Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LA GRANDE AVENTURE
AU SERVICE DE DIEU


CHAPITRE VII

SOUS L'EMBLÈME DE LA CROIX-ROUGE RUSSE

Lorsque nos pèlerins nous eurent quittés, nous étions à bout de forces et nous aspirions au repos. On était à présent à la mi-octobre et la Fête du Sacrifice, le « Corban Baïram », avait lieu le 8 novembre. Nous reçûmes tout à coup un télégramme d'Odessa nous disant de revenir immédiatement car des centaines de pèlerins massés à Sébastopol demandaient à grands cris d'être transportés à temps pour le Baïram.

Nous partîmes sur-le-champ et, à toute allure, nous retournâmes en Crimée ; on embarqua les pèlerins et notre navire arriva sans incident à Djeddah juste à temps pour la célébration de la fête de la Mecque. Mes expériences au cours de ce nouveau voyage furent semblables aux précédentes. J'ai pu faire comprendre à mes malades que la soeur n'avait qu'un désir, celui d'aider et de servir les musulmans et d'être leur amie, et depuis lors, sans aucun doute, la Croix-Rouge de mon uniforme était devenue pour plus d'un l'emblème de l'union entre les chrétiens et eux, et non plus, comme autrefois, le symbole de ce qui nous sépare.

Deux incidents de ce voyage sont restés gravés dans ma mémoire : le nombre des Afghans qui avaient besoin d'être entourés maternellement s'était accru et, une fois de plus, le mur de méfiance qui se dressait entre nous s'abaissa sans difficulté tandis que des liens de sympathie humaine nous unissaient.

Une vieille grand'mère sèche et maigre comme un squelette avait été l'objet de tous mes soins. Seul son désir passionné d'être ensevelie dans la ville sainte la maintenait en vie. J'avais promis de venir lui faire une piqûre de camphre et de lui apporter une bonne parole avant que la troupe de pèlerins ne débarquât. Lorsque j'arrivai auprès d'elle, au moment où nous abordions à Djeddah, elle venait de mourir ; son corps encore chaud fut mis dans un sac par les soins respectueux de son petit-fils. Celui-ci, après m'avoir remerciée d'avoir prolongé la vie de la vieille femme jusqu'à l'ultime minute, prit le léger fardeau sur son épaule et quitta le navire, heureux à la pensée que le mérite du Hadj ne serait pas perdu pour sa petite grand'mère, dans l'au-delà. La dernière personne qui descendit du navire était un de mes patients, un beau vieux mullah qui se mourait de la fièvre typhoïde. Il mit affectueusement ses bras autour de mon cou comme j'avais à le transporter dans le feluga et me bénit moi, la femme chrétienne, du plus profond de son coeur.

Après avoir fait ainsi la navette pendant presque deux mois, au milieu d'une cohue causée par les incessantes allées et venues de trois mille hommes et femmes, nous étions heureux de les voir atteindre en temps voulu le but poursuivi - au prix de combien de difficultés et de peines ! - mais l'espoir au coeur.

Nous n'avions devant nous que deux semaines avant que la masse des pèlerins se réembarque pour le voyage du retour. Atteinte d'une fièvre bénigne de paratyphoïde contractée en soignant mon vieux mullah, je dus m'aliter, mais aussitôt que ce fut possible, je me fis transporter à Djeddah par un bateau turc. Il ne serait pas dit que je ne mettrais pas les pieds sur le sol arabe !

Comme j'en franchissais le seuil, j'évoquai devant Dieu les paroles qu'il avait données à Josué comme une promesse et un encouragement, au moment où le peuple d'Israël entrait dans le pays de Canaan : « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous le donne. »

Après avoir parcouru la ville basse, je m'assis sur une pierre en face de la porte s'ouvrant sur la ville sainte ; dans mon coeur, je pris possession de Djeddah et je l'offris au Seigneur par un acte de foi. Je portais mon uniforme de soeur russe où se trouvait bien en évidence la croix rouge, le « salib », l'insigne chrétien détesté des musulmans. Soudain une pierre m'atteignit à la poitrine ; je tournai la tête et je vis un jeune Arabe également assis sur une pierre, non loin de moi. Je lui souris amicalement mais non sans malice ; il me regarda d'un air défiant et soupçonneux mais comme je restais impassible, son expression changea ; il eut un rire confus et penaud et je sentis que j'avais gagné la partie.

Pendant l'absence de nos passagers, nous menions une vie tranquille à bord de notre grand Jérusalem ; les marins et les officiers se promenaient en barque à la recherche de corail blanc et transparent qu'ils comptaient vendre plus tard à Odessa.

À la fin de la seconde semaine, un télégramme de la Mecque mit fin à ce dolce far niente. Il informait nos deux médecins que le choléra avait éclaté à la suite de l'abattage de dizaines de milliers d'animaux le jour de l'Arafat et l'épidémie semblait prendre une forme violente car tous ceux qu'elle avait atteints étaient morts. On nous dit de nous préparer à une irruption de pèlerins saisis de panique et, sans aucun doute, déjà infectés. Des précautions furent prises immédiatement et on fit les préparatifs nécessaires. On fit des piqûres anticholériques mais j'en fus exemptée en raison de ma paratyphoïde toute récente. Cependant on me confia le petit bateau-lazaret. Il y eut un temps où la seule pensée du choléra m'avait fait frémir mais Dieu m'aida à dominer ce sentiment. Pourtant le fait que j'avais pris la maladie après avoir, à deux reprises, été vaccinée contre le choléra prouvait que je n'étais pas immunisée contre la contagion, Mais le sentiment du devoir et du privilège de soutenir ceux qui en étaient atteints me donna, grâce à Dieu, une paix, et un complet oubli de soi.

Quelques jours après cette nouvelle, les pèlerins apparurent sur la rive et c'était bien une foule frappée de terreur qui se pressait dans les felugas pour s'embarquer sur le navire devenu pour eux un sûr asile.
Comment pouvions-nous, à bord, discerner parmi tous les pèlerins ceux qui étaient infectés de ceux qui étaient indemnes ?

On décida d'abaisser la passerelle du bateau ; l'un des médecins, ses assistants, le pharmacien et moi-même se tiendraient de chaque côté et admettraient ou refuseraient les arrivants d'après l'aspect de leur visage et d'après leur maintien. Tous ceux qui avaient le teint gris verdâtre des cholériques ou dont la démarche chancelante dénotait leur manque de forces étaient refoulés sur le feluga et ramenés à la rive. C'était cruel, mais on ne pouvait agir autrement. Cette scène est restée pour toujours gravée dans ma mémoire : les cris de désespoir, les gémissements, les bras tendus, les supplications, les malédictions de ces milliers d'hommes et de femmes désespérés et épuisés qui nous imploraient et se débattaient pour être admis dans le refuge qu'était notre grand navire.

Ma première malade fut une femme uzbek qui avait réussi à se faufiler avec son mari et son petit garçon. Comme toutes les Uzbeks, elle était couverte d'un long voile de crin ; dès que je l'aperçus, je fus frappée de son état de complet épuisement ; quand je soulevai le voile, son visage, qui était celui d'une femme mourante du choléra, me révéla la triste réalité. Elle tenait dans ses bras un nouveau-né. Je la fis descendre dans le petit hôpital et je l'y installai ; son mari et son fils nous suivaient ; le bébé fut confié au père ; ils étaient probablement tous atteints.

Le triage de ces milliers de pèlerins dura des heures, mais à la fin nous pûmes lever l'ancre et cingler vers le nord. Trois jours de navigation encore nous attendaient avant de pouvoir nous arrêter à Tor, sur la côte occidentale de la péninsule du Sinaï, où se trouvait le camp international de quarantaine, arrêt obligatoire pour tous les navires de pèlerins, revenant de la Mecque.

Mon petit hôpital était rempli ; les malades n'étaient pas tous atteints du choléra mais ils étaient tous mourants. Seuls le père et les deux jeunes enfants dont j'ai parlé plus haut se maintenaient en santé. Comme aide j'avais un des infirmiers marins ; le médecin n'apparaissait que sur le seuil de la porte, de temps en temps. Il avait été convenu que mieux valait pour lui ne pas courir le risque de la contagion afin de pouvoir porter secours aux autres pèlerins. Ces trois jours et ces trois nuits se passèrent pour moi à aider ces malheureux à mourir. Il n'était pas question ici de distinguer entre chrétiens et musulmans.

La pensée solennelle de cette entrée dans l'inconnu et d'aller au-devant du jugement nous étreignait tous de la même façon d'une crainte respectueuse et nous nous sentions très près les uns des autres. Toutefois nous n'étions pas abandonnés : les musulmans imploraient Allah et pour ma part j'invoquais, dans cet hôpital rempli de soupirs et de cris, le Sauveur secourable, je le remerciais des liens que la souffrance et la mort avait formés entre moi et des âmes qui, n'eût été les circonstances, ne m'auraient jamais permis de prier avec elles.

Notre bateau se dirigeait à toute allure vers Tor pour y déposer sa pitoyable charge. Tous les passagers de deuxième et de troisième classe devaient être évacués ; quant à nous, nous devions rester à Tor jusqu'à ce que les autorités du camp de quarantaine aient jugé que nous pouvions continuer notre route.

Nous arrivâmes enfin à ce camp international et à peine avait-on jeté l'ancre que des fonctionnaires britanniques montaient à bord. Ils écoutèrent mon rapport, visiblement contents d'avoir affaire à quelqu'un parlant anglais. Le transport de nos morts et de nos mourants commença alors. Tous les passagers étaient soumis à l'inspection et ceux des deuxième et troisième classes devaient quitter le bateau.

Ce camp avait l'air ordonné qui caractérise les institutions des colonies britanniques. Il était dirigé par des représentants de pays dont la population était entièrement ou partiellement musulmane. Par conséquent ils voyaient beaucoup de leurs ressortissants se rendre à la fête annuelle de la Mecque.
Le camp avait été créé par les autorités britanniques à l'entrée du canal de Suez afin de protéger d'autres pays en même temps que le leur ; en effet, des gens, qui venaient de subir la promiscuité d'un si grand nombre de pèlerins - des Orientaux sans culture - devaient inévitablement apporter des germes d'infection de quelque espèce.

Le bateau resta dix-sept jours en quarantaine. Chaque matin les médecins du camp venaient faire l'inspection des membres de l'équipage et des pèlerins de première classe. Dieu merci, nous nous maintenions tous en santé. Je me souviens à peine de ce que j'ai fait pendant ces dix-sept jours mais je revis constamment les scènes de désespoir dont j'ai été le témoin ; ces êtres en détresse se tournaient instinctivement vers Dieu, le « Dieu unique », celui de tout homme et de toute femme quelle que soit la croyance dont ils se réclament.

J'avais le coeur rempli d'une profonde reconnaissance d'avoir pu partager ces expériences avec des âmes plongées dans la solitude de la mort, si loin de tous ceux qui leur étaient proches par le sang ou par le langage ; elles avaient heureusement pu être réconfortées par la sympathie et les prières de « l'infidèle » qui, élevant ses mains, leur indiquait le ciel.

Nous formions tous, pèlerins et équipage, une société grave et silencieuse. La vue que nous avions devant nous était austère et inspirait une sorte de crainte; le rivage, entièrement de sable jaune, s'étendait au nord et au sud du camp derrière lequel, à une centaine de kilomètres à l'est, s'élevait le massif du Sinaï avec le couvent de Sainte-Catherine invisible à nos yeux. La pensée se reportait pour un instant, même chez les indifférents, à l'époque de l'Ancien Testament. Ici, en ces lieux éloignés, un peuple d'esclaves, le peuple d'Abraham pourtant, était né de nouveau par l'alliance qui avait fait de lui le « Peuple de la Promesse ». C'est là que le prophète Elie s'était reposé et que saint Paul avait eu sa vision de la loi et de la grâce.

Pendant les deux mille ans qui se sont écoulés depuis que le Christ a apporté la nouvelle alliance, des hommes avaient vécu ici dans une solitude austère, cherchant le salut dans les oeuvres, et à présent encore ces hommes vivaient d'une vie solitaire pour acquérir le salut ; c'est là également que Tischendorf avait déterré et remis au jour le plus vieil exemplaire de la Bible.
Quelle impression profonde produisait tout cela !

Les officiers du bord reçurent la permission de visiter une fois le camp de quarantaine. Il était très bien installé et les pèlerins n'y étaient pas plus mal que sur le bateau. Cependant ils s'y sentaient en prison ; ils nous saluèrent de leurs baraques ou de leurs tentes par d'amicales acclamations. À leur grand plaisir, nous avons pu leur donner l'assurance qu'ils nous rejoindraient sur le bateau quelques jours plus tard. Tous ceux qui avaient transmis la contagion étaient morts et lorsqu'au bout de sept jours on constata qu'aucun nouveau cas ne s'était présenté, tous les « hadjis » - nom qu'ils avaient le droit de porter désormais après avoir accompli le « Hadj » - remontèrent en troupe sur le bateau.

Après avoir quitté Tor, nous prîmes rapidement la route du Nord ; notre prochain arrêt devait être Suez, l'entrée du canal, où allait se faire une nouvelle inspection. Le médecin-chef, heureux de me laisser le soin de la conversation avec les fonctionnaires de la quarantaine qui viendraient à bord, me pria de nier que nous ayons des morts sur le bateau sinon on nous aurait imposé une nouvelle quarantaine. De fait, l'un des patients du petit lazaret, malade des reins, était mort juste avant notre arrivée à Suez. On avait enveloppé son corps d'une toile goudronnée par les soins de l'administration puis on l'avait glissé sous l'un des lits. Je savais que si je déclarais ce décès - qui ne pouvait faire de mal à personne - ce serait la cause d'un nouvel arrêt et d'un séjour à Port-Saïd, cette fois. Et pourtant je ne pouvais pas dire un mensonge à ces fonctionnaires. Je refusai donc d'accéder à la demande du médecin-chef ; je fis usage du droit que j'avais de laisser ce dernier faire toutes les déclarations officielles et je ne me mêlai de rien. Lorsque les fonctionnaires anglo-égyptiens montèrent à bord, je les adressai au médecin. Je n'ai jamais demandé comment nous fûmes libérés, toujours est-il que nous avons pu poursuivre le voyage à la grande joie de nos pèlerins qui étaient épuisés et touchaient à la fin de leurs provisions.

Silencieusement, nous passâmes le long de l'étroit canal de Suez et ce fut seulement lorsque nous sortîmes pour déboucher dans la vaste étendue de la Méditerranée qu'on laissa choir le corps du défunt dans sa tombe au fond des eaux.

Nos pèlerins, au nombre d'un millier environ, n'étaient pas les mêmes que ceux que nous avions amenés, en deux voyages, à Djeddah. Ces derniers, après le Baïram, s'étaient rendus par voie terrestre à Médine afin d'y prier sur les tombes sacrées de leur Prophète et de quelques-uns des Califes, ses successeurs. De là, ils devaient continuer à travers le désert jusqu'en Palestine, adorer à la mosquée d'Omar devant le rocher même, sacré à leurs yeux, où « Ibrahim, l'ami de Dieu », avait offert en sacrifice son fils Isaac ; puis remontant au nord vers Haïfa, ils devaient s'embarquer sur un navire russe pour regagner enfin les rivages de la terre natale. Dans l'un des ports de Crimée ils se disperseraient dans les vastes espaces de la Russie, au nord vers Kazan, le vieil empire tartare, et à l'est en Sibérie. Cependant la grande masse des pèlerins se dirigerait au sud-est, vers le Caucase, la Perse, l'Afghanistan, les grandes étendues du Turkestan jusqu'à ce que les derniers voyageurs, eux, atteignent la lointaine Kachgarie et la frontière de la Chine.
Brebis sans berger et pourtant cherchant Celui qui les cherchait !

Cet épisode arrivait ainsi à son terme. Durant le voyage du retour beaucoup plus tranquille, j'avais eu tout le loisir nécessaire pour réfléchir à ces trois mois passés en compagnie des pèlerins et de me demander devant Dieu : Ai-je fait ce qu'il désirait ? Ai-je compris ce qu'il voulait ?

Plus d'une année auparavant, il m'avait envoyée jusqu'à la frontière afghane pour y rencontrer les pèlerins épuisés revenant de la Mecque. Aurais-je dû faire plus de ce qu'on a coutume d'appeler « propagande chrétienne » auprès des cinq mille musulmans au milieu desquels je m'étais trouvée pendant ces trois voyages aller et retour au centre du monde de l'islam ? Avais-je bien profité de cette occasion unique ou alors en quoi avais-je manqué ? Qu'est-ce que Dieu voulait m'apprendre en vue d'un futur ministère ?

Cet examen de conscience m'amena aux réflexions suivantes : certes, j'avais sujet de m'humilier devant le Maître et de lui demander pardon des fautes que j'avais commises, que lui voyait peut-être et dont j'étais moi-même inconsciente. Et cependant par son Esprit je sentais que sa bénédiction était sur moi et qu'il me conduirait plus loin sur la route où je m'étais engagée sous sa direction. Que de fois j'avais senti que ma présence, mes secours, l'affection que je leur témoignais, le seul fait qu'il y avait quelqu'un là pour eux n'étaient pas restés vains auprès de tous ces musulmans ; ils en avaient ressenti les effets bienfaisants quoique ce « quelqu'un » fût une disciple déclarée de Celui dont elle portait l'emblème bien en évidence sur la poitrine. D'eux à moi, un pont avait été jeté.

Je ne pouvais que discerner une direction toute spéciale du Maître par ce contact exceptionnel avec l'âme musulmane. Seuls pourront me comprendre les missionnaires qui ont fait l'expérience des difficultés éprouvées lorsqu'on veut approcher les coeurs des musulmans, surtout à l'époque du pèlerinage, alors que leur foi s'allume si vive et que, sur le point de satisfaire l'une des plus dures exigences de leur religion, ils se raidissent et deviennent fanatiques envers le kafir, l'incroyant, le chrétien. C'était la première tentative de ce genre et Dieu avait choisi pour la faire une de ses servantes les moins préparées à cette tâche. Combien était grande ma responsabilité mais combien grande aussi était ma joie ! C'était un de ces cas où la missionnaire indépendante que j'étais se trouvait bien à sa place. Si j'échouais, je serais seule à en subir le reproche.

Mais était-ce vraiment là le résultat voulu par Dieu, de cette occasion exceptionnelle qu'il m'avait offerte de toucher le coeur de milliers de mahométans, au moment même où ils étaient particulièrement fanatisés par la perspective du Baïram mais aussi particulièrement sensibles à la sympathie qu'on leur témoignait pour leurs misères physiques ? Ce bref contact avec eux au cours de mes voyages aller et retour à la Mecque, était-ce tout ce que pouvait l'amour chrétien ? Comment faire appel à leur esprit obscurci qui cherchait à plaire à Dieu par des rites dépourvus de sens, survivance de l'idolâtrie païenne ? Ne pourrait-on franchir le seuil de cette porte ouverte en se montrant plus résolument témoin du Christ, en exerçant une influence de plus longue durée grâce à une vie vécue au milieu d'eux ?

Les projets que je formais ainsi incitaient mon âme à prier pour la future tâche que j'espérais accomplir parmi les pèlerins de la Mecque.


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