissance de Dieu. Ce fait est cependant hors de doute pour la foi chrétienne. Celle-ci contemple, avec les premiers disciples et les témoins de la vérité de tous les âges, le saisissant contraste que présentent, dans la vie du Sauveur, d'une part, le jour de la grande humiliation, de la suprême défaite, le jour de Golgotha ; de l'autre, le jour où il prononce cette parole : Toute puissance m'est donnée dans le ciel et sur la terre. Elle s'arrête, étonnée, mais avec un tressaillement de joie, devant le chemin qu'a parcouru Jésus-Christ : Existant en forme de Dieu, il n'a point regardé comme une proie l'égalité avec Dieu, mais il s'est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes, et en se montrant, sous l'apparence d'un homme ; il s'est humilié se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix. C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout autre nom, afin qu'au nom de Jésus, tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.

Mes frères, nous aimons à parler du règne de la grâce. Ce que nous confessons et publions par là, c'est que la grâce de Dieu est rattachée à la personne du Sauveur qu'il nous a donné, qu'elle est inséparable de Jésus-Christ, abondante autant que gratuite en lui. N'oublions pas que le règne de notre Maître est non moins certainement le règne de la toute-puissance. Il a plu à notre Dieu de mettre, soit sur la terre, soit dans les cieux, toutes choses sous les pieds de notre Sauveur. Il domine, aussi loin que s'étend la création. Il n'y a rien qui échappe à son pouvoir. Ce que cela signifie, ce que c'est qu'un empire absolu, ne connaissant aucun ennemi qui ne soit vaincu d'avance ; notre raison humaine, faible et bornée, ne saurait le saisir, comme elle ne saisit pas non plus les immenses richesses de la grâce de Dieu en Jésus-Christ. Nous ne voyons, nous ne touchons que le pan de la robe de ce Roi glorieux qui, hier couronné d'épines, est aujourd'hui élevé sur le trône dans les cieux. Mais ce que nous savons, ce que nous contemplons confusément, et comme dans un miroir, ne suffira-t-il pas pour nous remplir de courage ? Le monde, qui a haï Jésus-Christ, nous hait, nous aussi, ou nous regarde avec commisération, comme on regarde les arriérés, les faibles, les ignorants. Il nous accorde à peine la dernière place. Nous ne valons pas mieux pour lui que ne valaient, aux yeux des chefs en Israël, les foules qu'ils disaient sans intelligence, parce qu'elles suivaient Jésus. Qui n'en aurait jamais fait l'expérience ? Quel chrétien n'aurait pas senti reposer sur lui un regard de dédaigneuse pitié ?

Où est le disciple du Sauveur qui n'ait pas eu à accepter l'humiliation inséparable, encore à l'heure présente, de la confession du nom de Jésus-Christ et de la fidélité à le servir ? Mais qu'importe ! Nous acceptons l'opprobre, nous ne demandons qu'une chose, c'est qu'il nous frappe à cause du seul nom de Jésus et non pas, en même temps, à cause d'une conduite indigne de Christ. Nous levons la tête, non pas comme l'orgueilleux enfant de ce siècle, mais comme ceux dans le coeur desquels Dieu a mis une sainte et grande assurance. Nous, la petite minorité, nous, les faibles, les écrasés, nous soutenons que le règne nous appartient, parce qu'il appartient à Jésus-Christ. Nous publions et nous transmettons de génération en génération cette prophétie, c'est qu'un jour tout oeil verra celui qu'ils ont percé. Nous affirmons qu'alors on donnerait, sans hésiter, tout ce que le monde renferme de trésors, pour obtenir de la bouche du Tout-puissant, ne fût-ce qu'un mot de miséricorde et de grâce. Nous croyons qu'aujourd'hui déjà, la toute-puissance est entre les mains de notre Sauveur et qu'il fait ce qu'il veut sur la terre et dans les cieux. C'est dans cette conviction aussi, que nous nous mettons, sans crainte, à sa disposition pour qu'il se serve de nous comme il le voudra. Il fait beau s'enrôler, travailler et lutter sous un drapeau auquel est assuré la victoire.

II

Jésus, le Tout-puissant a trouvé bon, en effet, de confier aux siens une oeuvre à faire dans ce monde.
À peine leur a-t-il dit à quelle place le Père l'a élevé, qu'il ordonne à ses disciples de parcourir la terre et d'évangéliser les nations. C'est le Tout-puissant qui ordonne l'oeuvre des missions. Pour quelle raison lui a-t-il plu de compter, pour la faire, sur des instruments aussi faibles que nous ? Nous ne le savons. Le fait est qu'il a bien voulu se servir de ceux qui ont cru en son nom, pour rendre évident, aux yeux de tous, son empire sur les âmes.

Avez-vous remarqué à quel point l'idée de la toute-puissance de Jésus est à la base de ce qu'on a appelé l'ordre missionnaire ? C'est comme ses témoins que partiront ceux qu'il envoie ; la force nécessaire ne leur viendra que de Celui dont ils sont les représentants. Ce sont ses instructions qu'ils transmettront aux peuples ; c'est sous son sceptre qu'ils courberont toutes les nations. C'est jusqu'au bout de la terre qu'ils porteront leurs pas, parce qu'il n'y a, ici-bas, aucun royaume, aucun lieu qui ne soit donné à Jésus-Christ. Et si c'est au nom du Père qu'ils baptiseront, c'est aussi au nom du Fils et au nom de cet Esprit que le Fils avait promis, afin que le monde sache que Dieu partage le trône avec le Crucifié et qu'il lui a tout remis entre les mains.

Quelle grâce demanderons-nous donc pour nos missionnaires, nos évangélistes, nos pasteurs, pour nous-mêmes, appelés, sans exception, à parler au monde de Jésus-Christ, le Sauveur, et à annoncer ses vertus ? C'est que nous nous laissions toujours diriger, inspirer, corriger, par Celui auquel seul appartient la puissance. Pauvres, misérables, incapables d'aucun bien aussi longtemps que nous nous flatterons d'être quelque chose nous-mêmes, nous serons puissants, dès que nous ne voudrons servir que Jésus-Christ et ne rien recevoir que de lui seul. Quel mauvais ouvrage n'ont-ils pas fait, ces chrétiens qui ont voulu maintenir, à côté de Jésus-Christ, leur autorité, leur influence, leur règne à eux ! Quelles défaites ne se sont-ils pas préparées à eux-mêmes sur ce chemin-là ! De quelle honte n'ont-ils pas couvert le nom du Seigneur ! Le Seigneur ne peut donner sa gloire à aucun autre, et voilà pourquoi il a dû laisser tomber ceux qui, grossièrement ou subtilement, lui disputaient le privilège d'être le seul puissant.

Mais à côté de ceux qui se sont égarés de la sorte, ah ! qu'ils ont été bénis dans leurs paroles, leurs travaux, leurs luttes, leurs douleurs, leur mort même, ceux qui, humblement soumis, n'ont voulu connaître d'autre force et d'autre sagesse que celles de Jésus-Christ ! C'est d'eux que le Tout-puissant a fait couler des fleuves d'eau vive. C'est par eux qu'a afflué dans le corps malade et mourant de ce pauvre monde une sève nouvelle et vigoureuse. On les a repoussés, persécutés, on a jeté aux vents les cendres des bûchers dont la flamme avait dévoré leurs corps. Chose étrange! Par tous ces moyens, on n'a pas réussi à étouffer leur pensée, leur témoignage. Quoique morts, ils ont continué à vivre et à propager le règne de Christ, le Tout-Puissant.

Un jour, sur les bords du lac de Génézareth, à Capernaüm, au moment où plusieurs, scandalisés des doctrines de Jésus, venaient de lui tourner le dos, Pierre s'écria : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Et nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Fils du Pieu vivant.
Aurait-on cru possible que, peu d'années plus tard déjà, sur une montagne de la Galilée, cinq cents frères se prosterneraient devant le Crucifié ? Que trois mille confesseraient son nom le jour de la Pentecôte ?

Qu'à la fin du premier siècle, au milieu de toutes les fureurs déchaînées contre eux, cinq cent mille chrétiens se réclameraient du nom de Christ ? Qu'aujourd'hui plus de quatre cent millions de créatures humaines l'appelleraient leur Seigneur ? Et dans l'histoire de l'Eglise chrétienne, quels miracles de la puissance de ce Jésus ! Quelle victoire sur le mensonge, le coeur humain, le Prince des ténèbres! Ne désespérons donc plus quand on nous parle des violences dont usent les enfants du siècle présent, de leurs efforts pour enchaîner les consciences, pour étouffer la vérité, pour lier la parole de Dieu. Ne perdons jamais courage, même dans les situations les plus désespérées. La parole du Tout-puissant ne peut être liée. Rien n'est impossible à Celui auquel a été donnée la toute-puissance dans le ciel et sur la terre. Il résoudra les problèmes qui nous agitent ; remettons-lui toutes les questions ouvertes. Il a promis le royaume au petit troupeau : et c'est au petit troupeau que le royaume a déjà

III

Ai-je besoin d'ajouter que, si le céleste Berger, revêtu de la toute-puissance divine, veille de la sorte sur l'Eglise que sa volonté a fait naître dans ce monde pour qu'elle y soit la colonne et l'appui de la vérité et la maison de Dieu, il veille aussi, et non moins puissamment, sur chacun de ceux qui ont cru, individuellement ? Voici, Je suis avec vous, jusqu'à la fin du monde, a-t-il dit à ses premiers disciples. Voici, je suis avec vous, redit-il, par sa parole écrite, à chacun de nous aujourd'hui encore.

Avez-vous assez réfléchi à ce qu'il nous a donné par cette promesse ? Le Tout-puissant avec nous, connaissant nos fardeaux, nos douleurs, nos perplexités, n'ignorant aucune de ces difficultés que nous rencontrons et qui, parfois, nous paraissent si grandes ! Mais pourquoi nous laissons-nous abattre si facilement ? Pourquoi nous inquiétons-nous ? Pourquoi parlons-nous d'impossibilités ? C'est la foi qui nous fait défaut, c'est la simplicité du coeur qui nous manque. Après tant de preuves que Jésus nous a données, dans nos vies, de sa toute-puissance et de son amour, n'avons-nous encore rien appris ? Quelle humiliation ! Et comme ils nous confondent par leur exemple, ce centenier qui s'écrie : Dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri ! - cette femme malade, se disant : Si je touche seulement le bord de son vêtement, je serai guérie ? - ces misérables de tous les âges, de toutes les conditions qui ne connaissaient pas le doute ?

Dans le domaine de la vie spirituelle aussi, quelles craintes dans les coeurs des meilleurs ! Ils ont compris qu'il est difficile d'être sauvé ; ils connaissent les redoutables ennemis rangés en ordre de bataille contre l'âme des croyants ; le péché, le monde et le Prince de ce monde les effrayent, et ils se savent si impuissants pour la lutte ! Frères qui nourrissez de telles pensées, je vous comprends, mais je vous conjure en même temps de ne pas oublier quel Sauveur Dieu vous a donné. Le Tout-puissant, ne serait-il pas assez puissant pour garder votre dépôt jusqu'à son jour ? Pas assez puissant pour vous sauver dans son éternel royaume ? À lui, avec tous vos doutes ! À lui, pour lui confier les affaires de votre âme ! À lui, pour qu'il accomplisse ce qui serait impossible à l'homme ! À lui, toujours à lui, ici-bas, afin qu'un jour vous soyez auprès de lui à jamais !

Et maintenant, mes frères que Jésus-Christ s'est présenté à nous avec sa toute-puissance, laissez-le nous redire la parole qu'il a dite tant de fois durant les jours de sa chair, la parole par laquelle il a ouvert et terminé son ministère : Toi, suis-moi ! Suivre le Tout-puissant, voilà notre règle de conduite.
Son chemin pourra nous paraître étrange, difficile, douloureux, impossible ; ne craignons pas ! Il saura nous donner l'issue que nous attendons. Amen.



La vertu d'En-Haut.

POUR LA FÊTE DE PENTECÔTE.

Demeurez dans la ville de Jérusalem, jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la vertu d'En-Haut.

Luc XXIV, 49.

Mes frères,
L'effusion du Saint-Esprit n'a été autre chose que la suprême réalisation de la volonté de Dieu pour notre salut. Vous aurez remarqué cette parole du Christ, prenant congé des siens : Je vais vous envoyer ce que mon Père vous a promis. Tout ce que, dans le passé, Dieu avait fait pour l'humanité déchue, toutes les miséricordes dont il avait usé envers le peuple de l'ancienne alliance, l'envoi et l'oeuvre de Jésus même, sont autant de dons préparatoires, destinés à rendre possible ce don de l'Esprit, dans lequel Je salue la communion rétablie entre le ciel et la terre.

Au nom de ce Sauveur qui nous a réconciliés avec Dieu, j'ai le privilège de vous annoncer cette vertu d'En-Haut toute prête à agir pour nous. C'est elle qui opérera en vous comme en moi, le miracle qui se nomme la régénération et qui nous arrachera moralement au siècle présent ; elle qui fera naître en nous le besoin de grâce ; elle qui nous amènera à Jésus-Christ ; elle qui fera vivre Jésus dans nos coeurs ; elle qui nous groupera en Église chrétienne et qui nous garantit la création de ce monde nouveau où habitera la justice.

I

Nous sommes-ici sur une pauvre terre. Autour de nous, au dedans de nous, que de misères, que de péchés, que de chaînes, que de soupirs, que d'angoisses ! Pourquoi vouloir nous cacher cet état de choses que tant d'hommes se refusent à voir, essayant de mille moyens pour échapper, cherchant la distraction qui, pour un instant, leur fera oublier leur malheur ? Mieux vaut tout avouer, convenir de notre situation, avoir le courage de dire : Cela va mal, et regarder en haut. Faites-le aujourd'hui, vous qui savez qu'au jour de la première Pentecôte, le ciel s'est ouvert pour livrer passage à une vertu, destinée à venir en aide à la faiblesse du pécheur. Ouvrez-vous à l'Esprit de Dieu, appelez-le, demandez-le, lui dont rien ne saurait remplacer l'activité. Seul, il pourra faire naître ou renouveler, sur nos lèvres, cette parole qui est pour le pécheur comme un premier pas vers le bonheur et la paix : Hommes frères, que ferons-nous ? Il agira de la sorte en s'emparant de nos circonstances. en nous parlant par nos souvenirs humiliants, par nos chutes, par nos tristesses, ou bien aussi en nous instruisant par la Bible et le ministère évangélique, Tous les moyens sont à sa disposition. Il saura en profiter avec autant de puissance que de sagesse. Pourvu que, dans notre folie, nous ne lui fermions pas notre oreille, il se fera comprendre comme, à Jérusalem, il se fit comprendre aux trois mille.

Hommes frères, que ferons-nous ? oh ! la belle oeuvre de l'esprit ! C'est la parole par laquelle le pécheur, désespérant de se sauver lui-même, heurte à la porte du ciel et au coeur de Dieu. À côté de ces quelques mots, je vois pâlir et tomber dans le néant telle parole d'adhésion à des formules chrétiennes. d'attachement à une Église, d'admiration pour l'éloquence humaine, d'enthousiaste promesse et de solennel engagement. Oeuvre de l'homme, oeuvre vaine, fort souvent, oeuvre qui périra que tout cela !

Mais si vous voulez voir un jour nouveau se lever sur nos associations religieuses, sur nos maisons, sur nos familles, sur nos coeurs et sur nos âmes, permettez à l'Esprit de faire son travail, et que l'on entende cette question : Hommes frères, que ferons-nous ?

Pourquoi donc cette demande, partie, le jour de la première Pentecôte, de tant de poitrines. est-elle encore si rare au milieu de nous? Pourquoi le grand Ennemi de nos âmes a-t-il si habilement su détourner notre attention de ce qui ferait notre bonheur, pour la fixer sur ce qui nous retiendra à jamais dans notre misère ? Nous pouvons nous passer de beaucoup de choses : belles traditions, belles habitudes, beaux exercices de piété même ; mais ce qui nous est nécessaire, c'est ce cri du coeur tourmenté, premier don de l'Esprit Saint, première manifestation de la vertu d'En-Haut opérant dans le pécheur, première victoire de Dieu sur l'homme : Hommes frères, que ferons-nous ?

Je le sais, l'incrédulité non seulement, mais aussi l'indifférence religieuse au sein de nos Églises, le formalisme qui a envahi plus d'un milieu chrétien, déclareront ne pas avoir besoin de la vertu divine qui remue la conscience, qui trouble la paix factice du coeur naturel et qui presse le pécheur de chercher autre chose. Serait-ce parce que le monde redoute de se livrer à l'Esprit de Dieu et de se laisser conduire par lui à Jésus-Christ ? Il est si commode d'être chrétien sans Jésus-Christ, de se contenter d'une religion où il n'occupe pas de place avec son sacrifice et ses exigences. Le coeur irrégénéré, qui se retrouve encore chez plus d'un chrétien de nom, craint de se rapprocher de la croix du Sauveur. Aucun nom, plus que celui de Jésus, n'a été haï ici-bas, ouvertement ou secrètement. Et pourtant seul, ce Jésus sauve, lui qu'on cherche à éviter. C'est lui qui est le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par lui.

II

Aussi, voyez où tendent les constants efforts de la vertu d'En-haut : voyez le second pas, le pas décisif cette fois, que le Saint-Esprit voudrait faire faire au pécheur ; voyez une seconde oeuvre que, seul, cet agent divin accomplira, parce que, seul, il est assez puissant pour briser la résistance de l'homme. À ceux auxquels il aura arraché cette parole : Hommes frères, que ferons-nous ? il répondra, aujourd'hui encore : Allez à Jésus-Christ ; c'est lui qu'il vous faut ! lui que les Juifs ont crucifié et que le Père a ressuscité par sa puissance ; lui que Dieu vous a donné pour unique Sauveur !

Soyons-en bien sûrs : jamais la lumière ne se répandra, pour un pauvre pécheur, sur la sainte personne, le sacrifice, les vertus de Jésus-Christ, si le Saint-Esprit ne se charge pas de ce travail. Nul autre n'inclinera mon coeur à accepter des mains de Jésus un salut aussi gratuit que complet, à m'avouer perdu et à confesser, en même temps, que je suis sauvé ! Seul, il me fera comprendre que, pour l'amour des souffrances de Christ, ma dette est acquittée et que, journellement, il y a pour moi, en Jésus-Christ, abondance de rémission de péché. Seul, il me donnera la paix. Seul, il me dira, avec une autorité à laquelle je ne résisterai pas, que, pour l'amour de Jésus, je ne suis plus un serviteur tremblant devant son divin Maître, mais un ami, mais un enfant de Dieu, et que j'ai droit de bourgeoisie dans la cité du ciel. Seul, il établira, entre moi et Jésus Christ, cette communion de vie dans laquelle changeront mes habitudes, mes pensées ; dans laquelle je me soumettrai à la discipline de l'Évangile, à la croix même dont il pourra plaire à Dieu de charger mes épaules, et dans laquelle, enfin, éclateront en moi les vertus de Celui qui m'a sauvé. Seul, il transformera mon orgueil en humilité, ma souillure en justice, mon égoïsme en amour et en dévouement. Seul, il me donnera de me réjouir en Dieu qui a été mon Sauveur, et de reposer avec assurance sur le rocher de mon salut.

Vous étonneriez-vous que, pour opérer toutes ces choses, il faille une vertu, la vertu d'En-Haut ? Je vous le demande à vous, qui avez appris à vous connaître vous-mêmes : Jésus serait-il devenu votre Sauveur si, pour le chercher, pour le trouver et pour vous approprier son salut, vous n'aviez disposé que de vos propres forces et de votre propre raison ? Non, sans le fidèle et constant travail du Saint-Esprit, sans la vertu d'En-Haut qui a été en vous la plus forte, vous ne seriez jamais parvenus au but que vous avait marqué la volonté de Dieu. Ce que nous sommes spirituellement, ce qu'il y a en nous de convictions chrétiennes, de foi, d'amour et d'espérance, tout cela est le fruit de l'Esprit. Avec l'Eglise de Christ tout entière, nous bénissons le donateur céleste dont nous avons éprouvé la vertu.

III

Avec l'Eglise, ai-je dit. Grâce à l'action de l'Esprit sur les coeurs, il existe en effet une Église chrétienne, l'Eglise de Jésus-Christ. Ne la confondons pas avec telle Église particulière dont on devient membre par la naissance, qu'on adopte par libre choix on par fidélité à la tradition. Je ne dis pas que nos Églises visiblement groupées n'aient pas chacune sa valeur. Elles ont du bon sans doute ; le bien qu'elles feront dépendra du nombre de chrétiens convaincus, aussi humbles que fervents, qui se trouveront dans leurs rangs, comme aussi de leur fidélité à annoncer au monde le pur Évangile. Il n'en est pas une, parmi elles, où l'on ne constate, ici ou là, l'influence bénie de la vertu d'En-Haut, pas une, surtout, qui ne doive au Saint-Esprit ce qu'il y a en elle de vrai et de bon. Toutefois, la vertu divine a créé quelque chose de mieux que ces organisations, ces édifices qui nous abritent. Son chef-d'oeuvre, c'est la sainte Église universelle, la communion des saints. Au milieu de ce monde qui périt, de ces générations malheureuses au sein même de leurs joies bruyantes, de ces cris de détresse qui s'élèvent de toutes parts, du trouble où est plongée cette terre, elle s'édifie pour l'éternité, elle croit, elle aime, elle travaille, elle espère, elle attend avec persévérance d'être manifestée dans la gloire, la sainte Église de Jésus-Christ. C'est elle qui possède les immuables promesses de Dieu. C'est elle que nous nommons l'Épouse de l'Agneau. C'est elle qui est ce petit troupeau contre lequel les portes même de l'enfer ne prévaudront pas. C'est elle qui régnera avec Christ. 0 réalisation merveilleuse de la bonne volonté de Dieu ! 0 miracle de puissance et d'amour !

Cependant la vertu divine accomplira des choses plus grandes encore. Cette Église, oeuvre de l'Esprit, n'est que les prémices de ces cieux nouveaux et de cette terre nouvelle dont ont parlé les prophètes. Un jour, on dira parmi les nations que la vertu d'En-Haut a achevé ses triomphes, et que la terre tout entière a été ramenée à Dieu. Ce sera la grande fête de Pentecôte ; ce sera là le dernier accomplissement des promesses divines. Ce sera là l'impossible selon les hommes, réalisé par Dieu. À nous d'appeler, chacun pour sa part, cette heure sans pareille. À nous de nous mettre, dès maintenant et de plus en plus, sous l'influence de l'Esprit et de le bénir de son activité. À nous aussi de croire à sa suprême victoire. Amen.


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